CHAPITRE XXI. Des moyens d'éviter le combat.
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CHAPITRE XXI. Des moyens d'éviter le combat.
CHAPITRE XXI.
Des moyens d'éviter le combat.
Après avoir traité de tout ce que l’art et l'expérience nous apprennent sur les combats, enseignons à les éviter. C'est, disent nos savants militaires, la manœuvre la plus périlleuse qu'il y ait à la guerre. On ne peut se refuser au combat sans diminuer la confiance de ses troupes, ni sans augmenter celle de l'ennemi : cependant comme on se trouve souvent obligé de prendre ce parti, il est bon de savoir les moyens de le prendre avec sûreté : faites que votre armée n'attribue pas votre retraite à la crainte d'en venir aux mains ; faites-lui croire que vous vous retirez pour tendre des embûches à l'ennemi, en cas qu'il vous poursuive ; ou pour l'attirer dans une position plus propre à le défaire aisément : autrement le
soldat qui sent que son général appréhende de se commettre est bientôt prêt à fuir. Prenez
bien garde encore que l'ennemi ne pénètre votre dessein, et ne tombe sur vous dans le
moment de votre retraite. Pour éviter cet inconvénient, nos généraux ont souvent couvert
leur front d'une cavalerie qui en dérobant à l'ennemi la vue de l'infanterie, leur permettait d'en
diriger la marche par les derrières, sans être aperçus : ils retiraient peu à peu de leur poste toutes les troupes séparément les unes après les autres ; et, les rangeant en ordre de marche, après la cavalerie, à mesure qu'elles se détachaient du corps de bataille, ils les réunissaient. Quelquefois, après avoir fait reconnaître, dès la veille, la route qu'ils voulaient suivre le lendemain ; ils décampaient la nuit même, afin de gagner une marché sur un ennemi qui, ne s'apercevant de ce mouvement qu'au jour, les aurait inutilement poursuivis.
Ils détachaient, outre cela, une avant-garde de la cavalerie et de l'infanterie légère, pour
occuper les hauteurs qui se trouvaient sur la route, et sous lesquelles l'armée pouvait se
retirer en sûreté : si l'ennemi entreprenait de l'y attaquer, ce détachement tombait sur lui des
hauteurs. Rien n'est plus dangereux pour la troupe qui en poursuit une sans précaution, que
d'en rencontrer une autre en embuscade, ou préparée à la recevoir : cette circonstance est
même très favorable pour tendre des embûches à l'ennemi qui vous poursuit ; car la supériorité qu'il se sentira sur les fuyards le rendra vraisemblablement trop peu précautionné. On sait que la trop grande sécurité est toujours dangereuse. Saisissez le temps d'un repas, d'un fourrage, d'une marche fatigante, pour tomber sur l'ennemi qui ne s'y attend pas : en un mot, tâchez de surprendre, et de n'être jamais surpris. Une troupe surprise succombe honteusement sous une autre moins nombreuse et moins brave : en
effet, quoique l'intelligence influe considérablement sur le succès d'une bataille, le vaincu peut, à la rigueur, imputer sa défaite à la fortune ; au lieu qu'il n'a point d'excuses, lorsqu'il est la dupe des ruses ; parce qu'il peut les prévenir en envoyant des gens capables à la découverte.
Voici une ruse assez usitée contre des ennemis qui se retirent. On détache après eux par le même chemin qu'ils ont pris, une petite troupe de cavalerie, avec la précaution d'en faire avancer une autre plus considérable à la même hauteur, et par une route détournée dès que le petit détachement a atteint les ennemis, il escarmouche et se retire ; alors, pour peu que
l'ennemi se tranquillise ou se néglige, le gros détachement qui cache sa marche tombe avec
avantage sur une troupe qui se croyait à l'abri de toute insulte
Un général, projetant de se retirer à travers des bois, en envoie communément occuper les hauteurs et les défilés, afin de n'y être exposé à aucune embuscade ; quelquefois il laisse derrière lui des abatis qui embarrassent la marche de l'ennemi, et arrêtent sa poursuite.
Au reste, la retraite fournit aux deux partis des occasions de ruses. Celui qui se retire peut,
en feignant de marcher avec toute son armée, en laisser une partie en embuscade à la tête
des défilés, ou sur des hauteurs couvertes de bois ; et, sitôt que les ennemis s'y sont
engagés, les attaquer avec son arrière-garde et ses troupes embusquées.
Celui qui poursuit peut détacher à l'avance une troupe choisie qui, par des chemins
détournés, revienne prendre en front l'ennemi, que lui-même prend en queue. Dans une
retraite, vous pouvez revenir sur vos pas à la faveur de la nuit, et tailler en pièces des gens
endormis. Dans la poursuite, vous pouvez atteindre les ennemis, et les surprendre par
quelque marche prompte et secrète : s'ils passent une rivière pour vous poursuivre,
attaquez-les dans l'instant que la moitié de leur armée, ayant passé, se trouve séparée de l'autre par la rivière ; si, au contraire, ils en ont tenté le passage pour vous éviter, serrez votre marche, et tombez sur ceux qui n'ont pas encore eu le temps de passer.
Legrandalsacien1- Dans l'autre monde
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