Evolution du bouclier médiéval
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Evolution du bouclier médiéval
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Voici un aperçu de l'évolution des boucliers au Moyen Age :
Avant le XIIe siècle :
Le bouclier (latin : clypeus, parma, scutum) de forme ronde ou elliptique, est constitué de lattes de bois recouvertes de cuir ; diamètre : 80 à 90 cm ; épaisseur : de 0,8 à 1,2 cm. Au centre l'umbo (diamètre moyen de 15 à 17 cm ; hauteur moyenne : de 6 à 10 cm). La forme de l'umbo a varié : concave vers 500, convexe plus tard, en pain de sucre vers 700.
Dès le XIIe siècle :
Le bouclier demeure indispensable pour le combattant. Ce n'est qu'à partir du XVe siècle, grâce au perfectionnement de l'armure, que les cavaliers pourront s'en passer tandis que beaucoup de fantassins en resteront encore tributaires jusqu'au début du XVIe siècle. C'est pourquoi il convient de l'étudier avant le casque et le harnais.
Le bouclier normand (XIIe siècle)
En forme d'amande -donc arrondi au-dessus et pointu vers le bas - légèrement concave à l'intérieur, il s'orne d'un umbo conique ou hémisphérique au centre, parfois aussi d'un motif de cloutage ; il est bordé d'une bande que l'on suppose métallique, l'orle. Suspendu au cou par une large courroie, la guige, on la manie en introduisant l'avant-bras gauche dans une énarme en forme d'anse, fixé au revers, et en agrippant de la main une seconde, disposée perpendiculairement à la première. Il arrive aussi que les énarmes soient parallèles. La taille de ce bouclier est relativement modeste : assez étroit, il ne dépasse guère 1 mètre de haut.
L'écu (du XIIe siècle)
Les armuriers créent dès 1150 environ un modèle de bouclier semblable au type normand par sa matière, son mode d'attache et de préhension, mais il s'en distingue par l'allure générale : le dessus est droit ou presque et la concavité intérieure considérable "emboîte" l'homme d'armes. Le nouvel écu est plus large mais moins haut que le modèle ancien. Il présente sur lui deux avantages : le tracé rectiligne de la partie supérieure dégage la vue du combattant et celui-ci est mieux protégé par les dimensions étendues du bouclier dont la courbure contribue à défléchir les coups.
Le bouclier rond :
Ce genre est moins courant. Cerclé d'un orle, garni d'un umbo et même renforcé de rais concentriques, il se bombe vers l'extérieur. Muni de la guige, il comporte sans doute également des énarmes. Somme toute, il ressemble au bouclier que la Broderie de Bayeux (et non tapisserie !) attribue à certains Saxons. Toutefois, sa dimension est plus modeste puisque le diamètre ne dépasse guère une cinquantaine de centimètres.
Le bouclier du XIIe siècle, par ses proportions considérables et son encombrement corrélatif, concrétise à merveille les craintes du guerrier qu'une armure imparfaite ne parvenait point encore à mettre à l'abri. Composé de matériaux communs, sa fabrication exigeait déjà néanmoins une main d'oeuvre qualifiée.
Au XIIIe siècle, on rencontre deux sortes de boucliers :
L'écu (du XIIIe siècle) appartient aux cavaliers. il dérive du modèle du milieu du XIIe siècle [voir post précédent]. De forme isocèle ou équilatérale, il conserve le dessus rectiligne et les côtés convexes, ainsi que le même mode d'attache. Mais il a remplacé orle [bordure en métal] et umbo [hémisphère métallique central destiné à dévier les coups] par un motif héraldique stuqué (platré) sur le poli de sa face externe. De plus, il tend à acquérir un format modeste susceptible de couvrir uniquement le tronc du combattant. Le rôle de l'écu est désormais fixé pour deux siècles : seconder l'armure là où des coups trop violents pourraient la rendre insuffisante.
Le second type de bouclier est la rondelle de poing ou broquel. Arme de fantassin, il se compose d'un disque de bois évidé, de 30 à 50 cm de diamètre muni d'un large umbo central. Sans guige [courroie servant à l'attaché au cou] ni énarmes [lannières servant à la tenir en mains], il ne comporte qu'un unique manipule transversal, rigide. L'exiguité du broquel demande, à toutes fins utiles, un correctif : un maniement offensif et prompt, destiné à prévenir les horions de l'ennemi en allant à leur rencontre. C'est pourquoi son usage est lié, à l'origine aux premières formes d'escrime.
Au XIVe siècle :
Aux deux types du siècle précédent, qui subsistent, s'ajoutent un troisème :
L'écu chevaleresque ne varie guère. L'adorgne, en forme de coeur, en constitue une variante plus rare.
Le broquel [se maintient], sans umbo central cette fois.
Quant à la troisième espèce de bouclier (clipeus ; escus, targe), apparue vers le milieu du siècle, peut-être apparentée à la targe : attribué au fantassin, elle affecte la forme d'un petit écu au revers très concave, tantôt cambré vers l'intérieur avec un umbo conique fortement proéminent au dos duquel se fixe la main, tantôt cambré vers l'extérieur et muni d'un umbo hémisphérique, [avec parfois] un orle doublé d'un cloutage parallèle.
L'évolution du bouclier entre 1100 et 1400 comprend donc deux étapes : la première, qui occupe le XIIe siècle, représente le stade où l'insuffisance défensive de l'armure explique le besoin d'une protection pour tout le corps ; la seconde, qui couvre deux siècle, marque le rétrécissement concomitant de l'écu ainsi que l'apparition de formes nouvelles. Mais à aucun moment, le bouclier n'est encore considéré comme superflu.
On voit là que armures et boucliers sont complémentaires, le perfectionnement de l'une marquant le déclin de l'autre.
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Sources :
• Les images viennent du site : http://www.medievart.com/
• CONTAMINE Philippe, La Guerre au Moyen Age, PUF, Paris, 5e éd. 1999, p. 313.
• GAIER Claude, "L'évolution et l'usage de l'armement défensif personnel au pays de Liège du XIIe au XIVe siècle", Armes et combats dans l'univers médiéval, De Boeck Université, Bruxelles, 1995, p. 129-133.[/quote]
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