Box de Ouzoume, monture de Urgain

[Shaomye]

Ouzoume, hongre d'origine polonaise

[Urgain]

Urgain avança rapidement jusqu'au box d'Ouzoume. Il l'avait parfaitement mémorisé, dans la rangée des box consacrés aux roussins, ces chevaux d'entrainement. Le jeune homme n'avait pas eu besoin d'hésiter, de faire dix fois le tour des écuries, de comparer les tailles ou les masses musculaires. Directement, son choix s'était porté sur le gros pépère barbu. C'était lui et il ne servait à rien d'hésiter. C'était d'ailleurs quelque chose qu'Urgain ne maîtrisait pas, l'hésitation. C'est sans doute pour cela qu'il entra directement dans le box, sans marquer de temps d'observation. C'est aussi pour cela qu'il avança franchement vers son nouveau cheval et que sa main frotta vigoureusement le chanfrein du placide Ouzoume, qui se laissa faire sans sourciller, tout en mâchant négligemment une touffe de foin qui dépassait de sa bouche. Cela ne signifiait pas qu'Urgain n'avait pas peur, bien au contraire. Il était sincèrement inquiet, lui qui n'avait jamais approché de cheval de sa vie. Néanmoins, Urgain considérait que dans une vie, il convenait d'agir et de ne point trop réfléchir, alors il n'était utile de se pâmer pendant des lustres en se demandant si c'était sérieux d'entrer dans le box. Pour devenir chevalier, y'a pas à chier, il faut monter à cheval.

Placide, pas trop stressé, qu'aime bien manger... Ouzoume avait-il été mis au monde pour appartenir à Urgain Grandbras? Le colosse à la longue crinière emmêlée, comme son nouveau cavalier, se laissa papouiller et gratifia ce dernier d'un souffle chaud et affectueux, tandis qu'il frotta doucement le sol pavé de son box avec son gros sabot. Urgain, qui avait d'abord considéré ce cheval comme un instrument de grande valeur, venait de trouver bien plus que cela.

- Bon ben... j'ai pu qu'à apprendre comment bien m'occuper de toi et comment te monter dessus sans t'esquinter et sans me fendre la pipe en deux!

[Shaomye]

La brune a accompagné Urgain jusqu'au box. Impressionnée de voir qu'il a déjà suffisamment repéré les lieux pour aller directement au box d'Ouzoume.

Sur place, elle s'est tenue un peu en retrait, laissant les présentations se faire.

Dire qu'Ouzoume aurait pu être vendu en juin... Drole de coup du sort, que le cheval soit censé rejoindre un nouveau cavalier, que personne ne s'intéresse à lui, et qu'il trouve son cavalier quelques mois plus tard! A croire qu'il attendait Urgain!

Elle toussote doucement

Pour apprendre, ce ne sera pas compliqué, on va vous apprendre tout ce que vous avez envie de savoir!

[Urgain]

Les caresses s'étaient un peu intensifiées, et Ouzoume frottait énergiquement sa lourde tête contre Urgain, qui peinait à tenir en équilibre. Le jeune homme agrippait à l'encolure du hongre, les doigts fermement pris dans la longue crinière noueuse.

- M'est avis qu'il faille d'abord que je sache comment entretenir de la meilleur manière ce brave petit colosse. Il faut le brosser souvent? Quelle est sa ration journalière? Je peux commencer à le promener?

[Shaomye]

La scene qui se déroule sous les yeux de la Lutine montre clairement que tout se passera bien entre l'homme et l'animal

Il vous a adopté visiblement! Il faut le brosser tous les jours, s'assurer que ses pieds sont en bon état. Il adore se rouler dans la boue, vous verrez...

Elle sourit, malicieuse, et continue

Pour les rations, la distribution des repas se fait le matin, le midi, en fin d'après-midi et le soir, en petites quantités, pour les chevaux qui passent la journée en boxe. Avoine et foin, pour les repas. L'eau d'abord, le grain ensuite, et le fourrage en dernier.

D'un geste de la main, elle désigne une direction

Pas de souci pour le promener. Son équipement est dans la sellerie, au bout de l'allée.

Dans le meme mouvement, elle attrape le licol pendu à un clou pres de la porte du box et le tend au Cadet avec un sourire

A vous de jouer!

[Urgain]

Urgain se saisit de la pièce de cuir et de sa corde. Première leçon, comment attacher son cheval... Le jeune homme tenta un premier essai infructueux car dans le mauvais sens. Ouzoume, placide, savait à quoi s'attendre et patientait donc. Mais au bout de quelques essais, le cheval constata que son nouveau maître était un boulet de service et commença à se faire plus espiègle. Urgain fut ainsi amicalement gratifié de quelques bons coups de boule équins, dont certains l'envoyèrent le cul dans la litière... Cela ne fut jamais dangereux, Ouzoume semblant prendre soin de ne pas abîmer ce drôle de gaillard qui s'y prenait comme un manche, mais plutôt de s'amuser avec lui.

- Mouarf! déclara-t-il solennellement. Dites chevalier, euh... Y a un sens?

[Shaomye]

D'aucuns pourraient penser que le fait de fourrer le licol dans les mains du Cadet sans tambour ni trompette est un peu mesquin.

La vérité, c'est qu'elle est convaincue qu'il n'y a pas de meilleur apprentissage que celui qu'on expérimente par soi même.

Et donc après avoir observé la scène, amusée par le comportement taquin du hongre, elle sourit au jeune homme

En effet, il y a un sens. Ca se manie mieux comme ca, en fait

Doucement, elle prend le licol, le présente devant le nez du bai. Avec l'air de se demander si il peut déconner ou pas, Ouzoume agite les oreilles, une vers Urgain et l'autre vers Shaomye.
Message codé?

Vous passez le cercle sur son nez, et vous remontez le long des joues. Ensuite, vous passez la main comme ca, et vous fermez l'attache en dessous de l'oreille

Chaque explication étant accompagné du geste correspondant, pardi!

[Urgain]

Avec attention, Urgain suivit les gestes de Shaomye et écouta ses explications. En effet, cela n'avait pas l'air si sorcier que ça, une fois qu'on prenait la chose dans le bon sens.

-Ah, merci! Tenez, je vais réessayer une fois!

Et il détacha le licol, le retourna et le mélangea minutieusement, sous le regard interrogateur d'Ouzoume, qui trouvait son nouvel humain fichtrement curieux. Puis, Urgain chercha le cercle, et répéta les gestes enseignés par Shaomye, avec réussite, bien qu'il chercha quelques instants la dernière attache à boucler.
Satisfait, il tapota l'encolure d'Ouzoume amicalement.

- Tu vois mon vieux, faudra que tu sois patient, mais ça va l'faire!

Et il se tourna vers Shaomye.

- M'accompagnez-vous?

Il tenait la longe par son extrémité, laissant ainsi une franche marge de manœuvre au hongre qui n'allait sans doute pas se priver pour profiter de cette liberté...

[Shaomye]

Bingo! Licol en place, longe à son extrémité, au taquet!

Volontiers! Je peux vous embeter encore avec un conseil?

C'est, qu'autant que le bai, elle a remarqué la longe large laissant toute liberté. Elle laisse le duo sortir du box et rectifie la position du Cadet, avant qu'il ne se fasse embarquer vers un coin d'herbe. Encore que la plupart des chevaux du Sépulcre sont bien éduqués et ne se permettent pas une telle facétie. Mais ca reste des betes de 600 kilos (voire bien plus pour certains mastodontes comme Noisette), et on n'est jamais assuré qu'ils ne profiteront pas de l'inexpérience de l'humain au bout de la longe... Il n'y a qu'à voir les poneys des enfants, irréprochables dès qu'un adulte est dans le coin, et baladant leurs mini humains dès que l'adulte est hors de vue!

Votre cheval doit être sur votre côté, un peu en retrait, sans vous monter sur les pieds.

Traditionnellement, on mène un cheval du coté gauche, la main droite tenant la longe environ 2 mains sous l'attache . L’épaule de votre cheval ne doit jamais dépasser la votre.

Elle réfléchit à une autre information utile qui pourrait l'aider

Marchez en avant sans jamais le regarder directement, aussi. Et si un jour pour une raison ou une autre il a un grand moment de panique et que vous sentez que vous ne le retiendrez pas... Lachez tout. Il vaut mieux passer une heure à rechercher votre cheval que plusieurs jours à l'infirmerie parce qu'il vous aura trainé ou piétiné dans sa panique...

[Urgain]

Œil dans l’œil avec son cheval, court instant de défi respectueux et amusé: "Tu t'la pètes toi hein?!" semblaient se dire mutuellement Urgain et Ouzoume. Le jeune cadet se positionna ainsi que le lui avait montré Shaomye, prenant grand soin de faire les choses bien. Et cela lui venait assez naturellement, car poussé par la nécessité absolue de savoir monter à cheval pour l'avenir qu'il s'était choisi, Urgain avait volontairement écarté toute peur de son esprit. C'était une faculté étonnante qu'il possédait, de pouvoir repousser n'importe quel sentiment gênant dans un coin à "idées à traiter plus tard". Il ressentait donc la peur, comme tout le monde, forcément, mais n'était presque jamais paralysé par elle et il restait ainsi tout le temps capable de prendre rapidement des décisions et d'agir dans la foulée.

Il se mit à avancer doucement d'abord, et Ouzoume suivit docilement. Le cheval n'eut cependant qu'à secouer la crinière pour se débarrasser de quelques mouches gênantes pour faire étalage de sa force. En effet, il n'était absolument pas question de taper le bras de fer avec lui et de se croire plus fort... Urgain resta cependant ferme et continua à avancer.

- Merci beaucoup chevalier, je crois que j'ai vraiment fait le bon choix.

Il firent quelques pas dans l'allée. Quelques autres montures restés aux box passèrent la tête au dessus de leurs portillons, jaloux, tandis qu'Ouzoume semblait leur offrir un regard narquois. Sans doute était-ce de bonne guerre s'il avait attendu longtemps un cavalier. Et ainsi la première sortie d'Urgain et son cheval fut-elle assez tranquille. Il répéta l'opération plusieurs fois les jours suivants, prenant soin également de brosser et curer les sabots du hongre soigneusement, ainsi qu'on le lui montra. Le jeune cadet était patient et pris le temps de nouer des liens forts avec sa monture, avant de tenter de le monter pour la première fois...

[Shaomye]

[Noel 1465]

L'an passé, le petit présent de la Lutine a fait plaisir à de nombreuses personnes, alors elle a décidé de récidiver cette année.

Sur chaque porte de box, hors de portée des chevaux qui ont tous eu droit à leur picotin de Noël, elle accroche une jolie chaussette contenant quelques friandises pour cavalier et cheval, ainsi qu'un licol de campagne brodé aux couleurs du Saint Sépulcre pour ceux qui ne l'ont pas eu l'an passé, ou pour ceux qui auraient déjà usé le leur, et pour tous un petit pot de baume odorant, idéal à appliquer, après une longue chevauchée, sur certaines zones... Bref, pas besoin de faire un dessin!

Puis sa mission de Lutine accomplie, elle s'éclipse et laisse ses Frères et Sœurs découvrir leur cadeau au fur et à mesure des venues...

[Shaomye]

[Noel 1466]

Le petit présent annuel est devenu une sorte de tradition, aussi cette année encore les Frères et Soeurs trouveront un petit cadeau.

Sur chaque porte de box, hors de portée des chevaux qui ont tous eu droit à leur picotin de Noël, elle accroche une jolie chaussette contenant quelques friandises.

Et pour les chevaux comme le beau Ouzoume, dont on est sans nouvelles du cavalier, l'équidé aura droit à sa friandise, et une pensée particulière ira au Frère porté disparu... dans l'espoir qu'au prochain Noel il sera de retour parmi les siens...

[Urgain]

Ce soir là, après de longs mois d'absence, Ouzoume, le hongre à la crinière sauvage, rentrait au box. Sa longue retraite dans les prés du Maine ne lui avait pas déplu. Il y avait goûté les grasses herbes des prairies humides qui bordaient la Sarthe. Mais il n'avait pas ménagé sa peine. Et sous la conduite de son maître, il avait chevauché sans guère de repos, à traquer loups et marauds qui causaient du tord au monastère de Saint-Vincent. Car c'est ainsi qu'Urgain Grandbras avait employé son temps, pensant avoir trouvé sa place. Mais le sort en avait voulu autrement.

En entrant dans les écuries, Ouzoume poussa un hennissement sonore, qu'Urgain ne rabroua pas. Le jeune homme aux cheveux sombres sourit à demi et tapota l'encolure du grand hongre, qui était devenu pour lui tel un frère. Le box était toujours inoccupé, et de la paume Urgain écarta la poussière qui couvrait l'écriteau sur la porte et sur lequel étaient encore peint à la peinture blanche le nom du grand hongre.

- Ouzoume... Nous voilà bien revenu mon grand... Il est tard, repose toi. Demain, nous aurons à retrouver nos compagnons.

Et Urgain ferma le verrou, qui n'avait pas rouillé et semblait toujours neuf. Il se dirigea alors vers la sortie des écuries alors que dehors, la nuit était épaisse...

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