[RP] Même les revenants ne meurent pas.

[Théodémar]

Le ciel de nuit limpide sous un clair de lune pleine accompagne les pas du pèlerin.

Il revient de loin. D'un endroit duquel on ne sait rien, duquel il ne se souvient de rien. Il y a tant de temps depuis son dernier passage ici. Un an ? Deux ? Plus peut être ?

L'homme monte un cheval à la robe de jais. Il règle le pas de son étalon au petit trot, à mi chemin du pas et du galop. A chaque foulée le corps massif se soulève puis retombe en selle pour épouser avec un certain degré d'élégance la foulée suivante.

Alors que les torches du portique trouent l'épais voile de brume qui vient de se former le cavalier siffle, l'équidé ralentit et adopte le pas. Fièrement il élance sa jambe et son sabot dans un rythme propre à celui qu'aurait une partition, le pas espagnol à toujours amusé Théodémar. Cela lui fait se souvenir de l'époque ou il allait sur les chemins de la péninsule. Là bas, il s'était juré de retourner mais c'était sans compter sur le sinueux destin auquel il se vit promis après que son épouse fut assassinée.

Un court instant, l'homme semble avoir oublié la raison de son retour ici. Les images des différents conflits vécus sous la bannière de cet ordre cessent de le tourmenter alors qu'il approche de la grande entrée.

"Qui va là ?!" lui lance t-on.

Après un court silence il articule : "Je suis... le frère Théodémar". Un silence. Puis la herse se lève. L'homme entre, saluant les deux gardes d'un garde à vous digne des plus hauts grades. Il progresse vers les écuries pour y déposer sa monture, le panser puis lui donne quelques grains d'avoine avant de prendre le chemin des chambres où il se doute retrouver la sienne dans le même état que celui où il l'avait laissé autrefois : vide.

Surgit alors un page. Théo l'arrête d'un mouvement du bras. "Frère, s'il te plaît. Puis je voir le grand maistre ?"

L'autre d'un mouvement de la main lui indique la direction mais ce ne sera pas pour ce soir, l'heure est avancée et les bureaux sont fermés. Théo hoche le visage et puis regagne par ce grand escalier le lieu de ses retraites nocturnes, une foules d'images dansant dans sa tête.