La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
Citadelle du Rey: Ordre Équestre et Royal du Saint Sépulcre :: Les alentours de la Citadelle :: Lycée de l'Ordre :: La Bibliothèque "Cicéron" :: Ouvrages de littérature, philosophie et œuvres artistiques
Page 1 sur 1
La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
La chantefable Aucassin et Nicolette
Aucassin et Nicolette est une œuvre littéraire de la fin du XIIe siècle ou de la première moitié du XIIIe siècle, composée en picard alternativement en prose et en vers, dont l'auteur est inconnu.
Dernière édition par Kerraaoc le Lun 15 Fév 2016, 12:18, édité 2 fois
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Re: La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
SCENE 1. Vielantif le jongleur
Qui veut entendre de bons vers composés par Vielantif le jongleur sur deux beaux jeunes gens, Nicolette et Aucassin ? L'histoire est si merveilleuse qu'elle vous guérira de tout mal.
SCENE 2. La guerre des comtes de Beaucaire et de Valence
Le comte Bougard de Valence livrait au comte Garin de Beaucaire une guerre si violente, si effroyable et si mortelle qu'il ne se levait aucun jour sans qu'il se présentât aux portes, aux murs, aux barrières de la ville avec cent chevaliers et dix mille sergents à pied et à cheval : il lui brûlait sa terre, dévastait son pays, tuait ses gens.
SCENE 3. Le comte Garin de Beaucaire
Le comte Garin de Beaucaire était un vieillard fatigué qui avait fait son temps. Il n'avait qu'un héritier, un garçon, dont voici le portrait :
SCENE 4. Portrait d'Aucassin
Ce jeune seigneur s'appelait Aucassin. Beau, élégant, grand, il avait les jambes, les pieds, le corps et les bras bien faits. ses cheveux étaient blonds et très bouclés, ses yeux vifs et rieurs, son visage lumineux et allongé, son nez haut et bien planté.
Mais l'Amour, en souverain maître, s'était emparé de lui à un point tel qu'il ne voulait pas être fait chevalier, ni prendre les armes, ni accomplir aucun de ses devoirs si on ne lui accordait point d'épouser Nicolette, la douce amie qu'il aimait tant.
SCENE 5. Le roi se rend chez le vicomte
Quand le comte Garin de Beaucaire eut compris qu'il ne pourrait arracher son fils Aucassin à l'amour de Nicolette, il se rendit chez le vicomte de la ville qui était son vassal et qui avait adopté Nicolette. Il l'interpella :
SCENE 6. Nicolette enfermée dans une tour
Le vicomte possédait un somptueux palais qui donnait sur un jardin. Il ordonna d'installer Nicolette dans une chambre, à un étage élevé, en compagnie d'une vieille femme, puis il fit sceller la porte. Seule, une petite fenêtre, ouverte sur le jardin, leur procurait un peu d'air.
SCENE 7. Rumeurs
Par toute la contrée et par tout le comté se répandit le bruit que Nicolette était perdue; certains disaient qu'elle s'était enfuie de la contrée, d'autres que le comte de Beaucaire l'avait fait mettre à mort.
SCENE 8. Aucassin rend visite au vicomte
Aucassin se rendit chez le vicomte et l'interpella :
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Re: La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
SCENE 9. La guerre contre un baiser
Pendant qu'Aucassin, enfermé dans sa chambre, regrettait Nicolette son amie, le comte Bougard de Valence, qui devait mener sa guerre, ne la négligeait pas. Après avoir convoqué ses fantassins et ses cavaliers, il se dirigeait vers le château de Beaucaire pour l'attaquer.
Alors que l'assaut battait son plein, le comte Garin de Beaucaire vint dans la chambre où Aucassin s'abandonnait à la douleur.
Aucassin en est rempli de joie.
SCENE 10. Combat d'Aucassin
Aucassin était en armes sur son cheval. Mon Dieu, comme lui allaient bien le bouclier qui pendait à son cou et sur sa tête le heaume, et sur sa hanche gauche, le baudrier de son épée. Il se dirigea droit vers la bataille.
N'allez pas vous imaginer qu'il pensait échanger des coups avec les chevaliers de l'autre camp; l'idée ne lui en vint même pas, tant il pensait à Nicolette, sa douce amie.
Son cheval l'emporta au coeur de la mêlée et s'élança au milieu des ennemis. Ceux-ci mirent aussitôt la main sur Aucassin, l'emmenèrent, discutant déjà de la manière dont ils allaient le faire mourir.
Le jeune homme était grand et fort, son cheval impétueux. Il prit son épée et commença à frapper à droite et à gauche, semant la mort autour de lui comme le sanglier quand les chiens l'assaillent dans la forêt, tant et si bien qu'il abattit dix chevaliers, en blessa sept et s'esquiva hors de la mêlée au grand galop, l'épée à la main.
Le comte Bougard de Valence avait entendu dire qu'on allait prendre Aucassin et venait voir ce qui se passait.
Aucassin ne manqua pas de l'apercevoir et, de l'épée qu'il tenait à la main, il le frappa sur son heaume si fort qu'il le lui enfonça sur la tête.
SCENE 11. Le comte de Valence prisonnier
Le comte en fut si étourdi qu'il tomba de son cheval. Aucassin le fit prisonnier, l'emmena en le tenant par le nasal de son heaume et le remit à son père.
Pendant qu'Aucassin, enfermé dans sa chambre, regrettait Nicolette son amie, le comte Bougard de Valence, qui devait mener sa guerre, ne la négligeait pas. Après avoir convoqué ses fantassins et ses cavaliers, il se dirigeait vers le château de Beaucaire pour l'attaquer.
Alors que l'assaut battait son plein, le comte Garin de Beaucaire vint dans la chambre où Aucassin s'abandonnait à la douleur.
Aucassin en est rempli de joie.
SCENE 10. Combat d'Aucassin
Aucassin était en armes sur son cheval. Mon Dieu, comme lui allaient bien le bouclier qui pendait à son cou et sur sa tête le heaume, et sur sa hanche gauche, le baudrier de son épée. Il se dirigea droit vers la bataille.
N'allez pas vous imaginer qu'il pensait échanger des coups avec les chevaliers de l'autre camp; l'idée ne lui en vint même pas, tant il pensait à Nicolette, sa douce amie.
Son cheval l'emporta au coeur de la mêlée et s'élança au milieu des ennemis. Ceux-ci mirent aussitôt la main sur Aucassin, l'emmenèrent, discutant déjà de la manière dont ils allaient le faire mourir.
Le jeune homme était grand et fort, son cheval impétueux. Il prit son épée et commença à frapper à droite et à gauche, semant la mort autour de lui comme le sanglier quand les chiens l'assaillent dans la forêt, tant et si bien qu'il abattit dix chevaliers, en blessa sept et s'esquiva hors de la mêlée au grand galop, l'épée à la main.
Le comte Bougard de Valence avait entendu dire qu'on allait prendre Aucassin et venait voir ce qui se passait.
Aucassin ne manqua pas de l'apercevoir et, de l'épée qu'il tenait à la main, il le frappa sur son heaume si fort qu'il le lui enfonça sur la tête.
SCENE 11. Le comte de Valence prisonnier
Le comte en fut si étourdi qu'il tomba de son cheval. Aucassin le fit prisonnier, l'emmena en le tenant par le nasal de son heaume et le remit à son père.
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Re: La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
SCENE 12. Une promesse non tenue
Aucassin le fit alors monter sur un cheval, sauta lui-même sur un autre et l'escorta jusqu'à ce qu'il fût en sûreté.
SCENE 13. Aucassin et Nicolette en prison
Comme le comte Garin vit qu'il ne pourrait séparer son jeune fils de Nicolette au clair visage, il l'emprisonna dans un cachot souterrain fait de marbre gris. Dès qu'Aucassin y fut, il se lamenta :
Aucassin était donc en prison et Nicolette également, de son côté. C'était au printemps, au mois de mai, quand les jours sont chauds, longs et lumineux, les nuits calmes et sereines. Une nuit, Nicolette aperçut par la fenêtre la vive clarté de la lune et entendit le rossignol chanter.
Elle se souvint d'Aucassin, son ami qu'elle aimait tant. Puis elle se mit à songer au comte Garin de Beaucaire qui lui vouait une haine mortelle. Aussi décida-t-elle de ne pas rester plus longtemps en ce lieu, car si on la dénonçait et que le comte le sût, il lui infligerait une mort épouvantable.
SCENE 14. La fuite de Nicolette
Se rendant compte que sa vieille compagne dormait, elle se leva et se vêtit d'une tunique de soie de très bonne qualité; puis elle prit des draps et des serviettes, les noua ensemble, en fit une corde aussi longue que possible qu'elle attacha au pilier de la fenêtre.
Elle descendit dans le jardin où, relevant sa jupe par devant et par derrière, elle la retroussa à cause de la rosée très forte qu'elle voyait sur l'herbe. Elle se dirigea vers le bas du jardin.
Elle atteignit la poterne du jardin, l'ouvrit et sortit dans les rues de Beaucaire, en recherchant l'ombre, car la lune brillait très claire.
SCENE 15. Rencontre des amoureux
A force de marcher, elle parvint à la tour où était emprisonné son ami. Nicolette se blottit contre un pilier. Elle entendit Aucassin qui, à l'intérieur, pleurait et s'abandonnait au désespoir. Elle commença à lui parler :
Aucassin le fit alors monter sur un cheval, sauta lui-même sur un autre et l'escorta jusqu'à ce qu'il fût en sûreté.
SCENE 13. Aucassin et Nicolette en prison
Comme le comte Garin vit qu'il ne pourrait séparer son jeune fils de Nicolette au clair visage, il l'emprisonna dans un cachot souterrain fait de marbre gris. Dès qu'Aucassin y fut, il se lamenta :
Aucassin était donc en prison et Nicolette également, de son côté. C'était au printemps, au mois de mai, quand les jours sont chauds, longs et lumineux, les nuits calmes et sereines. Une nuit, Nicolette aperçut par la fenêtre la vive clarté de la lune et entendit le rossignol chanter.
Elle se souvint d'Aucassin, son ami qu'elle aimait tant. Puis elle se mit à songer au comte Garin de Beaucaire qui lui vouait une haine mortelle. Aussi décida-t-elle de ne pas rester plus longtemps en ce lieu, car si on la dénonçait et que le comte le sût, il lui infligerait une mort épouvantable.
SCENE 14. La fuite de Nicolette
Se rendant compte que sa vieille compagne dormait, elle se leva et se vêtit d'une tunique de soie de très bonne qualité; puis elle prit des draps et des serviettes, les noua ensemble, en fit une corde aussi longue que possible qu'elle attacha au pilier de la fenêtre.
Elle descendit dans le jardin où, relevant sa jupe par devant et par derrière, elle la retroussa à cause de la rosée très forte qu'elle voyait sur l'herbe. Elle se dirigea vers le bas du jardin.
Elle atteignit la poterne du jardin, l'ouvrit et sortit dans les rues de Beaucaire, en recherchant l'ombre, car la lune brillait très claire.
SCENE 15. Rencontre des amoureux
A force de marcher, elle parvint à la tour où était emprisonné son ami. Nicolette se blottit contre un pilier. Elle entendit Aucassin qui, à l'intérieur, pleurait et s'abandonnait au désespoir. Elle commença à lui parler :
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Re: La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
SCENE 16. Un veilleur courtois
Pendant qu'Aucassin et Nicolette échangeaient ces discours, les archers du guet s'avançaient tout au long de la rue, l'épée degainée sous la pèlerine, car le comte Garin leur avait donné l'ordre de tuer Nicolette s'ils pouvaient la prendre. Le veilleur, au sommet de sa tour les vit venir; il les entendit parler entre eux de Nicolette et menacer de la tuer.
Le veilleur était vaillant, brave et courtois; il commença une chanson :
Elle se blottit à l'ombre d'un pilier jusqu'à ce que les archers l'aient dépassée, puis elle prit congé d'Aucassin.
SCENE 17. Nicolette s'enfuit dans la forêt
Elle atteignit le fossé et se laissa glisser en bas. Ses jolis pieds et ses belles mains, qui n'avaient pas coutume qu'on les blessât, étaient meurtris et écorchés, sans qu'elle ressentit de douleur, tellement elle était effrayée. S'il lui avait été pénible de descendre, ce fut encore pis pour sortir; elle monta et au prix de grands efforts, elle atteignit le sommet.
Or la forêt était à deux portées d'arbalète. Elle abritait des bêtes sauvages et tout un peuple de serpents. Nicolette avait peur d'être dévorée, mais elle pensa que si on la retrouvait, on la ramènerait en ville pour la brûler.
Nicolette se cacha dans un épais buisson et le sommeil la prit. Elle dormit jusqu'au lendemain.
SCENE 18. Les petits bergers
Vers six heures, les petits bergers sortirent de la ville en poussant leurs bêtes entre le bois et la rivière. S'écartant en direction d'une fort belle source à l'orée de la forêt, ils étendirent un manteau sur lequel ils posèrent leur pain.
Tandis qu'ils mangeaient, Nicolette s'éveilla au cri des oiseaux et des petits bergers; elle se dirigea vers eux :
Pendant qu'Aucassin et Nicolette échangeaient ces discours, les archers du guet s'avançaient tout au long de la rue, l'épée degainée sous la pèlerine, car le comte Garin leur avait donné l'ordre de tuer Nicolette s'ils pouvaient la prendre. Le veilleur, au sommet de sa tour les vit venir; il les entendit parler entre eux de Nicolette et menacer de la tuer.
Le veilleur était vaillant, brave et courtois; il commença une chanson :
Elle se blottit à l'ombre d'un pilier jusqu'à ce que les archers l'aient dépassée, puis elle prit congé d'Aucassin.
SCENE 17. Nicolette s'enfuit dans la forêt
Elle atteignit le fossé et se laissa glisser en bas. Ses jolis pieds et ses belles mains, qui n'avaient pas coutume qu'on les blessât, étaient meurtris et écorchés, sans qu'elle ressentit de douleur, tellement elle était effrayée. S'il lui avait été pénible de descendre, ce fut encore pis pour sortir; elle monta et au prix de grands efforts, elle atteignit le sommet.
Or la forêt était à deux portées d'arbalète. Elle abritait des bêtes sauvages et tout un peuple de serpents. Nicolette avait peur d'être dévorée, mais elle pensa que si on la retrouvait, on la ramènerait en ville pour la brûler.
Nicolette se cacha dans un épais buisson et le sommeil la prit. Elle dormit jusqu'au lendemain.
SCENE 18. Les petits bergers
Vers six heures, les petits bergers sortirent de la ville en poussant leurs bêtes entre le bois et la rivière. S'écartant en direction d'une fort belle source à l'orée de la forêt, ils étendirent un manteau sur lequel ils posèrent leur pain.
Tandis qu'ils mangeaient, Nicolette s'éveilla au cri des oiseaux et des petits bergers; elle se dirigea vers eux :
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Re: La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
SCENE 19. Le carrefour des sept chemins
Nicolette au clair visage se mit en route à travers le bois feuillu. Elle parvint au carrefour des sept chemins. Elle cueillit des fleurs de lis, du feuillage aussi dont elle fit une belle hutte. Elle jura par le Dieu de vérité que si Aucassin venait par là et ne s'y reposait pas un instant par amour pour elle, jamais il ne serait son ami, ni elle son amie.
SCENE 20. Le bruit de la mort de Nicolette se répand
Cependant le bruit se répandait par tout le pays que Nicolette était perdue. Certains disaient qu'elle s'était enfuie, d'autres que le comte Garin l'avait fait tuer. Aucassin en fut bien malheureux.
SCENE 21. Fête au château
Son père ordonna de libérer Aucassin, invita les chevaliers et les demoiselles du pays, organisa une très brillante fête dans l'espoir de consoler son fils. Mais celui-ci demeurait seul et triste, appuyé à une colonne.
Un chevalier s'approcha de lui et lui adressa la parole :
SCENE 22. Aucassin part à la recherche de son amie
Aucassin alla à l'écurie, monta sur son cheval et sortit du château. A force de cheminer, il parvint à la forêt et sa chevauchée le conduisit à la source où, à trois heures juste, il trouva les petits bergers qui avaient étalé une pèlerine sur l'herbe et mangeaient leur pain dans la joie et la gaieté. Ils chantaient une chanson décrivant la rencontre qu'ils avaient faite avec la belle jeune fille au clair visage.
Quand Aucassin entendit les pastoureaux, il vint à eux :
Aucassin va par la forêt, d'un chemin à l'autre. N'allez pas imaginer que les ronces et les épines l'épargnent; elles lui mettent en pièce ses vêtements à un point tel qu'on aurait eu du mal à faire un noeud avec le morceau le moins déchiré et que le sang lui coule des bras, des côtés, sinon en quarante endroits, du moins en trente.
Il chemina tout le jour sans trouver trace de son amie. Aussi, en voyant tomber le jour, commença-t-il à pleurer.
Nicolette au clair visage se mit en route à travers le bois feuillu. Elle parvint au carrefour des sept chemins. Elle cueillit des fleurs de lis, du feuillage aussi dont elle fit une belle hutte. Elle jura par le Dieu de vérité que si Aucassin venait par là et ne s'y reposait pas un instant par amour pour elle, jamais il ne serait son ami, ni elle son amie.
SCENE 20. Le bruit de la mort de Nicolette se répand
Cependant le bruit se répandait par tout le pays que Nicolette était perdue. Certains disaient qu'elle s'était enfuie, d'autres que le comte Garin l'avait fait tuer. Aucassin en fut bien malheureux.
SCENE 21. Fête au château
Son père ordonna de libérer Aucassin, invita les chevaliers et les demoiselles du pays, organisa une très brillante fête dans l'espoir de consoler son fils. Mais celui-ci demeurait seul et triste, appuyé à une colonne.
Un chevalier s'approcha de lui et lui adressa la parole :
SCENE 22. Aucassin part à la recherche de son amie
Aucassin alla à l'écurie, monta sur son cheval et sortit du château. A force de cheminer, il parvint à la forêt et sa chevauchée le conduisit à la source où, à trois heures juste, il trouva les petits bergers qui avaient étalé une pèlerine sur l'herbe et mangeaient leur pain dans la joie et la gaieté. Ils chantaient une chanson décrivant la rencontre qu'ils avaient faite avec la belle jeune fille au clair visage.
Quand Aucassin entendit les pastoureaux, il vint à eux :
Aucassin va par la forêt, d'un chemin à l'autre. N'allez pas imaginer que les ronces et les épines l'épargnent; elles lui mettent en pièce ses vêtements à un point tel qu'on aurait eu du mal à faire un noeud avec le morceau le moins déchiré et que le sang lui coule des bras, des côtés, sinon en quarante endroits, du moins en trente.
Il chemina tout le jour sans trouver trace de son amie. Aussi, en voyant tomber le jour, commença-t-il à pleurer.
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Re: La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
SCENE 23. Le bouvier
Comme il chevauchait le long d'un vieux sentier, il vit devant lui un homme dont voici le portrait : grand, monstrueusement laid et horrible, une hure plus noire que le charbon, d'immenses joues, un gigantesque nez plat, d'énormes et larges narines. Il était appuyé sur une énorme massue et Aucassin prit peur en le voyant.
Quittant le bouvier, Aucassin reprit sa chevauchée.
SCENE 24. Découverte de la hutte de Nicolette
Il parvint au carrefour des sept chemins et vit la hutte que Nicolette avait construite avec des fleurs et des feuillages; elle était d'une beauté incomparable.
En descendant de cheval, il pensait tellement à Nicolette qu'il tomba lourdement sur une pierre et se démit l'épaule. Il se sentit sérieusement blessé, mais réussit à attacher son cheval à une aubépine et à se glisser sur le dos dans la hutte.
Regardant par un trou de la hutte, il vit les étoiles dans le ciel.
L'une d'elles brillait plus que les autres ; il se mit à lui dire :
Comme il chevauchait le long d'un vieux sentier, il vit devant lui un homme dont voici le portrait : grand, monstrueusement laid et horrible, une hure plus noire que le charbon, d'immenses joues, un gigantesque nez plat, d'énormes et larges narines. Il était appuyé sur une énorme massue et Aucassin prit peur en le voyant.
Quittant le bouvier, Aucassin reprit sa chevauchée.
SCENE 24. Découverte de la hutte de Nicolette
Il parvint au carrefour des sept chemins et vit la hutte que Nicolette avait construite avec des fleurs et des feuillages; elle était d'une beauté incomparable.
En descendant de cheval, il pensait tellement à Nicolette qu'il tomba lourdement sur une pierre et se démit l'épaule. Il se sentit sérieusement blessé, mais réussit à attacher son cheval à une aubépine et à se glisser sur le dos dans la hutte.
Regardant par un trou de la hutte, il vit les étoiles dans le ciel.
L'une d'elles brillait plus que les autres ; il se mit à lui dire :
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Re: La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
SCENE 25. Retrouvailles
Quand Nicolette entendit Aucassin, elle vint à lui, car elle n'était pas loin. Elle entra dans la hutte et embrassa son ami, le serrant contre elle. Elle massa l'épaule qu'il avait démise, la palpa en tous sens, si bien que, selon la volonté de Dieu qui aime les amants, elle la remit en place. Ainsi fut-il complètement guéri.
SCENE 26. Départ des amants vers d'autres royaumes
Aucassin monta alors sur son cheval, prit son amie avec lui, puis, tout en s'embrassant, ils gagnèrent la plaine. Ils passèrent les vallées et les monts, les villes et les bourgs. Au jour, ils atteignirent la mer.
Or Aucassin vit passer un navire qui faisait voile à proximité de la rive. Hélant les marchands qui étaient à son bord, il les pria de les emmener. Les marchands acceptèrent, mais en haute mer, une violente tempête s'éleva qui les poussa de terre en terre, si bien qu'il atteignirent un pays étranger et pénétrèrent dans le port du château de Torelore.
SCENE 27. Arrivée au royaume de Torelore
Ils demandèrent dans quel pays ils se trouvaient. On leur répondit que c'était le pays du roi de Torelore. Aucassin demanda quel homme était ce roi et s'il était en guerre. On lui répondit :
Reprenant sa chevauchée, Aucassin parvint au palais.
SCENE 28. Un roi en couches
Il entra dans la chambre du roi qui était couché et l'interpella:
A ces mots, Aucassin prit un bâton et battit le roi si dru qu'il faillit le tuer.
Puis il demanda au roi de le conduire au lieu où sa femme commandait l'armée.
Quand Nicolette entendit Aucassin, elle vint à lui, car elle n'était pas loin. Elle entra dans la hutte et embrassa son ami, le serrant contre elle. Elle massa l'épaule qu'il avait démise, la palpa en tous sens, si bien que, selon la volonté de Dieu qui aime les amants, elle la remit en place. Ainsi fut-il complètement guéri.
SCENE 26. Départ des amants vers d'autres royaumes
Aucassin monta alors sur son cheval, prit son amie avec lui, puis, tout en s'embrassant, ils gagnèrent la plaine. Ils passèrent les vallées et les monts, les villes et les bourgs. Au jour, ils atteignirent la mer.
Or Aucassin vit passer un navire qui faisait voile à proximité de la rive. Hélant les marchands qui étaient à son bord, il les pria de les emmener. Les marchands acceptèrent, mais en haute mer, une violente tempête s'éleva qui les poussa de terre en terre, si bien qu'il atteignirent un pays étranger et pénétrèrent dans le port du château de Torelore.
SCENE 27. Arrivée au royaume de Torelore
Ils demandèrent dans quel pays ils se trouvaient. On leur répondit que c'était le pays du roi de Torelore. Aucassin demanda quel homme était ce roi et s'il était en guerre. On lui répondit :
Reprenant sa chevauchée, Aucassin parvint au palais.
SCENE 28. Un roi en couches
Il entra dans la chambre du roi qui était couché et l'interpella:
A ces mots, Aucassin prit un bâton et battit le roi si dru qu'il faillit le tuer.
Puis il demanda au roi de le conduire au lieu où sa femme commandait l'armée.
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Re: La chantefable Aucassin et Nicolette (XII ème et XIII ème siècle) (Illustré)
SCENE 29. La bataille de pommes blettes
Il monta sur son cheval et le roi sur le sien. A force de chevaucher, ils parvinrent à l'endroit où l'on se battait à coups de pommes des bois blettes, d'oeufs, de fromages frais et de gros champignons des champs. Celui qui souillait le plus l'eau du gué était proclamé roi du combat.
Le preux et vaillant Aucassin se prit à les regarder et, au comble de l'étonnement, se mit à rire.
Aucassin s'approcha du roi et lui demanda :
Aucassin, prenant son épée, se lança au milieu des combattants et commença à frapper à droite, à gauche, tuant beaucoup de gens.
SCENE 30. Séjour heureux au château de Torelore
Aucassin vivait au château de Torelore avec Nicolette, heureux et comblé, car il avait auprès de lui sa douce amie qu'il aimait tant.
SCENE 31. La séparation
Pendant qu'ils étaient en plein bonheur, une armada de Sarrasins attaqua le château pour le piller. Ils s'emparèrent de prisonniers et, parmi eux, d'Aucassin et de Nicolette. Ligotés, ils furent jetés dans des bateaux différents. Sur mer, une tempête s'éleva qui les sépara.
SCENE 32. Le navire d'Aucassin s'échoue à Beaucaire
Le navire d'Aucassin, à force de dériver, s'échoua près du château de Beaucaire. Les gens du pays accoururent sur la plage et reconnurent Aucassin. En voyant leur seigneur, ils furent très contents, car le jeune homme était bien resté plus de trois ans à Torelore et, pendant ce temps, son père et sa mère étaient morts. Ils le menèrent au château de Beaucaire où ils lui prêtèrent hommage. Dès lors, Aucassin gouverna paisiblement son pays.
SCENE 33. Nicolette retrouve son père, le roi de Carthagène
Parlons maintenant de Nicolette. La nef qui l'emportait appartenait au roi de Carthagène. Lorsqu'elle arriva devant les murailles de la ville, elle reconnut tout : c'est là qu'elle avait été élevée, puis enlevée dans son enfance. elle n'était pas assez jeune pour ignorer qu'elle était la fille du roi de Carthagène et qu'elle avait vécu autrefois dans cette cité.
Elle fut fêtée avec éclat comme il convient à une fille de roi. On voulut lui donner pour époux un roi païen, mais elle ne voulait pas se marier et se demandait comment elle pourrait retrouver Aucassin.
SCENE 34. Nicolette se déguise en jongleur
Elle se procura une vièle et se réfugia chez une pauvre femme qui vivait au bord de la mer.
Elle se fit faire une tunique, un manteau, une culotte et se déguisa en jongleur.
D'une herbe qu'elle cueillit, elle s'enduisit le visage qui devint brun et perdit son éclat.
SCENE 35. Embarquement vers Beaucaire
Nicolette prit sa vièle et demanda à un marin de l'embarquer. Ils naviguèrent tant en haute mer qu'ils parvinrent à Beaucaire, la résidence d'Aucassin.
SCENE 36. Le jongleur rencontre Aucassin
Aucassin était assis au pied de la tour, entouré de nobles seigneurs, soupirant et pleurant au souvenir de Nicolette. Voici qu'elle arriva, méconnaissable sous son déguisement. Elle commença à chanter :
Quand Aucassin entendit cette chanson, il fut transporté de joie et demanda au jongleur :
Ces mots remplirent de joie Aucassin.
SCENE 37. Nicolette retrouve la vicomtesse
Nicolette se rendit chez la vicomtesse qui l'avait élevée et lui raconta son histoire. Celle-ci finit pas la reconnaître et l'accueillit avec joie.
Elle la fit laver et baigner et la garda chez elle pendant huit jours. Puis Nicolette cueillit une herbe appelée "éclaire" dont elle s'enduisit le corps. Elle redevint aussi belle qu'elle n'avait jamais été. La vicomtesse alla trouver Aucassin et lui proposa de venir rejoindre Nicolette qui l'attendait chez elle.
SCENE 38. Nicolette et Aucassin enfin réunis
Aucassin arriva dans la chambre où Nicolette l'attendait. Elle se leva pour aller à sa rencontre. Aucassin lui tendit les bras, lui embrassa les yeux et le visage. A la nuit, ils se quittèrent jusqu'au lendemain matin.
SCENE 39. Le mariage
Aucassin épousa Nicolette et fit d'elle la dame de Beaucaire.
Ils vécurent longtemps dans un parfait bonheur.
SCENE 40. Fin
Source: http://aucassinetnicolette.d-t-x.com/
Il monta sur son cheval et le roi sur le sien. A force de chevaucher, ils parvinrent à l'endroit où l'on se battait à coups de pommes des bois blettes, d'oeufs, de fromages frais et de gros champignons des champs. Celui qui souillait le plus l'eau du gué était proclamé roi du combat.
Le preux et vaillant Aucassin se prit à les regarder et, au comble de l'étonnement, se mit à rire.
Aucassin s'approcha du roi et lui demanda :
Aucassin, prenant son épée, se lança au milieu des combattants et commença à frapper à droite, à gauche, tuant beaucoup de gens.
SCENE 30. Séjour heureux au château de Torelore
Aucassin vivait au château de Torelore avec Nicolette, heureux et comblé, car il avait auprès de lui sa douce amie qu'il aimait tant.
SCENE 31. La séparation
Pendant qu'ils étaient en plein bonheur, une armada de Sarrasins attaqua le château pour le piller. Ils s'emparèrent de prisonniers et, parmi eux, d'Aucassin et de Nicolette. Ligotés, ils furent jetés dans des bateaux différents. Sur mer, une tempête s'éleva qui les sépara.
SCENE 32. Le navire d'Aucassin s'échoue à Beaucaire
Le navire d'Aucassin, à force de dériver, s'échoua près du château de Beaucaire. Les gens du pays accoururent sur la plage et reconnurent Aucassin. En voyant leur seigneur, ils furent très contents, car le jeune homme était bien resté plus de trois ans à Torelore et, pendant ce temps, son père et sa mère étaient morts. Ils le menèrent au château de Beaucaire où ils lui prêtèrent hommage. Dès lors, Aucassin gouverna paisiblement son pays.
SCENE 33. Nicolette retrouve son père, le roi de Carthagène
Parlons maintenant de Nicolette. La nef qui l'emportait appartenait au roi de Carthagène. Lorsqu'elle arriva devant les murailles de la ville, elle reconnut tout : c'est là qu'elle avait été élevée, puis enlevée dans son enfance. elle n'était pas assez jeune pour ignorer qu'elle était la fille du roi de Carthagène et qu'elle avait vécu autrefois dans cette cité.
Elle fut fêtée avec éclat comme il convient à une fille de roi. On voulut lui donner pour époux un roi païen, mais elle ne voulait pas se marier et se demandait comment elle pourrait retrouver Aucassin.
SCENE 34. Nicolette se déguise en jongleur
Elle se procura une vièle et se réfugia chez une pauvre femme qui vivait au bord de la mer.
Elle se fit faire une tunique, un manteau, une culotte et se déguisa en jongleur.
D'une herbe qu'elle cueillit, elle s'enduisit le visage qui devint brun et perdit son éclat.
SCENE 35. Embarquement vers Beaucaire
Nicolette prit sa vièle et demanda à un marin de l'embarquer. Ils naviguèrent tant en haute mer qu'ils parvinrent à Beaucaire, la résidence d'Aucassin.
SCENE 36. Le jongleur rencontre Aucassin
Aucassin était assis au pied de la tour, entouré de nobles seigneurs, soupirant et pleurant au souvenir de Nicolette. Voici qu'elle arriva, méconnaissable sous son déguisement. Elle commença à chanter :
Quand Aucassin entendit cette chanson, il fut transporté de joie et demanda au jongleur :
Ces mots remplirent de joie Aucassin.
SCENE 37. Nicolette retrouve la vicomtesse
Nicolette se rendit chez la vicomtesse qui l'avait élevée et lui raconta son histoire. Celle-ci finit pas la reconnaître et l'accueillit avec joie.
Elle la fit laver et baigner et la garda chez elle pendant huit jours. Puis Nicolette cueillit une herbe appelée "éclaire" dont elle s'enduisit le corps. Elle redevint aussi belle qu'elle n'avait jamais été. La vicomtesse alla trouver Aucassin et lui proposa de venir rejoindre Nicolette qui l'attendait chez elle.
SCENE 38. Nicolette et Aucassin enfin réunis
Aucassin arriva dans la chambre où Nicolette l'attendait. Elle se leva pour aller à sa rencontre. Aucassin lui tendit les bras, lui embrassa les yeux et le visage. A la nuit, ils se quittèrent jusqu'au lendemain matin.
SCENE 39. Le mariage
Aucassin épousa Nicolette et fit d'elle la dame de Beaucaire.
Ils vécurent longtemps dans un parfait bonheur.
SCENE 40. Fin
Source: http://aucassinetnicolette.d-t-x.com/
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
- Nombre de messages : 2209
Age : 42
Localisation : Orléans
Date d'inscription : 28/09/2008
Sujets similaires
» Le Livre des métiers d'Etienne Boileau (XIII ème siècle)
» Le Roman de Renart (Illustré)
» Troisième Période ( XIII ème s. )
» Article XIII - DE LA CONCORDE ET DE LA DISCORDE
» XIII. Un contre deux - Planche 240 à 241
» Le Roman de Renart (Illustré)
» Troisième Période ( XIII ème s. )
» Article XIII - DE LA CONCORDE ET DE LA DISCORDE
» XIII. Un contre deux - Planche 240 à 241
Citadelle du Rey: Ordre Équestre et Royal du Saint Sépulcre :: Les alentours de la Citadelle :: Lycée de l'Ordre :: La Bibliothèque "Cicéron" :: Ouvrages de littérature, philosophie et œuvres artistiques
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum