CHAPITRE XIII. Comment une armée se range en bataille, pour que, dans le choc, elle soit invincible.
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CHAPITRE XIII. Comment une armée se range en bataille, pour que, dans le choc, elle soit invincible.
CHAPITRE XIII.
Comment une armée se range en bataille, pour que, dans le choc, elle soit invincible.
Trois choses méritent principalement votre attention dans une bataille : la poussière, le soleil,
le vent. Si vous avez la poussière dans les yeux, elle vous oblige de les fermer ; si vous y
avez le soleil, il vous éblouit ; si vous y avez le vent, il détourne et affaiblit vos traits ; tandis
qu'il dirige ceux des ennemis et en augmente la force. Quelque médiocre que soit un
général, il fait éviter ces inconvénients dans son ordonnance pour les premiers instants du combat ; mais le propre du grand général est d'étendre ses précautions à tous les temps de l'action, en réglant de bonne heure ses diverses révolutions sur les divers aspects du soleil pendant le jour, et sur le souffle du vent qui s'élève ordinairement à une certaine heure, d'un certain côté. Disposez donc votre armée de sorte qu'elle ait derrière elle les trois choses
dont nous venons de parler, et que l'ennemi les ait, s'il se peut en face.
Nous appelons acies une armée en bataille ; et frons, la partie de cette armée qui fait face à
l'ennemi. Le bon ou le mauvais ordre de bataille contribue plus encore que le choix des
troupes, à leur victoire ou à leur défaite.
Notre usage est de composer notre premier rang de soldats anciens et exercés, qu'on appelait autrefois princes : nous mettons au second rang nos archers cuirassés et des soldats choisis, armés de javelots ou de lances, nommés autrefois hastaires. L'espace qu'occupe chaque soldat dans le rang, à droite et à gauche de son camarade, est de trois pieds : par conséquent, il faut une longueur de mille pas, ou quatre mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit pieds pour un rang de mille six cent soixante-six soldats, si on veut que chacun ait un libre usage de ses armes, sans qu'il y ait cependant trop de vide entre eux. L'intervalle d'un rang à un autre est de six pieds, afin que le soldat puisse, en avançant ou en reculant,
donner aux traits une impulsion plus forte par la liberté des mouvements
Ces deux premiers rangs sont donc composés de soldats pesamment armés, auxquels l'âge
et l'expérience inspirent de la confiance : ils ne doivent, ni fuit devant l'ennemi, ni le
poursuivre, de crainte de troubler les rangs ; mais soutenir son choc, le repousser ou le
mettre en fuite ; et tout cela de pied ferme : c'est pourquoi on les considère comme une
espèce de mur inébranlable.
Le troisième et le quatrième rang, qui forment l'infanterie légère, sont composés de soldats les plus jeunes et les plus dispos, armés de dards et de javelots, de flèches, de frondes. Ce sont eux qui ouvrent le combat, en passant à la tête de la légion par les intervalles : de là ils tâtent l'ennemi avec ces différentes armes ; s'ils le mettent en fuite, ils le poursuivent, soutenus par la cavalerie ; s'ils sont repoussés, ils se replient sur la légion, et regagnent leur poste par les mêmes intervalles des deux premiers rangs : tandis que ceux-ci soutiennent tout le choc, dès qu'on en vient aux mains.
On a formé quelquefois un cinquième rang de machines propres à lancer des pierres ou des
javelots, et de soldats destinés à servir ces machines, ou à lancer eux-mêmes différentes
armes de traits.
Ceux qu'on appelait fundibulatores, se servaient d'un bâton ( fustibalus), de quatre pieds de
long, au milieu duquel on attachait une fronde de cuir qui, recevant des deux mains une
impulsion violente, lançait des pierres presque aussi loin que la catapulte. Les frondeurs,
proprement dits, sont ceux qui portent des frondes de lin ou de crin, matières très propres à
cet usage : en faisant un certain tour de bras autour de la tête, ils lancent les pierres fort loin.
Les jeunes soldats qui, n'étant pas encore incorporés à la légion, ne portaient pas autrefois
de boucliers, combattaient à ce cinquième rang, soit en jetant des pierres avec la main, soit
en lançant le javelot : on les appela d'abord accensi ; et dans la suite additi.
Enfin, le sixième rang était composé de soldats bien éprouvés, couverts de boucliers et
pourvus de toutes sortes d'armes, tant offensives que défensives : on les appelait triaires ; ils
fermaient l'ordre de bataille, et ne s'ébranlaient qu'au cas que les rangs qui les précédaient eussent du désavantage : alors n'étant ni fatigués, ni entamés, ils attaquaient vigoureusement l'ennemi, et faisaient ordinairement la ressource d'une armée battue.
Legrandalsacien1- Dans l'autre monde
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