Le renard

[Stephandra]

Le renard dans le bestiaire médiéval

Le renard
Le renard est appelé "goupil", jusqu'au moment où il prend le nom du célèbre héros du Roman de Renart. Déjà considéré comme un animal fourbe et malfaisant par Aristote, par les fables antiques et par l'Evangile (qui donne son nom au cruel roi Hérode), le renard est au Moyen Âge le symbole de la ruse, de la perfidie et de l'hypocrisie : "Tous ceux qui s'adonnent à la ruse et à la fourberie sont appelés Renart" (Roman de Renart).
"Le renard est très fourbe et plein de ruse, et il ne suit jamais un chemin rectiligne. Physiologue affirme que lorsqu'il a faim et qu'il ne trouve pas de quoi manger, il se roule dans la terre rouge de telle sorte qu'il donne l'impression d'être tout ensanglanté, puis il s'étend sur le sol les pattes en l'air comme s'il était mort, il retient son souffle et gonfle la poitrine en cessant de respirer [.] Les oiseaux [.] s'imaginent qu'il est mort ; ils vont alors se poser sur lui, mais à ce moment il s'empare d'eux et les mange. Le renard représente le Diable, car celui-ci feint d'être mort pour tromper tous ceux qui vivent selon la chair."
Pierre de Beauvais, Bestiaire.

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Renard faisant le mort


Guillaume le Clerc, Bestiaire divin
Grande-Bretagne, troisième quart du XIIIe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 14969, fol. 25

"Le goupil ne vit que de vol et de tricherie. Quand la faim le presse, il se roule sur de la terre rouge et il semble être tout ensanglanté : alors il s'étend dans un lieu découvert, retenant son souffle et tirant la langue, les yeux fermés et rechignant les dents, comme s'il était mort. Les oiseaux viennent tout près de lui sans défiance, et il les dévore. Ainsi le démon dévore l'imprudent qui ne se défie pas de ses ruses. Mais les hommes sages qui savent apprécier les moyens qu'il emploie, c'est à dire les buveries, les ivresses et les lécheries, pour surprendre les insensés, n'ont garde de se laisser prendre dans ses pièges.»

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Combat de Renart et d'Isengrin


Jacquemart Gielée, Renart le Nouvel
France du nord, quatrième quart du XIIIe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 1581, fol 6v

Cette ouvre, que Jacquemart Gielée termine en 1289 et où l'allégorie foisonne, a surtout une valeur symbolique. Renart est l'incarnation du diable qui séduit l'humanité par les prestiges du monde, de l'orgueil et de la chair, il est le symbole du mensonge et de la trahison. Pour mieux dénoncer la corruption et l'hypocrisie de la société de l'époque, l'affrontement de Renart et de son pire ennemi le loup Isengrin est représenté sous la forme d'un combat de chevaliers.

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Renart et les poulets

Le roman de Renart
Début du XIVe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 12584, fol. 29

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Fable : le renard et le tambour


Kalila wa Dimna (traduction par Abd Allah ibn al-Muqaffa')
Egypte ou Syrie, XIIIe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Arabe 3465, fol. 51

Dans cet ouvrage originaire d'Inde, Bidpaï, un philosophe, enseigne son roi par l'intermédiaire de fables mettant en scène des animaux, dont les deux personnages principaux, les chacals Kalila et Dimna. Ici un renard affamé saisit un tambour qu'il croit rempli de viande mais que le vent fait en réalité vibrer. Trompé, il s'aperçoit que ce dernier est vide, illustrant l'idée que les apparences sont parfois trompeuses.

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Noé entrant dans l'arche

Guiard des Moulins, Bible historiale
France, Paris, XVe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 9, fol. 15

"Auprès de Noé, entra dans l'arche une paire de tout ce qui est chair, ayant souffle de vie, et ceux qui entrèrent étaient un mâle et une femelle de tout ce qui est chair, comme Dieu le lui avait commandé." (Genèse, 7, 15)

Devant Noé et son épouse, les animaux de la création entrent dans l'arche afin de ne pas être anéantis par le déluge qui doit effacer la corruption de l'humanité. Un renard se faufile entre les pattes d'un couple de chevaux, semblant suivre son compagnon déjà à l'intérieur de l'arche.

[Stephandra]

Du renard et de toute sa nature


Gaston Phébus, Livre de la chasse
France, Paris, début du XVe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 616, fol. 34v

Dans ce traité de vénerie écrit de mai 1387 à 1389, le comte de Foix Gaston Phébus décrit tous les animaux à chasser ainsi que les différents aspects de la chasse médiévale. Dans ce manuscrit du XVe siècle, le chapitre consacré aux mours du renard est illustré d'une peinture représentant l'animal dans toutes les attitudes de sa vie : sortant de sa tanière, courant, à l'affût, attrapant sa proie, la dépeçant.

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Chasse au renard

Henri de Ferrières, Livres de Modus et Ratio
France, Paris, 1379
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 12399, fol. 28

Dans ce livre composé par Henri de Ferrières entre 1354 et 1374, le roi Modus, veneur expérimenté, expose l'art de chasser en France. Compris dans les bêtes "noires et puantes", au même titre que le sanglier, le loup et la loutre, le renard est tué en plein jour. Cette chasse pratiquée plutôt en janvier, février et mars est agréable et amusante car le renard fuit en faisant des détours, puis il s'arrête et se lance de nouveau, poursuivi par les chiens.

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Pèlerins en Tartarie


Jean de Mandeville, Voyages (Livre des merveilles)
France, Paris, vers 1410-1412
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 2810, fol. 173

Dans ce récit de voyages, Jean de Mandeville indique "une autre voye à jherusalem" passant par la Tartarie, la Mongolie actuelle. La description de cette région nous enseigne que les habitants "mangent chiens, renardz, lous, chatz et toutes autres bestes sauvages et privez, et ratz et soriz". Les artistes de l'atelier du Maître de la Mazarine ont représenté trois pèlerins, portant besaces et bourdons, s'arrêtant devant l'échoppe d'un Tartare découpant un renard. Un chasseur, armé de son sabre, apporte une autre bête à dépecer.

[Stephandra]

Encadrement de l'arrestation du Christ


Heures de Marguerite d'Orléans
France, Rennes, vers 1426
Paris, BNF, département des Manuscrits, Latin 1156 B, fol. 133

Ce livre d'Heures richement illustré par le Maître de Marguerite d'Orléans, présente en bas de l'encadrement de l'arrestation du Christ, deux renards revenant de la chasse, tenant dans leur gueules leurs proies fraîchement tuées. L'un des deux se retourne, narguant la gardeuse d'oie qui rassemble son troupeau et à qui il a dérobé un volatile.

[Stephandra]

Calendrier, le mois d'avril


Heures de Marguerite d'Orléans
France, Rennes, vers 1426
Paris, BNF, département des Manuscrits, Latin 1156 B, fol. 4

Ce livre d'Heures richement illustré présente, en bas de l'encadrement du mois d'avril, un somptueux panorama de chasse. Sur un pré planté d'arbres et rempli de marguerites, un archer dirige sa flèche sur des oiseaux perchés au sommet des arbres. Près des racines, tandis que des lapins s'ébattent, le renard semble profiter du spectacle et attendre un dénouement qui pourrait lui être propice.

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Renard lisant


Jean Froissart, Chroniques
Belgique, Bruges, troisième-quatrième quart du XVe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 2646, fol. 6

C'est en marge de la peinture représentant l'entrée d'Isabeau de Bavière à Paris des Chroniques de Jean Froissart, que l'artiste appartenant à l'atelier d'Antoine de Bourgogne a glissé cette scène de parodie où un renard en habit de clerc, patenôtre au poignet, cherche à séduire un coq : image traditionnelle de l'hypocrisie du goupil.

[Stephandra]

Lettre ornée


Guillaume de Machaut, Rondeaux
France, Reims, vers 1373-1377
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 1584, fol. 478

Dans cette lettre ornée, en début de portée d'un rondeau de Guillaume de Machaut, un renard, devant un pupitre, semble battre la mesure.

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Renard pendu


Bréviaire de Martin d'Aragon
Espagne, Catalogne, XIV e et XVe siècles
Paris, BNF, département des Manuscrits, Rothschild 2529, fol. 105

Un renard est pendu à un des rinceaux de l'encadrement de cette page où sont représentés les prophètes au début du Livre d'Isaïe. C'est l'illustration du triomphe du bien sur le mal, comme en témoignent les oiseaux qui s'ébattent en paix.

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Renard attaquant un lièvre


Bible Nouveau Testament
Haute-égypte, Monastère Blanc, Xe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Copte 129 (11), fol. 119v

Cette illustration, en marge de la première épître de Jean, est issue vraisemblablement du répertoire iconographique oriental ancien, adopté ici par les Coptes en Egypte. On pourrait y voir une référence chrétienne au combat du bien contre le mal.

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Samson brûlant les moissons des Philistins.


Psautier de Saint Louis
France, Paris, entre 1258 et 1270
Paris, BNF, département des Manuscrits, Latin 10525, fol. 58

Samson, héros populaire de la Bible, se maria à une des filles des Philistins, ennemis du peuple hébreu. Un jour que son beau-père ne lui permit pas d'entrer dans la chambre de sa femme, il décida de se venger. "Samson s'en alla donc, il captura trois cents renards, prit des torches et, tournant les bêtes queue contre queue, il plaça une torche entre les deux queues , au milieu. Il mit le feu aux torches, puis lâchant les renards dans les moissons des Philistins, il incendia aussi bien les gerbes que le blé sur pied et même les vignes et les oliviers." (Livre des Juges, 15)

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Alpha


Beatus de Saint-Sever
France, Saint-Sever, XIe siècle, avant 1072
Paris, BNF, département des Manuscrits, Latin 8878, fol. 14

"C'est moi l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, Il est, Il était et Il vient, le Maître-de-tout." (Apocalypse, 1, 4).
Précédant la préface du Beatus de Saint-Sever, un Alpha monumental est décoré d'un singe, d'échassiers et d'un renard.

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