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Traité de la Messe et de l'Office Divin par Grandcolas Jacques

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Traité de la Messe et de l'Office Divin par Grandcolas Jacques Empty Traité de la Messe et de l'Office Divin par Grandcolas Jacques

Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 09:37

Par Grancolas Jacques




TRAITE DE LA MESSE ET DE L’OFFICE DIVIN

Où l’on trouve une explication littérale des anciennes Pratiques et des Cérémonie de l’Eglise appuyée sur l’autorité des Pères et des Conciles.


Avec des remarques sur les Usages qui s’observent dans toutes les fêtes de l’année suivant

l’Ordre du Breviaire

[center]Dédié à son Altesse Eminentissime Monseigneur
LE CARNINAL DE ROHAN
Evêque et Prince de Strasbourg




A son Altesse
Eminentissime
Monseigneur le Cardinal de Rohan
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 09:42

Monseigneur,

Permettez moi d’interrompre pour un moment le cours des applaudissements que les Princes, les Grands et les Peuples donnent à votre souverain mérite et au rang sublime que vous tenez dans l’Eglise ; pour vous présenter le fruit de mes études dans un ouvrage qui contient ce qu’il y a de plus grand et de plus considérable dans notre divine Religion :
C’est la recherche et l’exposition des prières et des pratiques que l’Eglise observe dans l’auguste Sacrifice de nos autels et dans la célébration de l’Office divin.

Tout respectable que soit par lui-même le sujet que je traite, tout autorisez que soient les faits que j’avance, je suis persuadé que si vous agréez mon Ouvrage,il recevra un nouvel éclat, et que votre protection le rendra plus recommandable.

En effet, Monseigneur, tous les Titres de grandeur et d’élévation se trouvent réunis en Vous.
On y respecte une naissance dans une Maison très illustre par elle-même et par ses Alliances avec un grand nombre de Souverains d’Europe ; on vous y voit remplir un Siège qui n’est destiné qu’à des Princes. La Pourpre Romaine qui relève ordinairement le mérite de ceux qui en sont revêtus, prend sur Vous un nouveau lustre et par le choix et par la nomination du plus religieux et du plus équitable des Rois de la Terre, qui s’applique à vous donner des marques de son estime particulière et à relever votre mérite, et par l’applaudissement du Souverain Pontife, et de tout le Public, qui ne voit rien de plus grand ni de plus illustre dans tout ce qui approche le plus près du Saint Siège.

Mais toutes éclatantes que soient ces dignités, Monseigneur, ce dont vous devez davantage remercier le Seigneur, et sur quoi l’Eglise compte le plus, ce sont ces talents singuliers que le ciel vous a donné ; cet air de grandeur et d’humanité qui vous fait respecter d’un chacun ; ces manières, nobles, généreuses, affables qui vous attirent l’amour et l’admiration des peuples ; cette prodigieuse étendue de lumières qui marquent que le Ciel ne vous a rien refusé pour les augustes fonctions de l’Eglise, non plus que pour les plus importants emplois de l’Etat.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 09:44

C’est à la faveur de ces avantages, Monseigneur, qu’on peut espérer que protégeant l’Ouvrage que j’ai l’honneur de vous présenter, et encore plus les choses saintes qu’il contient, on verra relever les Autels que la fureur de l’hérésie a abattus ; qu’on viendra de nouveau chanter les cantiques de Sion* dans tant d’endroits de votre Diocèse, où l’ignorance et l’irréligion*(1) des peuples en ont interrompu l’exercice ; et qu’après avoir glorifier Dieu et Jésus Christ son fils sur la Terre, vous le glorifié dans le ciel. Ce sont les vœux de celui qui est avec un très profond respect, Monseigneur , de votre Altesse Eminentissime, le très humble et très obéissant serviteur J.G.


Avertissement


On n’entreprend pas de recommander l’Ouvrage que l’on donne au Public. Il suffit de dire qu’il traite ce qu’il a de plus grand et de plus auguste dans notre divine Religion, qu’il explore ce qu’il y a de plus considérable dans l’Antiquité sur les pratiques et les prières de l’Eglise, et qu’il est difficile de trouver des recherches ecclésiastiques en un seul volume.

La vue qu’on s’est proposé est de contribuer à l’instruction d’une infinité de personnes, qui étant obligées à l’Office Divin, ne peuvent aisément faire une étude sérieuse et solide de toutes ces Saintes Pratiques, fautes d’ouvrages qui leur donnent une juste idée ; la plupart de ceux qui en ont traité ayant chargé et embarrassé ce qu’ils en ont dit de bon, par un mélange de chose superflues ou inutiles, ou au moins étrangères à ce sujet, les autres les ayant défigurées par des explications forcées, allégoriques qui les rendent insupportables et souvent les exposent au mépris et à la risée des ennemis de l’Eglise.
On prendra plus de goût à dire l’Office quand on saura les vraies raisons que l’Eglise a eut en instituant les prières, les fêtes, les solennités. On ne sera plus excusable d’ignorer ces choses quand on pourra en être instruit si facilement à la faveur d’un Ouvrage dont la brièveté et la manière concise et précise n’en est pas le moindre prix, c’est le fruit de longues études.

On pourra aisément avec ce Traité ordonner dans les Diocèses et dans les Séminaires, des conférences entre les curés et entre les ecclésiastiques sur cette manière négligée jusqu’à présent.
Quant à la méthode qu’on a suivi, on s’est attaché à garder l’ordre du bréviaire(2),et après avoir parlé de la psalmodie et des Heures Canoniales en général, on passe au Propre du Temps, où l’on explore ce qui a rapport à toutes les Fêtes et aux solennités de l’année et on finit par le Propre des Saints.

Ce traité de l’Office Divin est précédé d’une exposition courte et abrégée de la Sainte Messe, afin que, l’on trouve rassemblé dans un seul volume ce qui regarde le ministère ecclésiastique.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 09:45

(1)L'irréligion ou l'irreligionisme est une appellation qui englobe plusieurs dénominations dont l'athéisme, l'agnosticisme, le déisme, le scepticisme, la libre-pensée, le laïcisme ou l'hérésie.

(2)Le bréviaire est un livre liturgique catholique contenant l'ensemble des textes nécessaires pour prier la liturgie des Heures, appelée aussi l'office divin.
De Breviarium (du latin brevis, court), ce livre, à l'usage des clercs, religieux et religieux catholiques, est actuellement divisé en 4 parties correspondant aux saisons de l'année. Son nom vient du fait qu'il est une synthèse des livres qui servent au chœur pour l'office divin. Il est composé de psaumes, antiennes, répons, hymnes, versets, oraisons, etc., ainsi que de rubriques qui règlent les rites à suivre et marquent la différence des fêtes.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 09:52

TRAITE DE LA MESSE ET DE L’OFFICE DIVIN
Première partie
De la Messe



Qu’est ce que la Messe ?
C’est le sacrifice public des Chrétiens, c'est-à-dire, l’acte principal de Religion, par lequel on rend à Dieu le culte suprême, et l’hommage souverain qui lui est dû, en lui offrant le corps et le sang de Jésus Christ sous les espèces du pain et du vin en mémoire perpétuelle de la mort et passion du même Jésus Christ qui l’a ainsi ordonné.

Que signifie le mot Messe ?
Ce mot Messe signifie renvoi, parce qu’autrefois au commencement du Sacrifice, on renvoyait, c'est-à-dire on faisait sortir de l’Eglise ceux qui n’avaient pas encore été baptisés, qu’on nommait Catéchumènes et ceux qui étaient en pénitence et qu’à la fin on renvoi encore tout le peuple en disant « Ite missa est », on vous renvoie, avertissant ainsi les fidèles de ne point sortir de l’Eglise que lorsque tout le sacrifice est achevé et que l’Eglise elle-même, qui nous y a invité, nous renvoi dans nos maisons, pour y vivre de l’Esprit du Sacrifice au milieu de nos occupations autant qu’il est en nous.

Y a-t-il longtemps qu’on a donné le nom de Messe au Sacrifice ?
Oui, on le trouve dans Saint Ambroise(1), dans la lettre à sa sœur Marcelline, dans la lettre de Saint Léon à Dioscore, dans Saint Céfaire d’Arles et en une infinité d’autres auteurs.

Comment divine t on la sainte Messe ?
En trois parties : la première est depuis le commencement jusqu'à l’offertoire ; la seconde depuis l’offertoire jusqu’après la Communion, la troisième est depuis la Communion jusqu’à la fin.
Dans la première partie l’Eglise se prépare au Sacrifice par la prière, par de saints cantiques et par des lectures tirées de l’Ecriture Sainte.
Dans la seconde partie où commence l’oblation(2) et la célébration du Saint Sacrifice.
Et la troisième consiste dans l’action de grâce que l’on fait à Dieu après la Communion.



(1)Ambroise de Milan ou Aurelius Ambrosius ou Saint Ambroise, né à Trèves vers 340 et mort en 397), évêque de Milan de 374 à 397, est l'un des Pères de l'Église latine.
(2)Oblation : Liturgie, offrande, action par laquelle on offre quelque chose à Dieu
(3)Introît : Liturgie , prières que le prêtre dit à la messe quand il est monté à l’autel et qui sont chantées par le chœur au commencement des grandes messe.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 09:57

A t’on toujours commencé la messe par dire « In nomine Patris » et en faisant le signe de croix ?
Non : encore aujourd’hui le chœur commence à chanter la messe par l’antienne de l’Introît(3), on commençait par les lectures de l’écriture, comme on fait encore le Vendredi Saint : mais depuis que le prêtre dit à l’autel à voix basse les prières n’étaient autrefois que préparatoires au Sacrifice, il commence par faire signe de la croix qu’on a de tout temps attaché à ces paroles « In nomine Patris »et on le dit pour témoigner que c’est pour glorifier la Sainte Trinité qu’on va célébrer le Sacrifice, ainsi que les Chrétiens ont de tout temps fait le signe de la croix et dit cette invocation quand ils commençaient quelque action considérable.
Toutes les fois que nous entreprenons quelque chose, nous faisons le signe de la croix sur notre front, dit Tertullien(1)

On a donc jugé à propos de commencer l’action la plus saine de la Religion par le signe de la Croix, l’accompagnant de l’invocation des trois personnes de la Sainte Trinité(2), pour implorer le secours divin, offrir en même temps le sacrifice au nom des trois.
En quelques églises au lieu de ces paroles seules « In Nomine et Filii et Spiritus Sancti », on disait en faisant des signes de croix « In Nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti sit figmatum et consécratum
Et Benedictum hoc Sacrifisium »

Y a-t-il longtemps que le prêtre dit au bas de l’autel l’ancienne Introît et le psaume Judica ?

Non : dans quelques missels(3), comme celui de Sens en 1489, au lieu d’ Introît , le prêtre dit en entrant à l’autel : « Intret oratie mea in conspectu tuo Domine ». Dans un ancien missel de Châlons sur Marne le prêtre dit Introit et le psaume Judica dans le sacrifice après avoir pris l’étole(4) et avant de mettre la chasuble : les Chartreux, les Dominicains, les Carmes et autres ne le disent point, on ne le disait point encore à l’autel à Paris dans le missel dont on se servait avant 1608.
Le psaume Judaica n’était que de dévotion dans plusieurs églises , l’usage de le réciter viens de l’ancienne Introît qu’on disait en entrant à l’autel, comme fait encore l’évêque dans la bénédiction d’un autel qui commence en disant « Introito ad altere Dei ».
Saint Ambroise dit que les néophytes récitaient aussi Introit allant des sons à l’autel à l’occasion de l’antienne on dit ensuite le psaume Judaica, d’où l’antienne était tirée, excepté aux messes des morts aux temps de la Passion où l’on a retenu l’ancienne pratique de ne dire que l’ancienne Introît.
Ce psaume doit être regardé comme une préparation au sacrifice et à la communion.
A Reims, le célébrant dit Introit dans la sacristie, vers le crucifix, puis va à l’autel où il ne monte qu’à l’offertoire jusque là il est dans une chaise à bras tourné vers le peuple ; il porte un mouchoir à son petit doigt gauche.
A Sens on dit le psaume Judaica dans la sacristie avec le Confiteor(5), le célébrant fait à l’autel, étant à genoux, une longue prostration et y monte en disant « aufer »

Pourquoi dit on le verset « Adjutorium » en faisant le signe de la croix ?

Pour invoquer le nom de Dieu avant de commencer ce sacrifice ; on a joint le signe de la croix à ce verset. « Adjotorium nostrum in nomine Domini »comme à cet autre « In nomine Patris et Filii »pour marquer que c’est par la croix que Jésus Christ nous a mérité toute sorte de secours et que c’est par la médiation que nous espérons les recevoir du Père.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 10:00

(1) Quintus Septimus Florens Tertullianus, dit Tertullien, né entre 150 et 160 à Carthage (actuelle Tunisie) et décédé vers 230-240 à Carthage, est un écrivain de langue latine issu d'une famille berbère1,2 romanisée et païenne. Il se convertit au christianisme à la fin du IIe siècle et devient la figure emblématique de la communauté chrétienne de Carthage. Théologien, père de l'Église, auteur prolifique, catéchète, son influence sera grande dans l'Occident chrétien.Il est cependant controversé : il lutte d'une part activement contre les cultes païens, est considéré comme le plus grand théologien chrétien de son temps (on lui doit le terme de trinité), mais il rejoint d'autre part le mouvement hérétique montaniste à la fin de sa vie.
(2) La Trinité chrétienne, dans les principaux courants du christianisme, désigne Dieu, unique, en trois hypostases, Père, Fils et Esprit Saint, égales et participant à une même essence (consubstantialité ou homoousia).
(3) Missel : Livre liturgique contenant toutes les informations ( chants, lectures,prières ) pour mener une messe.
(4) Etole : Longue robe , ornement liturgique de l’évêque
(5) Confiteor : Prière liturgique latine commençant par ce mot latin signifiant « je reconnais,j’avoue »


C’est ainsi l’usage de l’Eglise de faire le signe de la croix quand on invoque le nom de Dieu, « In nomine Domini »comme quand on dit « Adjutorium, sit nomen Domini » ou « In nomine Patris »
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 10:01

Expliquez nous l’origine du Confiteor à la messe et les manières dont cette confession s’est faite ?
La confession de ses péchés a été de tout temps une préparation au sacrifice. Saint Paul la recommande, Que l’homme s’éprouve soi-même. On avertissait les fidèles de ce purifier avant de recevoir le Saint des Saints , « Sancta,Sanctis » à plus forte raison ceux qui allaient l’offrir doivent être Saints : mais cette confession qui est la préparation au sacrifice se faisait dans la sacristie ;depuis on la fait au bas de l’autel et la confession du prêtre est suivie de celle des assistants qui se préparent par cet acte public de la pénitence à assister au sacrifice. Originairement le prêtre venant à l’autel s’inclinait profondément comme on le fait à Rome le Vendredi Saint , faisant quelque prière humiliante qui s’est réduite à la formule du Confiteor, c’était une préparation du prêtre avant d’approcher l’autel, de s’incliner, détestant les péchés, paraissant comme un pénitent en suppliant.
On frappait la poitrine en disant Confiteor, et non pas Mea Culpa. Saint Augustin dit en plusieurs endroits, « La confession des péchés est si fort connue de tout le peuple, que lorsque dans une leçon il entend prononcer le nom de confession, fait en matière de louange ou de pénitence, il se frappe aussitôt la poitrine et cela suivant la coutume de ceux qui confessaient leurs péchés, et ce qui est la marque et le signe qu’on en a à l’exemple du Publicain de l’Evangile »(1)
Dans quelques églises on dit Confiteor dans la sacristie ; à Saint Martin de Tours on le dit sur le tombeau de ce Saint, aussi bien que l’Introit et le Kyrie(2)
A Châlons sur Marne il n’y a que l’évêque qui dit l’Introît à l’autel ; les dignités et les autres le disent à la porte du chœur.
Dans plusieurs églises , le prêtre se tourne avec les ministres du côté du peuple en disant Confiteor, aussi se confesse t il devant l’assemblée « Vobis Fratres »dans plusieurs missels il y a « Confiteor vobis fratribus et feroribus ideo precer vos fratres et ferores »
Au Mans pendant la confession tous les ministres de l’autel sont à genoux et s’y mettent avec le prêtre au « Suscipe deprecationem »

A-t-on toujours dit la formule du Confiteor que nous disons aujourd’hui ?
Non : Au temps du Micrologue(3), qui était environ le onzième siècle, on disait encore, « Je confesse à Dieu tout puissant à ceux-ci et à tous les Saints, et à vous mon Père que j’ai grièvement pêché par pensées, paroles , actions, c’est pourquoi je vous supplie de prier pour moi »
Dans la suite on y ajouta plusieurs Saints que l’on nommait ; et pour garder l’uniformité, le troisième concile de Ravenne(4)ordonna de se servir que de celle qu’il prescrivit, qui est celle que nous suivons où l’on nomme la Sainte Vierge, Saint Michel, Saint Jean Baptiste, Saint Pierre et Saint Paul.
« Quoniam in confessionibus que fiunt publice in introitu missa varii diverfimode confitentur, statuimus et de cetero observari pracipimus confessiones hujus modi fiero sub hac forma. Confiteor deo omnipotenti , B Maria virgini,B. Michaeli Archangelo. B. Joanni Baptiste, Sanctis apostolis, Petro et Paulo, et omnbus sanctis »
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 10:03

(1)Publicain : Fermier des deniers publics chez les Romains
(2) Kyrie : Chant liturgique des Eglises catholique et orthodoxe
(3) Micrologue : Le Micrologue de Bernold de Constance est le premier texte qui cite directement le Confiteor
(4) Concile de Ravenne : 22 juillet 877

Expliquez nous quand et de quelle manière on dit le « Misereatur et Indulgentiam » ?

Ces deux prières sont l’absolution publique que le prêtre donne aux fidèles rassemblés qui viennent de détester leurs fautes et paraître pénitents par la confession qu’ils ont faite : aussi dans le missel Mozarabique(1) ces deux prières sont appelées « absolutio ad populum ». En plusieurs endroits le prêtre disait, « Fratres et ferores misereatur veftri omnipotens Deus »
Dans plusieurs églises , l’evêque prend la crosse et se tournant vers le peuple dit « Intulgentiam absolutionem »comme pour lui donner l’absolution ; cela paraît dans un ancien missel de Bayeux : « Dicto confiteor Sacerdos et Diaconus convertunt se ad pleben us dicat Sacerdos Indulgentiam absolutionem »

Pourquoi le prêtre fait il le signe de la croix en disant « Ingulgentiam .. tribuas vobis omnipotens » ?

Le prêtre à ces paroles fait le signe de la croix parce qu’elles étaient autrefois suivies « d’In nomine Patris et Filii »qu’on accompagne ordinairement du signe de la croix et encore le Jeudi Saint quand l’évêque absout les pénitents il ne fait pas le signe de la croix pendant « Indulgentiam »mais à ces paroles qui suivent et qui termine l’absolution « Benedictaves omnipotens Deus, Pater et Filii et Spiritus Sanctus »
Les Carmes et les Jacobins ne font point de signe de croix à « Indulgentiam ».
On ne fait donc le signe de la croix en donnant l’absolution que parcequ’on l’accompagnait « d’In nomine Patris »qu’on a retranché de « Indulgentiam »

Comment se faisait autrefois l’entrée du prêtre à l’autel ?

Selon l’ordre Romain le Célébrant était habillé et tout ceux qui l’accompagnaient étaient prêts, il faisait signe ou donnait ordre de chanter l’antienne appelée « Ingressa », ou l’introist et pendant ce temps se faisait la marche du Célébrant et des ministres de la sacristie à l’autel qui allait processionnellement au chœur, passant par le milieu du chœur comme encore à Saint Denis en France.
Le Célébrant étant arrivé à l’autel après l’avoir salué, allait s’asseoir en sa place ou trône qui était autrefois au fond de l’église, comme il est encore à Lyon et à Vienne, les constitutions des apôtres le marquent « In medio sit sedes Episcopi ad cijus lasus confideant Presbiteri et Diaconi assistant succincti et expediti »
Les prêtres étaient assis, les diacres et les autres ministres étaient debout, l’évêque demeurait assis sur son trône jusqu’à l’offertoire, il y récitait ou entendait ce qu’on lisait, ou ce qu’on chantait au chœur : cela s’observe encore à Reims et dans quelques églises où le Célébrant demeure assis au côté de l’autel jusqu’à l’offertoire ; on met un lutrin devant lui pour dire les collectes « finita gloria sacerdos verniat ad lectreolum ad dicendas orasiones »dit l’ordinaire de Laon.

En plusieurs églises le Célébrant étant arrivé à l’autel, saluait et embrassait les ministres et les officiers qui l’accompagnaient, en d’autres c’était après le Confiteor, étant monté à l’autel.
Dans quelques autres on a substitué le livre des Evangiles à la place de ces baisers ; le Diacre comme par faire le baiser au Célébrant et ensuite aux autres officiers de l’autel comme on a substitué la patene(2)ou quelque image au baiser que chacun se donnait à la Communion. A Paris le Célébrant porte une croix qu’on met sur l’autel pendant la messe, c’est qu’autrefois il n’y en avait point sur l’autel et qu’on la portait en pompe et en cérémonie : on la met devant le Célébrant sur l’autel, afin d’avoir l’image de Jésus Christ crucifié présente , c’était devant cette image qu’il s’inclinait et qu’il adressait les prières particulières qui se trouvent dans plusieurs missels, depuis le onzième siècle, même dans la messe d’Illirycus(3) « Ante conspectum divine majestaris ». Aussi présentement il regarde le Crucifix et semble lui adresser ses prières, quand il dit à la fin des collectes, « Per Dominum » N.J.C. et en plusieurs autres oraisons de la messe. Dans quelques missels des derniers siècles, le prêtre étant arrivé à l’autel et l’ayant baisé, il ouvrait le livre à l’endroit où il y avait une image de Jésus Christ crucifié et commençait par dire « Adaramus te Christe . Omnis terre adortt te »l’oraison « Perpetus nos pace cufteds ques per lignus »puis il baisait les pieds du Crucifix.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 10:08

(1) Mozarabe : Chrétien d’Espagne soumis à la domination des arabes.
(2) Patene : Petite assiette en métal doré sur laquelle le prêtre, lors de l’offertoire pendant l’Eucharistie poste l’hostie qu’il va consacrer et qui va devenir le corps du Christ
(3) Matthias Flacius Illyricus : (1520-1575) : théologien protestant


A Rome le Célébrant portait à l’autel l’Eucharistie qui avait été réservée du jour précédent pour servir à la communion des malades ; ce qui en restait était porté en pompe au devant du Célébrant par les acolytes et les autres ministres qui l’accompagnaient et en arrivant à l’autel, il faisait une inclinaison. « Tunc duo Acolythitementes capsas cum Sanctis apertas ostendit sancta Pentifici Tum pontifex inclinato capite salutas sancta »
Et un ancien Ordre Romain, c’était cette portion de l’Eucharistie réservée, que l’evêque mettait dans le calice à la Communion, comme il est marqué dans le même livre et on l’apportait à l’autel avec pompe , à peu près comme le Vendredi Saint on apporte l’Eucharistie réservée pour servir à la communion du Célébrant.
A Laon l’évêque entrant à l’autel est baisé par le diacre et le sous diacre et au lieu d’introito il dit « In nomine Patris, Dignare Domine die ifto , Confitemini Domino »ensuite « Confiteor »


Pourquoi le prêtre baise t il l’autel invoquant les Saints dont les reliques reposent sous l’autel ?
Le prêtre baise l’autel par respect pour le lieu et pour les reliques des Saints qui y sont. L’usage de l’église dès les premiers temps était de ne point élever d’autel que sur les tombeaux des Martyrs : Saint Ambroise après avoir trouvé les corps des saints Gervais et Protais(1), les plaça lui-même sous l’autel.
Le prêtre disant la prière « Oramus te Domine per merita sanctorum quorum reliquie »baise l’autel à ces paroles, « hie sunt »marquant le lieu où sont ces reliques. Quand il n’a y a point de reliques dans un autel, la rubrique Romaine ordonne d’omettre « querum reliquie hic sunt ». Celle des Jacobins et des Chartreux, dit qu’on omettra la prière « Oramus te »toute entière.
Le prêtre baise l’autel pour le saluer ; c’est pourquoi quand il n’y aurait point de Reliques, il ne laisserait pas de le baiser ; car ce baiser se rapporte à l’autel et non aux reliques : dans quelques missels le diacre et le sous-diacre baisent aussi les coins de l’autel , et le prêtre le milieu.
A-t-on depuis longtemps dit l’introît à la messe ?
Non : il n’y a point d’introît dans tous les anciens missels : on ne croit pas qu’on en ait dit avant le pape Saint Grégoire(2). Il n’y a aucun vestige dans les liturgies gallicanes et autres. Grégoire de Tours(3) marque que de son temps la messe commençait encore par la Prophétie, c'est-à-dire par une leçon de l’ancien testament. On n’a introduit les introîstes que pour occuper le chœur et les peuples, dans le temps que le célébrant avec ses officiers venait de la sacristie à l’autel.
L’introîste, ou ce qu’on dit quand le prêtre entre à l’autel, a pris son nom de ce qu’en quelques églises le prêtre disait « Introibo ad altare Dei ». Dans le sacramentaire de Saint Grégoire, il est appelé Réponse ou Ancienne, « Antiphona », parceque le chœur chantait pour lors une réponse :
Dans le missel Ambrosien il est dit « Ingreffa »
C’était pour l’ordinaire un psaume entier, précédé d’une Antienne qu’on répétait à la fin ; depuis il a été réduit au premier verset d’un psaume, dont on a supprimé le reste. On attribue au Pape Célestin(4)d’avoir ordonné qu’on récita un psaume au commencement de la Liturgie et on prétend que Saint Grégoire l’a réduit à un seul verset, comme nous faisons présentement, cela se dit sans preuve puisque, comme nous l’avons déjà dit, bien depuis le Pape Célestin la messe commençait par les lectures et non un psaume.

(1) Saint Gervais et Protais : Martyrs , étaient jumeaux, fils de Vital de Ravenne et de Valérie et vivaient au 1er siècle sous le règne de l’empereur Néron, leur histoire est connue par la « légende dorée » de Jacques de Voragine
(2) Saint Grégoire : Grégoire 1er dit le Grand , auteur des Dialogues ( né en 540 mort le 12 mars 604 )
(3) Grégoire de Tour : ou Georgius Florentius né à Riom près de Clermont vers 539 et mort à tour vers 594 , fut évêque de Tours, historien de l’Eglise, des Francs et de l’Auvergne
(4) Célestin 1er pape (422-432)
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 10:27

Pourquoi le prêtre fait il signe de la croix en commençant l’Introît ?
Le prêtre fait le signe de la croix en commençant l’Introît parcequ’il était autrefois précédé par « In Nomine Patris », comme font encore les Carmes et les Jacobins, cela est aussi marqué dans le missel de Chartres de 1489 « Faciendo signum crueis, dicit in nomine Patris et incipit introîtum »

Les Introîts doivent ils avoir quelque rapport avec les fêtes que l’on célèbre ?
Oui, et pour les rendre plus conformes aux fêtes, on les faisait chanter sur une antienne qui avait rapport à la solennité,comme à Noël on dit « Puer qui natus est », à l’Ascension « Viri Galilei ». On choisissait aussi un psaume qui convînt à la fête, comme on fait encore aujourd’hui aux offices de la nuit dans la plupart des églises. Le psaume est le verset suivant « Vias tuas Domine »quand l’introît est titré d’un psaume, on prend psaume le commencement du psaume même, comme à Noël
L’introît est « Dominus dixit ad me »et le psaume « quare fremuerunt gentes »

Doit on toujours dire l’Introît à la messe ?
Non, quand la messe est précédée de quelque autre office, on ne dit point d’Introît, parceque le chœur et les officiers sont tous préparez pour aller à l’autel ; cela s’observait autrefois toutes les fois qu’on faisait des stations, car en entrant dans l’église, la réponse que nous appelons Introît ayant été chanté dans la marche, lorsqu’on arrivait à l’église, on disait la litanie « Kyrie eleifen »ce qui se pratique encore la veille de Pâques, et la veille de la Pentecôte. Il y a même des missels où le mercredi des Cendres on dit « Kyrie » pour l’introît parce que l’on vient de faire la cérémonie des Cendres, « pro Introitu, Kyrie Eleifon »
La même chose pourrait se pratiquer tous les dimanches dans les lieux où la procession précède immédiatement la messe.

Peut-on trouver la vrai origine de l’Introît ?
Oui, et pour la connaître il faut supposer qu’on se rassemblait anciennement dans une église, pour aller dire la messe dans une autre ; ce qu’on appelait faire « station » et qu’en allant à l’Eglise on chantait des psaumes et des réponses : quand on a cessé de faire des stations, on a conservé de ces psaumes et de ces réponses une « Antienne »(1), avec le commencement d’un psaume, qu’on a appelé l’entrée ou l’Introît de la messe et cela pendant que le prêtre s’habillait, ou que les officiers venaient de la sacristie à l’autel.

Comment chantait-on autrefois l’introît ?
Quand il comprenait un ou plusieurs psaumes, on le chantait à deux chœurs ; mais depuis qu’il a été réduit à un verset avec une antienne, les chantres en ont été chargez, et ils chantent au milieu du chœur, de même que l’offertoire et la communion et comme on fait ordinairement les autres antiennes.
Il y a des missels où l’on repère l’Introît avant le « Gloria » et avant « Sicut erat » et après.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 10:28

Comment a-t-on introduit le « Kyrie eleifon » à la messe ?
C’est une prière qui doit entrer dans tous les offices de l’église, que d’invoquer la miséricorde de Dieu, ce qui signifie « Kyrie Eleifon ». Aussi le trouve t-on répandu dans toutes les heures différentes du jour et de la nuit, surtout aux jours de jeûnes, où il est resté, au lieur qu’on le disait avec le « Pater » tous les jours, comme l’observent encore les Bénédictins.

(1)Antienne : du grec « antiphone »signifiant « qui répond à » est le refrain , souvent bref et de préférence chanté, avant et après un psaume

Voici de quelle manière cela s’est introduit à la messe :c’était l’usage en allant dire la messe à l’église « stationale »comme on finissait les psaumes qu’on avait chanté pendant le chemin de dire la litanie, qui est ce que nous appelons « Kyrie ». Cela paraît par la règle de Saint Benoît(1)
« Supplicatio Litania, id est Kyrie eleifon sic finiantur vigilie norturna. Litania et completum est »
L’ancien usage était donc, après un certain nombre de psaumes, de dire trois fois « Kyrie Eleifon »puis l’oraison dominicale, ensuite la collecte et s’est de cette manière que finissaient tous les offices : lorsqu’on entrait dans l’église « stationale »on disait « Kyrie »pour la fin de la procession, puis suivait la collecte. Or quand on a cessé de faire ces stations, on a introduit dans la liturgie le « Kyrie », comme on a fait l’Introît, n’y ayant rien de plus convenable que d’invoquer la miséricorde de Dieu, avant de célébrer le sacrifice, comme celui de Vaison en 529(2)
« Kyrie eleifon ad Matutinum ad Missas ad Vesperam dicatur ».
Il semble même par Saint Grégoire qu’il avait aussi ordonné de dire « Kyrie »à la messe, puisqu’on lui en fit des reproches, comme s’il eût voulu introduire la langue, les prières et les usages des Grecs dans l’Eglise de Rome. Il répond qu’avant lui on ne disait pas « Kyrie Eleifon »et que de son temps on ne le disait pas à la manière des Grecs, qui le récitaient tous ensemble, au lieu qu’à Rome le clergé, dit il le commence et le peuple y répond, on dit autant de fois « Christe eleifon »ce qui ne se pratiquait point chez les Grecs : ainsi il paraît incontestable que depuis Saint Grégoire on dit « Kyrie » à la messe dans l’église latine ; ce qui ne s’observait pas si universellement dans toutes les autres églises avant ce pape. Il est aussi fort à propos de remarquer que parce que dans toutes les prières publiques, appelées Litanies, on disait « Kyrie Eleifon » on a donné le nom de litanies aux prières qui commençaient par « Kyrie ».
Dans le Sacramentaire de Saint Grégoire au samedi Saint « Litania expleta Pontifex dicit Gloria in excelfis ». On n’y nommait autrefois autrefois aucun Saints ni aucune Saintes, pas même la Sainte Vierge ; ce qui est resté à la messe, on disait quelque fois parfois cent fois « Kyrie Eleifon »et autant « Christe » puis on y ajouta l’invocation des personnes de la Sainte Trinité, « Pater de coelis Deus, miserere nobis ». Dans la suite les Saints y entrèrent comme cela se pratique aujourd’hui.

On répétait « Kyrie » jusqu’à ce que le célébrant eût fait signe de cesser. A Milan on le dit trois fois après « Gloria in Excelfis », trois fois après l’Evangile et trois fois à la fin de la messe, sans dire « Christe eleifon »
Jean Beleth dit qu’en quelques églises on ajoutait « imas ». Et Durand dit que ce n’était qu’au dernier « Kyrie »
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 10:30

Quel est l’auteur du « Gloria in excelfis » et comment cette hymne est elle entrée dans l’office ?
Plusieurs auteurs l’attribuent à Saint Hilaire de Poitiers(3) mais il n’est pas même dans les ouvrages, il se trouve dans le livre de la virginité, attribué à Saint Athanase(4) ; la plus grande partie de cette prière est aussi dans les constitutions apostoliques mais non pas au temps du sacrifice.
Ainsi cette prière vient des Grecs et n’est entré que fort tard dans la liturgie des latins, à la vérité au quatrième concile de Tolède tenu en 633. On en parle comme d’une prière composée par différents docteurs et qui se disait dans les offices de l’Eglise ; mais il ne dit pas que ce fût à la messe non plus que Grégoire de Tours qui dit en plusieurs endroits qu’on avait adopté en France cette prière pour rendre grâce à Dieu de quelque évènement considérable. En quelques églises même on disait cette hymne après la messe en actions de grâces comme nous disons « Benedicite »

(1) La règle de Saint Benoît fût écrite par Benoît de Nursie ( œuvre commencé approximativement vers 529 ) pour guider ses disciples dans la vie monastique communautaire ( cénobitisme). En effet Benoît avait fondé au début du VI ème siècle une communauté de moines sur le Mont Cassin en Italie. Au cours des siècles qui suivirent, cette règle fut progressivement adoptée par un nombre croissant de monastères en Occident, au-delà de sa grande influence religieuse, elle eut une grande importance dans la formation de la société médiévale, grâce aux idées qu’il amenait : l’idée d’une constitution écrite, du contrôle de l’autorité par la loi et de la désignation du détenteur de cette autorité par élection.
(2) Concile de Vaison en 529 présidé par Cesaire d’Arles
(3) Saint Hilaire de Poitiers, évêque de Poitiers né vers 315, mort en 367, écrivain latin chrétien et docteur de l’église.
(4) Athanase d’Alexandrie ( vers 298 – 373) : Patriarche d’Alexandrie au IV ème siècle. L’Eglise copte orthodoxe le considère comme l’un de ses « papes » et dans sa liturgie l’appelle « l’apostolique , phare de l’Orient , colonne de la foi ». Il compte parmi les grands docteurs de l’église.


On prétend que Saint Benoît avait ordonné de le dire à Laudes ; on le disait aussi dans les acclamations publiques, comme il paraît par la harangue du sixième concile général de l’Empereur Constantin, par le huitième concile de Tolède et par la vie du Pape Leon III qui le chanta allant au devant de Pepin fils de Charlemagne.
Ce n’est que dans le septième siècle que les latins ont adopté cette prière et l’ont mis dans leur office, ensuite elle eut des rubriques particulières pour marquer les jours ou on devait la dire au commencement du Sacramentaire de Saint Grégoire il est dit qu’il n’y aura que les évêques « Gloria in excelfis », les dimanches et les jours de fêtes et on ne permet aux prêtres de le dire que le jour de Pâques. Valfride fait mention de cette ordonnance et on la trouve renouvellée par Etienne III pour l’église de Latran. Leon VII dans le lettre aux évêques de France et d’Allemagne le dit aussi « In dominicisdiebus et pracipius Festivitatibus , gloria in excelfis Deo dicimus »
Le Livre anonyme intitulé « Speculum ecclesia » dont l’auteur est de Tours , assure qu’on n’a commencé par chanter « Gloria in excelfis » à la messe du jour de Noël que parce que c’était en ce jour que les Anges l’avaient chanté à la naissance de Jésus Christ et à Rome on le disait en Grec à la première messe et en latin à la seconde : « In bac Missa cantatur Gloria in excelfis, quod antea tacebatur, folus Sacerdos pracinit bac noste, mox cum eo totus chorus ; nos canimus illud Grace juxta morem antiqum Romana ecclesia, in prima quidem missa , sed in fecunda Latine »
Du jour de Noël , la coutume s’introduit de le dire aux messes solennelles, originairement ce n’était donc qu’une hymne pour le jour de Noël et que l’on ne disait que ce jour là. « Efterius et Beatus »sont les plus anciens auteurs espagnols qui en aient fait mention, ils disent qu’on ne le chantait que les Dimanches et les Fêtes.

A-t-on fait quelque rubrique pour marquer le temps ou l’on doit dire ou omettre le « Gloria in excelfis »à la messe ?
Oui, le Micrologue dit que Leon VII(2) défendit de le dire depuis la Septuagésime(3) jusqu’à Pâques. Innocent III(4) parle de la coutume de le dire au temps Pascal et quand on a chanté le « Te Deum »à Matines, parce que ces deux hymnes contiennent les louanges de la Sainte Trinité. Dans l’ordre Romain il est marqué de le dire le Jeudi Saint et le chapitre « Perro de consecratione » dit que Nicolas 1er(5) l’avait ordonné.
Innocent III dans le chapitre de « Celebratione missarum » déclare qu’on ne doit pas le dire aux messes votives(6), pour faire la différence avec les jours de fêtes . Raoul de Tongres(7) rapporte que de son temps on ne le dit pas aux messes votives de la Vierge le samedi, cela a été ordonné depuis et sans doute à cause du « te Deum » que l’on a récité à Matines à l’Office de la Vierge car selon la rubrique d’Innocent III ces deux hymnes ne se séparent point. Il est bon de remarquer que ce n’est que depuis le douzième siècle qu’on ne le dit point à Rome les dimanches de l’Avent car il paraît par l’ordre Romain du chanoine Benoît.

(1) Etienne III : Né en Sicile vers 720 pape de 767 à 772. Elu contre les antipapes Constantin II , candidat de la noblesse et Philippe candidat des Lombards , il réunit un concile à Rome en 769 qui règlementa l’élection pontificale en s’opposant à l’ingérence des laics et des non romains. Ce concile annula les actes de Constantin II et condamna les iconoclastes.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 16:27

(2) Leon VII : Né à Rome , pape du 3 janvier 936 au 13 juillet 939.
(3) Septuagésime : Temps liturgique de la Septuagésime introduit dans le calendrier liturgique catholique de la forme extra ordinaire du rite romain, une période d’environ 70 jours précédant Pâques ( en fait neuf semaines soit 63 jours). Il succède au temps liturgique de Noël ( les dimanches après l’Epiphanie et précède le Carême.
(4) Lotario, de la famille des comtes de Segni, (1160-1216) élu Pape le 8 janvier 1198 sous le nom d’Innocent III il est considéré comme le plus grand Pape du Moyen Age.
(5) Nicolas 1er dit le Grand , né vers 800, 105 ème Pape du 24 avril 858 à sa mort , à Rome le 13 novembre 867.
(6) Messes votives : Messes non-conformes à l’office du jour
(7) Raoul de Zähringen ( 1135-1191) Evêque de Mayence et prince évêque de Liège


Au neuvième siècle, on célébrait l’Avent à Rome avec toutes les marques de joie et de solennité ; on le servait d’ornements blancs et on disait « Gloria in excelfis » à la messe. Amalaire(1) dans son supplément rapporte qu’il n’y avait que peu d’églises de son temps où l’on omit cette hymne pendant l’Avent.
Il y a encore quelques autres rubriques à observer sur cette hymne. Autrefois il n’y avait que les évêques qui la disait comme il n’appartient qu’à eux de dire « Pax vobis » parcequ’ils représentent plus particulièrement les Anges, ainsi il leur convient de publier et la gloire de Dieu et la paix aux hommes. Le célébrant élève un peu les mains en commençant « Gloria in excelfis » pour marquer les lieux hauts, c'est-à-dire le ciel où réside Dieu que l’on glorifie. On fait six inclinaisons de tête quand on dit « Deo, Adoramus, Gratias agimus, fesu Christe, Suscipe deprecationem nestram, fesu Christe »c’est pour exprimer ce que l’on dit à Dieu qu’on l’adore en ce temps, c’est la marque extérieure de l’adoration, ce qui s’observe aussi à « l’Adoratur du Credo »ou à la Préface quand on dit « Adorant dominationes ». A ces paroles « Cum sancto Spiritu in gloria Dei Patris »on fait le signe de la croix, parce que l’on nomme les trois personnes de la Sainte Trinité.
Les Chartreux et quelques autres églises chantent « Gloria in excelfis » tous ensemble et ne se partagent pas d’un chœur à l’autre pour chanter les versets.

[i]Expliquez nous le salut que le prêtre fait au peuple en disant « Dominus vobiseum » ?[i]

On peut dire que ce salut est la première action où le prêtre paraît dans la messe solennelle ; c’est pour cela qu’avertissant qu’il va prier pour les fidèles, il se tourne vers eux , les salut, leur souhaite que le Seigneur soit avec eux, pour animer leur respect et leur attention devant la souveraine Majesté et les avertir de se joindre aux prières qu’il va faire à Dieu pour eux. C’est une ancienne manière de commencer les actions publiques pour saluer les assistants. Jésus Christ salue les apôtres après sa résurrection de la même manière, « Pax vobis »
Les orateurs saluent les auditeurs, le missel de Milan appelle encore ce « Dominus vobiscum » le salut. « Saluter populum dicendo, Dominus vobiscum ». Uranius dans le livre de Saint Paulin, parlant de la mort de Saint Jean, évêque de Naples, qui le fit apporter à l’église et pria devant le peuple, marque ce salut réciproque et ordinaire du prêtre et du peuple avant la prière « ad Ecclesiam siam processit et populum ex more salutavit resalutatusque à populo, orationem dedit »
Chez les Juifs l’usage était de se souhaiter des bénédictions quand ils se rencontraient. Booz disait en abordant ses moissonneurs « le Seigneur soit avec vous ». On voit par le prophète David, que c’était un usage ordinaire de le dire « que la bénédiction du Seigneur soit avec vous, nous vous benissons au nom du Seigneur » , « Benedictio , Domini super vos benediximus vobis in nomine Domini »
C’était se souhaiter prospérité, avantage, bonheur, c’est en effet ce que le prêtre souhaite lorsqu’il dit « Que le Seigneur soit avec vous »c'est-à-dire « qu’il vous bénisse et qu’il vous console. Le concile de Brague en 563 ne veut pas que les évêques saluent le peuple en disant « Pax vobis » , en se distinguant ainsi des simples prêtres : mais l’usage a prévalu que les évêques disent « Pax Vobis ».
Les Grecs de tout temps ont dit aussi « Pax Vobis »et non pas « Dominus vobiscum ». Saint Chrysostome(2) le marque « Après dit il que celui qui préside à l’église est entré, aussitôt il dit que la paix soit avec vous ». Sur quoi il faut remarquer une faute considérable du premier concile de Brague qui ne veut pas que les évêques saluent le peuple d’une manière différente des prêtres, mais qu’ils disent simplement « que le Seigneur soit avec vous »

(1) Amalaire de Metz ou Amalarius ( 775 dans la région de Metz 850 ) : Eduquer à Tours , il devient entre 796 et 804 l’élève d’Alcuin l’un des principaux amis et conseillers de Charlemagne.
(2) Saint Jean Chrysostome né à Antioche en 349 et mort en 407 a été archevêque de Constantinople et l’un des père de l’Eglise Grecque.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 16:29

C’est la pratique de tout l’Orient et elle est de tradition apostolique. Cela ne peut être vrai que de l’Occident, car pour l’Orient, comme nous avons déjà vu, la pratique universelle était de dire « la paix soit avec vous ». C’est ce qui paraît encore par les constitutions des Apôtres, par les catéchèses de Saint Cyrille et par toutes leurs liturgies ou bien le concile de Brague a voulu dire que comme dans l’Orient , les prêtres et les évêques se servent du même salut. Ils observeraient la même chose dans l’église latine quoique les paroles fussent différentes. Ce concile rapporte l’origine de ce salut mutuel au temps des apôtres, aussi le voit on universellement pratiqué dans toutes les liturgies Grecques et latines.

Le prêtre baise l’autel avant de se retourner vers le peuple, c’est pour saluer par ce baiser avant de lui tourner le dos car quand il dit « Dominus vobiscum » sans se tourner du côté du peuple, comme au commencement de l’évangile et de la préface, il ne baise pas l’autel et quand il se tourne vers le peuple il ne dit pas « Dominus vobiscum ».
Le pape Leon VII étant consulté s’il fallait dire « Pax vobis ou Dominus Vobiscum »répond que les dimanches et les fêtes on disait à Rome « Pax vobis » et les jours de Carême et de jeûne « Dominus vobiscum »
Voici ses paroles « In Dominicus diebus et precipuis festivitatibus atque sanctotum natalitiis Gloria inexcelfis et Pax vobis pronuntiamus. In diebus vere Quadragefina et in reliquis jojuniorum diebus , Dominus vobiscum tantum mode dicimus »

J’ai déjà dit que l’usage a prévalu que les évêques disent en tout temps « Pax Vobis » . Dans un ancien pontifical de Mande, l’évêque ne doit point dire « Pax vobis »quand il ne dit pas « Gloria in excelfis »
Les Chartreux reçoivent le salut du prêtre avec beaucoup de respect, se découvrant et s’inclinant quand il dit « vobiscum ». Le prêtre se tourne vers le peuple, en le saluant, parce que c’est à lui qu’il parle en disant « Dominus vobiscum ». Il étend les mains et les rejoins en manière de suppliant : ces paroles étant tout ensemble prière et salut. Il joint les mains pour témoigner le zèle qu’il a pour les assistants et l’ardeur avec laquelle il prie, demandant à Dieu ses grâces à jointes mains pour eux. Remarquez que le prêtre ne se tourne pas vers le peuple pour le saluer que quand l’église est tournée vers l’Orient, car quand elle est tournée vers l’Occident, comme il a le peuple devant lui, il n’a que faire de se tourner pour le saluer. « Quos salutamus eis faciem prefentamus »dit Amalaire.

Innocent III remarque que le prêtre dit trois fois « Dominus vobiscum »sans se tourner vers le peuple, a savoir après le Confiteor, à l’évangile et à la préface parce que dit il « le prêtre est tout occupé en ces temps à se purifier , ou à entendre la parole de Dieu, ou à chanter ses louanges avec les Anges »
A Lyon, selon l’usage des Chartreux, le prêtre est tourné vers l’autel, comme regardant le crucifix présent, en disant « Dominus » et il se tourne vers le peuple en disant « vobiscum ».

Pourquoi les évêques disent ils plutôt « Pax vobis »que « Dominus vobiscum » ?
Parce qu’ils représentent parfaitement les anges qui ont annoncé la paix à la naissance de Jésus Christ ou comme dit Saint Optat pare que c’est aux évêques à distribuer les dons de Jésus Christ dont la paix est un des principaux.

Pourquoi le peuple répond il aux prêtres « Et cum spiritu tuo » ?

C’est pour rendre au prêtre un salut réciproque. Cela est ainsi marqué dans quelques missels.
« Populus eum resalutat dicendo, et cum spiritu tuo » c'est-à-dire, vous souhaitez que le Seigneur soit avec nous par ses grâces et ses bénédictions, et nous souhaitons qu’il soit pareillement avec vous qui êtes son ministre et dont l’esprit ne doit être occupé que de lui.
Cette réponse du peuple a été de tout temps en usage chez les Grecs et chez les Latins.
Saint Chrysostome dit que pendant la célébration des redoutables mystères le prêtre prie pour le peuple et le peuple prie pour le prêtre, c’est ce que nous marquent ces paroles « Que le Seigneur soit avec vous »
A Saint Martin de Tours et à Chartres, le chœur ne répond pas, « Et sum spiritu tuo »c’est un enfant de chœur.
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Message par Legrandalsacien1 Mar 08 Déc 2009, 16:32

Pourquoi le prêtre avant la collecte dit il « Oremus » ?

C’est pour avertir l’assemblée de s’unir avec lui et de prier avec lui. Dans la vie de Saint Paulin(1) cela est appelé « indictio orationis » , de tout temps on a averti le peuple de s’unir à la prière du prêtre, Saint Augustin le rapporte comme un chose qui s’observait partout « Disputez » disait il aux Pélagiens(2) « contre les prières de l’église et moquez vous quand vous entendez le prêtre à l’autel exhorter le peuple de s’unir à lui et de prier pour les infidèles ». Ce Saint docteur fait allusion à ces prières solennelles que nous disons encore le Vendredi Saint et qui sont les plus anciennes collectes qui soient dites dans l’église, dans lesquelles on fait connaître au peuple le sujet pour lequel on va prier et cela s’observait non seulement dans la liturgie, mais aussi dans l’office, comme nous le disons encore à Laudes et à Vêpres.
« Oremus pro pastore nostro : Oremus pro afflictis et captivis » cela rendait le peuple plus attentif aux prières du prêtre, étant averti de s’y unir par ces paroles, « Oremus » et sachant le sujet pour lequel on le mettait en prière.
On a retranché des collectes ces anciennes préfaces qui ne se disent plus que le Vendredi Saint, on a seulement conservé celle qui commence « Praceptis salutaribus » qui se dit à la messe avant le « Pater » partout ailleurs on n’a retenu que l’avertissement « Oremus »

Expliquez nous pourquoi on appelle collecte la prière qui se dit au commencement de la messe et de quelle antiquité sont les collectes ?

La collecte est la prière que l’on disait quand le peuple était rassemblé, « collecta plebe, ou super collectam plebem » c’est un usage fort ancien d’appeler collecte l’assemblée des fidèles, comme il paraît par Tertullien « quomodo colligemur ? quomodo Dominica solemnia celebrabimus ? »
Dans le missel Ambrosien la collecte est appellée « Oratio super populum »
On ne trouve point la prière que nous appelons collecte dans la première antiquité, on commençait la messe par les lectures mêlées de réponses comme le Vendredi Saint, on finissait l’office par l’oraison Dominicale, comme il paraît par la règle de Saint Benoît : ensuite on y a inséré une prière ou collecte et celle de la messe qui suivait le Kyrie appartenait au retour de la station plutôt qu’au sacrifice qu’on allait commencer. Le peuple étant entré et rassemblé dans l’église avec le clergé, le prêtre priait sur lui et avec lui.

On ne trouve pas de collecte avant le pape Gelaze(3) et avant Saint Grégoire dans leurs sacramentaires : il paraît qu’ils les ont recueillis d’anciens papes, elles semblent de Saint Léon et ont plus de rapport avec son style qu’avec celui de Saint Grégoire. On en trouve plusieurs dans le missel Gallican, dont celles de Gelaze semblent être des extraits et des abrégés.
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Message par Legrandalsacien1 Jeu 10 Déc 2009, 10:01

Y a-t-il quelques autres remarques à faire sur les collectes ?

Oui pendant que le prêtre dit la collecte, il est debout à l’autel, Saint Augustin(3) le remarque. Il la prononce à voix haute et distincte pour être entendu du peuple. Il a les mains étendus c’est la manière des suppliants.
L’Ecriture l’a dit de Moïse, de David et de plusieurs autres, qu’ils priaient dans cette situation et recommande de le faire « Extollite manus vestras in Sancta ». Saint Paul le prescrit aux fidèles « Levantes manus puras ». Tertullien dit que c’était la manière avec laquelle les anciens avaient coutume de prier, pour représenter Jésus Christ qui pria pour nous sur la croix ayant les bras étendus.


(1) Paulin ( Meropius Pontius Paulinus) né a Bordeaux vers 353, mort à Rome en 431 est un poète et un ecclésiastique latin contemporain de Saint Augustin. Il a été évêque de Nole de 409 à sa mort.
(2) Pélagianisme : Courant considéré comme hérétique par l’église catholique issu de la doctrine du moine Pélage (350-420)
(3) Augustin d’Hippone ( Aurelius Augustinus) né à Thagaste ( Algérie) le 13 novembre 354 mort le 28 août 430 , philosophe et théologien chrétien de l’antiquité tardive, évêque d’Hippone


Pendant la collecte le peuple doit être a genoux ou au moins profondément incliné, aux jours de jeûne on avertit le clergé et les assistants de s’agenouiller « Flectamus genua »
Saint Céfaire d’Arles exhortait son peuple toutes les fois que le clergé était en prière devant l’autel ou que le diacre avertissait de se mettre a genoux, d’avoir soin non seulement de s’humilier intérieurement mais aussi d’incliner leurs corps et il paraît que le peuple était ordinairement à genoux quand on disait les prières « Rogo vos, Diacono clamante, flectamus genua, non solum corda, sed etiam corpora fideliter inclinetis »
Les oraisons s’adressent ordinairement au Père et se terminent par la médiation du Fils « Per Dominum nostrum fesum Christum ». Jésus Christ a commandé de prier son Père en son nom « c’était la foi des Chrétiens »dit Tertullien « d’honorer Dieu par Jésus Christ et c’est pour lors que Dieu nous écoute, parce qu’il connaît son Fils que nous lui présentons dans nos prières »
Saint Justin(1)dit que dans la liturgie, on glorifie le Père, le Fils et par le St Esprit « Laudem et gloriam offert Patri per nomen Filii et Spiritus Sancti »
Le Diacre Ferrand consulta Saint Fulgence sur la conclusion de ces prières, qu’il témoigne avoir été de tout temps les mêmes
« Quare Ecclesia dicat in orationibus sacerdotum, Per fisum Christum Filium tuum Dominum nostrum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti »
Sa difficulté était qu’en disant du Fils qu’il règne avec le Père dans l’unité du Saint Esprit, cette expression pouvait faire croire que le Saint Esprit ne règne pas comme le Père et le Fils, mais qu’il les unit seulement dans un même règne. Saint Fulgence répond que l’on prie le Père par le Fils, parce que c’est le fils qui est le prêtre et l’hostie et que l’unité du Saint Esprit marque l’unité de la nature avec le Père et le Fils. Saint Optat de Milève se lève contre ceux qui traitaient les chrétiens de paîens, parce qu’ils adoraient et priaient Jésus Christ comme si su été un autre Dieu que celui qui a crée le ciel et la terre : il leur dit que Jésus Christ est Dieu avec son Père et que c’est par lui que nous demandons grâce à Dieu quand nous le prions à l’autel :
« Vous appelez paîen celui prie Dieu le père à l’autel par son Fils comme s’il croyait que le Fils b’est pas un même Dieu avec le Père »
Saint Leon finit plusieurs de ses sermonts par cette clause
« C’est ce que nous pouvons obtenir par Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père et le Saint Esprit dans les siècles des siècles.
Il y a peu d’oraisons qui s’adressent au Fils et encore sont elles récentes, car on n’en trouve point dans l’antiquité. L’usage ne s’est pas encore introduit d’en adresser au Saint Esprit, si ce n’est dans quelques proses ou hymnes, comme celles-ci « Veni Sancte Spiritus et Veni creator Spiritus »
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Traité de la Messe et de l'Office Divin par Grandcolas Jacques Empty Re: Traité de la Messe et de l'Office Divin par Grandcolas Jacques

Message par Legrandalsacien1 Jeu 10 Déc 2009, 10:02

Le nombre des collectes était fort grand autrefois comme il paraît par Saint Augustin et par Gennade(2) puisque l’on y priait pour l’église, pour les fidèles, pour les infidèles, pour les Catéchumènes, pour les Juifs et pour les paîens ainsi que pour plusieurs autres sujets, comme nous le faisons le Vendredi Saint, et ces prières solennelles ne se disaient pas avant l’Epitre , ainsi que notre collecte, mais après les lectures, comme le Vendredi Saint c'est-à-dire avant l’offrande, ou quelquefois après « Cum Sanctarum plebium prasules tota secum Ecclesia congemiscente postulant et precantur ut infidelibus donetur fides, idololatra ab impietatis sua liberentur erroribus, Judais lux veritatis appareat , Haretici resipiscant, Schismatici , Lapfi, Catechumeni »

Depuis que l’on a supprimé ces oraisons solennelles , les uns se sont contentez d’une collecte, d’autres en ont dit plusieurs, on en trouve toujours trois dans le missel Gelafien, et on n’en voit jamais dans le Sacrementaire de Saint Grégoire.

On trouve dans la vie de Saint Colomban(3)qu’on lui reprocha dans un concile de Macon, de multiplier les collectes et d’en dire sans nombre à la messe et que ce Saint s’excusa disant qu’on ne pouvait trop prier.


(1) Saint Justin : Justin de Naplouse , également connu comme Justin le Martyr ou Justin le Philisophe. Apologète et martyr chrétien , né à Flavia Néapolis ( Naplouse) entre 100 et 114, mort à Rome entre 162 et 168
(2) Gennade : Patriarche de Constantinople ( 458-471 ) inscrit dans les calendriers byzantin et romain des Saints
(3) Saint Colomban ( 540 – 615 ) : Moine irlandais qui a évangélisé les populations campagnardes de Gaule, Allemands, Helvétie et Italie


Mathieu Paris(1) dans la vie de Jean abbé de Saint Alban dit qu’il réduisit le nombre des collectes à sept. Le micrologue donne des raisons allégoriques de ce nombre de sept collectes. Albert le Grand(2)dans son traité du sacrifice de la messe ne peut souffrir ces raisons mystiques de ne dire qu’une oraison pour marquer l’unité de l’essence divine, qu’on en dise trois par rapport à la Sainte Trinité, cinq pour les cinq plaies de Jésus Christ, sept pour les sept dons du Saint Esprit, car sur ce principe, ajoute t il , il en faudra dire neuf à cause des neuf chœurs des Anges, onze a cause des onze disciples, quinze à cause des quinze degrés de vertus.
En plusieurs églises on observe d’en dire toujours un nombre impair, le micrologue parle de ces usages au chapitre 4.

Expliquez nous pourquoi on dit Amen à la fin des collectes ?

C’est l’acquiescement du peuple à la prière du prêtre, c’est par ces paroles qu’il témoigne approuver et rectifier tout ce que le prêtre a dit dans la prière.
« Cum Episcopus solus intus est, populus oram cum illo et quasi subscribens ad ejus verba, respondet Amen » dit Saint Augustin.

Comme on avait averti le peuple du sujet pour lequel on allait prier, il témoignait y donner son consentement en répondant Amen. C’est en ce sens que Saint Paul disait qu’un fidèle ne pouvait consentir à une prière qu’il n’entendait pas, ni répondre Amen. L’auteur du Commentaire sur les épîtres de Saint Paul, dans les œuvres de Saint Ambroise, qu’on croît être Hilaire diacre, délare que c’est en répondant « Amen »que le peuple proteste qu’il sait et qu’il approuve ce que le prêtre a demandé à l’autel.
« Per os impletur confirmatio precis, qui respndent Amen : ut omnia dicta, veri testimonio, in audientium mentibus confirmentur »
Saint Justin dit aussi qu’à la fin des prières, toute l’assemblée d’une voix répond « Amen ». Au Mans dès que le prêtre a achevé la collecte on porte le livre du côté de l’Evangile et on présente au prêtre le calice avec du vin et de l’eau dedans et la patene par-dessus, puis il va s’asseoir du côté de l’épître qu’il ne lit point non plus que l’évangile, ni ce qui est entre deux.

A Laon en quelques autres églises après les oraisons, on chante « Christus vincit, Christus regnat. »
A Chartres quand l’évêque dit « Pax vobis » ou le célébrant « Dominus Vobiscum »le chœur ne répond point, mais l’un des enfants qui portent les chandeliers répondent bas. Cela s’observe aussi quand le Pape officie.
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Message par Legrandalsacien1 Jeu 10 Déc 2009, 10:03

Instruisez nous aussi de tout ce qui a rapport à l’épître, de son origine, du nombre des épîtres, de quelle manière on la disait ou on la chantait et des différents pupitres ?

Le peuple étant assemblé , on prenait de là occasion de l’instruire par les lectures, cela s’était de tout temps pratiqué chez les Juifs de lire quelque chose de la loi et des prophètes aux jours du Sabbath dans les synagogues et c’est ce que Saint Luc(3) nous marque.
Les premiers fidèles étaient assidus à entendre la doctrine des Apôtres et à célébrer la fraction du pain « Erant perseverantes in doctrina Apostolorum et oratione et fractione panis »
On se rassemblait pour célébrer l’Eucharistie et on commençait par l’instruction.
Saint Justin dit que les fidèles était rassemblé les dimanches , on lisait les écritures des prophètes et des apôtres autant qu’on avait de loisir. Tertullien dit qu’on se rassemblait le dimanche pour lire les écritures « Cogimur ad divinarum litterarum expositionem »

(1) Mathieu Paris : (1200-1259) : Moine bénédictin anglais, historien et artiste enlumineur

(2) Albrecht von Bollstâdt connu sous l’appellation Saint Albert le Grand, dominicain , philosophe, théologien , naturaliste et alchimiste germanique. Il fut professeur de renom au XIII ème siècle notamment le maître de Thomas d’Aquin.

(3) Saint Luc ou Luc l’évangéliste compagnon de l’apôtre Paul dont il a suivit les voyages en Macédoine puis sa détention à Rome.
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