François Villon poète du XVème siècle
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François Villon poète du XVème siècle
François de Montcorbier dit Villon (né en 1431 à Paris, disparu en 1463) est un poète français de la fin du Moyen Âge. Il est probablement l'auteur français le plus connu de cette période.
Les romantiques en firent le précurseur des poètes maudits.
Index des ballades et poèmes:
Les romantiques en firent le précurseur des poètes maudits.
Index des ballades et poèmes:
- Ballade (En riagal, en arsenic rocher)
- Ballade à s'amie
- Ballade contre les ennemis de la France
- Ballade de bon conseil
- Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie
- Ballade de la belle Heaumière aux filles de joie
- Ballade de la grosse Margot
- Ballade de merci
- Ballade des contre-vérités
- Ballade des Dames du temps jadis
- Ballade des femmes de Paris
- Ballade des menus propos
- Ballade des proverbes
- Ballade des Seigneurs du temps jadis
- Ballade du concours de Blois
- Ballade en vieil langage françois
- Ballade et oraison
- Ballade finale
- Ballade pour prier Notre Dame
- Ballade pour Robert d'Estouteville
- Belle leçon aux enfants perdus
- Chanson
- Double ballade
- Épitaphe et rondeau
- Épître à mes amis
- L'Épitaphe de Villon ou " Ballade des pendus "
- Le débat du cœur et du corps de Villon
- Les contredits de Franc Gontier
- Louange à la Cour ou requête à la Cour de Parlement
- Problème ou Ballade de la Fortune
- Question au clerc du Guichet ou ballade de l'appel
- Requête à monseigneur de Bourbon
- Rondeau (Jenin l'Avenu)
- Rondeau (Mort, j'appelle de ta rigueur)
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade (En riagal, en arsenic rocher)
En riagal, en arsenic rocher,
En orpiment, en salpêtre et chaux vive,
En plomb bouillant pour mieux les émorcher,
En suif et poix détrempée de lessive
Faite d'étrons et de pissat de juive,
En lavailles de jambes à meseaux,
En raclure de pieds et vieux houseaux,
En sang d'aspic et drogues venimeuses,
En fiel de loups, de renards et blaireaux,
Soient frites ces langues ennuyeuses !
En cervelle de chat qui hait pêcher,
Noir et si vieil qu'il n'ait dent en gencive,
D'un vieil mâtin qui vaut bien aussi cher,
Tout enragé, en sa bave et salive,
En l'écume d'une mule poussive
Détranchée menue à bons ciseaux,
En eau où rats plongent groins et museaux,
Raines, crapauds et bêtes dangereuses,
Serpents, lézards et tels nobles oiseaux,
Soient frites ces langues ennuyeuses !
En sublimé dangereux à toucher,
Et ou nombril d'une couleuvre vive,
En sang qu'on voit ès palettes sécher
Sur les barbiers quand pleine lune arrive,
Dont l'un est noir, l'autre plus vert que cive,
En chancre et fic, et en ces claires eaues
Où nourrices essangent leurs drapeaux,
En petits bains de filles amoureuses
(Qui ne m'entend n'a suivi les bordeaux)
Soient frites ces langues ennuyeuses !
Prince, passez tous ces friands morceaux,
S'étamine, sac n'avez ou bluteaux,
Parmi le fond d'unes braies breneuses ;
Mais, par avant, en étrons de pourceaux
Soient frites ces langues ennuyeuses !
En riagal, en arsenic rocher,
En orpiment, en salpêtre et chaux vive,
En plomb bouillant pour mieux les émorcher,
En suif et poix détrempée de lessive
Faite d'étrons et de pissat de juive,
En lavailles de jambes à meseaux,
En raclure de pieds et vieux houseaux,
En sang d'aspic et drogues venimeuses,
En fiel de loups, de renards et blaireaux,
Soient frites ces langues ennuyeuses !
En cervelle de chat qui hait pêcher,
Noir et si vieil qu'il n'ait dent en gencive,
D'un vieil mâtin qui vaut bien aussi cher,
Tout enragé, en sa bave et salive,
En l'écume d'une mule poussive
Détranchée menue à bons ciseaux,
En eau où rats plongent groins et museaux,
Raines, crapauds et bêtes dangereuses,
Serpents, lézards et tels nobles oiseaux,
Soient frites ces langues ennuyeuses !
En sublimé dangereux à toucher,
Et ou nombril d'une couleuvre vive,
En sang qu'on voit ès palettes sécher
Sur les barbiers quand pleine lune arrive,
Dont l'un est noir, l'autre plus vert que cive,
En chancre et fic, et en ces claires eaues
Où nourrices essangent leurs drapeaux,
En petits bains de filles amoureuses
(Qui ne m'entend n'a suivi les bordeaux)
Soient frites ces langues ennuyeuses !
Prince, passez tous ces friands morceaux,
S'étamine, sac n'avez ou bluteaux,
Parmi le fond d'unes braies breneuses ;
Mais, par avant, en étrons de pourceaux
Soient frites ces langues ennuyeuses !
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade à s'amie
Fausse beauté qui tant me coûte cher,
Rude en effet, hypocrite douleur,
Amour dure plus que fer à mâcher,
Nommer que puis, de ma défaçon seur,
Cherme félon, la mort d'un pauvre coeur,
Orgueil mussé qui gens met au mourir,
Yeux sans pitié, ne veut Droit de Rigueur,
Sans empirer, un pauvre secourir ?
Mieux m'eût valu avoir été sercher
Ailleurs secours, c'eût été mon honneur ;
Rien ne m'eût su hors de ce fait hâcher :
Trotter m'en faut en fuite et déshonneur.
Haro, haro, le grand et le mineur !
Et qu'est-ce ci ? Mourrai sans coup férir ?
Ou Pitié veut, selon cette teneur,
Sans empirer, un pauvre secourir ?
Un temps viendra qui fera dessécher,
Jaunir, flétrir votre épanie fleur ;
Je m'en risse, se tant pusse mâcher,
Las ! mais nenni, ce seroit donc foleur :
Vieil je serai, vous laide, sans couleur ;
Or buvez fort, tant que ru peut courir ;
Ne donnez pas à tous cette douleur,
Sans empirer, un pauvre secourir.
Prince (amoureux), des amants le graigneur,
Votre mal gré ne voudroie encourir,
Mais tout franc coeur doit, par Notre Seigneur,
Sans empirer, un pauvre secourir.
Fausse beauté qui tant me coûte cher,
Rude en effet, hypocrite douleur,
Amour dure plus que fer à mâcher,
Nommer que puis, de ma défaçon seur,
Cherme félon, la mort d'un pauvre coeur,
Orgueil mussé qui gens met au mourir,
Yeux sans pitié, ne veut Droit de Rigueur,
Sans empirer, un pauvre secourir ?
Mieux m'eût valu avoir été sercher
Ailleurs secours, c'eût été mon honneur ;
Rien ne m'eût su hors de ce fait hâcher :
Trotter m'en faut en fuite et déshonneur.
Haro, haro, le grand et le mineur !
Et qu'est-ce ci ? Mourrai sans coup férir ?
Ou Pitié veut, selon cette teneur,
Sans empirer, un pauvre secourir ?
Un temps viendra qui fera dessécher,
Jaunir, flétrir votre épanie fleur ;
Je m'en risse, se tant pusse mâcher,
Las ! mais nenni, ce seroit donc foleur :
Vieil je serai, vous laide, sans couleur ;
Or buvez fort, tant que ru peut courir ;
Ne donnez pas à tous cette douleur,
Sans empirer, un pauvre secourir.
Prince (amoureux), des amants le graigneur,
Votre mal gré ne voudroie encourir,
Mais tout franc coeur doit, par Notre Seigneur,
Sans empirer, un pauvre secourir.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade contre les ennemis de la France
Rencontré soit de bêtes feu jetant
Que Jason vit, quérant la Toison d'or ;
Ou transmué d'homme en bête sept ans
Ainsi que fut Nabugodonosor ;
Ou perte il ait et guerre aussi vilaine
Que les Troyens pour la prise d'Hélène ;
Ou avalé soit avec Tantalus
Et Proserpine aux infernaux palus ;
Ou plus que Job soit en grieve souffrance,
Tenant prison en la tour Dedalus,
Qui mal voudroit au royaume de France !
Quatre mois soit en un vivier chantant,
La tête au fond, ainsi que le butor ;
Ou au grand Turc vendu deniers comptants,
Pour être mis au harnais comme un tor ;
Ou trente ans soit, comme la Magdelaine,
Sans drap vêtir de linge ne de laine ;
Ou soit noyé comme fut Narcissus,
Ou aux cheveux, comme Absalon, pendus,
Ou, comme fut Judas, par Despérance ;
Ou puist périr comme Simon Magus,
Qui mal voudroit au royaume de France !
D'Octovien puist revenir le temps :
C'est qu'on lui coule au ventre son trésor ;
Ou qu'il soit mis entre meules flottant
En un moulin, comme fut saint Victor ;
Ou transglouti en la mer, sans haleine,
Pis que Jonas ou corps de la baleine ;
Ou soit banni de la clarté Phébus,
Des biens Juno et du soulas Vénus,
Et du dieu Mars soit pugni à outrance,
Ainsi que fut roi Sardanapalus,
Qui mal voudroit au royaume de France !
Prince, porté soit des serfs Eolus
En la forêt où domine Glaucus,
Ou privé soit de paix et d'espérance :
Car digne n'est de posséder vertus,
Qui mal voudroit au royaume de France !
Rencontré soit de bêtes feu jetant
Que Jason vit, quérant la Toison d'or ;
Ou transmué d'homme en bête sept ans
Ainsi que fut Nabugodonosor ;
Ou perte il ait et guerre aussi vilaine
Que les Troyens pour la prise d'Hélène ;
Ou avalé soit avec Tantalus
Et Proserpine aux infernaux palus ;
Ou plus que Job soit en grieve souffrance,
Tenant prison en la tour Dedalus,
Qui mal voudroit au royaume de France !
Quatre mois soit en un vivier chantant,
La tête au fond, ainsi que le butor ;
Ou au grand Turc vendu deniers comptants,
Pour être mis au harnais comme un tor ;
Ou trente ans soit, comme la Magdelaine,
Sans drap vêtir de linge ne de laine ;
Ou soit noyé comme fut Narcissus,
Ou aux cheveux, comme Absalon, pendus,
Ou, comme fut Judas, par Despérance ;
Ou puist périr comme Simon Magus,
Qui mal voudroit au royaume de France !
D'Octovien puist revenir le temps :
C'est qu'on lui coule au ventre son trésor ;
Ou qu'il soit mis entre meules flottant
En un moulin, comme fut saint Victor ;
Ou transglouti en la mer, sans haleine,
Pis que Jonas ou corps de la baleine ;
Ou soit banni de la clarté Phébus,
Des biens Juno et du soulas Vénus,
Et du dieu Mars soit pugni à outrance,
Ainsi que fut roi Sardanapalus,
Qui mal voudroit au royaume de France !
Prince, porté soit des serfs Eolus
En la forêt où domine Glaucus,
Ou privé soit de paix et d'espérance :
Car digne n'est de posséder vertus,
Qui mal voudroit au royaume de France !
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade de bon conseil
Hommes faillis, bertaudés de raison,
Dénaturés et hors de connoissance,
Démis du sens, comblés de déraison,
Fous abusés, pleins de déconnoissance,
Qui procurez contre votre naissance,
Vous soumettant à détestable mort
Par lâcheté, las ! que ne vous remord
L'horribleté qui à honte vous mène ?
Voyez comment maint jeunes homs est mort
Par offenser et prendre autrui demaine.
Chacun en soi voie sa méprison,
Ne nous vengeons, prenons en patience ;
Nous connoissons que ce monde est prison
Aux vertueux franchis d'impatience ;
Battre, rouiller pour ce n'est pas science,
Tollir, ravir, piller, meurtrir à tort.
De Dieu ne chaut, trop de verté se tort
Qui en tels faits sa jeunesse démène,
Dont à la fin ses poings doloreux tord
Par offenser et prendre autrui demaine.
Que vaut piper, flatter, rire en traison,
Quêter, mentir, affirmer sans fiance,
Farcer, tromper, artifier poison,
Vivre en péché, dormir en défiance
De son prouchain sans avoir confiance ?
Pour ce conclus : de bien faisons effort,
Reprenons coeur, ayons en Dieu confort,
Nous n'avons jour certain en la semaine ;
De nos maux ont nos parents le ressort
Par offenser et prendre autrui demaine.
Vivons en paix, exterminons discord ;
Ieunes et vieux, soyons tous d'un accord :
La loi le veut, l'apôtre le ramène
Licitement en l'épître romaine ;
Ordre nous faut, état ou aucun port.
Notons ces points ; ne laissons le vrai port
Par offenser et prendre autrui demaine.
Hommes faillis, bertaudés de raison,
Dénaturés et hors de connoissance,
Démis du sens, comblés de déraison,
Fous abusés, pleins de déconnoissance,
Qui procurez contre votre naissance,
Vous soumettant à détestable mort
Par lâcheté, las ! que ne vous remord
L'horribleté qui à honte vous mène ?
Voyez comment maint jeunes homs est mort
Par offenser et prendre autrui demaine.
Chacun en soi voie sa méprison,
Ne nous vengeons, prenons en patience ;
Nous connoissons que ce monde est prison
Aux vertueux franchis d'impatience ;
Battre, rouiller pour ce n'est pas science,
Tollir, ravir, piller, meurtrir à tort.
De Dieu ne chaut, trop de verté se tort
Qui en tels faits sa jeunesse démène,
Dont à la fin ses poings doloreux tord
Par offenser et prendre autrui demaine.
Que vaut piper, flatter, rire en traison,
Quêter, mentir, affirmer sans fiance,
Farcer, tromper, artifier poison,
Vivre en péché, dormir en défiance
De son prouchain sans avoir confiance ?
Pour ce conclus : de bien faisons effort,
Reprenons coeur, ayons en Dieu confort,
Nous n'avons jour certain en la semaine ;
De nos maux ont nos parents le ressort
Par offenser et prendre autrui demaine.
Vivons en paix, exterminons discord ;
Ieunes et vieux, soyons tous d'un accord :
La loi le veut, l'apôtre le ramène
Licitement en l'épître romaine ;
Ordre nous faut, état ou aucun port.
Notons ces points ; ne laissons le vrai port
Par offenser et prendre autrui demaine.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie
" Car ou soies porteur de bulles,
Pipeur ou hasardeur de dés,
Tailleur de faux coins et te brûles
Comme ceux qui sont échaudés,
Traîtres parjurs, de foi vidés ;
Soies larron, ravis ou pilles :
Où s'en va l'acquêt, que cuidez ?
Tout aux tavernes et aux filles.
" Rime, raille, cymbale, luthes,
Comme fol feintif, éhontés ;
Farce, brouille, joue des flûtes ;
Fais, ès villes et ès cités,
Farces, jeux et moralités,
Gagne au berlan, au glic, aux quilles
Aussi bien va, or écoutez !
Tout aux tavernes et aux filles.
" De tels ordures te recules,
Laboure, fauche champs et prés,
Sers et panse chevaux et mules,
S'aucunement tu n'es lettrés ;
Assez auras, se prends en grés.
Mais, se chanvre broyes ou tilles,
Ne tends ton labour qu'as ouvrés
Tout aux tavernes et aux filles ?
" Chausses, pourpoints aiguilletés,
Robes, et toutes vos drapilles,
Ains que vous fassiez pis, portez
Tout aux tavernes et aux filles.
" Car ou soies porteur de bulles,
Pipeur ou hasardeur de dés,
Tailleur de faux coins et te brûles
Comme ceux qui sont échaudés,
Traîtres parjurs, de foi vidés ;
Soies larron, ravis ou pilles :
Où s'en va l'acquêt, que cuidez ?
Tout aux tavernes et aux filles.
" Rime, raille, cymbale, luthes,
Comme fol feintif, éhontés ;
Farce, brouille, joue des flûtes ;
Fais, ès villes et ès cités,
Farces, jeux et moralités,
Gagne au berlan, au glic, aux quilles
Aussi bien va, or écoutez !
Tout aux tavernes et aux filles.
" De tels ordures te recules,
Laboure, fauche champs et prés,
Sers et panse chevaux et mules,
S'aucunement tu n'es lettrés ;
Assez auras, se prends en grés.
Mais, se chanvre broyes ou tilles,
Ne tends ton labour qu'as ouvrés
Tout aux tavernes et aux filles ?
" Chausses, pourpoints aiguilletés,
Robes, et toutes vos drapilles,
Ains que vous fassiez pis, portez
Tout aux tavernes et aux filles.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade de la belle Heaumière aux filles de joie
" Or y pensez, belle Gautière
Qui écolière souliez être,
Et vous, Blanche la Savetière,
Or est-il temps de vous connaître :
Prenez à dêtre ou à senêtre ;
N'épargnez homme, je vous prie ;
Car vieilles n'ont ne cours ne être,
Ne que monnoie qu'on décrie.
" Et vous, la gente Saucissière
Qui de danser êtes adêtre,
Guillemette la Tapissière,
Ne méprenez vers votre maître :
Tôt vous faudra clore fenêtre,
Quand deviendrez vieille, flétrie :
Plus ne servirez qu'un vieil prêtre,
Ne que monnoie qu'on décrie.
Jeanneton la Chaperonnière,
Gardez qu'ami ne vous empêtre ;
Et Catherine la Boursière,
N'envoyez pas les hommes paître ;
Car qui belle n'est, ne perpètre
Leur male grâce, mais leur rie,
Laide vieillesse amour n'empètre
Ne que monnoie qu'on décrie.
Filles, veuillez vous entremettre
D'écouter pourquoi pleure et crie :
Pour ce que je ne me puis mettre
Ne que monnoie qu'on décrie. "
" Or y pensez, belle Gautière
Qui écolière souliez être,
Et vous, Blanche la Savetière,
Or est-il temps de vous connaître :
Prenez à dêtre ou à senêtre ;
N'épargnez homme, je vous prie ;
Car vieilles n'ont ne cours ne être,
Ne que monnoie qu'on décrie.
" Et vous, la gente Saucissière
Qui de danser êtes adêtre,
Guillemette la Tapissière,
Ne méprenez vers votre maître :
Tôt vous faudra clore fenêtre,
Quand deviendrez vieille, flétrie :
Plus ne servirez qu'un vieil prêtre,
Ne que monnoie qu'on décrie.
Jeanneton la Chaperonnière,
Gardez qu'ami ne vous empêtre ;
Et Catherine la Boursière,
N'envoyez pas les hommes paître ;
Car qui belle n'est, ne perpètre
Leur male grâce, mais leur rie,
Laide vieillesse amour n'empètre
Ne que monnoie qu'on décrie.
Filles, veuillez vous entremettre
D'écouter pourquoi pleure et crie :
Pour ce que je ne me puis mettre
Ne que monnoie qu'on décrie. "
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade de la grosse Margot
Se j'aime et sers la belle de bon hait.
M'en devez-vous tenir ne vil ne sot ?
Elle a en soi des biens à fin souhait.
Pour son amour ceins bouclier et passot ;
Quand viennent gens, je cours et happe un pot,
Au vin m'en vois, sans démener grand bruit ;
Je leur tends eau, fromage, pain et fruit.
S'ils payent bien, je leur dis que " bien stat ;
Retournez ci, quand vous serez en ruit,
En ce bordeau où tenons notre état. "
Mais adoncques il y a grand déhait
Quand sans argent s'en vient coucher Margot ;
Voir ne la puis, mon coeur à mort la hait.
Sa robe prends, demi-ceint et surcot,
Si lui jure qu'il tendra pour l'écot.
Par les côtés se prend cet Antéchrist,
Crie et jure par la mort Jésus-Christ
Que non fera. Lors empoigne un éclat ;
Dessus son nez lui en fais un écrit,
En ce bordeau où tenons notre état.
Puis paix se fait et me fait un gros pet,
Plus enflé qu'un velimeux escarbot.
Riant, m'assied son poing sur mon sommet,
" Go ! go ! " me dit, et me fiert le jambot.
Tous deux ivres, dormons comme un sabot.
Et au réveil, quand le ventre lui bruit,
Monte sur moi que ne gâte son fruit.
Sous elle geins, plus qu'un ais me fais plat,
De paillarder tout elle me détruit,
En ce bordeau où tenons notre état.
Vente, grêle, gèle, j'ai mon pain cuit.
Ie suis paillard, la paillarde me suit.
Lequel vaut mieux ? Chacun bien s'entresuit.
L'un l'autre vaut ; c'est à mau rat mau chat.
Ordure aimons, ordure nous assuit ;
Nous défuyons honneur, il nous défuit,
En ce bordeau où tenons notre état.
Se j'aime et sers la belle de bon hait.
M'en devez-vous tenir ne vil ne sot ?
Elle a en soi des biens à fin souhait.
Pour son amour ceins bouclier et passot ;
Quand viennent gens, je cours et happe un pot,
Au vin m'en vois, sans démener grand bruit ;
Je leur tends eau, fromage, pain et fruit.
S'ils payent bien, je leur dis que " bien stat ;
Retournez ci, quand vous serez en ruit,
En ce bordeau où tenons notre état. "
Mais adoncques il y a grand déhait
Quand sans argent s'en vient coucher Margot ;
Voir ne la puis, mon coeur à mort la hait.
Sa robe prends, demi-ceint et surcot,
Si lui jure qu'il tendra pour l'écot.
Par les côtés se prend cet Antéchrist,
Crie et jure par la mort Jésus-Christ
Que non fera. Lors empoigne un éclat ;
Dessus son nez lui en fais un écrit,
En ce bordeau où tenons notre état.
Puis paix se fait et me fait un gros pet,
Plus enflé qu'un velimeux escarbot.
Riant, m'assied son poing sur mon sommet,
" Go ! go ! " me dit, et me fiert le jambot.
Tous deux ivres, dormons comme un sabot.
Et au réveil, quand le ventre lui bruit,
Monte sur moi que ne gâte son fruit.
Sous elle geins, plus qu'un ais me fais plat,
De paillarder tout elle me détruit,
En ce bordeau où tenons notre état.
Vente, grêle, gèle, j'ai mon pain cuit.
Ie suis paillard, la paillarde me suit.
Lequel vaut mieux ? Chacun bien s'entresuit.
L'un l'autre vaut ; c'est à mau rat mau chat.
Ordure aimons, ordure nous assuit ;
Nous défuyons honneur, il nous défuit,
En ce bordeau où tenons notre état.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade de merci
A Chartreux et à Célestins,
A Mendiants et à Dévotes,
A musards et claquepatins,
A servants et filles mignottes
Portants surcots et justes cottes,
A cuidereaux d'amour transis,
Chaussant sans méhaing fauves bottes,
Je crie à toutes gens mercis.
A fillettes montrant tétins,
Pour avoir plus largement hôtes,
A ribleurs, mouveurs de hutins
A bateleurs trayant marmottes,
A fous, folles, à sots, à sottes,
Qui s'en vont sifflant six à six
A vessies et mariottes,
Je crie à toutes gens mercis,
Sinon aux traîtres chiens mâtins
Qui m'ont fait ronger dures crôtes,
Mâcher maints soirs et maints matins,
Qu'ores je ne crains trois crottes.
Je fisse pour eux pets et rottes ;
Je ne puis, car je suis assis.
Au fort, pour éviter riottes,
Je crie à toutes gens mercis.
Qu'on leur froisse les quinze côtes
De gros maillets forts et massis,
De plombées et tels pelotes.
Je crie à toutes gens mercis.
A Chartreux et à Célestins,
A Mendiants et à Dévotes,
A musards et claquepatins,
A servants et filles mignottes
Portants surcots et justes cottes,
A cuidereaux d'amour transis,
Chaussant sans méhaing fauves bottes,
Je crie à toutes gens mercis.
A fillettes montrant tétins,
Pour avoir plus largement hôtes,
A ribleurs, mouveurs de hutins
A bateleurs trayant marmottes,
A fous, folles, à sots, à sottes,
Qui s'en vont sifflant six à six
A vessies et mariottes,
Je crie à toutes gens mercis,
Sinon aux traîtres chiens mâtins
Qui m'ont fait ronger dures crôtes,
Mâcher maints soirs et maints matins,
Qu'ores je ne crains trois crottes.
Je fisse pour eux pets et rottes ;
Je ne puis, car je suis assis.
Au fort, pour éviter riottes,
Je crie à toutes gens mercis.
Qu'on leur froisse les quinze côtes
De gros maillets forts et massis,
De plombées et tels pelotes.
Je crie à toutes gens mercis.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade des contre-vérités
Il n'est soin que quand on a faim
Ne service que d'ennemi,
Ne mâcher qu'un botel de fain,
Ne fort guet que d'homme endormi,
Ne clémence que félonie,
N'assurance que de peureux,
Ne foi que d'homme qui renie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
Il n'est engendrement qu'en boin
Ne bon bruit que d'homme banni,
Ne ris qu'après un coup de poing,
Ne lotz que dettes mettre en ni,
Ne vraie amour qu'en flatterie,
N'encontre que de malheureux,
Ne vrai rapport que menterie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
Ne tel repos que vivre en soin,
N'honneur porter que dire : " Fi ! ",
Ne soi vanter que de faux coin,
Ne santé que d'homme bouffi,
Ne haut vouloir que couardie,
Ne conseil que de furieux,
Ne douceur qu'en femme étourdie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
Voulez-vous que verté vous dire ?
Il n'est jouer qu'en maladie,
Lettre vraie qu'en tragédie,
Lâche homme que chevalereux,
Orrible son que mélodie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
Il n'est soin que quand on a faim
Ne service que d'ennemi,
Ne mâcher qu'un botel de fain,
Ne fort guet que d'homme endormi,
Ne clémence que félonie,
N'assurance que de peureux,
Ne foi que d'homme qui renie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
Il n'est engendrement qu'en boin
Ne bon bruit que d'homme banni,
Ne ris qu'après un coup de poing,
Ne lotz que dettes mettre en ni,
Ne vraie amour qu'en flatterie,
N'encontre que de malheureux,
Ne vrai rapport que menterie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
Ne tel repos que vivre en soin,
N'honneur porter que dire : " Fi ! ",
Ne soi vanter que de faux coin,
Ne santé que d'homme bouffi,
Ne haut vouloir que couardie,
Ne conseil que de furieux,
Ne douceur qu'en femme étourdie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
Voulez-vous que verté vous dire ?
Il n'est jouer qu'en maladie,
Lettre vraie qu'en tragédie,
Lâche homme que chevalereux,
Orrible son que mélodie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade des Dames du temps jadis
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade des femmes de Paris
Quoiqu'on tient belles langagères
Florentines, Vénitiennes,
Assez pour être messagères,
Et mêmement les anciennes,
Mais soient Lombardes, Romaines.
Genevoises, à mes périls,
Pimontoises, savoisiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
De beau parler tiennent chaïères,
Ce dit-on, les Napolitaines,
Et sont très bonnes caquetières
Allemandes et Prussiennes ;
Soient Grecques, Egyptiennes,
De Hongrie ou d'autres pays,
Espagnoles ou Catelennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
Brettes, Suisses n'y savent guères,
Gasconnes, n'aussi Toulousaines :
De Petit Pont deux harengères
Les concluront, et les Lorraines,
Angloises et Calaisiennes,
(Ai-je beaucoup de lieux compris ?)
Picardes de Valenciennes ;
Il n'est bon bec que de Paris.
Prince, aux dames parisiennes
De bien parler donnez le prix ;
Quoi que l'on die d'Italiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
Quoiqu'on tient belles langagères
Florentines, Vénitiennes,
Assez pour être messagères,
Et mêmement les anciennes,
Mais soient Lombardes, Romaines.
Genevoises, à mes périls,
Pimontoises, savoisiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
De beau parler tiennent chaïères,
Ce dit-on, les Napolitaines,
Et sont très bonnes caquetières
Allemandes et Prussiennes ;
Soient Grecques, Egyptiennes,
De Hongrie ou d'autres pays,
Espagnoles ou Catelennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
Brettes, Suisses n'y savent guères,
Gasconnes, n'aussi Toulousaines :
De Petit Pont deux harengères
Les concluront, et les Lorraines,
Angloises et Calaisiennes,
(Ai-je beaucoup de lieux compris ?)
Picardes de Valenciennes ;
Il n'est bon bec que de Paris.
Prince, aux dames parisiennes
De bien parler donnez le prix ;
Quoi que l'on die d'Italiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade des menus propos
Je connois bien mouches en lait,
Je connois à la robe l'homme,
Je connois le beau temps du laid,
Je connois au pommier la pomme,
Je connois l'arbre à voir la gomme,
Je connois quand tout est de mêmes,
Je connois qui besogne ou chomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Je connois pourpoint au collet,
Je connois le moine à la gonne,
Je connois le maître au valet,
Je connois au voile la nonne,
Je connois quand pipeur jargonne,
Je connois fous nourris de crèmes,
Je connois le vin à la tonne,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Je connois cheval et mulet,
Je connois leur charge et leur somme,
Je connois Biatris et Belet,
Je connois jet qui nombre et somme,
Je connois vision et somme,
Je connois la faute des Boemes,
Je connois le pouvoir de Rome,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Prince, je connois tout en somme,
Je connois coulourés et blêmes,
Je connois mort qui tout consomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Je connois bien mouches en lait,
Je connois à la robe l'homme,
Je connois le beau temps du laid,
Je connois au pommier la pomme,
Je connois l'arbre à voir la gomme,
Je connois quand tout est de mêmes,
Je connois qui besogne ou chomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Je connois pourpoint au collet,
Je connois le moine à la gonne,
Je connois le maître au valet,
Je connois au voile la nonne,
Je connois quand pipeur jargonne,
Je connois fous nourris de crèmes,
Je connois le vin à la tonne,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Je connois cheval et mulet,
Je connois leur charge et leur somme,
Je connois Biatris et Belet,
Je connois jet qui nombre et somme,
Je connois vision et somme,
Je connois la faute des Boemes,
Je connois le pouvoir de Rome,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Prince, je connois tout en somme,
Je connois coulourés et blêmes,
Je connois mort qui tout consomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade des proverbes
Tant gratte chèvre que mal gît,
Tant va le pot à l'eau qu'il brise,
Tant chauffe-on le fer qu'il rougit,
Tant le maille-on qu'il se débrise,
Tant vaut l'homme comme on le prise,
Tant s'élogne-il qu'il n'en souvient,
Tant mauvais est qu'on le déprise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Tant parle-on qu'on se contredit,
Tant vaut bon bruit que grâce acquise,
Tant promet-on qu'on s'en dédit,
Tant prie-on que chose est acquise,
Tant plus est chère et plus est quise,
Tant la quiert-on qu'on y parvient,
Tant plus commune et moins requise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Tant aime-on chien qu'on le nourrit,
Tant court chanson qu'elle est apprise,
Tant garde-on fruit qu'il se pourrit,
Tant bat-on place qu'elle est prise,
Tant tarde-on que faut l'entreprise,
Tant se hâte-on que mal advient,
Tant embrasse-on que chet la prise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Tant raille-on que plus on n'en rit,
Tant dépent-on qu'on n'a chemise,
Tant est-on franc que tout y frit,
Tant vaut "Tiens !" que chose promise,
Tant aime-on Dieu qu'on fuit l'Eglise,
Tant donne-on qu'emprunter convient,
Tant tourne vent qu'il chet en bise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Prince, tant vit fol qu'il s'avise,
Tant va-il qu'après il revient,
Tant le mate-on qu'il se ravise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Tant gratte chèvre que mal gît,
Tant va le pot à l'eau qu'il brise,
Tant chauffe-on le fer qu'il rougit,
Tant le maille-on qu'il se débrise,
Tant vaut l'homme comme on le prise,
Tant s'élogne-il qu'il n'en souvient,
Tant mauvais est qu'on le déprise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Tant parle-on qu'on se contredit,
Tant vaut bon bruit que grâce acquise,
Tant promet-on qu'on s'en dédit,
Tant prie-on que chose est acquise,
Tant plus est chère et plus est quise,
Tant la quiert-on qu'on y parvient,
Tant plus commune et moins requise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Tant aime-on chien qu'on le nourrit,
Tant court chanson qu'elle est apprise,
Tant garde-on fruit qu'il se pourrit,
Tant bat-on place qu'elle est prise,
Tant tarde-on que faut l'entreprise,
Tant se hâte-on que mal advient,
Tant embrasse-on que chet la prise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Tant raille-on que plus on n'en rit,
Tant dépent-on qu'on n'a chemise,
Tant est-on franc que tout y frit,
Tant vaut "Tiens !" que chose promise,
Tant aime-on Dieu qu'on fuit l'Eglise,
Tant donne-on qu'emprunter convient,
Tant tourne vent qu'il chet en bise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
Prince, tant vit fol qu'il s'avise,
Tant va-il qu'après il revient,
Tant le mate-on qu'il se ravise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade des Seigneurs du temps jadis
Qui plus, où est li tiers Calixte,
Dernier décédé de ce nom,
Qui quatre ans tint le papaliste,
Alphonse le roi d'Aragon,
Le gracieux duc de Bourbon,
Et Artus le duc de Bretagne,
Et Charles septième le bon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
Semblablement, le roi scotiste
Qui demi face ot, ce dit-on,
Vermeille comme une émastiste
Depuis le front jusqu'au menton,
Le roi de Chypre de renom,
Hélas ! et le bon roi d'Espagne
Duquel je ne sais pas le nom ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
D'en plus parler je me désiste ;
Ce n'est que toute abusion.
Il n'est qui contre mort résiste
Ne qui treuve provision.
Encor fais une question :
Lancelot le roi de Behaygne,
Où est-il ? où est son tayon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
Où est Claquin, le bon Breton ?
Où le comte Dauphin d'Auvergne,
Et le bon feu duc d'Alençon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
Qui plus, où est li tiers Calixte,
Dernier décédé de ce nom,
Qui quatre ans tint le papaliste,
Alphonse le roi d'Aragon,
Le gracieux duc de Bourbon,
Et Artus le duc de Bretagne,
Et Charles septième le bon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
Semblablement, le roi scotiste
Qui demi face ot, ce dit-on,
Vermeille comme une émastiste
Depuis le front jusqu'au menton,
Le roi de Chypre de renom,
Hélas ! et le bon roi d'Espagne
Duquel je ne sais pas le nom ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
D'en plus parler je me désiste ;
Ce n'est que toute abusion.
Il n'est qui contre mort résiste
Ne qui treuve provision.
Encor fais une question :
Lancelot le roi de Behaygne,
Où est-il ? où est son tayon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
Où est Claquin, le bon Breton ?
Où le comte Dauphin d'Auvergne,
Et le bon feu duc d'Alençon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade du concours de Blois
Je meurs de seuf auprès de la fontaine,
Chaud comme feu, et tremble dent à dent ;
En mon pays suis en terre lointaine ;
Lez un brasier frissonne tout ardent ;
Nu comme un ver, vêtu en président,
Je ris en pleurs et attends sans espoir ;
Confort reprends en triste désespoir ;
Je m'éjouis et n'ai plaisir aucun ;
Puissant je suis sans force et sans pouvoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
Rien ne m'est sûr que la chose incertaine ;
Obscur, fors ce qui est tout évident ;
Doute ne fais, fors en chose certaine ;
Science tiens à soudain accident ;
Je gagne tout et demeure perdant ;
Au point du jour dis : " Dieu vous doint bon soir ! "
Gisant envers, j'ai grand paour de choir ;
J'ai bien de quoi et si n'en ai pas un ;
Echoite attends et d'homme ne suis hoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
De rien n'ai soin, si mets toute ma peine
D'acquérir biens et n'y suis prétendant ;
Qui mieux me dit, c'est cil qui plus m'ataine,
Et qui plus vrai, lors plus me va bourdant ;
Mon ami est, qui me fait entendant
D'un cygne blanc que c'est un corbeau noir ;
Et qui me nuit, crois qu'il m'aide à pourvoir ;
Bourde, verté, aujourd'hui m'est tout un ;
Je retiens tout, rien ne sait concevoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
Prince clément, or vous plaise savoir
Que j'entends mout et n'ai sens ne savoir :
Partial suis, à toutes lois commun.
Que sais-je plus ? Quoi ? Les gages ravoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
Je meurs de seuf auprès de la fontaine,
Chaud comme feu, et tremble dent à dent ;
En mon pays suis en terre lointaine ;
Lez un brasier frissonne tout ardent ;
Nu comme un ver, vêtu en président,
Je ris en pleurs et attends sans espoir ;
Confort reprends en triste désespoir ;
Je m'éjouis et n'ai plaisir aucun ;
Puissant je suis sans force et sans pouvoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
Rien ne m'est sûr que la chose incertaine ;
Obscur, fors ce qui est tout évident ;
Doute ne fais, fors en chose certaine ;
Science tiens à soudain accident ;
Je gagne tout et demeure perdant ;
Au point du jour dis : " Dieu vous doint bon soir ! "
Gisant envers, j'ai grand paour de choir ;
J'ai bien de quoi et si n'en ai pas un ;
Echoite attends et d'homme ne suis hoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
De rien n'ai soin, si mets toute ma peine
D'acquérir biens et n'y suis prétendant ;
Qui mieux me dit, c'est cil qui plus m'ataine,
Et qui plus vrai, lors plus me va bourdant ;
Mon ami est, qui me fait entendant
D'un cygne blanc que c'est un corbeau noir ;
Et qui me nuit, crois qu'il m'aide à pourvoir ;
Bourde, verté, aujourd'hui m'est tout un ;
Je retiens tout, rien ne sait concevoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
Prince clément, or vous plaise savoir
Que j'entends mout et n'ai sens ne savoir :
Partial suis, à toutes lois commun.
Que sais-je plus ? Quoi ? Les gages ravoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade en vieil langage françois
Car, ou soit ly sains appostolles
D'aubes vestuz, d'amys coeffez,
Qui ne seint fors saintes estolles
Dont par le col prent ly mauffez
De mal talant tous eschauffez,
Aussi bien meurt que filz servans,
De ceste vie cy brassez :
Autant en emporte ly vens.
Voire, ou soit de Constantinobles
L'emperieres au poing dorez,
Ou de France le roy tres nobles,
Sur tous autres roys decorez,
Qui pour luy grant Dieux adorez
Batist esglises et couvens,
S'en son temps il fut honnorez,
Autant en emporte ly vens.
Ou soit de Vienne et Grenobles
Ly Dauphin, le preux, ly senez,
Ou de Digons, Salins et Dolles
Ly sires filz le plus esnez,
Ou autant de leurs gens prenez,
Heraux, trompectes, poursuivans,
Ont ilz bien boutez soubz le nez ?
Autant en emporte ly vens.
Prince a mort sont tous destinez,
Et tous autres qui sont vivans :
S'ils en sont courciez n'atinez,
Autant en emporte ly vens.
Car, ou soit ly sains appostolles
D'aubes vestuz, d'amys coeffez,
Qui ne seint fors saintes estolles
Dont par le col prent ly mauffez
De mal talant tous eschauffez,
Aussi bien meurt que filz servans,
De ceste vie cy brassez :
Autant en emporte ly vens.
Voire, ou soit de Constantinobles
L'emperieres au poing dorez,
Ou de France le roy tres nobles,
Sur tous autres roys decorez,
Qui pour luy grant Dieux adorez
Batist esglises et couvens,
S'en son temps il fut honnorez,
Autant en emporte ly vens.
Ou soit de Vienne et Grenobles
Ly Dauphin, le preux, ly senez,
Ou de Digons, Salins et Dolles
Ly sires filz le plus esnez,
Ou autant de leurs gens prenez,
Heraux, trompectes, poursuivans,
Ont ilz bien boutez soubz le nez ?
Autant en emporte ly vens.
Prince a mort sont tous destinez,
Et tous autres qui sont vivans :
S'ils en sont courciez n'atinez,
Autant en emporte ly vens.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade et oraison
Père Noé, qui plantâtes la vigne,
Vous aussi, Loth, qui bûtes ou rocher,
Par tel parti qu'Amour qui gens engigne
De vos filles si vous fit approcher
(Pas ne le dis pour le vous reprocher),
Archetriclin, qui bien sûtes cet art,
Tous trois vous pri que vous veuillez prêcher
L'âme du bon feu maître Jean Cotart !
Jadis extrait il fut de votre ligne,
Lui qui buvoit du meilleur et plus cher,
Et ne dût-il avoir vaillant un pigne ;
Certes, sur tous, c'étoit un bon archer :
On ne lui sut pot des mains arracher ;
De bien boire oncques ne fut fêtart.
Nobles seigneurs, ne souffrez empêcher
L'âme du bon feu maître Jean Cotart !
Comme homme vieil qui chancelle et trépigne,
L'ai vu souvent, quand il s'alloit coucher,
Et une fois il se fit une bigne,
Bien m'en souvient, pour la pie juchier ;
Bref, on n'eût su en ce monde cercher
Meilleur pïon, pour boire tôt ou tard.
Faites entrer quand vous orrez hucher
L'âme du bon feu maître Jean Cotart !
Prince, il n'eût su jusqu'à terre cracher ;
Toujours crioit : " Haro ! la gorge m'ard. "
Et si ne sût onc sa seuf étancher
L'âme du bon feu maître Jean Cotart.
Père Noé, qui plantâtes la vigne,
Vous aussi, Loth, qui bûtes ou rocher,
Par tel parti qu'Amour qui gens engigne
De vos filles si vous fit approcher
(Pas ne le dis pour le vous reprocher),
Archetriclin, qui bien sûtes cet art,
Tous trois vous pri que vous veuillez prêcher
L'âme du bon feu maître Jean Cotart !
Jadis extrait il fut de votre ligne,
Lui qui buvoit du meilleur et plus cher,
Et ne dût-il avoir vaillant un pigne ;
Certes, sur tous, c'étoit un bon archer :
On ne lui sut pot des mains arracher ;
De bien boire oncques ne fut fêtart.
Nobles seigneurs, ne souffrez empêcher
L'âme du bon feu maître Jean Cotart !
Comme homme vieil qui chancelle et trépigne,
L'ai vu souvent, quand il s'alloit coucher,
Et une fois il se fit une bigne,
Bien m'en souvient, pour la pie juchier ;
Bref, on n'eût su en ce monde cercher
Meilleur pïon, pour boire tôt ou tard.
Faites entrer quand vous orrez hucher
L'âme du bon feu maître Jean Cotart !
Prince, il n'eût su jusqu'à terre cracher ;
Toujours crioit : " Haro ! la gorge m'ard. "
Et si ne sût onc sa seuf étancher
L'âme du bon feu maître Jean Cotart.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade finale
Ici se clôt le testament
Et finit du pauvre Villon.
Venez à son enterrement,
Quand vous orrez le carillon,
Vêtus rouge com vermillon,
Car en amour mourut martyr :
Ce jura-t-il sur son couillon
Quand de ce monde vout partir.
Et je crois bien que pas n'en ment,
Car chassé fut comme un souillon
De ses amours haineusement,
Tant que, d'ici à Roussillon,
Brosse n'y a ne brossillon
Qui n'eût, ce dit-il sans mentir,
Un lambeau de son cotillon,
Quand de ce monde vout partir.
Il est ainsi et tellement,
Quand mourut n'avoit qu'un haillon ;
Qui plus, en mourant, malement
L'époignoit d'Amour l'aiguillon ;
Plus aigu que le ranguillon
D'un baudrier lui faisoit sentir
(C'est de quoi nous émerveillon)
Quand de ce monde vout partir.
Prince, gent comme émerillon,
Sachez qu'il fit au départir :
Un trait but de vin morillon,
Quand de ce monde vout partir.
Ici se clôt le testament
Et finit du pauvre Villon.
Venez à son enterrement,
Quand vous orrez le carillon,
Vêtus rouge com vermillon,
Car en amour mourut martyr :
Ce jura-t-il sur son couillon
Quand de ce monde vout partir.
Et je crois bien que pas n'en ment,
Car chassé fut comme un souillon
De ses amours haineusement,
Tant que, d'ici à Roussillon,
Brosse n'y a ne brossillon
Qui n'eût, ce dit-il sans mentir,
Un lambeau de son cotillon,
Quand de ce monde vout partir.
Il est ainsi et tellement,
Quand mourut n'avoit qu'un haillon ;
Qui plus, en mourant, malement
L'époignoit d'Amour l'aiguillon ;
Plus aigu que le ranguillon
D'un baudrier lui faisoit sentir
(C'est de quoi nous émerveillon)
Quand de ce monde vout partir.
Prince, gent comme émerillon,
Sachez qu'il fit au départir :
Un trait but de vin morillon,
Quand de ce monde vout partir.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade pour prier Notre Dame
Dame du ciel, régente terrienne,
Emperière des infernaux palus,
Recevez-moi, votre humble chrétienne,
Que comprise soie entre vos élus,
Ce nonobstant qu'oncques rien ne valus.
Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse
Sont bien plus grands que ne suis pécheresse,
Sans lesquels biens âme ne peut mérir
N'avoir les cieux. Je n'en suis jangleresse :
En cette foi je veuil vivre et mourir.
A votre Fils dites que je suis sienne ;
De lui soient mes péchés abolus ;
Pardonne moi comme à l'Egyptienne,
Ou comme il fit au clerc Theophilus,
Lequel par vous fut quitte et absolus,
Combien qu'il eût au diable fait promesse
Préservez-moi de faire jamais ce,
Vierge portant, sans rompure encourir,
Le sacrement qu'on célèbre à la messe :
En cette foi je veuil vivre et mourir.
Femme je suis pauvrette et ancienne,
Qui riens ne sais ; oncques lettres ne lus.
Au moutier vois, dont suis paroissienne,
Paradis peint, où sont harpes et luths,
Et un enfer où damnés sont boullus :
L'un me fait peur, l'autre joie et liesse.
La joie avoir me fais, haute Déesse,
A qui pécheurs doivent tous recourir,
Comblés de foi, sans feinte ne paresse :
En cette foi je veuil vivre et mourir.
Vous portâtes, digne Vierge, princesse,
Iésus régnant qui n'a ni fin ni cesse.
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,
Laissa les cieux et nous vint secourir,
Offrit à mort sa très chère jeunesse ;
Notre Seigneur tel est, tel le confesse :
En cette foi je veuil vivre et mourir.
Dame du ciel, régente terrienne,
Emperière des infernaux palus,
Recevez-moi, votre humble chrétienne,
Que comprise soie entre vos élus,
Ce nonobstant qu'oncques rien ne valus.
Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse
Sont bien plus grands que ne suis pécheresse,
Sans lesquels biens âme ne peut mérir
N'avoir les cieux. Je n'en suis jangleresse :
En cette foi je veuil vivre et mourir.
A votre Fils dites que je suis sienne ;
De lui soient mes péchés abolus ;
Pardonne moi comme à l'Egyptienne,
Ou comme il fit au clerc Theophilus,
Lequel par vous fut quitte et absolus,
Combien qu'il eût au diable fait promesse
Préservez-moi de faire jamais ce,
Vierge portant, sans rompure encourir,
Le sacrement qu'on célèbre à la messe :
En cette foi je veuil vivre et mourir.
Femme je suis pauvrette et ancienne,
Qui riens ne sais ; oncques lettres ne lus.
Au moutier vois, dont suis paroissienne,
Paradis peint, où sont harpes et luths,
Et un enfer où damnés sont boullus :
L'un me fait peur, l'autre joie et liesse.
La joie avoir me fais, haute Déesse,
A qui pécheurs doivent tous recourir,
Comblés de foi, sans feinte ne paresse :
En cette foi je veuil vivre et mourir.
Vous portâtes, digne Vierge, princesse,
Iésus régnant qui n'a ni fin ni cesse.
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,
Laissa les cieux et nous vint secourir,
Offrit à mort sa très chère jeunesse ;
Notre Seigneur tel est, tel le confesse :
En cette foi je veuil vivre et mourir.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Ballade pour Robert d'Estouteville
Au point du jour, que l'éprevier s'ébat,
Mû de plaisir et par noble coutume,
Bruit la mauvis et de joie s'ébat,
Reçoit son pair et se joint à sa plume,
Offrir vous veuil, à ce Désir m'allume,
Ioyeusement ce qu'aux amants bon semble.
Sachez qu'Amour l'écrit en son volume,
Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.
Dame serez de mon coeur, sans débat,
Entièrement, jusque mort me consume,
Laurier souef qui pour mon droit combat,
Olivier franc m'ôtant toute amertume.
Raison ne veut que je désaccoutume
(Et en ce veuil avec elle m'assemble),
De vous servir, mais que m'y accoutume ;
Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.
Et qui plus est, quand deuil sur moi s'embat
Par Fortune qui souvent si se fume,
Votre doux oeil sa malice rabat,
Ne mais ne mains que le vent fait la fume.
Si ne perds pas la graine que je sume
En votre champ quand le fruit me ressemble.
Dieu m'ordonne que le fouïsse et fume ;
Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.
Princesse, oyez ce que ci vous résume :
Que le mien coeur du vôtre désassemble
Ja ne sera : tant de vous en présume ;
Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.
Au point du jour, que l'éprevier s'ébat,
Mû de plaisir et par noble coutume,
Bruit la mauvis et de joie s'ébat,
Reçoit son pair et se joint à sa plume,
Offrir vous veuil, à ce Désir m'allume,
Ioyeusement ce qu'aux amants bon semble.
Sachez qu'Amour l'écrit en son volume,
Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.
Dame serez de mon coeur, sans débat,
Entièrement, jusque mort me consume,
Laurier souef qui pour mon droit combat,
Olivier franc m'ôtant toute amertume.
Raison ne veut que je désaccoutume
(Et en ce veuil avec elle m'assemble),
De vous servir, mais que m'y accoutume ;
Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.
Et qui plus est, quand deuil sur moi s'embat
Par Fortune qui souvent si se fume,
Votre doux oeil sa malice rabat,
Ne mais ne mains que le vent fait la fume.
Si ne perds pas la graine que je sume
En votre champ quand le fruit me ressemble.
Dieu m'ordonne que le fouïsse et fume ;
Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.
Princesse, oyez ce que ci vous résume :
Que le mien coeur du vôtre désassemble
Ja ne sera : tant de vous en présume ;
Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Belle leçon aux enfants perdus
" Beaux enfants, vous perdrez la plus
Belle rose de vo chapeau ;
Mes clercs près prenant comme glus,
Se vous allez à Montpipeau
Ou à Ruel, gardez la peau :
Car, pour s'ébattre en ces deux lieux,
Cuidant que vausît le rappeau,
Le perdit Colin de Cayeux.
" Ce n'est pas un jeu de trois mailles,
Où va corps, et peut-être l'âme.
Qui perd, rien n'y sont repentailles
Qu'on n'en meure à honte et diffame ;
Et qui gagne n'a pas à femme
Dido, la reine de Carthage.
L'homme est donc bien fol et infâme
Qui, pour si peu, couche tel gage.
" Qu'un chacun encore m'écoute !
On dit, et il est vérité,
Que charterie se boit toute,
Au feu l'hiver, au bois l'été.
S'argent avez, il n'est enté,
Mais le dépendez tôt et vite.
Qui en voyez-vous hérité ?
Jamais mal acquît ne profite.
" Beaux enfants, vous perdrez la plus
Belle rose de vo chapeau ;
Mes clercs près prenant comme glus,
Se vous allez à Montpipeau
Ou à Ruel, gardez la peau :
Car, pour s'ébattre en ces deux lieux,
Cuidant que vausît le rappeau,
Le perdit Colin de Cayeux.
" Ce n'est pas un jeu de trois mailles,
Où va corps, et peut-être l'âme.
Qui perd, rien n'y sont repentailles
Qu'on n'en meure à honte et diffame ;
Et qui gagne n'a pas à femme
Dido, la reine de Carthage.
L'homme est donc bien fol et infâme
Qui, pour si peu, couche tel gage.
" Qu'un chacun encore m'écoute !
On dit, et il est vérité,
Que charterie se boit toute,
Au feu l'hiver, au bois l'été.
S'argent avez, il n'est enté,
Mais le dépendez tôt et vite.
Qui en voyez-vous hérité ?
Jamais mal acquît ne profite.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Chanson
Au retour de dure prison
Où j'ai laissé presque la vie,
Se Fortune a sur moi envie
Jugez s'elle fait méprison !
Il me semble que, par raison,
Elle dût bien être assouvie
Au retour.
Se si pleine est de déraison
Que veuille que du tout dévie
Plaise à Dieu que l'âme ravie
En soit lassus, en sa maison,
Au retour !
Au retour de dure prison
Où j'ai laissé presque la vie,
Se Fortune a sur moi envie
Jugez s'elle fait méprison !
Il me semble que, par raison,
Elle dût bien être assouvie
Au retour.
Se si pleine est de déraison
Que veuille que du tout dévie
Plaise à Dieu que l'âme ravie
En soit lassus, en sa maison,
Au retour !
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Double ballade
Pour ce, aimez tant que voudrez,
Suivez assemblées et fêtes,
En la fin ja mieux n'en vaudrez
Et n'y romperez que vos têtes ;
Folles amours font les gens bêtes :
Salmon en idolatria,
Samson en perdit ses lunettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !
Orpheüs le doux ménétrier,
Jouant de flûtes et musettes,
En fut en danger du meurtrier
Chien Cerbérus à quatre têtes ;
Et Narcissus, le bel honnêtes ,
En un parfond puits se noya
Pour l'amour de ses amourettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !
Sardana, le preux chevalier
Qui conquit le règne de Crètes,
En voulut devenir moulier
Et filer entre pucelettes ;
David le roi, sage prophètes,
Crainte de Dieu en oublia,
Voyant laver cuisses bien faites.
Bien heureux est qui rien n'y a !
Amon en vout déshonourer,
Feignant de manger tartelettes,
Sa soeur Thamar et déflourer,
Qui fut chose mout déshonnêtes ;
Hérode, pas ne sont sornettes,
Saint Jean-Baptiste en décola
Pour danses, sauts et chansonnettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !
De moi, pauvre, je veuil parler :
J'en fus battu comme à ru teles,
Tout nu, ja ne le quiers celer.
Qui me fit mâcher ces groselles,
Fors Catherine de Vaucelles ?
Noël, le tiers, ait, qui fut la,
Mitaines à ces noces telles !
Bien heureux est qui rien n'y a !
Mais que ce jeune bacheler
Laissât ces jeunes bachelettes ?
Non ! et le dût-on brûler
Comme un chevaucheur d'écouvettes.
Plus douces lui sont que civettes ;
Mais toutefois fol s'y fia :
Soient blanches, soient brunettes,
Bien heureux est qui rien n'y a !
Pour ce, aimez tant que voudrez,
Suivez assemblées et fêtes,
En la fin ja mieux n'en vaudrez
Et n'y romperez que vos têtes ;
Folles amours font les gens bêtes :
Salmon en idolatria,
Samson en perdit ses lunettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !
Orpheüs le doux ménétrier,
Jouant de flûtes et musettes,
En fut en danger du meurtrier
Chien Cerbérus à quatre têtes ;
Et Narcissus, le bel honnêtes ,
En un parfond puits se noya
Pour l'amour de ses amourettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !
Sardana, le preux chevalier
Qui conquit le règne de Crètes,
En voulut devenir moulier
Et filer entre pucelettes ;
David le roi, sage prophètes,
Crainte de Dieu en oublia,
Voyant laver cuisses bien faites.
Bien heureux est qui rien n'y a !
Amon en vout déshonourer,
Feignant de manger tartelettes,
Sa soeur Thamar et déflourer,
Qui fut chose mout déshonnêtes ;
Hérode, pas ne sont sornettes,
Saint Jean-Baptiste en décola
Pour danses, sauts et chansonnettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !
De moi, pauvre, je veuil parler :
J'en fus battu comme à ru teles,
Tout nu, ja ne le quiers celer.
Qui me fit mâcher ces groselles,
Fors Catherine de Vaucelles ?
Noël, le tiers, ait, qui fut la,
Mitaines à ces noces telles !
Bien heureux est qui rien n'y a !
Mais que ce jeune bacheler
Laissât ces jeunes bachelettes ?
Non ! et le dût-on brûler
Comme un chevaucheur d'écouvettes.
Plus douces lui sont que civettes ;
Mais toutefois fol s'y fia :
Soient blanches, soient brunettes,
Bien heureux est qui rien n'y a !
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Épitaphe et rondeau
Ci gît et dort en ce solier,
Qu'amour occit de son raillon,
Un pauvre petit écolier
Qui fut nommé François Villon.
Oncques de terre n'eut sillon.
Il donna tout, chacun le sait :
Table, tréteaux, pain, corbillon.
Pour Dieu, dites-en ce verset :
Repos éternel donne à cil,
Sire, et clarté perpétuelle,
Qui vaillant plat ni écuelle
N'eut oncques, n'un brin de persil.
Il fut rés, chef, barbe et sourcils,
Comme un navet qu'on ret ou pèle.
Repos éternel donne à cil.
Rigueur le transmit en exil
Et lui frappa au cul la pelle,
Nonobstant qu'il dît : " J'en appelle ! "
Qui n'est pas terme trop subtil.
Repos éternel donne à cil.
Ci gît et dort en ce solier,
Qu'amour occit de son raillon,
Un pauvre petit écolier
Qui fut nommé François Villon.
Oncques de terre n'eut sillon.
Il donna tout, chacun le sait :
Table, tréteaux, pain, corbillon.
Pour Dieu, dites-en ce verset :
Repos éternel donne à cil,
Sire, et clarté perpétuelle,
Qui vaillant plat ni écuelle
N'eut oncques, n'un brin de persil.
Il fut rés, chef, barbe et sourcils,
Comme un navet qu'on ret ou pèle.
Repos éternel donne à cil.
Rigueur le transmit en exil
Et lui frappa au cul la pelle,
Nonobstant qu'il dît : " J'en appelle ! "
Qui n'est pas terme trop subtil.
Repos éternel donne à cil.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Épître à mes amis
Ayez pitié, ayez pitié de moi,
A tout le moins, s'il vous plaît, mes amis !
En fosse gis, non pas sous houx ne mai,
En cet exil ouquel je suis transmis
Par Fortune, comme Dieu l'a permis.
Filles aimant jeunes gens et nouveaux,
Danseurs, sauteurs, faisant les pieds de veaux,
Vifs comme dards, aigus comme aiguillon,
Gousiers tintant clair comme cascaveaux,
Le laisserez là, le pauvre Villon ?
Chantres chantant à plaisance, sans loi,
Galants riant, plaisants en faits et dits,
Coureux allant francs de faux or, d'aloi,
Gens d'esperit, un petit étourdis,
Trop demourez, car il meurt entandis.
Faiseurs de lais, de motets et rondeaux,
Quand mort sera, vous lui ferez chaudeaux !
Où gît, il n'entre éclair ne tourbillon :
De murs épais on lui a fait bandeaux.
Le laisserez là, le pauvre Villon ?
Venez le voir en ce piteux arroi,
Nobles hommes, francs de quart et de dix,
Qui ne tenez d'empereur ne de roi,
Mais seulement de Dieu de paradis ;
Jeûner lui faut dimanches et merdis,
Dont les dents a plus longues que râteaux ;
Après pain sec, non pas après gâteaux,
En ses boyaux verse eau à gros bouillon ;
Bas en terre, table n'a ne tréteaux.
Le laisserez là, le pauvre Villon ?
Princes nommés, anciens, jouvenceaux,
lmpétrez-moi grâces et royaux sceaux,
Et me montez en quelque corbillon.
Ainsi le font, l'un à l'autre, pourceaux,
Car, où l'un brait, ils fuient à monceaux.
Le laisserez là, le pauvre Villon ?
Ayez pitié, ayez pitié de moi,
A tout le moins, s'il vous plaît, mes amis !
En fosse gis, non pas sous houx ne mai,
En cet exil ouquel je suis transmis
Par Fortune, comme Dieu l'a permis.
Filles aimant jeunes gens et nouveaux,
Danseurs, sauteurs, faisant les pieds de veaux,
Vifs comme dards, aigus comme aiguillon,
Gousiers tintant clair comme cascaveaux,
Le laisserez là, le pauvre Villon ?
Chantres chantant à plaisance, sans loi,
Galants riant, plaisants en faits et dits,
Coureux allant francs de faux or, d'aloi,
Gens d'esperit, un petit étourdis,
Trop demourez, car il meurt entandis.
Faiseurs de lais, de motets et rondeaux,
Quand mort sera, vous lui ferez chaudeaux !
Où gît, il n'entre éclair ne tourbillon :
De murs épais on lui a fait bandeaux.
Le laisserez là, le pauvre Villon ?
Venez le voir en ce piteux arroi,
Nobles hommes, francs de quart et de dix,
Qui ne tenez d'empereur ne de roi,
Mais seulement de Dieu de paradis ;
Jeûner lui faut dimanches et merdis,
Dont les dents a plus longues que râteaux ;
Après pain sec, non pas après gâteaux,
En ses boyaux verse eau à gros bouillon ;
Bas en terre, table n'a ne tréteaux.
Le laisserez là, le pauvre Villon ?
Princes nommés, anciens, jouvenceaux,
lmpétrez-moi grâces et royaux sceaux,
Et me montez en quelque corbillon.
Ainsi le font, l'un à l'autre, pourceaux,
Car, où l'un brait, ils fuient à monceaux.
Le laisserez là, le pauvre Villon ?
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Re: François Villon poète du XVème siècle
L'Épitaphe de Villon ou " Ballade des pendus "
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Le débat du cœur et du corps de Villon
Qu'est ce que j'oi ? - Ce suis-je ! - Qui ? - Ton coeur
Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
Force n'ai plus, substance ne liqueur,
Quand je te vois retrait ainsi seulet
Com pauvre chien tapi en reculet.
- Pour quoi est-ce ? - Pour ta folle plaisance.
- Que t'en chaut-il ? - J'en ai la déplaisance.
- Laisse-m'en paix. - Pour quoi ? - J'y penserai.
- Quand sera-ce ? - Quand serai hors d'enfance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Que penses-tu ? - Etre homme de valeur.
- Tu as trente ans - C'est l'âge d'un mulet
- Est-ce enfance ? - Nenni. - C'est donc foleur
Qui te saisit ? - Par où ? Par le collet ?
- Rien ne connois. - Si fais. - Quoi ? - Mouche en lait ;
L'un est blanc, l'autre est noir, c'est la distance.
- Est-ce donc tout ? - Que veux-tu que je tance ?
Se n'est assez, je recommencerai.
- Tu es perdu ! - J'y mettrai résistance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- J'en ai le deuil ; toi, le mal et douleur.
Se fusse un pauvre idiot et folet,
Encore eusses de t'excuser couleur :
Si n'as-tu soin, tout t'est un, bel ou laid.
Ou la tête as plus dure qu'un jalet,
Ou mieux te plaît qu'honneur cette méchance !
Que répondras à cette conséquence ?
- J'en serai hors quand je trépasserai.
- Dieu, quel confort ! Quelle sage éloquence !
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Dont vient ce mal ? - Il vient de mon malheur.
Quand Saturne me fit mon fardelet,
Ces maux y mit, je le croi. - C'est foleur :
Son seigneur es, et te tiens son varlet.
Vois que Salmon écrit en son rolet ;
" Homme sage, ce dit-il, a puissance
Sur planètes et sur leur influence. "
- Je n'en crois rien : tel qu'ils m'ont fait serai.
- Que dis-tu ? - Da ! certes, c'est ma créance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Veux-tu vivre ? - Dieu m'en doint la puissance !
- Il le faut... - Quoi ? - Remords de conscience,
Lire sans fin. - En quoi ? - Lire en science,
Laisser les fous ! - Bien j'y aviserai.
- Or le retiens ! - J'en ai bien souvenance.
- N'attends pas tant que tourne à déplaisance.
Plus ne t'en dis - Et je m'en passerai.
Qu'est ce que j'oi ? - Ce suis-je ! - Qui ? - Ton coeur
Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
Force n'ai plus, substance ne liqueur,
Quand je te vois retrait ainsi seulet
Com pauvre chien tapi en reculet.
- Pour quoi est-ce ? - Pour ta folle plaisance.
- Que t'en chaut-il ? - J'en ai la déplaisance.
- Laisse-m'en paix. - Pour quoi ? - J'y penserai.
- Quand sera-ce ? - Quand serai hors d'enfance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Que penses-tu ? - Etre homme de valeur.
- Tu as trente ans - C'est l'âge d'un mulet
- Est-ce enfance ? - Nenni. - C'est donc foleur
Qui te saisit ? - Par où ? Par le collet ?
- Rien ne connois. - Si fais. - Quoi ? - Mouche en lait ;
L'un est blanc, l'autre est noir, c'est la distance.
- Est-ce donc tout ? - Que veux-tu que je tance ?
Se n'est assez, je recommencerai.
- Tu es perdu ! - J'y mettrai résistance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- J'en ai le deuil ; toi, le mal et douleur.
Se fusse un pauvre idiot et folet,
Encore eusses de t'excuser couleur :
Si n'as-tu soin, tout t'est un, bel ou laid.
Ou la tête as plus dure qu'un jalet,
Ou mieux te plaît qu'honneur cette méchance !
Que répondras à cette conséquence ?
- J'en serai hors quand je trépasserai.
- Dieu, quel confort ! Quelle sage éloquence !
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Dont vient ce mal ? - Il vient de mon malheur.
Quand Saturne me fit mon fardelet,
Ces maux y mit, je le croi. - C'est foleur :
Son seigneur es, et te tiens son varlet.
Vois que Salmon écrit en son rolet ;
" Homme sage, ce dit-il, a puissance
Sur planètes et sur leur influence. "
- Je n'en crois rien : tel qu'ils m'ont fait serai.
- Que dis-tu ? - Da ! certes, c'est ma créance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Veux-tu vivre ? - Dieu m'en doint la puissance !
- Il le faut... - Quoi ? - Remords de conscience,
Lire sans fin. - En quoi ? - Lire en science,
Laisser les fous ! - Bien j'y aviserai.
- Or le retiens ! - J'en ai bien souvenance.
- N'attends pas tant que tourne à déplaisance.
Plus ne t'en dis - Et je m'en passerai.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Les contredits de Franc Gontier
Ballade
Sur mol duvet assis, un gras chanoine,
Lez un brasier, en chambre bien nattée,
A son côté gisant dame Sidoine
Blanche, tendre, polie et attintée,
Boire hypocras, à jour et à nuitée,
Rire, jouer, mignonner et baiser,
Et nu à nu, pour mieux des corps s'aiser,
Les vis tous deux, par un trou de mortaise :
Lors je connus que, pour deuil apaiser,
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
Se Franc Gontier et sa compagne Hélène
Eussent cette douce vie hantée,
D'oignons, civots, qui causent forte haleine
N'acontassent une bise tostée.
Tout leur maton, ne toute leur potée,
Ne prise un ail, je le dis sans noiser.
S'ils se vantent coucher sous le rosier,
Lequel vaut mieux ? Lit côtoyé de chaise ?
Ou'en dites-vous ? Faut-il à ce muser ?
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
De gros pain bis vivent d'orge et d'avoine,
Et boivent eaue tout au long de l'année.
Tous les oiseaux d'ici en Babyloine
A tel école une seule journée
Ne me tendroient, non une matinée.
Or s'ébatte, de par Dieu, Franc Gontier,
Hélène o lui, sous le bel églantier :
Se bien leur est, cause n'ai qu'il me pèse ;
Mais quoi qu'il soit du laboureux métier,
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
Prince, juge, pour tôt nous accorder.
Quant est de moi, mais qu'à nul ne déplaise,
Petit enfant, j'ai oï recorder :
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
Ballade
Sur mol duvet assis, un gras chanoine,
Lez un brasier, en chambre bien nattée,
A son côté gisant dame Sidoine
Blanche, tendre, polie et attintée,
Boire hypocras, à jour et à nuitée,
Rire, jouer, mignonner et baiser,
Et nu à nu, pour mieux des corps s'aiser,
Les vis tous deux, par un trou de mortaise :
Lors je connus que, pour deuil apaiser,
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
Se Franc Gontier et sa compagne Hélène
Eussent cette douce vie hantée,
D'oignons, civots, qui causent forte haleine
N'acontassent une bise tostée.
Tout leur maton, ne toute leur potée,
Ne prise un ail, je le dis sans noiser.
S'ils se vantent coucher sous le rosier,
Lequel vaut mieux ? Lit côtoyé de chaise ?
Ou'en dites-vous ? Faut-il à ce muser ?
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
De gros pain bis vivent d'orge et d'avoine,
Et boivent eaue tout au long de l'année.
Tous les oiseaux d'ici en Babyloine
A tel école une seule journée
Ne me tendroient, non une matinée.
Or s'ébatte, de par Dieu, Franc Gontier,
Hélène o lui, sous le bel églantier :
Se bien leur est, cause n'ai qu'il me pèse ;
Mais quoi qu'il soit du laboureux métier,
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
Prince, juge, pour tôt nous accorder.
Quant est de moi, mais qu'à nul ne déplaise,
Petit enfant, j'ai oï recorder :
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Louange à la Cour ou requête à la Cour de Parlement
Tous mes cinq sens : yeux, oreilles et bouche,
Le nez, et vous, le sensitif aussi,
Tous mes membres où il y a reprouche,
En son endroit un chacun die ainsi :
" Souvraine Cour, par qui sommes ici,
Vous nous avez gardé de déconfire.
Or la langue seule ne peut souffire
A vous rendre suffisantes louanges ;
Si parlons tous, fille du Souvrain Sire,
Mère des bons et soeur des benoîts anges ! "
Coeur, fendez-vous, ou percez d'une broche,
Et ne soyez, au moins, plus endurci
Qu'au désert fut la forte bise roche
Dont le peuple des Juifs fut adouci :
Fondez larmes et venez à merci ;
Comme humble coeur qui tendrement soupire,
Louez la Cour, conjointe au Saint Empire,
L'heur des François, le confort des étranges,
Procréée lassus ou ciel empire,
Mère des bons et soeur des benoîts anges !
Et vous, mes dents chacune si s'éloche ;
Saillez avant, rendez toutes merci,
Plus hautement qu'orgue, trompe, ne cloche
Et de mâcher n'ayez ores souci ;
Considérez que je fusse transi,
Foie, poumon et rate, qui respire ;
Et vous, mon corps, qui vil êtes et pire
Qu'ours ne pourceau qui fait son nid ès fanges,
Louez la Cour avant qu'il vous empire,
Mère des bons et soeur des benoîts anges !
Prince, trois jours ne veuillez m'écondire,
Pour moi pourvoir et aux miens adieu dire ;
Sans eux argent je n'ai, ici n'aux changes,
Cour triomphant, fiat, sans me dédire,
Mère des bons et soeur des benoîts anges !
Tous mes cinq sens : yeux, oreilles et bouche,
Le nez, et vous, le sensitif aussi,
Tous mes membres où il y a reprouche,
En son endroit un chacun die ainsi :
" Souvraine Cour, par qui sommes ici,
Vous nous avez gardé de déconfire.
Or la langue seule ne peut souffire
A vous rendre suffisantes louanges ;
Si parlons tous, fille du Souvrain Sire,
Mère des bons et soeur des benoîts anges ! "
Coeur, fendez-vous, ou percez d'une broche,
Et ne soyez, au moins, plus endurci
Qu'au désert fut la forte bise roche
Dont le peuple des Juifs fut adouci :
Fondez larmes et venez à merci ;
Comme humble coeur qui tendrement soupire,
Louez la Cour, conjointe au Saint Empire,
L'heur des François, le confort des étranges,
Procréée lassus ou ciel empire,
Mère des bons et soeur des benoîts anges !
Et vous, mes dents chacune si s'éloche ;
Saillez avant, rendez toutes merci,
Plus hautement qu'orgue, trompe, ne cloche
Et de mâcher n'ayez ores souci ;
Considérez que je fusse transi,
Foie, poumon et rate, qui respire ;
Et vous, mon corps, qui vil êtes et pire
Qu'ours ne pourceau qui fait son nid ès fanges,
Louez la Cour avant qu'il vous empire,
Mère des bons et soeur des benoîts anges !
Prince, trois jours ne veuillez m'écondire,
Pour moi pourvoir et aux miens adieu dire ;
Sans eux argent je n'ai, ici n'aux changes,
Cour triomphant, fiat, sans me dédire,
Mère des bons et soeur des benoîts anges !
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Problème ou Ballade de la Fortune
Fortune fus par clercs jadis nommée,
Que toi, François, crie et nomme murtrière,
Qui n'es homme d'aucune renommée.
Meilleur que toi fais user en plâtrière,
Par pauvreté, et fouir en carrière ;
S'à honte vis, te dois-tu doncques plaindre ?
Tu n'es pas seul ; si ne te dois complaindre.
Regarde et vois de mes faits de jadis,
Maints vaillants homs par moi morts et roidis ;
Et n'es, ce sais, envers eux un souillon.
Apaise-toi, et mets fin en tes dits.
Par mon conseil prends tout en gré, Villon !
Contre grands rois me suis bien animée,
Le temps qui est passé ça en arrière :
Priam occis et toute son armée,
Ne lui valut tour, donjon ne barrière ;
Et Hannibal demoura-il derrière ?
En Carthage par Mort le fis atteindre ;
Et Scipion l'Afriquan fis éteindre ;
Jules César au Sénat je vendis ;
En Egypte Pompée je perdis ;
En mer noyai Jason en un bouillon ;
Et une fois Rome et Romains ardis.
Par mon conseil prends tout en gré, Villon !
Alixandre, qui tant fit de hemée,
Qui voulut voir l'étoile poussinière,
Sa personne par moi fut envlimée ;
Alphasar roi, en champ, sur sa bannière
Rué jus mort. Cela est ma manière,
Ainsi l'a fait, ainsi le maintiendrai :
Autre cause ne raison n'en rendrai.
Holofernes l'idolâtre maudis,
Qu'occit Judith (et dormoit entandis !)
De son poignard, dedans son pavillon ;
Absalon, quoi ? en fuyant le pendis.
Par mon conseil prends tout en gré, Villon !
Pour ce, François, écoute que te dis :
Se rien pusse sans Dieu de Paradis,
A toi n'autre ne demourroit haillon,
Car, pour un mal, lors j'en feroie dix.
Par mon conseil prends tout en gré Villon !
Fortune fus par clercs jadis nommée,
Que toi, François, crie et nomme murtrière,
Qui n'es homme d'aucune renommée.
Meilleur que toi fais user en plâtrière,
Par pauvreté, et fouir en carrière ;
S'à honte vis, te dois-tu doncques plaindre ?
Tu n'es pas seul ; si ne te dois complaindre.
Regarde et vois de mes faits de jadis,
Maints vaillants homs par moi morts et roidis ;
Et n'es, ce sais, envers eux un souillon.
Apaise-toi, et mets fin en tes dits.
Par mon conseil prends tout en gré, Villon !
Contre grands rois me suis bien animée,
Le temps qui est passé ça en arrière :
Priam occis et toute son armée,
Ne lui valut tour, donjon ne barrière ;
Et Hannibal demoura-il derrière ?
En Carthage par Mort le fis atteindre ;
Et Scipion l'Afriquan fis éteindre ;
Jules César au Sénat je vendis ;
En Egypte Pompée je perdis ;
En mer noyai Jason en un bouillon ;
Et une fois Rome et Romains ardis.
Par mon conseil prends tout en gré, Villon !
Alixandre, qui tant fit de hemée,
Qui voulut voir l'étoile poussinière,
Sa personne par moi fut envlimée ;
Alphasar roi, en champ, sur sa bannière
Rué jus mort. Cela est ma manière,
Ainsi l'a fait, ainsi le maintiendrai :
Autre cause ne raison n'en rendrai.
Holofernes l'idolâtre maudis,
Qu'occit Judith (et dormoit entandis !)
De son poignard, dedans son pavillon ;
Absalon, quoi ? en fuyant le pendis.
Par mon conseil prends tout en gré, Villon !
Pour ce, François, écoute que te dis :
Se rien pusse sans Dieu de Paradis,
A toi n'autre ne demourroit haillon,
Car, pour un mal, lors j'en feroie dix.
Par mon conseil prends tout en gré Villon !
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Question au clerc du Guichet ou ballade de l'appel
Que vous semble de mon appel,
Garnier ? Fis-je sens ou folie ?
Toute bête garde sa pel ;
Qui la contraint, efforce ou lie,
S'elle peut, elle se délie.
Quand donc par plaisir volontaire
Chantée me fut cette homélie,
Etoit-il lors temps de moi taire ?
Se fusse des hoirs Hue Capel
Qui fut extrait de boucherie,
On ne m'eût, parmi ce drapel,
Fait boire en cette écorcherie.
Vous entendez bien joncherie ?
Mais quand cette peine arbitraire
On me jugea par tricherie,
Etoit-il lors temps de moi taire ?
Cuidiez-vous que sous mon capel
N'y eût tant de philosophie
Comme de dire : " J'en appel ? "
Si avoit, je vous certifie,
Combien que point trop ne m'y fie.
Quand on me dit, présent notaire :
" Pendu serez ! " je vous affie,
Etoit-il lors temps de moi taire ?
Prince, se j'eusse eu la pépie,
Piéça je fusse où est Clotaire,
Aux champs debout comme une épie.
Etoit-il lors temps de moi taire ?
Que vous semble de mon appel,
Garnier ? Fis-je sens ou folie ?
Toute bête garde sa pel ;
Qui la contraint, efforce ou lie,
S'elle peut, elle se délie.
Quand donc par plaisir volontaire
Chantée me fut cette homélie,
Etoit-il lors temps de moi taire ?
Se fusse des hoirs Hue Capel
Qui fut extrait de boucherie,
On ne m'eût, parmi ce drapel,
Fait boire en cette écorcherie.
Vous entendez bien joncherie ?
Mais quand cette peine arbitraire
On me jugea par tricherie,
Etoit-il lors temps de moi taire ?
Cuidiez-vous que sous mon capel
N'y eût tant de philosophie
Comme de dire : " J'en appel ? "
Si avoit, je vous certifie,
Combien que point trop ne m'y fie.
Quand on me dit, présent notaire :
" Pendu serez ! " je vous affie,
Etoit-il lors temps de moi taire ?
Prince, se j'eusse eu la pépie,
Piéça je fusse où est Clotaire,
Aux champs debout comme une épie.
Etoit-il lors temps de moi taire ?
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Requête à monseigneur de Bourbon
Le mien seigneur et prince redouté
Fleuron de lys, royale géniture,
François Villon, que Travail a dompté
A coups orbes, par force de bature,
Vous supplie par cette humble écriture
Que lui fassiez quelque gracieux prêt.
De s'obliger en toutes cours est prêt,
Si ne doutez que bien ne vous contente :
Sans y avoir dommage n'intérêt,
Vous n'y perdrez seulement que l'attente.
A prince n'a un denier emprunté,
Fors à vous seul, votre humble créature.
De six écus que lui avez prêté,
Cela piéça il mit en nourriture,
Tout se paiera ensemble, c'est droiture,
Mais ce sera légièrement et prêt ;
Car se du gland rencontre en la forêt
D'entour Patay et châtaignes ont vente,
Payé serez sans délai ni arrêt :
Vous n'y perdrez seulement que l'attente.
Si je pusse vendre de ma santé
A un Lombard, usurier par nature,
Faute d'argent m'a si fort enchanté
Qu'en prendroie, ce cuide, l'aventure.
Argent ne pends à gipon n'à ceinture ;
Beau sire Dieu ! je m'ébahis que c'est
Que devant moi croix ne se comparaît,
Sinon de bois ou pierre, que ne mente ;
Mais s'une fois la vraie m'apparaît,
Vous n'y perdrez seulement que l'attente.
Prince du lys, qui a tout bien complaît,
Que cuidez-vous comment il me déplaît,
Quand je ne puis venir à mon entente ?
Bien m'entendez ; aidez-moi, s'il vous plaît :
Vous n'y perdrez seulement que l'attente.
Le mien seigneur et prince redouté
Fleuron de lys, royale géniture,
François Villon, que Travail a dompté
A coups orbes, par force de bature,
Vous supplie par cette humble écriture
Que lui fassiez quelque gracieux prêt.
De s'obliger en toutes cours est prêt,
Si ne doutez que bien ne vous contente :
Sans y avoir dommage n'intérêt,
Vous n'y perdrez seulement que l'attente.
A prince n'a un denier emprunté,
Fors à vous seul, votre humble créature.
De six écus que lui avez prêté,
Cela piéça il mit en nourriture,
Tout se paiera ensemble, c'est droiture,
Mais ce sera légièrement et prêt ;
Car se du gland rencontre en la forêt
D'entour Patay et châtaignes ont vente,
Payé serez sans délai ni arrêt :
Vous n'y perdrez seulement que l'attente.
Si je pusse vendre de ma santé
A un Lombard, usurier par nature,
Faute d'argent m'a si fort enchanté
Qu'en prendroie, ce cuide, l'aventure.
Argent ne pends à gipon n'à ceinture ;
Beau sire Dieu ! je m'ébahis que c'est
Que devant moi croix ne se comparaît,
Sinon de bois ou pierre, que ne mente ;
Mais s'une fois la vraie m'apparaît,
Vous n'y perdrez seulement que l'attente.
Prince du lys, qui a tout bien complaît,
Que cuidez-vous comment il me déplaît,
Quand je ne puis venir à mon entente ?
Bien m'entendez ; aidez-moi, s'il vous plaît :
Vous n'y perdrez seulement que l'attente.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Rondeau (Jenin l'Avenu)
Jenin l'Avenu
Va-t'en aux étuves,
Et toi la venu,
Jenin l'Avenu,
Si te lave nu
Et te baigne ès cuves.
Jenin l'Avenu,
Va-t'en aux estuves.
Jenin l'Avenu
Va-t'en aux étuves,
Et toi la venu,
Jenin l'Avenu,
Si te lave nu
Et te baigne ès cuves.
Jenin l'Avenu,
Va-t'en aux estuves.
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Re: François Villon poète du XVème siècle
Rondeau (Mort, j'appelle de ta rigueur)
Mort, j'appelle de ta rigueur,
Qui m'as ma maîtresse ravie,
Et n'es pas encore assouvie
Si tu ne me tiens en langueur :
Onc puis n'eus force ni vigueur ;
Mais que te nuisoit-elle en vie,
Mort ?
Deux étions et n'avions qu'un coeur ;
S'il est mort, force est que dévie,
Voire, ou que je vive sans vie
Comme les images, par coeur,
Mort !
Mort, j'appelle de ta rigueur,
Qui m'as ma maîtresse ravie,
Et n'es pas encore assouvie
Si tu ne me tiens en langueur :
Onc puis n'eus force ni vigueur ;
Mais que te nuisoit-elle en vie,
Mort ?
Deux étions et n'avions qu'un coeur ;
S'il est mort, force est que dévie,
Voire, ou que je vive sans vie
Comme les images, par coeur,
Mort !
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