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Livre 5 - Traité de la médecine par Celse

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Message par Stephandra Sam 09 Avr 2011, 19:12

LIVRE V.

J'ai parlé jusqu'ici des maladies qu'on traite surtout par le régime : je vais passer maintenant à cette partie de la médecine qui puise dans les médicaments ses principales ressources. Les anciens médecins, ainsi qu'Érasistrate et ceux qui prirent le nom d'empiriques, ont attribué de grandes verras aux remèdes ; mais Hérophile et ses sectateurs les ont préconisés bien plus encore, puisqu'ils les faisaient Intervenir dans le traitement de toutes les maladies. Ils ont aussi laissé de nombreux écrits sur les propriétés des médicaments; et l'on peut citer ceux de Zénon, d'Andréas ou d'Apollonius, auquel on donna le surnom de Mys (rat).

Mais ce n'est pas sans raison qu'Asclépiade a presque entièrement banni l'usage de ces moyens curatifs; et comme pour la plupart ils dérangent l'estomac et sont de mauvais suc, il a reporté tous ses soins vers l'application du régime. S'il est vrai que pour le plus grand nombre de nos maladies le régime constitue le meilleur traitement, il n'est pas moins évident que nous sommes sujets à beaucoup d'affections qui ne peuvent guérir sans le secours des remèdes. Ce qu'il importe avant tout de savoir, c'est que toutes les parties de la médecine sont tellement liées entre elles, qu'il est impossible de les séparer complètement ; et le nom qui les distingue indique seulement la prédominance des méthodes.

Celle par exemple qui est fondée sur le régime s'adresse aussi quelquefois aux médicaments ; et celle qui s'applique principalement à combattre les maladies par l'action de ces agents thérapeutiques est obligée d'y joindre l'observance du régime, dont l'utilité se fait si vivement sentir dans toutes les affections du corps. Comme les médicaments sont doués de propriétés particulières, que souvent on les emploie seuls, et souvent combinés entre eux, il parait convenable d'en exposer d'abord les noms, les vertus et les mélanges ; car c'est le moyen d'épargner du temps à ceux qui cultivent l'exercice de l'art .



Chap. I. Des médicaments qui arrêtent les hémorragies.


Les substances qui arrêtent l'écoulement de sang sont le vitriol (en grec χάλανθος), le chalcitis, l'acacia, le lycium traité par l'eau, l'encens, l'aloès, la gomme, le plomb brûlé, le misy, l'eau froide, le vin, le vinaigre, l'alun, l'huile de coing, l'écaillé de fer et de cuivre : cette dernière est de deux espèces, l'une de cuivre simple, et l'autre de cuivre rouge.



II. Des cicatrisants.


Pour cicatriser les blessures, on a la myrrhe, l'encens, la gomme, et principalement celle qui est fournie par l'acanthe, le psyllium, la gomme adragant, le cardamome, les bulbes, la graine de lin, le cresson, le blanc d'œuf, la colle, l'ichthyocolle, la vigne blanche, les limaçons piles avec leurs coquilles, le miel cuit, l'éponge imbibée d'eau froide, de vin ou de vinaigre, la laine imprégnée de ces liquides ; et même la toile d'araignée quand la blessure est légère.

Pour réprimer les plaies, on a l'alun en morceau, qu'on appelle schiste; l'alun liquide, l'huile de coing, l'orpiment, le vert de gris, le chalcitis, et le vitriol.



III. Des maturatifs.


. Les maturatifs sont le nard, la myrrhe, le costus, le baume, le galbanum, la propolis, le styrax, la suie, et l'écorce du bois qui donne l'encens, le bitume, la poix, le soufre, la résine, le suif, la graisse et l'huile.



IV. Des apéritifs qu’on emploie dans les blessures.


Les apéritifs qui maintiennent ouverts les pores (στόματα des Grecs) sont le cinnamome, le baume, le panax, le jonc carré, le pouliot, la fleur de violette blanche, le bdellium, le galbanum, les résines du térébinthe et du pin, la propolis, la vieille huile, le poivre, le pyrèthre, Civette, la staphisaigre, le soufre, l'alun, la semence de rue.


V. Des détersifs.


Les détersifs sont le vert de gris, l'orpiment nommé par les Grecs arsenic, lequel jouit des mêmes propriétés que la sandaraque, mais tôt encore plus énergique ; l'écaillé de cuivre, la pierre ponce, l'iris, le baume, le styrax, l'encens et l'écorce du bois qui le fournit, les résines du pin et du térébinthe liquides, l'œnanthe, la fiente de lézard, le sang de pigeon, de ramier et d'hirondelle, la gomme ammoniaque, le bdellium, qui agit comme l'ammoniaque, mais avec plus de force l'aurone, la figue sèche, les baies du gnidium, la raclure d'ivoire, le verjus, le raifort, la présure, celle du lièvre principalement, qui, sans avoir des propriétés différentes des autres présures, est cependant plus active; le fiel, le jaune d'œuf cru, la corne de cerf, la colle de taureau, le miel cru, le misy, le chalcitis, le safran, la staphisaigre, la litharge, la noix de galle, la limaille d'airain, la pierre hématite, le minium, le costus, le soufre, la poix crue, le suif, la graisse, l'huile, la rue, le poireau, la lentille et l'orobe.



VI. Des corrosifs.


Les corrosifs sont l'alun liquide, et plus encore celui qui est rond, le vert de gris, le chalcitis, le misy, l'écaillé de cuivre et surtout celle de cuivre rouge, l'airain brûlé, la sandaraque, la minium de Sinope, la noix de galle, le baume, la myrrhe, l'encens et l'écorce du bois qui le porte, le galbanum, la térébenthine liquide, le*deux sortes de poivre, mais plutôt le rond, le cardamome, l'orpiment, la chaux, le nitre et son écume, la semence d'ache, la racine de narcisse, le verjus, l'écume de mer, l'huile de noix amères, l'ail, le miel cru, le vin, le lentisque, l'écaillé de fer, le fiel de taureau, la scammonée, la staphisaigre, le cinnamome, le styrax, la semence de ciguë, celle de narcisse, la résine, le fiel, les noix amères, l'huile qu'elles fournissent, le vitriol, le borax, l'ellébore, la cendre.





VII. Des substances qui consument les chairs.


Les substances qui consument les chairs sont le suc d'acacia, l'ébène, le vert de gris, l'écaille de cuivre, le borax, la cendre de Chypre, le nitre, la calamine, la litharge, l'hypociste, le diphryge, le sel, l'orpiment, le soufre, la ciguë, la sandaraque, la salamandre, l'écume de mer, les fleurs d'airain, le chalcitis, le vitriol, l'ocre, la chaux, la noix de galle, l'alun, le suc laiteux du figuier sauvage, ou celui de la laitue marine que les Grecs appellent tithymale, le fiel, la suie d'encens, la tutie, la lentille, le miel, les feuilles d'olivier, le marrube, diverses pierres : hématite, phrygienne, asienne et scissile, le misy, le vin, le vinaigre.



VIII. Des caustiques


Celles qui brûlent sont l'orpiment, le vitriol, le chalcitis, le misy, le vert de gris, la chaux, le papyrus brûlé, le sel, l'écaillé de cuivre, la lie brûlée, la myrrhe, la fiente de lézard, de pigeon, de ramier et d'hirondelle, le poivre, les baies de gnidium, l'ail, le diphryge, les deux sucs laiteux dont il est question dans le chapitre précédent, les ellébores blanc et noir, les cantharides, le corail, le pyrèthre, l'encens, la salamandre, la roquette, la sandaraque, la staphisaigre, le borax, l'ocre, l'alun, la fiente de brebis, l'œnanthe.



IX. Des escaroliques.


Ces mêmes substances déterminent des croûtes sur les plaies, comme s'il y avait eu cautérisation avec le feu : cet effet est produit particulièrement par le chalcitis, surtout quand on l'a fait bouillir, par les fleurs de cuivre, le vert de gris, l'orpiment et le misy, si de même il a été soumis à l'ébullition.




X. Des médicaments qui font tomber les croûtes des ulcères


On fait tomber ces croûtes avec la farine mêlée à la rue, ou encore avec le poireau ou la lentille, à laquelle on ajoute un peu du miel.




Xl. Des résolutifs.


Les médicaments les plus propres à résoudre les dépôts d'humeur sont l'aurone, l'aunée, la marjolaine, la violette blanche, le miel,[1] le serpolet, le lait, le mélilot, le lis, le cyprès, le cèdre, l'iris, la violette pourpre, le narcisse, la rose, le safran, le vin de raisins cuits au soleil, le jonc carré, le nard, le cinnamome, le casia, la gomme ammoniaque, la cire, la résine, la staphisaigre, la litharge, le styrax, la figue sèche, l'origan, la graine de lin et celle de narcisse, le bitume, les ordures ramassées aux gymnases, la pyrite, la pierre de meule, les jaunes d'œuf crus, les noix amères, le soufre.



XII. Des attractifs et digestifs.


Les remèdes qui attirent les humeurs et les poussent au dehors, sont le ladanum, l'alun rond, l'ébène, la graine de lin, le verjus, le fiel, le chalcitis, le bdellium, les résines du térébinthe et du pin, la propolis, la figue sèche bouillie, la fiente de pigeon, la pierre ponce, la farine d'ivraie, la figue verte bouillie dans de l'eau, l'élatérium, les baies de laurier, le nitre, le sel.



XIII. Des moyens propres à enlever les aspérités.


Ceux qui enlèvent les aspérités sont la tutie, l'ébène, la gomme, le blanc d'œuf, le lait, la gomme adragant.



XIV. Des remèdes qui favorisent la régénération des chairs.


Ceux qui favorisent la régénération des chairs et la cicatrisation des plaies, sont la résine de pin, l'ocre attique, la pierre étoilée,[2] la cire, le beurre.



XV. Des émollients.


Les émollients sont l'airain brûlé, la terre d'Érétrie, le nitre, les larmes de pavots, la gomme ammoniaque, le bdellium, la cire, le suif, la graisse, l'huile, la figue sèche, le sésame, le mélilot, la semence et la racine de narcisse, les feuilles de rose, la présure, le jaune d'œuf cru, les noix amères, toutes espèces de moelle, l'antimoine, la poix, les escargots bouillis, la semence de ciguë, les scories de plomb (en grec σκωρία μολυβδου), le panax, le cardamome, le galbanum, la résine, la staphisaigre, le styrax, l'iris, le baume, les ordures du gymnase, le soufre, le beurre, la rue.




XVI. Des substances qui servent à mondifier la peau.


On emploie, pour nettoyer la peau, le miel, surtout quand il est mêlé à la noix de galle, l'ers, la lentille, le marrube, l'iris, la rue, le nitre ou le vert-de-gris.
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Message par Stephandra Sam 09 Avr 2011, 19:14

XVII. Du mélange des médicaments simples. —Indication des poids qui servent à formuler.


1. Après avoir exposé les propriétés des médicaments à l'état simple, je dois parler de leur mélange et des remèdes qui en résultent Ce mélange a lieu diversement et n'est soumis a aucune limite, puisqu'on peut ajouter ou retrancher telles ou telles substances, et que même en les réunissant il se présente encore des différences relativement au poids.

Il suit de là que les médicaments, sans avoir des vertus infinies, se prêtent néanmoins à des combinaisons sans nombre, dont il serait oiseux de s'occuper alors même qu'on pourrait les embrasser toutes, attendu que les mêmes effets se retrouvent dans un petit nombre de compositions qu'il est facile ensuite de modifier à son gré quand on en connaît bien les propriétés.

Je me contenterai donc de noter ici les remèdes qui ont le plus de renommée ; et j'indiquerai dans ce livre ceux qui ne se rencontrent pas dans nos livres précédents, ou qui sont relatifs au traitement des maladies qui vont suivre, tout en ayant soin de ranger ces préparations d'après leur analogie. S'il en est quelques-unes qui ne s'appliquent qu'a certains cas particuliers, j'en parlerai à l'occasion de ces maladies spéciales.

Mais avant tout je tiens à établir que l'once pèse sept deniers, qu'ensuite j'ai divisé le denier en six parties, c'est-à-dire en sixièmes, et que pour moi chaque sixième répond à l'obole des Grecs ; ce qui, rapporté aux poids romains, fait un peu plus qu'un demi-scrupule.

2. Les onguents, les emplâtres, et les pastilles que les Grecs nomment trochisques, ont bien entre eux quelques rapports; mais ils diffèrent en ce sens, que les onguents sont principalement composés de fleurs aromatiques et de leurs tiges, tandis qu'il entre plutôt des substances métalliques dans la préparation des emplâtres et des pastilles.

Ensuite les onguents se ramollissent facilement par la simple contusion, et s'appliquent sur la peau intacte ; au contraire, les ingrédients qui servent à faire les emplâtres et les pastilles sont broyés avec soin, à l'effet de ménager les blessures qu'ils doivent recouvrir. Ce qui distingue les emplâtres des trochisques, c'est qu'on emploie toujours, pour les préparer, quelque chose de liquéfié, au lieu que les trochisques se composent de médicaments secs, qui sont liés ensuite au moyen de quelque liqueur.

L'emplâtre au reste se prépare de la manière suivante : On broie d'abord les substances isolément, puis, après les avoir mêlées, on verse dessus de vinaigre ou un autre liquide qui n'ait rien d'onctueux, et on les écrase de nouveau alors : les médicaments qui peuvent se liquéfier se fondent en même temps au feu, et l'on ajoute enfin de l'huile, si cela parait nécessaire; quelquefois on commence par faire bouillir quelque drogue sèche dans l'huile; et lorsqu'on a traité chaque substance en particulier, on mêle le tout ensemble.

Voici maintenant comment on fait les trochisques : Les matières sèches étant broyées, on les lie au moyen d'un liquide qui ne doit pas être gras : ainsi, l'on prend le vin ou le vinaigre ; le médicament composé se sèche de nouveau, et pour l'usage il faut le délayer avec le liquide employé déjà. On applique simplement l'emplâtre, et l'on doit enduire le trochisque, ou le mêler à quelque substance plus molle, comme le ce rat.





XVIII. Des onguents.


1. Ces distinctions une fois connues, je vais d'abord m'occuper des onguents, qui ne sont presque jamais destinés à rafraîchir, mais à échauffer. Il en est un cependant qui est réfrigérant, et dont l'usage est indiqué dans la podagre accompagnée de chaleur : il est composé de noix de galle vertes et mûres, de semences de coriandre, de ciguë, de suc de pavots desséchés, et de gomme : on prend un acétabule de chaque, et l'on ajoute une demi-livre de cérat lavé.

Presque tous les autres onguents échauffent, quelques-uns néanmoins agissent comme résolutifs, d'autres comme attractifs, et ces derniers reçoivent le nom d'épispastiques. En général ils sont appropriés à certaines parties du corps.

2. S'il y a lieu d'attirer la matière au dehors, comme dans l'hydropisie et la pleurésie, au début d'un abcès, ou lorsqu'il existe une suppuration peu abondante, on peut employer l'onguent dont voici la composition : résine sèche, nitre, gomme ammoniaque, galbanum, de chaque P. *. ; cira P. *. ; ou cet autre, dans lequel il entre verdet ratissé, encens, ana P. *. II, sel ammoniac P. *. VI ; écaille de cuivre, cire, ana P. * VIII, résine sèche P. *. XII, et un verre de vinaigre. La farine de cumin mêlée avec l'herbe au foulon, et le miel, produit le même effet.

3. Contre les douleurs du foie on se sert d'un onguent qui se compose de larmes de baume P. *. XII, de costus, cinnamome, écorce de cassia, myrrhe, safran, jonc rond, semence de l'arbre qui fournit le baume, iris d'Illyrie, cardamome, amome, nard, ana P. *. XVI. ; à quoi on ajoute onguent de nard quantité suffisante pour avoir la consistance de cérat. Il faut l'employer récemment préparé. Pour le conserver, on prend de térébenthine solide P. *. XVI, et de cire P. *. X, qu'on broie en les mélangeant dans du vin léger.

4. Si l'on souffre de la rate, l'onguent sera formé d'écorce de gland (βάλανος μυρεψιχὴ en grec), broyée avec partie égale de nitre et arrosée de très fort vinaigre. Dès que le mélange a pris la consistance de cérat, on l'étend sur un linge trempé d'avance dans l'eau froide ; et dans cet état on l'applique, sans oublier de répandre par dessus de la farine d'orge. Mais on ne doit pas le laisser en place plus de six heures, de peur qu'il ne détruise la rate. Il vaut mieux en renouveler deux ou trois fois l'application.

5. Pour les maladies du foie et de la rate, pour les abcès, les scrofules, les parotides, les douleurs des articles et du talon, avec ou sans suppuration, enfin pour faciliter même la digestion, Lysias a composé l'onguent suivant : opopanax, styrax, galbanum, résine, ana P. *. II.; gomme ammoniaque, bdellium, cire, suif de taureau, iris sec P. *. IV.; graine de romarin un acétabule, et quarante grains de poivre : on tempère l'activité de ces substances broyées ensemble, en les incorporant dans de la pommade d'iris.

6. Voici la préparation d'Apollophane contre les douleurs de côté : térébenthine sèche, suie d'encens, ana P. *. IV. ; bdellium, gomme ammoniaque, iris, suif de veau ou de chèvre pris sur les reins, gui, ana P. *. IV. Ce remède calme toute espèce de douleur, ramollit les parties indurées, et échauffe modérément.

7. On emploie dans le même cas l'onguent d'Andréas, qui de plus agit comme résolutif, attire l'humeur au dehors, accélère la formation du pus, et, quand l'abcès est mûr, détermine la rupture des téguments et favorise ensuite la cicatrisation. On l'applique utilement sur les abcès grands ou petits, et dans les douleurs des articulations des hanches et des pieds : s'il y a quelque chose de froissé à l'intérieur, il y remédie, assouplit les hypocondres s'ils sont durs et gonflés, détache les esquilles d'os, et réussit enfin dans tous les cas ou la chaleur est secourante. On y fait entrer les substances suivantes : cire P. *. XI; gui, et suc de figuier qu'on appelle ailleurs sycomore, ana P. *. I.; poivre rond et long, gomme ammoniaque en larmes, bdellium, iris d'Illyrie, cardamome, amome, balsamier, en cens mâle, myrrhe, résine sèche, ana P. *. X. ; pyrèthre, baies de gnidium, écume de nitre, sel ammoniac, aristoloche de Crète, racine de concombre sauvage, térébenthine liquide, ana P. *. XX. : ajoutez onguent d'iris, quantité suffisante pour lier les substances et les ramollir.

8. Un remède excellent pour amener le relâchement des parties resserrées, ainsi que pour amollir et résoudre celles qui sont dures et engorgées, est celui dont on attribue la composition à Polyarque : il est fait avec parties égales de jonc carré, de cardamome, de suie d'encens, d'amome, de cire et de résine liquide.

9. L'onguent de Nilée remplit le même but. On prend : crocomagma, qui est en quelque sorte le résidu du safran P. *. IV ; gomme ammoniaque en larmes, cire, ana P. *. XX. ; les deux premières substances sont broyées dans du vinaigre, la cire est liquéfiée par l'huile rosat, et le tout est mêlé ensemble.

10. L'onguent composé, dit-on, par Moschus, agit aussi comme émollient. Il y entre : de galbanum une once; de soie d'encens P. =.; de cire, de gomme ammoniaque en larmes, un tiers; de poix sèche P. u, et de vinaigre trois hémines.

11. On doit à ce qu'il parait, à Médius, on autre onguent résolutif, qui se compose de cire P. =., de panax P. *. s., d'écailles de cuivre, d'alun rond et scissile, ana P. *. I., de plomb brûlé, P. *. I. s.

12. Panthême employait également comme résolutif ce mélange : chaux P. s., moutarde pulvérisée, fénu, alun, ana P. I., suif de bœuf, P. II. s.
13. 14. Je trouve dans les auteurs un grand nombre d'onguents contre les maladies strumeuses. Le caractère grave et opiniâtre de ces affections explique, selon moi, cette multiplicité de remèdes qui ont donné des résultats divers selon les sujets. Andréas a composé celui-ci : semence d'ortie P. *. I. ; poivre rond, bdellium, galbanum, gomme ammoniaque en larmes, résine sèche, ana P. *. IV. ; résine liquide, cire, pyrèthre, poivre long, semence de tithymale, soufre non traité par le feu (ἄπυρος), lie desséchée de vinaigre, écume de nitre, sel ammoniac, moutarde, cardamome, racine de concombre sauvage, résine, ana P. *. VIII., le tout broyé dans un vin doux.


15. L'onguent suivant est plus efficace encore contre la scrofule : semence de gui, fiente de..., résine et soufre non traité par le feu, parties égales. Ou bien l'on prend : soufre P. *. I. ; pierre appelée pyrite, P. *. IV., cumin un acétabule; ou encore on mêle une partie de pierre pyrite, deux parties de soufre, et trois parties de résine térébenthine.

16. L'onguent d'un certain Arabe a la propriété de dissiper les écrouelles, et de résoudre les tumeurs appelées jumata. On le prépare avec la myrrhe, le sel ammoniac, l'encens, la résine sèche et liquide, la lie de safran, la cire, ana P. *. I., la pierre pyrite, P. *. IV., et l'on ajoute quelquefois de soufre P. *. II.

17. Toujours contre les écrouelles, et aussi contre les tumeurs qui suppurent difficilement et celles qui sont de nature cancéreuse, on fait usage d'un onguent où l'on fait entrer : soufre, P. *. II.; nitre P. *. VI.; myrrhe P. *. VI; suie d'encens P. s., sel ammoniac P. =. ; cire P. I.

18. Protarchus se servait pour guérir les parotides, le mélicéris, le favus, les tubercules dits jumata et les ulcères malins, de cette composition : pierre ponce, résine de pin liquide, suie d'encens, écume de nitre, iris, ana P. *. VIII. ; il y mêlait de cire P. *. IX., et ajoutait un verre et demi d'huile.

19. On combat le panis (φύγεθλον) dès qu'il commence à paraître, de même que tout tubercule connu sous le nom de φῦμα, avec cet onguent : on mêle de l'ocre attique avec deux parties de fleur de froment, on triture le tout en ajoutant de temps en temps un peu de miel, pour obtenir la consistance d'onguent

20. On vient à bout de résoudre tous les tubercules dits φύματα, en combinant la chaux, l'écume de nitre, le poivre rond, ana P.*. I. ; le galbanum P. *. II ; le sel P. *. IV., et en donnant pour excipient à ces substances le cérat fait avec l'huile rosat.

21. Pour arrêter toute espèce de suppuration, on prend galbanum, fève écrasée, ana P. *. I, myrrhe, encens, écorce de racine de câprier, ana P. *. IV. ; et pour résoudre les abcès il suffit d'employer le murex brûlé, qu'on écrase bien, en y ajoutant de temps en temps du vinaigre.

22. Quand le sang s'est extravasé,[3] on se trouve bien d'appliquer un onguent qui convient aussi dans le traitement des tubercules (φύματα). Il consiste en bdellium, styrax, gomme ammoniaque, galbanum, résine sèche et liquide de pin et de lentisque, encens, iris, ana P. *. II.

23. Les tubercules cancéreux reçoivent du soulagement des substances qui suivent : galbanum, gui, gomme ammoniaque, térébenthine solide, ana P. *. I.; suif de taureau P. S.; lie brûlée quantité aussi grande que possible, sans rendre cependant l'onguent plus sec qu'il ne doit être.

24. La meurtrissure de la face par contusion se guérit au moyen de la composition suivante, appliquée de nuit et de jour : aristoloche, férule, ana P. *. II.; bdellium, styrax, gomme ammoniaque en larmes, galbanum, résine sèche et résine liquide de lentisque, encens mâle, iris d'Illyrie, cire, ana P. *. IV. La fève seule employée comme topique convient aussi dans ce cas.

25. Il y a des onguents que les Grecs ont appelés στομωτικὰ, parce qu'ils sont doués d'une force apéritive. Tel est celui qu'on prépare avec ces substances : poivre long, écume de nitre, ana P. *. II.; erysimum P. *. IV., le tout mêlé avec du miel. Ces onguents sont également propres à faire ouvrir les écrouelles ; un des plus actifs en ce genre est ainsi fait : chaux P. *. IV., poivre six grains, nitre, cire, ana P. *. X, miel P. =; huile une hémine.

26. Celui de Micon est à la fois résolutif, apéritif et détersif. Il y entre parties égales d'écume de mer, de soufre, de nitre, de pierre ponce, et suffisante quantité de poix et de cire pour lui donner la consistance de cérat.

27. Un autre d'Aristogène pour les os, consiste en soufre P.*. I.; térébenthine, écume de nitre, sdlle (les parties intérieures), plomb lavé, ana P. *. II. ; suie d'encens P. *. VIII. ; figue sèche très grasse, suif de taureau, ana P. *. VIII ; cire P. * XII.; iris de Macédoine P. *. VI.; sésame grillé un acétabule.

28. Les onguents conviennent principalement dans les affections des tendons et des articles ; aussi celui d'Euthyclée doit-il être employé lorsqu'il y a maladie des articulations; il est de même utile contre toute espèce de douleur, celles de la vessie par exemple, et se trouve également indiqué quand il faut combattre l'immobilité des articulations produite par une cicatrisation récente, état que les Grecs nomment ankylose. En voici la composition : suie d'encens, un acétabule, et de résine même quantité, galbanum sans les tiges une demi-once, gomme ammoniaque, bdellium, ana P. =; cire P. s. On remplit les mêmes indications[4] avec celui-ci : iris, gomme ammoniaque, galbanum, nitre, ana P. *. XIV ; résine liquide P. *. VI.; cire P. *. XVI.

29. Onguent de Sosagoras : plomb brûlé, larmes de pavot, écorce de jusquiame, styrax, queue de pourceau, suif, résine et cire, mêlés à parties égales.

30. De Chrysippe : résine liquide, sandaraque, poivre, ana P. *. XII. ; ajoutez un peu de cire,

3l. De Ctésiphon ; cire de Crète, résilie térébenthine, nitre très rouge, ana P. s., huile trois verres. Quand on emploie ce nitre, il faut auparavant le triturer pendant trois jours en y versant de l'eau peu à peu, puis le faire bouillir dans un setter de ce liquide jusqu'à complète évaporation. Cette composition peut encore être utile dans les parotides, les tubercules, les strumes, et sert à ramollir tous les dépôts d'humeur.

32. On fera bien encore dans les douleurs articulaires de prescrire une partie de figue sèche mêlée au calament, ou de la staphisaigre sans les semences, qu'on mêle avec le pouliot.

33. Tous ces remèdes procurent aussi du soulagement dans la goutte ; mais Ariston employait dans ce cas une recette particulière, composée de nard, de cinnamome, de cassia, de caméléon, de jonc rond, ana P. *. VIII.; de suif de chèvre liquéfié avec l'onguent d'iris P. *. XX. ; d'iris P. *. I., qu'on doit faire macérer dans le plus fort vinaigre pendant vingt jours. Cet onguent est également bon pour résoudre les tubercules récents et dissiper les douleurs.

34. Pour combattre les douleurs des pieds, Théoxène mêlait un tiers de suif pris sur les reins avec deux parties de sel ; il enduisait de ce mélange une petite peau, et la recouvrait ensuite d'ammoniaque en larmes liquéfié dans du vinaigre.

35. Dans la podagre, ou lorsque d'autres articles étaient affectés d'induration, Numenius parvenait à rendre un peu de souplesse aux parties au moyen de cette préparation : aurone, roses sèches, larmes de pavot, ana P. *. III.; résine térébenthines. *. IV.; encens, écume de nitre, ana P. *. VIII ; iris, aristoloche, ana P. *. XII.; cire P. III. Ajoutez huile de cèdre un verre, huile de laurier trois verres, huile acerbe un setier.

36. Contre les callosités qui peuvent se former dans les articulations, Dexius a prescrit cet onguent : chaux P. *. IV.; céruse P. *. VIII.; résine de pin P. *. XX.; grains de poivre XXX, cire P. =. On verse sur ces drogues, à mesure qu'on les broie, une hémine de vin doux.
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Message par Stephandra Sam 09 Avr 2011, 19:15

XIX. Des emplâtres


Les emplâtres dont on obtient le plus de succès sont ceux qu'on applique immédiatement sur les blessures encore saignantes ; on les appelle en grec ἔναιμα. Ils font disparaître l'inflammation, à moins qu'elle ne soit trop vive, et, dans ce cas-là même, ils en diminuent la violence. Ils déterminent l'agglutination dans les plaies dont les lèvres peuvent se réunir, et favorisent la formation des cicatrices. Comme il n'entre pas de corps gras dans leur composition, ils ont reçu des Grecs le nom d'ἀλιπαίνη).

1. Parmi les médicaments de ce genre, un des meilleurs est l'emplâtre appelé barbare. Il consiste en verdet ratissé P. *. XII.; litharge P.*. XX.; alun, poix sèche, résine sèche de pin, ana P. *. I., auxquels on ajoute une hémine d'huile et une de vinaigre.

2. L'emplâtre dit coaque, qui jouit des mêmes propriétés, se compose de litharge P. *. c. et d'autant de résine sèche ; mais auparavant la litharge a dû bouillir dans trois hémines d'huile. La couleur de ces deux emplâtres est noire, ce qui dépend presque toujours de la poix et de la résine qu'ils contiennent ; le bitume rend cette coloration noire beaucoup plus prononcée; le vert-de-gris ou l'écaillé de cuivre leur communiquent un ton vert, le minium fait dominer le rouge, et la céruse le blanc.

3. Il est peu de compositions dans lesquelles la variété du mélange produise quelques changements ; ainsi l'emplâtre basilic est également noir : on le fait avec panax P. *. I.; galbanum P. *. II.; poix et résine, ana P. *. X.; huile un demi-verre.

4. On donne le nom de smaragdin à un emplâtre d'un vert très intense, dans lequel on trouve : résine de pin P. *. III.; cire P. *. I.; vert-de-gris P. s. ; suie d'encens p.=.; huile même quantité, et vinaigre à dose suffisante pour lier ensemble la suie d'encens et le vert-de-gris.

5. Un autre emplâtre d'une couleur presque rousse parait activer rapidement la cicatrisation des plaies ; il est ainsi fait : encens P. *. I ; résine P. *. II.; écaille de cuivre P. * IV.; litharge P. *. XX.; cire P. *. c; huile une hémine.

6. On a de plus un emplâtre dit paracollétique, d'après sa vertu agglutinative. Voici les substances : bitume et alun en morceau P. *. IV.; litharge P. *. XI.; huile vieille une hémine.

7. Il y a encore d'autres préparations du même genre auxquelles les Grecs ont donné le nom de céphaliques, parce qu'elles sont plus spécialement applicables dans les fractures du crâne. L'emplâtre de Philotas consiste en terre d'Érétrie, chalcitis, ana P. *. IV.; myrrhe, cuivre brûlé, ana P. *. X.; ichthyocolle P. *. VI.; verdet ratissé, alun rond, misy cru, aristoloche, ana P. *. VIII.; écaille de cuivre P. *. X.; encens mâle P. * II.; cire P. *. I.; huile rosat et hufle acerbe trois verres, vinaigre quantité suffisante pour pouvoir y broyer toutes ces substances sèches.

8. Un autre emplâtre vert convient aussi dans les mêmes cas. On prend : airain brûle, écaille de cuivre, myrrhe, ichthyocolle, ana P. *. VI.; misy cru, verdet ratissé, aristoloche, alun rond, ana P. *. VIII.; cire P. *. I. ; huile une hémine, vinaigre Q. S.

9. En fait d'emplâtres suppuratifs, te meilleur et le plus facile à faire est celui que les Grecs appellent tétrapharmaque. On mêle parties égales de cire, de poix, de résine et de suif de taureau, sinon, de suif de veau.

10. L'emplâtre suivant, suppuratif aussi, mais plus détersif, a reçu le nom d’ennéapharmaque. Il y entre ces neuf substances : cire, miel, suif, résine, myrrhe, huile rosat, moelle de cerf, de veau ou de bœuf, suint et beurre; on fait le mélange à parties égales.

11. Certains emplâtres possèdent en effet les deux propriétés indiquées ci-dessus, et à défaut d'autres on fait bien de s'en servir ; mais si l'on peut choisir, on doit préférer ceux qui sont faits de manière a répondre à l'indication du moment. J'en fournirai deux exemples. Ainsi pour les blessures on a l'emplâtre d'Attale, qui se compose d'écaillé de cuivre P. *. XVI.; suie d'encens P. *. XV.; gomme ammoniaque même quantité, térébenthine liquide P. *. XXV.; et autant de suif de taureau, vinaigre trois hémines, huile un setier. Parmi les emplâtres dont on doit faire usage dans les fractures du crâne, on signale celui-ci attribué à Judée, et composé des substances suivantes : sel P. *. IV.; écaille de cuivre ronge, cuivre brûlé, ana P. *. XII.; gomme ammoniaque en larmes, suie d'encens, résine sèche, ana P. *. XVI.; colophane, cire, suif de veau préparé, ana P. *. XX.; vinaigre un demi-verre, et un peu moins d'un verre d'huile. Nous appelons médicaments préparés ce que les Grecs nomment τεθεραπευμένα, comme dans le cas où l'on ôte soigneusement du suif ou de quelque autre médicament les pellicules qui les recouvrent.

12. Il y a encore quelques emplâtres très employés comme attractifs, et qui reçoivent aussi le nom d’épispastiques. Tel est celui qu'on nomme diadaphnidon, parce qu'il entre des baies de laurier dans sa composition. Les ingrédients sont : térébenthine P. *. X.; nitre, cire, poix sèche, baies de laurier, ana P. *. XX.; plus un peu d'huile. Toutes les fois que j'indiquerai les baies de laurier, les amandes ou autres substances semblables, on saura qu'il faut, avant d'en faire usage, les dépouiller de leurs pellicules.

13. En voici un autre du même nom, qui active aussi la suppuration. Il résulte d'un mélange à parties égales de suif de veau, gomme ammoniaque en larmes, poix, cire, nitre, baies de laurier, résine sèche, aristoloche et pyrèthre.

14. Nous avons en outre l'emplâtre de Philocrate, composé de sel ammoniac P. *. VII.; aristoloche P. *. VIII; cire, térébenthine, suie d'encens, ana P. *. XV. ; litharge P. *. XXXII.; auxquels on ajoute, toujours comme suppuratifs, iris P. * IV. et galbanum P. VI.

15. Un des meilleurs attractifs est l'emplâtre dont le nom grec ῥυπωδες est tiré de sa ressemblance avec des ordures. Il a pour ingrédients : myrrhe, safran, iris, propolis, bdellium, grains de grenade, alun rond et en morceaux, misy, chalcitis, vitriol bouilli, panax, sel ammoniac, gui, ana P. *. IV.; aristoloche P. *. VIII.; écaille de cuivre P. *. XVI; térébenthine P. *. LXXV. ; cire, suif de taureau ou de bouc P. *. C.

16. L'emplâtre du même genre, que l'on doit à Hécatée, se compose de galbanum P.*. II.; suie d'encens P. *. IV.; poix P. *. VI.; cire et térébenthine, ana P.*. VIII., auxquels il faut mêler un peu d'onguent d'iris.

17. On peut se servir dans le même but de l'emplâtre vert, dit Alexandrin. Substances: alun en morceaux P.* VIII ; sel ammoniac P. *. VIII.=. ; écaille de cuivre P. *. XVI.; myrrhe, encens, ana P. *. XVIII.; cire P.*. CL.; colophane, ou résine de pin, P. *. CC.; huile une hémine, vinaigre un setier.

18. Il y a certains emplâtres rongeants auxquels les Grecs ont donné le nom de septiques. Tel est celui qu'on prépare avec térébenthine et suie d'encens, ana P. = ; écaille de cuivre P. *. I.; ladanum P. *. II.; alun même quantité, litharge P. *. IV.

19. Il en existe un qui a sur le corps une action puissante ; il altère même les os et consume les chairs fongueuses. Neutre dans sa composition: litharge, écaille de cuivre, ana une once, nitre non soumis au feu, pierre asienne, aristoloche, ana un sixième, cire, térébenthine, encens, huile vieille, vitriol, sel ammoniac P. s. ; verdet ratissé huit onces, vinaigre scillitique une hémine, et autant de vin d'Aminée.

20. D'autres préparations sont employées contre les morsures. Tel est l'emplâtre noir de Diogène, où l'on trouve : bitume, cire, résine sèche de pin, ana P. *. XX ; litharge d'argent P. *. C. ; huile un setier ; ou celui-ci, composé d'écaillé de cuivre P. *. IV.; céruse et verdet ratissé, ana p *. VIII.; gomme ammoniaque P. *. XII.; cire, résine de pin, ana P. *. XXV ; litharge P. *. C. ; huile un setier; ou cet autre, dans lequel on fait entrer écaille de cuivre P. *. XIV. ; galbanum P. *. VI. ; céruse et verdet ratissé, ana P. *. VIII; gomme ammoniaque P. *. XII.; cire, résine de pin, ana P. *. XXXV. On doit faire bouillir la litharge d'argent.

21. L'emplâtre rouge d'Éphèse convient dans les mêmes cas. Pour le faire on prend : térébenthine P. *. II.; galbanum P. *. IV.; minium de Sinope P. *. VI. ; suie d'encens P. *. VI. ; cire P. *. VIII.; litharge d'argent P. *. XXXVI.; huile vieille une hémine.

22. Il en est de même de celui-ci : écaille de cuivre, suie d'encens, ana P. *. IV. ; galbanum P. *. VI.; sel ammoniac P. *. XII. ; cire P. *. XXV. ; huile trois hémines. On peut encore appliquer ces emplâtres sur d'autres blessures quand elles sont récentes.

23. Des emplâtres blancs émollients réussissent encore dans les blessures récentes et légères, surtout chez les vieillards. En voici un, qui se compose de céruse P. *. XXXII; suif de veau préparé, cire, ana P. *. XLVIII. ; huile trois hémines, dans lesquelles on fait bouillir la céruse.

24. Autre préparation émolliente : céruse P. *. XX. ; cire P. *. XXXV. ; huile une hémine, eau un setier : chaque fois qu'on ajoute à la céruse ou à la litharge d'argent ces deux liquides, on doit savoir qu'il faut les soumettre à l'ébullition. Cette composition est extrêmement blanche, aussi l'appelle-t-on éburnée.

25. Quelques emplâtres adoucissants ont reçu des Grecs le nom de λιπαραὶ. Tel est celui qu'on prépare avec minium P. *. IV.; litharge d'argent P. *. XXV.; cire et graisse de porc, ana P.* XXXVII.; jaunes d'œuf P.*. IV.

26. Autre composition du même genre : cire, térébenthine, ana P. *. VI. ; céruse P. *. VIII. ; litharge d'argent, scories de plomb, ana P. *. XX. ; huile de ricin et de myrte, ana une hémine.

27. Archagathus passe pour avoir composé cette troisième recette : misy bouilli, cuivre brûlé, ana P. *. IV. ; céruse bouillie P. *. VIII.; térébenthine P. *. X. ; litharge d'argent P. *. VI.

28. Les préparations suivantes sont encore de la même espèce : 1° litharge d'argent, cire, axonge, ana P. * XXVII. ; jaunes d'œuf cuits, quatre, huile rosat une hémine. 2° Cérat fait avec l'huile de myrte, trois parties, axonge un quart, scories de plomb petite quantité. 3° Litharge d'argent demi-livre : faire bouillir dans une hémine d'huile, et autant d'eau de mer, jusqu'à réduction complète des liquides, et ajouter un peu de cire. 4° Cire, suif, antimoine, litharge d'argent et céruse, ana parties égales.
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Message par Stephandra Sam 09 Avr 2011, 19:16

XX. Des trochisques


1. Les trochisques jouissent également de propriétés diverses, et quelques-uns sont employés avec succès pour la réunion et la guérison des plaies récentes. Tel est celui-ci, qui a pour ingrédients : chalcitis, misy, écume de nitre, fleurs de cuivre, noix de galle, alun en morceau traité légèrement par ébullition, ana P. *. I. ; cuivre brûlé, grains de grenade, ana P. *. III. Cette composition doit être délayée dans du vinaigre; puis on l'étend sur la plaie qu'on veut cicatriser; mais si la partie blessée est nerveuse ou musculeuse, il vaut mieux mêler au trochisque du cérat dans la proportion de huit parties sur neuf. On remplit les mêmes indications avec un autre trochisque ainsi préparé : bitume, alun en morceau, ana P. *. I. ; cuivre brûlé P. *. IV. ; litharge d'argent P. *. XI. ; huile un setier.

2. Mais le trochisque de Polybe est beaucoup plus célèbre, on l'appelle en grec σφραγίς. On y fait entrer comme ingrédients : alun en morceau P. *. I. =. ; vitriol P. *. II. ; myrrhe P. *. V. ; aloès même quantité, grains de grenade, fiel de taureau, ana P. *. VI. ; après avoir broyé ces substances on leur donne du vin astringent pour excipient

3. Pour combattre les ulcères sordides et gangreneux des oreilles, des narines et des parties honteuses, et dissiper l'inflammation qui s'y développe, on prend : borax P. *. I.; vitriol, alun en morceau, ana P. *. II.; écorce de physalis P. *. IV. ; minium P. *. VI. ; litharge d'argent P. *. XII. ; céruse P. *. XVI. Le vinaigre sert à lier ces remèdes, et à les délayer au moment de s'en servir.

4. Dans les cas d'inflammation de la luette, d'ulcères sordides et de chancres survenant aux parties naturelles, on fait usage du trochisque d'Andron, que voici : noix de galle, vitriol, myrrhe, ana P. *. I. ; aristoloche, alun en fragments, ana P. *. II. ; grains de grenade P. *. XXV. On conserve ce mélange dans du vin cuit, et pour l'usage on le délaye avec du vinaigre ou du vin, selon que le mal auquel on doit remédier est plus ou moins grave.

5. Celui-ci convient spécialement dans les fissures de l'anus, la rupture des vaisseaux sanguins, et le chancre; on y trouve : vert-de-gris P. *. II.; myrrhe P. *. XII.; antimoine, larmes de pavot, acacia, ana P. *. XVI. Le tout broyé dans du vin et délayé pour l'usage dans le même liquide.

6. La composition suivante parait avoir la propriété d'expulser les calculs de la vessie en même temps que l'urine : casia, safran, myrrhe, costus, nard, cinnamome, réglisse, baume, hypericum, ana parties égales qu'on doit broyer ensemble; on verse ensuite du vin doux sur le mélange, on en forme des pastilles qui représentent chacune P. *. =, et on en fait prendre une à jeun tous les matins.



XXI. Des pessaires


1. Ces trois espèces de préparations, onguents, emplâtres et trochisques, sont d'un usage aussi varié qu'étendu ; mais il est d'autres remèdes non moins utiles, parmi lesquels il faut noter ceux qui sont réservés à l'usage des femmes. Ils ont reçu des Grecs le nom de pessaires. Voici comment on procède : Les agents médicamenteux étant préparés, on les étend sur une laine douce, et on introduit cette laine dans les parties naturelles.

Comme ingrédients d'un pessaire destiné à provoquer les menstrues, on prend deux figues de Caunus, auxquelles on ajoute de nitre P. *. I. Ou bien on écrase de l'ail qu'on mêle avec un peu de myrrhe, et on les incorpore dans de l'onguent de lis; ou encore on prend l'intérieur du concombre sauvage, et on le délaye dans du lait de femme.

2. Les pessaires émollients se préparent avec un jaune d'œuf, du fenugrec, de l'huile rosat et du safran, mêlés ensemble ; ou bien on y fait entrer: élatérium P. *. =. ; sel même quantité, staphisaigre P. *. VI, avec le miel pour excipient.

3. On peut employer aussi le pessaire de Boëthus ainsi formé : safran, térébenthine, ana P. *. IV. ; myrrhe P. *. = =. ; huile rosat P. *. I. ; suif de veau P. *. I.; cire, P. *. II. Mêler.

4. Contre l'inflammation de la matrice un des meilleurs pessaires est celui de Numénius, dont voici la composition : safran P. *. =. ; cire P. *. I. ; beurre P. *. VIII. ; graisse d'oie P. *. XII. ; jaunes d'œuf cuits n° 2 ; huile rosat moins d'un verre.

5. Si l'enfant est mort dans la matrice, il faut, pour en faciliter l'expulsion, se servir d'un pessaire préparé avec de l'écorce de grenadier bien écrasée dans de l'eau.

6. Quand il s'agit d'une femme sujette par maladie de matrice à des accès d'hystérie, on compose un pessaire avec des limaçons piles et brûlés avec leurs coquilles, puis incorporés dans du miel.

7. Si la femme est stérile, le pessaire sera fait avec de la graisse de lion et de l'huile rosat.





XXII. Des médicaments qu’on emploie sous forme sèche.


1. Il y a certains mélanges de médicaments qu'on emploie sous forme sèche, et dont les parties ne sont pas liées entre elles ; on s'en sert alors pour saupoudrer ; ou bien ces diverses parties sont unies au moyen d'un liquide, et on en fait usage en onctions. Voici d'abord un mode de préparation pour réprimer les chairs fongueuses on prend : écaille de cuivre, suie d'encens, ana P. * I.; vert-de-gris P. *. II. Les mêmes substances servent avec le miel à déterger les plaies, et avec la cire, à les cicatriser. Le misy et la noix de galle mêlés â parties égales consument aussi les chairs; on peut les employer â l'état sec et pulvérulent, ou les incorporer dans de la cadmie pour faire des onctions.

2. Pour réprimer doucement les chairs, s'opposer â la pourriture et l'empêcher de s'étendre, on prend du miel, auquel on incorpore de la lentille, ou du marrube, ou des feuilles d'olivier, qu'on a fait bouillir auparavant dans du vin. Le pouliot bouilli dans de l'hydromel et ensuite écrasé, ou bien la chaux mélangée avec le cérat, remplissent le même but; et il en est ainsi de toutes les préparations qui vont suivre : noix amères mêlées avec un tiers d'ail et un peu de safran : — lltharge d'argent P. *. VI. ; corne de boeuf brillée P. *. XII.; huile de myrte et vin trois verres : — fleurs de grenadier, vitriol, aloès, ana P. *. II ; alun en fragments, encens, ana P. *. IV, noix de galle P. *. VIII.; aristoloche P. *. X. — Associé au chalcitis, au nitre, à la chaux, ou au papier brûlé, l'orpiment est plus actif et va jusqu'à cautériser; il en est de même du sel et du vinaigre, ou de cette composition dans laquelle il entre : chalcitis, grains de grenade, aloès, ana P. *. II; alun en fragments, encens, ana P. *. IV.; noix de galle P. *. VIII.; aristoloche P. *. X.; miel q. s. pour lier les substances. Autres préparations : cantharides * I; soufre P. *. I ; ivraie P. *. III. Ajouter de poix liquide q. s. pour réunir: — chaux, résine et rue mêlées ensemble : — dyphqges et résine : — staphysalgre et poix liquide : — lie de vin brûlée, chaux et nitre, ana parties égales : — alun en fragments P. *. = =, encens, sandaraque, nitre, ana P. *. I.; noix de galle P. *. VIII; aristoloche P. *. X.; miel q. s.

3. La composition d'Héra a pour ingrédients : myrrhe, chalcitis, ana P. *. II.; aloès, encens, alun en fragments, ana P. *. IV. ; aristoloche, noix de galle encore vertes, ana P. *. VIII.; écorce de grenade pilée P. *. X.

4. Celle de Judéus renferme deux parties de chaux, un tiers de nitre très rouge, qu'on lie ensemble avec l'urine d'un jeune enfant, pour donner au mélange la consistance de raclures. Mais il faut de temps en temps humecter la partie sur laquelle on l'applique.

5.. Jollas mêlait ensemble une partie de papier brûlé et de sandaraque , et deux parties de chaux et d'orpiment.

6. SI le sang s'écoule de la membrane qui recouvre le cerveau, il faut appliquer sur ce point un jaune d'oeuf brûlé et réduit en poudre. Quand l'hémorragie prend sa source dans un autre endroit, on emploie, toujours à l'état pulvérulent, le mélange suivant : orpiment, écaille de cuivre, ana P. *. I.; sandaraque P. *. II. ; marbre calciné P. *. IV. Les mêmes substances arrêtent les progrès du chancre. On compose un remède cicatrisant avec l'écaille de cuivre, la suie d'encens, ana P. *. II., et la chaux P. *. IV. Ce mélange est également propre â réprimer les chairs fongueuses.

7. Contre le feu sacré et le chancre, Timée employait ces ingrédients : myrrhe P. *. II.; encens, vitriol, ana P. *. III.; sandaraque, orpiment, écaille de cuivre, ana P. *. IV.; noix de galle P. *. VI.; céruse brûlée P.*. VIII. Ils peuvent tenir sous forme de poudre, ou bien incorporés au miel.

8. L'ellébore blanc, ou l'herbe au foulon, introduits dans les narines, provoquent l'éternuement, et l'on obtient le même effet avec cette préparation : poivre, ellébore blanc, ana P. *.=. ; castoréum P. *. I. ; écume de nitre P. *. I. ; herbe au foulon P.*. IV.

9. Les gargarismes ont pour but de lubréfier, de réprimer ou d'attirer. Le lait, la crème d'orge, ou le son, lubréfient; la lentille, les roses, les ronces, les coings ou les dattes, pris en décoction, servent à faire des gargarisâtes astringents ; et on en fait d'attractifs au moyen de la moutarde et du poivre.


XXIII. Des antidotes, et des cas où ils conviennent.


1. Les antidotes, qu'on emploie rarement, sont parfois de la plus grande utilité, puisqu'ils doivent remédier aux accidents les plus graves. Il est convenable de les administrer, si, par suite d'un coup ou d'une chute d'un lieu élevé, il y a quelque chose de brisé dans le corps, ou s'il existe des douleurs dans les viscères, les plèvres, la gorge, et les parties intérieures. Mais ils sont plus spécialement indiqués contre les poisons qui pénètrent dans l'économie par le fait d'une morsure, ou d'un mélange avec nos aliments ou nos boissons.

Il y a un antidote qui renferme les substances suivantes : larmes de pavots P. * ==. ; acore, malobathrum, P.*. V.; iris d'Illyrie, gomme, ana P.*. II.; anis P.*. III. ; nard des Gaules, feuilles de rose sèches, cardamome, ana P. *. IV. ; persil P.*. IV. ==. : trèfle P.*. V.; cannelle noire, ocre, bdellium, semence de balsamier, poivre blanc, ana P. *. V. ==. ; styrax P.*. V. ==. ; myrrhe, opopanax, nard de Syrie, encens mâle, suc d'hypocyste, ana P. *. VI. ; castoréum P.*. VI.; costus, poivre blanc, galbanum, résine térébenthine, safran, fleurs de jonc rond, ana P. *. VI. ==.; réglisse P.*. vin. ==. Le miel ou le vin cuit servent d'excipient.

2. En voici un autre préparé, dit-on, par Zopyre pour le roi Ptolémée, et auquel il donna le nom d'ambroisie. On y fait entrer : costus, encens male, ana P. *. V.; poivre blanc P. *.=. ; fleurs de jonc rond P. *. II. ; cinnamome P. *. III. ; cannelle noire P. *. IV. ; safran de Cilicie P.*. IV. =. ; myrrhe en larmes (stakth) P.*. V. ; nard indien P. *. V. —. Ces substances doivent être broyées séparément, puis incorporées dans du miel cuit, et lorsqu'on veut s'en servir, on en prend la grosseur d'une fève d'Egypte, et on délaye le remède dans du vin.

3. L'antidote le plus célèbre est celui de Mithridate, et l'on rapporte que, grâce à l'usage journalier qu'il en faisait, ce prince sut se garantir de tous les poisons. On y trouve comme ingrédients: costus P.*. §. II. =.; acore P. *. V. ; hypericum, gomme, sagapenum, suc d'acacia, iris d'Illyrie, cardamome, ana P. *. II.; anis P. *. III.; nard des Gaules, racine de gentiane, feuilles sèches de rose, ana P.*. IV. ; larmes de pavot, persil, ana P.*. IV. =.; cannelle, ocre, polium, poivre long, ana P.*. VI. ; styrax P. *. V. =. ; castoréum, encens, suc d'hypocyste, myrrhe, opopanax, ana P. *. VI.; feuilles de malobathrum P. *. VI. ; fleurs de jonc rond, térébenthine, galbamiro, semences de carotte de Crète, ana P. *. VI. =. ; nard, opobalsamum, ana P.*. VI.=. ; sénevé P.*. V. ==. ; racine de Pont P. *. VII. ; safran, gingembre, cinnamome, ana P. *. VIII. Ces drogues sont pulvérisées et incorporées dans du miel ; comme contrepoison, on en prend la grosseur d'une noix grecque dans du vin; dans les autres maladies, il suffira, selon leur nature, d'en donner la valeur d'une fève d'Egypte, ou d'une semence d'orobe.





XXIV. Des acopes.


1. Les acopes sont bons pour les nerfs : tel est celui qui se compose de fleurs de jonc rond P. *. II. = =. ; de costus, de jonc carré, de baies, de laurier, de gomme-ammoniaque, de cardamome, ana P. *. IV. =. ; de myrrhe et cuivre brûlé, ana P. *. VII. ; d'iris d'Illyrie et de cire, ana P. *. XIV.; de calamus d'Alexandrie, d'aspalath, de balsamier, ana P. *. XXVIII. ; de suif P. I. ; d'onguent d'iris un verre.

2. Un autre, appelé en grec euwdeV, est ainsi fait : cire P. =. , huile même quantité, de térébenthine la grosseur d'une noix ; on fait bouillir le tout ensemble, on le pile ensuite dans un mortier, et de temps en temps on ajoute un acétabule d'excellent miel, puis enfin d'huile d'iris et d'huile rosat trois verres.

3. Les médicaments liquides nommés en grec egcrista servent à enduire les parties. En voici un de ce genre, destiné à déterger et à cicatriser les plaies, surtout quand elles sont situées aux environs des nerfs ; on y fait entrer à parties égales le beurre, la moelle et le suif de veau, la graisse d'oie, la cire, le miel, la térébenthine, l'huile rosat et l'huile de ricin : ces substances doivent être fondues séparément, puis mêlées et battues à l'état liquide. Préparé de cette manière, le remède est plus détersif; mais on le rend plus émollient, si l'on substitue l'huile de troène à l'huile rosat.

4. Contre le feu sacré, prenez : litharge d'argent P. *. VI. et corne de bœuf brûlée P. *. XII. ; broyez ensemble, et ajoutez vin et huile de myrte, de chaque environ trois verres.[5]





XXV. Des pilules.


1. Il existe un grand nombre de pilules qui répondent à des indications différentes. On appelle anodines celles qui apaisent la douleur en procurant le sommeil. Il faut pour s'en servir qu'il y ait nécessité pressante, car elles se composent de remèdes violents et contraires à l'estomac. En voici une néanmoins qui facilite la digestion, elle renferme : larmes de pavot, galbanum, ana P. *. I.; myrrhe, castoréum, poivre, ana P. *. II. Il suffit d'en prendre la grosseur d'une semence d'orobe.

2. Une autre pilule moins favorable à l'estomac, mais qui dispose davantage au sommeil, se prépare avec la mandragore P. *.=. , la semence d'ache et de jusquiame, ana P. *. IV.; le tout broyé dans du vin. La dose est la même que pour la précédente.


3. Dans les douleurs de tête, les plaies, l'ophtalmie, les maux de dents, l'embarras de la respiration, les tranchées, l'inflammation de la matrice, les affections des hanches, du foie ou de la rate, dans le point de côté, dans les attaques d'hystérie avec chute et perte de la parole, la pilule suivante préviendra la souffrance du malade en lui donnant du repos. On y fait entrer ; ocre, acore, semences de rue sauvage, ana P. *. I. ; castoréum, cinnamome, ana P.*. II. ; larmes de pavot, racine de panax, pommes de mandragore sèches, fleurs de jonc rond, ana P. *. III. ; grains de poivre LVI. Broyées d'abord séparément, ces substances sont de nouveau triturées ensemble dans du vin de raisins secs, jusqu'à consistance de lie. Sous cette forme on avale une petite portion de ce médicament, ou bien on le prend délayé dans de l'eau.

4. Mettez aussi dans un vase une poignée de coquelicot assez avancé déjà pour donner du suc, versez ensuite une quantité d'eau suffisante pour recouvrir la plante, et faites bouillir ; lorsque l'ébullition aura été convenablement prolongée, retirez le pavot après l'avoir bien exprimé, et ajoutez au liquide une égale quantité de vin de raisins secs; ce mélange doit bouillir encore jusqu'à consistance de lie, et quand il est refroidi, on le divise en pilules de la grosseur d'une fève ordinaire. Ces pilules sont utiles de plusieurs manières : prises seules ou dans de l'eau, elles sont somnifères; si l'on ajoute un peu de suc de rue et de vin de raisins secs, elles servent à dissiper les douleurs d'oreilles; fondues dans du vin, elles arrêtent la dysenterie; par leur mélange avec du cérat d'huile rosat et un peu de safran, elles dissipent les inflammations de matrice ; et enfin, détrempées dans de l'eau, puis appliquées sur le front, elles empêchent la pituite de se jeter sur les yeux.

5. On emploie dans l'insomnie causée par les douleurs de matrice : safran P. *. = =. ; anis, myrrhe, ana P. *. I. ; larmes de pavots P. *. III. ; semences de ciguë P. *. VIII. ; ces substances, mêlées ensemble, ont le vin vieux pour excipient; on en prend la grosseur d'une graine de lupin délayée dans trois verres d'eau. Il y aurait danger cependant à administrer ces pilules pendant la fièvre.

6. Pour guérir le foie : nitre P. *. ==. ; safran, myrrhe, nard des Gaules, ana P. * I.; le tout est incorporé dans du miel ; on en fait prendre gros comme une fève d'Egypte.

7. Pour enlever le point de côté : poivre, aristoloche, nard, myrrhe, de chaque parties égales.

8. Contre les douleurs de poitrine : nard P. *. I.; encens, cassia, ana P. Vm.; myrrhe, cinnamome, ana P. *. VI. ; safran P. *. VIII. ; térébenthine un quart, miel trois hémines.

9. On prescrit contre la toux les pilules d'Athénion : myrrhe, poivre, ana P. *. I. ; castoréum, larmes de pavot, ana P. *. I. Les drogues sont d'abord écrasées séparément, puis mêlées ensemble, et on en compose des pilules grosses comme une fève ordinaire. On en prend deux le matin, et deux te soir en se couchant.

10. Si la toux empêche de dormir, on a recours aux pilules d'Héraclide de Tarente, ainsi préparées : safran P. *. =. ; myrrhe, poivre long, costus, galbanum P. *.=. ; cinnamome, castoréum, larmes de pavot, ana P. *. I.

11. Pour déterger les ulcères de la gorge qui sont accompagnés de toux, prenez : panax, myrrhe, térébenthine, ana une once; galbanum P. *. =. ; hysope P. *.=. ; broyez, et ajoutez une hémine de miel. On fait avaler de cette préparation ce qu'on en peut prendre avec le bout du doigt.

12. Le remède de Cassius contre la colique renferme comme ingrédients : safran, anis, casto-ana P. *. III. ; persil, P. *. IV. ; poivre long et rond, ana P. *. V. ; larmes de pavot, jonc rond, myrrhe, na rd, ana P. *. VI.; avec le miel pour excipient. On peut prendre ce médicament à l'état solide, ou délayé dans de l'eau chaude.

13. Pour expulser l'enfant mort ou l'arrière-faix, on donne en potion de sel ammoniac P. *. I., ou de dictame de Crète même quantité.

14. Après un accouchement laborieux on doit donner à jeun une infusion de velar dans du vin tiède.

15. L'encens administré a la dose de P. *. I., dans deux verres de vin, fortifie la voix.

16. On combat la difficulté d'uriner avec les substances suivantes : poivre long, castoréum, myrrhe, galbanum, larmes de pavot, safran, costus, de chaque une once ; styrax et térébenthine deux onces, miel et absinthe de chaque un verre. En donner gros comme une fève d'Égypte le matin et après dîner.

17. Voici comment se prépare le remède contre les maladies de la trachée : casia, iris, cinnamome, nard, myrrhe, encens, ana P. *. I.; safran P.* I. =. ; grains de poivre XXX. On fait bouillir le tout dans trois setiers de vin de raisins secs, jusqu'à consistance de miel. Ou bien l'on prend : safran, myrrhe, encens, ana P.*. I., mêlés dans la même quantité de vin, et traités aussi par ébullition. On peut encore faire bouillir trois hémines de ce vin, jusqu'à ce que les gouttes qu'on en retire se durcissent, puis on ajoute de casia trituré P. *. I.
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Message par Stephandra Sam 09 Avr 2011, 19:21

XXVI. Des cinq manières dont le corps peut être lésé.


1. Après avoir .exposé les vertus des médicaments, je vais faire connaître les diverses manières dont le corps peut être lésé. Ces lésions sont de cinq espèces, savoir : celles qui résultent d'un agent externe, comme on le voit pour les blessures ; celles qui dépendent d'un vice interne, comme le cancer ; celles qui tiennent à la formation de corps étrangers, comme les calculs dans la vessie ; celles qui sont dues à un développement anomal, ainsi qu'on l'observe pour les veines variqueuses ; enfin les lésions par défaut, c'est-à-dire celles où une partie est trop courte.

Parmi ces affections, les unes réclament le secours des médicaments, et les autres sont plus spécialement du ressort de la chirurgie. Je ne m'occuperai pas en ce moment des maladies où l'on fait surtout agir la main et l'instrument, et je traiterai de celles qui nécessitent plutôt l'emploi des remèdes. J'adopterai, pour cette partie de l'art de guérir, l'ordre que j'ai suivi pour la première ; je parlerai d'abord des affections qui peuvent se manifester sur tous les points du corps, puis de celles qui ont toujours un siège déterminé. Je commencerai par les blessures.

Sur ce point, il importe avant tout que le médecin sache distinguer les blessures incurables, celles qui sont difficiles à guérir, et celles dont la cicatrisation est plus prompte. La prudence en effet conseille au praticien de ne pas se charger d'un malade qu'il ne peut sauver, et d'éviter ainsi l'apparence d'un meurtre qui ne doit être imputé qu'à la destinée. Il convient ensuite, lorsqu'on a de vives inquiétudes, sans cependant désespérer tout à fait, de faire connaître à ceux qui sont près du malade que le cas est grave, afin que si le mal triomphe des ressources de l'art, on ne puisse l'accuser d'avoir ignoré le danger, ou d'avoir voulu le dissimuler. Mais à cette conduite est d'un homme sage, en revanche il est digne d'un charlatan d'exagérer le péril, pour se donner plus d'importance. En reconnaissant que l'affection est facile à guérir, « s'oblige à des soins plus attentifs, parce que, Ken que légère en elle-même, elle pourrait, par la négligence du traitement, devenir plus sérieuse.

2. Il n'y a pas de remèdes contre les blessures de la base du crâne, du cœur, de l'œsophage, de la veine-porte, de la moelle épinière, du milieu da poumon, du jéjunum, de l'intestin grêle, du ventricule, ou des reins. Les blessures des jugulaires et des carotides sont également incurables.

3. Il est très rare qu'on puisse guérir les blessures qui intéressent une partie quelconque des poumons, du foie, de la membrane qui enveloppe le cerveau, de la rate, de la matrice, de la vessie, des gros intestins, ou du diaphragme. La mort est encore imminente, lorsque la pointe du corps vulnérant a pénétré jusqu'aux grands vaisseaux du creux de l'aisselle et du jarret. En général, toutes les fois qu'un vaisseau considérable est ouvert, il y a lieu de craindre, parce que l'hémorragie peut enlever le malade. Cet accident ne s'observe pas seulement a l'aisselle et au jarret, il résulte encore de la lésion des veines qui se rendent à l'anus et au testicule. De plus, toute blessure est grave quand elle occupe Faisselle, la région inguinale, les cavités, les articulations, l'espace qui sépare les doigts, les muscles, les tendons, les artères, les membranes, les os ou les cartilages. Les plus favorables sont les blessures qui n'intéressent que les chairs.

4. Ces lésions entraînent plus ou moins de dangers d'après leur siège ; et quant à l'étendue, celles qui sont considérables sont toujours à craindre.

5. La forme des blessures est aussi pour quelque chose dans leur gravité : ainsi une plaie contuse est plus fâcheuse que celle où les parties sont simplement divisées ; d'où il suit qu'il vaut mieux être blessé par un trait aigu que par un trait émoussé. Les blessures avec perte de substance, ou dans lesquelles les chairs sont enlevées d'un coté et pendantes de l'autre, offrent de même plus de danger. Les plus désavantageuses sont les plaies de forme circulaire, et les plus simples celles qui sont faites en ligne droite : par conséquent la blessure donnera plus on moins d'inquiétude, selon qu'elle se rapprochera de la ligne courbe ou de la droite.

6. Il faut reconnaître encore l'influence de l'âge, de la constitution, du régime ordinaire de la vie, et des saisons. C'est ainsi qu'un enfant ou un jeune homme guérit plus facilement qu'un vieillard; un homme robuste, plus aisément qu'un sujet débile ; celui qui n'est ni trop gras ni trop maigre, plus vite aussi que s'il était affligé d'un excès de maigreur ou d'embonpoint. De même la guérison est plus prompte quand l'habitude générale du corps est satisfaisante, que lorsqu'elle est viciée; quand on prend de l'exercice, que lorsqu'on mène une vie oisive ; quand on est sobre et tempérant, que lorsqu'on s'adonne au vin et aux plaisirs de l'amour. La saison la plus favorable à la cicatrisation des blessures est le printemps ; et il faut au moins que le temps ne soit ni trop froid ni trop chaud, car elles ont également à souffrir d'une chaleur excessive ou d'un froid rigoureux. Rien n'est plus à craindre cependant que les brusques variations de température; et c'est là précisément ce qui rend l'automne si pernicieux.

7. La plupart des blessures sont exposées aux regards. Pour quelques-unes les indices se tirent du siège même qu'elles occupent, ainsi que nous l'avons démontré ailleurs en décrivant la position des parties internes. Mais comme certains organes sont très voisins l'un de l'autre, et qu'il importe de savoir si la plaie est superficiel le ou pénétrante, il devient nécessaire de reproduire les signes qui font reconnaître la lésion de telle ou telle partie, et sur lesquels on peut fonder un pronostic heureux ou funeste.

8. Ainsi dans les blessures du cœur le sang s'échappe avec abondance, le pouls s'affaiblit; le malade, d'une pâleur excessive, est comme arrosé d'une sueur froide et de mauvaise odeur ; les extrémités se refroidissent, et la mort ne se fait pas attendre.

9. Quand le poumon est blessé, il y a difficulté de respirer ; le sang qui sort par la bouche est écumeux, celui de la plaie est vermeil, et en même temps l'air s'échappe par l'ouverture avec sifflement; les malades tendent à se coucher sur la blessure, les uns se lèvent sans raison, beaucoup d'autres ne parlent qu'en s'appuyant sur la plaie, et ne peuvent plus articuler dès qu'ils changent de situation.

10. Les blessures du foie ont pour signes un épanchement de sang considérable sous l'hypocondre droit, la rétraction des flancs vers l'épine, le soulagement qu'on éprouve à se cou cher sur le ventre, les douleurs pongitives qui s'étendent du foie à la clavicule et à l'omoplate : signes auxquels s'ajoute quelquefois un vomisse ment bilieux.

11. Lorsque les reins sont blessés, la douleur s'étend aux aines et aux testicules; l'urine, rendue avec difficulté est sanguinolente, et quelquefois même il ne s'écoule que du sang.

12. Dans les blessures de la rate, on voit sortir à gauche un sang noir ; de ce côté aussi le ventricule et l'hypocondre présentent de la dureté, une soif ardente se déclare, et de même que pour les blessures du foie, la douleur se propage jusqu'à la clavicule.

13. On reconnaît que la matrice est blessée à la douleur qui se fait sentir dans les aines, les hanches et les cuisses; au sang qui s'échappe tant par la plaie que par les parties naturelles, et au vomissement bilieux qui survient : quelques femmes perdent l'usage de la parole, d'autres celui de la raison ; celles qui conservent leur intelligence accusent des douleurs dans les nerfs et dans les yeux, et celles qui succombent présentent les mêmes symptômes que dans une blessure du cœur.

14. Quand une blessure intéresse le cerveau ou la dure-mère, il se fait par les narines, quelquefois aussi par les oreilles, un écoulement de sang, qui presque toujours est suivi d'un vomissement de bile. Certains blessés tombent dans la stupeur, et n'entendent pas quand on les appelle; quelques-uns ont un air farouche, et d'autres promènent çà et là des regards éteints. Le plus souvent le délire se déclare du troisième au cinquième jour ; chez un grand nombre il est accompagné de mouvements convulsifs, et la plupart avant de mourir déchirent l'appareil dont leur tête est enveloppée, et exposent leur plaie nue à l'action du froid.

15. Le hoquet et les vomissements de bile annoncent que l'estomac est blessé; les aliments solides ou liquides qu'il contient sont aussitôt rejetés, le pouls se ralentit, de petites sueurs se manifestent, qui entraînent le refroidissement des extrémités.

16. Les blessures du ventricule et du jéjunum ont des signes communs : les aliments et les boissons se font jour par la plaie, la région épigastrique devient dure, et quelquefois on vomit de la bile; seulement la blessure de l'intestin est située plus bas. Les autres perforations intestinales se reconnaissent aux matières fécales ou à l'odeur stercorale qui s'échappent par l’ouverture.

17. Dans les lésions de la moelle épinière, il y a paralysie ou mouvements convulsifs, et privation de sentiment; au bout d'un certain temps, la semence, l'urine et même les matières fécales sont rendues involontairement.

18. S'il y a lésion du diaphragme, les hypocondres se rétractent en haut, on ressent des douleurs dans l'épine, la respiration devient rare, et le sang qui sort de la plaie est écumeux.

19. Y a-t-il blessure de la vessie? la douleur se fait sentir dans les aines, le région sus-pubienne est tendue, le sang sort par le canal au lieu d'urine, et l'urine s'échappe par la plaie; l'estomac prend part au désordre, ce qui se révèle ou par des vomissements de bile ou par des hoquets ; le froid survient, et la mort s'ensuit.

20. Ces notions ne sont pas les seules qu’il faille acquérir ; il en est d’autres qui se rapportent à tous les ulcères et blessures dont nous avons à traiter. Des plaies et des ulcères il s’écoule du sang, de la sanie, du pus. Le sang est connu de out le monde ; plus ténue que ce liquide, la sanie peut être plus ou moins épaisse, gluante et colorée; le pus est très épais, très blanc, et plus gluant que le sang et la sanie.

Le sang se fait jour quand la blessure est récente ou qu'elle est en voie de cicatrisation ; la sanie s'observe entre ces deux époques de la lésion, et le pus est fourni par les plaies lorsqu'elles tendent à guérir. Les Grecs ont distingué diverses espèces de pus et de sanie, auxquelles ils ont donné des noms particuliers. Il est une sorte de sanie qu'ils appellent aqueuse (ὕδρωψ), et une autre qu'ils nomment μελίκηρα (blanchâtre) ; il est de même un genre de-pus désigné sous le nom d'ἐλαιῶδες (onctueux). La sanie ichoreuse (ὕδρωψ), ténue et tirant sur le blanc, provient des ulcères de mauvaise nature, et accompagne surtout l'inflammation qui s'empare des tendons blessés. La sanie mélicérique est plus épaisse, plus gluante, blanchâtre, et a quelque ressemblance avec un rayon de miel blanc; elle appartient également aux plaies de mauvais caractère que présentent les blessures des tendons dans le voisinage des articulations, et notamment de celles du genou.

Le pus dit ἐλαῶδες est ténu, presque blanc, comme onctueux, et se rapproche assez, pour la couleur et la consistance, de l'huile blanche; on l'observe dans les grandes plaies qui marchent vers la guérison. Le sang est vicié, s'il est trop ténu ou trop épais, s'il est livide ou noir, mêlé de pituite ou de diverses couleurs ; le meilleur est celui qui est chaud, rouge, médiocrement épais, et non gluant. Aussi les blessures dont le sang présente ces qualités sont-elles d'une guérison plus prompte; de même, dans la suite, le pronostic est d'autant plus favorable que les différentes humeurs que les plaies fournissent sont plus louables.

Il suit de là que les conditions seront mauvaises si la sanie est abondante, très ténue, livide, pâle ou noire, gluante, d'une odeur fétide, et si elle produit l'érosion de l'ulcère et des téguments; au contraire, elle a les qualités convenables quand elle n'est pas abondante, que la consistance en est médiocre, et la couleur légèrement rouge ou blanchâtre. L'état est plus grave, si la sanie ichoreuse est très abondante, presque livide ou pâle, gluante, noire, chaude, et de mauvaise odeur; mais si elle est presque blanche, et que les autres caractères soient opposés à ceux-ci, il y a moins de danger. La sanie mélicérique ne doit pas non plus être abondante, ni épaisse; et il vaut mieux la voir s'écouler ténue et en petite quantité.

De ces diverses matières, la meilleure est le pus; mais il offre aussi des conditions fâcheuses quand il dépasse une certaine mesure, qu'il se montre ténu, délayé, et cela dès le principe; qu'il a la couleur de petit-lait, qu'il est pâle, livide ou bourbeux, qu'enfin il est fétide, à moins toutefois que la fétidité ne dépende du siège même de la plaie. Il est d'autant plus louable qu'il est moins abondant, plus épais et plus blanc; il est encore louable s'il est lisse, homogène et sans odeur. L'écoulement du reste doit être en rapport avec la grandeur et la durée du mal ; car si la plaie est vaste ou soumise encore à l'inflammation, la suppuration sera naturellement considérable. Le pus nommé ἐλαιῶδες est d'autant plus à craindre, qu'il est plus abondant et moins onctueux, et d'autant plus favorable que la quantité en est plus restreinte et la consistance plus graisseuse.

21. Quand l'examen a fait reconnaître qu'une blessure est susceptible d'être guérie, il faut s'occuper aussitôt de prévenir deux accidents qui pourraient être mortels, savoir, l'hémorragie et l'inflammation.

S'il y a lieu de redouter l'hémorragie (ce que l'on juge d'après le siège et l'étendue de la blessure, non moins que par la violence avec laquelle le sang se fait jour), il faut remplir la plaie de charpie sèche, recouvrir celle-ci d'une éponge imbibée d'eau froide, qu'on exprime avec la main. Si par ce moyen l'écoulement de sang n'est pas assez maîtrisé, il faut renouveler la charpie plus souvent ; et s'il ne suffit pas de l'employer sèche, on la trempe dans du vinaigre. Ce liquide est un remède efficace contre l'hémorragie; aussi certains médecins en versent même dans la plaie.

Mais, d'un autre côté, il est à craindre que le vinaigre, en resserrant trop brusquement les vaisseaux de la partie blessée, ne provoque ensuite une inflammation violente. Par cette considération les escharotiques et les caustiques, qui déterminent la formation d'une croûte, doivent être rejetés, bien que pour la plupart ils arrêtent le sang ; mais si par cas on est obligé de s'en servir, on devra choisir, parmi les substances qui ont les mêmes propriétés, celles qui ont le moins d'énergie.

Si l'hémorragie est plus forte encore que ces remèdes, il faut saisir les vaisseaux qui la fournissent^, les embrasser par un double lien vers l'endroit où se trouve la lésion, puis en faire la section entre ces deux ligatures pour qu'ils s'oblitèrent, et que les orifices n'en soient plus béants. Quand ce procédé n'est pas applicable, on peut en venir à la cautérisation avec le fer rouge. S'il parait nécessaire de réprimer l'hémorragie provenant d'une région dépourvue de tendons et démuselés, comme le front ou le sommet de la tête, on fera très bien de poser des ventouses sur un point éloigné, vers lequel on détourne ainsi le cours du sang.

22. Tels sont les moyens employés contre l’écoulement sanguin ; mais contre l'inflammation, cet écoulement est lui-même un remède. Les accidents inflammatoires sont à craindre après la lésion d'un os, d'un tendon, d'un cartilage on d'un muscle, ou lorsque le sang perdu ne répond pas à l'étendue de la blessure. En conséquence, chaque fois que de semblables cas se présentent, on doit, au lieu de réprimer l'hémorragie presque immédiatement, lui laisser tout le développement que la prudence autorise ; et ai même elle parait insuffisante, il faut y joindre la saignée du bras.

C'est ainsi qu'il convient d'agir si le sujet est jeune, robuste, exercé; mais cela devient plus urgent encore si le blessé se trouvait en état d'ivresse au moment de l'accident Quand on juge qu'un muscle a subi quelque violence, il est nécessaire de le couper, car la blessure en est mortelle; tandis qu'en le divisant on obtient la guérison.

23. Après s'être rendu maître de l'hémorragie si elle était trop considérable, ou l'avoir laissée s'épuiser si elle coulait modérément, ce qu'il y a de mieux à faire c'est d'affronter les bords de la plaie. La réunion peut s'opérer dans les blessures qui divisent les téguments ou pénètrent jusque dans les chairs, pourvu qu'il n'existe pas de complications ; on peut aussi réunir les chairs quand elles sont pendantes et ne tiennent plus que d'un coté, à la condition pourtant qu'elles ne seront point altérées, et conserveront quelque vie par leur union avec le corps. Il y a deux manières de déterminer l'adhésion des plaies.

Ainsi la suture est indiquée pour les blessures des parties molles ; elle s'applique surtout à celles du lobe de l'oreille, des narines, du front, des joues, des paupières, des lèvres, de la peau qui recouvre le gosier, et convient de même aux plaies du ventre. Si au contraire les chairs sont divisées et béantes, et qu'on ne puisse les rapprocher sans efforts, la suture devient inutile ; il faut alors employer la boucle nommée par les Grecs ἀγτὴρ,[6] laquelle, en exerçant des tractions sur les bords de la plaie, sert à diminuer plus tard l'étendue de la cicatrice. D'après ce qui précède on est en mesure de juger s'il y a lieu d'appliquer la suture ou la boucle dans les blessures où les chairs encore saines tombent d'un côté, en conservant de l'autre des adhérences.

Quel que soit d'ailleurs le procédé qu'on adopte, il faut préalablement nettoyer la plaie pour la débarrasser de tout caillot sanguin, attendu que cette concrétion se convertit en pus, provoque l'inflammation, et s'oppose à l'adhésion des parties. On ne doit pas non plus laisser séjourner la charpie dont on s'est servi pour arrêter le sang, car c'est encore une cause d'inflammation. En faisant usage de la suture ou de la boucle, on aura soin de saisir, en même temps que la peau, une portion des chairs sous-jacentes, s'il y en a, afin que le moyen d'union soit mieux assujetti, et ne déchire pas les téguments.

Dans l'une et l'autre méthode, il faut de préférence employer un fil souple et qui ne soit pas trop tordu, parce qu'il ménage davantage les tissus qu'il traverse. Les points de suture ou les points d'attache des boucles ne doivent être ni trop rares, ni trop multipliés. S'ils sont trop éloignés, la plaie se trouve mal contenue ; mais trop rapprochés, ils font beaucoup souffrir, parce que l'inflammation qui survient est d'autant plus violente, en été surtout, qu'on a fait passer l'aiguille un plus grand nombre de fois, et que les points de suture se trouvent moins écartés. Ces deux procédés n'exigent aucune violence, et la peau doit en quelque sorte se prêter d'elle-même aux manœuvres qu'on lai fait sabir. La bonde laisse presque toujours plus d'espace entre les lèvres de la plaie, qu'on réunit plus exactement par la suture ; il ne fout pas néanmoins qu'elles se touchent entièrement, afin de ménager une issue aux humeurs épaissies qui séjourneraient dans la plaie.

Les blessures auxquelles ces modes de réunion ne seraient pas applicables n'en doivent pas moins être déterrées, après quoi on les recouvre d'une éponge imbibée de vinaigre ; et siée moyen est trop violent pour le malade, on le remplace par du vin. L'éponge trempée seulement dans l’eau froide convient encore dans les cas légers quel que soit d'ailleurs le liquide dont elle est chargée, elle soulage tant qu'elle est humide ; aussi doit-on empêcher qu'elle ne se dessèche ; et de cette façon on arrive à guérir les plates sans recourir à des médicaments étrangers, rares et composes.

Si ce moyen pourtant ne paraît pas assez efficace, on pourra se servir de remèdes préparés sans suif, que l'on prendra parmi ceux que j'ai dit convenir au traitement des plaies sanglantes : on emploiera surtout l'emplâtre barbare, si les chairs sont intéressées; et le sphragis de Polybe, s'il y a lésion des tendons, des cartilages, ou de quelque partie saillante, comme les oreilles ou les lèvres. L'emplâtre vert Alexandrin convient de même dans les blessures des tendons; et, contre celles des parties saillantes, on peut faire usage de la composition que les Grecs appellent ῥάπτουσα. Dans les blessures faites par contusion, il arrive ordinairement que la peau n'est que faiblement divisée ; et dans ce cas il n'est pas inutile d'agrandir l'ouverture avec l'instrument, pourvu qu'il n'y ait pas, dans le voisinage, des tendons et des muscles qu'il faut prendre garde de couper.

Après avoir suffisamment dilaté la plaie, on passe à l'application des médicaments topiques. Mais si la proximité des tendons et des muscles ne permet pas de donner à une blessure étroite une étendue plus grande, il faut s'aider des remèdes qui attirent doucement l’humeur au dehors, et faire notamment usage de ceux que j'ai dit avoir reçu des Grecs le nom de ῥυπῶδες. Il est bon encore dans toute blessure grave, lorsqu'on a posé le topique indiqué, de le recouvrir de laine en suint humectée de vinaigre et d'huile, ou d'un cataplasme légèrement répercussif, si les parties blessées sont d'une texture molle, ou d'un cataplasme émollient, si elles sont pourvues de tendons et de muscles.

24. Les bandes de toile sont les plus convenables pour le pansement des blessures; elles doivent avoir assez de largeur pour que, mises sur la plaie, elles en dépassent un peu de chaque côté la limite. Si le retrait des chairs est plus marqué d'un coté que de l'autre, c'est sur ce point que le bandage doit agir pour les ramener ; mais si des deux cotés l'écartement est le même, il faut que la bande vienne embrasser obliquement les bords de la plaie; on si la disposition de la blessure ne comporte pas ce pansement, on appliquera d'abord la bande par le milieu, puis on la dirigera à droite et à gauche. L'appareil sera posé de manière à contenir les parties sans les serrer; car, mal contenues, elles échappent au bandage, et, trop comprimées, elles peuvent être frappées de gangrène. On doit multiplier les tours de bande en hiver, et ne pas aller au delà du nécessaire pendant l'été. Enfin il convient de coudre intérieurement l'extrémité de la bande, car un nœud ne peut qu'incommoder la blessure,

25. Le malade, ainsi traité le premier jour, est placé dans son lit, et, si la blessure est grave, soumis, avant que l'inflammation surgisse, à une diète aussi sévère que l'état des forces peut le permettre. Tant que durera la soif, il devra boire de l'eau chaude, ou même de l'eau froide, si c'est en été, et qu'il n'y ait ni fièvre, ni douleur. Ces préceptes pourtant n'ont rien d'immuable, et l'on doit toujours se régler sur la situation du malade, dont la faiblesse peut même exiger qu'on le nourrisse immédiatement. L'alimentation toutefois sera ténue et réduite à la quantité nécessaire pour soutenir les forces. Il y a aussi nombre de blessés, mourants pour ainsi dire d'hémorragie, et qu'il faut avant tout traitement ranimer avec du vin, bien que dans toute autre circonstance l'influence de cette boisson sur les blessures soit des plus pernicieuses.

26. Quand les plaies sont accompagnées d'une tuméfaction trop grande, il y a danger ; mais lorsqu'elles ne présentent aucun gonflement, le péril est extrême : le premier état est l'indice d'une inflammation violente, et le second annonce la mort de la partie blessée. On peut dès le principe juger qu'une plaie ne sera pas longue à guérir, si le malade conserve son intelligence, et s'il ne survient aucun mouvement fébrile. La fièvre d'ailleurs n'a rien d'effrayant, si dans une forte blessure elle ne dure pas plus que l'inflammation. Elle est pernicieuse au contraire, si elle vient compliquer une blessure légère, si elle se prolonge au delà de la période inflammatoire, provoque le délire, et ne fait pas cesser le tétanos ou les convulsions que la blessure a fait naître. Le vomissement bilieux et involontaire qui se déclare au moment même où l'on se sent blessé, ou qui survient pendant l'inflammation, n'est un signe fâcheux qu'autant qu'il y a lésion des nerfs on des parties nerveuses. Vomir spontanément n'est pas un mal, surtout quand on en a l'habitude, pourvu que ce ne soit pas aussitôt après avoir mangé, ni dans le temps de l'inflammation, ni lorsque la plaie a son siège dans les parties supérieures.

27. Après avoir pendant deux jours laissé la blessure enveloppée de ce premier appareil, il faut la visiter le troisième jour, enlever la sanie avec de l'eau froide, et ne rien changer au pansement. Au cinquième jour, l'inflammation manifeste déjà toute la violence qu'elle doit avoir; alors on met de nouveau la plaie à découvert pour en examiner la couleur; si elle est livide, blafarde, noire, ou composée de nuances diverses, on peut considérer le mal comme étant de mauvaise nature, et cet état particulier devra toujours donner de l'inquiétude. Pour une plaie, la meilleure condition est d'être blanche et vermeille. C'est encore une circonstance grave que la peau soit dure, épaisse et douloureuse ; il est au contraire d'un favorable augure de la trouver mince, souple et indolente. S'il existe un commencement d'adhésion, et s'il n'y a qu'une tuméfaction légère, il faut s'en tenir au premier paiement ; mais si l'inflammation est vive, et qu'il n'y ait pas, lien d'espérer l'agglutination, on doit employer les suppuratifs. L’usage de l'eau chaude est nécessaire aussi pour résoudre l'engorgement des parties, en diminuer la dureté, et rendre la suppuration plus active. La chaleur de l'eau doit être telle que la main plongée dans le liquide en reçoive une sensation agréable; et il est bon de continuer l'emploi de ce moyen jusqu'à ce que la plaie paraisse moins gonflée et présente une couleur plus naturelle. Immédiatement après ces fomentations, il faut, si la blessure n'est pas trop béante, la recouvrir d'un emplâtre; et, si elle est considérable, on se servira principalement de celui qu'on nomme tétrapharmaque ; dans les blessures des articulations, des parties cartilagineuses et des doigts, on a recours à l'emplâtre, rhypode. Mais quand les bords de la plaie sont trop écartés, on fait fondre ce topique dans l'onguent d'iris, on étend le mélange sur de la charpie pour en couvrir la partie blessée, par-dessus on applique un autre emplâtre sur lequel on dispose encore de la laine grasse, et on a soin de tenir cet appareil un peu moins serré que le précédent.

28. Relativement aux articulations, il y a des circonstances particulières dont il faut tenir compte. Toute articulation est frappée d'infirmité, lorsque les tendons qui servaient à la maintenir ont été coupés. S'il y a doute à cet égard, et que la blessure ait été faite par un trait acéré, il vaut mieux que la plaie soit oblique; si le corps vulnérant est gros et émoussé, la forme de la lésion est indifférente ; mais l'on doit rechercher si la suppuration s'établit au-dessus ou au-dessous de l'articulation. Si le foyer s'établit au-dessous, et que pendant longtemps il fournisse un pus blanc et épais, il est a croire que les tendons sont divises; et cette présomption est d'autant plus forte que les douleurs et l'inflammation sont à la fois plus violentes et plus promptes à se manifester. Mais quand les ligaments n'auraient pas été partages, si le pourtour de la plaie reste longtemps dur et saillant, la guérison est nécessairement très lente à s'opérer, et même, une fois obtenue, on voit persister les callosités. On doit de plus s'attendre que l'extension et la flexion du membre ne se rétabliront que tardivement. Il faut néanmoins plus de temps pour étendre un membre qu'on a tenu fléchi pendant le traitement, qu'il n'en faut pour fléchir celui qu'il a fallu tenir étendu. La position à donner aux membres blesses est aussi déterminée par des règles fixes : la situation devra être élevée s'il s'agit de réunir la plaie, horizontale pendant le temps de l'inflammation, et déclive si le pus commence à se faire jour au-dehors. Le remède par excellence, c'est le repos; le mouvement et la marche ne conviennent qu'aux membres sains. L'inconvénient est moins grave néanmoins quand les blessures occupent la tête ou les bras, que lorsqu'elles atteignent les parties inférieures.

La marche notamment est essentiellement contraire dans les blessures de la cuisse, de la jambe et de pied. L'endroit ou couche le malade doit être d'une douce température. Rien de plus pernicieux que le bain, tant que la plaie n'est pas bien nette ; car il la rend molle et sordide, et de cet état elle passe souvent à la gangrené. De légères frictions peuvent être utiles, mais il faut les faire sur des points très éloignés du mal.

29. Des que l'inflammation a cessé, il faut déterger la plaie. On remplit parfaitement cette indication avec de la charpie qu'on enduit de miel, et qu'on recouvre avec l'emplâtre tétrapharmaque, ou ennéapharmaque. Enfin la plaie est en bon état lorsqu'elle devient vermeille, et qu'elle n'est ni trop sèche, ni trop humide ; mais elle est mal détergée si elle est insensible ou douée d'une sensibilité anomale, si elle offre trop de sécheresse ou d'humidité, et si elle est blanche ou blafarde, livide ou noire.

30. La plaie bien détergée, il reste à la cicatriser. L'eau chaude n'est nécessaire que pour enlever la sanie ; l'usage de la laine grasse est inutile, et il vaut mieux employer celle qui est lavée. Il est même certains médicaments qui favorisent la reproduction des chairs, et il n'est pas Indifférent de s'en servir : tels sont le beurre avec l'huile rosat, et un peu de miel ; l'emplâtre tétrapharmaque associé de même à l'huile rosat, ou cette huile encore servant à imbiber la charpie.

Toutefois il y a plus à espérer de l'usage modéré des bains, et d'une nourriture plus substantielle, prise parmi les aliments de bon suc, et sans aucun mélange de ceux qui sont acres. On peut alors donner un oiseau, du gibier, et de la chair de porc bouillie. Dans tous les cas, il est nuisible d'accorder du vin pendant la durée de la fièvre et de l'inflammation ; et si même il y a eu lésion des tendons ou des muscles, ou si la blessure a pénétré profondément dans les chairs, on doit attendre jusqu'à la formation de la cicatrice. Mais quand la plaie n'intéresse que les téguments, comme elle est moins grave, il est possible que le vin, s'il n'est pas trop vieux et qu'on en donne en petite quantité, vienne alors eu aide à la cicatrisation.

Pour ramollir les parties, ce qui est indispensable dans les régions tendineuses et musculeuses, on fait des applications de cérat sur la blessure; si les chairs sont trop bourgeonnantes, on les réprime doucement au moyen de la charpie sèche, et plus efficacement avec la limaille de cuivre ; si ces excroissances sont en plus grand nombre, on les emporte avec des caustiques plus énergiques. Il est bon ensuite d'employer comme cicatrisant, soit le lycium délayé dans du vin de raisins secs ou dans du lait, ou tout simplement de la charpie sèche.

31. C'est ainsi qu'on fait marcher les blessures vers une heureuse terminaison ; mais assez souvent la guérison se trouve entravée par divers accidents. Quelquefois la plaie passe à l'état chronique, les bords en deviennent calleux, épais et livides, et les médicaments alors, quels qu'ils soient, n'ont plus grande efficacité; c'est presque toujours ce qui arrive aux plaies traitées avec négligence. D'autres fois, une inflammation trop vive, une chaleur immodérée, un froid trop rigoureux, une compression trop forte, l'âge avancé du malade ou sa mauvaise constitution, amènent à leur suite une dégénérescence cancéreuse. Ce genre d'affection est divisé par les Grecs en plusieurs espèces, et nous n'avons point de termes pour les exprimer. Tout cancer non seulement détruit les tissus qu'il a d'abord envahis, mais encore il tend à s'étendre, et l'on en reconnaît la présence à différents signes. Tantôt les bords de l'ulcère sont rouges, enflammés, douloureux ; c'est là ce que les Grecs nomment érysipèle.

Tantôt le fond de l'ulcère est noir, ce qui dépend de la corruption des chairs ; les progrès de cette putréfaction sont encore plus rapides quand la plaie est humide, et que de l'ulcère noir il s'écoule une sanie blanchâtre et de mauvaise odeur. L'altération ne se borne pas aux chairs, elle comprend les nerfs et les membranes, et lorsqu'on introduit le stylet, il pénètre ou sur le côté ou en bas. Quelquefois aussi le mal s'empare même des os. Dans certains cas, on voit se manifester l'état auquel les Grecs ont donné le nom de gangrène. Sons les formes qui précèdent, le mal attaque indistinctement toutes les parties du corps; sous celle-ci, Il occupe l'extrémité supérieure et inférieure des membres, c'est-à-dire les doigts, l'aisselle, la région inguinale; et il survient le plus souvent chez les vieillards et les sujets mal constitués. Les ulcères alors deviennent noirs ou livides, mais en même temps secs et arides. La plupart du temps la peau qui les avoisine est parsemée de pustules noirâtres; au delà elle est pâle ou livide, presque toujours rugueuse, et privée de sentiment; plus loin encore elle est enflammée.

Tous ces accidents marchent ensemble, l'ulcère envahit la peau devenue pustuleuse, les pustules s'emparent des téguments qui étalent pâles ou livides, la pilleur ou la lividité remplacent le cercle inflammatoire, lequel à son tour s'étend sur les parties saines. Au milieu de ces ravages. une fièvre aiguë se déclare, accompagnée d'une soif ardente; quelques malades tombent dans le délire; d'autres, tout en conservant leur Intelligence, peuvent à peine, en balbutiant, rendre compte de ce qu'ils éprouvent. L'estomac commence à s'affecter, et l'haleine est fétide. Ce mal attaqué dès le principe est susceptible de guérison; mais lorsqu'il a jeté de profondes racines, il est incurable, et beaucoup de malades meurent couverts d'une sueur froide.

32. Ce sont la les accidents qui peuvent compliquer les blessures. Quant aux ulcères invétérés, il faut !es traiter avec l'instrument inciser les bords, et emporter tout ce qui présente une teinte livide. S'il existe Intérieurement de petites varices qui s'opposent à la guérison, il faut aussi les enlever; ensuite, dès que le sang s'est écoulé et qu'on a renouvelé la plaie, on doit suivre le traitement exposé déjà pour les blessures récentes. Si l'on répugne a se servir de l'Instrument, on peut obtenir la guérison au moyen d'un emplâtre fait avec le ladanum, et lorsqu il a rongé la surface de l'ulcère, on le remplace par un autre, destiné a cicatriser la plaie.

33. L'affection que j'ai désignée sous le nom d'érysipèle ne se déclare pas seulement e la suite des blessures, mais se manifeste assez souvent sans ces lésions. Quelquefois même l'érysipèle présente alors plus de gravité, surtout quand il occupe la tête ou la région cervicale. II faut dans ce cas tirer du sang si les forces le permettent, et employer ensuite des topiques à la fois répercussifs et réfrigérants, entre autres la céruse mêlée au suc de solanum, la terre cimolée délayée dans de l'eau de pluie, la farine détrempée dans la même eau, à laquelle on ajoute de la poudre de cyprès; ou celle de lentille si le malade est d'une faible complexion.

Le topique, quel qu'il soit, doit être recouvert d'une feuille de bette, et sur le tout il faut appliquer un linge trempé dans de l'eau froide. Si par eux-mêmes les réfrigérants n'ont pas assez d'efficacité, on pourra faire usage du mélange suivant : soufre P. *. I., céruse et safran ana P. *. XII. Après avoir broyé ces substances dans du vin, ou s'en sert en forme de liniment. Si la partie malade offre trop de dureté, on incorpore dans de remange des feuilles de solanum pilées, et l'on emploie ce liniment étendu sur un linge.

Si l'érysipèle prend une couleur noire, sans faire encore de nouveaux progrès, il faut consumer les chairs corrompues à l'aide de légers caustiques, puis traiter l'ulcère ainsi ravivé comme les autres plaies. Si l'altération putride est plus considérable, et s'avance en rampant sur les parties voisines, il faut recourir à des caustiques plus puissants, et, s'ils ne suffisent pas, appliquer le fer chaud jusqu'à ce que l'endroit cautérisé ne soit plus humide; parce qu'en effet ce qui est sain reste sec sous l'action du feu. Après la cautérisation, on doit recouvrir l'ulcère putride de médicaments propres à détacher des parties vives les croûtes ou escarres. Il convient, dès qu'elles sont tombées, de déterger la plaie, en se servant principalement de miel et de résine. On peut employer aussi les remèdes détersifs indiqués pour les plaies qui suppurent, et marcher de la même manière vers la guérison.

34. Quand la gangrène est encore incomplète et commençante, il n'est pas très difficile de la guérir, surtout si le sujet est jeune ; et mieux encore si les muscles sont intacts, si les tendons ne sont point intéressés, ou n'ont reçu qu'une légère atteinte ; si aucune articulation importante n'est dénudée, si la partie frappée de gangrène n'est pas très pourvue de chairs, et n'a dès lors que peu d'aliments à lui offrir; enfin si le mal est limité à un seul point, comme cela peut se voir principalement au doigt.

En pareil cas, la première chose à faire, si les forces le permettent, c'est de pratiquer la saignée, et ensuite de couper jusqu'au vif tout ce qui est desséché, et même tout ce qui dans le voisinage présente un mauvais aspect. Tant que le mal fait des progrès, on ne doit employer aucun remède suppura tif^ pas même l'eau chaude. Il en sera de même des topiques répercussifs, mais pesants; les plus légers sont les seuls convenables, et l'on appliquera des réfrigérants sur les parties enflammées.

Si néanmoins la gangrène s'établir définitivement, on doit cautériser entre le mort et le vif, et dans cette circonstance ne pas en appeler seulement aux médicaments, mais puiser aussi ses ressources dans le régime, attendu que l'affection locale est ici produite par un vice général de la constitution. A moins donc que la faiblesse du sujet ne s'y oppose, il faut commencer par prescrire la diète, et donner ensuite en aliments et en boissons des substances légères, mais capables de resserrer le ventre et de raffermir le corps. Si la maladie persiste, on appliquera sur la plaie les remèdes que nous avons ordonnés contre les ulcères putrides; après quoi l'on passera à des aliments plus substantiels tirés de la classe moyenne, et qui cependant exercent une action desséchante sur le ventre et tous les organes.

L'eau de pluie froide sera donnée comme boisson. Le bain n'est utile que lorsque la guérison du malade est bien assurée, car, en ramollissant l'ulcère, il déterminerait promptement le retour du mal. Il n'est pas rare de voir tous les secours échouer, et le cancer continuer ses ravages. On n'a plus alors qu'un triste moyen de sauver le reste du corps : c'est de retrancher le membre que la mort gagne ainsi de proche en proche.

35. Tel est le traitement des blessures les plus graves ; mais les autres ne doivent pas non plus être négligées, soit que, les téguments demeurant intacts, il y ait lésion des parties sous-jacentes, soit qu'il y ait perte de substance ou écrasement, soit qu'un corps étranger soit logé dans la plaie, ou qu'enfin une ouverture étroite cache néanmoins une blessure profonde. Dans le premier cas, le meilleur remède consiste à faire bouillir dans du vin l’écorce de grenade et à écraser la partie intérieure, pour mêler le tout au cérat fait avec l'huile rosat et l'appliquer sur la blessure. Lorsque la peau même est rugueuse, il faut employer des topiques adoucissants, tels que les emplâtres onctueux.

S'il y a perte de substance et écrasement, on doit recourir à l'emplâtre tétrapharmaque, diminuer les aliments, et supprimer le vin. On aurait tort de refuser son attention aux blessures de ce genre parce qu'elles ne sont pas toujours profondes, car il arrive souvent que la gangrène s'en empare. Toutefois, quand la plaie est superficielle et très circonscrite, on peut se borner à l'emploi d'un topique adoucissant. On retirera les échardes avec les mains, si la chose est possible, ou bien avec l'instrument; et si elles sont brisées, ou situées trop profondément pour se prêter à l'extraction, on tachera de les ramener à la surface à l'aide des médicaments attractifs.

La propriété attractive existe au plus haut degré dans la racine de roseau ; quand elle est tendre, on se contente de l'écraser au moment de s'en servir; lorsqu'elle est dure, il faut d'abord la faire bouillir dans de l'hydromel ; et dans tous les cas y ajouter du miel seul, ou de l'aristoloche et du miel. Les échardes de roseau sont très à craindre, parce qu'elles sont pleines d'aspérités : les mêmes inconvénients se retrouvent dans la fougère ; mais on sait par expérience que l'une de ces plantes sert de remède à l'autre, et qu'il suffît de l'appliquer broyée. Au reste, tous les médicaments attractifs ont la vertu de faire sortir les échardes, et ce sont aussi les meilleurs remèdes contre les blessures étroites et profondes. L'emplâtre de Philocrate convient parfaitement dans le premier cas, et celui d'Hécatée dans le second.

36. Quand le moment est venu de cicatriser une blessure, c'est-à-dire lorsqu'elle est bien détergée, et que la plaie commence à se remplir, on emploie d'abord, pendant que les chairs se reproduisent, de la charpie trempée dans de l'eau froide, et, pour les empêcher de devenir exubérantes, on se sert de charpie sèche jusqu'à ce que la cicatrisation soit complète ; on applique alors, sur la cicatrice, du plomb blanc, qui a pour effet de la déprimer et de lui donner une couleur tout à fait semblable à celle des parties saines.

La racine de concombre sauvage a la même propriété, ainsi que la composition dans laquelle on fait entrer : élatérium P. *. I. ; litharge d'argent P. *. II. ; onguent P. *. IV. ; le tout incorporé dans de la résine de térébenthine, jusqu'à consistance d'emplâtre. On emploie la même résine avec parties égales de verdet et de plomb lavé, pour effacer doucement la couleur noire de certaines cicatrices. On fait usage de ce mélange en liniment appliqué sur la cicatrice ; ce qui peut se faire au visage, ou sous forme d'emplâtre, ou qui est plus commode pour les autres parties du corps.

Que la cicatrice au reste soit trop saillante ou trop déprimée, il y aurait folie à subir par vanité la douleur d'un nouveau traitement ; mais enfin il y a moyen de corriger l'une ou l'autre difformité. Ainsi, l'on peut emporter la cicatrice avec l'instrument, ou, si l'on préfère les topiques, on a recours aux caustiques déjà connus. Après avoir ravivé la plaie, on réprime, s'il y a lieu, les excroissances de chair à l'aide de ces médicaments ; et si la cicatrice est profonde, on emploie les remèdes qui favorisent la reproduction des bourgeons charnus. On continue le traitement indiqué jusqu'à ce que la plaie soit au niveau des parties saines, et on la laisse ensuite se cicatriser.
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Message par Stephandra Sam 09 Avr 2011, 19:23

XXVII. Des plaies faites par morsure et de leur traitement.


1. Je viens de parler des blessures qui sont généralement produites par les traits : je vais m'occuper de celles qui résultent des morsures de l'homme, du singe, du chien, des bêtes féroces et des serpents. Presque toutes les morsures ont quelque chose de venimeux ; aussi, quand la blessure est grave, doit-on faire usage des ventouses.

Pour les plaies légères, il suffit d'appliquer immédiatement un emplâtre, et de préférence celui de Diogène. Si ce dernier fait défaut, on en choisit un autre parmi ceux que j'ai conseillés contre les morsures ; si l'on n'a aucun deux à sa disposition, on a recours à l'emplâtre vert d'Alexandrie ; et, dans le cas où l'on ne pourrait pas même employer celui-là, ou prendrait l'un des emplâtres sans graisse appropriés au traitement des blessures récentes. On combat aussi les accidents de ce genre, et ceux notamment que produit la morsure du chien, en appliquant du sel sur la plaie ; on frappe par-dessus avec deux doigts; et c'est un moyen de faire sortir la sanie. Toute salaison employée de même comme topique est également utile.

2. C'est principalement quand la morsure provient d'un chien enragé, qu'il faut, à l'aide des ventouses, en extraire le virus. Après cette opération, il faut brûler la plaie, si la partie qu'elle occupe est dépourvue de muscles et de tendons; mais s'il est impossible de cautériser, il convient de tirer du sang. Lorsqu'on a fait usage du fer chaud, on traite ensuite la plaie comme toutes celles qu'on a soumises à la cautérisation; et l'on doit se servir de caustiques très énergiques, si la blessure n'est pas de nature à supporter l'emploi du feu. Gela fait, on passe, sans autre préparation magistrale, aux moyens prescrits plus haut pour la reproduction des chairs et ia cicatrisation des blessures.

Quelques médecins ont coutume, lorsqu'une personne vient d'être mordue par un chien atteint de la rage, de la mettre aussitôt dans le bain, de l'y faire suer autant que ses forces le permettent, et de laisser la plaie à découvert, afin de faciliter la sortie du virus. Ils lui font prendre ensuite une grande quantité de vin pur, lequel agit efficacement contre tous les poisons ; et dans leur opinion le malade ne court plus aucun danger, après avoir suivi ce traitement pendant trois jours.

Quand on n'a pu soigner qu'imparfaitement une morsure de ce genre, il en résulte ordinairement une horreur de l'eau, que les Grecs appellent hydrophobie, affection déplorable, dans laquelle cette frayeur de l'eau et le supplice de la soif torturent à la fois le malade. A ce degré du mal il n'y a plus grand'chose à espérer ; toutefois on peut, comme unique ressource, jeter le patient à l'improviste dans une piscine, qu'il n'a pu voir ; puis, s'il ne sait point nager, le laisser aller au fond pour le forcer à boire, et de temps en temps le retirer. S'il est exercé à la natation, on l'oblige de même à avaler du liquide, en le tenant sous l'eau à plusieurs reprises.

C'est ainsi qu'on triomphe simultanément et de ia soif et de l'horreur de l'eau. Mais cette tentative amène un nouveau danger, et l'on doit craindre qu'un sujet malade, plongé violemment dans l’eau froide, ne soit pris de convulsions mortelles. On prévient cet accident, en le faisant immédiatement passer de la piscine dans an bain d'huile chaude. L'antidote que j'ai fait connaître en premier lieu convient particulièrement ici; mais quand on ne peut l'administrer, on en lait prendre un autre dans de l'eau, s'il n'y a pas encore d'aversion pour ce liquide, et l'on dissimule l'amertume du remède en ajoutant du miel. Lorsque déjà l'hydrophobie existe, on donne l'antidote en pilules.

3. La morsure des serpents réclame un traitement à peu près semblable, bien que les anciens aient beaucoup varié sur ce point ; ils portaient même si loin la divergence d'opinions, qu'ils avalent pour chaque espèce de serpent un remède particulier, et que la recette de l'un n'était pas celle de l'autre. Les mêmes moyens cependant conviennent très bien dans tous les cas.

On commence par poser une ligature au-dessus de l’endroit blessé, en ayant soin de ne pas la serrer assez pour engourdir le membre, et l'on procède ensuite a l'extraction du venin. Les ventouses remplissent parfaitement cette indication, et l'on doit, avant de les appliquer, pratiquer des scarifications autour de la plaie, afin que le sang qui a déjà pu subir quelque altération s'écoule en plus grande quantité ; si l'on n'a pas de ventouses a sa disposition, ce qui n'est guère présumable, on les remplace par un vase quelconque d'une forme analogue, et si cette ressource fait défaut, il ne faut pas craindre de sucer la plaie. En effet, il est bien certain que les gens connus sous le nom de Psylles[7] ne possèdent à cet égard aucune notion spéciale ; ils montrent seulement une audace que l'expérience encourage. Car il en est du venin des serpents comme du poison dont les Gaulois notamment font usage pour leurs armes de chasse, il ne devient délétère qu'en s'introduisant par la blessure et non par la bouche : la preuve en est qu'on mange impunément la couleuvre, tandis que sa monture est mortelle.

On peut même, après avoir jeté ce reptile dans l'engourdissement an moyen de certaines drogues employées par les charlatans, introduire avec sécurité le doigt dans la gueule, la salive n'offrant rien de nuisible quand on n'est pas mordu. Si donc, à l'exemple d'un Psylle, quelqu'un s'aventurait à sucer la plaie, il pourrait, sans nul danger pour lui, sauter la vie du blessé. Toutefois il devrait s'assurer d'abord qu'il n'existe aucune ulcération aux gencives, au palais, on sur quelque autre point de la bouche. Le malade, ayant reçu ces premiers soins, doit être mis dans une chambre chaude, et couché de telle façon que la partie lésée se trouve dans une position déclive. Si personne ne se présente pour sucer le venin, et qu'on ne paisse l'exprimer à l'aide des ventouses, on fait prendre au malade du bouillon d'oie, de mouton ou de veau; pais on le fait vomir.

On peut aussi couper en deux un poulet vivant, et appliquer immédiatement sur la plaie l'intérieur encore chaud. En recouvrant la blessure des chairs palpitantes d'an agneau on d'un chevreau qu'on vient d'éventrer, on obtient le même résultat. On tire également parti des emplâtres indiqués plus haut, et, parmi les meilleurs, on compte celui d'Éphèse, on celui qui est décrit immédiatement après. Les antidotes sont aussi d'an secours réel ; mais faute de ce moyen, on prescrira du vin pur avec du poivre, ou toute autre substance en état de provoquer la chaleur et de prévenir intérieurement l'épaississement des humeurs. C’est en effet par le froid que la plupart des poisons donnent la mort. D'autre part, tous les diurétiques, qui agissent comme atténuants, sont également utiles.

4. Tel est le traitement général de toutes ces blessures; mais, relativement à la morsure de l'as-pie, l'expérience a prouvé qu'il valait mieux boire du vinaigre. Comme preuve de l'utilité du remède, on rapporte l'observation d'un enfant mordu par ce reptile : cruellement tourmenté de la soif, tant par le fait de sa blessure qu'en raison des chaleurs extrêmes qui régnaient alors, et n'ayant aucun moyen de se désaltérer dans des lieux arides, il se mit à boire du vinaigre qu'il portait sur lui par hasard, et se trouva guéri. Cela tient, je crois, à ce que le vinaigre, quoique réfrigérant, est aussi doué d'une vertu résolutive; car lorsqu'on en répand sur la terre, il s'y produit une effervescence : il est donc vraisemblable que c'est en atténuant les humeurs qui tendent à s'épaissir, que ce remède procure la guérison.

5. On possède encore des moyens assurés contre les blessures produites par d'autres bêtes venimeuses. Ainsi, dans les piqûres du scorpion, l'animal lui-même devient le meilleur remède. Les uns l'écrasent dans du vin et le font prendre en boisson, d'autres emploient comme topique la même préparation, d'autres encore le mettent sur la braise et dirigent la fumée vers la partie malade, laquelle est enveloppée de manière à condenser la vapeur; puis, quand l'animal est réduit en charbon, ils l'assujettissent sur la plaie. On prescrit encore à l'intérieur les semences ou tout au moins les feuilles de l'herbe solaire, ou héliotrope des Grecs, qu'on administre dans du vin. Il est bon aussi d'appliquer sur la blessure du son bouilli dans du vinaigre, ou de la rue sauvage, ou du miel qu'on mélange avec du sel desséché au feu. J'ai néanmoins connu des médecins qui pour la piqûre du scorpion se contentaient de pratiquer une saignée du bras.

6. C'est aussi contre cette piqûre, ou celle de l'araignée, qu'on se trouve bien d'appliquer sur la plaie un mélange d'ail et de rue écrasés dans de l'huile.

7. Lorsqu'on a été mordu par un céraste,[8] un dipsas, ou un hœmorrhoïs, il faut prendre gros comme une fève d'Egypte, d'asphodèle desséchée, ajouter un peu de rue, et diviser le remède en deux doses. On doit aussi recommander le trèfle, la menthe sauvage et le panax pris dans du vinaigre, de même que le costus, le cassia et la cannelle administrés en boisson.

8. Contre la morsure du chersydre,[9] on prend de panax et d'assa-fœtida, scrupules III. s. *. I., ou du suc de poireau dans une hémine de vin, et l'on mange en outre beaucoup de sarriette. Sur la blessure on applique de la fiente de chèvre bouillie dans du vinaigre, ou de la farine d'orge soumise à l'ébullition dans le même liquide, ou encore de la rue et du calament écrasés avec du sel et incorporés dans du miel. Ces remèdes guérissent également les morsures du céraste.

9. Si la piqûre a été faite par un phalangien,[10] il faut, indépendamment du traitement manuel, faire prendre fréquemment des bains au malade et lui donner, à parties égales, de la myrrhe et de la staphisaigre dans une hémine de vin de raisins secs, ou bien de la semence de raifort, ou de la racine d'ivraie dans du vin. On appliquera sur l'endroit malade du son bouilli dans du vinaigre, et l'on prescrira le repos.

10. Parmi ces espèces de serpents, les plus à craindre appartiennent aux pays étrangers, et se trouvent surtout dans les climats très chauds. Il suit de là que l'Italie et les régions plus froides présentent encore cet avantage que les reptiles y sont moins redoutables. Il suffit, pour neutraliser leur venin, d'employer la bétoine, la giroflée sauvage, la centaurée, l’aigremoine, la germandrée, la bardane, le panais maritime. Après avoir écrasé une ou deux de ces substances, on en mit prendre à l'intérieur dans du vin, et on s'en sert pour panser la plaie. Il est important de savoir que les blessures mites par tous les reptiles venimeux sont plus dangereuses quand la faim les presse, et lorsque l'individu blessé est lui-même à jeun. Ainsi pendant le temps où ils couvent, ils sont beaucoup plus terribles; et si l'on craint leur rencontre, on fiera très bien de ne pas se mettre en route avant d'avoir mangé.

11. Il n'est pas aussi facile de secourir ceux qui ont avalé du poison dans leurs aliments on dans leurs boissons, d'abord parce qu'ils n'en ressentent pas les effets aussi promptement que s'ils avaient été mordus par un serpent, et que dès tors ils ne peuvent mettre autant d'empresse ment à prévenir le danger. La seconde raison, c'est que le mal se déclare à l’intérieur, au lien de commencer par les téguments. Aux premiers symptômes de l'empoisonnement, la meilleure chose à mire est de provoquer le vomissement en buvant beaucoup d'huile ; puis, quand on a vidé l’estomac, il convient de prendre un antidote, on, batte de ce moyen, du vin par.

12. Il existe pourtant des spécifiques à l'aide desquels on peut neutraliser certains poisons, et ce sont, il est vrai, les moins violents. Si l’on a par exemple avalé des cantharides, il faut administrer du panax écrasé dans du lait, ou du galbanum dans du vin, ou bien du lait pur.

13. Si c'est la ciguë qui produit les accidents, il faut prendre une grande quantité de vin chaud avec de la rue, puis le rejeter par le vomissement. On donne ensuite de l’assa-foetida dans du vin, et si le malade est sans fièvre, on le met au bain ; s'il existe de la fièvre, on pratique des onctions avec des drogues échauffantes, et après cela le repos devient nécessaire.

14. Si le poison vient de la jusquiame, on devra boire de l'hydromel bien chaud, ou toute espèce de lait, mais de préférence celui d'ânesse.

15. S'il vient de la céruse, on se trouve très bien de prendre du soc de mauve, ou des noix écrasées dans du vin.

16. Si on a avalé une sangsue, on doit boire du vinaigre avec du sel. Si du lait s'est caillé dans l'estomac, il faut prendre du vin de raisins cuits au soleil, ou de la présure, ou de l'assa-foetida dans du vinaigre.

17. Si l'on a mangé de mauvais champignons, on devra faire usage de raifort, soit avec l'oxycrat, soit avec le sel et le vinaigre. On peut au reste, d'après la forme extérieure, distinguer les champignons nuisibles de ceux qui ne le sont pas ; il y a même une manière de les apprêter qui enlevé aux premiers tout principe malfaisant. Il suffit pour cela de les faire cuire dans de l’huile, ou d'ajouter pendant la cuisson une petite branche de poirier.

18. Les brûlures dépendent également de causes extérieures ; aussi me paraît-il à propos d'en parler ici. On guérit parfaitement ces lésions par l’application immédiate de feuilles de lis, de cynoglosse, ou de bette, qu'on fait bouillir dans du vin vieux et de l'huile. Le traitement des brûlures comporte aussi deux sortes de moyens curatifs : les uns, à titre de légers cathérétiques et de répercussifs, préviennent d'abord la formation de phlyctènes et durcissent l'épiderme ; les autres, dont on se sert ensuite, achèvent comme émollients la guérison du mal. Au nombre des premiers, se trouvent la farine de lentille mêlée avec le miel, la myrrhe délayée dans du vin, et la terre cimolée, broyée avec l'écorce de l'arbre qui porte l'encens; ces deux matières sont liées ensemble avec de l'eau, et, pour l'usage, délayées dans du vinaigre. Les seconds se composent de tous les topiques appelés lipares; mais lès meilleurs sont ceux dans lesquels on fait entrer des scories de plomb, ou des jaunes d'œufs. Une autre méthode consiste encore à appliquer pendant la période inflammatoire un mélange de lentille et de miel, puis, l'inflammation passée, à se servir, jusqu'à la chute des escarres, soit de farine et de rue, soit de poireau ou de marrube.

Pour déterger la plaie, on fait usage ensuite d'ers incorporé dans du miel, ou, si l'on veut, d'iris, ou de térébenthine ; et l'on panse en dernier lieu avec de la charpie sèche.
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Message par Stephandra Sam 09 Avr 2011, 19:29

XXVIII. Des ulcères provenant de causes internes.


1. Des lésions produites par des causes externes, nous devons passer à celles qui résultent de la corruption des organes situés à l'intérieur du corps. Parmi ces dernières, il n'en est pas de plus grave que le charbon, qu'on reconnaît aux caractères suivants : le point affecté présente de la rougeur et des pustules peu saillantes, noires le plus souvent, et d'autres fois presque livides ou pâles, dans lesquelles il parait exister de la sanie ; au-dessous la couleur est noire; l'endroit charbonneux, sec et plus dur que dans l'état naturel, est couvert d'une espèce de croûte environnée d'an cercle inflammatoire ; la peau, qu'on ne peut soulever, parait fortement adhérente aux tissas sous-jacents; il y a somnolence, quelquefois frit son ou fièvre, ou ces deux états à la fois.

Ce mal lait des progrès en envoyant des espèces de racines à l'intérieur, et la marche en est plus ou moins rapide. En s'étendant, il blanchit au sommet, devient ensuite livide, et est entouré de petites pustules. Lorsqu'il envahit l'œsophage ou l'arrière-gorge, il détermine souvent la suffocation. Le meilleur traitement consiste à cautériser sur-le-champ; et cela peut se faire sans gravité, puisque les chairs étant mortes, le malade n'éprouve aucune douleur.

On cesse la cautérisation quand toute la surface est devenue douloureuse, puis on traite la plaie comme toute autre brûlure. Par suite de l'application des caustiques, il se forme une escarre qui se sépare entièrement des parties vivantes, emportant avec elle le principe vicieux, de sorte qu'il ne reste plus qu'une plaie de bonne nature, qu'où panse à l'aide des cicatrisants. Si le charbon n'intéresse que les téguments, on peut se contenter d'employer des cathérétiques, ou même des caustiques dont l'énergie doit se trouver en rapport avec le degré du mal.

Mais le remède, quel qu'il soit, s'il agit convenablement, produit une séparation immédiate entre le mort et le vif; et l'on ne peut guère douter d'un bon résultat, en voyant les parties en contact avec le médicament se détacher de tous côtés. Quand cela n'a pas lieu, c'est que le mal est plus fort que le remède, et dans .ce cas il faut se bâter de faire usage du feu. Mais il importe alors de supprimer les aliments et le vin ; en revanche, il convient de boire beaucoup d'eau. Ces précautions seront encore plus nécessaires s'il survient un mouvement fébrile.

2. Le cancer n'entraîne pas le même danger, à moins qu'il ne soit exaspéré par des pratiques imprudentes. Cette affection attaque principalement les parties supérieures, et se rencontre à la face, au nez, aux oreilles, et, chez les femmes, aux mamelles; on peut lui assigner pour cause le mauvais état du foie ou de la rate.[11] Des douleurs comme pongitives se font sentir vers l'endroit affecté, et là se manifeste une tumeur Immobile et bosselée; quelquefois encore il s'y joint de l'engourdissement.

Les vaisseaux environnants sont gonflés et deviennent flexueux ; ils sont pâles ou livides, et dans certains cas même disparaissent. Le cancer, douloureux au toucher chez les uns, est indolent chez les autres ; il est quelquefois plus dur ou plus mou que dans l'état naturel, sans être ulcéré; et d'autres fois l'ulcération vient s'ajouter à tous ces symptômes. Tantôt la tumeur n'a pas de caractère particulier, et tantôt, par le volume et les inégalités qu'elle présente, elle se rapproche de ce que les Grecs appellent condylome. La couleur en est rouge, ou semblable à celle de la lentille. Les chocs extérieurs sont à craindre, car ils ont pour conséquence immédiate les convulsions ou la paralysie; et souvent il arrive qu'à la suite d'un coup, le malade demeure sans connaissance et sans voix. Si l'on comprime la tumeur chez certaines personnes, on remarque tout autour de la tension et du gonflement.

Par tous ces motifs, on voit que ce mal est des plus graves. Presque toujours, après avoir débuté par la forme que les Grecs nomment κακόηθες, il passe à l'état de cancer non ulcéré, s'ulcère ensuite, et prend l'aspect du thymion.[12] Le premier degré (κακοήθες) est le seul qu'on puisse guérir; les autres s'exaspèrent en raison même des moyens plus ou moins violents employés pour les combattre. Parmi les médecins, les uns cautérisent avec des médicaments, d'antres avec le fer, et quelques-uns enlèvent la tumeur avec l'instrument.

Mais ces divers procédés ne sont jamais couronnés de succès. Traité par la cautérisation, le cancer est stimulé dans sa marche, et ne cesse de s'accroître jusqu'à ce qu'il ait entraîné la mort du malade; si on l'emporte par excision, il n'en revient pas moins, même après la formation de la cicatrice, apportant avec lui une cause de mort. Au lieu de ces traitements énergiques à l'aide desquels on espère triompher de la maladie, il vaut donc mieux employer des remèdes adoucissants qui en tempèrent en quelque sorte la violence, et n'empêchent pas le malade de parvenir à l'extrême vieillesse. Mais ce n'est que par la durée du cancer, et par les tentatives déjà faites, qu'on parvient à distinguer l'affection dite cacoethe, laquelle est accessible aux ressources de l'art, de l'état carcinomateux, qui est absolument incurable.

En conséquence, dès que le mal apparaît sous la première forme, on doit recourir aux caustiques. Si l’on obtient par là l'amélioration de la tumeur et la diminution des symptômes locaux, on peut pousser le traitement jusqu'à l'emploi du feu ou de l'instrument tranchant. S'il en résulte au contraire une aggravation soudaine, cela prouve que le cancer est déjà formé, et l'on doit alors écarter tous les remèdes âcres et violents.

Quand la tumeur est dure, mais non ulcérée, il suffit d'appliquer dessus des figues très grasses, ou l'emplâtre rhypodes. Si la partie est ulcérée, mais unie, on se sert du cérat fait avec l'huile rosat, auquel on ajoute de la poudre prise dans le vase où les forgerons ont coutume de tremper le fer rouge. Si la surface ulcérée présente des excroissances trop considérables, on peut essayer l'écaillé de cuivre, qui est un cathérétique extrêmement léger, et en continuer l'usage jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de fongosités, mais toujours à condition que l'ulcère n'en sera pas exaspéré; sans quoi, on se contenterait d'employer le cérat ci-dessus indiqué.

3. Il existe encore un ulcère que les Grecs appellent θηρίωμα[13] et celui-ci peut se développer spontanément, ou remplacer un ulcère produit par une autre cause. La couleur en est livide ou noire, l'odeur fétide; et il s'en échappe une humeur abondante, semblable à des mucosités.

Toute la surface est insensible au toucher comme à l'action des médicaments, et l'on peut seulement y exciter de la démangeaison ; mais les bords au contraire sont douloureux et enflammés.

Quelquefois la fièvre se déclare, et dans certains cas il s'écoule du sang de l'ulcère, qui est aussi de nature serpigineuse. Souvent les désordres augmentent, et l'on voit naître l'ulcère appelé par les Grecs phagédénique, parce que, dans les rapides progrès qu'il fait de proche en proche, il pénètre jusqu'aux os, et dévore tout ce qu'il rencontre. Cet ulcère est inégal et bourbeux; il fournit abondamment une humeur visqueuse d'une odeur intolérable, et l'inflammation qui existe est plus forte que ne semblerait le comporter l'étendue du mal.

Ces deux sortes d'ulcères, de même que les tumeurs cancéreuses, s'observent principalement chez les vieillards, et chez les sujets dont la constitution est mauvaise. A l'un et à l'autre, on oppose un traitement semblable; seulement la forme la plus grave réclame des moyens plus actifs. On commence par régler le genre de vie du malade, qui doit garder le lit, faire diète les premiers jours, boire, beaucoup d'eau, et prendre des lavements. L'inflammation dissipée, il pourra choisir des aliments de bon suc, en évitant ceux qui sont acres ; boire à sa volonté, mais de l'eau seulement pendant la journée, puis à dîner un peu de vin astringent.

L'abstinence sera moins sévère pour les sujets atteints d'ulcères phagédéniques, que pour ceux chez lesquels le mal est encore à l'état de thériôme. Ces règles sont relatives au régime : quant à l'ulcère, il faut répandre dessus de l'œnanthe desséchée et réduite en poudre, ou du chalcitis pulvérisé, dans le ras où le premier moyen serait insuffisant. Si quelque tendon est mis à nu par suite de la destruction des chairs, il faut le recouvrir d'un linge, pour le soustraire à l'effet de ce dernier caustique. S'il y a nécessité de recourir à des remèdes encore plus énergiques, on arrive aux préparations qui cautérisent plus fortement ; mais, quel que soit le médicament, c'est avec le dos de la sonde qu'il faut le porter sur la plaie. On applique ensuite par-dessus de la charpie chargée de miel, ou des feuilles d'olivier ou de marrube bouillies dans du vin ; et le tout est recouvert d'un linge trempé dans l'eau froide, et bien exprimé.

Là où l'inflammation a fait naître du gonflement, on emploie les cataplasmes résolutifs. Quand ces moyens échouent, on cautérise avec le fer, en ayant soin d'abord de garantir les tendons qui seraient apparents. Une fois la cautérisation produite par le fer ou les médicaments, il est bien évident d'après ce qui précède qu'il faut déterger la plaie, et chercher ensuite à la cicatriser.

4. Le feu sacré doit être aussi rangé parmi les ulcères de mauvaise nature.[14] On en reconnaît deux espèces. La première est caractérisée par une couleur rougeâtre, ou bien elle est mêlée de blanc et de rouge ; l'aspect rugueux de la peau, est dû à l'apparition de pustules confluentes, qui sont toutes d'un égal volume, et presque toujours très petites; la plupart du temps elles renferment du pus, et sont souvent accompagnées de rougeur et de chaleur.

Quelquefois l'endroit primitivement affecté se guérit, et la maladie se propage sur un autre point; d'autres fois les pustules venant à se rompre ne forment plus qu'une plaie, d'où s'écoule une humeur qui parait tenir le milieu entre le pus et la sanie. Ce mal envahit principalement la poitrine, les côtés, les parties saillantes du corps, et surtout la plante des pieds. Le feu sacré de la seconde espèce consiste dans l'ulcération superficielle de la peau, et gagne plutôt en largeur ; les taches qu'il présente sont presque livides, mais inégalement, et, tout en guérissant au centre, il continue de s'étendre par les extrémités ; souvent même les parties dont la guérison paraissait assurée s'ulcèrent de nouveau.

Dans le voisinage, les téguments que le mal est sur le point d'envahir sont plus gonflés, plus durs, et d'une couleur rouge qui tire sur le noir. Cette maladie attaque également de préférence les sujets avancés en âge, ainsi que ceux dont la constitution est détériorée ; et les jambes en sont le siège le plus ordinaire.

De tous les ulcères qui s'étendent de proche en proche, le feu sacré est le moins grave sans doute, mais il n'en est pas moins un des plus difficiles à guérir. Quand la fièvre survient pour un jour seulement, elle devient le remède fortuit de cette affection, en absorbant les humeurs vicieuses. Plus le pus est épais et blanc, moins il y a de péril. Pour en faciliter l'écoulement, et obtenir l'évacuation dn foyer, il est utile de pratiquer une ouverture au-dessous de l'ulcère; mais de plus, s'il survient une petite fièvre, il est nécessaire de prescrire la diète, le repos du lit, et des lavements.

Dans le traitement de tout feu sacré on ne doit faire usage ni des aliments doux et visqueux, ni de ceux qui sont acres et salés; et l'on choisira ceux qui tiennent le milieu entre les uns et les autres, tels que le pain non fermenté, le poisson, le chevreau, les oiseaux, le gibier en général, à l'exception du sanglier. Si le malade est sans fièvre, on obtient de bons effets de la gestation, de la promenade, de l'usage du vin astringent, et des bains. C'est aussi le cas où les boissons doivent l'emporter sur les aliments solides. Quand les ulcères ne s'étendent pas d'une manière bien sensible, il suffit de les fomenter avec de l'eau chaude ; mais s'ils font des progrès trop marqués, il faut employer du vin chaud, percer ensuite toutes les pustules avec une aiguille, puis appliquer des topiques propres à consumer les chairs corrompues.

Dès que l'inflammation a disparu et que l'ulcère est détergé, on le panse avec des remèdes émollients. Dans le feu sacré de la seconde espèce, on se sert avec succès de coings écrasés et bouillis dans du vin ; on peut appliquer aussi l'emplâtre d'Hiéra[15] ou le tétrapharmaque, auquel on ajoute une cinquième partie d'encens ; le lierre noir bouilli dans du vin astringent est encore indiqué ; et même il n'est pas de meilleur remède pour mettre un terme à la rapide extension du mal. Après avoir détergé cet ulcère, que j'ai dit être superficiel, il suffit, pour le conduire à bonne fin, d'employer des remèdes adoucissants.

5. On donne le nom de chironiens à de grands ulcères dont les bords sont durs, calleux et épate; la sanie qu'ils fournissent est peu abondante, mais ténue ; ces ulcères, non plus que l'humeur qui en découle, n'exhalent point de mauvaise odeur ; exempts d'inflammation et médiocrement douloureux, ils ne cherchent point à s'étendre, et par conséquent n'entraînent aucun danger; mais ils n'en sont pas moins difficiles à guérir. Il s'établit parfois une très mince cicatrice, qui se déchire ensuite, et laisse l'ulcère se reproduire. Ce mal affecte principalement les pieds et les jambes. Le topique dont on se sort dans ce cas doit être doué tout à la fois de propriétés adoucissantes, stimulantes et résolutives; avantages qu'on trouve dans la préparation suivante : écaille de cuivre, plomb lavé et brûlé, ana P. *. IV. ; cadmie et cire, ana P. *. VIII. ; huile rosat, quantité suffisante pour malaxer la cire avec les autres substances.

6. Il est encore d'autres ulcères qui reconnaissent pour cause le froid de l'hiver, et qui se déclarent de préférence chez les enfants; on les observe surtout aux pieds et aux orteils, mais ils peuvent aussi envahir les mains. Il y a de la rougeur et peu d'inflammation; dans certains cas il se forme des pustules suivies d'ulcérations, et néanmoins la douleur est toujours moins forte que la démangeaison. Quelquefois on voit suinter, à la surface, une petite quantité d'humeur qui parait se rapprocher du pus ou de la sanie. On doit dès le principe fomenter abondamment la partie malade avec une décoction chaude de raves, ou, faute de ce moyen, employer des feuilles de verveine, bouillies avec d'autres substances astringentes.

Si le mal n'est pas encore ulcéré, il faut appliquer dessus du cuivre aussi chaud que possible. Si déjà l'ulcération existe, on se servira d'alun et d'encens broyés, à parties égales et dissous dans du vin, ou bien d'écorce de grenade bouillie dans de l'eau, puis écrasée. Lorsqu'il n'y a que l'épiderme d'enlevé, il vaut mieux s'en tenir aux remèdes adoucissants.

7. Les strumes sont des tumeurs formées par la concrétion d'une certaine quantité de pus et de sang, et qui se développent sous les téguments à la manière des glandes. En général, le traitement de ces tumeurs finit par lasser le médecin, parce qu'en effet elles excitent de la fièvre, n'arrivent qu'à grand' peine à maturité, et que pour la plupart, malgré la guérison obtenue par le fer ou les médicaments, on les voit se reproduire à côté même des points cicatrisés : cette récidive a lieu surtout après l'emploi des agents médicamenteux; et ce qui ajoute encore aux difficultés, c'est que toujours les maladies strumeuses sont de longue durée. Elles occupent principalement la région cervicale, mais on les rencontre aussi aux aisselles, aux aines et aux côtés. Meges prétend même en avoir observé aux mamelles chez les femmes. En raison de ces circonstances, il convient de prescrire l'ellébore blanc, et même d'en rapprocher les doses jusqu'à la résolution des tumeurs. On peut appliquer en même temps les emplâtres suppuratifs ou résolutifs dont on a parlé plus haut.

Certains praticiens font usage aussi des caustiques pour produire une escarre sur la partie malade, et la traiter ensuite comme un autre ulcère. Quelle que soit d'ailleurs la méthode curative, il faut, quand l'ulcère est détergé, fortifier le corps par l'exercice et l'alimentation, jusqu'à ce qu'on ait obtenu la cicatrisation. C’est là ce qu'enseigne la médecine; mais l'expérience des gens de la campagne nous apprend aussi qu'on peut se débarrasser des affections strumeuses en mangeant un serpent.

8. Le furoncle est une petite tumeur qui se termine en pointe, et s'accompagne d'inflammation et de douleur, surtout au moment où la suppuration s'établit. Lorsqu'il est ouvert et que le pus s'est écoulé, on voit qu'une partie des chairs est tout à fait purulente, que l'autre est cor rompue, et d'une couleur qui tire sur le blanc et le rouge; c'est là ce que quelques-uns nomment bourbillon du furoncle. Même en l'absence de tout traitement, ce mal est sans aucun danger, car il mûrit naturellement et s'ouvre de lui-même ; mais la douleur fait qu'on demande à la médecine une guérison plus prompte. Ici le galbanum est le spécifique du mal, mais il y a lieu d'employer aussi les remèdes indiqués plus haut.[16] A défaut d'autre chose, on doit appliquer comme résolutif un emplâtre préparé sans graisse; et s'il n'agit pas, on le remplace par tout autre remède capable d'exciter la suppuration ; si même on est privé de ce dernier moyen, on emploie la résine ou le levain. Une fois le pus évacué, il est inutile de pousser le traitement plus loin.

9. On donne le nom de phyma[17] à un tubercule semblable au furoncle, mais plus arrondi, moins élevé, et souvent aussi plus volumineux ; car le furoncle égale rarement la grosseur de la moitié d'un œuf et ne l'excède jamais, tandis que le volume du phyma est ordinairement plus considérable; en revanche, la douleur et l'inflammation sont moindres. Quand on en fait l'ouverture, il en sort également du pus; seule ment, on ne trouve pas de bourbillon comme dans le furoncle, et toutes les chairs altérées sont a l'état purulent. Ce mal est plus fréquent dans l'enfance, et plus facile à guérir ; plus rare chez les jeunes gens, il est aussi plus opiniâtre ; à un âge plus avancé, on ne l'observe jamais. Quant aux moyens curatifs, ils ont été mentionnés plus haut.

10. La tumeur appelée φύγεθλον[18] est peu élevée, large, et présente quelque chose d'analogue à une pustule. La douleur et la tension sont considérables, sans proportion même avec le développement de la tumeur, et quelquefois il s'y joint un mouvement fébrile. Ce mal entre lentement en suppuration, et ne fournit qu'une faible quantité de pus; il a pour siège habituel le cou, l'aisselle ou les aines. Les Latins le nomment punis, d'après sa forme extérieure. J'ai fait connaître précédemment les remèdes qui lui sont applicables.

11. Ces différentes affections ne constituent guère que de petits abcès, bien que par ce dernier mot on désigne généralement des maladies plus étendues, et qui constamment tendent à la suppuration.

Presque toujours l'abcès succède aux fièvres, ou aux douleurs ressenties dans quelque partie du corps, et surtout dans le ventre. Il est le plus souvent appréciable aux regards, et, quoique un peu plus large, s'élève comme le phyma dont j'ai parlé ; la tumeur s'accompagne de rougeur, de chaleur, et bientôt après de dureté ; elle devient alors plus douloureuse, et provoque la soif et l'insomnie. Dans certains cas cependant l'abcès ne se révèle par aucun de ces signes extérieurs, surtout quand la suppuration est profonde; mais il y a de l'altération, de l'insomnie, et on ressent des élancements dans la partie malade. L'indice est favorable quand la dureté disparaît rapidement, et que la couleur de la peau, sans être rouge, n'est pourtant pas naturelle; c'est une preuve que la suppuration commence à s'établir, puisque la tumeur et la rougeur existent bien avant la formation du pus.

Si la partie affectée présente de la mollesse, il faut en détourner l'humeur à l'aide de cataplasmes à la fois répercussifs et réfrigérants; tels sont ceux que j'ai conseillés ailleurs, et tout à l'heure encore dans l’érysipèle. Lorsque déjà la tumeur est dure, on doit en venir aux digestifs et aux résolutifs, parmi lesquels on trouve la figue sèche écrasée, ou la lie mêlée au cérat fait avec l’axonge, ou la racine de concombre, à laquelle on ajoute deux parties de farine, qu'on fait bouillir préalablement dans de l'hydromel. On peut employer aussi un mélange à parties égales de gomme ammoniaque, de galbanum, de propolis, de gui, et y faire entrer la myrrhe, mais à une dose plus faible de moitié que celle des autres ingrédients. Les cataplasmes et les emplâtres dont j'ai donné plus haut la composition produisent le même effet.

Quand ces moyens ne font pas avorter l'abcès, il arrive nécessairement à maturité. Afin d'accélérer la suppuration, il convient d'appliquer des cataplasmes de farine d'orge, et l'on y mêle avec succès....[19] Au surplus, tous les remèdes indiqués pour les petits abcès dont je viens d'exposer les noms et les caractères conviennent également ici. Le traitement est le même pour tous, et n'offre que des différences de degrés. On juge qu'un abcès n'est pas mûr encore lorsqu'on y ressent des battements violents comme ceux des veines, qu'il y a pesanteur, chaleur, tension, douleur, rougeur et dureté, et quand l'abcès est considérable, frisson, ou même, mouvement fébrile persistant.

Si la suppuration est située trop profondément, au lieu de la constater par l'état des téguments, on la reconnaît aux élancements internes. Dès qu'il y a rémission dans les symptômes, que la peau sur ce point devient le siège d'une démangeaison, et prend une teinte presque livide ou blanchâtre, c'est que le pus est formé ; et l'on doit lui donner une issue en ouvrant le foyer à l'aide de certains topiques ou de l'instrument tranchant.

Il faut panser sans tente de charpie les abcès de l'aisselle et de l'aine, et ne pas en employer non plus pour ceux des autres régions, lorsqu'il n'existe qu'une ouverture étroite, que la suppuration est médiocre, peu profonde, et que le sujet est robuste et sans fièvre. On peut en faire usage dans les autres abcès, avec réserve toutefois, et seulement quand ils présentent une grande ouverture. Pardessus la tente, ou même sans cet intermédiaire, il convient d'appliquer de la lentille qu'on fait bouillir avec du miel, ou de l'écorce de grenade bouillie dans du vin : ces substances peuvent servir seules ou mélangées. Si la base de l'abcès offre trop de dureté, il faut, pour ramollir les parties, les recouvrir de mauve écrasée, de semences de fenugrec ou de lin, bouillies dans de l'hydromel.

On doit ensuite, quelque soit le topique, avoir soin de ne serrer le bandage que modérément. Dans ces pansements, employer le cérat serait une faute qu'il est bon d'éviter. Quant aux moyens de déterger les plaies, de favoriser la régénération des chairs et la cicatrisation, ils se trouvent exposés au chapitre des blessures.

12. Les abcès de ce genre et les autres espèces de plaie donnent quelquefois naissance à des fistules. On nomme ainsi des ulcères profonds, étroits et calleux, qu'on observe sur presque toutes les parties du corps, et qui empruntent aux sièges divers qu'ils occupent certains caractères spéciaux, j'exposerai d'abord les généralités du sujet. Il y a plusieurs sortes de fistules : les unes out un court trajet, les autres sont pénétrantes ; les unes se portent directement en dedans, les autres, et c'est le plus grand nombre, sont obliques; il en est de simples, de doubles ou de triples, c'est-à-dire que, partant d'une origine commune, elles se divisent en deux, trois, ou même en un plus grand nombre de sinus; elles sont droites, obliques ou tortueuses, se terminent au milieu des chairs, aboutissent aux os ou aux cartilages, ou, si ces organes ne se trouvent pas sous-jacents, elles parviennent jusqu'aux cavités.

Certaines fistules sont faciles à guérir, d'autres résistent longtemps au traitement, et quelques-unes sont absolument incurables. La guérison ne se fait pas attendre quand la fistule est simple, récente, et située au milieu des chairs ; si le malade est jeune et robuste, sa bonne constitution lui vient encore en aide.

En revanche, les conditions opposées sont défavorables, et l'on en peut dire autant des cas où la fistule intéresse un os, un cartilage, un tendon ou des muscles, de ceux où elle attaque une articulation, vient s'ouvrir dans la vessie, le poumon, la matrice, les grands vaisseaux artériels et veineux, ou pénètre dans des cavités, comme le gosier, l'œsophage, et le thorax. Si elle s'étend jusqu'aux intestins, elle détermine aussi des accidents qui sont toujours graves et souvent funestes. Le danger est encore beaucoup plus grand lorsqu'il s'agit d'un sujet valétudinaire, avancé en âge, ou mal constitué.

La première chose à faire est d'introduire une soude dans la fistule, pour en connaître la direction et la profondeur, et s'assurer au même instant si elle est sèche ou humide : c'est ce qu'on voit en retirant la sonde. Par le même moyen, un os étant dans le voisinage, il est permis de savoir si la fistule a pénétré jusqu'à lui, et quels progrès elle a pu faire. En effet, quand l'extrémité de la sonde ne rencontre que des parties molles, on en conclut que le mai ne va pas encore au delà des chairs ; mais si l'on éprouve une résistance plus forte, c'est qu'on est arrivé jusqu'à l'os. On juge ensuite que celui-ci n'est pas carié, si l'instrument glisse sur la surface; la carie existe, mais elle est peu profonde, quand le bout de la sonde est retenu sans qu'on puisse constater d'inégalités ; l'os enfin est altéré plus profondément lorsqu'on sent à l'exploration qu'il est inégal et rugueux. Le siège même de la fistule peut indiquer s'il se trouve au-dessous d'elle un cartilage, et le degré de résistance fait juger si le trajet fistuleux s'étend jusqu'à lui.

D'après ce qui précède, on est en mesure d'apprécier la situation, l'étendue, non moins que la gravité des fistules. La quantité de pus qu'elles fournissent permet de reconnaître si elles sont simples ou multiples ; en effet, si la suppuration est trop abondante pour venir d'un seul endroit, il s'ensuit manifestement qu'il y a plusieurs sinus. Comme il y a presque toujours, dans le voisinage de ces ulcères, des chairs, des nerfs et des parties tendineuses, telles que sont en général les tuniques et les membranes, on peut juger aussi par la nature du pus si ces trajets fistuleux ont pénétré différents organes. Ainsi le pus fourni par les chairs est homogène, blanc, et plus abondant; s'il s'écoule d'un endroit tendineux, il offre bien la même couleur, mais il est plus ténu et moins abondant; s'il provient d'un nerf, il est gras, et assez semblable à de l'huile.

On apprend enfin par les attitudes du corps si les fistules intéressent plusieurs parties à la fois; car souvent en changeant le décubilus, ou bien en donnant au membre une position nouvelle, on voit reparaître la suppuration qui semblait tarie; et cela prouve non seulement qu'il existe un autre sinus, mais que le trajet en outre affecte une direction différente. Si la fistule est située dans les chairs, si elle est simple, récente, sans inégalités, si elle occupe non pas une cavité ou une articulation, mais une partie immobile par elle-même et qui n'est mise en mouvement qu'avec la totalité du corps, on peut se contenter de l'emplâtre employé dans les blessures récentes, pourvu qu'il entre dans sa composition ou du sel, ou de l'alun, ou de l'écaille de cuivre, ou du verdet, ou quelque préparation métallique. On dispose cet emplâtre de façon qu'il présente un bout aminci et un autre plus épais ; et c'est par le bout le plus mince qu'on l'introduit dans la fistule, où il doit rester jusqu'à ce qu'il s'écoule du sang pur. Dans tous les cas semblables, le procédé doit être le même. On étend ensuite cet emplâtre sur un linge, qu'on recouvre d'une éponge trempée dans du vinaigre; et il suffit de lever l'appareil le cinquième jour.

Le régime à suivre est celui que j'ai indique pour la régénération des chairs. Quand la fistule se trouve à une certaine distance de la région précordiale, il faut par intervalles manger à jeun du raifort, et vomir ensuite. Avec le temps les fistules deviennent calleuses, et personne ne peut se tromper à ces callosités, qui sont dures, blanches ou pâles. Mais ce cas nécessite des remèdes plus énergiques, tels que les préparations suivantes : larmes de pavot, P. *. I, gomme P. *. III. =. ; cadmie, P. *. IV; vitriol, P. *. VIII. ; le tout malaxé avec de l'eau pour faire un onguent. Ou bien : noix de galle P. *. =. , verdet, sandaraque, alun d'Egypte, ana P. *.I., vitriol calciné P. *. II. ; ou encore : chaux et chalcitis mélangés, auxquels on ajoute de l'orpiment dans une proportion moitié moindre, pour incorporer le tout dans du miel cuit. Mais il est beaucoup plus simple, d'après la formule de Meges, de piler P. *. II de verdet ratissé, puis de faire fondre dans du vinaigre P. *. II de gomme ammoniaque, afin de donner au verdet la consistance convenable.

Ce remède est même un des meilleurs. Quelle que soit néanmoins l'efficacité de ces moyens, il est facile eut oie, quand on ne les a pas sous la main, de détruire les callosités avec le premier caustique venu ; et l'on n'a simplement qu’à l'étendre sur du papyrus ou sur du linge, que l'on roule en forme de tente. La scille cuite et mêlée à de la chaux consume également ces bords calleux. Quand la fistule présente une direction transverse d'une assez grande étendue, il faut porter au fond le stylet, et, après avoir pratiqué sur le bout de l'instrument une contre-ouverture, introduire une tente par les deux orifices. Mais si l'on suppose que la fistule est double ou multiple, avec des sinus peu profonds toutefois et situés au milieu des chairs, on ne doit pas se servir détente, car on ne pourrait agir que sur un point, et les autres seraient négligés; il faut dans ce cas faire entrer les mêmes substances à l'état pulvérulent dans un roseau à écrire, adapter le tuyau de celui-ci à l'ouverture de la fistule, et chasser les poudres par insufflation au fond des différents sinus. On peut encore injecter ces médicaments en les faisant dissoudre dans du vin, ou dans de l'hydromel si la fistule est sordide, ou, si elle offre des callosités, dans du vinaigre.

Quel que soit le liquide injecté, il faut appliquer ensuite des topiques réfrigérants et répercussifs, car presque toujours il se manifeste un peu d'inflammation autour de la fistule. Il convient, après avoir enlevé l'appareil, et avant d'introduire d'autres médicaments, de nettoyer les trajets à l'aide d'une seringue à oreille, qu'on peut remplir soit avec du vin si la suppuration est abondante, soit avec du vinaigre s'il y a de fortes callosités, soit enfin, si la fistule commence à se déterger, avec de l'hydromel ou une décoction d'orobe légèrement miellée.

La plupart du temps il arrive que la membrane qui existe entre les chairs intactes et l'orifice fistuleux, cédant à l’action des remèdes, se détache en entier, et laisse au-dessous d'elle un ulcère très net. Il y a lieu d'employer alors les agglutinatifs, et principalement l'éponge enduite de miel cuit. Beaucoup de médecins, je le sais, sont d'avis d'introduire dans la fistule de la charpie roulée en forme de tente, et chargée de miel. Mais dans les cas de ce genre on obtient plus promptement l'adhésion des parties que la régénération des chairs ; et l'on n'a pas à craindre que la réunion ne se fasse pas entre deux surfaces vives, surtout en employant les moyens convenables, puisque souvent dans l'ulcération des doigts ce n'est qu'avec un soin extrême qu'on peut les empêcher de contracter, en se cicatrisant, des adhérences entre eux.

13. Il est un autre ulcère appelé κνρίον en grec, par comparaison avec un rayon de miel.[20] On en reconnaît deux espèces. Dans l'une, le favus, d'une couleur blanchâtre, ressemble nu furoncle, mais il est plus gros et plus douloureux.

On observe, dès qu'il commence à suppurer, un certain nombre de trous qui donnent passage à une humeur glutineuse et purulente; néanmoins il n'arrive jamais à maturité complète. Quand on l'ouvre, il laisse voir beaucoup plus de matières corrompues que le furoncle, et le siège en est aussi plus profond. Rarement on le rencontre ailleurs qu'au cuir chevelu. Le favus (khrion) de la seconde espèce est moins gros, et se produit en relief; il est dur, large, et d'un vert pâle; les ulcérations y sont plus nombreuses, car chaque racine des cheveux en présente par où s'échappe une humeur visqueuse, blanchâtre, ayant la consistance du miel ou de la glu, et quelquefois celle de l'huile. Les chairs offrent à l'incision une couleur verte. La douleur et l'inflammation sont en général assez intenses pour exciter une fièvre aiguë. On applique avec succès sur le cérion de la première espèce des figues sèches, de la graine de lin bouillie dans de l'hydromel, ainsi que les emplâtres et les cataplasmes doués de propriétés attractives, ou enfin les médicaments que j'ai indiqués plus haut à ce sujet. Les mêmes moyens conviennent à l'autre ulcère ; on se sert aussi de farine cuite dans de l'hydromel avec moitié de térébenthine, ou de figues sèches bouillies dans de l'hydromel, en y ajoutant un peu d'hysope écrasé, ou bien un quart de staphisaigre. Si ces diverses préparations n'ont pas assez d'efficacité, il faut emporter tout l'ulcère jusqu'aux parties saines, et après l'excision panser la plaie avec des remèdes qui seront d'abord suppuratifs, puis détersifs, et enfin cicatrisants.

14. Il y a des excroissances qui ressemblent à des verrues, et qui diffèrent autant par le nom que par les caractères. Les Grecs appellent ἀκροχοδρὼν[21] des tumeurs sous-cutanées qui sont dures, parfois marquées d'aspérités, et sans changement de couleur à la peau. Minces inférieurement, elles sont plus larges au sommet, et n'ont qu'un volume médiocre, puisqu'elles excèdent rarement la grosseur d'une fève. Il est très rare de n'en voir qu'une à la fois; le plus souvent elles surviennent en assez grand nombre, surtout chez les enfants.

Ces tumeurs dans certains cas disparaissent subitement, et d'autres fois elles excitent une inflammation légère, qui suffit pour en déterminer la suppuration. On donne le nom de qumion à une excroissance qui s'élève sur le corps comme une petite verrue. Celle-ci est mince du côté de la peau, plus large supérieurement, un peu dure et remplie d'aspérités au sommet, dont la couleur, rappelant celle de la fleur de thym, l'a fait nommer thymion.

C'est aussi le sommet qui est sujet à se fendre, à prendre l'aspect sanguinolent, ou même à fournir une certaine quantité de sang. Le thymion est en général un peu moins gros qu'une fève d'Égypte ; rarement il dépasse ce volume, et quelquefois il est beaucoup plus petit. On le rencontre, seul ou multiple, à la paume des mains ou à la plante des pieds. Les plus fâcheux ont pour siège les parties honteuses, et là spécialement se fait remarquer l'écoulement sanguin. Sous le nom de μυρμήκια, les Grecs ont désigné des tumeurs plus petites que le thymion et plus dures, qui ont des racines plus profondes, et causent une douleur plus vive; elles sont larges à la base, étroites au sommet, laissent échapper moins de sang, et n'excèdent presque jamais la grosseur d'un lupin.

El es choisissent également comme lieu d'élection la paume des mains ou la plante des pieds. C'est surtout aux pieds que les cors surviennent, bien qu'ils puissent se manifester ailleurs. La plupart du temps produits par une contusion, ils dépendent parfois d'une autre cause, et, lors même qu'ils ne sont pas douloureux dans certains moments, ils le deviennent en marchant. Parmi ces tumeurs verruqueuses, l'acrochordon et le thymion disparaissent souvent d'eux-mêmes, et d'autant plus facilement qu'ils sont moins développés. Mais les myrmécies et les cors guérissent très difficilement sans traitement. L'acrochordon, une fois coupé, ne laisse aucune racine après lui ; aussi ne peut-il plus se reproduire ; tandis que malgré l'excision on verra reparaître le thymion et les cors, tant qu'on n'aura pas extirpé les racines rondes qu'ils envoient jusque dans les chairs. Les myrmécies ont des racines trop étendues, pour qu'il soit possible de les exciser sans amener une grande ulcération.

Relativement aux cors, le mieux est de les couper superficiellement de temps à autre; on les ramollit ainsi sans violence, et s'il s'écoule un peu de sang, il en résulte souvent qu'ils cessent de se reproduire. On les enlève aussi en les détachant tout autour, puis en appliquant dessus de la résine, à laquelle on ajoute un peu de poudre de pierre meulière. Quant aux autres verrues, on les brûle avec des caustiques.

Quelques uns trouvent un excellent remède dans la lie de vin, mais pour les myrmécies le meilleur moyen consiste dans un mélange d'alun et de sandaraque : toutefois il faut avoir soin de protéger avec des feuilles les parties voisines, afin qu'elles ne soient pas elles-mêmes ulcérées. On se sert ensuite de la lentille comme topique. La figue cuite dans l'eau emporte aussi le thymion.

15. C'est principalement au printemps que les pustules apparaissent, et on les distingue en plusieurs espèces.

Quelquefois en effet toute la surface du corps, et d'autres fois une partie seulement, est couverte d'aspérités semblables aux pustules qui résultent de la piqûre des orties, ou qui surviennent après la sueur. On les nomme en grec exanthèmes, et tantôt elles sont rouges, tantôt elles conservent la couleur de la peau. Il est de ces pustules qui ressemblent à des boutons, d'autres qui sont plus grosses ; on en trouve de livides, de pâles, de noires ou d'une couleur qui n'est pas naturelle, et elles renferment de l'humeur.

Dès qu'elles viennent à se rompre, on dirait que les chairs sous-jacentes sont ulcérées. Elles out reçu des Grecs le nom de phlyctènes, et naissent sous l'influence du Froid, du feu, ou de certains médicaments. Le phlyzacion est une pustule un peu plus dure, blanchâtre pointue, et de laquelle on exprime quelque chose d'humide. On remarque quelquefois, à la suite des pustules, de petits ulcères plus ou moins secs ou humides, dont les uns déterminent seulement du prurit, et dont les autres s'accompagnent en outre de douleur et d'inflammation. Il en sort du pus ou de la sanie, et dans certains cas l'un et l'autre. Ces ulcères sont surtout communs dans l'enfance ; rarement ils attaquent le milieu du corps, mais souvent au contraire les extrémités. La forme pustuleuse la plus grave est celle qu'on appelle épinyctis;[22] elle est en général d'une couleur presque livide, ou noirâtre ou blanche, entourée d'un cercle inflammatoire très marqué ; et, lorsqu'elle est ouverte, on trouve à l'intérieur une ulcération couverte de mucosités dont la couleur est semblable au liquide qu'elle contenait.

La douleur est plus vive que ne parait le comporter le volume de la pustule, qui n'excède pas celui d'une fève; elle envahit également les membres inférieurs, et se déclare presque toujours pendant la nuit; de là même vient le nom que les Grecs lui ont imposé. La promenade, l'exercice, et, en cas d'empêchement, la gestation, tels sont les moyens que l'on doit employer d'abord dans le traitement général des pustules. Il faut en second lieu diminuer la nourriture, et s'abstenir d'aliments acres et atténuants. Le même régime sera prescrit aux nourrices, si l'enfant qu'elles allaitent est atteint d'une affection pustuleuse.

Il faut en outre, quand le sujet est robuste et que les pustules sont peu développées, le faire suer dans le tepidarium, saupoudrer en même temps les pustules avec du nitre, pratiquer des onctions avec l'huile et le vin mélangés, puis enfin le mettre au bain. Si l'on n'obtient rien de ce traitement, ou si les pustules sont plus grosses, on passe aux applications de lentille, et lorsque la première pellicule est enlevée, on arrive aux remèdes adoucissants. Après la lentille, on emploie avec succès, contre l’épinyctis, la renouée ou la coriandre verte. On guérit les ulcères que les pustules ont fait naître, au moyen de la litharge d'argent, à laquelle on ajoute de la semence de fenugrec, de l'huile rosat et du suc de chicorée, jusqu'à ce que le tout ait acquis la consistance du miel. Pour traiter les pustules auxquelles les enfants sont sujets, on prend de pierre pyrite P.*. VIII; plus, quarante amandes amères et trois verres d'huile. Mais avant d'employer ce topique, on aura soin d'oindre les pustules avec la céruse.

16. La gale[23] est caractérisée par une dureté plus grande de la peau, accompagnée de rougeur, et donnant naissance à des pustules dont les unes sont humides et les autres sèches. De quelques-unes il s'écoule de la sanie qui détermine une ulcération habituelle de la peau avec prurit, et le mal chez certaines personnes fait de rapides progrès. Les uns finissent par s'en débarrasser entièrement, et chez d'autres elle revient à des époques fixes de l'année. Plus il y a d'aspérités à la peau, plus la démangeaison est vive et plus l'affection est rebelle. A ce degré la gale est appelée par les Grecs ἀγρία c'est-à-dire féroce.

Ici le régime à suivre est le même que je viens d'indiquer. Un bon remède contre la gale, lorsqu'elle est récente, est la préparation suivante : tutie, safran, verdet, ana, P.*. = ; poivre blanc, verjus, ana, P.*. I. ; calamine, P. *. VIII. Mais quand elle est déjà compliquée d'ulcérations, on doit préférer celui-ci : soufre, P.*. I.; cire, P. *. IV.; poix liquide, une hémine et deux setters d'huile ; faire bouillir le tout ensemble jusqu'à consistance de miel. Il y a encore une autre formule attribuée à Protarchus, et ainsi conçue : farine de lupin un setier, nitre quatre verres, poix liquide une hémine, résine liquide demi-livre, et vinaigre trois verres. On se trouve bien aussi de mêler, à parties égales, du safran, du lycium, du verdet, de la myrrhe et de la cendre, puis de les faire bouillir dans du vin de raisins cuits au soleil. Ce remède sert, dans tous les cas, à corriger le vice des humeurs. Faute de mieux, le marc d'huile bouilli jusqu'à réduction des deux tiers, ou le soufre et la poix liquide mélangés, formules que j'ai recommandées pour les animaux,[24] seront également utiles aux hommes attaqués de la gale.

17. Il y a quatre espèces d'impétigo.[25] La moins fâcheuse est celle qui ressemble à la gale ; elle s'en rapproche par la rougeur, la dureté, l'ulcération et l'érosion de la peau; mais elle eu diffère en ce que l'ulcération est plus considérable, et que les pustules sont semblables à des boutons. De plus, cet impétigo présente de petites bulles qui tombent par désquammation au bout d'un certain temps, et il a aussi des retours plus périodiques que la gale. La seconde espèce est plus grave, elle offre presque l'aspect d'une dartre, mais elle est plus remplie d'aspérités, plus rouge, et elle affecte des formes variables ; il y a en outre exfoliation de l'épiderme, et l'érosion est plus profonde, plus prompte et plus étendue; enfin les époques d'apparition et de disparition sont encore mieux déterminées que dans la première espèce.

On désigne celle-ci sous le nom d'impétigo rouge. La troisième forme de cette affection est plus à craindre que les deux autres. En effet, elle est plus épaisse, plus dure et plus saillante. Elle détermine des fentes à l'épiderme et ronge les chairs plus profondément. Cette forme, qui est squammeuse aussi, mais noire, s'étend rapidement en largeur, se montre et disparaît à des époques plus constantes, et ne guérit jamais entièrement. On l'a surnommée la noire. La quatrième espèce, qui résiste à tous les traitements, se distingue des précédentes par une couleur blanchâtre et analogue à celle d'une cicatrice récente ; les écailles qu'elle présente sont pâles ou blanchâtres, ou semblables à une lentille; quand on les fait tomber, il s'écoule quelquefois du sang, mais ordinairement l'humeur est blanche.

Dans cette espèce, qui s'étend plus que les autres, la peau est dure et crevassée. Ces divers impétigo attaquent particulièrement les pieds et les mains, et n'épargnent pas même les ongles. Le remède de Protarchus contre la gale, que j'ai déjà fait connaître, est encore ici le plus convenable. Sérapion se servait de nitre P. * II, soufre P. * IV, avec une forte partie de résine, comme excipient.

18. On reconnaît deux sortes de dartres. Dans l'une, la peau, semée d'aspérités dues à la présence de très petites pustules, est rouge, légèrement excoriée, et un peu plus lisse au centre. Cette dartre s'accroît lentement ; elle est ronde dès le principe, aussi s'étend-elle circulairement. Les Grecs ont donné le nom d'agria à la seconde espèce, dans laquelle la peau se présente encore, mais à un degré plus prononcé, rugueuse, ulcérée et rouge ; quelquefois même cet état est suivi de la chute des poils. Plus ces affections s'éloignent de la forme ronde, plus elles sont rebelles au traite ment ; et quand on ne réussit pas à les guérir, elles se changent en impétigo. Toutefois, lorsqu'elles sont légères, on en vient à bout, en les frottant chaque jour à jeun avec sa salive. Si elles sont plus larges, on parvient sûrement à les enlever en appliquant dessus de la pariétaire écrasée. Relativement aux médicaments composés, celui de Protarchus, déjà cité, a d'autant plus de vertu contre, les dartres qu'elles ont pris moins de développement. En voici un autre de Myron : Nitre rouge, encens, ana, P.*. I.; cantharides émondées, P. *. II.; soufre non brûlé, même dose; térébenthine liquide, P. *. XX.; farine d'ivraie sext., III. nielle, trois verres; poix crue, un setier.

Bien que les taches n'entraînent par elles-mêmes aucun danger, elles sont d'un aspect repoussant, et l'indice d'une mauvaise constitution. On en distingue trois espèces. On appelle ἄλφος[26] une tache blanche, un peu rude au toucher, mais dont les aspérités, au lieu d'être confluentes, paraissent disséminées comme des gouttelettes. Cette tache est quelquefois assez large, et s'étend, en laissant ça et la quelques intervalles. Le μέλας présente les mêmes caractères que l’alphos, à l'exception de la couleur, qui est noire et semblable à celle de l'ombre. La tache dite λευκὴ rappelle assez bien l’alphos, mais elle est plus blanche et plus profonde; sur ce point, les polis deviennent blancs et lanugineux. Toutes ces taches font des progrès; mais ils sont plus rapides chez les uns, et plus lents chez les autres. L’alphos et le mêlas surviennent et disparaissent à des époques indéterminées; la leucé, au contraire, abandonne très difficilement la place qu'elle a une fois envahie.

Les deux premières espèces sont assez accessibles aux moyens de traitement, tandis que la dernière est pour ainsi dire incurable ; et, lors même qu'on obtient quelque amélioration, la peau ne reprend jamais une coloration naturelle. Il est facile, au reste, de savoir par expérience quelles sont les taches susceptibles ou non d'être guéries. Il suffit d'inciser la peau ou de la piquer avec une aiguille : s'il en sort du sang (ce qui presque toujours arrive dans les deux formes précédentes), il y a lieu de médicamenter; mais s'il s'écoule une humeur blanchâtre, le cas est sans remède, et l'on ne doit par conséquent faire aucune tentative. Sur les taches qui ont quelque chance de guérir, on fait des applications de lentille écrasée dans du vinaigre, et mêlée avec du soufre et de l'encens. On regarde Irénée comme l'auteur de cette formule, faite pour le même objet : Parties égales d'écume de mer, de nitre, de cumin, de feuilles sèches de figuier, broyées et mêlées ensemble dans du vinaigre; ce mélange sert A frotter la tache au soleil, et peu de temps après on a soin de la laver, pour éviter une trop forte érosion. Le remède suivant, composé par Myron, est spécialement employé contre l'alphos: soufre, P. *. =. ; alun de plume, P.*. =. ; nitre, P. *.= =. ; myrte sec, écrasé, un acétabule. On doit mêler le tout ; puis, dans le bain, on répand de la farine de fève sur le mal, après quoi l'on fait usage du topique. Pour guérir les taches mélaniques, on broie et on mêle ensemble de l'écume de mer, de l'encens, de l'orge et des fèves. C'est dans le tépidarium, et avant la sueur, qu'il faut appliquer ce mélange sans huile ; on s'en sert ensuite pour frotter les taches.
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Livre 5 - Traité de la médecine par Celse Empty Re: Livre 5 - Traité de la médecine par Celse

Message par Stephandra Sam 09 Avr 2011, 19:32

[1] Le miel. A l’occasion de cette substance, qui se trouve indiquée dans divers chapitres avec des propriétés toutes différentes, je dois faire remarquer que même confusion s’étend à beaucoup d’autres médicaments auxquels sont souvent attribuées des vertus contraires, et dont le nom est tout au moins inutilement répété dans le même chapitre. Je n’ai pas craint de purger le texte de ces répétitions, qui accusent toujours un certain désordre, et laissent même soupçonner des erreurs plus graves.

[2] La pierre étoilée. Au lieu de vel asterace, la deuxième éd. Targa porte mel asteriace, ce qui est déjà fort différent; mais il y a bien d’autres variantes à ce sujet, et l’obscurité n’en est, pour ainsi dire, que plus grande.— Peut-être s’agit-il ici d’une espèce d’ocre, c’est-à-dire d’une argile colorée par un oxyde ou un sel de fer; il vaut mieux toutefois s’abstenir, dans le doute, et dire avec Targa : « Qui monstrabit, quid sit asterace, vel asterica, vel asteriaca, vel asteriace, erit mihi magnus Apollo. Targa, 2e éd., p. 228. Ajoutons pourtant que, selon Constantin, cela a dû vouloir désigner la terre de Samos, connue sous le nom d’ἀστήρ (étoile), pour la distinguer sans doute de l’ocre attique. Cette opinion est vivement soutenue par le docteur Edouard Milligan, qui a donné, dans ces derniers temps, une édition de Celse, qui n’est peut-être pas assez connue en France. Voy. ed. secundo, Edimbourg, p. 201; 1831.

[3] Quand le sang s’est extravasé. Ce passage est altéré, et les mots si satis sanguis subit, font au moins double emploi. Car il ne s’agit pas ici d’hémorragie; et si l’on doit entendre par là des meurtrissures on des ecchymoses, il y a répétition, puisque Celse, un peu plus bas, sect. 24, dit la même chose en d’autres termes : Si facie confusa livor suberuentus est. Ajoutez à cela que les topiques résolutifs indiqués à la sect. 22 sont exactement reproduits à la sect. 24. Voy. Targa, éd., p. 238, note 49.

[4] On remplit les mêmes indications. Il y a dans le texte ad eosdem digitos; mais
ce dernier mot n’est nullement justifié; car on ne traite en cet endroit que des topiques appelés à guérir les affections des tendons et des articulations. Il suffirait donc de lire ad eosdem, et de sous-entendre articulos.

[5] De chaque environ trois verres. Ce n’est cependant point la dose, mais la composition du remède qui fait l’objet de cette note. Non seulement Targa reconnaît pas dans ces mots [et id quod specialiter sic vocatur] une locution familière à Celse, mais il les signale comme conduisant à une interprétation erronée. En effet, il résulterait de là qu’on doit faire entrer, dans la préparation du vin proprement dit, plus de vin de myrte ; tandis que le vrai sens est celui-ci : verser tour à tour du vin et de l’huile de myrte adjiciturque in vicem vinum et myrteum. Targa, p. 261, note 12, 1re éd.

[6] La boucle nommée par les Grecs ἀγτὴρ. « Cette boucle, dit naïvement Daniel le Clerc, que je cite ici textuellement, a fait beaucoup de peine aux savants modernes, et a donné lieu à diverses disputes. Comme l’usage des boucles de métal, de toutes sortes de figures, a été anciennement fort commun, qu’il y a un grand nombre d’auteurs qui en parlent, et qu’on en trouve encore aujourd’hui plusieurs dans les cabinets des curieux, qui sont fort anciennes, cela a fait que plusieurs médecins et chirurgiens, d’ailleurs très habiles dans leur art et très versés dans la lecture des anciens, ont cru que la boucle de Celse était aussi de métal. Ils se sont imaginé qu’elle se faisait avec du fer qu’on rendait pointu, et courbé des deux bouts, pour le pouvoir licher de côté et d’autre dans les bords de la plaie, afin de les rapprocher. Mais ils se sont trompés en confondant la boucle qui servait anciennement pour les habits, avec la boucle des chirurgiens. Il n’y a pas, ce me semble, à hésiter sur le sentiment de Rhodius, qui croit que la simple suture et la boucle chirurgicale étaient la même chose quant à leur matière. Celte boucle, ce que dit cet auteur, n’était point de métal, mais de fil de lin; et elle ne différait point de la suture que les chirurgiens français appellent entrecoupée. Cette suture se fait en passant une aiguille, enfilée d’un double fil, par les deux bords de la plaie, commençant par le milieu; et avoir fait un nœud, coupant le fil un peu au dessus, et continuant ensuite de faire des points d’aiguille et des nœuds de distance en distance, plus près ou plus loin, selon qu’il est nécessaire. Ce que l’on vient de dire explique en même temps ce que Celse a entendu par le mot acia, qu’il emploie pour marquer la matière dont la boucle devait être faite, qui n’était autre chose que du fil de lin ou de chanvre. Les Italiens disent encore aujourd’hui una matassa d’accia, pour dire un écheveau de fil. Comme ce mot latin ne se trouve que dans deux autres auteurs qui ne l’expliquent pas, non plus que Celse, c’est ce qui a donné tant de peine à le deviner. La supposition que quelques-uns ont faite que ce devait être une espèce de fil de fer, a fait regarder la chirurgie ancienne, qui était d’ailleurs assez cruelle, comme l’étant beaucoup plus, pour la grande douleur que l’on concevait, avec raison, que ce fil de fer devait causer aux blessés, en demeurant planté dans leurs plaies. » Voyez Daniel le Clerc, Hist. de la médecine; Amsterdam, 1723, p. 541.

[7] Les gens connus sous le nom de Psylles. Pline nous fait à ce sujet l’un de ces contes absurdes dont Il est si prodigue; et la merveilleuse crédulité min naturaliste contraste ici avec la saine appréciation et le bon sens du médecin. Selon Pline, les Psylles, ainsi nommés de leur roi Psyllus, habitaient l’Afrique. La nature avait armé leurs corps d’un virus mortel pour les serpents; l’odeur seule était pour ceux-ci un narcotique puissant. Ils avaient coutume d’exposer les enfants nouveaux nés aux serpents les plus cruels, pour éprouver la fidélité des femmes, persuadés que ces reptiles ne fuyaient pas ceux qui provenaient d’un adultère. En Italie, les Marses, ajoute-t-il gravement, ont reçu de la nature le même privilège, et le doivent, dit-on, ainsi que leur origine, au fils de Circé. — Zoologie de Pline, traduct. Ajasson de Grandsagne, liv. VII, p. 13. Les Ophiogènes, les Psylles et autres jongleurs de cette espèce, dit George Cuvier, existent encore dans tous les pays où il y a des serpents venimeux. Quelques-uns de ces hommes rendent de vrais services en suçant les plaies faites par ces reptiles; d’autres promettent plus qu’ils ne peuvent tenir; tous, pour en faire accroire au peuple, ont coutume de porter avec eux des serpents auxquels ils ont arraché les dents, et disent que c’est par un pouvoir occulte qu’ils n’ont rien à craindre. En Égypte surtout ils ont conservé toutes les pratiques une mentionnées par les anciens, par exemple celle de cracher dans la bouche des serpents; ils savent particulièrement rendre le serpent immobile, en comprimant sa nuque. Ils lui dominent ainsi une sorte de paralysie; ils le changent en bâton; lui rendent ensuite ses mouvements, ils changent le bâton en serpent, comme cela est dit dans la Genèse des magiciens de Pharaon. (G. Cuvier, Notes sur la Zoologie de Pline, liv. VII, p. 166).

[8] Mordu par un céraste, un dipsas, un hœmorroeïs. 1° Le céraste ou vipère cornue (coluber cerastes L.), dont les anciens ont souvent parlé, se reconnait à la petite corne placée sur chaque sourcil. On la trouve dans les sables brûlants de l’Égypte et de la Syrie. 2° Le dipsas (coluber dipsas L.), sorte de vipère dont la morsure passait pour causer une soif mortelle, δίψα, soif. Le dipsas est rangé parmi les serpents venimeux, sans crochets mobiles, et se distingue à peine des couleuvres. Comme les serpents non venimeux, les dipsas et les cerbères qui se trouvent en Amérique et en Afrique ont la bouche garnie en dessus de quatre rangées de dents, sans qu’on leur voie, à la place qu’occupent d’ordinaire les crochets, rien de nature à indiquer l’existence d’un appareil venimeux. Chez eux, en effet, le canal excréteur de la glande du venin vient aboutir à une des dernières dents maxillaires, un peu plus grosse que les autres et creusée d’un simple sillon. (Milne Edwards, p. 673.) 3° L’hœmorrhoïs (coluber Redi?). C’est peut-être encore une espèce de vipère. Les anciens, dit M. Rayer (t. II, p. 529), parlent d’hémorragies universelles non seulement par toutes les grandes ouvertures du corps, mais encore par tous les pores de la peau, et qu’ils attribuaient à la morsure du serpent hœmorrhoïs. Lucain fait même une peinture effrayante de ces accidents (Pharsal., lib. IX, v. 810); mais plusieurs naturalistes doutent de l’existence de l’hœmorrhoïs.

[9] Contre la morsure du chersydre. Dans la deuxième édition, Targa remplace, on ne sait trop pourquoi, chersydri par chelydri, et cite à l’appui Lucain (lib. IX, Phars.), qui distingue, en effet, l’un de l’autre ; mais de quel animal entend-il parler? est-ce le coluber lutrix, vel chersea L.? et, par conséquent, un reptile très voisin des premiers? Pline parle du chersydre comme d’un serpent amphibie. Quant à l’aspic dont il est question même page (sect. 4), son venin est très actif; et Galien rapporte qu’à Alexandrie on se servait de la morsure de ce serpent pour abréger le supplice des criminels condamnés à mort. C’est incontestablement l’aspic de Cléopâtre. Les anciens Égyptiens l’avaient pris pour l’emblème de la divinité protectrice du monde, et l’ont sculpté sur leurs monuments, des deux côtés d’un globe. L’habitude qu’il a de se redresser quand on en approche, leur avait fait croire qu’il gardait les champs où il se trouvait. (Milne Edwards, p. 674.)

[10] Si la piqûre a été faite par un phalangien. On nomme phalangium, dit Pline (lib. XI, p. 59) une araignée venimeuse, dont le corps est bigarré, court, effilé, et qui marche en sautant. Dalecharnps avait cru reconnaître dans le phalangium la lycore ou araignée-loup, si célèbre sous le nom de tarentule par les fables dont on a chargé son histoire; mais des commentateurs plus récents ont prouvé, par le témoignage même de Pline, que cela ne pouvait être, puisqu’il dit que le phalangium est inconnu à l’Italie. Qui ne sait, au contraire, que l’araignée nommée tarentule n’a reçu ce nom que parce qu’elle est commune aux environs de Tarente? (Voy. Dict. des. Sc. méd., t. LIV.)

[11] P. 156. Le mauvais état du foie et de la rate. [et in jecore autem, hoc nascitur.] Targa suspecte à bon droit ce membre de phrase, par la raison que Celse, qui traite ex professo des maladies du foie et de la rate (lib. II, cap. VIII et IX), ne dit nullement que l’affection cancéreuse, assurément la plus grave de toutes, prenne naissance dans ces viscères. Quelque commentateur a cru, selon lui, pouvoir ajouter ces mots au texte, sur l’autorité de Galien, qui pensait que le cancer provenait de l’atrabile, et par conséquent du foie et de la rate. C’est aussi dans ce sens que j’ai traduit, et comme s’il y avait ex jecore, aut splene, leçon adoptée par Van der Linden. Il faut pourtant noter avec Targa que le mot splen ne se trouve pas dans Celse, mais bien celui de lien, qu’il emploie constamment. (Voy. Targa, 2e éd., p. 174).

[12] Et prend l’aspect du thymion. C’est-à-dire, l’aspect d’une espèce de verrue végétante appelée thymion, dont il sera question à la sect. 14 de ce même chapitre.

[13] Que les Grecs appellent θηρίωμα. Hippocrate fait mention d’herpès rongeants (ἕρπητες ἐσθιόμενοι) et d’ulcères rongeants (θηρία). Celse les a rapprochés et réunis dans sa description du thérioma, où l’on trouve indiqués les principaux caractères du lupus. Voy. Rayer, Malad. de la peau, 2e éd., p. 214.

[14] Le feu sacré. Celse en décrit deux espèces, et l’herpès zoster ou zona est évidemment indiqué dans la première. D’après Batemann, l’ignis sacer de la seconde espèce pourrait se rapporter à l’herpès circinnatus ; mais, comme le fait observer M. Rayer, le passage de Celse n’est pas susceptible d’une interprétation rigoureuse, et peut-être y retrouverait-on plutôt une variété de psoriasis palmaire (dartre squammeuse centrifuge, Alibert). On traduit encore tous les jours ignis sacer par érysipèle; et il faut dire que, par le même défaut de précision, le zona lui-même a été regardé et décrit comme une espèce d’érysipèle.

[15] L’emplâtre d’Hiéra. Il n’y a pas d’emplâtre de ce nom parmi ceux que Celse a décrits, ch. XX de ce livre. On trouve seulement (chap. XX, même livre), la composition d’Héra, qui n’est qu’une préparation sèche et sans excipient. Aussi, d’après Constantin, il faudrait lire emplastrum Hecatœi. Voy. ch. XIX, sect. 16.

[16] Les remèdes indiqués plus haut, C’est-à-dire, ceux qui sont indiqués sect. 16 et 19, chap. XVIII de ce livre, contre toute espèce de grosseur ou de tubercules.

[17] On donne le nom de phyma. Chez les Grecs, φύμα est pour ainsi dire le nom
général des tumeurs. Dans Celse, il sert à caractériser une tumeur qui diffère du furoncle et du panis. Selon M. Rayer, la description du φύμα se rapporte beaucoup mieux à l’anthrax furonculeux que celle qu’il donne du charbon. (Voy. chap. XXVIII.) Il pense même que c’est la pustule maligne qui se trouve décrite sous le nom de charbon; et cette opinion est également consignée dans le Nouveau Dict. de médecine.
Dépourvus de notions précises sur la contagion des maladies, dit M. Rochoux (art Pust. maligne), les anciens ont dû nécessairement confondre le charbon inoculé, ou la pustule maligne, avec le charbon spontané ou symptomatique : c’est du moins ce qui est arrivé à Celse. La courte description qu’il donne du charbon, le traitement qu’il conseille, conviennent bien plus à la pustule maligne qu’au charbon lui-même.
Relativement au charbon, je ne nierai point la confusion dont on parle. Mais quant au juma, pour y retrouver l’anthrax furonculeux, il faut, ce me semble, en appeler à son imagination; car les traits les plus essentiels manquent au rapprochement. Celse dit que le phyma est plus gros que le furoncle, mais qu’il offre moins de douleur et d’inflammation; ce qui n’est certes pas vrai de l’anthrax: on n’y trouve pas non plus de bourbillon comme dans le furoncle, et ce mal, ajoute-t-il, est plus fréquent dans l’enfance, et plus facile à guérir; plus rare chez les jeunes gens, Il est aussi plus opiniâtre; à un âge plus avancé, on ne l’observe jamais.
Si nous ouvrons maintenant le Dictionnaire de médecine à l’article Anthrax furonculeux, nous y voyons précisément le contraire, c’est-à-dire que les enfants et les femmes jeunes sont plus rarement affectés de cette maladie que les adultes et les vieillards. (Noue. Dict. de médec., t. III.) En tenant compte de tous ces caractères négatifs, Il me paraîtrait, je l’avoue, plus naturel d’essayer un rapprochement entre le phyma et les abcès froids, si communs dans l’enfance.

[18] La tumeur appelée φύγεθλὸν, en latin panus ou plutôt panis. Voici ce qu’en dit le Lexicon de Blancard: « Est species bubonis, sub axillis, fancibus, auribus et inguinibus, in partibus scilicet glandulosis. Sumitur etiam pro phygethlo, et est furunculus erysipelaceus, diffusus, cutaneas glandulas obsidens, difficile suppurans, calore deurente et mordaci stipatus. »

[19] Et l’on y mêle avec succès. Pour remplir la lacune qui existe à cet endroit, Van der Linden introduit dans le texte cette note marginale, qu’on trouve dans l’édition de Constantin : Ex aqua cocta, cui et olerum aliquid recte miscetur. Mais pourquoi, dit Targa, ne pas indiquer plutôt le suif, la graisse ou la résine, qui tous excitent la suppuration, comme on le voit chap. III de ce livre V.

[20] Il est un autre ulcère appelé κηρίον en grec, et en latin favus. Ces deux mots exprimaient également la cellule, le rayon, le gâteau où les abeilles déposent leur miel, et, d’après une certaine analogie de forme qui nous frappe encore aujourd’hui, ils servirent à désigner les pustules qui caractérisent l’une des deux formes du porrigo.

[21] Les Grecs appellent ἀκροχορδών. Les descriptions des verrues laissées par les anciens ne sont pas exemptes d’obscurité. L’acrochordon paraît correspondre aux verrues pédiculées, les myrmecia aux verrues sessiles vulgaires, et les thymi aux verrues végétantes. Rayer, t. III, p. 638.

[22] Epinyctis. Il vaux mieux, je crois, ranger simplement cette éruption au nombre des maladies disparues, ainsi que l’a fait M. Rayer (t. III, p. 911), que de tenter une assimilation impossible entre la forme pustuleuse, que Celse a soin de signaler comme la plus grave, et l’urticaire, qu’il a d’abord distinguée lui-même, puisqu’il dit un peu plus haut que quelquefois toute la surface du corps, et d’autres fois une partie seulement, est couverte d’élevures analogues à celles qui résultent de la piqûre des orties; et il ajoute: On les nomme en grec exanthèmes, et tantôt elles sont rouges, tantôt elles conservent la couleur de la peau.

[23] La gale. M. Rayer, qui a fait avec beaucoup de soin l’histoire des travaux dont chaque maladie cutanée avait été l’objet, n’admet pas que le mot yora, synonyme du mot scabies des Latins, puisse être en même temps synonyme du mot gale, attendu qu’il désigne diverses affections squameuses de la peau, et non pas celle qui nous occupe : il nie donc que les Grecs aient parlé de cette dernière; et quant au passage de Celse, il le rapporte au lichen confluent et excorié, notamment parce qu’il n’y est pas parlé de contagion. Enfin, M. Rayer assigne à la gale le quatorzième siècle pour première date de son apparition dans la pathologie; et c’est dans Guy de Chauliac qu’il la voit signalée pour la première fois d’une manière non équivoque; car cet auteur décrit la scabie, et dit la scabie contagieuse. M. Dezelmeris, dont nous venons de citer les paroles, affirme, au contraire, et prouve, selon nous, d’une manière évidente, que l’histoire de la gale remonte bien au delà de Guy de Chauliac; que cette affection fut connue des Arabes, qu’elle fut connue des Romains, qu’elle fut connus des Grecs, et que non seulement elle ne leur échappa point, mais même qu’ils n’ignorèrent ni son caractère contagieux, ni l’efficacité particulière du soufre dans son traitement. (Nouv. Dict. de méd., GALE, Histoire et Bibliographie.)

[24] Que j’ai recommandées pour les animaux. C’est-à-dire, dans le Traité de l’Agriculture, qui n’est pas venu jusqu’à nous. Il n’est pas sans intérêt toutefois d’avoir sur l’existence de cet ouvrage le témoignage personnel de l’auteur. Ce passage nous donne aussi la preuve que les anciens n’ignoraient pas que la scabies existe chez les animaux aussi bien que chez l’homme, et s’y guérit par le même remède. C’est encore un argument en faveur de l’ancienneté de la gale; et M. Dezeimeris n’a pas oublié de s’en servir.

[25] Quatre espèces d’impétigo. Chez les Latins le mot impétigo servait à désigner presque toutes les maladies de la peau, l’eczéma comme le psoriasis. (Compend. de méd. prat., t. V, p. 160.) D’après M. Rayer, il est, en effet, très difficile d’assigner des noms à ces diverses espèces. Celse a compris sous le nom d’impétigo, non seulement l’éruption pustuleuse que nous appelons ainsi, mais encore deux affections squameuses (lèpre, psoriasis, 2e espèce). Videtur impetiginem vocare Celsua, quam Graeci λίπραν appellant. (Targa, lib. V, 28, 17, note 4.)

[26] Ἀλφός. La tache blanche, décrite sous ce nom, a été rapportée par M. Rayer au psoriasis guttata. Je joins à cette note quelques mots sur les papules ou dartres dont il est question, même page, sect. 18. En étudiant avec soin ce passage, on peut y retrouver les caractères de divers lichens, entre autres du lichen circonscrit (In orbem procedit) et du lichen agrius, caetera est quam ἀγρίαν, id est feram, Graeci appellant.
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