[RP] Un dernier tour de piste...

[Giulietta]

Le matin était à peine levé, j'aimais ce moment de solitude. Je me mis face au soleil, une douce caresse  comme au premier jour. Les chevaux commençaient à attendre qu'on vienne s'occuper d'eux, il y avait une odeur , une atmosphère particulière propre aux souvenirs.
D'aussi loin que je me souvienne les écuries étaient liées à deux personnes : ma mère et Shaomye. Ma mère n'était plus , Shaomye était toujours là, n'ayant pris aucun signe d'âge, ressemblant à celle que j'avais connu quand petite fille je venais avec Alicia ou ma mère.  Je regrettais d'un coup de ne pas avoir eu le temps de discuter avec Shaomye au sujet de mes parents , mon frère, ma soeur , ma famille. Mes souvenirs étaient flous.
J'entends encore les éclats de rire de ma mère et de Shaomye , petite je ne savais de quoi elles parlaient. De chevaux sûrement. Ma mère adorait les chevaux , ça je me souviens. Elle avait un cheval auquel elle tenait beaucoup. Je ne sais plus la couleur de sa robe , ni son nom. Je me tourne , regardant les box, on dirait qu'il n'est plus là. Peut être a t-il disparu lui aussi? Je préférai croire qu'il était dans un grand pré , heureux.
Un sourire.
Un souvenir.
"On ne peut pas attacher les pattes de derrière des chevaux pour leur monter dessus , les filles!" C'est Shaomye qui parle , ce jour là j'avais entassé des caisses pour mettre le pied à l'étrier,
j'étais tombée
j'avais eu mal
mais je ne l'avais pas dit.
Fierté de gamine qui rêvait d'être comme papa , un jour , un grand chevalier.
Haussement d'épaules, les rêves des petites filles n'ont pas beaucoup de sens.
Et puis Perceneige
Tout blanc
Et la mule de la Reyne, Caprice ... J'aurais voulu qu'on l'attelle pour y promener les enfants. Mais du rire des enfants , ne restait que l'écho. Eux aussi avaient disparu.
Les poneys
Les retrouvailles avec Perceneige et Atlan avec sa pomme.
Perceneige...

Je regardai une dernière fois les écuries et partis.

Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?*

*Paul Verlaine

[Altan]

Au petit matin, comme souvent, je donne un coup de main aux écuries. Seul de la fratrie à être lève tôt, j'apprécie ce court laps de temps dans la journée où j'ai Maman pour moi tout seul. Plus tard dans la journée, il y aura mes frangins, ma sœur, les diverses sollicitations des Frères et des Sœurs en fonction des besoins.

Et puis les écuries à l'aube, il y flotte un je ne sais quoi de magique. Peut être le calme ambiant, les hennissements étouffés des chevaux qui te salue quand tu passes, la lumière encore douce. Peut être, comme le pense Maman, les fantômes qui viennent nous rendre visite. Et puis une apparition. Giulietta.

Je me frotte les yeux, pensant être encore perdu dans mes rêveries.
Mais non. Je l'aime bien, moi. Déjà elle est super gentille. Et puis elle aime son cheval, et ca c'est important. D'un coup je me demande si elle sait que le cheval de sa Maman est toujours là, d'un age canonique mais toujours là. Comme si il attendait quelqu'un pour partir en paix.

Sa Maman, je n'en ai aucun souvenir. Je sais que quand j'étais bébé, elle venait souvent nous voir et qu'il nous reste des jouets qu'elle nous a offert, tout comme des jouets du Frère Yann.
Ce dont je me souviens par contre, c'est l'amour qui brille dans les yeux de Maman quand elle l'évoque, le même sourire rare qu'elle a pour Karyaan. Observateur, je sais que Maman a souvent eu un mouvement pour aller vers Giu, pour lui parler de ses parents, surtout de sa mère ; pourtant je ne crois pas qu'elles en aient parlé.

Mais je suis tellement perdu dans mes pensées que quand je relève la tete, elle a disparue. Zut! Alors je me mets à courir, dans l'espoir de la rattraper. De lui dire à quel point elle est aimé.