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Histoire de la Bourgogne

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Histoire de la Bourgogne Empty Histoire de la Bourgogne

Message par RAPHAEL83 Dim 01 Mai 2011, 16:50

Le nom de Bourgogne (Burgundia) a été donné à trois royaumes, à un duché féodal, à un cercle de l'empire germanique, à une ancienne province, et aujourd'hui à une région française. L' ancienne province était bornée au Nord par la Champagne, à l'Est par la Franche-Comté, à l'Ouest par le Bourbonnais et le Nivernais, au Sud par le Lyonnais et au Sud-Est par la Savoie.

Elle se divisait en duché de Bourgogne, comprenant 5 parties : le Dijonnais, le Châlonnais, l'Autunois, l'Auxois et le pays de la Montagne; et en 4 comtés : Charolais, Mâcon, Auxerre et Bar-sur-Seine; elle avait pour capitale générale Dijon.

La Bourgogne a formé, en 1790, les départements de la Côte-d'Or et de Saône-et-Loire, en totalité, et les département de l'Ain et de l'Yonne en partie et à de petites fractions de ceux de l'Aube et de la Nièvre. De nos jours, la Côte-d'Or, la Saône-et-Loire, l'Yonne et la Nièvre forment la région Bourgogne.

Jalons chronologiques
De nombreuses fouilles, qui ont amené la découverte soit de pierres taillées soit même d'ossements humains, témoignent de l'existence dès le Paléolithique supérieur d'humains dans la partie de la Gaule qui, plus tard, est devenue la Bourgogne. C'est ainsi que Vibraye et Cotteau ont découvert à Arcy-sur-Cure (Yonne), dans la Grotte des Fées, une mâchoire et des os humains, des silex taillés, mêlés à des débris de grands mammifères, comme le renne, le grand ours et le mammouth. Les silex des grottes d'Arcy sont de petites dimensions, en forme de couteaux allongés, plats ou légèrement convexes d'un côté et triangulaires de l'autre, sans aucune trace de poli, mais simplement taillés par éclats.

On a encore trouvé des aiguilles, des pointes de flèches et quelques petites haches. Près d'Arcy, à Saint-Moré, d'autres grottes ont été explorées; mais elles n'ont livré que des vestiges plus tardifs. De nombreux silex taillés, des débris de cuisine, des bois de renne travaillés, des ossements humains, des os de renne et de mammouth et surtout un amas considérable d'os de chevaux, ont été découverts à Solutré, dans le Mâconnais, au pied d'un rocher escarpé. Les silex trouvés dans cette station ont la forme d'une feuille de laurier et sont taillés sur les deux faces.

Citons encore les gisements de Balot, près Châtillon-sur-Seine, de Genay en Auxois, de Gilly-sur-Loire, de la Charbonnière près de Mâcon, de Mellecey en Chalonnais. Les grottes de Gigny et Santenay renferment des restes de la période Néolithique. On voit encore des monuments mégalithiques à la Rochepot, près de Nolay.

Plus tard, la Bourgogne a été occupée par les Celtes (Éduens, Mandubiens et Ambares), et conquise, en 52 av. J.-C, par César après une rude résistance (Alésia). Elle fut comprise par les Romains dans la Lyonnaise Première. Plus tard on la divisa en Auxois, pays de Montagne, Autunois, Dijonnais, Bugey, pays de Gex et principauté des Dombes. Elle doit son nom aux Burgondes ou Bourguignons, peuple germanique qui s'établit en Gaule en 406, et y fonda, sous la conduite de Gondicaire (411), le premier royaume de Bourgogne.

Royaumes de Bourgogne.
Le premier royaume eut pour noyau la partie Sud de la Germanie Première et la Grande Séquanaise, c.-à-d. une partie de l'Alsace et de la Suisse; puis il descendit au Sud atteignit la Loire à l'Ouest, et s'étendit dans tout le bassin du Rhône, moins la portion comprise entre la Durance et la mer. Il eut 8 rois : Gondicaire, 411-436; Gondioc, 463; Gondemar I, 476; Chilpéric, 491; Godégisile, 507; Gondebaud 516; Sigismond, 524; Gondemar II, 534. Déjà Clovis avait soumis les Bourguignons à un tribut : ses fils expulsèrent Gondemar et réunirent la Bourgogne à l'empire des Francs. Sous les Mérovingiens, elle fut tour à tour soumise aux rois de Neustrie ou d'Austrasie, ou au roi unique des Francs; ou bien elle fut presque indépendante sous un maire particulier. Charlemagne l'érigea en duché et en donna le gouvernement, d'abord à un seigneur nommé Sanson, qui fut tué à la bataille de Roncevaux, puis à Hugues son fils naturel.

Lors du partage de l'empire de Charlemagne, en 843, la Bourgogne entra dans le lot de Charles le Chauve; mais elle ne tarda pas à se scinder en diverses parties; elle formait au Nord un duché de Bourgogne, composé de presque toute la Bourgogne propre, et compris entre le Rhône, le Jura et le Rhin; au Sud un Second royaume de Bourgogne, qui d'abord se partagea en deux royaumes distincts, nommés Bourgogne cisjurane et Bourgogne transjurane :

1° Bourgogne cisjurane formée par Boson, comte d'Autun et beau-frère de Charles le Chauve. Boson se fit élire roi de la Bourgogne cisjurane en 879 : son royaume comprenait la Provence, le Vivarais, le comté d'Uzès, le Lyonnais, le Comtat, la Dauphiné, le Bugey et la Bresse, la partie du Languedoc entre la Loire et le Rhône, et de petites portions de la Bourgogne propre. Boson eut pour successeurs Louis l'Aveugle (889-923), et Hugues de Provence (923-933).

2° Bourgogne transjurane, au Nord de la précédente, comprenant la Suisse jusqu'à la Reuss et à la Savoie., le Valais, le pays de Genève, le Chablais et le Bugey. Ce royaume, formé en 888, par le duc Rodolphe, comte d'Auxerre, lors de la déposition de Charles le Gros, s'agrandit, en 933, de la Bourgogne cisjurane, qu'acheta à Hugues Rodolphe II, fils et successeur du fondateur de la dynastie.

Ces deux états réunis prirent alors le nom de Royaume d'Arles et passèrent, à la mort de Rodolphe III (1033), à Conrad le Salique, roi de Germanie. Après la mort de Rodolphe III (1032), Conrad le Salique réunit le royaume d'Arles à l'empire germanique. Toutefois un grand nombre de fiefs puissants s'en détachèrent et se déclarèrent indépendants. Tels furent les comtés et le marquisat de Provence, le Dauphiné, la Savoie, le comté palatin de Bourgogne ou Franche-Comté, le Comtat Venaissin, etc.

Duché de Bourgogne.
La partie Nord-Ouest de l'ancienne Bourgogne, qui ne s'était pas séparée du royaume des Francs ne releva jamais de l'empire germanique, bien que le comté palatin de Bourgogne, possédé par les ducs, fit partie du royaume d'Arles. La formation du duché de Bourgogne remonte à 887. Le premier duc en fut Richard le Justicier, comte d'Autun, beau-frère de Charles le Chauve, qui gouverna de 843 à 921, date de sa mort. Raoul, fils de Richard, ayant été proclamé en 923 roi de France, céda le duché de Bourgogne à son beau-frère Gislebert, fils de Manassés de Vergy. En 1002, le duc Henri le Grand étant mort sans enfants, Robert II le Pieux, roi de France, prétendit à la couronne de Bourgogne comme l'héritier le plus proche, et dirigea sur le pays plusieurs expéditions.

En 1032, le roi de France Henri Ier, fils de Robert le Pieux, se vit obligé de céder à son frère Robert le duché de Bourgogne. De ce Robert sortit la première dynastie des ducs de Bourgogne capétiens. La dynastie capétienne régna en Bourgogne pendant 330 ans avec une autorité presque independante. Elle acquit une grande puissances s'empara de la Franche-Comté, d'un fragment du royaume d'Arles et, pendant un moment, posséda des principautés en Orient (Les Croisades). Elle a fourni douze ducs, à savoir :
-
Robert Ier, 1032
Hugues Ier, 1075
Eudes Ier, 1078
Hugues II Pacifque, 1102
Eudes II, 1142
Hugues III, 1162 Eudes III, 1193
Hugues IV, 1218
Robert Il, 1272
Hugues V; 1305
Eudes IV, 1315
Philippe de Rouvres, 1350

La première dynastie des ducs de Bourgogne s'éteignit en 1361, en la personne de Philippe de Rouvres, fils de Jeanne de Boulogne, qui avait épousé en secondes noces le roi de France Jean II le Bon. Il mourut à l'âge de treize ans.

Le roi de France Jean le Bon réclama le duché, et en confia l'administration au comte de Tancarville, jusqu'en 1363, date où le roi Jean le Bon donna la Bourgogne en apanage a son quatrième fils Philippe le Hardi, duc de Touraine. De Philippe le Hardi sortit la deuxième maison capétienne, dite maison de Valois; elle vit se succéder seulement quatre ducs : Philippe le Hardi, 1363 (qui épousa en 1369, Marguerite, héritière des Flandres); Jean sans Peur, 1404; Philippe le Bon, 1419, et Charles le Téméraire, 1467-1477.

Philippe le Bon et Charles le Téméraire possédaient des droits régaliens; leurs états comprenaient la Belgique et la Hollande modernes, le duché de Lorraine et le Vicariat impérial d'Alsace; ils humilièrent plusieurs fois les rois de France, cultivèrent les beaux-arts et les lettres, protégèrent le commerce et l'industrie et amenèrent leurs sujets à un degré de bien-être et de civilisation auquel on ne pouvait rien comparer dans les autres pays.

A la mort de Charles le Téméraire (1477), qui fut l'un des princes les plus puissants de l'Europe, son vaste domaine fut démembré. Sa seule héritière, sa fille, Marie, épouse de Maximilien d'Autriche, eut les duchés de Brabant, Limbourg et Luxembourg, la Franche-Comté, le comté palatin, les comtés de Flandre, Hainaut, Namur, Artois, Hollande, Zélande, le marquisat d'Anvers et la seigneurie de Malines. Toutes ces provinces, avec quelques autres qu'y joignit Charles-Quint, composeront le cercle de Bourgogne, qui fut incorporé à l'Empire, en 1548.

Pour sa part, Louis XI saisit la Franche-Comté, la Picardie, Artois et le duché de Bourgogne, comme fief tombé en quenouille; il fut ensuite obligé d'abandonner la Franche-Comté. De ce moment, l'histoire du duché de Bourgogne se confond avec l'histoire de France, dans laquelle le parlement Bourgogne, fondé par Louis XI, occupe une place brillante par le mérite scientifique et littéraire des magistrats qui y siégèrent. Il suffit de citer les noms du président Bouhier du président De Brosses pour évoquer ces souvenirs.

Les héritiers de Marie, se considérant comme injustement dépouillés par les rois de France, entreprirent une longue lutte pour reconquérir ce qui avait appartenu au duché de Bourgogne. Charles-Quint, petit-fils de Marie, obtint même de François Ier, par le traité de Madrid, l'abandon de tout l'ancien duché. Mais les états de Bourgogne décidèrent que le roi n'avait pas eu le droit de disposer de leur pays; et l'empereur dut renoncer à ses prétentions par le traité de Cambrai (1529). L'union d'Utrecht diminua le cercle de sept provinces, qui formèrent les sept Provinces-Unies, reconnues par la paix de Westphalie (1648); la paix de Nimègue (1678) donna la Franche-Comté à la France, qui l'avait déjà conquise, et qui l'avait rendue ensuite par le traité d'Aix-la-Chapelle.

Le Cercle de Bourgogne appartenait d'abord à la ligne espagnole de la maison d'Autriche : après la guerre de la succession d'Espagne il passa à la ligne autrichienne, qui ne l'a perdu que par les traités de paix de Campo-Formio et de Lunéville (1801). Mais à cette époque, le Cercle de Bourgogne était déjà fort amoindri : peu à peu, il n'avait plus comprit que le Brabant, le Limbourg, le Luxembourg et une portion de la Flandre, du Hainaut, de Namur et de la Gueldre. L'expression géographique Cercle de Bourgogne avait même cessé d'être employée lorsque la maison d'Autriche avait abandonné ses prétentions sur l'héritage de Charles le Téméraire.

Les institutions et l'administration sous l'Ancien régime

Le gouvernement de Bourgogne comprenait la province de ce nom et quatre annexes qui étaient la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex. La province proprement dite était divisée en duché et comtés dépendants du duché. Le duché était formé par :

1° le Dijonnais, comprenant les bailliages de Dijon, Beaune, Nuits, Saint-Jean-de-Losne et Auxonne;

2° l'Autunois, comprenant les bailliages d'Autun, Montcenis, Semur-en-Brionnais et Bourbon-Lancy;

3° le Chalonnais et la Bresse chalonnaise ne formant qu'un seul bailliage;

4° l'Auxois, comprenant les bailliages de Semur, Avallon, Arnay-le-Duc et Saulieu;

5° le pays de la Montagne ou bailliage de Châtillon-sur-Seine. Les comtés étaient le Charolais, le Mâconnais, l'Auxerrois et le comté de Bar-sur-Seine.

Au XVIIIe siècle, le gouverneur de la province était en même temps gouverneur particulier de la ville et château de Dijon, et des villes de Saint-Jean-de-Losne et de Seurre. Sous le gouvernement étaient six lieutenances générales dont cinq seulement dans la province. Ces lieutenances étaient :

1° celle de Dijon, à laquelle la capitainerie de Talant était unie et où étaient les gouvernements particuliers de la ville et du château de Dijon, de Beaune, de Nuits, de Saint-Jean-de-Losne, de la ville et château d'Auxonne, de Châtillon-sur-Seine et de Bar-sur-Seine;

2° celle d'Autun, où étaient les gouvernements particuliers d'Autun, de la ville et château de Bourbon-Lancy, de Semur-en-Brionnais, de Semur-en-Auxois, de Flavigny, d'Avallon, d'Arnay-le-Duc, de Saulieu, d'Auxerre et de Cravant;

3° celle de Chalon, où étaient les gouvernements de la ville et citadelle de Chalon et de Seurre;

4° celle de Charolais, où était le gouvernement particulier de Charolles;

5° celle de Mâcon, où était le gouvernement particulier de Mâcon et la Tour-du-Pont;

6° la lieutenance de la Bresse, qui était en dehors de la province.

La Bourgogne était un pays d'Etats. Les Etats du duché ne devinrent une institution régulière qu'au XIVe siècle. Leur histoire est étroitement liée à celle des principaux événements dont la Bourgogne fut le théâtre. La convocation était faite aux XIVe et XVe siècles par le duc.

Après la réunion du duché à la couronne, la convocation fut faite par le gouverneur. La noblesse, le clergé et les bonnes villes étaient seuls représentés aux Etats. Les nobles, les prieurs et les abbés étaient convoqués individuellement, les chapitres et les villes choisissaient à leur gré leurs représentants. Les personnes du clergé qui, aux derniers siècles de l'Ancien régime, avaient droit d'assister aux Etats, étaient les évêques d'Autun, de Chalon, de Mâcon et d'Auxerre; les abbés réguliers, titulaires et commendataires; les doyens des églises cathédrales et de la plupart des collégiales; les députés des chapitres; les prieurs titulaires, commendataires et claustraux; les députés des abbayes et prieurés où il y avait conventualité; les députés du clergé des comtés de Charolais et de Mâconnais. L'évêque d'Autun présidait la Chambre du clergé, et en son absence celui de Chalon.

Les nobles qui avaient entrée aux Etats étaient ceux qui possédaient fief ou arrière-fief; le président de la Chambre de la noblesse était son élu. Le tiers état était représenté par les députés des villes. Dijon en avait trois; Autun, Beaune, Chalon, Nuits, Semur-en-Auxois, Avallon, Montbard, Châtillon-sur-Seine, Auxonne, Seurre, Auxerre, Arnay-le-Duc, Noyers, Saulieu, Flavigny, Talant, Montréal, Mirebeau et Viteaux en avaient chacune deux; Marcigny-sur-Loire (Marcigny-lès-Nonains), Bourbon-Lancy, Semur-en-Brionnais et Moncenis en avaient chacune un; les villes de Cuiseaux, Saint-Laurent-les-Chalon, Louhans, Cuisery et Verdun avaient alternativement un député; il en était de même de Seignelay, Cravant, Vermanton et Saint-Bris; le comté de Charolais avait deux députés, dont l'un était alternativement des villes et bourgs de Charolles, de Paray, de Mont-Saint-Vincent, de Toulon et de Perrey, et l'autre était officier des Etats particuliers du Charolais; le comté de Mâcon avait deux députés, dont l'un était alternativement des villes de Mâcon, de Tournus, de Cluny et de Saint-Gengoux, et l'autre était officier en l'élection de Mâcon; le comté de Bar-sur-Seine avait deux députés.

Le maire de Dijon était président du tiers état. Le gouverneur de Bourgogne présidait les Etats au nom du roi. En 1650 Louis XIV les présida lui-même. Sous les ducs il n'y avait aucune règle fixe sur le nombre et la durée des tenues d'Etats ni sur le lieu de leur réunion. Mais à partir du règne de Louis XI les Etats furent convoqués tous les trois ans. Généralement ils se tenaient à Dijon; cependant en 1576 ils se réunirent à Beaune, en 1593 à Semur-en-Auxois, en 1596 à Semur et à Châtillon-sur-Seine, en 1659 à Noyers, en 1763 à Autun.

Les Etats avaient pour attribution principale le vote des aides. Quand Louis Xl eut réuni le duché de Bourgogne au domaine royal, il s'engagea à ne lever ni aides ni subsides d'aucune sorte que du consentement des Etats. C'étaient encore les Etats qui choisissaient les représentants de la Bourgogne aux Etats généraux. Ils adressaient des requêtes au duc, et, plus tard des remontrances au roi. Les Etats nommaient une délégation permanente composée des élus. Les élus avaient pour mission de répartir les aides et d'en surveiller la perception. L'élu de la noblesse était désigné à l'élection; le clergé nommait alternativement un évêque, un abbé et un doyen. L'élu du tiers état était alternativement le maire d'une des quatorze villes dont les noms suivent : Autun, Beaune, Nuits, Saint-Jean-de-Losne. Chalon, Semur-en-Auxois, Montbard, Avallon, Châtillon-sur-Seine, Auxonne, Seurre, Bar-sur-Seine et Charolles.

Le tiers état, outre son élu alternatif, avait toujours, pour le représenter dans la chambre des élus, le maire de Dijon, président-né de cet ordre. Chaque Chambre des États nommait aussi des alcades qui formaient un conseil chargé d'examiner l'administration des élus à la fin de chaque triennalité et d'en rendre compte aux Etats. Le clergé et la noblesse avaient chacun deux alcades; les alcades du clergé étaient pris au-dessous des évêques, des abbés et des doyens. Le trésorier général des Etats résidait à Dijon; il faisait percevoir les impositions par des receveurs particuliers établis à Dijon, à Nuits, Beaune, Chalon, Autun, Semur-en-Brionnais, Semur-en-Auxois, Avallon, Arnay-le-Duc, Châtillon-sur-Seine, Auxonne, Saint-Laurent-les-Chalon, Auxerre, Charolles, Mâcon et Bar-sur-Seine. Le trésorier général et les receveurs rendaient annuellement leurs comptes à la Chambre des comptes.

Le comté d'Auxonne et les terres d'outre-Seine tenaient aussi leurs Etats particuliers qui furent soumis aux Etats de la province en 1639. Les Etats du comté d'Auxerre furent également réunis à ceux de la province en 1668. Il ne resta plus en Bourgogne d'autres Etats particuliers que ceux du Charolais et du Mâconnais.

Le gouvernement de Bourgogne était du ressort de deux parlements, celui de Dijon pour la Bourgogne proprement dite, le Charolais, la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex, et celui de Paris, pour les comtés d'Auxerre, de Bar-sur-Seine et de Mâcon. A partir de 1771 le Mâconnais ressortit au conseil supérieur de Lyon. La cour supérieure de justice s'appelait sous les ducs de la première dynastie : jours généraux. Les privilège de cette cour furent confirmés par le roi Jean après qu'il eut pris possession de la Bourgogne. Ce parlement était ambulatoire; il siégeait à Beaune pour le duché; à Dôle, pour le comté de Bourgogne, à Saint-Laurent-les-Chalon pour le comté d'Auxonne et les terres d'outre-Saône. La durée des sessions variait entre quinze jours et deux mois. Les officiers étaient désignés à chaque session par le duc.

Louis XI, sur la demande des Etats, établit par lettres patentes données à Arras le 18 mars 1477 « une cour et juridiction souveraine pour y être tenue doresnavant et à tous jours, dite, censée et intitulée parlement et tour souveraine, ayant tout droit de souveraineté au lieu des dits grands jours ». En même temps, il ordonna « que les parlements de Dôle et de Saint-Laurent seraient doresnavant entretenus souverains selon que ci-devant ils avaient esté de toute ancienneté » Ces parlements ne devaient former qu'une cour avec le Parlement de Bourgogne dont les séances se tiendraient alternativement à Dijon et à Dôle. Les troubles empêchèrent l'exécution de cette ordonnance. Ce fut seulement le 24 octobre 1480 que Louis d'Amboise, en exécution de lettres patentes du 9 août 1480, institua les officiers du Parlement et décida que cette cour tiendrait ses séances à Dijon le lendemain de la Saint-Martin d'hiver et à Salins le lundi après Quasimodo.

Charles VIII réunit le Parlement de Dijon à celui de Paris; mais, à la prière des Etats, il fut rétabli en 1486. Après la cession de la Franche-Comté à Maximilien, le ressort du Parlement fut restreint au duché de Bourgogne par lettres du 29 août 1489 et rendu sédentaire à Dijon. En 1523 François Ier divisa la cour en deux chambres; une Tournelle fut créée en 1537; une Chambre des requêtes, établie en décembre 1543, fut supprimée trois ans après, rétablie en 1575, supprimée à nouveau en 1771 et enfin rétablie en 1775. Henri II institua en 1554 la Chambre des vacations pour vaquer aux procès des hérétiques et des criminels. En 1589, le Parlement fut transféré à Semur en Auxois et on créa une Chambre des enquêtes. Enfin, en 1630, la juridiction des aides fut unie au Parlement. Plus d'une fois la peste contraignit le Parlement à quitter Dijon; en 1521 il siégea à Arnay-le-Duc, en 1564 à Saint-Jean-de-Losne et à Is-sur-Tille, en 1576 à Beaune, en 1631 à Châtillon-sur-Seine. De juin à octobre 1637 le Parlement fut exilé à Semur pour avoir défendu les droits de la province. Il fut encore interdit par déclaration du 28 décembre 1658, puis rétabli quelques mois après.

Le palais du Parlement, devenu le palais de justice de Dijon, fut construit vers 1510 par Louis XII. François Ier donna des vitraux peints en 1521. Henri II bâtit la grande salle. Ce palais fut achevé sous Charles IX.

Nous avons indiqué plus haut les baillages de la Bourgogne, dont les uns ressortissaient au Parlement de Dijon, les autres à celui de Paris. L'institution des baillis remontait aux ducs de la première dynastie. Le présidial d'Auxerre fut le seul créé en Bourgogne par l'édit de 1551. Celui de Bourg fut institué en 1601. Quant aux présidiaux de Dijon, Autun, Chaton, Châtillon-sur-Seine, Semur-en-Auxois, ils ne furent établis que par un édit de janvier 1696. Parmi les autres tribunaux, nous citerons la table de marbre de Dijon, créée en 1554 pour les Eaux et Forêts.

Il y avait en Bourgogne, dès le temps des ducs de la première dynastie, une juridiction spéciale nommée Chancellerie aux contrats, qui connaissait en première instance de l'exécution des actes passés sous le scel royal, sauf l'appel au Parlement. Les baillis royaux cherchèrent à la faire supprimer. Mais François Ier confirma cette institution. Les officiers de la chancellerie procédaient à la réception des notaires royaux. Cette chancellerie jugeait en dernier ressort les causes qui n'excédaient point les sommes fixées par le premier chapitre de l'édit des présidiaux de janvier 1551. Dans ce cas, le tribunal s'intitulait chancellerie présidiale.

La Chambre des comptes, qui existait sous les derniers ducs de la première dynastie, fut confirmée par le roi Jean. Philippe le Hardi l'organisa sur le modèle de celle de Paris. En l'année 1400 cette chambre comprenait quatre maîtres ou conseillers, quatre auditeurs et quatre clercs. Au XVIIIe siècle, elle était composée d'un premier président, de six présidents, trois chevaliers d'honneur, vingt-huit maîtres, neuf correcteurs, treize auditeurs, deux avocats généraux, un procureur général, six substituts, un greffier en chef et divers officiers inférieurs.

La généralité de Bourgogne comprenait trente-deux villes. On connaît le nom des intendants depuis 1629.

Au point de vue ecclésiastique, la Bourgogne s'étendait au XVIIIe siècle dans trois provinces, celles de Lyon, de Sens et de Besançon. L'église de Lyon n'avait sous sa dépendance immédiate que quelques paroisses dans le bailliage de Chalon, dans les archiprêtrés de Colligny et de Bagé. Les évêques d'Autun, de Langres, de Chalon et de Mâcon étaient suffragants de l'archevêque de Lyon. L'église métropolitaine de Sens n'avait aucune paroisse en Bourgogne sous sa dépendance immédiate; mais une partie du diocèse d'Auxerre, qui ressortissait à l'archevêché de Sens, était en Bourgogne; deux paroisses de Bourgogne étaient dans le diocèse de Nevers. Un assez grand nombre de paroisses relevaient directement de l'archevêché de Besançon.

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Message par RAPHAEL83 Dim 01 Mai 2011, 16:52

La période celtique

Les principaux peuples celtes (gaulois) qui occupaient le territoire devenu plus tard la Bourgogne proprement dite étaient les Eduens, les Mandubiens, les Lingons et les Séquanes. Les Eduens reçurent, dès l'an 120 av. J.-C., le titre d'alliés du peuple romain; forts de l'appui de Rome, ils abusèrent de leur pouvoir pour opprimer les Arvernes et les Séquanes. Ces deux peuples jetèrent sur les Eduens quinze mille Suèves, commandés par Arioviste; les Eduens furent battus, mais Arioviste réclama une partie du territoire séquanais pour ses guerriers. La crainte des Suèves rapprocha les Eduens et les Séquanes, mais ils furent vaincus; ils n'avaient plus qu'une ressource : c'était d'invoquer l'appui du peuple romain. Aussi bien, un autre péril menaçait la Gaule; les Helvètes s'apprêtaient à sortir de leur pays pour aller s'établir sur les bords de l'Océan Atlantique. Ce fut César, proconsul dans la Narbonnaise, qui fut chargé de repousser l'invasion. D'abord il s'assura de la neutralité d'Arioviste, qui s'engagea à ne pas seconder les Helvètes; puis en mars de l'année 58 av. J.-C. il se rendit à Genève avec son armée. Il arrêta les Helvètes, qui reprirent la route du Jura et cherchèrent à traverser la Saône. César les défit complètement et les obligea à reprendre le chemin de leur pays. Il autorisa cependant les Boiens, population alliée des Helvètes, à s'établir sur la frontière du Sud-Ouest des Eduens, dans la contrée qui fut plus tard le Beaujolais.

La guerre des Helvètes terminée, César se trouva en face d'Arioviste, qui devenait de plus en plus menaçant. Il se dirigea à marches forcées dans la direction de Besançon, puis de là descendit dans la vallée du Rhin où campait l'armée des Suèves. Arioviste fut vaincu; les Suèves repassèrent le Rhin et s'enfoncèrent dans leurs forêts (58 av. J.-C). Délivrés d'Arioviste par les armes romaines, les Eduens restèrent les fidèles alliés de César; lors du soulèvement de la Gaule, en 54, ils ne prirent pas les armes. Mais quand les Gaulois s'unirent sous la direction de Vercingétorix pour repousser César (52 av. J.-C), un parti se forma chez les Eduens contre l'alliance romaine. Après avoir échoué devant Gergovie, César se dirigea sur le pays des Eduens et chercha à se rapprocher de Labiénus. Les Eduens le voyant battre en retraite jugèrent sa cause perdue et changèrent de camp; tous les Romains qui séjournaient sur leur territoire furent massacrés. La ville de Nevers, où se trouvaient les provisions, les bagages et le trésor de l'armée romaine, fut détruite. César rencontra Vercingétorix sur les bords de la Saône et mit en fuite l'armée gauloise, qui ne s'arrêta que sous les murs d'Alésia (aujourd'hui, pense-t-on, Alise-Sainte-Reine, dans le département de la Côte-d'Or), ville assise sur le plateau d'une colline escarpée, le mont Auxois. Après un siège de plusieurs semaines, les Gaulois durent capituler. Ce fut là qu'expira l'idépendance des Gaules (52 av. J.-C).

La période gallo-romaine

Lors de l'organisation de la Gaule sous Auguste, les territoires des Eduens, des Sénonais, des Lingons et des Séquanes furent compris dans la Lyonnaise. Plus tard, sous Dioclétien, la Lyonnaise fut divisée en deux provinces : les cités de Lyon, d'Autun, de Sens et de Langres, furent attribuées à la première Lyonnaise. Le territoire des Séquanes fut démembré de la Lyonnaise et forma la Séquanaise ou Maxima Sequanorum. Enfin, par suite d'un dernier partage, opéré à la fin du IVe siècle, chacune des deux Lyonnaises fut partagée en deux provinces, de sorte que la cité de Sens passa de la première Lyonnaise dans la quatrième. Auguste avait fait ouvrir quatre grandes voies qui partaient de Lyon pour se diriger sur l'Océan Atlantique et la Méditerranée; l'une d'elles traversait la région qui deviendra la Bourgogne; elle passait à Mâcon, Tournus et ChaIon, où elle se partageait en deux branches, dont l'une aboutissait à Langres et l'autre gagnait Auxerre par Autun, Saulieu et Avallon. C'est en reconnaissance des édifices qu'Auguste avait fait construire à Bibracte, capitale des Eduens, que cette ville prit le nom d'Augustodunum.

Sous le règne de Tibère, un trévire, Florus, et l'Eduen Sacrovir, prenant prétexte du poids des tributs et de la dureté des gouverneurs, cherchèrent à soulever les Gaules; mais une seule cohorte suffit à réprimer le mouvement chez les Andécaves et les Turons; Florus, cerné dans les Ardennes, dut se donner la mort; quant à Sacrovir, il fut plus difficile à abattre; à la tête des Eduens et des Séquanes, il prit Autun, mais deux légions massacrèrent son armée; ses amis et lui se réfugièrent dans une villa où ils s'entretuèrent (21 ap. J.-C.). L'arc d'Orange consacra le souvenir de ce succès des armes romaines. Les Eduens et les Séquanes entrèrent plus tard dans le complot que l'Aquitain Julius Vindex, gouverneur de la Lyonnaise, forma contre Néron (68). La ville de Lyon resta fidèle à l'empereur. Menacée par les troupes de Vindex, elle appela à son secours les légions de la Haute-Germanie, qui, commandées par Virginius Rufus, pénétrèrent dans la Séquanaise et menacèrent Besançon. Vindex accourut défendre cette ville. Pendant qu'il se mettait d'accord avec Virginius, pour une restauration républicaine, les légionnaires se jetèrent sur les milices gauloises dont vingt mille hommes périrent. Vindex, désespéré, se tua. La mort de Vitellius (69) fut l'occasion d'un soulèvement dirigé par les druides. Les Lingons mirent à leur tête Julius Sabinus. Ils furent vaincus par les Eduens, qui avaient pris la défense de l'Empire romain. Sous Marc-Aurèle on signale quelques soulèvements chez les Séquanes.

Vers ce temps, le christianisme pénétrait en Bourgogne, apporté par des missionnaires de l'église d'Orient. Saint Andoche, saint Bénigne et saint Thyrse, vinrent les premiers prêcher la religion nouvelle à Autun. Un de leurs disciples, Symphorien, fut martyrisé. Andoche et Thyrse trouvèrent le martyre à Saulieu, Bénigne à Dijon, sous Marc-Aurèle. Saint Marcel évangélisa Chalon. Besançon eut pour apôtres Ferréol et Fergeux, envoyés par saint Irénée; Tournus eut Valérien, Auxerre saint Pélerin.

Au milieu du IIIe siècle, Crocus, roi des Alamans et des Vandales, vint piller les Gaules; il prit Langres dont les habitants furent passés au fil de l'épée; il alla périr à Arles en 260. Posthume, établi par Valérien gouverneur des Gaules, y fut proclamé empereur (257). Il se défendit dans Autun contre Gallien. Autun, fidèle à Claude ll, soutint un siège contre son compétiteur Tetricus. La place fut emportée en 270. Elle ne se releva que sous Constantin. Aurélien, charmé, lors d'un voyage en Gaule, de la situation de Dijon, fit fortifier cette ville. On rapporte au règne du même empereur le martyre de saint Prisque Toucy (Yonne), celui de sainte Colombe à Sens, celui de saint Reverien en Nivernais.

Galère Maximin dut défendre la gaule contre les Germains (305). Il fut surpris par eux à Langres, mais il les battit: ceux qui ne furent pas tués s'enfuirent au delà du Rhin, où ils furent faits prisonniers, puis dispersés sur les territoires d'Amiens, de Troyes et de Langres. Il établit les Attuariens sur les rivières de la Bèze et de la Vingeanne. Sous Constance, une armée d'Alamans vint fondre sur Autun. Les vétérans de Julien accoururent sauver la ville en 356. Mais les Barbares devenaient de plus en plus menaçants; leurs flots ne pouvaient plus être arrêtés.

Le premier royaume bourguignon (407-534)

En l'année 407 les Burgondes, unis aux Vandales et aux Alains, passèrent le Rhin près de Mayence et pillèrent les Gaules. Ils s'établirent dans la première Germanie. Le patrice Constance, général d'Honorius, leur donna des terres et le titre d'hôtes et confédérés de l'empire, à charge pour eux de défendre le territoire qu'on leur cédait contre de nouvelles invasions. Gibika était chef des Burgondes quand ils traversèrent le Rhin. Il eut pour successeur Gondicaire, le Gunther des Nibelungen, qui, en 412, proclama à Mayence l'usurpateur Jovinus.

Vers 430 les Burgondes eurent à subir une première fois le choc des Huns. Puis ils cherchèrent à s'étendre sur la rive gauche du Rhin. Mais Aétius leur infligea une défaite en 436. Les survivants s'établirent en Savoie (Sapaudia) en 443. Le gouvernement impérial les autorisa à partager les terres avec les anciens habitants. On entendait par Sapaudia la cité de Genève. Mais il est probable que les Burgondes ne reçurent pas toute la Savoie, car, comme l'a remarqué Longnon, Yverdun, que la Notitia dignitatum désigne sous le nom d'Ebrudunum Sapaudiae, et qui par conséquent faisait partie de la Savoie, était encore soumise aux Alamans quand déjà Genève était occupée par les Burgondes. De plus, le partage des terres ne porta que sur un certain nombre de propriétés foncières, dites sortes, parce qu'on tira au sort les lots de terres auxquels devait s'appliquer le partage. Les Burgondes, établis sur les terres des propriétaires romains, furent désignés par le nom de Faramanni. Le Burgonde et le Romain devenus par ce partage co-propriétaires se trouvèrent l'un vis-à-vis de l'autre dans des rapports d'égalité mutuelle. La terre cultivée dans chaque lot fut partagée par moitié entre le Burgonde et le Romain; les bois et les prairies restèrent indivis. Nous devons mentionner ici le second partage des terres qui eut lieu sous Gondebaud (473-516); les premiers lots étant devenus insuffisants, on porta la part de terre cultivée, assignée aux Burgondes, de la moitié aux deux tiers; les bois et prairies furent partagés par moitié; enfin, les Burgondes prirent le tiers des esclaves de leurs co-propriétaires romains. Kaufmann a prétendu qu'il était peu vraisemblable que les parts des Burgondes eussent été augmentées sous Gondebaud, car ce roi, d'après Grégoire de Tours, prit des mesures propres à empêcher l'oppression des Romains par les Burgondes. Mais, comme l'a remarqué Monod, Gondebaud n'a dû songer à protéger les Romains contre les exigences des Burgondes qu'après que Clovis lui eut, avec l'aide des armes romaines, infligé une défaite. C'est alors que Gondebaud rendit les lois qui donnaient la préférence au co-propriétaire romain au cas où un Burgonde voudrait vendre son lot de terre, qui interdisaient au Burgonde co-propriétaire de se mêler des querelles de deux propriétaires romains, qui tendaient à faire de la loi romaine la loi générale.

Le roi Gondicaire, dont nous avons parlé plus haut, périt à la bataille des Champs catalauniques en 451. Il eut pour successeur Gondioc, qui prit part, en 456, avec son fils Chilpéric à l'expédition dirigée par les Wisigoths contre les Suèves d'Espagne. C'est à la suite de cette guerre couronnée de succès que les Burgondes étendirent leur domination sur la rive droite du Rhône. En 457, ils s'avancèrent jusqu'à Ambérieux. Le roi Gondioc vivait encore en l'année 463, comme nous l'apprend une lettre du pape Hilaire, écrite à cette date, et ou il est qualifié de maître de la milice. Ce même document prouve que les Burgondes dominèrent dès cette époque au delà de l'Isère, car le roi Gondioc avait dénoncé au pape la conduite de l'évêque de Vienne qui avait conféré l'évêché de Die à saint Marcel, au mépris des droits du métropolitain d'Arles.

Gondioc laissa quatre fils qui se partagèrent ses Etats : Chilpéric, Gondebaud, Godégésile et Gondemar. C'est sous le règne de Gondebaud et de ses frères que la puissance des Burgondes atteignit son apogée. En 470 Lyon tombe en leurs mains; vers le même temps ils s'emparèrent de Vienne. En 474, l'autorité de Chilpéric était reconnue jusqu'à Vaison. Langres vint aussi à cette époque au pouvoir des Burgondes. Enfin, on constate qu'en 493 Chalon-sur-Saône était au nombre des villes du royaume de Bourgogne. Du reste, la puissance des Bourguignons était telle qu'en 490 Gondebaud put faire une expédition en Ligurie à la faveur de la guerre qui sévissait alors entre Théodoric, roi des Ostrogoths, et Odoacre. Gondebaud soutint ce dernier; il passa les Alpes, mais les exploits de son armée se bornèrent à piller les contrées qu'elle traversa et à ramener des esclaves. Cette expédition au delà des Alpes a fait penser que les Burgondes occupaient une partie de la Provence, Mais ce n'est pas l'opinion de Longnon : car, comme il l'a remarqué, il n'était pas nécessaire que les Burgondes occupassent la Provence pour pouvoir passer facilement en Ligurie, puisqu'ils étaient établis dans les cités de Sion, de Genève, de Tarentaise, de Grenoble et de Gap, toutes cités qui touchaient à la région désignée alors sous le nom de Ligurie. Cependant, en l'année 499, Arles et Marseille faisaient partie du royaume bourguignon; dès l'année 506 elles étaient retombées au pouvoir des Wisigoths.

Gondebaud fit périr ses frères Chilpéric et Gondomar ainsi que la femme et les deux fils du premier. Les deux filles de Chilpéric furent seules épargnées; l'une prit le voile, l'autre était Clotilde, qui épousa Clovis. Godégésile mit à profit la vengeance que ce roi des Francs désirait tirer du meurtrier de son beau-père et conclut avec lui une alliance contre Gondebaud, qui, vaincu par les Francs près de Dijon (500), chercha un refuge jusqu'à Avignon. Godégésile s'était enfermé dans Vienne; son frère l'y poursuivit et le fit mettre à mort. De cette façon, Gondebaud resta seul maître du royaume des Burgondes; mais son peuple était devenu tributaire des Francs à la suite de la bataille de Dijon. Gondebaud publia deux codes; le second porte le nom de loi Gombette; il nous est parvenu mais modifié et complété par le roi Sigismond. Gondebaud mourut en 516.

Quelque temps avant sa mort, il avait transmis la couronne à son fils Sigismond. Celui-ci convoqua à Epaone, en 517, un concile composé de tous les évêques de son royaume. La liste en a été conservée, de sorte qu'on peut savoir par là les cités qui, à cette époque, composaient le royaume de Bourgogne. C'étaient Lyon, Mâcon, Bellay, Chalon, Langres, Autun, Nevers, Besançon, Avenches, Windisch (Constance), Sion, Tarentaise, Vienne, Vaison, Valence, Grenoble, Genève, Die, Carpentras, Orange, Trois-Châteaux, Cavaillon, Aps (Viviers), Avignon, Sisteron, Apt, Gap et Embrun. Peut-être doit-on ajouter la cité de Bâle. En 523, les fils de Clovis, Clodomir, Childebert et Clotaire, marchèrent contre la Bourgogne. L'armée des Burgondes fut complètement battue; elle était commandée par le roi Sigismond et son frère Godemar. Le premier voulut se réfugier à l'abbaye de Saint-Maurice en Valais, qu'il avait comblée de biens; mais il tomba aux mains des soldats de Clodomir; celui-ci l'emmena dans l'Orléanais avec sa femme et ses enfants et plus tard le fit mettre à mort. Godemar prit possession d'une partie du royaume de son frère. Mais, dès 524, la roi Clodomir, aidé de son frère Thierry, livra bataille à Godemar à Vézeronce en Viennois; il trouva la mort dans ce combat. Les Francs poursuivirent Godemar et écrasèrent son armée. Childebert et Clotaire conçurent, en 532, le projet d'achever la conquête de la Bourgogne. Ils s'emparèrent d'Autun. Godemar fut mis en fuite. En 534, les deux rois francs et leur neveu Théodebert, fils de Thierry, roi d'Austrasie, partagèrent le royaume de Bourgogne. Les cités de Langres, Besançon, Windisch (Constance), Avenches, Nevers, Autun, Chalon, Vienne et Viviers furent assignées à Théodebert, Childebert et Clotaire eurent le reste de la Bourgogne, sans qu'on puisse déterminer la part de chacun d'eux.

La Bourgogne sous les rois Francs (534-843)

Après la mort de Clotaire (561), la monarchie franque, concentrée quelques années dans ses mains, fut partagée entre ses fils. Gontran eut la Bourgogne. Il fit résidence tantôt à Chalon-sur-Saône, tantôt à Lyon. L'an 565, Sigebert s'empara de la ville d'Arles; Gontran envoya une armée qui prit Avignon et entra dans Arles. Quelques années après (571), Gontran dut résister aux Lombards qui avaient envahi la Provence. Le patrice Mummole les défit à plusieurs reprises. Mais ses succès l'enflèrent d'orgueil. Il passa à la cour de Childebert et chercha à établir sur le trône de Bourgogne, Gondovald, prétendu fils de Clotaire. Ses projets échouèrent. Gondovald, enfermé dans Comminges, trahi même par Mummole, fut livré à ses ennemis, les rois Gontran et Childebert, qui le mirent à mort. Ceux-ci s'allièrent encore pour venger Ingonde, soeur du second, morte dans l'exil où Léovigilde, roi des Wisigoths, son beau-père, l'avait envoyée après avoir fait périr son mari. Mais Léovigilde fut vainqueur de l'armée que les rois francs avaient envoyée contre lui. Deux ans après, il vint même ravager la province d'Arles. Gontran mourut le 28 mars 593.

Dès l'année 577, il avait adopté son neveu Childebert, fils de Sigebert, roi d'Austrasie. Childebert devint donc roi de Bourgogne en 593; il était roi d'Austrasie depuis 515. Il mourut en 596, laissant deux fils, dont l'un, Théodebert, eut l'Austrasie, et l'autre, Thierry, la Bourgogne. Dans le même temps, le territoire de Marseille fut démembré de la Bourgogne au profit de Théodebert. Thierry II, qui, n'avait pas dix ans quand il succéda à son père, régna sous la tutelle de sa mère Brunehaut. Il mourut en 613.
La monarchie franque vint alors tout entière aux mains du roi Clotaire Il qui régnait sur la Neustrie depuis 584, malgré les efforts que fit Brunehaut pour placer sur le trône de Bourgogne, Sigebert, fils aîné de Thierry. Cependant la Bourgogne conserva son autonomie, car le roi Clotaire en confia le gouvernement à un maire du palais, Garnier. Clotaire mourut en 628. Son fils Dagobert lui succéda. En 629, il fit un voyage en Bourgogne et y rétablit l'ordre. Après la mort de Dagobert, survenue en 638, la Bourgogne fut réunie à la Neustrie et échut à Clovis Il. Dés lors commença le gouvernement des maires du palais. Cette période fut marquée en Bourgogne par l'administration bienfaisante de saint Léger, évêque d'Autun, et par la tyrannie d'Ebroïn.

En 687, Thierry III, roi de Neustrie et de Bourgogne, fut vaincu par Pépin d'Héristal, maire du palais d'Austrasie, à Testry. La Bourgogne perdit son indépendance : Pépin et Charles Martel la traitèrent en pays conquis. En 737, cette province eut à souffrir d'une invasion des Sarrasins qui pillèrent Mâcon, Chalon-sur-Saône, Autun, Beaune, Dijon et Auxerre. Le pays entre Autun et Chalon-sur-Saône subit encore en 761 les ravages de Waifer, duc d'Aquitaine.

Pendant la période carolingienne, la Bourgogne, telle que l'entendent les annalistes du VIIe au IXe siècle, comprenait Orléans et Blois; Etampes et Paris y étaient également compris. Le partage de l'empire franc tel que Charlemagne le régla en 806, montre que la Bourgogne ne s'étendait pas au midi au delà du Lyonnais, de la Savoie, de la Maurienne et du Val de Suse. Le partage de 837 désigne d'autre part le Toulois, l'Ornois, le pagus Bedensis, le Blaisais, le Perthois, le Barrois de Bar-le-Duc et celui de Bar-sur-Aube, le Briennois, le pays de Troyes, l'Auxerrois, le Sénonais, le Gâtinais, le Melunois, I'Etampois, le Châtrais (pays d'Arpajon) et le Parisis, comme les pays les plus septentrionaux de la Bourgogne. C'est sur le territoire de la Bourgogne, à Fontenoy, près d'Auxerre, que fut livrée en 841 entre les fils de Louis le Pieux, Lothaire, d'une part, Louis le Germanique et Charles le Chauve, d'autre part, la grande bataille qui amena le traité de Verdun (843) et le démembrement définitif de l'empire franc. Lothaire eut la partie de la Bourgogne située à l'Est de la Saône et du Rhône, et qui devint le comté de Bourgogne ou Franche-Comté; à Charles le Chauve échut la partie de l'ancien royaume de Bourgogne située à l'Ouest de la Saône et qui forma le duché de Bourgogne.

Les royaumes de Bourgogne et le royaume d'Arles

Mais avant d'esquisser l'histoire du duché, nous devons parler de quelques autres Etats qui ont également porté le nom de Bourgogne.

La Bourgogne cisjurane.
En 855, Lothaire partagea ses Etats entre ses trois fils; le plus jeune Charles eut la Provence avec le titre de roi. Après sa mort le royaume disparut; ses deux frères Louis et Lothaire partagèrent ses Etats; mais aucun d'eux ne s'intitula roi de Provence. Ce fut Boson qui, en 879, releva le titre de roi de Provence. Il étendit même sa domination sur tout le pays compris entre le Rhône, les Alpes et la Méditerranée et comprit la Franche-Comté, le sud de la Bourgogne, le Dauphiné, la Provence et le Vivarais. Il constitua le royaume de Bourgogne cisjurane.

La Bourgogne transjurane.
En 888, Rodolphe, fils de Conrad, comte d'Auxerre, profita des troubles qui suivirent la mort de l'empereur Charles le Gros pour se faire proclamer roi par les grands et les prélats de la Bourgogne transjurane, assemblés dans l'abbaye de Saint-Maurice en Valais. Ce royaume ne comprit guère que la Suisse en-deçà de la Reuss, le Valais et une partie incertaine de la Franche-Comté. Rodolphe dut soutenir une lutte contre Arnulf, roi de Germanie; il en sortit victorieux après quoi il se fit sacrer par l'évêque de Toul. Mais en 894, Arnulf, revenant d'Italie, essaya encore inutilement de soumettre le Roi Rodolphe. Ce dernier mourut le 25 octobre 912. Il eut pour successeur son fils Rodolphe Il. D'un caractère ambitieux, ce prince accepta avec empressement la couronne d'Italie que lui offraient Adalbert, marquis d'Ivrée, son beau-frère et quelques autres seigneurs ligués contre le roi Béranger. Rodolphe II gagna l'Italie vers la fin de l'année 921, et le 29 juillet 923 défit le roi dans une bataille livrée près de Fiorenzula. L'année suivante, la mort de Bérenger consolida la puissance de Rodolphe en Italie. Mais dès 926 le roi bourguignon fut obligé de se retirer devant un autre compétiteur à la couronne d'Italie, Hugues, duc de Provence. En 929, Henri l'Oiseleur céda à Rodolphe Il la région comprise entre la Reuss et le Rhin. Les seigneurs lombards, mécontents de leur nouveau roi, rappelèrent Rodolphe II; mais celui-ci ne se rendit pas à leurs instances et renonça à ses prétentions sur le royaume d'Italie, moyennant l'abandon que Hugues lui fit en 933 de ses états transalpins qui comprenaient alors la Provence et peut-être le Dauphiné et Lyon.

Le royaume d'Arles.
Les deux royaumes de Bourgogne transjurane et de Bourgogne cisjurane furent alors réunis sous le nom de royaume d'Arles, que l'on donnait déjà à la Bourgogne cisjurane. En 1033, après la mort de Rodolphe III, le royaume d'Arles devant revenir par héritage à Conrad II, empereur d'Allemagne, de nombreux prétendants se disputèrent cette proie, qui finit par se diviser et par former une foule de seigneuries laïques ou ecclésiastiques.

Le duché de Bourgogne sous les ducs bénéficiaires (843-1032)

Nous avons dit plus haut que lors du traité de Verdun (843), la partie du royaume de Bourgogne située à l'Ouest de la Saône avait été assignée à Charles le Chauve. Celui-ci y établit comme duc Richard le Justicier, comte d'Autun, son beau-frère. Après la mort de Louis le Bègue, Richard s'allia aux rois Louis et Carloman pour combattre son frère, Boson, qui s'était fait couronner roi de Provence. Plus tard, il favorisa l'élévation d'Eudes au trône de France; mais en 898 il abandonna le parti de ce prince pour passer dans celui de Charles le Simple. En 897, il s'empara de la ville de Sens. Le plus grand titre de gloire du duc Richard c'est d'avoir combattu vaillamment et avec succès les Vikings qui avaient ravagé la Bourgogne jusqu'à Bèze. Il mourut en 921 et fut enterré dans l'abbaye de Sainte-Colombe de Sens dont il avait été abbé. Richard avait épousé, en 888, Adélaïde, soeur de Rodolphe Ier, roi de la Bourgogne transjurane ; dont il eut trois fils et une fille; Raoul, qui lui succéda; Hugues le Noir; Boson, et Ermengarde, mariée à Gislebert. Ce fut pendant le gouvernement de Richard, en 910, que Guillaume, duc d'Aquitaine, fonda le monastère de Cluny sur les terres qu'il possédait au comté de Mâcon. Bernon en fut le premier abbé; ses successeurs, saint Odon, saint Odilon et saint Mayeul portèrent cette abbaye à un haut degré de puissance et de gloire.

Raoul, fils de Richard, ne retint que peu de temps le duché de Bourgogne, car en 923 il fut élu roi de France.

Il céda alors le duché de Bourgogne à son beau-frère Gislebert, fils de Manassès de Vergy. Mais celui-ci, oubliant le bienfait du roi, prit les armes pour le détrôner; Raoul vint en Bourgogne, s'empara de Dijon et contraignit Gislebert à lui demander grâce. Tant que vécut Raoul, Gislebert jouit paisiblement de son duché; mais après la mort du roi, arrivée en 936, Hugues le Noir, fils de Richard le Justicier, et Hugues le Grand lui en disputèrent la possession. Les trois prétendants finirent par s'accorder et signèrent à Langres, en 938, un traité par lequel ils partagèrent le duché en trois portions égales et prirent chacun le titre de duc. Mais en 943, Hugues le Noir abandonna sa part à Hugues le Grand, qui la même année reçut du roi Louis d'Outremer tout le duché de Bourgogne. Quant à Gislebert, il est probable qu'il se retira alors dans le comté de Bourgogne, où il avait des possessions considérables. Hugues le grand étant mort en 956, son fils Otton lui succéda au duché de Bourgogne; il avait épousé la fille aînée de Gislebert; mais Robert, comte de Troyes, qui avait épousé la seconde fille du même Gislebert, prétendit avoir sa part dans la succession de son beau-père. Le roi Lothaire soutint Otton ; il mit même des troupes dans Dijon; mais elles en furent chassées par Robert, en 959. Lothaire, aidé de Brunon, duc de Lorraine, rentra dans Dijon, et, en menaçant de s'emparer de Troyes, obligea le comte Robert à sa soumettre. Une seconde expédition du roi fut encore nécessaire pour mettre fin aux entreprises de Robert contre la Bourgogne. Le duc Otton mourut le 3 février 963. Il eut pour successeur son frère Henri le Grand, qui mourut le 15 octobre 1002 à Pouilly-sur-Saône.

A cette époque le duché de Bourgogne comprenait les diocèses de Langres, Chalon, Mâcon, Autun, Nevers, Auxerre, Troyes et les archidiaconés de Sens et de Provins. Le duc de Bourgogne Henri n'avait pas seulement la suzeraineté sur tous ces territoires; il possédait aussi dans l'intérieur du duché des comtés qui dépendaient directement de lui : c'étaient ceux d'Auxerre, d'Autun et de Nevers.

A peine Henri était-il mort que son beau-fils Otte-Guilhaume, comte de Mâcon, mit la main sur le duché et sur les comtés d'Auxerre et d'Autun que le duc Henri lui avait d'ailleurs assignés. Mais Robert, roi de France, s'apprêta à lui disputer cette succession non seulement comme roi de France, mais aussi parce qu'il était le parent le plus rapproché du duc Henri, son oncle. En 1003, Robert vint faire le siège d'Auxerre; il échoua; mais pour se venger il ravagea la Bourgogne jusqu'à la Saône. La chronologie des diverses expéditions du roi Robert en Bourgogne est mal connue. Cependant on sait qu'en 1005 il s'empara d'Avallon. On ne connaît pas davantage l'époque à laquelle Otte-Guillaume fit sa soumission. En 1006, l'autorité du roi de France était déjà reconnue en Bourgogne; mais elle n'était pas encore solidement établie. En 1015, il prit la ville de Sens et vint mettre le siège devant Dijon. L'évêque de Langres, Brunon, beau-frère d'Otte-Guillaume et l'un des adversaires les plus redoutables du roi en Bourgogne, étant mort le 31 janvier 1016, le roi fit élire à l'évêché de Langres un personnage qui était à sa dévotion et qui renonça en faveur du roi à sa suzeraineté sur Dijon. Dijon une fois acquise à Robert, la conquête de la Bourgogne était achevée. Le roi confia le gouvernement du duché à son fils Henri, probablement en 1017. Dix ans après, Henri fut sacré roi de France. Dès lors il cessa de gouverner la Bourgogne. Le roi Robert n'ayant pas voulu donner à son second fils, Robert, le titre de duc, celui-ci se révolta contre son père, s'empara de Beaune et d'Avallon. La paix fut signée en 1030. En 1032 le roi Henri dut concéder à son frère Robert le duché de Bourgogne. (M. Prou).

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Message par RAPHAEL83 Dim 01 Mai 2011, 16:56

Histoire de la Bourgogne
Le duché de Bourgogne de 1032 à 1361
La première dynastie des ducs de Bourgogne (Capétiens)


De 1032 à 1361

Hugues le Grand et Othon, le premier père et le second frère de Hugues Capet, avaient été ducs bénéficiaires de Bourgogne de 938 à 965, et Henri le Grand, autre frère de Hugues Capet, avait été institué par lui premier duc propriétaire de Bourgogne, 965-1002. Après sa mort, le roi Robert avait réuni ce duché à la couronne, et l'avait donné, en 1015 à son fils Henri, qui, devenu roi de France en 1031, investit, en 1032, son frère Robert le Vieux de ce duché (La Bourgogne pendant le Haut Moyen âge).

Robert eut pour conseiller l'évêque Hugues de Chalon qui se servit du crédit dont il jouissait pour rallier à la cause de Robert tous les seigneurs bourguignons. Mais la mort de Hugues de Chalon, survenue le 4 novembre 1039, fut le signal de nouveaux troubles. Une guerre éclata entre le duc de Bourgogne et Renaud, comte de Nevers; celui-ci fut tué dans un combat à Sainte-Vertu (1040) ; mais son fils reprit plus tard la lutte (1057). Hugues, fils aîné du duc Robert, le duc lui-même et Thibaud, comte de Blois, son allié vinrent mettre le siège devant Auxerre qui appartenait au comte de Nevers. La lutte continua plusieurs années dans l'Auxerrois. Mais le duc Robert fut rappelé et retenu dans le Dijonnais, l'Auxois et l'Autunois par d'autres affaires et de scandaleux démêlés sur lesquels les contemporains ne nous ont laissé aucun détail. Robert était d'un caractère ardent. Il avait répudié la duchesse Hélie, fille de Dalmace, seigneur de Semur en Brionnais et assassiné son beau-père. Tous les religieux se plaignaient de ses exactions. Il fut excommunié et ses Etats mis en interdit; sa réconciliation avec l'Eglise eut lieu à Autun en 1060. Il mourut le 21 mars 1076 à Fleury-sur-Ouche. Il avait eu six enfants, à savoir : 1° Hugues, mort en 1059 ou 1060; 2° Henri, qui épousa en 1056, Sybille, fille de Renaud, comte de Bourgogne, et mourut entre 1070 et 1074; 3° Robert, qui épousa la fille de Roger, comte de Sicile; 4° Simon, qui suivit la fortune de son frère Robert ; 5° Constance, qui épousa d'abord Hugues II, comte de Chalon, puis en secondes noces Alphonse VI, roi de Castille; 6° Hildegarde, mariée en 1068 à Guillaume VIII, comte de Poitiers, et qui vivait encore en 1120.

Après la mort de Robert, les seigneurs bourguignons reconnurent pour duc Hugues, son petit-fils, fils aîné de Henri de Bourgogne, mort en 1060. Sous son gouvernement la Bourgogne ne fut troublée par aucune guerre. Deux conciles se tinrent dans cette province en 1077, l'un à Dijon, l'autre à Autun. C'est dans la seconde de ces assemblées que fut déposé l'archevêque de Reims, Manassès. Vers le même temps furent fondés en Bourgogne deux monastères de femmes, l'un à Larrey et l'autre à Rougemont, près de Montbard. Hugues se montra très libéral envers les abbayes; dès son avènement il avait confirmé les privilèges de Saint-Bénigne de Dijon et avait abandonné aux religieux de ce monastère la moitié des droits et revenus de la monnaie de Dijon; il protégea l'abbaye de Cluny, dont son grand-oncle, Hugues de Semur, était abbé; il enrichit les abbayes de Molesme et Saint-Seine. Comme la Bourgogne était tranquille, les seigneurs allèrent en Espagne donner carrière à leur ardeur belliqueuse. Des relations s'étaient établies entre l'Espagne et la Bourgogne, grâce aux religieux de Cluny qui possédaient dans la péninsule de nombreux prieurés.

Hugues et ses barons aidèrent Sanche Ier, roi d'Aragon, à s'emparer du royaume de Navarre. Au retour de cette expédition le duc de Bourgogne ayant perdu sa femme, Sybille de Nevers, dont il n'avait pas d'enfant, se retira à Cluny, probablement en octobre ou novembre 1079, malgré les avis du pape qui chercha à le détourner de cette résolution. Il laissa le duché à son frère Eudes, et mourut à Cluny en 1093.

Eudes ler, surnommé Borel, à cause de la couleur de ses cheveux qui étaient d'un roux vif, avait vingt ou vingt-quatre ans quand il devint duc de Bourgogne. Dès l'année 1080 il dut, sur l'ordre du roi de France,Philippe Ier, prendre les armes contre Hugues du Puiset. Mais bientôt les succès d'Alphonse VI, roi de Castille et de Léon, qui épousa à la fin de 1080, Constance de Bourgogne, fille de Robert Ier, attirèrent à nouveau la noblesse bourguignonne en Espagne. En 1085, le duc Eudes et son beau-frère, Raimond de Bourgogne partirent en Espagne, accompagnés de Savaric de Donzy, Humbert de Joinville et Robert de Bourgogne. Ils s'emparèrent de Tudela sur l'Ebre. Eudes Borel était encore en Espagne, à Léon, le 5 août 1087. Henri de Bourgogne ne paraît pas avoir pris part à cette expédition; mais sa tante, Constance, l'attira à sa cour; il se signala par de nombreuses victoires sur les Maures; il laissa un fils qui fut la tige des rois du Portugal. Raimond de Bourgogne, comte d'Amaous, frère de Renaud, comte de Bourgogne, épousa la fille d'Alphonse VI et fut la tige des rois de Castille et de Léon. En 1089 la Bourgogne, qui en 1077 avait été ravagée par la famine, fut désolée par la peste.

Un concile se tint à Autun le 16 octobre 1094 où l'excommunication fut renouvelée contre l'empereur Henri et le roi Philippe Ier. Mais l'événement qui à la fin du XIe siècle domine tous les autres en Bourgogne, c'est la fondation de l'abbaye de Cîteaux. De l'abbaye de Molesme, fondée en 1075, partit le mouvement de réforme monastique dont saint Robert fut le plus ardent propagateur. Les religieux accouraient de toutes parts à Molesme. De nombreux prieurés avaient été fondés que les seigneurs se montraient jaloux d'enrichir; c'étaient les prieurés de Baigneux, Larrey, Balot, Grancey, Cerilly Sainte-Colombe, Frolois, Touillon, Saint-Brein-les-Moines, Gigny, Crisenon, Stigny, Artonnay, Saint-Moré, Senan, Vermanton, Cusy, Ancy-le-Franc et Tonnerre. Mais en même temps que les richesses venaient aux monastères, l'austérité en disparaissait. Aussi saint Robert voulut-il se retirer dans une autre solitude. Le duc de Bourgogne, de concert avec Rainard, vicomte de Beaune, céda à Robert un emplacement dans la forêt de Cîteaux. Les moines, compagnons de Robert, construisirent quelques cabanes et un oratoire qui fut consacré à la Vierge le 21 mars 1099. Tels furent les humbles commencements de l'abbaye de Cîteaux. La protection que le duc Eudes lui accorda ne l'empêcha pas d'être excommunié pour les ravages qu'il avait faits sur les terres de l'abbaye de Cluny et c'est pour obtenir son absolution qu'il prit la croix. Il se mit en route au printemps de 1101 (Les Croisades). Parmi les seigneurs bourguignons qui le suivirent, on remarquait : Geoffroy de Donzy, Hugues de Toucy, Hugues de Rougemont, Ascelin de Châtel-Censoir, Hugues et Anseau de Merry-sur-Yonne, et aussi l'évêque d'Autun, l'archevêque de Besançon et l'archevêque de Lyon. Le duc mourut outre-mer soit à Tarse, soit dans un combat terrible livré à Rama le 27 mai 1102. Son corps fut rapporté et enterré à Cîteaux. Il avait épousé Mahaut, fille de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne, qui lui donna quatre enfants : 1° Hugues Il, son successeur; 2° Henri, moine à Cîteaux; 3° Florine qui épousa un seigneur de la Macédoine; 4° Hélie ou Alix, mariée en 1095 à Bertrand, comte de Tripoli, puis à Guillaume dit Talvas, comte d'Alençon.

Hugues II, dit la Pacifique, avait environ dix-huit ans quand il succéda à son père comme duc de Bourgogne. Il épousa, avant 1106, Mathilde, fille de Boson Ier, vicomte de Turenne. En l'année 1106, le pape Pascal II visita la Bourgogne; le 16 février 1107, il était à Dijon; de là il gagna l'abbaye de Bèze, puis Langres, revint en Bourgogne, passa par Avallon où il consacra l'église de Saint-Lazare, puis alla consacrer, le 9 mars de la même année, l'église de la Charité. Le duc de Bourgogne assista au sacre de Louis VI le Gros le 3 août 1108, et il est probable qu'il prit part à l'expédition dirigée par Louis VI contre Henri, duc de Normandie et roi d'Angleterre. Le 31 janvier 1110 le duc était de retour à Dijon. Vers ce temps une épidémie ravagea la Bourgogne, qui fit de nombreuses victimes parmi les Cisterciens. L'abbaye de Cîteaux ne prospérait pas; la sévérité de sa règle en éloignait les novices. On pouvait craindre pour l'existence du nouveau monastère quand Bernard, fils de Tecelin le Roux, seigneur de Fontaines-les-Dijon, y vint prendre l'habit religieux entraînant à sa suite une trentaine de jeunes seigneurs. L'affluence devint telle à Cîteaux qu'en moins d'un an les revenus du monastère ne suffirent plus à nourrir les moines. En 1115, douze religieux le quittèrent pour fonder à la Ferté-sur-la-Grosne la première colonie de Cîteaux. La même année, Bernard fonda Clairvaux. En 1416 fut établi le monastère de Pontigny, qui donna, en un siècle, naissance à quarante-cinq abbayes. Enfin la quatrième fille de Cîteaux fut Morimond, dont deux cent quatre-vingt-six abbayes reconnaissaient encore l'autorité au XVIIIe siècle. Les statuts de l'ordre de Cîteaux furent confirmés le 23 décembre 1119 par le pape Calixte II, dont l'élection comme souverain pontife avait eu lieu à Cluny le 1er février précédent.

L'empereur Henri V menaça en 1124 d'envahir la France : Hugues II fut chargé du commandement d'une armée; mais la mort de Henri V fit disparaître le danger. Les dernières années du gouvernement de Hugues II furent troublées par la lutte entre les Cisterciens et les Clunisiens, les premiers reprochant aux seconds leur luxe et leur mollesse. La mort du duc Hugues II arriva en 1143, probablement au mois de février; il fut enterré à Cîteaux. La duchesse Mathilde survécut longtemps à son mari, car elle vivait encore le 28 juin 1156; elle dut mourir vers 1162. Hugues Il et Mathilde eurent dix enfants : 1° Eudes II, duc de Bourgogne; 2° Hugues dit le Roux, sire du Châtelet de Chalon; 3° Robert, évêque d'Autun en 1140, mort la même année; 4° Henri, évêque d'Autun, mort en 1170; 5° Raymond, marié à Agnès de Thiers, comtesse de Montpensier, père de Mahaut, comtesse de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre; 6° Gautier, archidiacre, puis évêque de Langres; 7° Sybille, femme de Roger, roi de Sicile; 8° Mathilde, femme de Guillaume de Montpellier; 9° Aigeline, mariée à Hugues de Vaudemont; 10° Aremburge, religieuse à Larrey, près de Dijon.

On est mal renseigné sur les premières années du gouvernement d'Eudes II qui succéda à son père comme duc de Bourgogne en 1143. II semble que l'évêque de Langres, Godefroy, ami de saint Bernard, ait joui auprès du duc d'une grande influence. Eudes reçut l'hommage de Thibaud, comte de Champagne, pour un certain nombre de fiefs qui relevaient du duché de Bourgogne : la garde de l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre, les châteaux de Maligny, d'Ervy et de Saint-Florentin, le comté et la ville de Troyes. Un grand nombre de seigneurs bourguignons se croisèrent en 1146 : le vicomte de Dijon, Hugues de Beaumont, l'évêque de Langres, Renier de la Roche, Thierry de Genlis, Richard d'Epiry, Arnaud de Chastellux, Gui, comte de Joigny, Itier de Toucy, Etienne de Seignelay, etc. Le pape Eugène III visita la Bourgogne en 1147. Le 11 décembre 1148 eut lieu la dédicace de l'église d'Aubin. Vers cette époque des désaccords s'élevèrent entre Henri de Bourgogne, évêque d'Autun, et l'abbaye de Vézelay, comme aussi entre Eudes II et l'évêque de Langres : celui-ci réclamait du duc l'hommage du fief de Saint Mametz. Cette dernière affaire se termina en 1153 par un arrêt de la cour du roi favorable à l'évêque de Langres. Le duc Eudes mourut en septembre 1162; sa femme, Marie, fille de Thibaud II, comte de Champagne, qu'il avait épousée en 1145, vécut au moins jusqu'en 1190. Eudes II avait en d'elle trois enfants: 1° Mahaut, mariée à Robert IV, comte d'Auvergne et de Clermont; 2° Alix, femme d'Archambaud, sire de Bourbon; 3° Hugues III.

Hugues III était mineur quand il succéda à son père en 1162. Sa mère prit en mains la direction des affaires. Les seigneurs bourguignons profitèrent de cette minorité pour envahir les biens des églises. C'est ainsi que l'église de Langres fut en butte aux vexations de Hugues de Broyes, qui s'empara des terres du chapitre, et de Henri le Libéral, comte de Champagne. L'abbaye de Vézelay eut tant à souffrir des attaques incessantes du comte de Nevers que les moines durent l'abandonner. En même temps, une ligue de seigneurs bourguignons se forma contre la régente; elle fut chassée de la cour, et privée de son domaine; elle eut recours au roi Louis VII, qui, après diverses injonctions restées sans résultat, menaça d'envahir la Bourgogne. Le jeune duc, que les seigneurs avaient excité contre sa mère, implora l'appui de l'empereur Frédéric Barberousse.

Grâce à l'intervention du comte de Champagne, la paix fut rétablie entre Hugues III et sa mère, probablement en 1165. Le duc de Bourgogne épousa la nièce de l'empereur, Alix de Lorraine, fille du duc Mathieu ler. A ce moment il prit la direction du gouvernement. La tranquillité dont jouissait alors le duché proprement dit faisait contraste avec les troubles qui agitaient les comtés de Chalon, de Mâcon et de Nevers, le Beaujolais, la Bresse le Bugey et le Forez. Girard de Mâcon soutenait des luttes contre le sire de Baugé, le comte de Forez, Humbert de Beaujeu et l'évêque de Mâcon. Le comte de Nevers continuait ses attaques contre les moines de Vézelay. Guillaume II, comte de Chalon, inquiétait l'abbaye de Cluny; en 1166, ses hommes massacrèrent les moines, sortis en procession, et les habitants de la ville. Louis VII s'avança en armes dans le Chalonnais et fit pendre tous les soudoyers de Guillaume II dont il put s'emparer. Le roi fit prononcer dans une assemblée tenue à Chalon la confiscation du comté de Chalon; il en donna la moitié au duc de Bourgogne et l'autre moitié au comte de Nevers, ne conservant pour lui que la seigneurie de Saint-Gengoux. Guillaume II fit sa soumission dans une assemblée que le roi Louis VII convoqua à Vézelay en 1168; mais il ne recouvra que la portion de ses biens assignée an comte de Nevers. Le duc de Bourgogne se croisa en 1169; il partit en 1171, accompagné d'Etienne ler, comte de Bourgogne, d'Eudes de Champagne, sire de Champlitte, de Gérard de Fouvent, d'Eudes de Dampierre, de Hugues d'Arnay, etc. Les croisés étaient de retour à Dijon dès 1172. Pendant une tempête qui avait mis leurs jours en danger, Hugues III avait fait voeu de construire une église en l'honneur de la Vierge et de saint Jean. Il accomplit son voeu; cette église fut la Sainte-Chapelle de Dijon.

En 1174, la guerre éclata entre Hugues et Gui, comte de Nevers, qui continuait à ravager les terres de l'abbaye de Vézelay. Les troupes ducales envahirent l'Auxerrois; le comte de Nevers fut fait prisonnier et obligé de signer une paix; il promit de détruire les fortifications qu'il avait fait élever à Argenteuil, à Saint-Cyr et vers le gué de Vézelay. Ensuite le duc de Bourgogne se rendit au siège de Rouen que faisait le roi de France, En décembre 1178 fut conclu entre Hugues III et l'évêque de Langres un accord au sujet de leurs droits respectifs sur les hommes qui viendraient s'établir à Châtillon. Gérard, comte de Mâcon, s'allia avec le comte de Chalon et le sire de Beaujeu pour ravager les terres de l'abbaye de Cluny. Philippe-Auguste dut intervenir pour rétabir l'ordre. Il tint une cour à Pierre-Perthuis, près de Vézelay, où un arrêt fut rendu contre Gérard de Mâcon. Hugues III prit part aux luttes qui agitèrent les premières années du règne de Philippe-Auguste; il se ligua contre le roi avec les comtes de Flandre et de Blois. Mais il fut condamné à payer une amende à Philippe-Auguste. Ses embarras financiers le déterminèrent à concéder en 1183 une charte de commune à la ville de Dijon. C'est à ce moment que le duc répudia Alix de Lorraine pour épouser, à Saint-Gilles en Provence, Béatrix d'Albon, fille de Guigue V, dauphin de Viennois. Deux ans après, Hugues assiégea le château de Vergy dont le seigneur lui refusait l'hommage; mais Philippe-Auguste vint au secours du sire de Vergy et obligea Hugues Ill à lever le siège. En 1186, le roi de France fit une nouvelle expédition en Bourgogne, appelé par les églises qui avaient à se plaindre des vexations du duc. Beaune et Flavigny tombèrent aux mains du roi, puis la ville de Châtillon-sur-Seine défendue par Eudes, fils aîné du duc, et que le roi emmena prisonnier. Le duc et le roi firent la paix; et en 1190 Hugues III s'embarqua avec Philippe-Auguste pour la Palestine. C'est à lui que Philippe laissa le commandement des troupes quand il revint dans son royaume. Hugues III mourut à Tyr au commencement de l'année 1193. Son corps fut rapporté à Cîteaux. De son premier mariage avec Alix de Lorraine il laissa deux fils, Eudes et Alexandre; de Béatrix d'Albon, sa seconde femme, il eut un fils nommé André, qui hérita des comtés de Vienne et d'Albon, et une fille appelée Mahaut qui épousa en 1214 Jean de Chalon, fils d'Etienne II, comte d'Auxonne. De l'une de ses deux femmes Hugues eut encore une fille, Marie, qui épousa Simon, seigneur de Semur.

Eudes III avait gouverné le duché pendant le séjour de son père en Palestine, mais il ne prit le titre de duc qu'en 1193. André, son frère, réclama une part dans le duché, mais sa rébellion lui fit perdre quelques terres sises près de Beaune et de Chalon qui lui avaient été assignées sur l'héritage de son père. Eudes contraignit Guillaume V à lui faire hommage pour le comté de Mâcon. Plus tard, en 1197, il reçut l'hommage d'Etienne II, petit-fils de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne, pour le comté d'Auxonne. En 1194, Eudes III avait épousé Mahaut, veuve de Philippe d'Alsace, comte Flandre, fille d'Alphonse Ier, roi du Portugal, qui descendait de la maison de Bourgogne par Henri, petit-fils du duc Robert Ier; mais ce mariage fut déclaré nul en 1197 et Mahaut retourna en Flandre. La querelle des ducs de Bourgogne avec les sires de Vergy se réveilla en 1196, mais elle se termina par un traité en vertu duquel Hugues, sire de Vergy, céda au duc Eudes son château en échange du château de Mirabeau et du titre de grand sénéchal de Bourgogne, et s'engagea à donner en mariage au duc sa fille Alix. Ce mariage fut conclu en 1199. Eudes III refusa en 1201 de prendre la succession de Thibaud, comte de Champagne, comme chef de la croisade. Il fut un de ceux qui engagèrent le plus Philippe-Auguste à ne pas faire la paix avec Jean, roi d'Angleterre, et il seconda puissamment son suzerain dans ses expéditions contre ce monarque. Il l'accompagna aussi en 1209 contre les Albigeois; après la prise de Carcassonne il refusa la seigneurie de cette ville. Il se distingua encore à la bataille de Bouvines (1214). Il s'apprêtait à partir en Palestine quand une maladie l'arrêta à Lyon où il mourut le 6 juillet 1218. II fut enterré à Cîteaux, Eudes eut d'Alix de Vergy un fils qui lui succéda, et trois filles : 1° Jeanne, mariée en 1222 à Raoul, comte d'Eu; 2° Béatrix, femme de Humbert III, seigneur de Thoire et de Villars en Bresse; 3° Alix, morte sans alliance en 1266.

Hugues IV n'avait que six ans quand il succéda à son père comme duc de Bourgogne. Sa mère gouverna le duché pendant sa minorité avec beaucoup de sagesse. Par acte daté de Paris au mois d'août 1218, elle avait promis sous caution au roi Philippe-Auguste de le servir envers et contre tous et de ne pas se remarier sans son consentement. André, dauphin de Viennois, qui avait été privé, par son frère le duc Eudes III, de ses domaines en Bourgogne, voulut profiter de la minorité de son neveu pour en reprendre possession. Mais Alix de Vergy obtint de lui, moyennant le paiement de 300 marcs d'argent, qu'il renonçât à ses prétentions sur le Beaunois et le Chalonnais. Au mois de juillet 1227 elle s'engagea vis-à-vis de Thibaud, comte de Champagne, à le secourir contre le comte de Nevers jusqu'à la majorité du duc son fils. Celui-ci épousa en 1229 Yolande, fille de Robert III, comte de Dreux. Peu après il entra dans la ligue formée contre le comte de Champagne; mais, apprenant que le roi saint Louis marchait contre les confédérés, il battit en retraite.

Au mois de février de la même année 1229, Hugues reconnut tenir de l'évêque de Langres tout ce qu'il possédait à Châtillon-sur-Seine ainsi que le château de Montbard, et la mouvance de Griselles et de Larrey. En 1237 il acquit de Jean de Chalon, à qui il céda la seigneurie de Salins, les comtés de Chalon et d'Auxonne. Deux ans après il partit pour la Palestine, mais il en revint en 1241. En 1247 il se ligua avec le comte de Bretagne, la comte d'Angoulême et le comte de Saint-Pol pour résister aux entreprises du clergé sur la juridiction séculière. Il accompagna saint Louis en Egypte et fut pris à la bataille de Mansourah. Pendant sa captivité, sa mère, la duchesse Alix, mourut en 1251. Hugues IV reçut en 1265 de Baudouin, empereur de Constantinople, qui se trouvait à Paris, le royaume de Thessalonique. Il mourut vers la fin de 1272 à Vilaines-en-Duesmois, au retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. Il avait épousé en 1229 Yolande, fille de Robert, comte de Dreux, morte en 1255. Il eut d'elle : 1° Eudes, qui épousa Mathilde de Bourbon, comtesse de Nevers; 2° Jean, seigneur de Charolais, qui épousa Agnès, héritière d'Archambaud IX, sire de Bourbon; 3° Robert, qui lui succéda comme duc de Bourgogne; 4° Alix, femme de Henri III, duc de Brabant; 5° Marguerite, mariée d'abord à Guillaume de Mont-Saint-Jean, puis à Gui, vicomte de Limoges. Hugues IV épousa en secondes noces, en 1258, Béatrix, fille de Thibaud VI, comte de Champagne, morte en 1295. Il eut d'elle : 1° Hugues, vicomte d'Avallon, seigneur de Montbard, qui épousa Marguerite, dame de Montréal, fille de Jean de Chaton, sire de Salins; 2° Béatrix, mariée à Hugues XIII de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême; 3° Elisabeth ou Isabelle, seconde femme de l'empereur Rodolphe Ier; 4° Marguerite, mariée à Jean de Chalon, sire d'Arlai; 5° Jeanne, religieuse.

Robert II avait été investi du duché de Bourgogne par son frère Hugues IV, qui avait, par son testament, exclu ses filles de la succession à la couronne ducale. Mais Robert III, comte de Flandre, qui avait épousé Yolande, fille aînée d'Eudes, comte de Nevers, fils aîné lui-même du duc Hugues IV, et Robert, comte de Clermont, époux de Béatrix, fille de Jean, second fils de Hugues, prétendaient au duché de Bourgogne. Robert II invoqua l'appui du roi Philippe le Hardi qui le déclara seul héritier du duché. En 1282, le duc de Bourgogne alla en Italie au secours de Charles d'Anjou, oncle de sa femme Agnès, fille de saint Louis, qu'il avait épousée en 1279. Le douaire assigné à Agnès était constitué par les châtellenies de Vergy, de Montcenis, de Beaumont, de Colomne-sur-Saône, de Bussy, de Beaune, de Nuits et de Chalon. Robert Il acquit en 1281 de Guillaume de Champlitte, seigneur de Pontailler, la vicomté de Dijon qu'il remit à la commune de la même ville, et en 1289, d'Amédée, comte de Savoie, des terres en Bresse avec les châtellenies de Cuisery et de Sagy. C'est encore lui qui augmenta de la seigneurie d'Arnay, dans l'Auxois, le domaine direct des ducs. En 1294 il reçut de Philippe le Bel la lieutenance du roi au pays de Lyon et en 1297 la garde du comté de Bourgogne.

Le 25 mars de la même année, comme il s'apprêtait à partir pour Rome en qualité d'ambassadeur du roi de France, il fit son testament par lequel il institua son successeur au duché de Bourgogne, Hugues, son second fils, devenu l'aîné par la mort de Jean; il donna à Eudes des terres représentant quatre mille livres de rente, et à Louis, son troisième fils qu'il destinait à la cléricature, mille livres de rente; à Blanche, l'aînée de ses filles, qui épousa plus tard, en 1307, Edouard, comte de Savoie, il assigna vingt mille livres avec le château de Duesme; à Marguerite, qui épousa le roi Louis le Hutin, quinze mille livres; et à Jeanne qui, en 1313, épousa Philippe de Valois, dix-neuf mille livres. Le duc Robert fut un des plus zélés défenseurs des droits de la couronne de France contre les prétentions de Boniface VIII. Il mourut à Vernon-sur-Seine en 1305; son corps fut inhumé à Cîteaux dans la chapelle de Saint-Georges où reposaient ses ancêtres. Outre les enfants que nous avons nommés, il avait eu, après 1297, un cinquième fils, Robert, comte de Tonnerre, et une quatrième fille, Marie, mariée vers 1310 à Edouard, comte de Bar. Après la mort de Robert, le gouvernement du duché resta quelques années entre les mains de la duchesse Agnès; car le nouveau duc Hugues V était encore enfant. Il fut fiancé à Jeanne, fille de Philippe le Long. Mais il mourut en 1315, peu après le 27 avril, à Argilly, avant la célébration de son mariage. Il avait cédé son titre de roi de Thessalonique à son frère Louis.

Hugues V eut pour successeur (1315) son frère Eudes IV. Celui-ci ne put jouir tranquillement de son duché qu'après avoir assoupi les réclamations de son frère Louis en lui cédant le château de Duesme avec une rente annuelle de quatre mille livres. Après la mort du roi de France Louis X, Eudes IV défendit les droits de sa nièce Jeanne, mais il finit par s'accommoder avec Philippe le Long, dont il épousa la fille aînée le 18 juin 1318. Eudes IV devint en 1320 prince d'Achaïe et de Morée et roi de Thessalonique par la mort de son frère Louis mais l'année suivante, par acte du 6 octobre 1321, il vendit ces titres à Philippe, prince de Tarente. Il hérita encore en 1330 des comtés de Bourgogne et d'Artois, à la mort de sa belle-mère Jeanne, veuve de Philippe le Long. Il accompagna le roi Philippe de Valois dans ses deux expéditions en Flandre, en 1328 et en 1340. C'est encore grâce aux troupes du duc Eudes IV que le comte de Savoie Amédée VI, qui avait conclu avec lui à Chalon, le 16 juin 1347, une alliance offensive et défensive, put diriger en Piémont une expédition contre le duc de Milan. Cependant le duc était occupé à repousser en Bourgogne les attaques de Jean de Chalon-Arlai, de Thibaut, sire de Neuchâtel, et de Henri de Faucogney. C'était le commencement de la lutte entre le duché de Bourgogne et la Franche-Comté. Pour cette fois le roi de France mit fin aux hostilités par un jugement arbitral rendu à Vincennes en mars 1348. Le duc Eudes IV mourut à Sens en 1350. Son corps fut enterré à Cîteaux, son coeur fut déposé à la Chartreuse de Beaune qu'il avait fondée en 1332 et ses entrailles à la Sainte-Chapelle de Dijon. De Jeanne de France, sa femme, Eudes IV avait eu deux fils, dont le second mourut encore enfant; quant à l'aîné, Philippe, il fut tué au siège d'Aiguillon le 22 septembre 1346, laissant de Jeanne, comtesse d'Auvergne et de Boulogne, un fils nommé Philippe de Rouvres, et deux filles mortes sans alliance.

Philippe de Rouvres, comte de Bourgogne et d'Artois, succéda en 1350, comme duc de Bourgogne, à son aïeul Eudes IV. Il eut pour baillistre le roi de France, Jean II, qui épousa sa mère. A la suite de la bataille de Poitiers, les Anglais se répandirent en Bourgogne : Chatillon-sur-Seine fut brûlée, Tonnerre fut pillée, les murs d'Auxerre renversés; les ennemis s'avancèrent jusqu'à Flavigny où ils pénétrèrent le 17 janvier 1360. On dut composer avec les Anglais qui, pour une somme de deux cent mille moutons d'or, consentirent à se retirer. Pendant ces troubles, le jeune duc, à peine âgé de douze ans, avait épousé Marguerite, fille et héritière de Louis de Male, comte de Flandre. En 1359, le roi de France, Charles V, déclara que les appels des sentences rendues par la cour du duc de Bourgogne seraient portés au bailliage royal de Saint-Gengoux et de là au Parlement. La reine de France, mère, de Philippe de Rouvres mourut le 29 septembre 1360; son fils fut déclaré majeur le 20 octobre suivant; mais il survécut peu, car il mourut au mois de novembre 1361; le 21 novembre il avait fait son testament par lequel il instituait ses héritiers ceux qui devaient l'être suivant la coutume de Paris. (M. Prou).

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Message par RAPHAEL83 Dim 01 Mai 2011, 16:58

Histoire de la Bourgogne
Le duché de Bourgogne de 1361 à 1477
La seconde dynastie des ducs de Bourgogne (Valois)

De 1361 à 1477

Philippe de Rouvres était mort en 1361 sans laisser aucun héritier direct; il n'avait ni frères, ni soeurs, ni descendants d'eux; le dernier de ses ascendants, sa mère, Jeanne de Boulogne, était morte le 29 septembre 1360. Sa succession revenait à ses collatéraux. Les deux comtés de Boulogne et d'Auvergne que Philippe tenait de sa mère revinrent à Jean de Boulogne. Les comtés de Bourgogne et d'Artois, avec la terre de Champagne, furent assignés à Marguerite de France, parce que ces terres avaient jadis appartenu à sa mère, Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe le Long. Quant au duché, le roi Jean le réclama à titre d'héritier le plus proche. Il eut pour compétiteur le roi de Navarre, Charles le Mauvais, parent du feu duc au même degré que le roi de France; il insistait surtout pour obtenir la terre de Champagne qui se composait des prévôtés de Villemaur, Maraye-en-Othe, Vaucharcis, Chaource, Ile-en-Champagne, et de la châtellenie de Juilly. Le roi de Navarre n'avait pas encore renoncé à ses prétentions sur l'héritage de Philippe de Rouvres en 1365, car cette année-là il convint avec le roi de France de soumettre l'objet du litige au pape et de s'en remettre à sa décision. Le pape n'eut pas à se prononcer, la guerre ayant à nouveau éclaté entre Charles de Navarre et Charles VI avant qu'aucun ambassadeur n'eût été envoyé par les parties à la cour de Rome. Quoi qu'il en soit, dès le 30 novembre 1361, le comte de Tancarville reçut ordre de se rendre en Bourgogne pour prendre et recevoir au nom du roi Jean la possession et saisine du duché. Tancarville, aidé de deux autres conseillers du roi, que le souverain avait jugé bon d'adjoindre à l'ancien conseil ducal, réorganisa l'administration de la province, prit les mesures nécessaires pour résister aux Compagnies qui menaçaient la Bourgogne (La Criminalité au Moyen âge). Jean vint lui-même visiter ses nouvelles possessions; il arriva à Dijon le 23 décembre 1361. Le roi de France laissa le gouvernement de la Bourgogne au comte de Tancarville jusqu'au 27 juin 1363, date à laquelle il nomma son fils Philippe le Hardi, duc de Touraine, « lieutenant par-dessus tous autres » au duché de Bourgogne. Le duc de Touraine était né le 15 janvier 1341. Il était trop jeune et avait trop peu de maturité d'esprit pour faire face aux dangers qui menaçaient la Bourgogne, alors ravagée par les Grandes Compagnies. Celles-ci, à la suite de la bataille de Brignais (avril 1362), avaient occupé le Mâconnais. Mais dès le 8 août 1363, le duc de Touraine retourna en France après avoir délégué ses pouvoirs à Jean de Montaigu, sire de Sombernon.

Le 6 septembre 1363 il reçut de son père le duché de Bourgogne à titre d'apanage réversible à la couronne faute d'héritiers mâles. Plus tard, après la mort du roi Jean, Charles V confirma cette donation par lettres du 2 juin 1364. Au commencement de cette année 1364 la guerre avait éclaté entre les Bourguignons et les Francs-Comtois, Philippe le Hardi envahit la partie de la Franche-Comté qui touchait à la vallée de la Saône; mais il fut obligé de rétrograder, car, comme il avait dû dégarnir de troupes les places fortes de son duché, l'audace des Compagnies s'en était accrue. Une bande avait pénétré jusqu'à Grandchamp, dans le Châtillonnais. Le duc de Bourgogne vint lui-même reprendre cette place. Le 12 février il apprit que les Bretons et les Gascons de La Charité-sur-Loire avaient décidé de prendre Châtillon-sur-Seine. Le Châlonnais était menacé par un routier nommé Guillamput qui parvint à pénétrer jusque dans la basse-cour du château ducal d'Argilly. Malgré tant de dangers qui menaçaient la Bourgogne. Philippe le Hardi quitta son duché emmenant avec lui l'élite de ses hommes d'armes pour aider le dauphin contre le roi de Navarre. Après la mort du roi Jean, Charles V, comme on l'a dit plus haut, confirma son frère dans la possession du duché de Bourgogne. Celui-ci stipula qu'en cas d'éviction totale ou partielle il reprendrait le duché de Touraine, qu'il toucherait dans son fief le reliquat à percevoir des aides pour la rançon du roi Jean, qu'à son titre ducal il ajouterait celui de lieutenant du roi de France des villes et diocèses de Lyon, d'Autun, de Mâcon, de Chalon, ainsi que dans tout le duché de Bourgogne.

D'autre part, Charles V déclara que Philippe et ses successeurs, les ducs de Bourgogne, souffriraient que toutes les impositions générales édictées en France fussent applicables au duché de Bourgogne. Philippe le Hardi ne rentra à Dijon que le 17 novembre 1364. Pendant son absence les Bourguignons avaient dû soutenir le choc d'une invasion franc-comtoise dirigée par le comte de Montbéliard. L'explosion de la guerre entre Charles V et Charles le Mauvais éloigna de la Bourgogne une grande partie des Compagnies qui, répondant à l'appel du captal de Buch, se dirigèrent sur la Normandie. Mais les compagnies que les Bourguignons entretenaient à leur solde n'étaient pas celles qui leur donnaient le moins d'inquiétude. C'est ainsi qu'on dut financer pour obtenir le départ de la garnison de Pontailler-sur-Saône, composée de Gascons et de Bretons. Du Guesclin entraîna en Castille un grand nombre de gens des Compagnies. En 1365 l'Archiprêtre tenta d'entraîner les Compagnies contre les Turcs en Hongrie; l'empereur avait promis le passage libre à travers ses domaines; mais quand les Compagnies se présentèrent devant Strasbourg, elles trouvèrent portes closes. Enfin la guerre avec l'Angleterre qui éclata à nouveau en 1370 débarrassa la Bourgogne de ces hôtes redoutables. Le 19 juin 1369, le duc Philippe le Hardi épousa à Gand Marguerite de Flandre, veuve de Philippe de Rouvres, qui lui apporta les comtés de Bourgogne, d'Artois, de Flandre, de Rethel et de Nevers, dont il prit possession en 1384 après la mort de Louis de Male.

Charles le Mauvais ayant menacé la Bourgogne, le duc dut garnir de troupes les places de son duché; il établit capitaine à Dijon Olivier de Jussey, à Châtillon Etienne de Bremur, à Monlbart Huguenin de Sully, à Vergy Jean de Villers-la-Faye. Le gouvernement du duché fut confié à Eudes de Grancey. La mort de Charles le Mauvais délivra la Bourgogne de ce nouveau danger. Les guerres que Philippe le Hardi eut à soutenir soit pour son propre compte soit pour aider son frère Charles V ou son neveu Charles VI, contre les Anglais l'obligèrent à établir la gabelle dans son duché et une imposition de douze deniers pour livre sur le débit de toutes les denrées. Pour apaiser la mécontentement de ses sujets il déclara par lettres patentes données à Talant le 18 mai 1370 que son intention n'était pas de porter atteinte aux privilèges des habitants. Philippe le Hardi organisa la Chambre des comptes de Dijon et y introduisit en 1386 les us, styles et ordonnances de celle de Paris.

Le comte de Nevers, Jean, fils de Philippe le Hardi, avant été fait prisonnier à Nicopolis en 1396, les Etats du duché s'imposèrent pour payer sa rançon. Des ordres de chevalerie furent fondés en Bourgogne à cette époque.

Vers 1400, Philippe de Molan institua l'ordre ou confrérie de Saint-Georges qu'on nommait encore « ordre de rouge manteau ». La noblesse du Chalonnais institua une semblabla confrérie dans l'église de Saint-Georges de Chalon, celle du Mâconnais dans l'église de Saint-Georges de Mancey et celle du comté d'Auxonne à Seurre. Philippe le Hardi mourut à Hall le 27 avril 1404; son corps fut transporté et enterré dans le couvent des Chartreux de Dijon qu'il avait fait construire; sa femme Marguerite de Flandre mourut le 16 mars 1405.

Jean sans Peur, comte de Nevers, fils aîné de Philippe le Hardi et de Marguerite de Flandre, né à Dijon le 28 mai 1371, succéda à son père comme duc de Bourgogne en 1404. Tout occupé de ses querelles avec la maison d'Orléans il résida peu en Bourgogne. Il séjourna davantage dans ses Etats du nord de la France. Car, aux provinces que possédait son père, il avait ajouté par son mariage avec Marguerite de Bavière, célébré à Cambrai en 1385, les comtés de Hainaut, de Hollande et de Zélande. Il fut assassiné le 10 septembre 1419 sur le pont de Montereau; sa femme ne mourut que le 23 janvier 1423; son douaire consistait dans les revenus de la prévôté d'Auxonne, des châtellenies de Vieux-Château, de Montréal, de Châtel-Girard, de Verdun, de Saint-Romain, de Pontailler et de l'étang de Périgny.

Jean sans Peur eut pour successeur au duché de Bourgogne son fils Philippe le Bon, né à Dijon le 30 juin 1396. Il se tint presque constamment éloigné de la Bourgogne. L'administration du duché fut de 1419 à 1424 entre les mains de la duchesse douairière Marguerite de Bavière. Une Chambre du conseil fut établie en 1422, puis supprimée en 1431. En 1446 fut créé un Conseil à qui fut confiée l'administration de la province. C'est en Bourgogne, à Auxerre, que se tinrent en 1432 des conférences pour la paix entre Philippe le Bon et la roi Charles VII; elles restèrent sans résultat. La paix ne fut conclue qu'en 1435 à Arras. On sait que les comtés d'Auxerre et de Mâcon furent alors cédés par le roi de France au duc de Bourgogne.

Vers le même temps, le duc de Bourbon, qui avait envahi le Mâconnais et le Chalonnais, à la suite de quelques succès remportés sur lui par le duc de Bourgogne, signa le 20 janvier 1435 à Nevers une suspension d'armes. Mais les compagnies de gens d'armes qui étaient à la solde de Charles de Bourbon se répandirent en Bourgogne, semant la terreur sur leur passage; les contemporains les appelèrent les Ecorcheurs; l'histoire leur a conservé ce nom. Ils apparurent en même temps dans l'Auxerrois et aux environs de Langres. La terreur s'empara des habitants de Dijon. Les Etats convoqués en février 1435 accordèrent un subside de 20,000 livres, grâce auquel le gouverneur de Bourgogne put établir des garnisons sur les frontières de Champagne. Les gens d'armes du duché lurent convoqués à Is-sur-Tille. Les Ecorcheurs, après s'être emparés de Langres, s'approchèrent de Dijon et vinrent occuper Ruffey et Talmay. En 1436 ils approchèrent du Châtillonnais. L'un de leurs chefs, Rodrigue de Villandrando, envahit le Mâconnais en novembre 1437.

En février 1438 le gros des bandes se trouvait dans le Charolais sous les ordres du bâtard de Bourbon, de Louis de Beuil, de Tempête, de Brusac, de Robinet le Maure, de Mathelin et de Blanchefort. Le gouverneur de Bourgogne, Jean de Fribourg, s'efforçait en vain de les chasser. Le 13 septembre 1438 Charles VII publia des lettres royaux bannissant les chefs des Ecorcheurs; Philippe le Bon en ordonna l'exécution. La même année la poste ravageait la Bourgogne. A Dijon, elle sévit si fort que le cours de la justice fut interrompu; l'hôpital du Saint-Esprit reçut quinze mille pauvres dont il mourut dix mille; à Auxerre le fléau ne fit pas moins de victimes. Puis vint la famine; à Autun le boisseau de froment coûtait trente sous et les pauvres trompaient leur faim en mangeant du pain d'argile. Cependant les Ecorcheurs continuaient leurs ravages. Au mois de février 1440 la Montagne, le Tonnerrois, l'Auxois et l'Avallonnais furent envahis. Le bâtard de Bourbon apparut avec 8000 Ecorcheurs à La Charité-sur-Loire et à Cosne, d'où il gagna la Lorraine. Toutes les forces bourguignonnes furent convoquées à Varennes près de Pontailler. Les Etats accordèrent les subsides nécessaires à leur solde. En mars 1440, le bâtard fut défait près de Langres par Jean de Vergy, Antoine de Ghellet et Phelippot de Saingnis. Le seigneur de Ternant infligea aux Compagnies une autre défaite. Cependant les Ecorcheurs vinrent encore occuper le Chalonnais et le Mâconnais. Le roi de France étant allé pacifier la Champagne (janvier 1441), les Compagnies qu'il avait amenées avec lui ravagèrent l'Auxerrois et le Tonnerrois. Cependant le bâtard de Bourbon fut exécuté. Les Ecorcheurs perdaient de plus en plus de terrain. Le seigneur de Blammont défit Blanchefort près d'Avallon, battit un corps de Bretons près de Chitry, força (novembre 1441) les bandes à passer la Loire, tandis que Jean de Fribourg remportait sur elles un avantage à Vézelay. Cependant en 1442 les Ecorcheurs reparurent dans le Charolais; en 1443 ils tentèrent un assaut sur Mâcon, mais furent repoussés. En 1444 Thibaud de Neufchâtel remporta une victoire sur les Ecorcheurs à Saulieu. Ce n'est qu'en 1445 et grâce à l'intervention du Dauphin que la Bourgogne fut débarrassée de ces bandes de pillards (La Criminalité au Moyen âge).

Les malheurs qui s'étaient abattus sur la Bourgogne n'avaient pas complètement arrêté les réjouissances. C'est ainsi qu'en 1443 un grand tournoi, convoqué par le seigneur de Beaufremont, eut lieu à l'arbre de Charlemagne, dans la forêt de Marsannay-la-Côte, près de Dijon; la tête dura quarante jours. En 1430, Philippe le Bon, à l'occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal, avait institué l'ordre de la Toison-d'Or. C'est à lui qu'on doit la fondation de l'Université établie à Dôle pour les deux provinces de Bourgogne. Le même duc, en 1459, fit rédiger la coutume du duché; Ferri de Cluny, official d'Autun, Jean de Beaufremont, seigneur de Mirebeau, J. Georges, maître des requêtes, Guillaume de Sercey, bailli de Chalon, et quelques autres officiers de justice, furent préposés à cette rédaction. Philippe le Bon mourut à Bruges en 1467.

Son fils, Charles le Téméraire, qui lui succéda, né en 1433, porta d'abord le titre de comte de Charolais et ne fit son entrée à Dijon qu'en 1473. Il se signala de bonne heure par son courage et sa haine contre Louis XI. Il entra dans la Ligue du Bien-Public formée contre ce prince, et lui livra la bataille de Montlhéry (1465). Devenu duc de Bourgogne en 1467, il punit avec rigueur les Liégeois qui s'étaient révoltés contre leur évêque, son parent et son allié. Ayant appris que Louis XI, qui négociait avec lui à Péronne, excitait de nouveau les Liégeois à la révolte, il attira ce prince dans une conférence à Péronne et le força à l'accompagner contre eux et à l'aider à les soumettre (1468).

Tout le règne de Charles le Téméraire fut rempli par ses guerres avec le roi de France (dont il était le plus puissant vassal, et contre lequel il chercha à susciter l'empereur et le roi d'Angleterre), et par les efforts qu'il fit pour agrandir ses États aux dépens de ses voisins, surtout de la Suisse et de la Lorraine. Il fut battu par les Suisses en plusieurs rencontres, notamment à Granson, puis à Morat, où son armée fut exterminée (1476), et il trouva peu après la mort sous les murs de la ville de Nancy qu'il disputait au duc de Lorraine (1477). Il laissa une fille, Marie de Bourgogne, qui hérita de ses États et en porta une partie dans la maison d'Autriche, par son mariage avec Maximilien, fils de l'empereur Frédéric III. (M. Prou).
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Message par RAPHAEL83 Dim 01 Mai 2011, 17:00

Histoire de la Bourgogne
La Bourgogne de 1477 à 1789
(depuis le rattachement à la couronne de France jusqu'à la Révolution)


De 1477 à la Révolution

Après la mort de Charles le Téméraire, le roi de France, Louis XI, chercha à s'emparer de son héritage et à dépouiller sa fille unique, Marie. Le roi, instruit de l'inimitié qui existait entre le feu duc et son rival Jean de Chalon, prince d'Orange, gagna celui-ci à sa cause en lui faisant espérer le gouvernement des deux Bourgognes. Les Etats du duché de Bourgogne s'étant réunis, le prince d'Orange détermina la noblesse à mettre le duché entre les mains du roi en attendant la conclusion du mariage de Marie avec le Dauphin. A ce moment, Louis Xl n'osait pas encore démasquer ses projets; il déclarait dans des lettres adressées en janvier 1477 aux Etats qu'il voulait garder le droit de la princesse Marie et il s'engageait à maintenir les habitants du duché dans toutes leurs franchises et libertés. Les Etats se décidèrent donc à remettre le duché au roi de France; celui-ci y envoya une armée et y établit comme lieutenant Georges de la Trémoille, sire de Craon. Au mois de mars suivant, fut établi le Parlement de Dijon qui remplaça les Grands Jours. L'annexion du duché de Bourgogne au domaine royal fut ainsi consommée, La fille de Charles le Téméraire, crut encore quelque temps à la bonne foi de Louis XI et entama avec lui des négociations au sujet de son mariage avec le Dauphin. Quand elle se vit jouée, elle donna sa main à l'archiduc Maximilien d'Autriche (août 1477). Le roi oublia également les promesses qu'il avait faites au prince d'Orange. Celui-ci offrit ses services à l'archiduchesse Marie et provoqua un soulèvement à Beaune et à Semur.

La ville de Chalon, restée fidèle à Marie de Bourgogne, fut saccagée par le sire de Craon. Le prince d'Orange, entouré des plus nobles seigneurs bourguignons, se retira en Franche-Comté où Craon le poursuivit et le vainquit. Ce fut au tour des bourgeois à se révolter contre l'autorité royale et les Dijonnais mirent à mort Jean Jouard, que Louis XI avait établi premier président du Parlement. Craon revint de Franche-Comté pour apaiser la sédition; puis il retourna mettre le siège devant Dôle où il échoua. Son avarice et sa cruauté avaient exaspéré les Bourguignons; Louis XI le remplaça par Charles d'Amboise, seigneur de Chaumont. Déjà les troupes de L'archiduc avaient envahi le duché. Le nouveau gouverneur les chassa, puis il reprit les places révoltées, Montsaujon, Beaune, Verdun, Semur en Auxois. Louis XI fit construire un château à Dijon; il vint dans la ville en juillet 1479 et jura solennellement de conserver les libertés des bourgeois. Après la mort de Marie de Bourgogne (25 mars 1482) un traité fut conclu entre le roi et l'archiduc Maximilien. On n'y parla pas du duché. Mais on convint du mariage de Marguerite, fille de Maximilien et de Marie de Bourgogne, avec le Dauphin; elle apportait en dot les comtés d'Artois, de Bourgogne, de Mâcon, d'Auxerre, de Bar-sur-Seine et de Noyers. Le Dauphin entra en possession de ces seigneuries aussitôt après la célébration des fiançailles en juin 1483. Charles d'Amboise étant mort à Tours le 21 février 1481, son frère, Jean d'Amboise, évêque de Langres, le remplaça comme gouverneur de Bourgogne; il ne tarda pas à se démettre du gouvernement en faveur de Jean de Baudricourt, seigneur de Choiseul, maréchal de France, qui fit publier la paix dArras en décembre 1482. Il eut pour successeur Engelbert de Clèves.

Charles VIII se rendant en Italie traversa la Bourgogne où il prit possession du duché par l'anneau ducal que l'abbé de Saint-Bénigne lui mit au doigt. Par lettres du 29 août 1494, le Parlement de Bourgogne, créé d'abord pour le duché et le comté de Bourgogne, fut déclaré fixe à Dijon. En juillet 1494, la ville de Dijon fut ravagée par la peste; la Chambre des comptes dut siéger à Talant. Le fléau sévit encore plus cruellement à Chalon, où les magistrats décidèrent de faire jouer le Mystère du glorieux ami de Dieu, monseigneur Saint-Sébastien pour obtenir la cessation de cette terrible épidémie. La peste désola de nouveau la Bourgogne en l'année 1500. Après la mort d'Engelbert de Clèves, survenue en 1506, le roi donna le gouvernement de la Bourgogne à Louis de la Trémoille. C'est Louis XII qui fit commencer, en 1511, la construction d'un palais pour le Parlement; cet édifice ne fut achevé qu'en 1571. Les Suisses, à qui Louis XII. avait refusé une augmentation de salaire, firent une tentative sur la Bourgogne. Ils vinrent assiéger Dijon en 1513. La Trémoille, qui était accouru d'Italie pour organiser la défense dans sa province, traita avec les Suisses quand ils se disposaient à donner l'assaut. Il leur promit, à eux et aux seigneurs qui s'étaient joints à eux, une somme de deux cent mille écus. Comme on ne put trouver l'argent, les Suisses se retirèrent emmenant comme otage le propre neveu du gouverneur.

Quand la guerre éclata entre François Ier et Charles-Quint, des aventuriers, venus d'Italie, ravagèrent la Bourgogne et spécialement l'Auxois; on dut convoquer le ban et l'arrière-ban pour les repousser. Marguerite d'Autriche, tante de Charles-Quint, qui avait le comté en apanage et la Bresse pour douaire, après avoir vainement essayé de réconcilier le roi de France et l'empereur, voulut du moins garantir ses possessions et à cet effet négocia et fit conclure entre les deux provinces de Bourgogne un traité de neutralité, signé à Saint-Jean-de-Losne le 8 juillet 1522, à l'abri duquel le duché et le comté jouirent de la paix pendant plus d'un siècle. La Bourgogne se distingua entre les autres provinces de France par la somme d'argent qu'elle offrit pour la rançon de François Ier. Launoi, vice-roi de Naples, vint demander la ratification du traité de Madrid, par lequel le duché de Bourgogne devait être cédé à Charles-Quint; les Etats convoqués refusèrent de souscrire à la promesse du souverain et s'opposèrent à son exécution. Louis de la Trémoille ayant été tué à Pavie en 1525, il fut remplacé comme gouverneur par Philippe Chabot Brion, comte de Charny, nommé par lettres royaux du 1er juillet 1526. Il eut pour successeurs Antoine de Lorraine, duc de Guise, établi par lettres du 3 juin 1543, puis Claude de Lorraine, duc d'Aumale, fils du précédent, établi par lettres du 16 juin 1550, tué au siège de la Rochelle en 1573.

C'est sous ce dernier gouverneur que le protestantisme se développa en Bourgogne. Mais il fut vivement combattu par son lieutenant-général, Gaspard de Saulx, comte de Tavannes, qui s'opposa à ce que l'édit de janvier, qui défendait d'inquiéter les religionnaires quand ils s'assembleraient en dehors des villes, fût publié en Bourgogne; ce fut la cause de plusieurs émeutes, spécialement à Chalon. La noblesse bourguignonne était d'ailleurs dans les mêmes sentiments que le lieutenant, Les huguenots de Chalon et de Mâcon appelèrent à leur secours les calvinistes du Midi. Ils livrèrent ces deux villes à Montbrun (mai 1562). Ponsenac, chef des calvinistes du Bourbonnais, ravagea le Mâconnais et la Bresse; les bourgs de Saint Albain, Saint-Genoux, Paray et Marcigny éprouvèrent ses violences; mais il essuya un échec sous les murs de Louhans. Tavannes convoqua la noblesse, reprit Chalon et Tournus et après d'assez longs efforts finit par s'emparer de Mâcon le 19 août 1562; puis il fit rentrer dans l'ordre les calvinistes d'Autun qui avaient bravé son autorité. Il s'opposa à l'exécution de l'édit de pacification du 19 mars 1563, ce qui provoqua à Chalon et dans l'Auxerrois quelques émeutes sans importance. L'année suivante (1564), Charles IX vint en Bourgogne et visita Dijon et Chalon. La Bourgogne souffrit de la peste; puis, en 1566 les vignes gelèrent. Enfin, en 1567, les huguenots reprirent les armes; ceux de Beaune et de Dijon, après une tentative infructueuse sur Chalon, unis aux huguenots de cette dernière ville, surprirent Auxerre et Mâcon. Dès ce moment se formèrent en Bourgogne, sous le nom de confréries du Saint-Esprit, des ligues catholiques, dont l'intervention ne fit que porter la guerre civile à son comble. En 1569, une armée de reitres, commandée par le duc des Deux-Ponts et le prince Casimir, vint au secours des huguenots et dévasta les environs de Dijon. En même temps Coligny, battu à Moncontour (9 octobre 1569), traversa la Bourgogne, ravagea Cluny, brûla les villages des environs de Chalon, battit le maréchal de Cossé près d'Arnay-le-Duc et ravagea l'Autunois. La paix de Saint-Germain (août 1570) mit fin à ces troubles.

Les années 1571 et 1572 furent employées à réparer les maux causés par la guerre. Charles IX envoya à Dijon le maréchal de Vieuville avec mission de réconcilier les partis. Tavannes, devenu maréchal, céda sa charge de lieutenant de Bourgogne à Chabot, comte de Charoy. Dijon échappa, ainsi que la plupart des villes de la province, aux massacres de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), grâce à l'intervention du président Jeannin, alors avocat, qui représenta à Chabot-Charny que le roi n'avait pu donner des ordres si sanglants après une maire délibération, et qu'il recevrait bientôt contre-ordre. Gabriel de la Guiche préserva aussi Mâcon de ces massacres. La guerre recommença en 1576. Le prince de Condé et le duc Casimir, avec six mille reitres, s'avancèrent jusque sous les murs de Châtillon, qui fut sauvé par le comte de Tavannes, fils du maréchal, passèrent près de Langres et descendirent sur Dijon, dont ils n'osèrent entreprendre le siège.

Ils ne purent que s'emparer de la ville de Nuits, qui fut livrée au pillage pendant trois jours. De là ils gagnèrent le Charolais : les villages de Paray, Anzy et Marcigny furent saccagés. Les reitres séjournèrent à Semur-en-Brionnais (février 1576).

La Ligue, qui se forma à la suite de l'indignation que la paix de Loches (14 mai 1576) avait causée dans le parti catholique, rencontra de nombreux adhérents en Bourgogne. Cette province était depuis 1573 gouvernée par le duc de Mayenne. La Ligue s'empara de Dijon en 1585 et de plusieurs autres villes de Bourgogne. La partie occidentale de la Bourgogne, où se faisait sentir l'influence du comte de Tavannes, resta fidèle au roi Flavigny, Semur, Montcenis, Bourbon-Lancy et Saint-Jean-de-Losne. Mais Dijon, Chalon, Mâcon, Beaune, Tournus, Seurre, Auxonne, Châtillon et Auxerre obéissaient à Mayenne. Dans quelques villes, Montbard, Avallon, Saulieu, Autun, les royalistes et les ligueurs étaient en nombre égal. Outre le comte de Tavannes, le roi avait parmi ses partisans le président Fremyot, Clugny, Ragny, Cypierre et Jaucourt. Le maréchal d'Aumont, envoyé par Henri IV comme gouverneur de la Bourgogne, échoua devant Autun (mai-juin 1591). Une tentative dirigée contre Chalon ne fut pas plus heureuse. En 1592, Claude de Bauffremont, baron de Sennecey, lieutenant de Mayenne, ayant fait sa soumission à Henri IV, Mayenne le remplaça par le vicomte Jean de Saulx-Tavannes, qui se trouva en présence de son frère aîné, qui commandait au nom du roi. En 1593, après qu'Henri IV eut abjuré (25 juillet), Mâcon le reconnut pour roi. Le duc de Mayenne se fortifia à Chalon. Mais les villes de la Bourgogne l'abandonnaient les unes après les autres. Auxerre, Avallon, Beaune et Autun firent leur soumission à Henri IV. La dernière armée de Mayenne fut écrasée par Henri IV à Fontaine-Française (juin 1595). Le roi fit son entrée à Dijon le 6 juin.

Le maréchal de Biron remplaça le duc de Mayenne comme gouverneur de la Bourgogne. On sait qu'il se ligua plus tard avec l'Espagne et fut décapité le 31 juillet 1602. C'est alors qu'Henri IV donna le titre de gouverneur de Bourgogne au Dauphin et nomma le duc de Bellegarde lieutenant-général. Celui-ci fut remplacé dans le gouvernement de la Bourgogne par Henri de Bourbon, prince de Condé, qui fit son entrée à Dijon le 26 mars 1626. Dès lors, la charge de gouverneur de Bourgogne devint héréditaire dans la famille des Condé. La peste ravagea la Bourgogne de 1626 à 1629. En 1632, Gaston d'Orléans, révolté, se présenta devant Dijon, puis, de là, gagna le Languedoc. Les Francs-Comtois ayant soutenu Gaston d'Orléans, le prince de Condé investit Dôle le 28 mai 1636; mais il dut lever le siège. Les Comtois unis aux Impériaux entrèrent en Bourgogne, brûlèrent Chaussin et tous les villages au delà de la Saône, s'emparèrent de Verdun, puis ils se joignirent à Gallas qui s'avançait à la tête de 60 000 hommes. Mirebeau fut prise. Mais l'armée impériale vint échouer devant Saint-Jean-de-Losne.

Les troubles de la Fronde se firent à peine sentir en Bourgogne. Cependant, après l'arrestation de Condé (18 janvier 1650), le gouvernement de Bourgogne fut donné au duc de Vendôme. Deux partis se formèrent à Dijon, celui du prince et celui de la cour. Les partisans de Condé étaient dits Albions ou Principions; ceux qui suivaient le parti contraire furent appelés Mazarins ou Frondeurs. Ceux-ci avaient à leur tête le marquis de Tavannes, lieutenant général de la province, et l'avocat général Millotet. Celui-ci surprit des lettres de Turenne qui invitaient le comte de Tavannes, partisan du prince, à venir le joindre à Stenay; les lettres furent remises à Mazarin. Le 28 février 1650 le marquis de Tavannes fut battu à Arc-sur-Tille par le comte de Tavannes qui alla échouer devant le château de Dijon. L'arrivée du duc de Vendôme mit fin à ces troubles. Le roi vint à Dijon le 6 mars 1650 et le cardinal alla diriger le siège de Saint-Jean-de-Losne. La ville de Seurre, où s'était retranchée une partie des troupes de Condé, capitula le 24 avril 1650. Condé, une fois sorti de Vincennes (1651), échangea le gouvernement de Bourgogne, contre celui de Guyenne que tenait le duc d'Epernon. Celui-ci ne put se faire reconnaître gouverneur de la Bourgogne qu'après s'être emparé du château de Dijon (8 décembre 1651).

La paix des Pyrénées (1659) rendit le gouvernement de Bourgogne à Condé. Le président Brulard fut remis à la tête du Parlement. Ce n'est que grâce à l'intervention du prince de Condé, pour lequel les Bourguignons avaient un attachement particulier, que les Etats de la province, convoqués en 1662, accordèrent au roi la somme énorme d'un million cinquante mille livres qu'il réclamait. Le chiffre des subsides réclamé par Louis XIV alla toujours croissant. L'exécution de l'édit sur les francs-fiefs et nouveaux acquêts, rencontra en Bourgogne une vive opposition; les Etats firent des remontrances au roi et obtinrent, en 1660, qu'il fit surseoir à l'exécution de l'édit. La Chambre des francs-fiefs fut supprimée et les élus furent investis de la juridiction relative aux francs-fiefs. Le titre de duc de Bourgogne fut rétabli en 1682 par le roi Louis XIV en faveur de son petit-fils qui le porta dès sa naissance. Les impôts exigés par Louis XIV avaient épuisé la province. En 1694, les élus écrivaient à M. de Pontchartrain, contrôleur général des finances :

« Jugez, monseigneur, de la misère où sont réduits les peuples de la province : ils meurent déjà communément de pure faim et principalement dans le Charolais et l'Autunois, où il y a deux mois qu'ils ne vivent, pour la plupart, que de la seule racine de fougère. Ils sont attroupés dans les bois d'où ils volent tout ce qu'ils peuvent attraper; ils mettent le feu la nuit dans les métairies afin que le bétail se trouvant accablé dans les incendies, ils puissent en dévorer les restes. »

Henri-Jules de Bourbon, fils du grand Condé, mourut le 1er avril 1709. La douleur de la Bourgogne fut extrême. L'administration du duché fut confiée à son fils Louis-Henri qui fit son entrée à Dijon au mois de novembre 1710. A ce moment l'état de la Bourgogne était lamentable. Toutes les récoltes avaient été gelées pendant l'hiver de 1709; les inondations des années suivantes, la mortalité qui frappa les bestiaux, la rareté de l'argent, les impositions et particulièrement l'impôt du dixième achevèrent de ruiner la province. Cependant les affaires se relevèrent à la faveur de la paix. En 1720, la récolte des vignes fut si abondante que beaucoup de propriétaires furent tentés d'abandonner les fruits, prévoyant que la vente des vins ne couvrirait pas les frais de la récolte. Cette abondance venait de ce que depuis trente ans on avait planté de la vigne dans des terres qui auraient pu produire des céréales. Les Etats cherchèrent en vain à s'opposer à cet envahissement de la plaine par les vignes. Le 6 juillet 1722, Louis XV, à la prière des Etats, autorisa la création d'une Université à Dijon qui, sur les remontrances des professeurs de la Sorbonne et de l'Université de Besançon, fut restreinte, en 1723, à une Faculté de droit.

Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé, étant mort en 1740, son fils Louis-Joseph lui succéda dans le gouvernement de la Bourgogne. Ce fut le dernier gouverneur de cette province. Le second duc de Bourgogne, issu de la maison royale, fut Joseph-Xavier de France, petit-fils de Louis XV, né en 1751, mort en 1761. De grand, travaux furent accomplis en Bourgogne pendant les dernières années du XVIIIe siècle. Les Etats de Bourgogne furent chargés, en 1782, par lettres patentes da roi, de faire creuser le canal du centre qui réunit la Saône à la Loire. Ce fut encore le temps de la fondation du Creusot, qui fut d'abord exploité par M. François de la Chaise, puis par une société du nom de Saint-James qui eut Louis XVI pour principal actionnaire.

Aucun trouble ne signala en Bourgogne les approches de la Révolution. Cependant les nobles cherchèrent à s'unir pour défendre leurs privilèges. A la même époque où le roi convoquait les Etats généraux, le président de l'ordre de la noblesse aux Etats de Bourgogne, M. de Vienne, adressa à chacun des députés nobles à ces Etats une lettre, datée du 27 janvier 1789, les priant de se rendre à Dijon le 14 février suivant pour y assister à une assemblée générale qui se tiendrait le lendemain. Une autre assemblée - celle-ci officielle - et comprenant les représentants des trois Etats du Dijonnais, c.-à-d. des bailliages de Dijon, Beaune, Nuits, Auxonne et Saint-Jean-de-Losne, se réunit à Dijon le 28 mars 1789 pour la nomination des députés aux Etats généraux. La réunion fut ouverte par un discours de Frérot de Saint-Edme, lieutenant général du bailliage de Dijon. L'évêque de Dijon président du clergé, M. de Vienne, président de la noblesse, et Me Durand, avocat, député au tiers état, prononcèrent chacun un discours. Les divers ordres délibérèrent séparément.

Le clergé déclara au tiers état qu'il lui offrait « volontairement et librement de supporter toutes les impositions présentes et à venir dans une égalité parfaite et proportionnelle à la fortune de chacun ». La noblesse fit une semblable déclaration. Les nobles auraient voulu qu'on convoquât les Etats de la province avant la tenue des Etats généraux. Le tiers état, pensant que cette convocation ne pouvait avoir que des conséquences dangereuses, décida d'écrire à Necker pour le supplier de représenter au roi l'inutilité et les dangers de cette convocation des Etats provinciaux. La clôture de délibération de cette assemblée eut lieu le 16 avril, jour ou les députés prêtèrent serment.

En vertu du décret de la Constituante du 15 janvier 1790 la province de Bourgogne fut supprimée et son territoire réparti entre quatre départements : Côte-d'Or, Saône-et-Loire, Ain et Yonne. (M. Prou).
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