Le dragon

[Stephandra]

Le dragon dans le bestiaire médiéval

Le dragon

Le dragon est une créature mythique. Considéré comme un animal aquatique, terrestre – voire souterrain – et céleste à la fois, il crache le feu, réunissant en lui-même les quatre éléments. Il n'est ni bon ni mauvais, il représente le Bien ou le Mal. Gardien d'une caverne ou d'un lieu où se trouve un trésor, la Toison d'or, le Jardin des Hespérides ou une jeune vierge, il est l'épreuve initiatique du héros en quête d'immortalité. Dans l'Apocalypse il est Satan, vaincu lors du dernier combat eschatologique par les anges et les archanges, son anéantissement permettra l'établissement du Royaume céleste

[Stephandra]

Saint Georges terrassant le dragon


Bréviaire de Martin d'Aragon
Espagne, Catalogne, 1398 - vers 1403 puis vers 1420-1430
Paris, BNF, département des Manuscrits, Rothschild 2529 fol. 444v.

Saint Georges pousse son cheval contre un dragon qu'il perce de sa lance, délivrant ainsi la jeune fille qui était destinée à devenir la proie du monstre. Il se pourrait que la jeune fille délivrée de la bête par ce saint guerrier fut la province de Cappadoce arrachée à l'idolâtrie. Les Grecs avaient conservé l'usage antique de personnifier les villes et les contrées dans l'art, et la conversion des Cappadociens pouvait passer pour une ouvre d'autant plus merveilleuse que leur réputation était fort mauvaise.

[Stephandra]

Combat contre le Dragon


Bible, Apocalypse glosée
Grande-Bretagne, Salisbury, vers 1250
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 403, fol. 20

"Alors une bataille s'engagea dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, appuyé par ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. On le jeta donc, l'énorme Dragon, l'antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l'appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui." Apocalypse, chapitre 12, versets 7 à 9

Le dragon menace la Femme, qui représente la Sainte Église, celle-ci est obligée de fuir dans le désert, refuge traditionnel des persécutés. Alors l'armée divine, composée de l'archange Michel et de ses Anges, engagent le combat contre Satan, Dragon rouge-feu à sept têtes, chacune surmontée d'un diadème.
Dans l'illustration de ce combat par le Maître de Sarum, on admire la finesse du dessin, la légèreté du coloris et surtout l'équilibre de la composition.

[Stephandra]

Saint Michel terrassant le dragon


Statuts de l'ordre de Saint Michel
France, Moulins, 1493-1494
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 14363, fol. 6

Saint Michel, chef de la milice céleste, est aussi le triomphateur de Satan. Que le diable soit représenté sous forme humaine, ou qu'on le montre comme un dragon ou comme un monstre bizarre, l'archange Saint Michel le transperce de sa lance qui est fréquemment remplacée par une croix à longue hampe, comme une croix de procession. C'est le triomphe de la force divine sur la force brutale qu'a représenté Jacques de Besançon dans ce manuscrit.

[Stephandra]

Calendrier


Bible hébraïque
Espagne, Tudela, XIIIe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Hébreu 20, fol. 8

Originaire de Soria, en Castille, Josué, fils d'Abraham ibn Gaon est à la fois le copiste et l'enlumineur de cette étonnante et magnifique bible. Sur ce feuillet, encadrant le calendrier fixant fêtes et jours de jeûnes des années embolismiques, apparaissent, en réserve sur fond de parchemin peint en rouge, des quadrupèdes ailés et des dragons tricéphales.

[Stephandra]

Faune : dragon et éléphant


Bestiaire
Grande-Bretagne, troisième quart du XIIIe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Latin 3630, fol. 93

"Le dragon est le plus grand des animaux rampants. Il naît en Éthiopie ; il a la gueule petite, le corps grand et reluisant comme or fin et la queue longue. C'est l'ennemi de l'éléphant ; par les jambes il l'abat ; c'est avec sa queue qu'il triomphe de lui ; là est, en effet, le principe de sa force ; sa gueule ne porte point de venin."

[Stephandra]

Dessin d'ornement : lettre zoomorphe


Villard de Honnecourt, Carnet de dessins
France, vers 1230
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 19093, fol. 6v.

Le carnet de Villard de Honnecourt est un document exceptionnel du XIIIe siècle composé de notes et de croquis. Sur la même page que "la maison d'une horloge", dans le registre supérieur droit, l'auteur a dessiné une lettre S ornée d'un dragon, dont la forme épouse parfaitement la ligne de la lettre. Rare modèle dans ce volume plutôt composé de notes et de croquis destinés à aider l'homme de chantier à se remémorer les constructions géométriques.

[Stephandra]

Saint Lifard


Grandes Heures d'Anne de Bretagne
France, Tours, vers 1503-1508
Paris, BNF, département des Manuscrits, Latin 9474, fol. 185v.

Jean Bourdichon a choisi de représenter saint Liphart auprès d'un dragon. La légende rapporte pourtant que près de la cellule du saint, un énorme serpent empêchait les gens du voisinage d'accéder à une fontaine. Urbice, disciple du saint homme, accourut un jour vers lui, annonçant qu'il venait de rencontrer ce terrible reptile. Lifard sourit en faisant honte à Urbice de son manque de foi et lui donna son bâton avec ordre de le planter en terre devant la bête. Cela fait, et pendant que le solitaire priait Dieu, le monstre sauta sur le bâton qu'il mordit avec rage. Le poids de la bête monstrueuse la fit crever par le milieu du corps, et le pays s'en trouva délivré.

[Stephandra]

Vision de Daniel : quatre bêtes


Beatus liebanensis, Commentarius in apocalypsin
Espagne, Castille, premier quart du XIIIe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Nouvelle acquisition latine 2290, fol. 18v.

Dans l'une des visions de Daniel apparaissent quatre bêtes qui sortent de la mer : la première était pareille à un lion avec des ailes d'aigle, et un cour d'homme lui fut donné ; la deuxième semblable à un ours, trois côtes dans la gueule entre les dents ; la troisième comme un léopard portant sur les flancs quatre ailes d'oiseaux ; et enfin la quatrième bête, terrible et effrayante, extrêmement forte, aux dents de fer et portant dix cornes. Ces bêtes correspondent à l'empire de Babylone, et aux royaumes des Mèdes, des Perses et d'Alexandre.

Cette vision est reprise par Jean dans l'Apocalypse : "Et je me tenais sur la grève de la mer. Alors je vis surgir de la mer une Bête portant sept têtes et dix cornes, sur ces cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des titres blasphématoires. Cette Bête ressemblait à une panthère, avec les pattes comme celles d'un ours et la gueule comme une gueule de lion ; et le Dragon lui transmit sa puissance et son trône avec un empire immense."

[Stephandra]

Sainte Marguerite et le dragon


Livre d'images de Madame Marie
Belgique, Hainaut, vers 1285-1290
Paris, BNF, département des Manuscrits, Nouvelle acquisition française 16251, fol. 100

La légende veut qu'un énorme dragon soit apparu à sainte Marguerite dans le cachot où elle était enfermée. Il l'engloutit et la vierge sortit immédiatement en crevant son échine moyennant une petite croix qu'elle portait. Ainsi la faible vierge a triomphé du démon par la vertu de la croix.

[Stephandra]

Lettre ornée : dragon


Guillaume de Machaut, Ballades
France, Reims, vers 1372-1377
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 1584, fol. 454

Placé au début d'une ballade, un terrible dragon compose cette lettre zoomorphe, semblant emporter dans son vol les deux amoureux tendrement enlacés.

[Stephandra]

Perceval combattant le dragon

Queste del Saint Graal
Italie, Milan, vers 1380-1385
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 343, fol. 27v.

Se dirigeant vers un rocher qui paraissait offrir un abri, Perceval aperçut un serpent qui fuyait à flanc de montagne tenant dans sa gueule un lionceau. Perceval escalada la roche mais un lion poussant des rugissements, le dépassa et engagea le combat avec le serpent. Parvenu au sommet, le chevalier blessa d'un coup mortel le serpent qui succomba en crachant des flammes. Le lion retrouva son lionceau et fit grande fête à Perceval.

[Stephandra]

Miracle du bâton métamorphosé


Histoires du Coran ou Histoires des prophètes et des rois du passé
Iran, Isfahân, fin du XVIe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Supplément persan 1313, fol. 79v.

Cette peinture, la seule signée par le célèbre artiste Rezâ'Abbâsi, montre Moïse, dont le bâton jeté à terre s'est changé en un dragon qui s'apprête à attaquer les mages de Pharaon.

[Stephandra]

Combat de Lancelot et des dragons


Lancelot du Lac
Centre de la France, vers 1470
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 112 (1), fol. 224v.

Afin de délivrer Messire Yvain, le duc de Clarence et leurs compagnons, Lancelot doit affronter les dragons, gardiens de la prison du Val des Faulz Amans. Protégé par "force d'armes et par sa grant lyaute", mais aussi par son bouclier qui le met à l'abri des flammes que lui crachent les dragons, il parvient à abattre les monstres.

[Stephandra]

Décor marginal : dragon


Guiard des Moulins, Bible historiale
France, Paris, premier quart du XIVe siècle
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 160, fol. 239

Ce dragon coloré est une des représentations médiévales de ce fabuleux animal sorti de l'imagination de l'artiste, la bête décore comme tant d'autres hybrides ou animaux fantastiques les marges de cette Bible pour le plaisir des lecteurs.

[Stephandra]

Faune : dragons du Yunnan


Marco Polo, Devisement du monde (Livre des Merveilles)
France, Paris, vers 1410-1412
Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 2810, fol. 55v.

Il y a dans cette province des couleuvres et de gros serpents si effrayants et tellement immenses qu'ils terrifient quiconque les approche et devraient impressionner même ceux qui en entendent parler. Ces reptiles qui ont deux pattes munies de griffes près de la tête, des yeux démesurés et une énorme gueule sont particulièrement hideux, mais sous les pinceaux des artistes de l'atelier du Maître d'Egerton, ils se transforment en magnifiques dragons hauts en couleur.

[Stephandra]

Bahrâm V Gûr tuant le dragon

Nezâmi, Les Cinq Poèmes
Turquie, Istanbul, XVe-XVIe siècles
Paris, BNF, département des Manuscrits, Supplément persan 580, fol. 157v.

Ce manuscrit réalisé au Fârs en 1365 a été illustré près d'un siècle et demi plus tard dans l'Empire ottoman. Certaines de ces peintures sont remarquables à cause de détails très particuliers, comme celle présentée ici qui nous montre Bahram Gour en train de chasser un dragon et de lui décocher une flèche.

[Contenu sponsorisé]