Le Roman de Renart (Illustré)
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Le Roman de Renart (Illustré)
Le Roman de Renart
Source: http://expositions.bnf.fr/bestiaire/
GENESE DU TEXTE
Des récits animaliers
Le Roman de Renart est issu d'une longue tradition de récits animaliers en latin, fables ou récits exemplaires. Ces fables, familières aujourd'hui encore grâce à La Fontaine, mettent en scène un monde animal pour un enseignement moral qui se double souvent d'une satire sociale et politique. C'est sur ce modèle qu'au milieu du XIIe siècle un moine de Gand, appelé Nivard, rédige un poème en latin de 6500 vers, Ysengrimus, où apparaissent le personnage de Reinardus et ses premières aventures.
Des clercs anonymes
Moines et clercs s'amusent à filer les aventures du loup Ysengrimus et du goupil Reinardus, les transposant du latin en langage courant – on parle alors le "roman" –, ajoutant des épisodes ou les remaniant à leur gré. Ainsi se constitue le Roman de Renart, c'est-à-dire un ensemble de récits en langue romane dont Renart est le héros. Les auteurs, au nombre d'une vingtaine, sont des clercs fortement imprégnés de littérature classique latine et néolatine. Le nom du premier d'entre eux nous est connu : un certain Pierre de Saint-Cloud.
Des recueils d'épisodes
Le Roman de Renart n'est donc pas un roman au sens moderne du terme, mais un ensemble disparate de récits appelés "branches" dès le Moyen Âge. On dénombre 25 à 27 branches de 300 à 3000 vers, soient quelque 25000 vers. La plus ancienne branche remonte aux années 1170, les plus récentes vers 1250. Dès le XIIIe siècle, les branches sont regroupées en recueils, sans ordre ni chronologie, auxquels des effets d'intertextualité confèrent une certaine unité.
Parodie des chansons de geste
Les plus anciennes branches du Roman de Renart narrent le long conflit, de type épique, qui oppose le goupil et les autres animaux de la forêt et de la basse-cour – Chantecler le coq, Tibert le chat, Tiécelin le corbeau, Brun l'ours et surtout son pire ennemi, le loup Ysengrin. Un prologue en souligne l'originalité : non plus un sujet antique comme le Roman de Troie ou l'histoire de Tristan, mais "les aventures et les exploits de Renart" et "la terrible guerre qui l'oppose à Ysengrin."
Critique de la société médiévale
Les branches plus récentes dessinent une société animale organisée, où chaque espèce est dotée d'un nom propre, d'une fonction et d'un trait de caractère. Entouré de sa cour de barons, le roi Noble le lion est juste et majestueux alors que la lionne Fière son épouse s'avère orgueilleuse et un peu sotte. Ysengrin, aussi fort que bête, assure auprès du roi l'office de connétable. Le goupil et le loup s'affrontent comme des seigneurs féodaux.
Renart le Nouvel
À la fin du XIIIe siècle, Jacquemart Gielée reprend les mêmes personnages pour écrire une œuvre d'édification morale, Renart le Nouvel, à la forme allégorique et symbolique où le goupil devient l'incarnation du Mal, maître du monde. Renart triomphe et se retrouve finalement installé au sommet de la roue de la fortune. Il est le démon qui séduit l'humanité par ambition.
Anthropomorphisme des personnages
Dans les avatars du Roman de Renart, un certain réalisme satirique l'emporte sur l'imagination comique des premiers récits. Un anthropomorphisme croissant marque cette progression du réalisme. Évoluant dans une société véritablement organisée comme celle des hommes, les héros animaux prennent une forme humaine alors que le corps animal reste très présent dans les premiers manuscrits où les bêtes courent à quatre pattes.
Renart le Contrefait
C'est la dernière forme prise par le Roman de Renart au Moyen Âge. L'auteur, un clerc défroqué, n'a pas voulu faire une imitation mais "contrefaire", c'est-à-dire prendre le masque de Renart pour critiquer la société et dénoncer les vices de son temps. Deux rédactions sont entreprises : l'une entre 1319 et 1322, l'autre, plus importante et d'un style plus assuré, de 1328 à 1342.
Renart consacré par la littérature
Souvent drôles et légers, parfois cruels et mordants, ces récits parodiques connaissent très vite un immense succès. Ils sont adaptés dans plusieurs langues européennes, notamment en allemand et en néerlandais. Le nom de "goupil" disparaît alors, remplacé par celui de "Renart" qui entre dans la langue française pour désigner l'espèce animale.
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
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Re: Le Roman de Renart (Illustré)
EPISODES ILLUSTRES
Renart et Chanteclerc le coq (br. II)
Un jour, Renart s'introduit dans une basse-cour en quête de quelques poules. Celles-ci ont vu la haie remuer et s'en vont gloussantes vers la maison. Chanteler le coq les interpelle, il les rassure et s'endort sur le fumier. Renart s'avance tout doucement, tapi au sol, prêt à saisir le coq dans ses crocs. Manquant son coup, le goupil cherche alors à l'enjôler par des paroles flatteuses. Saura-t-il, comme son père Chanteclin, chanter les yeux fermés ?
Renart et Chanteclerc le coq (br. II)
Chanteclerc le coq se laisse tromper par Renart qui le saisit et l'emporte au loin. Alertés par les cris, les paysans se précipitent à leur poursuite. Par vantardise, le goupil leur crie que malgré eux il prend celui-là. Mais en desserrant la gueule, Renart permet à Chanteclerc de se dégager. Le coq se réfugie dans les branches d'un pommier tandis que le goupil reste en bas, furieux et fort dépité de l'avoir laissé échapper. Chanteclerc lui rit au nez : décidément, cousin Renart, on ne peut avoir confiance en vous !
Renart et Tiécelin le corbeau (br. II)
Maître Tiécelin a volé un fromage. Il vient se poser sur l'arbre au pied duquel se trouve Renart. Par des paroles flatteuses, le goupil cherche à faire chanter le corbeau. Tiécelin pousse un braillement, monte d'un ton et, donnant de la voix de plus belle, laisse choir le fromage. Renart se garde d'y toucher, feignant une blessure pour que le corbeau vienne en confiance reprendre son bien. Mais le goupil rate son coup : seules quatre plumes lui restent entre les crocs. Qu'il aille au diable, s'écrie le corbeau, c'est un menteur, un hypocrite ; je l'ai appris à mes dépens !
Renart et les anguilles (br. III)
La faim avait poussé Renart vers la route quand passe une charrette chargée de poissons. Le goupil s'allonge vite en travers du chemin, faisant le mort. Le marchand s'arrête, examine la belle fourrure rousse au col blanc dont il pense tirer quelques sous. Sans méfiance, le goupil est jeté à l'arrière de la charrette. Renart s'empresse de dévorer les harengs puis, s'enroulant des anguilles autour du cou, saute en marche. Dieu vous garde, lance-t-il au marchand, me voilà bien servi en anguilles, vous pouvez garder le reste !
La pêche à la queue (br. III)
Alléché par l'odeur des anguilles grillées, Ysengrin vient frapper à la porte de Renart qui lui fait croire qu'il reçoit des moines. Le loup crédule se ferait bien moine pour en goûter lui aussi. Renart l'ébouillante sous le prétexte d'une nécessaire tonsure, puis le mène au trou creusé dans l'étang gelé où il l'assure avoir pêché le poisson. Un seau avait été laissé là. Renart le noue à la queue du loup et l'invite à pêcher sans bouger. Mais la queue se prend dans la glace ! Avec l'aube viennent des chasseurs qui se jettent sur le loup. Un coup d'épée maladroit lui tranche la queue. Ysengrin prendra la fuite sans demander son reste.
Le piège du puits (br. IV)
Poussé par la soif, Renart se dirige vers un puits comprenant deux seaux : quand l'un descend l'autre remonte. Renart s'y penche. Dans son reflet, il croit voir sa femme Hermeline. Aussitôt il saute dans le seau et tombe à l'eau. Quelle méprise ! Mais enfin vient Ysengrin. Se penchant, lui aussi croit reconnaître son épouse, Hersent, en compagnie de Renart. Se croyant trahi, il est facile à tromper. Renart le convainc que là se trouve le paradis, les seaux servant à peser les actions. Le loup prend alors place dans le seau et croise en contrepoids le goupil qui lui dit : Moi je monte au paradis tandis que toi tu descends en enfer !
Renart et Dame Hersent (br. II)
Profitant de l'absence d'Ysengrin, Renart prétend éprouver de l'amour pour la louve Hersent qui se laisse séduire et lui cède. Non content de son forfait, le goupil s'en prend aux louveteaux qu'il humilie un à un. Sitôt de retour, Ysengrin s'élance avec Hersent à la poursuite de Renart. Mais leurs chemins divergent et la louve se retrouve coincée dans un terrier trop étroit. Sous prétexte de la dégager, Renart abuse à nouveau d'elle, mais cette fois sous les yeux mêmes d'Ysengrin ! Renart se sauve après l'avoir moqué et ridiculisé.
À la cour du roi Noble (br. Va)
Le bruit des mauvais tours de Renart parvient au roi des animaux, Noble le lion. Devant la cour réunie au grand complet, Ysengrin se plaint d'avoir été déshonoré par Renart et demande justice. Mais le roi, appréciant Renart, lui trouve des circonstances atténuantes et s'en remet à la cour pour décider de son sort. Les animaux sont partagés sur la sentence : on décide de faire jurer à Renart qu'il réparera ses torts. Mais Hersent veut sa vengeance. Elle lui tend un piège avec l'aide du chien Roonel, faussement mort et faussement saint. Renart déjoue la ruse et échappe de justesse à la meute lancée à ses trousses.
Le siège de Maupertuis (br. Ia)
Malgré plusieurs condamnations, Renart poursuit ses méfaits à tel point que le roi se décide à prendre Maupertuis, le repère de Renart. Assiégé, Renart fait une sortie de nuit pour jouer un mauvais tour à ses assaillants. Il les attache à un arbre avant de s'attaquer à la reine. Mais celle-ci crie et les voilà tous éveillés. Condamné à la pendaison, Renart parvient à obtenir le pardon du roi. Mais il tue le rat Pelé et doit prendre la fuite... Bien d'autres forfaits viendront encore et encore Renart bernera Ysengrin. Le goupil va même ressusciter après avoir été enterré !
Kerraaoc- Ancien Membre de l'Ordre
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