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Message par Kerraaoc Dim 05 Oct 2014, 11:55

INTRODUCTION
DÉVELOPPEMENT DE L’ESCRIME AU XVe ET AU XVIe SIÈCLES.


"Ami fidèle, épée éprouvée valent au besoin leur pesant d’or", dit maître Freidank, exprimant ainsi une pensée familière à tout le moyen âge.

Depuis l’époque la plus reculée, l’épée était l’arme la plus importante pour le combat -sérieux. Les légendes allemandes des temps héroïques nous ramènent à un temps où la possession d’une épée était de haute valeur; l’épée était une pièce d’héritage déléguée à un des ancêtres par un dieu, c’est une consolation des héros, comme nous le voyons par Siegfried Balmung, par Eckesachs, par Miming et Nagebring; à cette estimation donnée par la légende correspond celle qui a lieu en réalité dans la vie.

Le fils aîné prend sur l’avoir du père de prime abord, et avant de procéder au partage du reste, - l’épée paternelle. Dans l’assemblée populaire, le garçon adulte, pour être reconnu comme capable dc porter les armes, était paré par les notables ou par son père du bouclier et de l’épée qu’il ne déposait jamais plus. C’était la fête de la prise d’armes.
On prêtait serment sur ces armes.
De là à la pensée que la confiance dans les armes repose sur un maniement particulièrement exercé de l’arme et que le noble art du combat à l’épée s’impose à cette période héroïque, il n’y a qu’un pas.

Pourtant cette opinion serait une erreur.
L’épée est brandie, mais ce n’est pas l’habileté et l’art qui font le maître, c’est la force. Les anciens poèmes héroïques allemands parlent d’effroyables coups sur le casque et le bord du bouclier; ils vantent la force de leur héros, laquelle est un don fait par les dieux ou bien un signe de son origine divine; ils ne font jamais mention de son art.
Rien n’est clair comme la description du combat dans le poème de Waitharius du Xe siècle: le héros a brisé son épée sur le casque de Hagen; il rejette la poignée loin de lui; le rusé adversaire épie ce mouvement et lui coupe la main; mais Walthari, à la façon des Huns, porte aussi une épée à droite et il en profite pour tirer vengeance.
Lorsqu’en France, et grâce à l’influence française, dans les pays à l’est, le prix de la force fit place à la courtoisie (Höfescheit), à des manières nobles, agiles, courtoises dans toutes les conditions de la vie, alors l’expression déréglée de la force passa pour brutale; la forme, l’élégance et l’habileté prirent faveur; dans la chevalerie nous rencontrons un art de combattre.


Hartmann Von Aue (Iwein 7000) dit:

L’exercice enseigne même au lâche
Qu’il peut bien mieux combattre
Que l’épée la plus hardie
Qui n’a jamais cultivé l’art:
Ici se réunissaient l’art et la force.


Mais si nous portons trop haut nos prétentions, nous courons de nouveau risque de faire erreur; autant que les documents nous renseignent, nous ne saurions affirmer l’existence d’un escrime réellement développé selon les règles de l’art.

Quelle en est la raison?
A cela il faut répondre: c’est la culture exclusive de la joute au tournoi.
La course avec la. lance était si difficile, si savante; il fallait tant d’art pour baisser la lance au grand galop et au vrai moment dans sa juste position, et en même temps pour supporter le coup violent de l’adversaire que l’éducation dans les arts de la chevalerie se bornait à peu près à celle de la joute.
En arrivant à Thorenweise, Parcival apprend de Gurnemanz l’art de la joute (v. Wolfram d’Eschenbach, Parcival 174), et son éducation dans les arts chevaleresques est terminée.

Le combat à l’épée ne sortit guère de ses anciennes limites.
On ne combattait pas à cheval; le combat à l’épée à cheval resta une particularité des Slaves, même avant qu’ils eussent hérité en partie de la chevalerie des peuples romans.
Ainsi Biterolf raconte que les Bohèmes ignoraient le combat de tournoi et que néanmoins leurs larges épées (Flatschen) vidaient plus d’une selle.
Pour les chevaliers de cour le combat à l’épée devint "l’acte final d’une attaque. Quand les deux adversaires avaient glissé de cheval par un coup de lance, ils empoignaient leurs épées; quand tous les deux avaient brisé leur lance, ils mettaient pied à terre.

On lit en effet dans wein:

Aucun cheval ne leur a fait de mal,
Il y va de leur propre vie.

Les premiers coups étaient dirigés sur les boucliers; le même passage d’Lwein dit:

Tous les deux pensaient également:
Je ne sais ce que vaut ma peine
Tant que le bouclier le protège.

Les bons combattants aiment à se prodiguer avec le bouclier et l’épée, c’est-à-dire ils savent parer et ménagent leurs harnachements qui sont la seule protection du maladroit.
Si une fois le bouclier est fortement abimé, on le rejette sur le dos avec l’attache, et ou continue à combattre. Alors les chevaliers vigoureux saisissaient l’épée à deux mains et faisaient pleuvoir leurs coups sans pitié sur l’adversaire. Les combattants courtois observaient la règle de ne pas asséner de coup au-dessous du genou.

Ce combat à l’épée pouvait tuer l’un des adversaires ou le mettre hors de combat à force de petites blessures, aussi bien que par la cassure du casque.

Les casques étaient çà et là
Déjà violemment hachés;
Les harnachements perlaient
Du sang qui coulait,
Car de beaucoup de blessures jaillissaient
Les gouttes de sang à terre.


(Iwein 72 30.)


Ou bien encore l’un des deux pouvait s’élancer au-dessous de l’épée ennemie et forcer l’adversaire à la lutte.

Ce genre d’attaque resta en usage au XIVe et au XV siècles; il est par là explicable que le combat à la longue épée à deux mains acquit une telle importance; cependant on n’avait guère recours au combat à deux mains qu’après la mise à l’écart du bouclier.
Les vieilles traditions, qui, dans les écoles d’escrime, passèrent des chevaliers aux bourgeois, se conservèrent jusqu’au XVeet au XVIe siècles. - C’est d’elles qu’est sorti notre livre d’escrime.
Les combats judiciaires occasionnèrent surtout la culture de l’escrime. Le Miroir de Saxe (Liv. 1, Art. 63, § 4) prescrivait par exemple aux combattants de paraître au combat sans armure de fer.
Il devint dès lors nécessaire d'apprendre à parer avec l’épée; aussi apprenons-nous que ceux qui se décidaient à un combat judiciaire prenaient des leçons d’escrime chez les maîtres entre la période de la provocation et celle du combat (A. Schultz, Vie de cour au temps des Minnesinger IL, 134).
L’escrime devint alors un sport à la mode dans les corporations et dans la vie bourgeoise. Aux grandes fêtes on arrangeait des assauts réguliers (spectacles d’escrime), dans lesquels d’ordinaire un maître d’escrime étranger provoquait à n’importe quelle arme quiconque s’adressait à lui. Il arrivait souvent qu’il y avait des têtes ensanglantées et même des accidents plus sérieux. Les escrimeurs formaient des corporations particulières, parmi lesquelles les Frères de Marz à Francfort et les Escrimeurs de plume à Prague étaient les plus renommés. Ils jouissaient de plusieurs privilèges impériaux au XV, au XVI. et même encore au XVII siècles. Le capitaine général des deux sociétés désignées se trouvait constamment comme leur représentant et leur procureur à la cour impériale.

D’après les témoignages des ouvrages d’escrime nous trouvons au XVe siècle des règles de combat pour les armes les plus variées, telles que la longue épée à deux mains, la rapière pour frapper et piquer, le poignard, le couteau, le dusack (tesack, dysack, du bohême tesàk dague), arme à forme de sabre, courte, sans poignée, muni d’un trou de poignée pour la main, la hallebarde, la hache, le bâton, la massue, le bouclier; les différentes formes de ces armes destinées au combat, soit pour l’offensive, soit pour la défensive, sont expliquées au long dans notre livre d’escrime; on allait jusqu’à se battre avec des fléaux.

Outre les règles du combat à ces armes on enseignait encore le maniement de deux rapières à la fois, ou de la rapière à la main droite, du poignard à la gauche, ou bien la défense ou l’attaque de l’une de ces armes à l’encontre des autres. De plus on tient compte de l’emploi opportun d’un manteau et on met en scène la tenue d’un homme sans arme vis-à-vis d’un homme armé.
Le combat en lui-même consistait en un usage très primitif de toutes ces armes, bien que l’emploi d’une foule de termes techniques donnat un relief d’art scientifique à l’escrime et à son enseignement.
Ce genre de combat et toutes ces attaques qui se terminaient le plus souvent par un combat à coups de poing ou par la lutte, étaient enseignés régulièrement dans les écoles d’escrime et exposés dans les ouvrages d’escrime; mais tout en ayant pour nous une valeur an point de vue historique, nous devons déclarer qu’en réalité ils n’exercèrent aucune influence sur le développement ultérieur de l’escrime.

Le manuscrit à images de Talhoffer, l’un des plus anciens manuscrits allemands sur l’escrime, nous met sous les yeux les genres de combat les plus variés, usités en Allemagne, et l’usage du combat; en même temps il nous initie aux termes techniques usités à tel ou tel effet.

Pour l’intelligence des images il faut remonter aux sources des plus anciens ouvrages imprimés allemands; l’on reconnaît comme tels:

Pauernfeindt André 1516: Approfondissement de l' art chevaleresque de l’escrime par des escrimeurs de Vienne, avec conception claire et intelligence en peu de mots. Avec gravures sur bois. Vienna.

Lebkhommer Hans 1529: Art rudimentaire des vieux escrimeurs, avec les tours d’adresse secrets, combat, lutte, jet, etc. orné de figures. Jusqu’à ce jour inédit. Fraucfort-s.-Mein
ainsi que son second ouvrage:
Art de l’escrime au couteau. Avec gravures sur bois. Nuremberg 1530.

Il faut encore ajouter quelques petits ouvrages sans nom d’auteur (de 1530 à 1560):
Art rudimentaire des vieux escrimeurs. Francfort-s.-Mein.
Art approfondi des vieux escrimeurs. Francfort-s.-Mein.
Livre d’escrime, l’art chevaleresque et viril, travail de la main, escrime, assaut etc. Francfort-s..-Mein.
Nouveau livret artistique avec figures, de la rapière, combat au manteau. Nuremberg.
Description et Explication de l’escrime à l’épée et à la dague, avec plusieurs coups pour l’agilité du combat à la rapière. Francfort-s.-Mein.

Meyer Joachim, maître d’escrime à Strasbourg: Description approfondie de l’art noble et chevaleresque de l’escrime avec toute sorte de défenses en usage, orné de beaucoup de belles et utiles figures. Strasbourg 1570. Avec autorisation de S. M. I. romaine de ne tolérer aucune contrefaçon pendant dix ans.


Il faut y ajouter le remarquable livre d’escrime intitulé:

Hans George Deckinger est mon nom,
Ulm est ma patrie,
De profession suis vitrier
Et maître franc escrimeur
De l’art viril et chevaleresque
D’escrimer, concitoyen et habitant
De Munich, capitale princière.
Anno Domini 1600. Augsbourg.

Espère en Dieu et prends courage,
Car le bonheur vient tous les jours.

Ce livre d’escrime est divisé en cinq parties; on y traite les manière les plus variées de combattre, mais toutes à pied.


Meyer fut l’un des plus célèbres des anciens maîtres allemands; son ouvrage et celui de Lebkhommer et de Sutor, dont il sera question plus loin, sont les plus importants livres d’escrime qui aient paru en Allemagne. Avec la méthode employée dans son ouvrage, Meyer a créé une oeuvre originale et nous a initiés aux différents genres de combat usités en Allemagne.

Ce genre d’escrime s’implanta dans les écoles allemandes du XVe siècle et se continua jusqu’au XVIIe siècle. Nous trouvons les mêmes manières de combattre et les mêmes termes techniques dans l’ouvrage d’escrime de Sutor.

Sutor Jacob:Nouveau livre artistique d’escrime, description détaillée de l’art noble et chevaleresque de l’escrime dans les défenses les plus connues, l’épée, la dague, la rapière, le bâton, la hallebarde, combats avec avance, et retraite, position, rapidité, courte explication d’une instruction très nécessaire, représentation au moyen de nombreuses et belles estampes aus6’i utiles qu’élégantes. Ramené sous cette petite forme pour tous les amateurs du noble art de l’escrime et publié pour leur complaire par l’expérimenté et célèbre franc-escrimeur Jacob Sutor. de Bade, etc. Fraucfort-s.-Mein 1612.


Comme nous le verrons plus loin, l’art de l’escrime italien avait déjà fait au XVe siècle des progrès assez remarquables et avait pénétré eu Allemagne vers la fin de ce siècle.
Ainsi qu’on le voit dans tous les ouvrages d’escrime de cette époque, la longue épée à deux mains était l’arme principale d’attaque; la rapière s’y associa plus tard pour le coup et pour la pointe.
D’après Sutor l’escrime à la longue épée se divisait proprement en: commencement, milieu et fin.
Le commencement c’est l’attaque contre l’homme qu’il a en face de lui.

L’attaque est l’ouverture du combat par l’exécution des différents coups; elle a lieu en commençant par les positions ou les gardes, qui sont divisées en positions principales et positions accidentelles.

Par le milieu on comprenait le travail de la main, "quand l’un des combattants assaille son adversaire en toute rapidité. Le travail de la main dans le milieu est le plus grand art."

Ce travail de la main consistait en différents mouvements de la lame qui s’exécutaient avec la plus grande célérité.

A ces exercices appartenaient "l’engagement, tourner, changer, en arrière, éconduire, couper, doubler, se dégager, frapper en dessous, lancer, avancer, frétiller, saccader, détourner, lutter, se jeter en avant, dissimuler, jeter et pénétrer. Se découvrir en mainte et mainte façon."

Par la fin ou entend la retraite, comment un escrimeur se dégage "de son adversaire sans dommage et en parant.”


Nous nous expliquons cette division de l’escrime en ce sens que l’on enseignait les coups réglés sur les diverses positions ou les gardes: c’était le commencement. Ensuite les divers engagements, ainsi que les mouvements les plus variés avec la lame, la poignée ou le manche dé l’épée, l’attention à porter aux moments successifs de l’attaque pour en tirer profit soit en présentant la pointe de la lame, soit en rompant avec le quillon de la poignée, ou bien en assénant un coup avec l’épée renversée, ou encore en frappant le visage de l’adversaire avec le pommeau de la poignée, enfin terminer l’assaut au moment propice par une lutte, voilà le milieu; en dernier lieu, sortir du combat sans dommage et victorieux, ou bien avoir mis l’adversaire hors de combat, c’était la fin.

Nous pouvons considérer la même division dans chaque assaut ou leçons en forme d’attaques indiquées dans les livres d’escrime. Le coup d’attaque provenant de la position prise en face de l’adversaire est le commencement. Les moyens indiqués pour passer de la défensive à l’offensive sont le milieu, et finalement la blessure ou la mise hors de combat de l’adversaire, afin de se retirer victorieux du combat, c’est la fin.

L’attaque a lieu en partant des positions.”

"Les places ou les gardes sont la position élégante, nécessaire et adroite, ainsi que les mouvements de tout le corps avec l’épée, et sont divisés en dessus, dessous, droite et gauche. L’attaque part des positions: commencement, milieu et fin.”

Une autre division des gardes ou positions consistait en positions principales et positions accidentelles.
Les positions principales sont au nombre de quatre, savoir:
"La garde haute, le bœuf;” être dans le boeuf de droite ou le boeuf de gauche; l'olber et la charrue, charrue droite ou gauche.

Les noms des positions accidentelles sont: "garde de colère, clé, brise-fenêtre, changement, hengetort, langord; Licorne, garde d’à côté, garde oblique, eisenport, hangetort, langen ort."


Les coups sont divisés en principaux, accidentels, coups de maître.
Les coups principaux sont: coups hauts, coups bas, moyens, coups de colère.
Les coups accidentels sont: courts, élan, aveugle, glissade, arqués, claques, vent, touche, changement couronne, knichel, claques.
Les coups de maître sont: colère, arqués, obliques, coups du crâne.

La division de l’épée était quadruple.
La première partie: la poignée ou calotte, la croix, le quillon "était destinée à lutter, s’élancer, attaquer, porter en avant, et autres manœuvres.”
L’autre ou deuxième partie, la force de la lame, de la croix ou de la poignée jusqu’au milieu, servait "à couper, tordre, presser et ce qui s’ensuit."
La troisième partie est "le milieu d’où procèdent la force et la faiblesse vers le milieu de l’épée.”
La quatrième partie était le côté faible de la lame. "La partie faible va du milieu à la pointe ou bout de l’épée, et servait à "changer, précipiter, brandir et ce qui s’ensuit.”
On distinguai encore pour la lame la taille courte ou à demi; on l’appelle aussi le dos de l’épée (taille de dos) et les longues tailles qui sont les tailles vraies et d’avant.
Avec la rapière on portait des coups d’estoc et de taille contre l’adversaire.
La direction des coups était d’en haut, horizontale ou d’en bas contre la partie adverse.

Quant aux diverses gardes, il y avait la garde principale, l’accidentelle et la partielle.
Il y a cinq gardes à la rapière: "La garde haute à droite et à gauche avec les bœufs; la garde basse à droite et à gauche, Eisenport, charrue et langort.
Les coups sont: Coups de crâne ou coups louches, doubles coups ronds, coups moyens, coups supérieurs, flancs, coups de la gorge, coups à la main, coups rabattus, coups ronds, coups au pied, coups doubles.
Le coup supérieur porte aussi le nom de coup de colère ou coup de défense. " y a trois coups de pointe de la rapière, dont les autres dérivent."
La direction du premier coup de taille vers la tête de l'adversaire donne lieu au "coup supérieur ou coup de crâne.”
Ce coup pouvait aussi se diriger vers le visage, la poitrine ou l’épaule, comme coup de pointe supérieur à droite ou la gauche.
Le deuxième coup, "d’en bas, pouvant être porté par chacun des tireurs,” pouvait être dirigé contre les genoux ou les pieds.
Le troisième coup "part de ton milieu droit vers le long espace,” ainsi en droite ligne de la lame "vers le milieu ou la taille du corps."Il y avait un coup de milieu à droite et à gauche.

On commence déjà à recommander en quelque sorte l’observation de la mesure dans l’emploi de la rapière. Il est dit: Aussitôt que les pointes de la lame se touchent, s’engagent, "sers-toi de la pointe sans tarder et frappe avec des bottes feintes ou détournées. "Si les lames sont liées au milieu, alors ne pique ni ne frappe autour, mais remarque où il frappe à faux et se découvre, et tâche de l’attraper. - Si tu te rapproches de lui - c'est-à-dire à une mesure moindre - sois agile à l’attaque, à la lutte, à la riposte; s’il n’y a pas d’autre moyen, recule devant l’adversaire. "
On voit par là que, comme dans l’art moderne de l’escrime, on ne conseille pas le combat dans une mesure étroite.
Nous trouvons quelquefois les dessins d’une paire de tireurs armés de deux rapières, une à la main droite et l’autre à la main gauche; pourtant l’usage simultané de deux rapières était chose rare.

On conseillait toutefois de ne servir de la rapière de la main gauche que pour la parade, à moins que l’on ne sût combattre aussi de la main gauche. On recommandait aussi de frapper de taille avec l’une des deux rapières, "car c’est une bonne chose de pouvoir simultanément frapper et piquer; on peut ainsi gâter la peau de plus d’un bon luron."En général pourtant on ne cultiva guère ce genre d’exercice: "il est remarquable qu’en Allemagne on ne combat pas beaucoup avec deux rapières, mais l’on a assez à faire d’une seule, comme on l’a appris.”
Il en fut du combat à deux rapières comme de l’usage simultané de la rapière à la droite et du poignard à la gauche.
De même, aussi avec cette sorte d’armes, on conseillait l’observation d’une mesure plus grande ainsi que l’emploi du poignard pour la défensive, par conséquent pour la parade; tandis que le combat à mesure plus rapprochée, où le poignard servait à l’offensive, était moins l’objet d’une recommandation.


Il est hors de doute que ces deux dernières sortes d’escrime ne sont pas d’origine allemande, mais qu’elles furent prises à l’école italienne, comme le prouve suffisamment l’assertion: "que ces attaques ne s’emploient guère en Allemagne.”
L’escrime "au bâton, hallebarde ou haches à long manche” était le même pour toutes ces armes; elles étaient mises en usage pour le choc, et la palme de la hallebarde ou de la hache pour déchirer. Les coups se portaient de préférence -sur le manche ou la tige des armes.
On distinguait quatre sortes d’engagement des armes:
Le premier engagement était à la partie extrême du manche, ou à la palme de la hallebarde ou de la hache.
Le deuxième engagement était juste devant la main d’avant tenant le manche ou la tige.
Le troisième engagement était au milieu du manche, et le quatrième engagement avait lieu pendant l’attaque en avant avec la pointe ou le bout.

Dans le premier engagement on portait des coups contre les tiges, c’étaient les coups volants; dans le deuxième engagement c'étaient les tours et les entraînements, et dans les deux derniers engagements l’attaque à fond et la lutte.
Il y avait quatre parades comme il y avait quatre engagements; elles étaient exécutées de même avec les manches ou les bâtons.
Quant aux gardes il y en avait cinq principales: la garde haute, "s’étendant juste devant toi et au-dessus de toi, des deux côtés; la garde basse, des deux côtés; la garde à côté, la garde au milieu et la garde de parade.


Dans l’escrime à la dague réservée à frapper de taille, on distingue cinq positions:

Coups principaux:
Coups de crâne - de haut en bas.
Coups d’en bas - de bas en haut.
Coups hauts de gauche obliques obliques de gauche en bas.
Coups hauts de droite obliques - obliques de droite en bas.
Coups moyens gauche - perpendiculaires contre le côté droit, flanc.
Coups moyens droit - perpendiculaires contre la poitrine.
Coups bas obliques gauche - obliques de gauche en haut.
Coups bas obliques droit - obliques de droite en haut.
On voit par là que ce sont les mêmes directions de coups que dans les combats au sabre de nos écoles modernes.

Il y avait plusieurs coups accidentels à la dague dont nous voulons mentionner les noms à titre de curiosité:

coup d’élan, coup de grognard, coup d’exaspération, coup de vent,coup courbe, coup d’éveil, coup de manque,coup de bouc, coup court,coup de rose, coup d’aveugle, coup de change, coup d’enceinte, coup de danger, coup rapide, coup croisé.

Le combat à la massue fut mis en usage simultanément avec le bouclier.


Comme notre ouvrage, outre le combat à la massue, représente aussi les combats judiciaires entre homme et femme, dans lesquels l’homme se servait également d’une massue, nous croyons que le lecteur trouvera de l’intérêt à ce que nous lui endisions quelques mots.

"L’homme est debout dans une fosse ronde assez large, enfoncé jusqu’à la ceinture, armé d’une massue à la main droite; il peut en frapper la femme. Mais il lui est strictement défendu, sous peine de perdre la victoire, de sortir de la fosse, ou de se cramponner au bord de la fosse ou à la terre.
La femme tient à la main un voile, dans lequel est attachée une pierre de quelques livres, avec lequel elle peut chercher à frapper l’homme. Dès que la femme arrive derrière le dos de l’homme, elle s’efforce de tirer la tête de celui-ci vers le bord de la fosse et de l’étrangler. Si la femme porte un coup avec le voile et si l’homme pare avec la massue, le voile s’enroule à la massue, et la femme trouve ainsi l’occasion d’arracher la massue à l’homme et de le mettre hors de défense, par quoi le combat est regardé comme terminé, et l’homme est convaincu de sa culpabilité. Si l’homme pourtant pare le coup avec le bras gauche en liberté, l’occasion se présente à lui de saisir la femme par le milieu du corps et de l’attirer à lui dans la fosse, par quoi d’autre part le combat a pris pour la femme une issue défavorable, et ainsi de suite.

Une autre description du duel entre la femme et l’homme, différant de celui-ci, est faite en ces termes:
"L’homme est enfoncé jusqu’à mi-corps dans une fosse de trois pieds de large, creusée au milieu du cercle; la femme se tient à dix pieds de la fosse. Chaque combattant a trois bâtons de chêne. Ceux de l’homme ont environ deux aunes de long et deux pouces d’épaisseur en moyenne; ceux de la femme sont de la même force et longueur, ont une pierre d’environ trois livres de pesanteur attachée au bout. Les combattants s’attaquent avec ces "armes.”
Si l’homme lance contre la femme, s’il manque, et s’il saisit avec la main le bord ou le sol de la fosse, il a perdu un de ses bâtons. Si cependant la femme trop empressée frappe dans le moment où l’homme a manqué, elle a aussi à regretter également la perte d’un bâton. Celui qui perd le premier de cette façon ses trois bâtons est regardé comme vaincu et déclaré coupable.” Comme il a été déjà remarqué plus haut, la façon de combattre usitée en Allemagne n’exerça pas la moindre influence sur le développement réglé de l’escrime; et quand l’art de l’escrime apparut au commencement du XVIe siècle - comme nous l’avons vu dans Sutor - ce fut par l’école italienne de l’estoc que fut introduite cette sorte d’attaque; l’influence de cette école s’était déjà fait remarquer en Allemagne vers la fin du XVIIe siècle; et au commencement du XVIIe elle s’imposa si bien qu’au bout de peu de temps, elle fit retomber dans l’oubli toutes les autres façons d’escrimer connues et usitées sur le sol allemand.


Quelque invraisemblable que cela paraisse, nous devons pourtant reconnaître que l’on doit aller chercher en Espagne les premiers éléments de la soi-disant école italienne.
Ou peut poser en fait que depuis la décadence des combats de gladiateurs les premières traces du maniement réglé des armes se retrouvent en Espagne, et c’est sur ce fondement que se développa l’art de faire des armes avec sa méthode et ses règles.
On cite en Espagne comme ayant paru en 1474 un livre d’escrime écrit par Pedro de la Torre.
Toutefois les Italiens s’emparèrent bientôt de cet art à un degré si éminent, qu’ils l’élevèrent à une haute célébrité, et leurs salles d’armes devinrent sans rivale en Europe.
Au commencement du XVIe siècle l’escrime avait fait des progrès sensibles grâce à Montio Pietro 1509, à Manciolino Antonio de Bologne 1531 qui, dans l’introduction de son ouvrage, posait le fondement d’une théorie, et surtout à Mo r o z z o Achill e de Bologne, maestro generale de l’arte de l’armi, 1536.
Celui-ci est le premier auteur qui ait écrit presque explicitement sur l’escrime et qui ait développé les théories simplement indiquées par ses prédécesseurs. Parmi tous les écrivains et les maîtres italiens de cette époque il faut (donner une place particulière à Agrippa Camillo de Milan, dont l’ouvrage: Trattato di scientia d’arme con un dialogo di filosofia, parut à Rome en 1553.
Il était le plus célèbre maître que l’école italienne ait eu à cette époque; ses théories servirent de fondement au développement ultérieur de l’école italienne. Les auteurs postérieurs se sont souvent servis de ses théories et de celles de Marozzo et les ont citées comme servant de règle.
Il est à remarquer qu’Agrippa a été le premier auteur qui ait eu l’idée de désigner les parades par prima, seconda, terza, quarta, d’où sont venues les parades: prime, seconde, tierce et quarte.


A la méme époque parut l’ouvrage de Pagno Marc Antonio, 1553, Napoli: Disciplina dell’ Arme. - Ensuite vint l’ouvrage de G rassi Giacomo di 1570, Venetia, qui jouit d’une excellente renommée, égale à celle de Marozzo d’Agrippa. Puis Palladini Camillo de Bologne, excellent maître de son temps qui écrivit vers l’an 1570;
A gochie, Giovanne dall’, de Bologne, 1572, Venetia, dont l’ouvrage volumineux parut en trois parties, et intitulé: Dell’ Atte dello scherrnire, Defla Giostra, Dell’ ordinar Battaglia.
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Message par Kerraaoc Dim 05 Oct 2014, 12:01

Jusqu’à cette époque l'escrime n’avait pris en France aucun élan véritable, si l’on fait abstraction d’un écrit sur l’escrime paru à Anvers en 1539 sans nom d’auteur, et intitulé La Noble Science des joueurs d'espée, où l’on trouve pour des raisons facilement intelligibles l’école usitée en Espagne, c’est Henri de Sainct. Didier, qui fut le premier Français qui écrivit un ouvrage sur l’escrime, mais en même temps ce livre fit époque; le titre est: Traicté contenant les secrets du premier livre st.w l’espée sevle, mère de toutes armes, qui sont èspée, dague, cappe, targue, bouclier, rondelle, l’espée deux mains et let deux espées, etc. 1573.

Bien qu’il s’appuie sur l’école italienne, il est pourtant le fondateur de cette célèbre école française qui se développa plus tard à un si haut degré. Sainct Didier réunit tous les éléments et fonda un système; il dénomma les différents coups: "main drette, renversé, fendante, estocade, imbrocade. "
Le livre était dédié à Charles IX. Il raconte qu’à l’occasion de la remise de son ouvrage, il lui fut commandé de combattre avec le duc de Guise et plusieurs autres hommes célèbres par leur habileté; honneur dont il loue et remercie Dieu.

Charles IX était lui-même un tireur habile, et Brantôme nous raconte que Charles IX en personne avec son maître d’escrime Pompée, et le duc d’Anjou, plus tard Henri III, roi de France, avec son maître Silvie, deux maîtres italiens, entrèrent dans la lice en plein tournoi.
Plusieurs maîtres italiens allèrent s’établir à Paris sous le règne de Charles IX; le roi dota les salles d’armes de nombreux privilèges et leur donna le titre d’académies. A cette époque on donnait avec l’épée beaucoup de coups de taille, et l’école française admettait les coups sur le corps, car les lames étaient à la fois pointues et taillées. C’était une particularité de cette école que les coups semblaient toujours dirigés vers les yeux de l’adversaire.
Mais déjà sous le règne de Henri III (1574-1589) qui était l’une des meilleures lames du royaume et qui, d’après des rapports constants, inventa plusieurs coups, lesquels malheureusement ont été perdus après lui, on cessa en Italie et plus tard aussi en France les coups sur le corps, et l’on dirigea seulement les coups contre le corps. C’était la conséquence nécessaire de l’arme devenant toujours plus élégante et qui ne s’adaptait plus guère qu’à l’estoc bien supérieur évidemment à la taille.


Viggiani Angelo dal Meutone de Bologna qui publia en 1575 son ouvrage lo Schermo, Venetia, adopta sept gardes ou positions qui portent les noms numéraux.

Mentionnons encore que vers la fin du XVI. siècle il parut les ouvrages suivants:
Gunterodt Henric, 1579, Wittemberg, en latin,
Carança Hieronimo de 1582, Lisbonne, dont les maîtres espagnols adoptèrent plus tard l’école et utilisèrent l’ouvrage comme fondement de leurs dessins;
Fallopia Alfonso de Lucques, 1584,
Silver G., 1599, London. Paradoxe of Defence of long Sword or Rappier;
- et enfin Pacheco de Narvaez, Don Luys 1599-1600, Madrid, "qui a été l’un des plus fameux maîtres d’escrime de son temps en Espagne."
Telle est à peu près au complet la bibliographie de l’escrime au XVIe siècle.

Il faudrait encore mentionner que les liaisons des mouvements particuliers, les coups compliqués, furent à cette époque plus exactement désignés par Pater, et qu’il imposa aux coups les noms tels qu’ils subsistent encore en partie aujourd’hui: prime, seconde, tierce, quarte et quinte.
L’école italienne, dont l’influence en ce qui concerne l’usage de l’épée s’imposa dans toute la France, comme nous l’avons vu, forma aussi le fondement ou du moins le point de départ de l’escrime moderne en Allemagne.
L’introduction de l’école italienne en Allemagne est due au célèbre maestro Salvatore Fabris, capo dell’ ordine dei setti cuori (supérieur de l’ordre des sept coeurs) dont le célèbre ouvrage d’escrime De la Schermo overo Scienca et pratica d’arme, parut en 1606. Ce livre fut écrit par ordre de Christian IV, roi de Danemark, dont Salvatore était le maître.


La preuve que l’école italienne a été introduite en Allemagne par Salvatore Fabris se laisse surtout dériver du livre d’escrime paru à Leipsick en 1677 par Johann Joachim Hynitzsch, lieutenant de la ville et maître d’exercice.

On y lit: "L’escrime de Salvator Fabris fut principalement propagé par signor liermann qui était, il est vrai, Allemand, mais que pourtant signor Salvator a trouvé seul assez digne pour qu’il lui confiât et remît parmi tous ses élèves la salle d’armes et les élèves présents; ceux-ci l’agréèrent et continuèrent leurs exercices avec zèle sous sa direction.”
Après sa mort occasionnée bientôt après par la jalousie d’un mantenitor (tireur en chef), cet art fut répandu dans toute l’Allemagne par le noble seigneur Heinrich von et zum Ve1de, doyen du chapitre SS. Pierre et Paul à Magdebourg.
"C’est justement à ce seigneur Heinrich Von et zum Velde, - continue plus loin Hyntzsch - que nous devons porter nos remerciements sur sa tombe - moi et tous les Allemands - de ce que cet art est resté pur et sans mélange chez nous Allemands, et peut encore être exercé à la grande admiration des maîtres d’escrime italiens actuels. "
Sa lvator Fabris mentionne dans son livre quatre gardes: Prima guardia, seconda guardia, terzo guardia, quarta guardia; il donne aux coups les mêmes noms qu’aux gardes.
Une preuve du progrès de l’escrime, c’est que Salvatore Fabris observe déjà la mesure large et l’étroite, ensuite qu’il enseigne le "tourner, avancer, stringiren, "avec les feintes, les voltes, les cavations (contracavations, ricavations, demi-cavation et engagement de l’épée), expressions et commandements usités encore de nos jours en Allemagne.
Il enseigne ensuite l’allure et respectivement la défense avec les tireurs de grande ou petite stature, contre les natures faibles, fortes, colères ou lâches, etc.
Salvatore F abris se sert de la rapière simultanément pour l’estoc et la taille. Toutefois il donne la préférence à l’estoc pour l’emploi des feintes, surtout à cause des mouvements plus courts.

Il enseigne quatre coups principaux:
1. Mandiritto, 2. Riverso, 3. Sotto mano, 4. Montante.
Les coups de taille sont divisés en intérieurs et extérieurs, savoir:

Coups de taille intérieurs:
Mandiritto fendente - vertical contre la tête.
Mandiritto squalembrato - direction oblique vers l’épaule gauche.
Mandiritto tondo - vertical contre la poitrine.
Falso diritto - direction oblique contre le corps de bas en haut.
Sotte mano - de bas en haut.

Coups de taille extérieurs:
Itiverso fendente - vertical contre la tête.
Riverso squalembrato - oblique contre l’épaule droite.
Riverso tondo - vertical contre le côté extérieur droit du corps, le flanc.
Falso manco - oblique contre le corps de bas eu haut.
Montante - de bas en haut, aujourd’hui seconde.

Cette période de l’école italienne et française, par suite des grands mouvements et des estocs en rond exécutés avec force, fut nommée celle des "coups d’estramaçon et des coups d’estocade, de même que, par suite des positions multiples et parfois grotesques, on l’appela "le temps des gardes bizarres.”
Kerraaoc
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