Livre XXII, traitant des herbes et des grains
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Livre XXII, traitant des herbes et des grains
LIVRE XXII,
TRAITANT DU MÉRITE DES HERBES ET DES GRAINS.
I et II. Que des nations emploient certaines herbes pour se donner de la beauté.
TRAITANT DU MÉRITE DES HERBES ET DES GRAINS.
I et II. Que des nations emploient certaines herbes pour se donner de la beauté.
[I] 1. La nature et la terre avaient, on peut le dire, comblé la mesure de leurs merveilles, à ne considérer que les propriétés énumérées dans le volume précédent et tant de plantes produites pour nos besoins ou nos plaisirs. Et pourtant combien plus en reste-t-il à décrire, et de plus admirables encore? La plupart recommandables par le goût, l'odeur ou la beauté, les plantes du livre précédent ont conduit à de nombreuses expériences; celles qui restent prouvent, par leur efficacité, que la nature n'engendre rien sans quelque secret dessein.
II. (I.) 1. Je remarque d'abord que, pour s'embellir et obéir à des usages constants, des nations étrangères emploient certaines herbes : chez les peuples barbares, les femmes se fardent le visage avec différentes plantes; et les hommes même, chez les Daces et les Sarmates, se tatouent le corps. On donne dans la Gaule le nom de glastum (guède, isatis tinctoria, L.) à une plante semblable au plantain : les femmes et les filles des Bretons s'en teignent le corps, et, noires comme des Éthiopiennes, paraissent, nues, dans certaines cérémonies religieuses.
III. Que l'on teint des étoffes avec des herbes. Sagmina, verveine, clarigation.
(II.) 1. Nous savons que les plantes fournissent d'admirables couleurs pour la teinture des étoffes. Sans parler des graines de Galatie (IX, 63), d'Afrique et de Lusitanie, qui fournissent le coccus (kermès végétal produit par le quercus coccifera, L. ), réservé aux cottes d'armes des généraux, les Gaulois Transalpins reproduisent avec des herbes (XVI, 31) la pourpre tyrienne, la conchylienne, et toutes les autres couleurs; ils ne vont pas chercher le murex au fond des mers; ils ne s'exposent pas à être dévorés en l'enlevant aux monstres marins ; ils ne sondent pas les profondeurs où les ancres même ne sont pas descendues, pour donner des moyens plus. faciles aux grandes dames de plaire à un adultère; aux séducteurs, de corrompre une femme mariée.
2. La récolte se fait debout et en terre ferme, comme celle des céréales; mais cette teinture a le défaut de ne pas supporter le lavage, sans quoi le luxe se serait pourvu avec plus de magnificence, en tout cas, au prix de moins de dangers. Ce n'est pas notre but d'entrer ici dans ces détails; et nous n'irons pas, substituant des choses moins dangereuses, essayer d'enfermer le luxe dans les limites du bon marché, encore bien que nous expliquions ailleurs que les herbes servent à teindre les pierres, à peindre les murailles (XXXV, 1) : mais je ne me serais pas dispensé non plus de parler de la teinture si elle avait jamais appartenu aux arts libéraux.
3. En attendant, nous nous mettrons au-dessus des préjugés, et nous dirons en quelle estime il faut tenir même des herbes muettes, c'est-à-dire sans renom. Les auteurs et fondateurs de l'empire romain en ont tiré d'immenses résultats, puisque ces herbes constituèrent les sagmina des calamités publiques, et les verbenae des sacrifices et des ambassades : ces deux noms signifient la même chose, à savoir le gazon arraché de la citadelle avec sa motte de terre; et toujours, parmi les députés envoyés à l'ennemi pour la clarigation, c'est-à-dire pour redemander clairement les choses enlevées, un s'appelait verbenaire (XXV, 59).
IV. De la couronne de gazon ; combien elle a été donnée rarement.
(III.) 1. Aucune couronne (XVI, 3) n'eut plus d'éclat que la couronne de gazon aux temps de la majesté du peuple roi, quand il distribuait les prix de la gloire. Les couronnes enrichies d'or et de pierreries, vallaire, murale, rostrale, civique, triomphale, ne venaient qu'après, à une grande distance; et on y faisait une différence infinie. Toutes les autres, un seul individu a pu les donner : de simples chefs, des généraux les ont accordées à des soldats, quelquefois même à des corporations; (IV.) le sénat délivré des soins de la guerre et le peuple en repos les ont décernées dans les triomphes; mais la couronne de gazon n'a jamais été obtenue que dans une situation désespérée, votée alors par une armée entière à celui qui l'avait sauvée.
2. Les autres étaient données par les généraux ; celle-là seule était donnée par les soldats au général. On l'appelait aussi obsidionale, quand un camp tout entier avait été délivré d'un siège et préservé de quelque affreux désastre. S'il faut regarder comme une récompense éclatante et sacrée la couronne civique donnée pour avoir sauvé un seul citoyen, même le plus obscur, que penser de la conservation d'une armée entière, due à un seul homme? Cette couronne se faisait avec du gazon vert, pris à l'endroit même où les troupes sauvées avaient été assiégées; en effet, chez les anciens, c'était le signe suprême de la victoire que les vaincus présentassent l'herbe : par là ils déclaraient céder le pays, la terre même qui les avait nourris, et le droit d'y être enterré, usage qui, à ma connaissance, subsiste encore chez les Germains.
V. Quels sont les seuls qui, ont reçu la couronne de gazon.
(V.) 1. L. Siccius Dentatus (VII, 29) n'en fut honoré qu'une seule fois, quoiqu'il eût gagné quatorze couronnes civiques et qu'il fût sorti vainqueur de cent vingt combats; tant il est rare qu'une multitude sauvée n'ait à récompenser qu'un seul sauveur! Quelques généraux en ont reçu plus d'une, par exemple P. Décius Mus (XVI, 5 ), tribun militaire : l'armée lui en décerna une; la garnison qu'il délivra, une autre. Il témoigna par un acte religieux combien était éminent un pareil honneur : orné de ces insignes, il immola à Mars un boeuf blanc, et cent boeufs de poil roux qui lui avaient été, en même temps que la couronne, donnés par les assiégés comme récompense de sa valeur. Ce même Décius, étant plus tard consul avec Imperiosus (an de Rome 414), se dévoua pour obtenir la victoire.
2. Cette couronne fut donnée aussi par le sénat et le peuple romain (honneur au-dessus duquel je ne vois rien dans les choses humaines) à ce Fabius qui rétablit la puissance romaine en ne combattant pas; et elle ne lui fut pas donnée quand il eut sauvé le maître de la cavalerie et son armée; sa couronne alors fut un nom nouveau, le nom de père décerné par ceux qui lui durent leur salut; mais elle lui fut donnée avec l'unanimité dont je viens de parler, quand Annibal eut été chassé de l'Italie : c'est la seule couronne qui jusqu'à présent ait été posée sur la tête d'un citoyen par l'empire lui-même; et ce qui la distingue, c'est la seule qui ait été donnée par l'Italie entière.
VI. Quel est le seul centurion qui l'a reçue.
(VI.) 1. L'honneur de cette couronne a encore été décerné à M. Calpurnius Flamma, tribun militaire en Sicile, et jusqu'à présent à un seul centurion, Cn. Petreius d'Atina, lors de la guerre des Cimbres. Il était primipile sous Catulus; sa légion fut coupée; il l'exhorta à se faire jour à travers le camp ennemi : comme son tribun hésitait à prendre ce parti, il le tua, et ramena la légion.
2. Je lis dans les auteurs que, outre cet honneur, ce même centurion, revêtu de la prétexte, en présence des consuls Marius et Catulus (an de Rome 652), immola la victime au son de la flûte, le réchaud allumé. Le dictateur Sylla a écrit qu'étant lieutenant dans la guerre des Marses, la couronne de gazon lui fut décernée par l'armée, près de Nola. Il fit même peindre cet événement dans sa villa de Tusculum, qui appartint plus tard à Cicéron. Si le fait est vrai, je dirai que Sylla n'en est que plus exécrable, puisque, par ses proscriptions, il a fait tomber de ses propres mains cette couronne de dessus sa tète, sauveur de quelques citoyens, bourreau de tant de milliers.
3. Qu'il ajoute à cette gloire le surnom superbe d'Heureux; lui-même, en assiégeant dans l'univers entier les proscrits, a cédé cette couronne à Sertorius. Scipion l'Émilien, d'après Varron, reçut la couronne obsidionale en Afrique, sous le consulat de Manilius (an de Rome 605 ), pour avoir sauvé plusieurs cohortes en en conduisant un nombre égal à leur secours, événement qui a été gravé sur le socle de la statue de Scipion, par les ordres du dieu Auguste, dans le forum qui porte le nom de cet empereur. Auguste lui-même, sous le consulat de M. Cicéron, le fils (an de Rome, 723), aux ides de septembre (le 13 septembre ), reçut du sénat la couronne obsidionale, tant la couronne civique paraissait insuffisante! Depuis, je ne trouve plus personne qui l'ait obtenue.
VII. Remèdes tirés des autres plantes servant à faire des couronnes.
1. Aucune plante n'était spécialement employée dans cette couronne; mais-on prenait celles qui se trouvaient sur le lieu du danger; et, quoique obscures elles-mêmes et sans renom, elles donnaient un renom glorieux. Tout cela est mis de côté aujourd'hui, et je ne m'en étonne guère, voyant qu'on néglige même ce qui sert à conserver la santé, à dissiper les douleurs corporelles, à éloigner la mort. Mais qui ne s'élèverait contre les moeurs du jour? Les délices et le luxe ont augmenté le prix de la vie; jamais on ne désira plus de vivre, jamais on n'en prit moins de soin.
2. C'est l'affaire d'autrui, pensons-nous; d'autres s'en occupent sans même que nous les en ayons chargés, et les médecins y pourvoient. Nous, nous jouissons des plaisirs; et, chose, à mon avis, la plus ignominieuse,nous vivons sur la foi d'autrui. Que dis-je ! le monde raille les recherches auxquelles je me livre, et tourne en ridicule mes travaux ; mais dans ce labeur, immense, il est vrai, ce m'est une grande consolation de partager ce dédain avec la nature; la nature, qui certes, je le montrerai, ne fait pas défaut aux hommes, et qui a mis des remèdes même dans les plantes haïes, puisqu'elle en a mis dans les plantes épineuses. C'est, en effet, de ces dernières qu'il nous reste maintenant à parler, à la suite de celles que nous avons nommées dans le livre précédent; et là même nous ne pouvons assez admirer et bénir la providence de la nature.
3. Elle nous avait donné, comme nous l'avons dit, des plantes douces au toucher et bonnes à manger; dans les fleurs elle avait orné de couleurs les remèdes, nous attirant par le plaisir des yeux, et mêlant l'agréable à l'utile. Maintenant elle imagine d'autres plantes menaçantes à voir, dangereuses à toucher; et il me semble entendre la voix de la nature qui les crée, et qui nous explique ses motifs ; c'est pour qu'un quadrupède avide ne les broute pas, pour que des mains indiscrètes ne les enlèvent pas, pour qu'un pied inattentif ne les foule pas, pour qu'un oiseau s'y perchant ne les brise pas. En les munissant d'aiguillons, en leur donnant des armes, elle a voulu mettre à l'abri des atteintes les remèdes qu'elles portent. Ainsi, même ce que nous haïssons en elles a été imaginé pour l'avantage des hommes.
VIII. Érynge ou éryngium.
(VII.) 1. Au premier rang parmi les plantes épineuses, l'érynge ou éryngion (XXI, 56) est célèbre comme antidote contre les morsures des serpents et toutes les bêtes venimeuses. On en fait prendre la racine, à la dose d'une drachme (4 gram., 5) dans du vin, contre les coups et les morsures; ou si, comme c'est l'ordinaire dans de pareilles lésions, il s'y joint de la fièvre, dans de l'eau. On en fait un topique pour les plaies : il est particulièrement efficace contre les hydres de terre et les grenouilles. Le médecin Héraclide pense que cuit dans du bouillon d'oie il surpasse en vertu tous les antidotes contre l'aconit et les autres poisons. Apollodore le fait cuire avec une grenouille, contre les poisons, tandis que les autres le font cuire dans de l'eau. C'est une plante dure, ayant le port d'un arbrisseau, les feuilles épineuses, la tige articulée, haute d'une coudée et quelquefois plus, tantôt blanchâtre (eryngium viride, L.), tantôt noire (eryngium cyaneum, Sibth. ), à racine odorante; on la cultive dans les jardins, mais elle croit aussi d'elle-même dans les endroits âpres et pierreux; on la trouve encore sur les bords de la mer (eryngium maritimum, L.), et là elle est plus dure, plus noire, et a les feuilles de l'ache.
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IX. Remèdes tirés du centumcapita, xxx.
(VIII.) 1. L'érynglon blanc est appelé par les Latins centum capita, l'herbe aux cent têtes (eryngium campestre). Il a tous les effets précédents; les Grecs en mangent la tige et la racine de deux façons, cuite ou crue. On raconte des choses prodigieuses de cette plante: La racine, dit-on, a la figure des parties naturelles de l'homme ou de la femme; elle est rare: si un homme trouve celle qui représente les parties mâles, cela le fait aimer; et telle fut la cause de la passion de Sapho pour Phaon de Lesbos. Et à ce sujet il y a beaucoup de rêveries, non seulement des mages, mais encore des pythagoriciens. Quant à l'usage médical, outre les affections susdites, cette plante est bonne pour les flatuosités, les tranchées, les maladies du coeur, de l'estomac, du foie, des hypocondres, prise dans de l'eau miellée; pour celles de la rate, prise dans de l'oxycrat.
2. On la donne encore dans de l'eau miellée pour les maux de reins, pour la strangurie, pour l'opisthotonos, pour les douleurs lombaires, pour l'hydropisie, pour l'épilepsie, pour la suppression ou l'excès du flux menstruel, et pour toutes les affections de la matrice. Avec du miel, elle fait sortir les corps étrangers; avec de l'axonge salée et du cérat, elle guérit les scrofules, les parotides, les tumeurs, les dénudations des os, les fractures. Prise avant de boire, elle empêche l'ivresse; elle arrête le cours de ventre. Quelques auteurs latins ont recommandé de la cueillir au solstice d'été, et de l'appliquer, avec de l'eau de pluie, dans toutes les affections du cou. On a prétendu aussi qu'attachée elle guérit les taies des yeux.
X. De l'acanum, I.
(IX.) 1. Quelques-uns font de l'acanos (onopordum acanthium, L.) une espèce d'éryngion. C'est une plante épineuse, basse, assez étalée; elle a de larges piquants; en topique, c'est un remède admirable pour arrêter les hémorragies.
XI. De la réglisse ou adipsos, xv.
1. D'autres auteurs ont pris mal à propos la réglisse pour une espèce d'éryngion; c'est pour cela que je vais en parler immédiatement. La réglisse est sans contredit une plante épineuse ; les feuilles en sont hérissées de piquants, grasses et gluantes; elle a le port d'un arbrisseau, une hauteur de deux coudées, la fleur de l'hyacinthe, un fruit de la grosseur de celui du platane. La meilleure est celle de Cilicie, ensuite celle du Pont; la racine est douce, et c'est la seule partie qui soit en usage. On la récolte au coucher des Pléiades; elle est longue comme celle de la vigne. Jaune comme le buis, elle vaut mieux que noire, et flexible que cassante. On s'en sert dans les pessaires, en la faisant bouillir jusqu'à réduction du tiers. Dans les autres cas, on la fait bouillir jusqu'à consistance de miel. Quelquefois on l'emploie pilée; c'est de cette façon qu'on en fait un topique pour les plaies et pour toutes les affections de la gorge.
2. Le suc en est très avantageux à la voix; on le fait épaissir, et on le met sous la langue. Cette racine est excellente pour la poitrine et le foie. Nous avons dit (XI, 119) qu'elle apaise la faim et la soif; c'est pour cela que quelques-uns l'ont appelée adipsos (sans-soif), et l'ont prescrite aux hydropiques pour prévenir l'altération. Mâchée, elle est favorable à la bouche, et guérit les ulcérations de cette cavité; l'application, souvent renouvelée, de la poudre est bonne pour les ptérygions. La réglisse guérit encore la psore de la vessie, les douleurs des reins, les condylomes, les ulcérations des parties génitales. Quelques-uns l'ont donnée en potion dans les fièvres quartes, à la dose de deux drachmes, avec du poivre dans une hémine (0 litr., 27) d'eau. Mâchée et appliquée sur une plaie, elle arrête l'hémorragie. Des auteurs ont rapporté qu'elle expulse les calculs.
XII. Deux espèces de tribulus ; remèdes, xii.
(X.) 1. Des deux espèces de tribulus (XXI, 58) 1 l'une vient dans les jardins (fagonia cretica, L.), l'autre ne se trouve que dans les rivières (trapa natans, L. ). On en tire un suc employé dans les compositions ophtalmiques; car il est rafraîchissant, et par conséquent très bon contre les inflammations et les fluxions. Avec du miel il guérit les ulcérations spontanées, surtout dans la bouche; il guérit aussi les affections des amygdales. Pris en boisson, il brise les calculs. Les Thraces qui habitent les rives du Strymon engraissent leurs chevaux avec les feuilles de cette plante; et ils en emploient les amandes à faire un pain très agréable au goût, et qui resserre le ventre. La racine, récoltée par des personnes chastes et pures, dissipe les écrouelles. La graine appliquée sur les varices en apaise les douleurs ; broyée et mêlée dans de l'eau, elle tue les puces.
XIII. Stoebe.
(XI.) 1. Le stoebe, que quelques-uns appellent phléon (poterium spinosum), cuit dans du vin, est un bon remède surtout pour la suppuration des oreilles et pour l'extravasation du sang dans les yeux, à la suite d'un coup. En injection, on l'emploie contre les hémorragies et la dysenterie.
XIV. Hippophyes ; espèces, ii ; remèdes, ii.
(XII.) 1. L'hippophyes (euphorbia spinosa, 1 L.) croit dans les lieux sablonneux et sur le bord de la mer. Il a des épines blanches ; il produit des grappes comme le lierre, et les grains en sont blancs et rouges en partie. La racine donne un suc que l'on emploie seul, ou en tablettes, avec de la farine; elle évacue la bile à la dose d'une obole, salutaire surtout avec du vin miellé. Il est un autre hippophyes (XXVII, 66), sans tige, sans fleurs, n'ayant que de petites feuilles (centaurea aspinosa, L.). Le suc en est merveilleusement utile aux hydropiques. Il y a apparence que ces deux plantes ont de grandes propriétés pour les chevaux, et que c'est pour cela qu'elles ont été nommées hippophyes. En effet, il naît des remèdes pour les animaux. La Divinité prodigue les secours, et l'on ne peut assez admirer sa sagesse à les répartir suivant les espèces, suivant les causes, suivant les temps; de la sorte il n'est point de classe, point de saison, et, pour ainsi dire, point de jour sans remède.
XV. Orties; remèdes, vii.
(XIII.) 1. Qu'y a-t-il de plus odieux que l'ortie (XXI, 55)? mais, sans parler de l'huile qu'on en tire en Égypte, comme nous l'avons dit (XV, 7, 5), elle a de nombreuses propriétés. La graine, selon Nicandre (Alexiph.), est un antidote contre la ciguë, les champignons et le vif-argent. Apollodore la prescrit, cuite avec du bouillon de tortue, contre les salamandres, et aussi contre la jusquiame, les serpents et les scorpions. Même l'amertume mordicante de l'ortie remédie par le contact au relâchement de la luette, à la chute de la matrice, à la procidence de l'anus chez les enfants. En touchant avec des orties les jambes et surtout le front des léthargiques, on les réveille.
2. Appliquée avec du sel, cette plante est utile contre la morsure des chiens. Pilée et introduite dans les narines, elle arrête l'épistaxis; pour cet usage la racine est préférable. Mélangée avec du sel, on l'emploie contre les carcinomes et les ulcères sordides; de la même façon, elle guérit les luxations, les panus, les parotides, les dénudations des os. La graine, bue avec du vin cuit, dissipe les suffocations hystériques; en topique, elle arrête les épistaxis. Prise dans de l'eau miellée, au poids de deux oboles (1 gr., 5), elle procure des vomissements faciles après le dîner. A la dose d'une obole (0 gr., 75), dans du vin, elle dissipe la lassitude.
3. On la prescrit grillée, à la dose d'un acétabule (0 litr., 068), dans les affections de matrice. Prise dans du vin cuit, elle remédie au gonflement de l'estomac; avec du miel, elle soulage dans l'orthopnée et aide à l'expectoration ; avec la graine de lin, elle apaise les douleurs de côté ; on y ajoute de l'hysope et un peu de poivre. On l'emploie en topique sur la rate. Grillée et prise avec les aliments, elle relâche le ventre. Hippocrate dit (De morb. mul., I, 47 ) que, prise en boisson, elle purge la matrice; qu'elle en dissipe les douleurs, grillée et prise à la dose d'un acétabule (0 litr., 068) dans du vin doux (Ib. I, 88 ), ou en topique avec le suc de mauve (De nat. mul., 105) ;
4. qu'avec de l'hydromel et 4 du sel elle expulse les vers intestinaux ; qu'en topique, elle remédie à l'alopécie (De morb. mul.) (II, 67). Plusieurs emploient en topique, dans les maladies articulaires et la goutte, la graine avec de la vieille huile, ou les feuilles pilées avec de la graisse d'ours. La racine, pilée avec du vinaigre, n'est pas moins utile dans les mêmes maladies, ainsi que pour la rate. Cuite dans du vin, et appliquée avec du vieux oing salé, elle résout les panus; sèche, c'est un dépilatoire.
5. Le physicien Phanias s'étend beaucoup sur les vertus de l'ortie, prétendant que cuite ou confite, et prise avec les aliments, elle est très bonne pour les affections de la trachée-artère, pour la toux, pour les flux de ventre, pour l'estomac, pou r les panus, pour les parotides, pour les engelures ; qu'avec l'huile elle provoque la sueur; que bouillie avec des coquillages elle lâche le ventre; qu'avec la décoction d'orge elle facilite l'expectoration et est emménagogue; qu'avec le sel elle arrête les ulcères serpigineux. Le suc est aussi en usage : appliqué sur le front, il arrête l'épistaxis; en boisson, il est diurétique et brise les calculs. En gargarisme, il resserre minette. Il faut recueillir la graine à l'époque des moissons; celle d'Alexandrie est très estimée. Pour tous ces différents usages les orties les plus douces et les plus tendres sont les plus efficaces, surtout l'ortie sauvage (XXI, 55), qui a de plus la propriété de dissiper la lèpre du visage, prise dans du vin. Quand les quadrupèdes refusent de s'accoupler, on recommande de leur frotter les parties naturelles avec de l'ortie.
XVI. Lamium ; remèdes, vii.
(XIV.) 1. L'espèce d'ortie que nous avons appelée lamium (XXI, 55) (lamium macutalum, L. ), qui est la plus douce et dont les feuilles se laissent manier, est, avec un grain de sel, un remède dans les contusions, les meurtrissures, les brûlures, les écrouelles, les tumeurs, la goutte, les plaies. Elle a au milieu de la feuille une partie blanche qui est bonne coutre l'érysipèle. Certains auteurs latins ont distingué les espèces suivant la saison de chacune : ainsi la racine de l'ortie d'automne portée en amulette guérit les fièvres tierces, pourvu qu'en l'arrachant on nomme le malade et qu'on dise le nom de ses père et mère. Elle est, de la même façon, un spécifique contre la fièvre quarte. Ces auteurs prétendent encore quo la racine d'ortie, avec addition de sel, fait sortir les corps étrangers; que les feuilles, avec l'axonge, dissipent les écrouelles, ou, si ces tumeurs suppurent, les rongent, et y font renaître des chairs nouvelles.
Stephandra- Dans l'autre monde
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Re: Livre XXII, traitant des herbes et des grains
XVII. Scorpion ; espèces, ii ; remède, i.
(XV.) 1. L'herbe appelée scorpion (scorpiurus sulcata, L.) a reçu ce nom, parce que la graine ressemble à la queue de cet insecte; les feuilles sont peu nombreuses. Elle a de l'efficacité contre la piqûre de l'animal dont elle porte le nom. Il y a aussi une autre plante de même nom (XXVII, 116; ephedra distachya, L.) et de mêmes propriétés, sans feuilles, à tige d'asperge, portant au sommet un aiguillon, d'où le nom qu'elle a reçu.
XVIII. Leucacantha, ou phyllos, ou ischias, ou polygonatos ; remèdes, iv.
(XVI.) 1. La leucaeantha (XXI, 55), appelée aussi phyllos, ischias, polygonatos, a la racine du cyperus. Cette racine, méchée, calme les douleurs de dents. D'après Hicésius, la graine ou le sue pris à la dose de huit drachmes guérit les douleurs de côté et celle des lombes. Cette plante est employée dans les ruptures et les spasmes (centaurea dalmatica, Potier.)
XIX. Heixine ; remèdes, xii.
(XVII.) 1. L'helxine est appelée par quelques-uns perdicium, parce que les perdrix s'en nourrissent principalement. Elle porte aussi les noms de sidéritis et de parthenium (pariétaire, parietaria officinalis, L.). Elle a des feuilles dont la forme est entre celles du plantain et celles du marrube, des tiges nombreuses rougeâtres, des graines qui, renfermées dans des têtes comme celles de la lappa (XXI, 64), s'accrochent aux habits, d'où lui vient, dit-on, le nom d'helxine. Mais nous avons caractérisé la véritable helxine dans le livre précédent (XXI, 56 ); celle dont nous parlons sert à teindre les laines, et guérit l'érysipèle, les tumeurs, les collections de toute espèce et les brûlures. Le suc, avec la céruse, guérit les panus et les goitres commençants; les toux invétérées, à la dose d'un cyathe : il est bon pour toutes les parties humides, telles que les amygdales; il est bon aussi pour les varices, avec l'huile rosat. On en fait un topique pour la goutte avec la graisse de chèvre et la cire de Chypre.
XX. Perdicium, ou parthénium,ou urcéolaire, ou arcercum ; remèdes, xi.
1. Le perdicium ou parthenium (parietaria diffusa, L.) (le sidéritis est tout autre chose), appelé par les Latins herbe urcéolaire, nommé aussi astericum, a des feuilles semblables à celles de l'ocimum ; seulement il est plus noir; il vient sur les toits et les murailles. Broyé avec un grain de sel, il a toutes les propriétés du lamium (XXVII, 16) et s'emploie de la même manière; le suc, chaud, est bon pour les vomiques. Mais il a des vertus toutes spéciales pour les plaies, les ruptures, les chutes d'un lieu élevé ou du haut d'une voiture. Un esclave chéri de Périclès, le chef des Athéniens, travaillait à la construction du temple dans la citadelle : il tomba du sommet de cet édifice sur lequel il grimpait, et fut, dit-on, guéri par cette plante, que Minerve indiqua à Périclès dans un songe. De là elle fut appelée parthenium (πάρθενος, vierge), et consacrée à la déesse. C'est cet esclave dont on a fait une statue en bronze, qui est le fameux Splanchnoptes (XXXIV, 19, 31 ).
XXI. Chaméléon, ou izias, ou uIophyton, ou cynozolon ; espèces, ii ; remèdes, xii
(XVIII.) 1. Le chaméléon (atractylis gummifera, L.) est nommé par quelques auteurs ixlas. On en connaît deux espèces. Le plus blanc a les feuilles plus rudes; il rampe à terre, redressant ses pointes comme un hérisson ; la racine en est douce, l'odeur très forte. En certains lieux il produit, comme on dit que fait l'encens (XII, 33), une glu blanche à l'aisselle des feuilles, surtout vers le lever du Chien, ce qui l'a fait appeler ixia (glu); les femmes se servent de cette production comme du mastic. Quant au nom de chaméléon, il provient de l'apparence variée des feuilles; en effet, avec le terrain, elles changent de couleur: ici noires, là vertes, ailleurs bleues, parfois jaunes, et d'autres couleurs encore.
2. La décoction de la racine du chaméléon blanc guérit les hydropiques ;on la boit, à la dose d'une drachme, dans du vin de raisins cuits au soleil. Cette même décoction chasse les vers intestinaux, à la dose d'un acétabule (0 litr., 068 ) dans du vin astringent, avec une poignée d'origan. Elle est bonne dans la dysurie. Dans de la farine d'orge, elle tue les chiens et les cochons. Avec addition d'eau et d'huile, elle tue les rats en les contractant, à moins qu'ils ne boivent aussitôt de l'eau. Quelques-uns recommandent de garder la racine, coupée par morceaux et pendue au plancher, pour, au besoin, la faire cuire et manger contre les fluxions que les Grecs nomment rhumatismes.
3. Quant aux chaméléons noirs (brotera corymbosa), d'après quelques auteurs le chaméléon mâle est à fleur pourpre, le femelle à fleur violette. Ils naissent sur une tige semblable, haute d'une coudée, grosse comme le doigt. La racine, cuite avec du soufre et du bitume, guérit le lichen. Mâchée, ou cuite dans du vinaigre, elle raffermit les dents ébranlées. Avec le suc, on guérit la gale des quadrupèdes, on tue la vermine des chiens; chez les jeunes boeufs il produit une sorte d'angine qui les étouffe: cette plante est appelée par quelques-uns ulophyton, à cause de cette propriété meurtrière, et cynozolon, à cause de sa mauvaise odeur. Ces chaméléons produisent aussi une glu très bonne pour les ulcères. Au reste, les racines de toutes les espèces sont un antidote contre les scorpions.
XXII. Coronopus.
(XIX.) 1. Le coronopus (lotus ornithopodiodes, L.) est une herbe allongée et découpée. On le cultive, parce que la racine, cuite dans la cendre, est excellente contre les affections céliaques.
XXIII. Orcanette ; remèdes, xiv.
(XX.) 1. On se sert aussi de la racine d'anchusa (orcanette, anchusa tinctoria), qui est grosse comme le doigt. Elle se fend par feuillets comme le papyrus; quand on la manie, elle rend les mains rouges comme le sang, et fournit de riches couleurs à la teinture des laines. Dans du cérat, elle guérit les ulcères, surtout chez les vieillards; elle guérit aussi les brûlures. Insoluble dans l'eau, elle se dissout dans l'huile; et c'est le moyen de reconnaître la véritable. Pour les douleurs néphrétiques, on la fait prendre à la dose d'une drachme dans du vin, ou, s'il y a fièvre, dans une décoction de balan (XII, 46). On la donne de la même façon dans les affections du foie, dans celles de la rate, et dans l'ictère. Avec le vinaigre, on en fait un topique pour la lèpre et le lentigo. Les feuilles, pilées avec du miel et de la farine, s'appliquent sur les luxations; prises dans du vin miellé, à la dose de deux drachmes, elles arrêtent le flux de ventre. La racine, bouillie dans l'eau, tue, dit-on, les puces.
XXIV. Pseudoanchusa, ou échis, ou doris ; remèdes, xxx.
1. Il est une autre plante qui ressemble à la précédente, appelée pour cette raison fausse anchuse; quelques-uns la nomment échis ou doris, et d'autres façons encore. Elle est plus cotonneuse et moins grasse ; la feuille en est plus mince et plus faible. La racine, traitée par l'huile, ne donne pas de suc rouge, épreuve par laquelle on la distingue de l'orcanette. Les feuil-les ou les graines, prises en breuvage, sont très efficaces contre les serpents; les feuilles se mettent aussi en topique sur la plaie. Son odeur forte chasse les serpents. On boit une préparation de cette plante, dans les douleurs de la colonne vertébrale. Les mages recommandent de cueillir les feuilles de la main gauche, de dire pour qui on les cueille, et de les faire porter en amulette contre les fièvres tierces (echium rubrum, L. ).
XXV. Onochilon, ou archébion, ou onochélis, ou rhexia, ou enchrysa ; remèdes, xxx.
1. (XXI.) Une autre plante dont le nom spécial est onochiles (echium creticum, L. ), mais qu'on appelle encore anchusa, arcebion, onochelis, rhexia, et surtout enchrysa, a de petites tiges, la fleur pourpre, les feuilles et les branches rudes, la racine d'un rouge de sang à l'époque de la moisson, noire le reste du temps; elle vient dans les terrains sablonneux. Elle est très efficace contre les serpents, principalement contre les vipères, la racine ou les feuilles eu aliment ou en boisson. Elle a de la vertu lors de la moisson. Les feuilles, pilées, exhalent l'odeur de concombre. On la donne, à la dose de trois cyathes (0 litr., 135), dans les chutes de matrice. Avec l'hysope elle chasse les vers.
2. Dans les douleurs rénales ou hépatiques, on la fait boire avec de l'eau miellée, s'il y a fièvre ; sinon, avec du vin. Avec la racine on fait un topique pour le lentigo et la lèpre. Ceux qui portent sur eux de cette racine ne sont pas mordus, dit-on, par les serpents. Il y a une autre plante semblable à celle-ci : elle a les fleurs rouges (lithospermum fruticosum, L.); elle est plus petite, et possède les mêmes propriétés. On pré-tend de plus qu'en la mâchant et la crachant sur un serpent on le fait mourir.
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XXVI. Anthémis, ou leueanthémis, ou chamaemelon ou méanthion; espèces, iii ; remèdes, xi.
1. L'anthémis a été très-célébrée par Asclépiade. Quelques-uns l'appellent Ieucanthemis ou leucanthemum (matricaria charamilla) ; d'autres, eranthemon, parce qu'elle fleurit au printemps; d'autres, chamaemelon, parce qu'elle a l'odeur de la pomme; d'autres, mélanthemon. Il y en a trois espèces; elles ne diffèrent que par la fleur; elles n'ont pas plus d'un palme de haut; les fleurs sont petites comme celles de la rue, et blanches, ou jaunes, ou pourpres. Cette plante vient dans un sol maigre, ou le long des sentiers. On la recueille au printemps, et on la garde pour en faire des couronnes. Dans la même saison, les médecins pilent les feuilles et en font des tablettes; même préparation pour les fleurs et la racine.
2. Toutes les parties de la plante, mélangées, se donnent, à la dose d'une drachme, contre les morsures de toutes les espèces de serpents. En boisson, cette plante expulse les foetus morts; elle est emménagogue, elle est diurétique, et chasse les calculs. On l'emploie contre les gonflements, les affections du foie, l'ictère, l'ægilops. Mâchée, elle guérit les ulcères humides. De toutes les espèces, la plus efficace pour les calculs est celle qui a la fleur pourpre (anthemis rosea, Sibth. ), et dont les feuilles et la tige sont un peu plus grandes. Quelques-uns nomment proprement cette dernière éranthemon.
XXVII. L'herbe lotos ; remèdes, iv.
1. Ceux qui pensent que par lotus on en-tend toujours un arbre peuvent être réfutés parle témoignage même d'Homère : ce poète (Il., XIV, 347) a nommé tout d'abord le lotos (melilotus officinalis, L. ) parmi les herbes qui naissent pour les plaisirs des dieux. Les feuilles du lotos herbe (XIII, 32 ), avec du miel, dissipent les taies, les ulcérations, les nuages des yeux.
XXVIII. Lotométra; remèdes, ii.
1. Le lotometra (nymphaea lotus, L.) est un lotus cultivé. Avec la graine, qui est semblable au millet (XIII, 32 ), on fait en Égypte, les bergers surtout, un pain que l'on pétrit avec de l'eau ou avec du lait. On prétend que rien n'est plus salutaire ni plus léger que ce pain, pourvu qu'il soit chaud; refroidi, il se digère plus difficilement, et devient pesant. On a observé que ceux qui s'en nourrissent ne sont atteints ni de la dysenterie, ni du ténesme, ni des autres affections abdominales : aussi le range-t-on parmi les remèdes de ces maladies.
XXIX. Héliotrope; ii espèces. Hélioscopium ; remèdes, xiii. Tricoccon ou scorplure ; remèdes, xiv.
1. Nous avons parlé plusieurs fois (XVVIII, 67, 1; XIX, 58) de la merveille de l'héliotrope (heliotropium europaeum, L.), lequel tourne avec le soleil, même par un temps couvert, tant il a de sympathie pour cet astre. La nuit, comme s'il le regrettait, il ferme sa fleur bleue.
2. Il y en a deux espèces, letricoccum (tournesol, croton linctorium, L.) et l'hélioscope; ni l'une ni l'autre ne dépassent la hauteur d'un demi-pied; cependant l'hélioscope est le plus grand, et rameux dès la racine. La graine, renfermée dans un follicule, se récolte au temps de la moisson. Il ne vient que dans un terrain gras, et cultivé surtout. Le tricoccum vient partout. Je lis que l'hélioscope cuit est agréable à manger ; que dans du lait il lâche doucement le ventre, et que si on en boit la décoction il purge avec beaucoup d'efficacité. Le suc se recueille en été, à la sixième heure ( midi ); ou le mêle avec du vin, et il se garde mieux. Mêlé à l'huile rosat, il calme les douleurs de tète. Le suc exprimé de la feuille, avec du sel, enlève les verrues, ce qui a fait nommer par les auteurs latins verrucaria cette plante, qui méritait d'être dénommée d'après d'autres propriétés.
3. En effet, elle est un antidote contre le venin des serpents et des scorpions, prise dans du vin ou de l'eau miellée, d'après le dire d'Apollophane et d'Apollodore. Les feuilles s'emploient en topique dans l'affection cérébrale des enfants, qu'on nomme siriasis; dans les convulsions aussi, même quand elles sont épileptiques. Il est très salutaire de se gargariser avec la décoction. En boisson, elle chasse les vers et les graviers; si on ajoute le cumin, elle brise les calculs. De la plante, cuite avec la racine et les feuilles, on fait, en y incorporant du suif de bouc, un topique pour la goutte.
4. La seconde espèce, que nous avons appelée tricoccum, et qui porte aussi le nom de scorpiuron, a les feuilles non seulement plus petites, mais encore tournées vers la terre. La graine a la forme de la queue du scorpion, d'où lui vient le nom qu'elle porte. Elle a de l'efficacité contre tous les animaux venimeux et les araignées phalanges, mais surtout contre les scorpions, en topique : quand on en a sur soi on n'est pas piqué; et si on trace sur le soi avec un rameau d'héliotrope un cercle autour d'un scorpion, cet insecte, dit-on, n'en sort pas, comme aussi il meurt immédiatement si ou le couvre de la plante même, ou si seulement on l'asperge avec l'eau qui l'a humectée. Quatre graines prises en boisson passent pour guérir la fièvre quarte; trois, la fièvre tierce : même effet si, après avoir porté la plante trois fois autour du malade, on la met sous son chevet.
5. La graine est aphrodisiaque; avec le miel, elle dissipe les panus. Cette espèce d'héliotrope extirpe radicalement les verrues et les excroissances anales. La graine en topique fait sortir le sang corrompu de l'épine et des lombes. Même action, cuite dans du bouillon de poulet, ou avec des bettes et des lentilles. L'écorce dissipe les lividités. D'après les mages, le malade doit nouer l'héliotrope quatre fois, dans les lièvres quartes, trois fois dans !es fièvres tierces, sans l'arracher, en promettant de défaire ces noeuds dès qu'il sera rétabli.
- XXX. Callitrique, ou adiante, ou trichomanes, ou polytrique, ou saxifrage ; espèces, ii ; remèdes, xxviii.
1. Autre est la merveille que présente l'adiantum (asplenium trichomanes, L.) : il est vert pendant l'été; il ne se fane point pendant l'hiver; il repousse l'eau ; arrosé ou submergé, il semble être sec, tant est grande l'antipathie. C'est aussi de là que vient son nom grec (ἀδίαντος, qui ne se mouille pas). Au reste, Il ressemble aux arbrisseaux qu'on emploie dans la topiaire. Quelques-uns l'appellent callitrichos, d'autres polytrichos, noms relatifs à ses propriétés. En effet, il noircit les cheveux. Pour cela on le fait cuire dans du vin avec de la graine d'ache, et l'on y ajoute de l'huile en abondance si l'on veut qu'il rende la chevelure épaisse et crépue; il empêche aussi les cheveux de tomber.
2. Il y en a deux espèces : l'une plus blanche, l'autre foncée et plus courte. La plus grande est appelée polytrichos, quelquefois trichomanes. Toutes deux ont de petits rameaux d'un noir brillant, et les feuilles de la fougère; celles d'en bas sont rudes et brunes; toutes sont serrées, et portées sur des pétioles opposés; la racine est nulle. Elle recherche les rochers ombragés, les murailles humides, et surtout les grottes des fontaines et les pierres qui laissent l'eau sourdre, chose étrange dans une plante insensible à l'eau. L'adiantum chasse merveilleusement les calculs : ou les brise, surtout le noir.
3. Aussi est-ce plutôt, je crois, à cause de cette vertu que parce qu'il vient dans les pierres, que les Latins l'ont nommé saxifrage. On le boit dans du vin, à la dose d'une pincée. Les adiantum sont diurétiques; ils sont un antidote contre le venin des serpents et des araignées; cuits dans du vin, ils arrêtent le flux de ventre; en couronne, ils calment les douleurs de tête; contre les morsures des scolopendres on en fait un topique qu'il faut renouveler souvent, de peur qu'il ne devienne corrosif; on s'en sert de même dans l'alopécie. Ils dissipent les écrouelles, les dartres farineuses du visage et les ulcères humides de la tête.
4. La décoction est utile dans l'asthme, dans les affections du foie et de la rate, dans l'ictère et dans l'hydropisie. Avec l'absinthe, on en fait un topique pour la strangurie et les affections rénales; ces plantes font sortir l'arrière-faix, et sont emménagogues. Prises avec du vinaigre ou du suc de ronce, elles arrêtent les hémorragies. Avec l'huile rosat, on en fait un liniment pour les excoriations des enfants, que l'on bassine d'abord avec du vin. Les feuilles, mises dans l'urine d'un garçon impubère et pilées avec de l'aphronitre, composent un topique qui, mis sur le ventre des femmes, empêche, dit-on, les rides de s'y former. On croit que l'adiantum mêlé aux aliments des perdrix et des coqs les rend plus belliqueux; et qu'il est fort avantageux aux troupeaux.
XXXI. Picris; remède, i. Thésium; remède, i.
(XXII.) 1. La picris (picris asplenioides, L.) a été ainsi dénommée d'après son insigne amertume, comme nous l'avons dit (XXI, 65). Elle a la feuille ronde; elle enlève merveilleusement les verrues. Le thesium (XXI, 67) n'est guère moins amer, mais il est purgatif, usage pour lequel on le pile dans de l'eau.
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XXXII. Asphodèle; remèdes, li.
1. L'asphodèle (XXI, 68) est parmi les plantes les plus célèbres. Quelques-uns l'ont nommé héroïon. Hésiode a dit qu'il croissait aussi dans les forêts; Dyonisius, qu'il était mâle et femelle. On a observé que les bulbes, cuits avec la décoction d'orge, conviennent très bien dans les consomptions et dans la phtisie, et que le pain où on en mêle en les pétrissant avec de la farine est très salutaire. Nicandre (Thériac., p. 39) donne contre les serpents et les scorpions, ou la tige que nous avons appelée anthéricon ( XXI, 68), ou la graine, ou les bulbes, dans du vin, à la dose de trois drachmes; et il en fait mettre sous le chevet, pour écarter ces bêtes malfaisantes.
2. On s'en sert aussi contre les animaux marins venimeux et contre les scolopendres terrestres. Dans la Campanie, les escargots recherchent singulièrement la tige, et la dessèchent en la suçant. Avec les feuilles dans du vin, on compose un topique pour les plaies faites par les animaux venimeux. Les bulbes, pilés avec la farine d'orge, sont un topique pour les nerfs et les articulations; hachés et avec du vinaigre, on en frotte les lichens; avec de l'eau, on les met sur les ulcères putrides, et sur les seins et les testicules enflammés; cuits dans la lie de vin et mis entre deux linges, on les emploie dans les fluxions des yeux. Dans quelque maladie que ce soit, les médecins ne les emploient guère que cuits. Secs et réduits en poudre, on s'en sert contre les ulcères. hideux des jambes et contre toutes les gerçures du corps.
3. On les recueille en automne, saison de leur plus grande vertu. Le suc exprimé ou la décoction est, avec du miel, utile contre les douleurs du corps; avec l'iris sec et un peu de sel, à ceux qui veulent sentir bon. Les feuilles guérissent les maladies précédentes, et de plus, cuites dans du vin, les écrouelles, les tumeurs, les ulcérations de la face. La cendre de la racine remédie à l'alopécie et aux rhagades des pieds. Le sue de la racine bouillie dans t'huile est bon pour les engelures et les brûlures.
4. On en instille dans les oreilles pour la surdité, et pour les douleurs de dents, dans l'oreille opposée au siège du mal. Une médiocre quantité de la racine, prise en breuvage, provoque les urines, les menstrues, et remédie aux douleurs de côté; elle remédie aux ruptures, aux spasmes et aux toux, bue dans du vin à la dose d'une drachme. Mâchée, elle facilite encore les vomissements. La graine, prise à l'intérieur, trouble le ventre. Chryserme s'est servi contre les parotides du la racine bouillie dans du vin, et, en y mêlant du. cachrys (XVI, 11) dans du vin, contre les écrouelles. Certains prétendent que si après avoir appliqué de cette racine sur les écrouelles on en met sécher une partie à la cheminée pendant quatre fours, les écrouelles se dessèchent en même temps que cette portion de racine.
5. Sophocle l'a employée, cuite et crue, pour la goutte ; bouillie dans l'huile pour les engelures, dans du vin pour l'ictère et l'hydropisie. On a dit aussi qu'en friction avec du miel et en breuvage elle est aphrodisiaque. Xénocrate assure que la racine cuite dans du vinaigre emporte les lichens, les affections psoriques et lépreuses; que cuite avec de la jusquiame et de la poix liquide elle corrige la mauvaise odeur des aisselles et des cuisses, et qu'elle rend la chevelure plus crépue si on s'en frotte la tète après l'avoir fait raser. Simus la prescrit, cuite dans du vin et en breuvage, contre les calculs rénaux. Hippocrate ( De intern. affect., text. 33) en ordonne la graine contre les engorgements de la rate. La racine, ou la décoction de la racine, en topique, fait revenir le poil détruit par les ulcères et par la gale chez les bêtes de somme. Enfin, elle chasse les rats; elle les fait mourir, si on en met à l'entrée de leurs trous.
XXXIII. Atlmon; remèdes, xiv.
1. Des auteurs ont pensé que l'asphodèle avait été nommé alimon par Hésiode, ce qui me parait une erreur; car ce nom appartient à l'alimon proprement dit (atriplex halimus, L.), qui lui-même a singulièrement divisé les auteurs. Selon les uns, c'est une plante frutescente, touffue, blanche, sans épines, ayant les feuilles de l'olivier, mais plus molles et qu'on mange cuites. La racine, prise à la dose d'une drachme dans de l'eau miellée, dissipe les tranchées ainsi que les spasmes et les ruptures. Selon les autres, c'est une plante venant sur les bords de la mer, d'un goût salé (d'où le nom qu'elle porte), ayant les feuilles longues et arrondies, et bonnes à manger. Il y en a deux espèces, l'une sauvage, l'autre cultivée : toutes deux s'emploient, avec du pain, dans la dysenterie même ulcérée, avec du vinaigre, dans les affections de l'estomac; crues, on les applique sur les vieux ulcères.
2. Elles adoucissent l'inflammation des plaies nouvelles, et les douleurs que causent la luxation du pied et la vessie. L'espèce sauvage a les feuilles plus ténues, mais elle est plus efficace dans toutes ces circonstances, et dans le traitement de la gale des hommes et des animaux. La racine, en friction, rend la peau nette et les dents blanches. Si on met de la graine sous la langue, on ne sent pas la soif. On mange aussi cette espèce d'alimon, et on les confit toutes deux. Cratevas a parlé d'une troisième espèce, à feuilles plus longues et plus velues, à odeur de cyprès, qui croit surtout sous le lierre, et qui est bonne dans l'opisthotonos et les convulsions, à la dose de trois oboles (2 gr., 25 ) dans un setier d'eau.
XXXIV. Acanthe, ou poederos, ou mélamphyllos; remèdes, v.
1. L'acanthe est une herbe de ville, et employée dans la topiaire. Elle a les feuilles dressées et longues; elle revêt les rebords des bassins et les carreaux des parterres. Il y en a deux espèces : l'une ( acanthus spinosus, L.), épineuse et frisée, est la plus courte; l'autre est lisse, et appelée aussi paederos et mélamphyllos (acanthus mollis, L.). La racine de cette dernière est excellente pour les brûlures et les luxations. Mangée cuite, surtout avec la décoction d'orge, elle est très bonne pour les ruptures, pour les spasmes, et pour ceux qui sont menacés de phtisie. Pilée et chaude, on en fait un topique pour les gouttes avec sentiment de chaleur.
XXXV. Buplévron; remèdes, v.
1. Le bupleuron (bupleuron baldense) est mis par les Grecs au nombre des légumes qui croissent spontanément : tige haute d'une coudée, feuilles nombreuses et longues, tête semblable à celle de l'aneth. Il a été cité comme aliment par Hippocrate, comme médicament par Glaucon et Nicandre (Thériac., p. 43). La graine est bonne contre les serpents. Les feuilles ou le suc des feuilles, avec du vin, font, en topique, sortir l'arrière-faix. Les feuilles, avec du sel et du vin, s'emploient contre les écrouelles. La racine se prescrit dans du vin contre la morsure des serpents, et comme diurétique.
XXXVI. Buprestis; remède, i.
1. Avec une grande inconséquence, les Grecs, tout en louant comme aliment le buprestis, indiquent des antidotes contre lui comme contre un poison. Le nom même montre certainement qu'il est vénéneux pour les boeufs; et on convient qu'il fait crever ces animaux s'ils en mangent (XXX, 10); aussi n'en dirons-nous rien de plus. Il n'y a pas de motif pour indiquer des poisons en traitant des couronnes de gazon; mais peut-être quelqu'un regrettera-t-il cette omission, à cause des vertus aphrodisiaques dont on prétend que cette plante, en breuvage, est douée au plus haut degré.
XXXVII. ÉIaphoboscon ; remèdes, ix.
1. L'élaphoboscon ( panais, pastinaca sativa, L.) est férulacé, articulé, de la grosseur du doigt; la graine pend en ombelles qui ressemblent à celles du sili (XX, 18), mais qui ne sont pas amères. Les feuilles sont celles de l'olusatrum (XX, 46 ). L'élaphoboscon est cité comme aliment; de plus, on le confit et on le garde pour provoquer l'urine, calmer les douleurs de côté, guérir les ruptures et tes spasmes, dissiper les gonflements et les coliques. Il est bon contre les morsures des serpents et les piqûres de tous les animaux ; un assure que les cerfs, en en mangeant, résistent au poison des serpents. La racine, en topique avec addition de nitre, guérit les fistules; mais dans ce cas il faut la dessécher, de peur qu'elle ne garde son suc, qui, d'un autre côté, ne la rend pas moins efficace contre la morsure des serpents.
XXXVIII. Scandix; remèdes, ix. Anthriscus
1. Le scandix (XXI, 52) (scandix pecten Veneris, L.) aussi est considéré par les Grecs comme un légume sauvage, suivant Opion et Érasistrate. Cuit, il arrête le cours de ventre. La graine avec du vinaigre calme aussitôt le hoquet. La plante se met sur les brûlures; elle est diurétique. La décoction est bonne à l'estomac, au foie, aux reins, à la vessie. C'est cette plante qui a fourni à Aristophane (Acharn.,act. II, sc. 4) une plaisanterie contre le poète Euripide, dont la mère, disait-il, avait été non pas même marchande de vrais légumes, mais une marchande de scandix.
2. L'antbriseus (XXI, 52) (scandix australis, L.) serait tout à fait semblable s'il avait les feuilles plus petites et plus odorantes. Le principal mérite en est de ranimer le corps épuisé par les excès vénériens, et d'exciter aux plaisirs de l'amour la langueur des vieillards. Il arrête les flueurs blanches.
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XXXIX. laslone; remèdes, iv.
1. L'iasione (XXI, 65), considérée encore comme un légume sauvage, est une plante rampante, et remplie d'un suc laiteux; elle porte une fleur blanche qu'on nomme concilium. Elle est recommandée aussi comme aphrodisiaque;. mangée crue avec du vinaigre, elle donne du lait en abondance aux nourrices. Elle est salutaire aux phtisiques. En topique sur la tête des enfants, elle fait croître les cheveux et raffermit le cuir chevelu (liseron, convolvulus sepium).
XL. Caucalis ; remèdes, xii.
1. On mange aussi la caucalis (XXI, 52) (pimpinella saxifraga, L.), semblable au fenouil, à tige courte, à fleur blanche ; elle est cordiale. On en boit aussi le suc, très estimé comme stomachique, comme diurétique, comme propre à chasser les calculs et la gravelle, et à guérir la psore de la vessie. Il atténue la pituite de la rate, du foie et des reins. La graine est emménagogue, et purge la bile après l'accouchement; on la prescrit aussi aux hommes pour les pertes séminales. Chrysippe pense que cette plante favorise beaucoup le conception : on la fait boire dans du vin aux femmes, à jeun. On l'emploie aussi en topique sur les plaies faites par les animaux marins venimeux ; c'est du moins ce que dit Petrichus dans son poème.
- XLI. Sium; remèdes, xI.
1. On range encore dans cette catégorie le sion (sium latifolium, L.), croissant dans l'eau, plus large que l'ache, plus épais et plus foncé, ayant beaucoup de graine, et le goût du cresson. Il est bon pour l'urine, les reins, la rate, les menstrues, soit la plante elle-même en aliment, soit la décoction, soit la graine dans du vin, à la dose de deux drachmes. Il brise les calculs, et neutralise l'action des eaux qui les engendrent. En lavement, il fait du bien dans la dysenterie. On en fait un topique pour le lentigo; les femmes se l'appliquent la nuit sur la figure pour effacer les taches, effet qu'il produit très promptement. On l'emploie pour les hernies et pour la gale des chevaux.
XLII. Silybum.
1. Le silybum (XXVi, 28) (carduus marianus, L.) ressemble au chaméléon blanc, et est également épineux. En Cilicie, en Syrie et en Phénicie, contrées où il croit, on ne se donne pas la peine de le faire cuire, tant il est difficile à apprêter; il est sans usage en médecine.
XLIII. Scolymon ou limonium; remèdes, v.
1. Le scolymos (XX, 99) (scolymus maculatus, L.) est aussi un aliment dans l'Orient, où il porte encore le nom de limonia. C'est une plante rameuse, qui ne dépasse jamais une coudée en hauteur, à feuilles à côtes, à racine noire, mais douce; Ératosthène la cite comme un aliment des pauvres. On lui attribue surtout une vertu diurétique, comme aussi celle de guérir, avec du vinaigre, le lichen et la lèpre. Dans du vin il est aphrodisiaque, suivant Hésiode (Op. 582) et Alcée, qui ont écrit que pendant sa floraison les cigales chantent le plus fort et les femmes sont le plus amoureuses, tandis que les hommes sont le moins portés au colt : par une sorte de prévision de la nature, cet aphrodisiaque est alors dans la plus grande force. La racine, privée de sa moelle, corrige la mauvaise odeur des aisselles, à la dose d'une once dans trois hémines de vin de Falerne qu'on fait bouillir jusqu'à réduction du tiers, et dont on prend un cyathe à jeun après le bain, et un cyathe (0 litr., 045 ) après le repas. Chose singulière, et dont Xénocrate assure avoir fait l'expérience, cette mauvaise odeur des aisselles s'en va par les urines.
XLIV. Sonchus ; espèces, ii ; remèdes, xv.
1. On mange encore le sonchus, puisque c'est la plante que Hécate sert à Thésée, dans Callimaque: deux espèces, l'une blanche (laitron, sonchus oleraceus, L.), l'autre noire (sonchus oleraceus, var. asper, L.); toutes deux semblables à la laitue, excepté qu'elles sont épineuses; tige d'une coudée, anguleuse, fistuleuse : quand ou la rompt, il s'en écoule en abondance un suc laiteux. Le blanc, qui tire sa blancheur de son lait, est utile dans l'orthopnée, assaisonné à la façon des laitues. Érasistrate dit qu'il chasse les calculs par les voies urinaires, et que mâché il corrige la mauvaise odeur de l'haleine. Le suc, à la dose de trois cyathes, chauffé dans du vin blanc et de l'huile, facilite l'accouchement, à tel point que les femmes marchent aussitôt après; dans ce cas, on le donne aussi en potage. La tige bouillie rend le lait abondant chez les nourrices, et donne aux enfants une bonne coloration. Elle est très avantageuse aux femmes chez qui le lait se coagule dans les mamelles.
2. On instille le suc dans les oreilles. On le fait boire chaud dans la strangurie, à la dose d'un cyathe; et dans les ardeurs d'estomac, avec de la graine de concombre et des pignons. On en fait un topique pour les abcès du siège. Contre les blessures faites par les serpents et les scorpions, on boit le sue, on applique la racine. Cette même racine bouillie dans l'huile, avec l'écorce d'une grenade, est un remède pour les maux d'oreille. Tout ceci appartient au sonchus blanc: quant au noir, Cléempore défend d'en manger, comme malsain; mais il approuve l'usage du blanc. Agathocle en recommande le suc contre l'empoisonnement par le sang de taureau. Cependant on reconnaît que le noir a une vertu réfrigérante, et que pour cela on peut en faire des cataplasmes avec de la farine d'orge. Zénon enseigne que la racine du blanc guérit la strangurie.
XLV. Coudrillon ou condrille; remèdes, iii.
1. Le condrillon ou condrille (chondrilla juncea, L.) a les feuilles de la chicorée, comme rongées à la circonférence; une tige de moins d'un pied, et remplie d'un suc amer; la racine, semblable à celle de la fève, est quelquefois très ramifiée. Il produit presque à fleur de terre gros comme une fève d'une sorte de mastic, lequel, eu pessaire, est, dit-on, emménagogue. Broyé tout entier avec ses racines, on en fait des pastilles qu'on emploie contre les serpents, avec rai-son, ce semble; car on dit que les rats des champs blessés par ces reptiles mangent de cette herbe. La décoction faite dans du vin arrête le cours de ventre. On se sert de cette plante comme d'une gomme excellente pour lisser les cils, même les plus rebelles. Dorotheus dit, dans ses poèmes, qu'elle est bonne pour l'estomac et la digestion. Quelques-uns prétendent qu'elle est contraire aux femmes, nuisible à la vue, et qu'elle empêche les hommes d'engendrer.
XLVI. Des bolets; particularités de la production de ces plantes.
1. Parmi les plantes qu'il est imprudent de manger je placerai avec raison les bolets (oronge et fausse oronge); aliment sans doute fort agréable, mais décrié depuis que, par un attentat éclatant, Agrippine s'en est servie pour donner du poison à l'empereur Claude, son mari, donnant du même coup, dans la personne de son Néron, un autre poison funeste au monde, funeste à elle-même. Quelques bolets vénéneux sent faciles à reconnaître : ils sont d'un rouge faible, ils paraissent moisis; la couleur en est livide en dedans; les feuillets en sont crevassés, et le pourtour en est pâle: d'autres ne présentent pas ces marques;
2. mais ils sont secs; ils ont l'aspect du nitre, et offrent, sur le chapeau, des taches blanches venant de leur enveloppe. La terre, en effet, produit d'abord l'enveloppe, puis le bolet dans l'enveloppe, comme le jaune dans l'oeuf; et cette enveloppe n'est pas moins utile à la nutrition du jeune bolet[ que le blanc à celle du poussin]. Elle se fend dès qu'il parait, puis, à mesure qu'il croît, elle se transforme en pédicule; et il est rare qu'on trouve deux bolets sur un seul pied. Le principe générateur des bolets est dans le limon et dans le suc acide de la terre humide, ou des racines de presque tous les arbres à gland. Il parait d'abord une espèce d'écume visqueuse, puis un corps semblable à une membrane, enfin le bolet lui-même.
3. En général ils sont, je le répète, dangereux, et il faut se les interdire, car si par hasard ils naissent près d'un clou de bottine militaire, d'un morceau de fer rouillé, ou d'une étoffe pourrie, aussitôt ils transforment en poison tous les sucs étrangers qu'ils pompent. Qui peut les reconnaître, si ce n'est un paysan et ceux qui les récoltent? D'autres choses encore les rendent vénéneux : par exemple, croître auprès du trou d'un serpent, et être frappés de son haleine lorsqu'ils commencent à s'ouvrir, disposés à prendre le venin des reptiles par leur puissante affinité pour les poisons. En conséquence, il faudra se tenir sur ses gardes tant que les serpents seront dehors. On aura pour signe une multitude d'herbes, d'arbres et d'arbrisseaux qui restent verts depuis la sortie jusqu'à la retraite de ces animaux : il suffirait du frêne, dont les feuilles ne poussent pas après, ne tombent pas auparavant (XVI, 24). Tous les bolets naissent et passent en sept jours.
XLVII. Des champignons ; signes des champignons vénéneux ; remèdes, ix.
(XXIII.) 1. Les champignons sont d'une nature plus humide. Il yen a beaucoup d'espèces, toutes produites par l'humeur pituiteuse des arbres. Les plus sûrs sont ceux dont la chair est rouge, et d'un rouge moins clair que celle des bolets; au second rang sont les blancs, dont le pédicule est assez semblable à la houppe de laine que portent les flambes; au troisième rang sont les champignons dits de pourceau, avec lesquels on s'empoisonne souvent : récemment ils ont fait périr des familles entières, tous les convives d'un festin, Annaeus Serenus, le préfet des gardes de Néron, des tribuns, des centurions. Quel plaisir si grand à user d'un mets si suspect? Quelques-uns ont distingué les champignons suivant les arbres où ils se forment, comme le figuier, la férule, et les arbres à gomme; nous-même nous avons cité (XVI, 11) ceux du hêtre, du rouvre et du cyprès.
2. Mais qui nous donnera ces garanties pour les champignon, Indus au marelle? Tous les champignons vénéneux sont livides; et plus la couleur se rapproche de celle du figuier, plus ils sont dangereux. Nous avons indiqué (XX, 13 ) les remèdes qu'il faut leur opposer, et nous en parlerons encore. En attendant, citons quelques remèdes qu'ils fournissent. Glaucias croit les bolets bons à l'estomac. On fait sécher les champignons de pourceau, enfilés dans un jonc; c'est comme cela qu'ils viennent de Bithynie : ils remédient au débordement intestinal qu'on nomme rhumatisme, et on en met sur les excroissances à l'anus : ils les rongent et les consument peu à peu. On s'en sert aussi pour le lentigo et les taches du visage chez les femmes. En outre ils se lavent comme le plomb (XXXIV, 50), pour être employés aux maladies des yeux. On en fait un topique avec l'eau pour les ulcères sordides, pour les éruptions de la tête et les morsures des chiens.
3. Je veux bien donner quelques règles générales pour la cuisson des champignons, puisque les voluptueux du siècle, pourvus de couteaux de succin et de plats d'argent, préparent de leurs mains ce seul aliment, que par avance ils mangent des yeux. On regardera comme mauvais les champignons qui durcissent en cuisant, comme moins malfaisants ceux qui cuisent avec addition de nitre, pourvu que de cette façon ils cuisent complètement. Il y aura plus de sécurité à les faire cuire avec de la viande ou avec des queues de poire. Il est bon aussi de manger des poires aussitôt après. Le vinaigre, étant d'une nature opposée, en corrige la malignité.
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XLVIII. Silphium ; remèdes, vii.
1. De la pluie viennent toutes ces productions ; de la pluie aussi vient le silphium. On l'a d'abord apporté de Cyrène, comme nous l'avons dit (XIX 15) ; maintenant on l'apporte surtout de Syrie ; inférieur à celui des Parthes, il vaut mieux que celui de la Médie : il n'y en a plus dans la Cyrénaïque, comme nous l'avons noté. On s'en sert en médecine les feuilles sont employées à la purgation de la matrice et à l'expulsion du foetus mort; on les fait cuire dans du vin blanc et odorant, et boire à la dose d'un acétabule (0 litr., 068) après le bain. La racine est bonne dans les irritations de la trachée-artère; ou en fait un topique pour les dépôts sanguins; mais en aliment elle se digère difficilement; elle produit des flatuosités et des éructations; elle nuit aussi à la vessie : avec du vin et de l'huile, elle est excellente pour les meurtrissures, et avec la cire pour les écrouelles. Les fumigations répétées avec cette racine font tomber les verrues de l'anus.
XLIX. Laser ; remèdes, xxxix.
1. Le laser, découlant du silphium comme nous l'avons dit (XIX, 15), est compté parmi les dons précieux de la nature, et entre dans plusieurs compositions médicamenteuses. Employé seul, il réchauffe ceux qui sont transis de froid; eu breuvage, il remédie aux maladies des nerfs. On le donne aux femmes dans du vin. On en fait avec de la laine douce un pessaire pour provoquer l'écoulement menstruel; incorporé avec la cire, il enlève les cors préalablement mis à vif avec le fer ; délayé et pris à la grosseur d'un pois chiche, il est diurétique.
2. Andreas assure qu'à dose assez considérable il ne cause pas de flatuosités, et facilite beaucoup la digestion chez les vieillards et les femmes; qu'il vaut mieux en hiver qu'en été, pour ceux qui boivent de l'eau ; mais qu'on doit prendre garde qu'il n'y ait quelque ulcération intérieure. Le laser en aliment est efficace dans les convalescences; en effet, donné à propos, il a une vertu siccative. II est plus salutaire aux personnes qui en usent habituellement qu'à celles qui n'en font point usage.
3. Il n'y a qu'une voix pour en établir l'efficacité dans les maladies extérieures. Pris en boisson, il neutralise le venin des armes empoisonnées et des serpents; avec l'eau on en fait un topique qu'on met sur ces plaies; avec l'huile on ne le met que sur les piqûres des scorpions; avec la farine d'orge ou les figues sèches, sur les ulcères qui ne viennent pas à maturité; sur les charbons, avec la rue ou avec le miel, ou seul avec de la glu qui le fasse adhérer; sur les morsures des chiens, de la même façon; sur les excroissances de l'anus, bouilli dans du vinaigre avec une écorce de grenade.
4. On s'en sert, avec mélange de nitre, pour les clous vulgairement appelés clous de mort; dans les alopécies traitées préalablement par le nitre, il fait repousser les cheveux, employé avec du vin et du safran, ou du poivre, ou de la fiente de rat et du vinaigre. Pour les engelures, on en fait avec du vin des fomentations, et, cuit avec de l'huile, un topique. On l'emploie de même pour les durillons. Il est surtout très bon pour les cors, si l'on a soin de les couper auparavant. C'est un utile préservatif contre les eaux malsaines, les contrées ou les temps insalubres. On le prescrit dans la toux, dans les affections de la luette, dans les anciens ictères, dans l'hydropisie, dans l'enrouement; aussitôt il nettoie la gorge et rétablit la voix. Délayé dans l'oxycrat et appliqué avec une éponge, il adoucit les douleurs de goutte. Aux pleurétiques on le fait prendre dans de la décoction d'orge, puis on leur donne du vin. Dans les convulsions et l'opisthotonos on en donne une pilule grosse comme un pois chiche, et enduite de cire.
5. Dans l'angine, on le prescrit en gargarisme; dans l'asthme et dans les toux invétérées, avec du poireau dans du vinaigre; dans du vinaigre aussi, à ceux chez qui du lait s'est caillé dans l'estomac ; avec du vin, dans les affections consomptives des viscères et dans l'épilepsie; avec de l'eau miellée, dans la paralysie de la langue: on en fait avec le miel bouilli un topique pour la coxalgie et les douleurs lombaires. Je ne conseillerai pas de suivre l'avis des auteurs, et d'en mettre une boulette couverte de cire dans la cavité d'une dent douloureuse, instruit que je suis par l'exemple éclatant d'un homme qui, ayant ainsi fait, se précipita. On remarque en effet que si on en frotte le mufle des taureaux il les échauffe extraordinairement, et que mêlé avec du vin il fait crever les serpents, très avides de cette liqueur. Aussi ne conseillerai-je pas non plus de s'en frotter avec le miel attique, quoiqu'on le recommande. Ce serait un travail immense que d'énumérer tous les usages auxquels il sert dans les compositions où il entre; d'ailleurs nous nous occupons des remèdes simples où se montre la nature, tandis que dans les autres dominent des conjectures souvent trompeuses, car on n'observe pas assez l'analogie ou l'opposition réciproque des ingrédients que l'on emploie. Ce sujet nous fournira bientôt matière à d'autres réflexions (XXII, 56).
L. Du miel. Propolis ; remèdes v. Miel ; remèdes, xvi.
(XXIV.) 1. Le miel ne serait pas en moindre estime que le laser si tous les pays n'en produisaient pas. Si la nature a créé elle-même le laser, elle a pour produire le miel créé un animal, comme nous l'avons dit (XI, 4). Les usages du miel sont innombrables, si nous songeons à tous les mélanges où il entre.
2. Et d'abord la propolis, dont nous avons parlé (XI, 6), fait sortir. les aiguillons et tous les corps étrangers, résout les tumeurs, mûrit les duretés, adoucit les douleurs des nerfs, et cicatrise les ulcères les plus rebelles.
3. Quant au miel lui-même, il a la propriété d'empêcher la putréfaction des corps, grâce à sa douceur, et non à aucune qualité âpre, étant d'une tout autre nature que le sel. On l'emploie avec succès pour la gorge, les amygdales, l'angine, tous les besoins de la bouche, et dans les fièvres, quand la langue se sèche. Bouilli, ou le donne dans la péripneumonie et la pleurésie, ainsi que dans les blessures, dans les morsures des serpents, dans l'empoisonnement par les champignons. On le prescrit aux paralytiques dans le vin miellé, lequel a d'ailleurs des vertus particulières.
4. Avec l'huile rosat, on l'instille dans les oreilles. Il détruit les lentes et la vermine de la tête. Il vaut toujours mieux l'écumer pour s'en servir. Toutefois il gonfle l'estomac, augmente la bile, cause du dégoût, et, selon quelques-uns, est nuisible à la vue. D'un autre côté, des auteurs recommandent de toucher avec le miel les ulcérations de l'angle de l'oeil. Quant aux origines du miel, à ses différences, à ses provenances, à ses caractères, nous en avons parlé, d'abord dans le livre des abeilles (XI, 13), puis dans celui des fleurs (XXX,i, 44), le plan de cet ouvrage nous forçant à séparer ce qui doit être réuni, quand on veut connaître à fond la nature des choses.
LI. Quelle espèce d'aliment influe sur le moral.
1. A propos des usages du miel, il faut aussi traiter de l'hydromel ; il y en a deux espèces (XIV, 20) : l'un qui se prépare sur-le-champ, l'autre qui se garde. Le premier, qui se fait avec du miel écumé, est une boisson très salutaire aux malades qui ne prennent qu'une nourriture légère, comme l'alica (XVIII, 29) lavée (XXII, 61) ; il rétablit les forces, humecte la bouche et l'estomac, et apaise la chaleur. Je lis dans les auteurs que pour relâcher le ventre il vaut mieux le donner froid; que ce breuvage convient aux gens transis et à ceux d'un naturel bas et porté à la lésinerie, appelés par les Grecs micropsychi (âmes petites ).
2. C'est, au reste, une théorie infiniment ingénieuse et qui provient de Platon, à savoir que les corpuscules unis, âpres, anguleux, ronds, affectant différemment les différents individus, les mêmes substances ne sont pas amères ou douces pour tous; et que de la même façon, dans la lassitude et dans la soif, on est plus porté à la colère. En conséquence, un breuvage doux calme cette âpreté de l'esprit ou plutôt des esprits; il adoucit le trajet du souffle, en amollit les voies ; de sorte qu'il passe et repasse sans se briser. Il n'est personne qui n'en ait fait l'expérience : la colère, l'affliction, la tristesse, tous les mouvements tumultueux de l'âme, se calment par l'alimentation. il faut donc observer ce qui est un remède non seulement pour le physique, mais encore pour le moral.
LII. Hydromel ; remèdes, xviii.
1. L'hydromel est, dit-on, utile aussi dans la toux; chaud, il provoque le vomissement. C'est un contrepoison de la céruse, avec addition d'huile; de la jusquiame et, comme nous l'avons dit( XXI, 105), de l'halicacabus,avec du lait, et surtout du lait d'ânesse. On l'instille dans les oreilles et dans les conduits des parties génitales. Avec du pain tendre on en fait un topique pour la vulve, pour les tumeurs subites, pour les luxations, pour tout ce qui a besoin d'être adouci. Les modernes ont désapprouvé l'usage de l'hydromel de garde, comme étant moins innocent que l'eau, moins substantiel que le vin. Toutefois, à force de vieillir, il se transforme en un vin qui, d'après toutes les observations, est très mauvais à l'estomac, et contraire aux nerfs.
LIII. Vin miellé; remèdes, vi.
1. Quant au vin miellé, le meilleur est celui qui se fait de vin vieux : le miel s'y incorpore très facilement, ce qui n'a pas lieu avec un vin doux. Fait avec du vin astringent, il ne gonfle pas l'estomac; il ne le gonfle pas non plus si le miel a bouilli, et il cause moins de flatuosités, inconvénient ordinaire du vin miellé. Ce breuvage rappelle l'appétit; pris froid, il relâche le ventre, et pris chaud il le resserre communément.
2. Il donne de l'embonpoint. Beaucoup sont parvenus à une longue vieillesse en ne prenant pour toute nourriture que du pain dans du vin miellé; Pollion Romilius en offre un exemple célèbre. Il était plus que centenaire lorsque le dieu Auguste, son hôte, lui demanda par quel moyen il s'était maintenu dans une telle vigueur de corps et d'esprit : "Vin miellé au dedans, huile au dehors, répondit-il. " D'après Varron, l'ictère a été surnommé maladie royale parce qu'on le traite avec le vin miellé.
LIV. Mélitites ; remèdes, iii.
1. Nous avons dit, dans le livre du vin (XIV, 11 ), comment le mélitites se fabriquait avec le moût et le miel. Il y a des siècles, je pense, qu'on n'en fait plus ; il cause des flatuosités. Pourtant, quand il avait vieilli, on le donnait dans la fièvre pour lâcher le ventre; on le donnait aussi aux personnes affectées d'arthrite, de faiblesse des nerfs,, et aux femmes qui ne buvaient pas de vin.
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LV. Cire ; remèdes, viii.
1. Au miel tient la cire, dont l'origine, les qualités et les provenances ont été indiquées en lieu et place (XI, 8; XXI, 49 ). Toute cire est émolliente, échauffante, incarnante. La nouvelle est la meilleure. On donne la cire dans un potage aux dysentériques; on donne les rayons même dans une bouillie d'alica, d'abord grillée. La cire combat les effets du lait : si on prend dix pilules de cire grosses comme un grain de millet, elles empêchent le lait de se coaguler dans l'estomac. Quand l'aine se gonfle, il suffit, pour la guérir, d'appliquer de la cire blanche sur le pubis.
LVI. Remarques contre les compositions médicinales.
1. Quant aux différents usages de la cire mêlée avec d'autres médicaments, la médecine ne peut pas plus en faire l'énumération que des autres ingrédients des compositions médicinales. Ces compositions, nous l'avons dit (XXII, 49), sont des inventions humaines. Cérat, onguents, emplâtres, collyres, antidotes, rien de tout cela n'a été créé par la nature, mère et ouvrière divine des choses; ce sont les produits des officines, ou plutôt de la cupidité. Les oeuvres de la nature naissent achevées et parfaites, et elle ne permet que des combinaisons de peu d'éléments, inspirées non par la conjecture, mais par la chose même : par exemple, quand il s'agit d'unir un liquide à une substance sèche pour la rendre coulante, et une substance sèche à un liquide pour le rendre consistant.
2. Mais l'homme, quand il prétend, la balance à la main, réunir et combiner les propriétés des éléments, fait oeuvre non de conjecture, mais d'impudence. de ne parlerai pas non plus des remèdes fournis par les drogues de l'Inde, de l'Arabie et des climats étrangers; je n'aime pas les médicaments qui naissent si loin : ils ne sont pas produits pour nous, ils ne le sont pas même pour les gens du pays; autrement on ne nous les vendrait pas. Qu'on les achète, si on veut, à titre d'essences, de parfums, d'objets délicieux, voire même pour un emploi superstitieux, puisqu'il nous faut de l'encens et du costus pour implorer les dieux; mais quant à la santé, ce sont choses inutiles, nous le prouverons, ne serait-ce que pour faire rougir nos voluptueux.
LVII. Remèdes tirés des céréales : du siligo, i ; du froment, i ; de la paille, ii ; du far, i. Olyra arinca.
1. Mais, après avoir exposé les remèdes tirés des fleurs, des fleurs à couronnes, des plantes de jardin et de celles qui servent d'aliment, comment omettre les remèdes tirés des céréales ?Il faut aussi les indiquer. (XXV.) D'abord c'est des céréales que se nourrissent les plus intelligents des animaux, cela est d'observation. Des grains de siligo (XVIII, 20) grillé et broyé, dans du vin amminéen (XIV, 5 ), mis en topique sur les yeux, en calment les fluxions; des grains de froment grillés sur une plaque de fer s'appliquent avec succès sur les parties qui ont été gelées.
2. La farine de froment, cuite dans du vinaigre, est bonne pour les contractions nerveuses. Le son, avec de l'huile rosat, des figues sèches et des sébestes bouillis, forme un gargarisme dans les affections des amygdales et de la gorge. Sextus Pomponius, qui eut un fils préteur, et qui tenait le premier rang dans l'Espagne citérieure, était occupé à faire vanner ses grains, quand il fut saisi par une douleur de goutte; aussitôt il s'enfonça jusqu'au-dessus des genoux dans un tas de blé. Il fut soulagé; ses pieds se dégonflèrent merveilleusement, et depuis il se servit de ce remède : l'action du blé en tas est si puissante, qu'il met à sec des tonneaux pleins.
3. Suivant les gens de l'art, il faut mettre de la paille chaude de blé ou d'orge sur les hernies, et faire des fomentations avec l'eau où elle a bouilli. Il y a dans le blé far (XVIII, 19) un vermisseau semblable au térédon (XVI, 20). On lui attribue la propriété de faire tomber les dents cariées; pour cela on le met enveloppé de cire dans le trou de la dent cariée, ou bien on en frotte la dent. L'olyra (épeautre), comme nous l'avons dit (XVIII, 20), se nomme encore arinca. Bouillie, elle constitue un remède que les Égyptiens appellent athéra, et qui est très bon pour les enfants; mais les adultes l'emploient en topique.
LVIII. Classification des farines par espèces; remèdes, xxviii.
1. La farine d'orge crue et cuite résout, adoucit, mûrit les fluxions et les inflammations. Pour les autres cas on la fait cuire dans de l'eau miellée, ou avec des figues sèches. Pour les douleurs de foie il est nécessaire qu'elle soit cuite dans de l'oxycrat ou du vin. Est-on incertain s'il faut faire suppurer ou résoudre, alors il vaut mieux la faire cuire dans du vinaigre ou de la lie de vinaigre, avec ou des coings ou des poires cuites. On l'emploie pour les piqûres des scolopendres avec du miel; pour les morsures des serpents, avec du vinaigre; pour les suppurations et l'évacuation du pus, dans de l'oxycrat avec addition de résine et de noix de galle; pour les maturations et les vieux ulcères, avec la résine;
2. pour les duretés, avec la fiente de pigeon, ou des figues sèches ou de la cendre; pour les inflammations des nerfs, on des intestins ou des côtés, ou pour les douleurs des parties viriles, ou pour les cas dans lesquels la chair se sépare des os, avec le pavot ou le mélilot; pour les scrofules, avec de la poix et de l'urine d'un garçon impubère, et avec de l'huile; pour les tumeurs des hypocondres, avec le fenugrec; pour les fièvres, avec du miel ou de vieux oing.
3. Pour les suppurations la farine de froment est beaucoup plus douce. On en fait un topique pour les nerfs avec le suc de la jusquiame, pour le lentigo avec le vinaigre et le miel. La farine de la zéa, dont on fait, avons-nous dit (XVIII, 29 ), l'alica, paraît encore plus efficace que la farine d'orge. Celle du grain de trois mois (XVIII, 12) est plus douce; on l'emploie tiède dans du vin rouge pour les piqûres des scorpions, pour les hémoptysies, pour les affections de la trachée-artère; avec du suif de chèvre ou du beurre, pour la toux. La farine de fenugrec est la plus douce de toutes. Cuite avec du vin et du nitre, elle guérit les ulcères humides, les dartres farineuses, les douleurs d'estomac, les pieds et les mamelles. La farine d'ivraie déterge plus que les autres les vieux ulcères et la gangrène. Elle guérit, avec des raiforts, du sel et du vinaigre, le lichen; avec du soufre vif, la lèpre; appliquée sur le front avec de la graisse d'oie, les douleurs de tête. Elle mûrit les scrofules et les panus, cuite dans du vin avec de la fiente de pigeon et de la graine de lin.
- LIX. Polenta; remèdes, viii.
1. Dans le livre des céréales (XVIII, 14) nous avons suffisamment parlé des espèces de polenta, qui varient suivant les lieux. Ce n'est pas autre chose que de la farine d'orge grillée, préparation qui la rend bonne à l'estomac. Elle arrête le cours de ventre, et remédie aux tumeurs rouges et phlegmoneuses. On en fait un topique pour les yeux, et, avec la menthe ou une autre herbe réfrigérante, pour les douleurs de tète. De la même façon, pour les engelures et les morsures des serpents ; dans du vin, pour les brûlures. Elle empêche aussi les éruptions pustuleuses.
LX. Fleur de farine; remèdes, v. Bouillie; remède, i. Farine servant à coller le papier; remède, i.
1. La fleur de farine en pâte a la propriété t d'attirer les humeurs au dehors; aussi, appliquée sur les meurtrissures, elle en fait sortir le sang, qui vient teindre les bandes; avec plus d'efficacité encore, dans du vin cuit. On l'applique sur les cors et les durillons des pieds. Cuite avec de l'huile vieille et de la poix, et appliquée aussi chaude que possible, elle guérit merveilleusement les condylomes et toutes les autres affections du siège. La bouillie qu'on en fait donne de l'embonpoint. La pâte à coller le papyrus, prise tiède, est bonne pour l'hémoptysie.
LXI. Alica ; remèdes, vi.
1. L'alica est une invention romaine, et qui n'est pas fort ancienne. Les Grecs, s'ils l'eussent connue, n'auraient pas tant vanté la ptisane (orge mondé). Je pense qu'elle n'était pas encore en usage du temps du grand Pompée, ce qui explique qu'il en soit à peine fait mention dans les écrits de l'école d'Asclépiade. C'est une préparation excellente, personne n'en doute, soit qu'on la donne délayée dans de l'eau miellée, soit qu'on la fasse prendre cuite en potage ou en bouillie. Pour arrêter le cours de ventre ou grille l'alita, puis on la fait cuire avec de la cire en rayons, comme nous l'avons dit plus haut ( XXII, 55 ). Mais elle convient particulièrement dans la disposition au marasme, après une longue maladie : pour cela on en fait cuire, à petit feu, trois cyathes (0 litr, 135) dans un setier d'eau jusqu'à complète évaporation; puis on y ajoute un setier de lait de brebis ou de chèvre, et enfin du miel; on continue ce régime pendant plusieurs jours. Ce genre d'aliment guérit les consomptions.
LXII. Millet; remèdes, vi.
1. Le mil (XVIII, 24), préalablement grillé, arrête le cours de ventre et dissipe les tranchées. Pour les douleurs, et particulièrement celles des nerfs, on l'applique chaud, dans un sachet. C'est le meilleur topique; car il est très léger, très doux, et conserve très longtemps la chaleur; aussi l'emploie-t-on dans tous les cas où la chaleur doit faire du bien. La farine, avec la poix liquide, se met sur les blessures des serpents et des scolopendres.
LXIII. Panicum ; remèdes, iv.
1. Le panic (XVIII, 25) a été appelé par le médecin Dioclès miel des blés; il a les mêmes vertus que le mil. Bu dans du vin, il est bon pour la dysenterie. On l'applique chaud sur les parties qui ont besoin de chaleur sèche. Bouilli dans du lait de chèvre, et pris deux fois par jour, il arrête le flux de ventre; de la même façon, il est utile dans les tranchées.
LXIV. Sésame; remèdes, vii. Sésamolde; remèdes, iii. Anticyrique ; remèdes, iii.
1. Le sésame pilé, pris dans du vin, t arrête les vomissements; on en fait un topique pour les inflammations de l'oreille et pour les brûlures. Quand il est encore en herbe, il a les mêmes vertus, et de plus, cuit dans du vin, on en fait un topique pour les yeux. Le sésame est un aliment contraire à l'estomac, et qui donne mauvaise odeur à l'haleine. Il est bon contre les morsures des lézards et contre les ulcères appelés malins. L'huile qu'on en fait, avons-nous dit (XV, 7 ), est utile dans les maux d'oreille ( XXIII, 49 ).
2. Le sésamoide, ainsi nommé par analogie (aubrietia deltoidea, DC. ), a la graine amère et la feuille plus petite. Il vient dans les terrains sablonneux. Bu dans de l'eau, il évacue la bile. Avec la graine on fait un to¬pique pour l'érysipèle; elle résout les panus. Il est encore un autre sésamoïde (reseda undata, L.) croissant à Anticyre, et pour cela appelé par quelques-uns anticyricon. Semblable en tout à l'érigéron, dont nous parlerons en son lieu (XXV, 106), il a la graine du sésame. Il est vomitif, dans du vin doux, à la dose d'une pincée, et mêlé avec une obole et demie (1 gr., 12) d'ellébore blanc; on emploie cette préparation principalement dans la mélancolie, l'épilepsie et la goutte. Donné seul, il évacue par le bas, à la dose d'une drachme.
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Re: Livre XXII, traitant des herbes et des grains
LXV. Orge; remèdes, ix. Hordeum murinum ; remèdes, iii.
1. L'orge la plus blanche est la meilleure. Bouillie dans l'eau de pluie, le suc qu'on en tire, mis en pastilles, sert à faire des injections pour les ulcérations des intestins et de la matrice. Avec la cendre on fait un topique pour les brûlures, pour les chairs qui se séparent des os, pour les éruptions pituiteuses, pour les morsures des musaraignes. Cette même cendre, avec du sel et du miel, donne de la blancheur aux dents, de la douceur à l'haleine. On prétend que ceux qui mangent du pain d'orge ne sont pas attaqués de la goutte aux pieds. Prenez neuf grains d'orge, et de la main gauche cernez trois fois un furoncle avec chaque grain; puis jetez-les tous dans le feu, et le furoncle se trouve, dit-on, aussitôt guéri. Il est une plante appelée par les Grecs phoenicea (lollium perenne, L.), et par les Latins hordeum murinum : pilée et bue dans du vin, c'est un très bon emménagogue.
LXVI. Ptisane; remèdes, iv.
LXVI. 1. A la ptisane, qui se fait d'orge (XVIII, 15 ), Hippocrate (De diaeta in acutis) a consacré un volume, louanges qui maintenant passent de droit à l'alita. Combien l'alita n'est-elle pas plus salutaire? Et cependant Hippocrate prescrit la ptisane comme potage, parce qu'elle est glissante et s'avale facilement, parce qu'elle calme la soif, parce qu'elle ne se gonfle pas dans l'estomac, parce qu'elle passe aisément, et parce que c'est le seul aliment qui dans la fièvre puisse être donné deux fois par jour à ceux qui sont habitués à deux repas; tant ce médecin se montre éloigné de ceux qui affament leurs malades! Il défend de donner la ptisane sans la passer, et autre chose que la crème elle-même; il la défend aussi tant que les pieds sont froids, et même il ne veut pas qu'on donne à boire alors. On fait aussi avec le froment une ptisàne plus visqueuse et meilleure pour les ulcérations de la trachée-artère. LXVII. Amidon ; remèdes, viii. Avoine, remède, i.
1. L'amidon affaiblit la vue. Il ne vaut rien pour la gorge, malgré l'opinion contraire. IL arrête le cours de ventre; il guérit les fluxions et les ulcérations des yeux, ainsi que les pustules et les congestions sanguines. Il ramollit les duretés des paupières ; on le donne dans un oeuf aux hémoptoïques. Dans les douleurs de la vessie, on prescrit une demi once d'amidon avec un oeuf, et autant de vin cuit que trois coquilles d'oeuf peuvent en contenir, le tout un peu chauffé, et à la sortie du bain. Quant à la farine d'avoine, elle enlève, cuite dans du vinaigre, les taches du visage.
LXVIII. Pain ; remèdes, xxi.
1. Le pain même, dont nous vivons, renferme un nombre presque infini de remèdes. Dans l'eau et l'huile ou le miel rosat, il amollit les dépôts; avec l'eau miellée, c'est un bon résolutif. On l'ordonne aussi dans du vin pour produire la délitescence quand elle est nécessaire, et, s'il est besoin de plus d'activité, dans du vinaigre, pour dissiper les fluxions aiguës de la pituite, appelées par les Grecs rhumatismes; on l'emploie de même pour les coups et les luxations. Pour tout cela le pain fait avec le levain, et qu'on nomme autopyros (pain bis), vaut mieux. Avec du vinaigre on en fait un to¬pique pour les panaris et les durillons des pieds. Le pain vieux ou le biscuit de mer pilés, et cuits de nouveau, arrêtent le cours de ventre.
2. Quand on soigne sa voix et qu'on veut se défendre des rhumes, il est très bon de déjeuner avec du pain sec. Le pain sitanius (XVIII, 12), c'est-à-dire, fait avec du blé de trois mois, guérit très bien, dans du miel, les contusions de la face ou les desquamations. Le pain blanc, humecté avec de l'eau chaude ou froide, fournit aux malades un aliment très léger. Avec du vin, on en fait un topique pour la tuméfaction des yeux ; avec du vin aussi, ou avec du myrte sec, pour les pustules de la tête. On recommande aux personnes qui tremblent de manger du pain dans de l'eau, à jeun, immédiatement après le bain. Brûlé, le pain ôte la mauvaise odeur des appartements, et, mis dans les filtres, celle du vin.
LXIX. Fève; remèdes, lv.
1. Les fèves fournissent aussi des secours. Grillées entières et jetées chaudes dans du fort vinaigre, elles guérissent les tranchées. Concassées et cuites avec de l'ail, on les prend en aliment quotidien pour les toux désespérées et les suppurations de poitrine. Mâchées à jeun, on en fait un topique pour mûrir ou résoudre les furoncles; cuites dans du vin, pour les tumeurs des testicules et des parties génitales. La farine, cuite dans du vinaigre, fait mûrir et percer les tumeurs; elle est un remède pour les contusions et les brûlures. La fève est bonne pour la voix, d'après M. Varron. La cendre des tiges et des gousses s'emploie avec du vieux oing pour les coxalgies et les douleurs des nerfs invétérées. Les robes, données seules bouillies jusqu'à réduction des deux tiers, arrêtent le cours de ventre.
LXX. Lentille ; remèdes, xvii.
1. Les lentilles qui cuisent le plus facilement et qui absorbent le plus d'eau sont les meilleures. Elles affaiblissent, il est vrai, la vue et gonflent l'estomac; mais, prises en aliment, elles resserrent le ventre bien cuites dans de l'eau de pluie, et moins cuites le relâchent. Elles font tomber les croûtes des ulcères; elles mondifient et cicatrisent les ulcérations de la bouche. En topique elles adoucissent tous les dépôts, surtout quand ils sont ulcérés et crevassés. On les applique avec le mélilot ou le coing sur les fluxions des yeux, avec la polenta sur les suppurations. La décoction s'emploie pour les ulcérations de la bouche et des parties génitales; pour les affections du siège, avec l'huile rosat ou le coing;
2. pour les affections qui demandent un remède plus actif, avec l'écorce de la grenade et addition d'un peu de miel, préparation à laquelle, pour l'empêcher de se dessécher trop vite, on ajoute des feuilles de bette. On en fait un topique, cuites dans du vinaigre, pour les scrofules et pour les tumeurs ou mûres, ou mûrissantes ; cuites dans l'eau miellée, pour les gerçures; avec l'écorce de grenade, pour la gangrène; avec la polenta, pour la goutte, pour la vulve, les reins, les engelures, et les ulcérations se cicatrisant diffIcilement. Dans les vomissements on fait avaler trente lentilles. Pour le choléra et la dysenterie, on fait cuire les lentilles dans trois eaux, et elles sont plus efficaces. Dans ce cas, il vaut toujours mieux les griller et les broyer auparavant en une farine aussi fine que possible, qu'on donne ou seule, ou avec le coing, ou les poires, ou le myrte, ou la chicorée sauvage, ou la bette noire, ou le plantain.
3. Les lentilles ne valent rien pour le poumon, pour la douleur de tête, pour toutes les affections nerveuses, pour la bile; elles troublent le sommeil. Elles sont bonnes pour les pustules, pour l'érysipèle, pour les seins, cuites dans l'eau de mer; dans le vinaigre, elles résolvent les duretés et les scrofules. Pour l'estomac, on en met sous forme de gruau dans la boisson des malades. Elles guérissent la brûlure, demi-cuites dans l'eau, puis pilées, enfin débarrassées de leur son par le tamis; et, à mesure que la cure avance, avec addition de miel. On les fait cuire dans l'oxycrat pour les maux de gorge. Il y a une espèce de lentille de marais qui vient spontanément dans les eaux stagnantes (lemna minor). Elle est de nature réfrigérante; aussi l'emploie-t-on en topique pour les dépôts et surtout pour la goutte, soit seule, soit avec la polenta. C'est un bon topique pour les hernies intestinales.
LXXI. Elelisphacos, ou sphacos, ou sauge; remèdes, xiii.
1. La plante appelée par les Grecs élélisphacos ou sphacos (salvia pomifera, L.) est une espèce de lentille sauvage plus légère que la lentille cultivée, à feuilles plus petites, plus sèches et plus odorantes. Il y a encore une autre herbe de ce nom, plus sauvage, d'une odeur forte (salvia calycina, L.). La première est plus douce; les feuilles ressemblent à celles du cognassier, mais elles sont blanches et plus petites; on les fait cuire avec les branches. Cette plante est emménagogue et diurétique. Elle remédie aux piqûres de la pastenague : elle engourdit la partie blessée. On la fait boire avec l'absinthe pour la dysenterie. Avec le vin, elle fait venir les règles en retard; en décoction, elle arrête les règles trop abondantes; appliquée seule, elle étanche le sang des plaies. Elle guérit la morsure des serpents. Bouillie dans du vin, elle calme la démangeaison des testicules. Nos herboristes d'aujourd'hui prennent pour l'élélisphacos des Grecs la salvia (sauge), plante semblable à la menthe, blanche et aromatique. En topique, elle fait sortir les foetus morts; elle expulse aussi les vers qui s'engendrent dans les oreilles et dans les ulcères.
LXXII. Cicer et cicercula; remèdes, xxiii.
1. On connaît un cicer sauvage, ressemblant par les feuilles au cicer cultivé (XVIII, 32), et d'une odeur forte. Pris en quantité considérable, il lâche le ventre et cause des gonflements et des tranchées; rôti, il passe pour plus sain. La cicercule ( lathyrus sativus) est meilleure pour l'estomac. La farine des deux cicers guérit les ulcères humides de la tête (celle du cicer sauvage avec plus d'efficacité ), ainsi que l'épilepsie, les tumeurs du foie, et les blessures faites par les serpents. Le cicer est emménagogue et diurétique, surtout quand on emploie le grain. Il guérit les lichens, les inflammations des testicules, l'ictère, l'hydropisie. Toutes ces espèces sont nuisibles dans les ulcérations de la vessie et des reins.
2. Avec du miel, elles sont bonnes dans la gangrène et dans les ulcères appelés malins. Voici un moyen par lequel on croit faire disparaître les verrues : à la première lune on touche chacune des verrues avec un grain, et on met ces grains dans un nouet que l'on jette derrière soi. Les auteurs latins recommandent de faire très bien cuire le cicer arietinum dans de l'eau avec du sel, et d'en boire deux cyathes (0 litr., 9) dans les dysuries. De cette façon aussi il est bon pour les calculs et l'ictère. L'eau dans laquelle ont bouilli les feuilles et les tiges adoucit la goutte des pieds, en fomentation aussi chaude que possible, ainsi que le cicer lui-même pilé et appliqué chaud. La décoction du cicer columbinum (XVIII, 32) passe pour diminuer le frisson des fièvres tierces ou quartes. Le cicer noir, pilé avec la moitié d'une noix de galle, guérit, dans du vin de raisins cuits, les ulcères des yeux.
LXXIII. Ers; remèdes, xx.
1. En parlant de l'ers (XVIII, 38 ), nous t en avons mentionné certaines propriétés. Les anciens ne lui ont pas attribué une vertu moindre qu'au chou. Dans du vinaigre, on l'emploie contre les blessures faites par les serpents, et contre la morsure des crocodiles et des hommes. Si l'on prend chaque jour, à jeun, de l'ers, la rate diminue peu à peu, suivant des écrivains très autorisés. La farine efface les taches de la peau tant au visage que sur le reste du corps. L'ers empêche les ulcérations de s'étendre; il est très efficace pour les mamelles. Dans du vin, il fait percer les charbons ; grillé et pris avec du miel en bols de la grosseur d'une aveline, il guérit les dysuries, les flatuosités, les affections du foie, le ténesme, et cet état où les aliments ne profitent pas, et qu'on nomme atrophie. Pour l'impétigo on en fait, cuit dans du vinaigre, un cataplasme, qu'on laisse en place quatre jours.
2. Appliqué avec du miel, il empêche les palans de suppurer. La dé¬coction, en fomentation, guérit les engelures et les démangeaisons. De plus, on prétend que sien eu boit tous les jours à jeun, elle donne à tout le corps une meilleure coloration. L'ers est un aliment qui ne convient pas à l'homme : il provoque des vomissements, dérange le ventre, charge la tète et l'estomac, et affaiblit les genoux; mais on le corrige en le faisant tremper plusieurs jours dans l'eau, et alors il devient très bon pour les boeufs et les bêtes de somme. Les gousses vertes, et avant qu'elles durcissent, pilées avec la tige et les feuilles, teignent les cheveux en noir.
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Re: Livre XXII, traitant des herbes et des grains
LXXIV. Lupin ; remèdes, xxxv.
1. Il y a aussi des lupins sauvages, inférieurs en tout aux lupins cultivés, excepté pour l'amertume. De toutes les substances alimentaires, il n'en est aucune qui soit moins pesante et plus utile que les lupins secs. Les lupins s'adoucissent sur les cendres chaudes ou dans l'eau bouillante. Quand on en mange souvent, ils rendent le teint plus vif. Les lupins amers sont bons contre les aspics. Secs, dépouillés de leur écorce et pilés, on les applique, dans un linge, sur les ulcères noirs, dont ils ravivent les chairs. Cuits dans du vinaigre, ils résolvent les scrofules et les parotides. La décoction avec la rue et le poivre se donne, même dans la fièvre, pour chasser les vers intestinaux, aux malades au-dessous de trente ans; chez les enfants ou applique à jeun, comme vermifuge, un cataplasme de lupins sur le ventre (XVIII, 36); et d'une autre façon ou les donne rôtis soit en breuvage dans du vin cuit, soit en électuaire avec du miel.
2. Les lupins excitent l'appétit et dissipent les dégoûts. La farine, pétrie avec du vinaigre et appliquée dans le bain, fait disparaître les papules et les démangeaisons; seule, elle fait sécher les ulcères. Elle guérit les meurtrissures. Avec la polenta, elle calme les inflammations. Les lupins sauvages ont plus d'efficacité pour la faiblesse des hanches et des lombes. La décoction, en fomentation, dissipe le lentigo et rend la peau plus belle. Sauvages ou cultivés, si on les fait bouillir jusqu'à consistance de miel, ils font disparaître le vitiligo noir et la lèpre. Les lupins cultivés, en topique, font percer les charbons. Cuits dans du vinaigre, ils diminuent ou mûrissent les tumeurs et les scrofules. Ils donnent aux cicatrices une couleur blanche.
3. Parfaitement cuits dans de l'eau de pluie, ils fournissent une liqueur savonneuse qu'on emploie très utilement :en fomentation dans la gangrène, dans les éruptions pituiteuses, dans les ulcères humides. il convient d'en boire pour les affections de la rate, et d'y ajouter du miel pour les retards de la menstruation. Crus, pilés avec des figues sèches et dans du vinaigre, on les applique sur la région de la rate. La décoction de la racine est diurétique. On fait bouillir les lupins avec l'herbe chaméléon (XXII, 21), et on verse cette décoction dans le breuvage des bestiaux. Les lupins cuits avec du marc d'huile, ou la décoction de lupin mêlée ensuite avec ce mare, guérissent la gale de tous les quadrupèdes. La fumée de lupin tue les moucherons.
LXXV. Irion ou erysimutn, en gaulois vela ; remèdes, xv.
1. En parlant des céréales (XVIII, 22 ), 1 nous avons dit que l'irion, semblable au sésame, est appelé par les Grecs érysimon ; les Gaulois le nomment véla (le velar). Il a beaucoup de branches, les feuilles de la roquette, mais un peu plus étroites, et la graine du cresson. Avec le miel, il est très bon dans la toux et dans les expectorations purulentes. On le donne aussi dans l'ictère, dans les affections des lombes, dans la pleurésie, les tranchées, et la maladie céliaque. On en fait un topique pour les parotides et les affections carcinomateuses; avec l'eau ou avec le miel, pour les inflammations des testicules. Il est très avantageux aux enfants. Avec le miel et les figues, on l'emploie dans les affections du siège et les maladies articulaires. En boisson, c'est un bon antidote. On s'en sert dans la dyspnée. Avec du vieux oing, il est bon pour les fistules, mais il ne doit pas entrer dans la cavité.
LXXVI. Horminum; remèdes, vi.
LXXVI. 1. L'horminum ressemble, comme nous l'avons dit (XVIII, 22), par la graine au cumin et par le reste au poireau. Il croit à la hauteur de neuf pouces. Il y en a deux espèces : l'un, qui a la graine oblongue et plus noire, est employé comme aphrodisiaque, et pour guérir les taches et les taies des yeux ; l'autre a la graine plus blanche et plus ronde. Tous deux, pilés et appliqués avec de l'eau, font sortir les épines enfoncées dans le corps. Les feuilles, trempées dans le vinaigre, résolvent les tumeurs, appliquées seules ou avec du miel; elles résolvent aussi les furoncles avant qu'ils s'élèvent en pointe, et toutes les éruptions dues à des humeurs âcres. LXXVII. Ivraie ; remèdes, v.
LXXVII. 1. Il y a plus : les herbes mêmes qui sont le fléau des céréales ne sont pas sans usage. L'ivraie a été appelée malheureuse par Virgile ( Georg., I, 153) ; cependant, moulue, cuite dans du vinaigre et appliquée, elle guérit l'impétigo, d'autant plus vite qu'on renouvelle plus souvent le topique. Dans l'oxymel, elle guérit la podagre et les autres douleurs. Ce traitement diffère des autres : pour un setier de vinaigre, deux onces de miel sont la proportion convenable ; trois setiers étant ainsi préparés, on y met deux setiers de farine d'ivraie; on fait cuire ce mélange jusqu'à consistance suffisante, et on l'applique chaud sur les membres douloureux. Cette farine fait sortir aussi les esquilles osseuses. LXXVIII. Herbe miliaire ; remède, i.
1. On appelle miliaria (cuscula europaea, L.) une herbe qui tue le millet; elle passe pour guérir la goutte des bêtes de somme, auxquelles on la fait prendre pilée et dans du vin, à l'aide d'une corne.
LXXIX. Bromos ; remède, i.
1. Le bromos (avoine) est la graine d'une herbe portant épi. Il est du nombre des plantes nuisibles aux moissons; c'est une espèce d'avoine, dont les feuilles et la paille ressemblent à celles du froment; au sommet, il porte comme de petites locustes penchées. La graine s'emploie en cataplasme, comme l'orge et les autres grains. La décoction est bonne dans la toux.
LXXX. Orobanche ou cynomorium ; remède,
1. Nous avons appelé orobanche (XVIII, 44) une herbe qui tue l'ers et les légumes. D'autres la nomment cynomorion, à cause de sa ressemblance avec les parties génitales du chien. La tige n'a point de sang; les feuilles sont rougeâtres. On la mange ou crue ou cuite sur le plat, quand elle est tendre.
LXXXI. Des insectes qui attaquent les légumes à gousse.
LXXXI. 1. Il se forme dans les légumes des insectes venimeux du genre des solipuges (VIII, 43), qui piquent les mains et mettent la vie en danger. Ces piqûres se guérissent par tous les moyens qui sont indiqués contre les araignées et les phalanges. Telles sont les propriétés médicales des céréales. LXXXII. Du zythum et de la cervoise.
1. Les céréales fournissent aussi des boissons : le zythum en Égypte, la célia et la céria en Espagne, la cervoise et d'autres breuvages dans la Gaule et certaines provinces. L'écume de toutes ces boissons est un cosmétique que les femmes emploient pour entretenir la fraîcheur du teint. Mais puisque nous parlons de boissons, il vaut mieux passer au vin, et commencer par la vigne l'exposé des remèdes que fournissent les arbres.
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