Vitrail et autres vitraux.
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Vitrail et autres vitraux.
Le vitrail est une composition décorative formée de pièces de verre. Celles-ci peuvent être blanches ou colorées et peuvent recevoir un décor. Le mot vitrail désigne une technique tandis que la fermeture d'une baie fixe avec du verre s'appelle une verrière.
Depuis le début du Moyen Âge, ces pièces sont assemblées par des baguettes de plomb. Ce procédé, bien qu'aujourd'hui toujours dominant, n'est pas le seul en usage : d'autres techniques, telles que celles du ruban de cuivre (aussi appelée méthode Tiffany, de son concepteur Louis Comfort Tiffany), de la dalle de verre enchâssée dans le béton ou le silicone, de collages (avec des résines ou des polymères), et du vitrail à verre libre, peuvent être utilisées ou combinées.
Un vitrail est appelé vitrerie lorsque son dessin est géométrique et répétitif (par exemple des losanges ou des bornes). La vitrerie est généralement claire et sans peinture.
Un vitrail et une vitrerie se réalisent suivant le même procédé en associant le plomb et le verre. Le verre utilisé est plan, d'une épaisseur variant entre 1,5 mm et 5 mm, et le plomb se présente sous forme de baguettes en forme de H couché. Les pièces de verre sont serties dans les plombs puis l'ensemble est maintenu définitivement grâce aux soudures réalisées à chaque intersection des plombs.
Détail d'un panneau du vitrail de Saint Thomas, cathédrale de Canterbury.
La surface peinte des verres est apparente. Les plombs en H sont visibles avec leurs jonctions soudées, de même que les fers raidisseurs et les fils de cuivre qui les lient au vitrail.
Historique
Les origines
Le verre coloré a été produit depuis les époques les plus reculées. Tant les Égyptiens que les Romains ont excellé dans la fabrication de petits objets de verre coloré. Le British Museum possède deux pièces romaines exceptionnelles, la tasse de Lycurgue, dont la teinte couleur moutarde prend des reflets pourpres lorsque la lumière la traverse et le vase Portland, bleu nuit à décor incisé blanc.
Les Romains avaient l'habitude de décorer leurs thermes de mosaïques de verre coloré, ce qui permettait de tamiser la lumière, et les riches Romains fermaient les fenêtres de leurs villas avec du verre peint coloré.
Dans les premières églises chrétiennes des IVe et Ve siècles, on peut encore observer de nombreuses ouvertures occultées par des motifs en très fines feuilles d'albâtre serties dans des cadres en bois, donnant un effet de vitrail primitif. Ainsi cinq fenêtres de vitrail sont répertoriées dans la basilique Sainte-Sophie, datant du VIe siècle. On retrouve aussi des premiers vitraux pour la basilique Saint-Vincent de Paris, aujourd'hui disparue, et une des premières roses de vitraux à la basilique Saint-Vital de Ravenne, montrant un Christ bénissant. Les églises européennes d'occident adoptent massivement cette nouvelle mode au VIIe siècle, comme à Bourges et à York. En orient aussi, on a trouvé les restes de vitraux du VIIIe siècle dans les fouilles d'une église de Jéricho, mais l'usage byzantin abandonne le vitrail par la suite1.
Le vitrail médiéval
Vitrail médiéval représentant le baptême de Clovis
Le zodiaque du vitrail de la cathédrale de Chartres .
En tant que forme artistique, la technique du vitrail atteint sa plénitude au Moyen Âge. Durant les périodes romane et gothique primitif (950 à 1240), les ouvertures se développèrent exigeant de plus grandes surfaces vitrées. Le foyer du vitrail médiéval se trouve d'abord en France, notamment à la basilique Saint-Denis au IXe siècle, ou encore à Auxerre ou à Reims. L'Allemagne est aussi un foyer de production de vitraux, comme par exemple à Lüttich, ou à l'église carolingienne de Lorch. La stabilité était assurée par de robustes cadres de fer. Ces modèles sont encore visibles dans la cathédrale de Chartres et à l’extrémité orientale de la nef de la cathédrale de Cantorbéry.
Les cisterciens développent, en rapport avec leur idéal de simplicité et de dépouillement, un type de vitrail incolore composé le plus souvent de motifs décoratifs non-figuratifs et répétitifs, comme dans l'Abbaye d'Aubazine. Avec le développement ornemental de l’architecture gothique, les ouvertures devinrent de plus en plus grandes, améliorant l'éclairage des intérieurs. L'architecture gothique innova en introduisant un cloisonnement des fenêtres par des piliers verticaux et des motifs de pierre. La complexité de ces ouvertures atteignit son apogée dans les immenses baies du style flamboyant européen.
Intégrés à la tendance à l’élévation verticale des cathédrales et des églises paroissiales, les vitraux devinrent des créations de plus en plus audacieuses. La forme circulaire, ou rosace développée en France, évolua à partir de percements relativement simples dans les parois de pierre jusqu’aux immenses rosaces, comme celle du fronton ouest de la cathédrale de Chartres. Cette cathédrale est célèbre pour son « bleu de Chartres » et ses vitraux du XIIIe siècle. Le temps des cathédrales en France voit l'explosion de cet art, comme à Notre-Dame de Paris, Bourges, Amiens, Reims, Rouen, ou au Mans ainsi que dans les contrées germaniques, comme à Strasbourg, Augsbourg, Cologne, Erfurt, Ratisbonne, etc. Ces modèles atteignirent une énorme complexité, la dentelle de pierre étant ramifiée en centaines de différents points, comme à la Sainte-Chapelle à Paris.
Exemples de roses ou rosaces en vitrail
Rosace du transept nord de la cathédrale de Chartres avec la Vierge Marie en son centre
Détail de la rose du chœur de la cathédrale de Laon
Rose du transept sud de la basilique Saint-Denis
Rosace sud de Notre-Dame de Paris
Principales étapes de réalisation d'un vitrail au plomb
La conception.
La technique du vitrail laisse peu de place à l’improvisation pendant la réalisation.
Le dessin, la couleur, la solidité et la pérennité du vitrail, ... mais surtout la qualité de la lumière qui pénétrera dans l'architecture doivent être définis en amont.
La maquette.
C'est un document qui montre un aperçu détaillé d'un vitrail en le représentant à l'échelle 1/10.
La maquette comporte le tracé des plombs, la coloration des verres, la peinture éventuelle et le passage des armatures métalliques. Elle sert de point de départ pour l'élaboration d'un devis. La maquette met en valeur les proportions des pièces les unes par rapport aux autres et par rapport à la taille de la fenêtre (surtout dans le cas des vitreries).
La maquette sert de document de référence tout au long de la réalisation du vitrail.
La coloration.
Cette étape détermine l’harmonie des différents verres colorés. On choisit les verres suivant les couleurs indiquées sur la maquette et en tenant compte de leur nature : antique, plaqué, imprimé... Les échantillons des verres sont comparés sur une verrière d'exposition pour observer le rapport des couleurs entre elles.
Le tracé
C'est le « dessin technique » du panneau, réalisé à l’échelle 1/1 sur du papier bulle. Le réseau des plombs est tracé avec précision en utilisant la maquette comme modèle. Il est ensuite calibré pour que l’on coupe les verres. Dans le cas d’un vitrail figuratif : on procède à un agrandissement de la maquette. Si l’on possède un carton, on peut décalquer le dessin des plombs sur le papier. Dans le cas d’une vitrerie : on utilise un compas à balustre pour reporter les écartements identiques.
Les pièces sont différenciées par des numéros afin d'être facilement localisées. Ces indications peuvent être le numéro de la baie, le numéro du panneau dans la baie et le numéro de la pièce dans le panneau. Elles peuvent également mentionner la référence du verre qui leur est attribuée. Une feuille de verre peut avoir des variations de valeur qui seront visibles sur les pièces. On peut donc indiquer le sens du dégradé (+ / -) ou l'intensité choisie (forte, moyenne, faible).
Le calque
Avant d’être calibré, le tracé est reporté sur un calque. Cette « sauvegarde » est importante pour la réalisation de futures copies ou d’éventuelles réparations de pièces cassées. Il sert aussi à positionner les pièces qui sont coupées et éviter les confusions et les pertes. Un deuxième calque peut être réalisé pour le sertissage qui servira de guide en étant glissé sous le panneau.
Depuis le début du Moyen Âge, ces pièces sont assemblées par des baguettes de plomb. Ce procédé, bien qu'aujourd'hui toujours dominant, n'est pas le seul en usage : d'autres techniques, telles que celles du ruban de cuivre (aussi appelée méthode Tiffany, de son concepteur Louis Comfort Tiffany), de la dalle de verre enchâssée dans le béton ou le silicone, de collages (avec des résines ou des polymères), et du vitrail à verre libre, peuvent être utilisées ou combinées.
Un vitrail est appelé vitrerie lorsque son dessin est géométrique et répétitif (par exemple des losanges ou des bornes). La vitrerie est généralement claire et sans peinture.
Un vitrail et une vitrerie se réalisent suivant le même procédé en associant le plomb et le verre. Le verre utilisé est plan, d'une épaisseur variant entre 1,5 mm et 5 mm, et le plomb se présente sous forme de baguettes en forme de H couché. Les pièces de verre sont serties dans les plombs puis l'ensemble est maintenu définitivement grâce aux soudures réalisées à chaque intersection des plombs.
Détail d'un panneau du vitrail de Saint Thomas, cathédrale de Canterbury.
La surface peinte des verres est apparente. Les plombs en H sont visibles avec leurs jonctions soudées, de même que les fers raidisseurs et les fils de cuivre qui les lient au vitrail.
Historique
Les origines
Le verre coloré a été produit depuis les époques les plus reculées. Tant les Égyptiens que les Romains ont excellé dans la fabrication de petits objets de verre coloré. Le British Museum possède deux pièces romaines exceptionnelles, la tasse de Lycurgue, dont la teinte couleur moutarde prend des reflets pourpres lorsque la lumière la traverse et le vase Portland, bleu nuit à décor incisé blanc.
Les Romains avaient l'habitude de décorer leurs thermes de mosaïques de verre coloré, ce qui permettait de tamiser la lumière, et les riches Romains fermaient les fenêtres de leurs villas avec du verre peint coloré.
Dans les premières églises chrétiennes des IVe et Ve siècles, on peut encore observer de nombreuses ouvertures occultées par des motifs en très fines feuilles d'albâtre serties dans des cadres en bois, donnant un effet de vitrail primitif. Ainsi cinq fenêtres de vitrail sont répertoriées dans la basilique Sainte-Sophie, datant du VIe siècle. On retrouve aussi des premiers vitraux pour la basilique Saint-Vincent de Paris, aujourd'hui disparue, et une des premières roses de vitraux à la basilique Saint-Vital de Ravenne, montrant un Christ bénissant. Les églises européennes d'occident adoptent massivement cette nouvelle mode au VIIe siècle, comme à Bourges et à York. En orient aussi, on a trouvé les restes de vitraux du VIIIe siècle dans les fouilles d'une église de Jéricho, mais l'usage byzantin abandonne le vitrail par la suite1.
Le vitrail médiéval
Vitrail médiéval représentant le baptême de Clovis
Le zodiaque du vitrail de la cathédrale de Chartres .
En tant que forme artistique, la technique du vitrail atteint sa plénitude au Moyen Âge. Durant les périodes romane et gothique primitif (950 à 1240), les ouvertures se développèrent exigeant de plus grandes surfaces vitrées. Le foyer du vitrail médiéval se trouve d'abord en France, notamment à la basilique Saint-Denis au IXe siècle, ou encore à Auxerre ou à Reims. L'Allemagne est aussi un foyer de production de vitraux, comme par exemple à Lüttich, ou à l'église carolingienne de Lorch. La stabilité était assurée par de robustes cadres de fer. Ces modèles sont encore visibles dans la cathédrale de Chartres et à l’extrémité orientale de la nef de la cathédrale de Cantorbéry.
Les cisterciens développent, en rapport avec leur idéal de simplicité et de dépouillement, un type de vitrail incolore composé le plus souvent de motifs décoratifs non-figuratifs et répétitifs, comme dans l'Abbaye d'Aubazine. Avec le développement ornemental de l’architecture gothique, les ouvertures devinrent de plus en plus grandes, améliorant l'éclairage des intérieurs. L'architecture gothique innova en introduisant un cloisonnement des fenêtres par des piliers verticaux et des motifs de pierre. La complexité de ces ouvertures atteignit son apogée dans les immenses baies du style flamboyant européen.
Intégrés à la tendance à l’élévation verticale des cathédrales et des églises paroissiales, les vitraux devinrent des créations de plus en plus audacieuses. La forme circulaire, ou rosace développée en France, évolua à partir de percements relativement simples dans les parois de pierre jusqu’aux immenses rosaces, comme celle du fronton ouest de la cathédrale de Chartres. Cette cathédrale est célèbre pour son « bleu de Chartres » et ses vitraux du XIIIe siècle. Le temps des cathédrales en France voit l'explosion de cet art, comme à Notre-Dame de Paris, Bourges, Amiens, Reims, Rouen, ou au Mans ainsi que dans les contrées germaniques, comme à Strasbourg, Augsbourg, Cologne, Erfurt, Ratisbonne, etc. Ces modèles atteignirent une énorme complexité, la dentelle de pierre étant ramifiée en centaines de différents points, comme à la Sainte-Chapelle à Paris.
Exemples de roses ou rosaces en vitrail
Rosace du transept nord de la cathédrale de Chartres avec la Vierge Marie en son centre
Détail de la rose du chœur de la cathédrale de Laon
Rose du transept sud de la basilique Saint-Denis
Rosace sud de Notre-Dame de Paris
Principales étapes de réalisation d'un vitrail au plomb
La conception.
La technique du vitrail laisse peu de place à l’improvisation pendant la réalisation.
Le dessin, la couleur, la solidité et la pérennité du vitrail, ... mais surtout la qualité de la lumière qui pénétrera dans l'architecture doivent être définis en amont.
La maquette.
C'est un document qui montre un aperçu détaillé d'un vitrail en le représentant à l'échelle 1/10.
La maquette comporte le tracé des plombs, la coloration des verres, la peinture éventuelle et le passage des armatures métalliques. Elle sert de point de départ pour l'élaboration d'un devis. La maquette met en valeur les proportions des pièces les unes par rapport aux autres et par rapport à la taille de la fenêtre (surtout dans le cas des vitreries).
La maquette sert de document de référence tout au long de la réalisation du vitrail.
La coloration.
Cette étape détermine l’harmonie des différents verres colorés. On choisit les verres suivant les couleurs indiquées sur la maquette et en tenant compte de leur nature : antique, plaqué, imprimé... Les échantillons des verres sont comparés sur une verrière d'exposition pour observer le rapport des couleurs entre elles.
Le tracé
C'est le « dessin technique » du panneau, réalisé à l’échelle 1/1 sur du papier bulle. Le réseau des plombs est tracé avec précision en utilisant la maquette comme modèle. Il est ensuite calibré pour que l’on coupe les verres. Dans le cas d’un vitrail figuratif : on procède à un agrandissement de la maquette. Si l’on possède un carton, on peut décalquer le dessin des plombs sur le papier. Dans le cas d’une vitrerie : on utilise un compas à balustre pour reporter les écartements identiques.
Les pièces sont différenciées par des numéros afin d'être facilement localisées. Ces indications peuvent être le numéro de la baie, le numéro du panneau dans la baie et le numéro de la pièce dans le panneau. Elles peuvent également mentionner la référence du verre qui leur est attribuée. Une feuille de verre peut avoir des variations de valeur qui seront visibles sur les pièces. On peut donc indiquer le sens du dégradé (+ / -) ou l'intensité choisie (forte, moyenne, faible).
Le calque
Avant d’être calibré, le tracé est reporté sur un calque. Cette « sauvegarde » est importante pour la réalisation de futures copies ou d’éventuelles réparations de pièces cassées. Il sert aussi à positionner les pièces qui sont coupées et éviter les confusions et les pertes. Un deuxième calque peut être réalisé pour le sertissage qui servira de guide en étant glissé sous le panneau.
Angeline_des_Yris- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 943
Localisation : Limousin
Date d'inscription : 18/03/2011
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