L'Ordre Franciscain
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L'Ordre Franciscain
L'ordre franciscain
Infléchissements et organisation
L'ordre des Frères mineurs (Ordo fratrum minorum), approuvé officiellement par Honorius III en 1223, est voué à la pauvreté mendiante et à la prédication itinérante. La prédication n'est cependant qu'une activité parmi les autres, travail manuel, service des malades, mendicité. Saint-François admet que chacun continue à exercer sa profession après son admission dans l'ordre. L'afflux des «universitaires» cependant rendre inévitable l'évolution redoutée par saint François.
La règle de 1223 insiste moins sur le travail manuel, défend de quitter l'Ordre et renforce le devoir d'obéissance afin d'éviter certains abus, particulièrement le vagabondage des frères; déjà, en 1220, Honorius III crée un noviciat d'un an et oblige tout Mineur désireux de sortir d'un couvent à se munir d'une lettre d'obédience. Par contre, saint François refuse toujours de réserver aux clercs les fonctions de Supérieurs dans l'Ordre et interdit de demander des privilèges pontificaux et notamment l'exemption pontificale.
Lorsque François d'Assise meurt, l'ordre compte déjà près de 3000 membres et son succès ne fait que s'amplifier. En 1316, il compte 1400 maisons et 30 000 religieux. La papauté l'appuie de tous ses efforts, sûre de pouvoir compter sur cette «milice» toute dévouée pour lutter contre l'hérésie, comme l'illustrent saints Antoine de Padoue et Raymond Lulli.
L'ordre est divisé en provinces, elles-même divisées en custodies, puis vient l'échelon des prieurés. Le Ministre Général élu à vie par le Chapitre nomme les Gardiens des couvents, les Custodes, les Ministres provinciaux, les déplace et les révoque à volonté, désigne seul les prédicateurs. La périodicité du Chapitre est fixée en principe à trois ans, selon les prescriptions du IVe concile de Latran, mais il est trop nombreux pour pouvoir travailler efficacement, car tous les Ministres provinciaux et tous les Custodes y participent.
Les femmes : clarisses et béguines
Un ordre féminin, les clarisses, est fondé par sainte Claire en 1212. Les clarisses comptent plus de 300 maisons en 1316. Les questions du rattachement aux franciscains et de la pauvreté sont épineuses. En 1263, Urbain IV cherche à les unifier, après cinq règles successives, sous le nom d'ordres de sainte Claire : sa Règle autorise la propriété et comporte un quatrième voeu de clôture perpétuelle qui se répand dans les couvents de clarisses au XIVe siècle.
Cependant, l'attrait de cet ordre n'est pas plus grand que celui qu'exerce sur beaucoup de femmes, à la ville, un nouveau genre de vie à mi-chemin entre la vie laïque et la vie religieuse, celui des béguines. Il est vrai que ce sont les ordres mendiants qui prennent en charge l'encadrement spirituel des béguines (augustins aux Pays-Bas, dominicains en France). Ce mode de vie prend de l'importance au XIIIe siècle surtout aux Pays-Bas, mais ils se répandent aussi dans le nord de la France.
Mais bientôt l'influence qu'exercent sur elles les Mendiants et surtout les franciscains Spirituels les font accuser d'hérésie ; les frères et soeurs du Libre Esprit faisaient en effet des émules dans leurs rangs, en particulier en Allemagne où, plus nombreuses, elles étaient moins bien encadrées. En 1311, le concile de Vienne en dissout les groupes les plus suspects de béguines et de beggards, surtout en Allemagne. Elles se rattachent alors de plus en plus à un Tiers Ordre pour se mettre à l'abri. La chasse aux disciples du Libre Esprit continue cependant en Bohême, Allemagne et Autriche, dans la seconde moitié du XIVe siècle.
Les crises franciscaines
Les nécessités de l'apostolat et les difficultés de la règle font adopter la vie conventuelle et les études. Cette évolution, qui commence dès avant la mort de saint François, est dûe aux ministres franciscains et à la papauté, qui sont surtout sensibles aux besoins immédiats de l'Église (montée des hérésies, insuffisance du clergé, ignorance religieuse des laïcs) et qui cherchaient à y faire face.
Des crises souvent violentes accompagnent cette évolution, ce qui n'empêche pas la croissance de l'Ordre, mais à la longue l'affaiblit, le déconsidère, et fait rejaillir ce discrédit sur l'Église elle-même.
Les questions constitutionnelles. En 1239, les adversaires d'un Ministre Général despotique, Élie de Cortone, le déposent et adoptent des Constitutions d'inspirations dominicaines qui réduit le nombre de participants au Chapitre général fait élire désormais les Provinciaux par les Chapitres provinciaux. Les Gardiens et les Custodes sont désignés par les Provinciaux. Tous les successeurs d'Élie au poste de Ministre Général seront des maîtres d'Université, surtout celle de Paris. Finalement, l'Ordre acquiert également le privilège de l'exemption pontificale (bulle de Nicolas IV en 1288, qui s'applique aussi aux dominicains).
Conventuels et Spirituels. Les Spirituels sont ceux qui veulent rester fidèles à l'enseignement de saint François ; la plupart d'entre eux professent les thèses de Joachim de Flore. Ce joachimisme franciscain est exposé par le mineur Gérard de Borgo San Dommino dans son Introduction à l'Évangile éternel. L'ouvrage est condamné en 1255 et deux ans plus tard, le Saint-Siège oblige à démissionner le Ministre Général Jean de Parme, acquis à ces théories.
Le Languedoc et l'Italie centrale sont les deux grands foyers du spiritualisme. «Doctrinaire» dans le Midi de la France avec Pierre-Jean Olieu (1250-1298), il est plus mystique dans la Marche d'Ancône où Ange de Clareno et Pierre de Macerata se séparent de l'Ordre avec l'autorisation de Célestin V (1294) et prennent le nom de Pauvres ermites. Boniface VIII annule cette permission pontificale et la lutte s'engage entre le Saint-Siège et les Spirituels. Clément V y met provisoirement fin en provoquant un long débat entre les deux partis devant la Commission dite de Malaucène, mais finalement maintient le statu quo, tout en veillant à sauvegarder la liberté des Spirituels. Le concile de Vienne choisit une politique de juste milieu : les formules les plus hardies des livres d'Olieu sont censurées, mais les formes les plus graves du relâchement des Conventuels sont également proscrites.
Jean XXII prend au contraire des mesures très sévères contre ceux-ci dès son avènement en 1316, et dès 1317 ils sont poursuivis par l'Inquisition. Bernard Gui se montre particulièrement actif dans cette répression. C'est à cette occasion que Bernard Delicieux soulève la population contre les inquisiteurs.
En 1323, Jean XIII déclare hérétique la thèse selon laquelle le Christ a pratiqué la pauvreté absolue, car même s'il avait vécu pauvrement, il avait néanmoins exercé le droit de propriété (bulle Cum inter nonnullos). Il fait ainsi l'unité de l'Ordre dans la révolte et l'alliance avec le grand ennemi du pape, Louis IV de Bavière. Mais après la mort de Jean XXII, chacun est las de la lutte. Le Saint-Siège cesse de nier la pauvreté du Christ et les Mineurs se soumettent à son autorité. Seuls quelques groupes de Spirituels dits Fraticelles continuent la résistance, pourchassée par l'Inquisition.
La crise du XIVe siècle (Grand Schisme) se répercute sur les ordres religieux, y compris celui des clarisses. C'est sainte Colette de Corbie (1381-1447) qui le restaure. Soutenue par le pape illégitime d'Avignon et par le prédicateur franciscain Jean de Capistran, elle fonde, après plusieurs échecs, le monastère de Besançon où la règle de sainte Claire est strictement observée. Sa réforme est ensuite adoptée par de nombreux couvents. Elle fonde et dirige ensuite d'autres couvents.
Les grands noms Franciscains
*François d'Assise (1180-1226)
François d'Assise est un jeune homme issu d'une riche famille marchande, — son père vend des tapis jusqu'en France, d'où le prénom de Francesco — qui mène une jeunesse dissipée. Il veut devenir chevalier et se fait emprisonner un an, à la suite d'une guerre entre sa ville, Assise et la ville voisine de Pérouse. Suite à sa détention, il tombe gravement malade. Quand il guérit, tout a changé. Il a alors une sorte de vision, se convertit et souhaite partir en croisade, mais, encore faible, il doit renoncer. Sur le retour il donne ses riches vêtements et son cheval, et continue à pied. Plus tard il vole des tapis à son père pour pouvoir restaurer une vieille chapelle délabrée. Ce dernier fait appel à l'évêque. Sur la place d'Assise, François rend alors l'argent qui lui reste ainsi que ses vêtements et, nu, il dit à son père : « Jusqu'ici, je t'ai appelé père sur la terre ; désormais je peux dire : “ Notre père qui est aux cieux ”, puisque c'est à lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi ». Il part priant et louant Dieu reconstruire son église. Puis, pour la première, fois l'Évangile lui parle directement « Dans votre ceinture, ne glissez ni pièces d'or ou d'argent, ni piécette de cuivre. En chemin, n'emportez ni besace, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. » (Matthieu 10,9).
Il crée en 1209 une confrérie primitive, fondée sur la pauvreté totale et la prédication. François envoie ses confrères deux par deux dans toutes les régions autour d'Assise. Les frères vivent du travail de leurs mains et de l'aumône.
Très vite, la communauté rencontre un très grand succès.
*Roger Bacon (1214 - 1294)
Surnommé le doctor mirabilis, philosophe et alchimiste anglais, considéré comme le père de la méthode scientifique.
Roger Bacon est né à Ilcester, en Angleterre, en 1214. Franciscain ayant étudié et enseigné à Oxford, en particulier Aristote. Dans ses œuvres, Opus Majus, Opus Minus et Opus Tertium, il se dégage de l'autorité en matière de théologie ainsi que de sciences.
Les œuvres de Bacon ont pour but l'intuition de la vérité, la certitude, et cette vérité à atteindre est pour lui le salut. La science procédant de l'âme est donc indispensable. Le moyen de cette recherche est l'expérience, car en éprouvant la vérité, elle la révèle. Ainsi, seule l'expérience est-elle source de certitudes. Cette expérience se fait par l'autorité des savants et le raisonnement spontané qui se tient au contact des choses. Bacon rejette ainsi les raisonnements purement abstraits qui sont stériles. Cette expérience, qui unit ce qui est pensé et ce qui est senti, constitue la certitude scientifique. Mais cette certitude n'aurait encore aucune assurance, aucune immuabilité, si elle n'était aidée d'une illumination divine et intérieure
*Guillaume d'Ockham (vers 1285-1349)
Dit le « docteur invincible » et le « vénérable initiateur », était un philosophe logicien et théologien scolastique anglais, considéré comme le plus éminent représentant de l'école nominaliste, principale concurrente des écoles thomiste et scotiste.
Né dans le comté de Surrey entre 1285 et 1290, il entre très jeune chez les franciscains. Il fait ses études à Oxford, où il devient bachelier sententiaire en 1318-1319. Il n'enseigne pas immédiatement comme maître, et rédige son commentaire des Sentences de Pierre Lombard. Son texte est jugé dangereux, et il est convoqué en 1324 en Avignon, devant le Pape Jean XXII. Il se trouve alors lié à deux crises : l'empereur excommunié Louis de Bavière proclame la primauté du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel, et la querelle sur la pauvreté du Christ, qui opposait les franciscains et le Pape, s'aggrave. En 1327, Michel de Cesena, général des franciscains, se rend en Avignon, et charge Ockham d'examiner les thèses pontificales. Les deux hommes, menacés, se réfugient en 1328 chez Louis de Bavière. Excommunié et exilé, Ockham se consacre à la philosophie politique jusqu'en 1347, date de la mort de l'empereur. Il meurt en 1349, lors de l'épidémie de peste noire à Munich.
Il est connu pour avoir popularisé le principe d'économie en logique, le fameux Rasoir d'Ockham, qu'il énonça en latin sous les deux formes suivantes :
« Pluralitas non est ponenda sine neccesitate »
« Frustra fit per plura quod potest fieri per pauciora »
dont le sens est : « les entités ne devraient pas être multipliées sans nécessité ». En d'autres termes, lorsqu'une explication simple suffit à expliquer une situation donnée, il est inutile de chercher une explication compliquée. C'est l'un des fondements de la logique contemporaine.
L'un des personnages du roman et du film Le nom de la rose d'Umberto Eco, le moine franciscain Guillaume de Baskerville est, de l'aveu même d'Eco, un clin d'œil à Guillaume d'Ockham (Premier jour, Vêpres : « il ne faut pas multiplier les explications et les causes sans qu'on en ait une stricte nécessité »).
Œuvres :
Commentaire des sentences (1317-1319)
Petite somme de philosophie naturelle (1319-1321)
Exposition sur les livres de l'art logique (1321-1323)
Traité sur la prédestination et la prescience divine concernant les futurs contingents (1321-1323)
Exposition sur les réfutations sophistiques (1321-1323)
Courte somme des livres de physique (1322-1323)
Somme de logique (1323)
Exposition sur la physique d'Aristote (1322-1324)
Questions sur la physique (1323-1324)
Quodlibets (1324-1325)
Brévilogue sur la puissance du pape (1334-1343)
Document de l'Université.
Auteurs : Jarkov, FrèreNico
Professeurs : FrèreNico
Source :
http://www.eleves.ens.fr/home/robin/histoire/medievale/eglise/monastique3.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil
Infléchissements et organisation
L'ordre des Frères mineurs (Ordo fratrum minorum), approuvé officiellement par Honorius III en 1223, est voué à la pauvreté mendiante et à la prédication itinérante. La prédication n'est cependant qu'une activité parmi les autres, travail manuel, service des malades, mendicité. Saint-François admet que chacun continue à exercer sa profession après son admission dans l'ordre. L'afflux des «universitaires» cependant rendre inévitable l'évolution redoutée par saint François.
La règle de 1223 insiste moins sur le travail manuel, défend de quitter l'Ordre et renforce le devoir d'obéissance afin d'éviter certains abus, particulièrement le vagabondage des frères; déjà, en 1220, Honorius III crée un noviciat d'un an et oblige tout Mineur désireux de sortir d'un couvent à se munir d'une lettre d'obédience. Par contre, saint François refuse toujours de réserver aux clercs les fonctions de Supérieurs dans l'Ordre et interdit de demander des privilèges pontificaux et notamment l'exemption pontificale.
Lorsque François d'Assise meurt, l'ordre compte déjà près de 3000 membres et son succès ne fait que s'amplifier. En 1316, il compte 1400 maisons et 30 000 religieux. La papauté l'appuie de tous ses efforts, sûre de pouvoir compter sur cette «milice» toute dévouée pour lutter contre l'hérésie, comme l'illustrent saints Antoine de Padoue et Raymond Lulli.
L'ordre est divisé en provinces, elles-même divisées en custodies, puis vient l'échelon des prieurés. Le Ministre Général élu à vie par le Chapitre nomme les Gardiens des couvents, les Custodes, les Ministres provinciaux, les déplace et les révoque à volonté, désigne seul les prédicateurs. La périodicité du Chapitre est fixée en principe à trois ans, selon les prescriptions du IVe concile de Latran, mais il est trop nombreux pour pouvoir travailler efficacement, car tous les Ministres provinciaux et tous les Custodes y participent.
Les femmes : clarisses et béguines
Un ordre féminin, les clarisses, est fondé par sainte Claire en 1212. Les clarisses comptent plus de 300 maisons en 1316. Les questions du rattachement aux franciscains et de la pauvreté sont épineuses. En 1263, Urbain IV cherche à les unifier, après cinq règles successives, sous le nom d'ordres de sainte Claire : sa Règle autorise la propriété et comporte un quatrième voeu de clôture perpétuelle qui se répand dans les couvents de clarisses au XIVe siècle.
Cependant, l'attrait de cet ordre n'est pas plus grand que celui qu'exerce sur beaucoup de femmes, à la ville, un nouveau genre de vie à mi-chemin entre la vie laïque et la vie religieuse, celui des béguines. Il est vrai que ce sont les ordres mendiants qui prennent en charge l'encadrement spirituel des béguines (augustins aux Pays-Bas, dominicains en France). Ce mode de vie prend de l'importance au XIIIe siècle surtout aux Pays-Bas, mais ils se répandent aussi dans le nord de la France.
Mais bientôt l'influence qu'exercent sur elles les Mendiants et surtout les franciscains Spirituels les font accuser d'hérésie ; les frères et soeurs du Libre Esprit faisaient en effet des émules dans leurs rangs, en particulier en Allemagne où, plus nombreuses, elles étaient moins bien encadrées. En 1311, le concile de Vienne en dissout les groupes les plus suspects de béguines et de beggards, surtout en Allemagne. Elles se rattachent alors de plus en plus à un Tiers Ordre pour se mettre à l'abri. La chasse aux disciples du Libre Esprit continue cependant en Bohême, Allemagne et Autriche, dans la seconde moitié du XIVe siècle.
Les crises franciscaines
Les nécessités de l'apostolat et les difficultés de la règle font adopter la vie conventuelle et les études. Cette évolution, qui commence dès avant la mort de saint François, est dûe aux ministres franciscains et à la papauté, qui sont surtout sensibles aux besoins immédiats de l'Église (montée des hérésies, insuffisance du clergé, ignorance religieuse des laïcs) et qui cherchaient à y faire face.
Des crises souvent violentes accompagnent cette évolution, ce qui n'empêche pas la croissance de l'Ordre, mais à la longue l'affaiblit, le déconsidère, et fait rejaillir ce discrédit sur l'Église elle-même.
Les questions constitutionnelles. En 1239, les adversaires d'un Ministre Général despotique, Élie de Cortone, le déposent et adoptent des Constitutions d'inspirations dominicaines qui réduit le nombre de participants au Chapitre général fait élire désormais les Provinciaux par les Chapitres provinciaux. Les Gardiens et les Custodes sont désignés par les Provinciaux. Tous les successeurs d'Élie au poste de Ministre Général seront des maîtres d'Université, surtout celle de Paris. Finalement, l'Ordre acquiert également le privilège de l'exemption pontificale (bulle de Nicolas IV en 1288, qui s'applique aussi aux dominicains).
Conventuels et Spirituels. Les Spirituels sont ceux qui veulent rester fidèles à l'enseignement de saint François ; la plupart d'entre eux professent les thèses de Joachim de Flore. Ce joachimisme franciscain est exposé par le mineur Gérard de Borgo San Dommino dans son Introduction à l'Évangile éternel. L'ouvrage est condamné en 1255 et deux ans plus tard, le Saint-Siège oblige à démissionner le Ministre Général Jean de Parme, acquis à ces théories.
Le Languedoc et l'Italie centrale sont les deux grands foyers du spiritualisme. «Doctrinaire» dans le Midi de la France avec Pierre-Jean Olieu (1250-1298), il est plus mystique dans la Marche d'Ancône où Ange de Clareno et Pierre de Macerata se séparent de l'Ordre avec l'autorisation de Célestin V (1294) et prennent le nom de Pauvres ermites. Boniface VIII annule cette permission pontificale et la lutte s'engage entre le Saint-Siège et les Spirituels. Clément V y met provisoirement fin en provoquant un long débat entre les deux partis devant la Commission dite de Malaucène, mais finalement maintient le statu quo, tout en veillant à sauvegarder la liberté des Spirituels. Le concile de Vienne choisit une politique de juste milieu : les formules les plus hardies des livres d'Olieu sont censurées, mais les formes les plus graves du relâchement des Conventuels sont également proscrites.
Jean XXII prend au contraire des mesures très sévères contre ceux-ci dès son avènement en 1316, et dès 1317 ils sont poursuivis par l'Inquisition. Bernard Gui se montre particulièrement actif dans cette répression. C'est à cette occasion que Bernard Delicieux soulève la population contre les inquisiteurs.
En 1323, Jean XIII déclare hérétique la thèse selon laquelle le Christ a pratiqué la pauvreté absolue, car même s'il avait vécu pauvrement, il avait néanmoins exercé le droit de propriété (bulle Cum inter nonnullos). Il fait ainsi l'unité de l'Ordre dans la révolte et l'alliance avec le grand ennemi du pape, Louis IV de Bavière. Mais après la mort de Jean XXII, chacun est las de la lutte. Le Saint-Siège cesse de nier la pauvreté du Christ et les Mineurs se soumettent à son autorité. Seuls quelques groupes de Spirituels dits Fraticelles continuent la résistance, pourchassée par l'Inquisition.
La crise du XIVe siècle (Grand Schisme) se répercute sur les ordres religieux, y compris celui des clarisses. C'est sainte Colette de Corbie (1381-1447) qui le restaure. Soutenue par le pape illégitime d'Avignon et par le prédicateur franciscain Jean de Capistran, elle fonde, après plusieurs échecs, le monastère de Besançon où la règle de sainte Claire est strictement observée. Sa réforme est ensuite adoptée par de nombreux couvents. Elle fonde et dirige ensuite d'autres couvents.
Les grands noms Franciscains
*François d'Assise (1180-1226)
François d'Assise est un jeune homme issu d'une riche famille marchande, — son père vend des tapis jusqu'en France, d'où le prénom de Francesco — qui mène une jeunesse dissipée. Il veut devenir chevalier et se fait emprisonner un an, à la suite d'une guerre entre sa ville, Assise et la ville voisine de Pérouse. Suite à sa détention, il tombe gravement malade. Quand il guérit, tout a changé. Il a alors une sorte de vision, se convertit et souhaite partir en croisade, mais, encore faible, il doit renoncer. Sur le retour il donne ses riches vêtements et son cheval, et continue à pied. Plus tard il vole des tapis à son père pour pouvoir restaurer une vieille chapelle délabrée. Ce dernier fait appel à l'évêque. Sur la place d'Assise, François rend alors l'argent qui lui reste ainsi que ses vêtements et, nu, il dit à son père : « Jusqu'ici, je t'ai appelé père sur la terre ; désormais je peux dire : “ Notre père qui est aux cieux ”, puisque c'est à lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi ». Il part priant et louant Dieu reconstruire son église. Puis, pour la première, fois l'Évangile lui parle directement « Dans votre ceinture, ne glissez ni pièces d'or ou d'argent, ni piécette de cuivre. En chemin, n'emportez ni besace, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. » (Matthieu 10,9).
Il crée en 1209 une confrérie primitive, fondée sur la pauvreté totale et la prédication. François envoie ses confrères deux par deux dans toutes les régions autour d'Assise. Les frères vivent du travail de leurs mains et de l'aumône.
Très vite, la communauté rencontre un très grand succès.
*Roger Bacon (1214 - 1294)
Surnommé le doctor mirabilis, philosophe et alchimiste anglais, considéré comme le père de la méthode scientifique.
Roger Bacon est né à Ilcester, en Angleterre, en 1214. Franciscain ayant étudié et enseigné à Oxford, en particulier Aristote. Dans ses œuvres, Opus Majus, Opus Minus et Opus Tertium, il se dégage de l'autorité en matière de théologie ainsi que de sciences.
Les œuvres de Bacon ont pour but l'intuition de la vérité, la certitude, et cette vérité à atteindre est pour lui le salut. La science procédant de l'âme est donc indispensable. Le moyen de cette recherche est l'expérience, car en éprouvant la vérité, elle la révèle. Ainsi, seule l'expérience est-elle source de certitudes. Cette expérience se fait par l'autorité des savants et le raisonnement spontané qui se tient au contact des choses. Bacon rejette ainsi les raisonnements purement abstraits qui sont stériles. Cette expérience, qui unit ce qui est pensé et ce qui est senti, constitue la certitude scientifique. Mais cette certitude n'aurait encore aucune assurance, aucune immuabilité, si elle n'était aidée d'une illumination divine et intérieure
*Guillaume d'Ockham (vers 1285-1349)
Dit le « docteur invincible » et le « vénérable initiateur », était un philosophe logicien et théologien scolastique anglais, considéré comme le plus éminent représentant de l'école nominaliste, principale concurrente des écoles thomiste et scotiste.
Né dans le comté de Surrey entre 1285 et 1290, il entre très jeune chez les franciscains. Il fait ses études à Oxford, où il devient bachelier sententiaire en 1318-1319. Il n'enseigne pas immédiatement comme maître, et rédige son commentaire des Sentences de Pierre Lombard. Son texte est jugé dangereux, et il est convoqué en 1324 en Avignon, devant le Pape Jean XXII. Il se trouve alors lié à deux crises : l'empereur excommunié Louis de Bavière proclame la primauté du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel, et la querelle sur la pauvreté du Christ, qui opposait les franciscains et le Pape, s'aggrave. En 1327, Michel de Cesena, général des franciscains, se rend en Avignon, et charge Ockham d'examiner les thèses pontificales. Les deux hommes, menacés, se réfugient en 1328 chez Louis de Bavière. Excommunié et exilé, Ockham se consacre à la philosophie politique jusqu'en 1347, date de la mort de l'empereur. Il meurt en 1349, lors de l'épidémie de peste noire à Munich.
Il est connu pour avoir popularisé le principe d'économie en logique, le fameux Rasoir d'Ockham, qu'il énonça en latin sous les deux formes suivantes :
« Pluralitas non est ponenda sine neccesitate »
« Frustra fit per plura quod potest fieri per pauciora »
dont le sens est : « les entités ne devraient pas être multipliées sans nécessité ». En d'autres termes, lorsqu'une explication simple suffit à expliquer une situation donnée, il est inutile de chercher une explication compliquée. C'est l'un des fondements de la logique contemporaine.
L'un des personnages du roman et du film Le nom de la rose d'Umberto Eco, le moine franciscain Guillaume de Baskerville est, de l'aveu même d'Eco, un clin d'œil à Guillaume d'Ockham (Premier jour, Vêpres : « il ne faut pas multiplier les explications et les causes sans qu'on en ait une stricte nécessité »).
Œuvres :
Commentaire des sentences (1317-1319)
Petite somme de philosophie naturelle (1319-1321)
Exposition sur les livres de l'art logique (1321-1323)
Traité sur la prédestination et la prescience divine concernant les futurs contingents (1321-1323)
Exposition sur les réfutations sophistiques (1321-1323)
Courte somme des livres de physique (1322-1323)
Somme de logique (1323)
Exposition sur la physique d'Aristote (1322-1324)
Questions sur la physique (1323-1324)
Quodlibets (1324-1325)
Brévilogue sur la puissance du pape (1334-1343)
Document de l'Université.
Auteurs : Jarkov, FrèreNico
Professeurs : FrèreNico
Source :
http://www.eleves.ens.fr/home/robin/histoire/medievale/eglise/monastique3.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil
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