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La croix de Lorraine

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Message par Drizzten Dim 19 Avr 2009, 21:18

HISTOIRE DE LA CROIX DE LORRAINE




La croix de Lorraine 180px-10


La croix de Lorraine (appelée auparavant croix d'Anjou) est une croix à double traverse. En héraldique, on l'appelle croix archiépiscopale ou croix patriarcale, elle figure dans les blasons des archevêques, et dans l'iconographie ancienne, pour signaler cette fonction.

Cette croix figurait dans la symbolique des ducs d'Anjou devenus ducs de Lorraine à partir de 1431.



Les d'Alluye furent les premiers seigneurs de Chasteaux, en Anjou (Château-la-Vallière) et de Saint-Christophe, en Touraine (Saint-Christophe-sur-le-Nais).
Leur présence dans la région est attestée de 978 à environ 1250, mais leur histoire est mal connue, sauf celle de Jean II d'Alluye qui nous a laissé de nombreuses chartes.
Jean II dut régner de 1200 à 1248. Fait chevalier banneret par Philippe Auguste, il participa à ses côtés à la bataille de Bouvines en 1214.

Comme ses aïeux du XIème siècle, il s'en alla guerroyer en Terre sainte. Il semblerait qu'il s'y trouvait vers 1240. Or, la sixième croisade s'était terminée en 1229 et la septième, conduite par Saint Louis, ne partit qu'en 1248. On suppose donc que Jean II accompagne en 1239 Thibault IV de Champagne, dit le Chansonnier dans la triste équipée de la croisade dite des Poètes. Ce qui est sûr c'est qu'il reparaît en Crète en août 1241 pour recevoir d'un évêque nommé Thomas un cadeau inestimable : un morceau de la Vraie Croix en forme de croix à double traverse.
Cette apparition en Crète n'a rien de surprenant.
La croisade des Poètes terminée, les Français rembarquèrent à Saint-Jean-d'Acre le 24 septembre 1240 sur des navires de Vénitiens, transporteurs habituels des croisés, qui firent escale en Crète située dans leur zone d'influence.

L'origine de la Croix est établie comme suit. Vers 327 ou 328, des fouilles au Golgotha amenèrent la découverte de trois croix. Celle de Jésus, se distinguant des deux autres par l'inscription de Pilate, fut divisée en deux parties. L'une de ces parties resta à Jérusalem, l'autre revint à l'empereur Constantin 1er à Constantinople. Toutes deux furent fragmentées. Les morceaux refluèrent vers l'Europe au fur et à mesure des poussées musulmanes et furent vendus, donnés ou volés. La croix à double traverse de Jean d'Alluye aurait appartenu à l'empereur Manuel Comnème, puis au patriarche Gervais qui l'aurait confiée à l'évêque Thomas.
Et Thomas touché « par la douceur et la piété manifeste » de Jean II lui aurait fait don de son précieux trésor. A notre avis, il dut y avoir d'autres raisons, que nous ne connaissons pas, pour justifier ce cadeau royal.
Revenu en Anjou que va faire Alluye de sa précieuse croix ? La confier au prieuré de Chasteaux ? Où à celui de Saint-Christophe ? Où à l'abbaye de la Clarté-Dieu installée sur ses terres en 1239 ? Non. Jean II va vendre sa relique aux cisterciens de l'abbaye de la Boissière (commune de Dénézé-sous-le-Lude) pour 550 livres tournois.

Le lecteur déjà étonné par cette vente sera abasourdi quand il en connaîtra la valeur réelle. En 1266, la livre tournois était représentée par 20 gros de 4,20 g d'argent pur. Robert, l'abbé de la Boissière, remit donc à l'ancien croisé l'équivalent de (4,20 x 20 x 550) 46,200 kg d'argent pur ! Mais l'abbaye fondée en 1131 était prospère et pouvait se permettre cette folie. Et par la suite, les aumônes des fidèles venant adorer la croix assurèrent aux moines de gros revenus.

 Les historiens ont stigmatisé la conduite de Jean II : « Le seigneur d'Alluye se fut grandi à nos yeux s'il n'eut pas monnayé ainsi son trésor ». Je ne suis pas de leur avis. Les expéditions en Terre sainte avec une nombreuse escorte ruinaient les seigneurs. Pour partir, Jean II avait emprunté 150 livres tournois remboursables dans les 10 ans. A son retour, il vendit plusieurs droits pour renflouer sa trésorerie. C'est donc par nécessité qu'il vendit la croix. Avec une compensation : la proximité de la Boissière où il pouvait se rendre facilement pour aller prier. D'ailleurs, aux moines, il octroya une rente pour l'entretien d'un luminaire devant la relique et, plus tard, un legs de 300 livres qui leur fut payé par ses héritiers, longtemps après sa mort en 1267.
Drizzten
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