Histoire de l'Anjou
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Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - Ier siècle
(source :http://www.archives49.fr/histoire-de-lanjou/il-etait-une-fois-lanjou/)
Gaulois contre Romains : les derniers soulèvements des Andécaves (21)
« Il n’y eut presque pas de cité où ne fussent jetés les germes de cette rébellion ; mais l’explosion se produisit d’abord chez les Andégaves et les Turons.
Parmi eux, les Andégaves furent réprimés par le légat Acilius Aviola, grâce à la cohorte qui tenait garnison à Lyon. »
Tacite, Annales, livre III, 41
Ce peuple nommé par César Andes, puis par Tacite Andégavi n'est autre, rappelons-le, qu'un rameau d'un plus vaste groupe celte, venu avec ses semblables du nord de l'Europe au cours de la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère.
Par la Mayenne, la Sarthe et le Loir, il prit peu à peu possession des terres situées au confluent de la Loire et de ces rivières. Longtemps, une lutte ouverte avait opposé les Andécaves aux Vénètes, peuple de même origine établi en basse-Loire et en Morbihan, contre lequel le peuple angevin avait su préserver son indépendance.
Jules César et ses légions avaient été, au milieu du premier siècle avant notre ère, des adversaires d’une tout autre force : c'est dans un pays qui ne semble pas opposer de résistance que le légat Crassus hiverne, en 57-56 avant Jésus-Christ, et que César peut préparer ses campagnes victorieuses contre les peuples de l'Ouest.
Mais c'était mal connaître l'opiniâtreté angevine : cinq ans plus tard, le chef angevin Dumnacus ne se contente pas d'aller répondre, devant Alésia, à l'appel de Vercingétorix ; regagnant sa cité après la défaite, il joint ses armes à celles des Pictons qui se sont révoltés contre leur chef Duratius, trop dévoué à Rome.
Il met le siège devant Limonum (Poitiers), mais à l'approche de quatre légions dépêchées contre lui, conscient de sa faiblesse, cherche à se mettre à l'abri au nord de la Loire.
Il atteint les abords du fleuve mais ne réussit pas à le franchir et est vaincu par deux fois, en un lieu qui n'est pas avec certitude déterminé (entre les Ponts-de-Cé et Saumur).
Les bandes gauloises sont en déroute et César peut, dans l'été de l'année 50 av. J.C., quitter le pays conquis pour n'y plus revenir.
La Gaule augustéenne est ensuite divisée en trois provinces : Aquitaine, Belgique et Lyonnaise. La cité des Andécaves (Andegavum, puis Juliomagus du nom de la ville romaine qui lui succède au temps d'Auguste) est située dans cette dernière province, ainsi que le territoire qui l'entoure.
De soumission récente, elle est placée directement sous l'administration du pouvoir impérial, et connaît une urbanisation active au cours du premier siècle.
Quelques révoltes sporadiques viennent rappeler aux Romains le souvenir de l'indépendance celte : Tacite mentionne en 21 un mouvement de rébellion des Andécaves, suivis de près par les Turons, contre la Rome de Tibère.
Mais l'importance de ce soulèvement ne doit pas être exagéré : le légat de la Gaule celtique, Acilius Aviola, en vient à bout avec sa seule cohorte.
En 32, un autre sursaut de révolte est tout aussi éphémère.
La romanisation est inéluctablement en marche, et ces révoltes, qui peuvent avoir des causes fiscales - Tibère aux prises avec des difficultés financières accentue le poids des prélèvements - sont aussi les dernières expressions d'une identité celtique mise à mal par la rigidité du nouveau cadre de vie qui se superpose à l'ancien : c'est la fin de l'indépendance monétaire, de la singularité religieuse, des pratiques coutumières et des regroupements tribaux.
De telles évolutions ne pouvaient s'effectuer sans soubresauts.
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Dernière édition par RAPHAEL83 le Dim 01 Mai 2011, 17:53, édité 1 fois
RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - IIe siècle
L’Anjou dans la paix romaine (185)
Bien peu d'événements connus troublent la paix romaine du deuxième siècle de notre ère.
Ces années de stabilité sont surtout caractérisées par le développement des villes et des grands domaines ruraux, reliés entre eux par un dense réseau de voies de communications routières et fluviales.
J
Uliomagus ,« Le marché de Jules [César] », ne compte guère plus de 3000 habitants, mais se voit doté de bains à l'Esvière, d'un forum près de l'actuelle place de l'Académie, et, à l'orée orientale de la ville, d'un amphithéâtre pouvant accueillir six mille spectateurs.
C'est à la fin du IIe siècle que la ville atteint son
extension maximale, couvrant environ 80 hectares, sans toutefois franchir la Maine seulement traversée par un pont.
Aux côtés de la capitale prolifèrent des centres tels que Doué, Varennes, Chalonnes..., parfois assez importants pour posséder, comme Gennes ou comme Frémur au confluent de la Maine, un amphithéâtre, un théâtre, ou des thermes.
La campagne enfin se couvre de villae, dont la densité est particulièrement élevée au long de la Loire et de ses affluents.
L'introduction de la culture de la vigne, jointe aux nombreuses productions agricoles, le développement de l'industrie de la céramique et l'exploitation des carrières fournissent la matière d'échanges variés, au long des routes construites en dur pour les principales et désormais jalonnées de bornes milliaires ou au long des voies d'eau entretenues et aménagées.
De cet élan de peuplement témoigne encore aujourd'hui en Anjou l'abondance des toponymes en -é, issus du suffixe latin -iacus.
Dans ce contexte pacifique l’enfouissement du trésor trouvé en 1836 au village de Notre-Dame-d’Allençon ne laisse pas de nous étonner.
Doit-on en attribuer la cause aux quelques troubles qui se produisirent en Gaule sous Commode en 185-186, ou à ceux que suscita la lutte entre Clodius Albinus et Septime-Sévère quelques années plus tard ?
Cet ensemble d’une cinquantaine d’objets à destination religieuse est en tous cas parfaitement représentatif de la production locale gallo-romaine du IIe siècle.
Il est constitué de vaisselle d’argent (casseroles, coupes et coupelles, plateaux, cuillers), de deux disques de miroir, de trois petits bustes, de deux rosaces et d’un buste d’applique en bronze.
Découvert un beau jour par un cultivateur piochant son champ de vigne, il fut acheté, par l’intermédiaire du curé du lieu, par le bibliothécaire et collectionneur Toussaint Grille, puis, après sa mort, acquis auprès de ses héritiers en 1852 par le musée du Louvre.
Une dernière pièce, relevée au même endroit un an après la trouvaille, et composée de trois éléments de fer constituant un masque, fut offerte en 1854 au musée archéologique Saint- Jean par son détenteur, et est actuellement conservée par les Musées d’Angers.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - IIIe siècle
La montée des périls : la première enceinte d’Angers (275)
Un moment arrêté par la puissance de l’organisation romaine, le cycle des invasions et migrations qui caractérise l’histoire de ces premiers siècles reprend de plus belle dès que l’Empire montre les premiers signes de faiblesse.
La situation géographique de l’Anjou le préserve, plus longtemps que d’autres territoires, des raids barbares qui, après la mort d’Alexandre Sévère (235), ne cessent de sillonner l’Empire.
La grande invasion des Alamans en 253 ne semble pas avoir affecté l’Ouest ; en revanche, à partir de 258, les pays riverains de l’embouchure de la Loire ont à subir les incursions de pirates francs et saxons, venant de la mer du nord et remontant, six siècles avant les Vikings, le fleuve et ses affluents.
Aucun appui ne peut venir des usurpateurs gaulois du trône romain, Postumus, Victorinus et Tetricus, auxquels se rallient pourtant les autorités locales. En 275 les pillard sont partout, arrivant aussi bien par la voie maritime de l’Ouest que par la voie terrestre de l’Est.
La plupart des villas sont incendiées, et la misère qui s’ensuit entraîne dans tout l’Ouest une terrible révolte sociale : les « bagaudes », paysans déracinés, artisans ruinés, esclaves fugitifs, se déplacent en bande et terrorisent l’intérieur du pays.
Devant ces périls, en hâte, on fortifie : villae des aristocrates, vieux oppida celtes, relais des voies romaines et, bien entendu, périmètre des villes qui se dotent, dans le dernier quart du siècle, d’enceintes fébrilement élevées.
Angers n’échappe pas à la règle : un mur puissant (4 mètres de large dans sa partie plane la plus vulnérable, 2,50 mètres dans sa partie la mieux
défendue par l’abrupt du coteau) entoure désormais un périmètre de 9 hectares, très restreint par rapport à la ville impériale et qui correspond environ aux emplacements cumulés de la cathédrale, de la cité et du château.
Édifié dans un premier temps à la fin du IIIè siècle, renforcé au IVe siècle, on estime la hauteur de l’édifice final à 10 à 12 mètres.
L’observation des vestiges encore présents ou dégagés par les campagnes successives de fouilles (Chanoine Pinier ; 1921 , M. Provost, 1974) montre une structure composée de trois éléments : un revêtement extérieur construit en moellons, alternant avec des chaînages de briques ; un noyau de remplissage constitué par une alternance de couches de mortier et de matériaux divers, provenant de réemplois ; un revêtement intérieur également construit en petit appareil irrégulier mais, sauf exception, sans chaînage de brique.
Enfin, le rempart était épaulé de tours, à intervalles plus ou moins réguliers, de contreforts, et percé de portes, probablement au nombre de trois.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - IVe siècle
Défensor, premier évêque d’Angers (372)
L’affaiblissement du pouvoir romain à la fin du IIIe siècle avait ouvert des temps de troubles extrêmes.
Ils semblent s’apaiser néanmoins sous Dioclétien et ses successeurs, qui, pour mieux les maîtriser, décident une réorganisation administrative des Gaules.
La Celtique est divisée en deux Lyonnaises et Angers est incluse dans la seconde d’entre elles.
Un peu plus tard, une nouvelle division, en quatre cette fois, situe l’Anjou dans la troisième Lyonnaise avec pour métropole Tours.
Durant cette rémission passagère, les domaines achèvent de se fortifier, les remparts se rehaussent et se renforcent de tours.
L'Ouest ligérien est alors inclus dans un vaste commandement militaire, le Tractus Armoricanus, destiné à combattre la piraterie maritime qui n’a pas oublié le chemin de la Loire.
Enfin, pour assurer la sécurité des territoires ruraux, l’Empire y installe des soldats - laboureurs venus des confins de ses possessions, qui, tout en formant tout d’abord des colonies isolées par leur langue et leurs coutumes, contribuent à la barbarisation de l’Empire et au rejet de ses représentants par les provinciaux.
L’abandon des échanges et le repliement sur les cadres anciens se mesure par le phénomène de retour au premier plan du nom des peuples locaux, et l’abandon progressif du nom romanisé des villes.
Ainsi Angers n’est plus Juliomagus mais la « Civitas Andegavorum », cité des Andes désormais livrée à ses propres forces face à l’envahisseur.
Mais un nouveau monde est en train de naître là où l’ancien s’effondre : le christianisme est apparu sur la Loire au IIIe siècle avec Gatien, évêque de Tours, même si la tradition légendaire fait de Julien, évêque du Mans, l’un des 72 disciples du Christ.
Au IVe siècle, Tours, où siège Martin, et Poitiers, où réside Hilaire, sont les deux capitales morales de la Gaule de l’Ouest.
A Angers, une communauté chrétienne est attestée dès les premières années du IVe siècle.
Elle est, cinquante ans plus tard, suffisamment forte pour que son représentant porte le nom de Defensor, mention symbolique qui atteste que l’évêque, ayant son siège à l’intérieur des murs de la cité, réunit entre ses mains les pouvoirs politiques, militaires et religieux.
C’est à lui que l’on doit sans doute la construction de la première église chrétienne intra-muros, à l’emplacement actuel de la cathédrale.
C’est lui encore, qui, présent en 372 à l’élection de Saint Martin, est cité pour s’y être violemment opposé.
C’est lui enfin, dont la tradition nous rapporte la sépulture hors les murs, dans un lieu qui pourrait être la crypte dite « de Saint Maurille », dégagée lors de fouilles en 1878 place du Ralliement, et dont plusieurs croquis nous conservent le souvenir.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - Ve siècle
Les Francs s’installent en Anjou (464)
Tout comme l’autonomie gauloise s’était pliée, à l’aube du premier siècle, aux lois de l’occupant romain, la civilisation gallo-romaine devait, au Ve siècle, s’incliner devant la domination franque.
Le chemin en avait été préparé : les incursions des IIIe et IVe siècles, la désorganisation des échanges, l’émergence d’un nouveau pouvoir politico-religieux aux mains des évêques, étaient autant de facteurs de transformation profonde de la société locale, et d'éloignement de l'ancien cadre romain. Le pouvoir des évêques était désormais relayé par les communautés rurales évangélisées par des apôtres locaux dont on peut suivre la progression au cours des Ve et VIe siècles.
L'un d'entre eux, Maurille, installé à Chalonnes, acquit une telle renommée qu'il fut à son tour nommé évêque en 423.
En 453, se tient à Angers le premier concile attesté en Anjou et dans la province ecclésiastique de Tours, qui, en 465, apparaît définitivement constituée
dans le cadre de la IIIe Lyonnaise.
Et le diocèse d'Angers coïncide, quant à lui, avec le territoire de la civitas préexistante.
Dans ce territoire christianisé, les francs sont déjà présents.
Fédérés, ils sont utilisés par le commandement romain pour maintenir l'ordre et protéger les rives de la Loire des incursions saxonnes.
C'est le cas en 464, lorsque l'Anjou est aux prises avec les bandes d'Odoacre. Les saxons remontent la Loire jusqu'à Angers, dont ils s'emparent.
Le comte Paul, qui commande les troupes romaines cantonnées dans le pays, fait appel aux Francs saliens de Childéric, mais meurt dans un assaut avant leur arrivée.
Childéric, survenu le lendemain, emporte la ville, incendie la cité, et poursuivant les Saxons jusque dans leurs refuges des îles de Loire, les chasse sans retour en 471.
Il faut attendre encore vingt ans pour que disparaisse toute trace des anciennes institutions romaines: une fiction de celles-ci persiste, en effet, par la présence d'un commandement confié, pour la région d'entre Somme et Loire, à un maître de la milice, Aegidius.
Le pouvoir romain, appuyé sur les Francs, fait alors face aux Wisigoths qui, dans la seconde moitié du Ve siècle, ont étendu leur domination jusqu'au sud du fleuve.
La victoire de Clovis, fils de Childéric, sur Syagrius, fils d'Aegidius en 486, consacre le succès des Francs, bientôt parachevé par celle remportée contre les Wisigoths, et par sa conversion.
Il semble également que, pour réunir sur son front tous les héritages, il ait revêtu peu après les insignes du consulat.
Ainsi se met en place un nouveau paysage politique dominé par la royauté franque, qui s'appuie, dans sa gestion territoriale, sur des évêques puissants, maîtres des cadres des cités.
Cette organisation aurait pu, au lendemain de temps anarchiques, être garante d'ordre et de paix.
Il n'en fut malheureusement rien.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - VIe siècle
La naissance d’une grande abbaye : Saint-Aubin (550)
Durant le siècle de fer qui suit l'avènement de Clovis, où la royauté mérovingienne est sans cesse déchirée par les conflits nés des partages successoraux, l'Église représente plus que jamais l'indispensable relais entre le pouvoir franc et la société civile.
L'attitude de la royauté est donc à la fois de sévère mainmise, notamment par le contrôle de la nomination des évêques, mais aussi de protection et d'encouragement.
Grâce à cet appui, le monachisme prend son essor, appuyant la poursuite de l'expansion chrétienne dans le monde rural, mais aussi situant ses fondations dans les centres urbains, le plus souvent hors les murs, au pied des remparts des villes.
Dans ce lien qui se tisse entre le siècle et le cloître, l'exemple de Saint Aubin est particulièrement représentatif : Aubin, né à Vannes de parents nobles, entre très jeune dans un monastère - Tincillacense dans l’Ouest- où il accède à l' abbatiat, et où il se fait connaître par sa conviction et sa sagesse.
A la mort de l'évêque d'Angers Adelphius, vers 538, il est désigné pour lui succéder.
Évêque actif, il participe à de nombreux conciles jusqu'à sa mort en 550. Son prestige, son engagement farouche contre les dérives violentes du temps, ses interventions bienveillantes lui valent très vite une réputation de sainteté, reprise dans les nombreux récits hagiographiques dont le premier fut signé par Fortunat, évêque de Poitiers, moins de vingt ans après sa mort.
Le culte qui entoure ensuite le tombeau du saint exige qu'on lui ménage un sanctuaire à sa mesure.
Que le principe en ait été décidé avant ou après la mort d'Aubin, rien ne permet de l'établir.
Mais l'évêque de Paris, Germain, et le successeur d'Aubin au siège épiscopal d'Angers, Eutrope, semblent avoir joué dans cette fondation un rôle décisif. L'emplacement retenu est situé à l'extrémité méridionale du sanctuaire paléochrétien d'Angers, qui s'étendait sur un vaste espace au sud de la ville fortifiée.
Dans l'église nouvellement construite, le corps du saint est transféré dans la seconde moitié du VIe siècle, en tous cas avant la mort de Germain qui survient en 582.
Dans ces mêmes années, une communauté monastique s'installe sur le lieu de la sépulture.
Son existence est attestée dès le début du siècle suivant.
Les miracles qui ont ponctué la vie du saint se poursuivent après sa mort, et augmentent la renommée de la nouvelle fondation qui, placée peut-être initialement sous le vocable de saint Germain, est reconnue définitivement sous celui d’Aubin.
Grégoire de Tours rapporte ainsi qu’un paralytique fut guéri par l’entremise de saint Aubin après s’être longtemps tenu « devant la vitre de l’abside, où étaient enfermés les restes saints ».
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - VIIe siècle
La vie aux temps mérovingiens : les Formules angevines (678)
Aux confins des royaumes francs, en position de frontière face à la double menace d'une Bretagne indépendante et d'une Aquitaine encore mal
soumise, le pagus andegavensis subit longtemps les conséquences des luttes fratricides nées des partages successoraux mérovingiens.
Les premières années du VIIe siècle le trouve sous la domination de Thierry II, son dixième souverain depuis Clovis.
Á la mort de celui-ci en 613, l'Anjou est réuni par Clotaire II à la Neustrie, le grand royaume de l'ouest qui s'étendait alors de la mer du Nord à la Meuse.
Cette stabilité nouvelle n’écarte pas pour autant les aléas politiques et militaires.
Les attaques des Bretons, la rivalité profonde qui oppose la Neustrie à son puissant voisin de l'est l'Austrasie maintiennent le pays dans une situation troublée, que renforce encore la faiblesse des rois, face au pouvoir grandissant de leurs maires du palais et à l'agitation de l'aristocratie.
A Tertry, en Picardie, un parti de factieux neustriens favorise ainsi la victoire du maire d'Austrasie, Pépin II de Herstal, et le rétablissement de l'unité du royaume sous l'autorité nominale de Thierry II, mais en réalité au profit de la dynastie des Pippinides, dont seront issus les souverains carolingiens.
Dans ces temps difficiles d'insécurité permanente, la société angevine s'organise néanmoins autour d'éléments d'une très grande stabilité.
Les vieux cadres gallo-romains subsistent.
Ils structurent toute la vie religieuse, économique, administrative et juridique locale.
Les antiques civitates sont devenues diocèses ecclésiastiques et comtés francs, l'évêque, à l'instar de saint Lézin, exerçant souvent l'une et l'autre fonction.
Les échanges économiques demeurent vivaces et suivent les anciennes routes commerciales romaines.
Ainsi, la vie de saint Maurille rapporte le passage de la Loire par des négociants transportant vers l'Espagne marchandises et esclaves.
Mais, plus encore, la cité conserve ses édiles, ses fonctionnaires et ses institutions municipales comme aux temps de la domination romaine. Les Formules angevines en fournissent une vivante illustration.
Les formules sont un recueil de modèles dressé par avance pour servir à toute personne amenée à rédiger un acte juridique, un jugement, un contrat ou un acte d'aliénation.
Le recueil dit angevin, car la ville d'Angers y est fréquemment citée, fut découvert par Dom Mabillon en Souabe.
Il a été compilé, sans doute vers 678, à partir d'actes pouvant remonter au règne de Childebert Ier au siècle précédent, et comprend une soixantaine d'actes civils et judiciaires.
Tous font état de l'existence d'une curie et de magistrats municipaux, un defensor, un curator, un maître des milices et des décurions, aux côtés de l'évêque et de ses diacres.
Les actes et contrats doivent être enregistrés et déposés, après lecture publique en présence de la curie, aux archives municipales.
Les références juridiques sont celles du droit romain, dans lequel transparaît toutefois l'assimilation de coutumes germaniques, telles que celle qui consiste à laisser en propriété propre à la femme le tiers des biens acquis au cours du mariage, celles qui touchent à l'organisation de la vengeance privée ou à la pratique du serment purgatoire.
A travers les formules, c'est l'organisation de la vie locale à Angers qui est dépeinte : la subsistance de cadres romains et l'assimilation de pratiques franques qui structurent une administration civile et judiciaire dominée par l'évêque, véritable maître de la cité.
[b]Repères chronologiques :[b]
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - VIIIe siècle
Aux portes de l’Anjou : Saint-Florent du Mont-Glonne (724)
La présence d’une communauté de moines ou d’ermites, réunie sous l’autorité d’un abbé, est attestée avec certitude au début du VIIIe siècle sur le coteau boisé qui domine la Loire en ce lieu nommé le mont Glonne et qui est aujourd’hui Saint-Florent-le-Vieil.
C’est là que d’après la tradition, un certain Florent, disciple de Saint-Martin, aurait établi dans la seconde moitié du IVe
siècle un premier oratoire dédié à Saint Pierre, y menant une vie
contemplative et suscitant de nombreux miracles. Si le récit légendaire
de la vie du saint est fort sujet à caution, l’existence de la
communauté aux derniers temps mérovingiens ne fait pas de doute : située
au long de la voie romaine qui, de Nantes à Tours, longeait la rive
gauche de la Loire, dans un lieu escarpé habité dès les temps
préhistoriques, elle se signale déjà au VIIIe
siècle par le nom d’un de ses abbés, Mauron, dont les moines vont
annoncer le décès, vers 710, jusqu’au monastère d’Aindre près de Nantes.
Peu après, en 717-718, un autre signe de la notoriété de l’abbaye nous
est donné par le don que six frères font à l’abbaye de leurs biens
situés dans le Cotentin. La renommée de la fondation, appuyée par la
présence sur le lieu même du corps vénéré du saint, a dépassé de loin
les frontières de l’Anjou.
Mais les temps s’annoncent très difficiles : dans le
royaume mérovingien, le pouvoir est aux mains du maire du palais
d’Austrasie, le puissant Pépin de Herstal, alors que l’Anjou appartient
avec l’ouest de la Normandie – excepté la Bretagne – au royaume de
Neustrie, sur le trône duquel se succèdent des rois fantômes. A la mort
de Pépin, en 714, les grands de Neustrie se rebellent. Sous la direction
de l’un des leurs, Rainfroi, rejoint par les Aquitains sous la
direction de leur comte Eudes, ils tentent de reprendre à leur profit le
siège du pouvoir. Mais c’était faire peu de cas de la dynastie
austrasienne : l’affrontement entre Charles Martel, bâtard de Pépin, et
Rainfroi, se conclut à Angers en 724, et se solde par l’échec et la mort
de Rainfroi. Désormais, l’Empire carolingien s’impose à l’Anjou, par
le triple moyen de la protection militaire, de l’administration et de
l’Église : plusieurs campagnes successives permettent à Charles Martel,
puis à Charlemagne, d’obtenir la soumission de l’Aquitaine, désormais
incorporée à l’État franc. Une vaste marche, englobant l’Anjou, confiée à
l’un des proches du roi – notamment le célèbre Roland – est constituée
sur ces frontières sensibles. Les émissaires du pouvoir sont les comtes,
personnages issus des grandes maisons d’Austrasie, qui tirent leur
fortune de l’octroi de bénéfices laïques et ecclésiastiques et imposent
sans concessions le nouvel ordre germanique.
Nul
doute que Saint- Florent, dont aucun texte ne nous livre
malheureusement la destinée dans la seconde moitié du siècle, n’ait
connu dans ce contexte de grands désordres. Peut-être même l’abbaye
passa- t’elle aux mains des dignitaires carolingiens qui en devinrent
abbés laïcs, entraînant de ce fait un relâchement de l’observance et un
appauvrissement de ses ressources. C’est ainsi sans doute qu’il faut
interpréter le don que lui fit Polerius, l’un des optimates de
Charlemagne, de 140 mesures de terre : les libéralités compensaient les
mainmises et les spoliations, contribuant à créer entre les communautés
et le pouvoir des liens d’étroite dépendance. A la fin du siècle la paix
semble cependant de retour : depuis 781 c’est Louis, dit le Pieux, qui
comme roi d’Aquitaine, exerce l’autorité : conscient de la nécessité de
rétablir dans leur ordre et leur vocation les abbayes de ses états, il
fait appel pour cette tâche à Benoît d’Aniane, qui s’attelle à la
réforme. Pour Saint-Florent, la tâche est ardue. Et sans doute
n’est-elle pas durablement accomplie puisqu’en 824 Louis le Pieux doit à
nouveau, pour son monastère angevin, faire appel à une communauté venue
d’Italie. Enfin, l’action des réformateurs semble porter ses fruits :
l’abbaye vit plus paisible sous Charles le Chauve, avant que
n’apparaissent de nouveaux malheurs.
Repères chronologiques :
Aux portes de l’Anjou : Saint-Florent du Mont-Glonne (724)
La présence d’une communauté de moines ou d’ermites, réunie sous l’autorité d’un abbé, est attestée avec certitude au début du VIIIe siècle sur le coteau boisé qui domine la Loire en ce lieu nommé le mont Glonne et qui est aujourd’hui Saint-Florent-le-Vieil.
C’est là que d’après la tradition, un certain Florent, disciple de Saint-Martin, aurait établi dans la seconde moitié du IVe
siècle un premier oratoire dédié à Saint Pierre, y menant une vie
contemplative et suscitant de nombreux miracles. Si le récit légendaire
de la vie du saint est fort sujet à caution, l’existence de la
communauté aux derniers temps mérovingiens ne fait pas de doute : située
au long de la voie romaine qui, de Nantes à Tours, longeait la rive
gauche de la Loire, dans un lieu escarpé habité dès les temps
préhistoriques, elle se signale déjà au VIIIe
siècle par le nom d’un de ses abbés, Mauron, dont les moines vont
annoncer le décès, vers 710, jusqu’au monastère d’Aindre près de Nantes.
Peu après, en 717-718, un autre signe de la notoriété de l’abbaye nous
est donné par le don que six frères font à l’abbaye de leurs biens
situés dans le Cotentin. La renommée de la fondation, appuyée par la
présence sur le lieu même du corps vénéré du saint, a dépassé de loin
les frontières de l’Anjou.
Mais les temps s’annoncent très difficiles : dans le
royaume mérovingien, le pouvoir est aux mains du maire du palais
d’Austrasie, le puissant Pépin de Herstal, alors que l’Anjou appartient
avec l’ouest de la Normandie – excepté la Bretagne – au royaume de
Neustrie, sur le trône duquel se succèdent des rois fantômes. A la mort
de Pépin, en 714, les grands de Neustrie se rebellent. Sous la direction
de l’un des leurs, Rainfroi, rejoint par les Aquitains sous la
direction de leur comte Eudes, ils tentent de reprendre à leur profit le
siège du pouvoir. Mais c’était faire peu de cas de la dynastie
austrasienne : l’affrontement entre Charles Martel, bâtard de Pépin, et
Rainfroi, se conclut à Angers en 724, et se solde par l’échec et la mort
de Rainfroi. Désormais, l’Empire carolingien s’impose à l’Anjou, par
le triple moyen de la protection militaire, de l’administration et de
l’Église : plusieurs campagnes successives permettent à Charles Martel,
puis à Charlemagne, d’obtenir la soumission de l’Aquitaine, désormais
incorporée à l’État franc. Une vaste marche, englobant l’Anjou, confiée à
l’un des proches du roi – notamment le célèbre Roland – est constituée
sur ces frontières sensibles. Les émissaires du pouvoir sont les comtes,
personnages issus des grandes maisons d’Austrasie, qui tirent leur
fortune de l’octroi de bénéfices laïques et ecclésiastiques et imposent
sans concessions le nouvel ordre germanique.
Nul
doute que Saint- Florent, dont aucun texte ne nous livre
malheureusement la destinée dans la seconde moitié du siècle, n’ait
connu dans ce contexte de grands désordres. Peut-être même l’abbaye
passa- t’elle aux mains des dignitaires carolingiens qui en devinrent
abbés laïcs, entraînant de ce fait un relâchement de l’observance et un
appauvrissement de ses ressources. C’est ainsi sans doute qu’il faut
interpréter le don que lui fit Polerius, l’un des optimates de
Charlemagne, de 140 mesures de terre : les libéralités compensaient les
mainmises et les spoliations, contribuant à créer entre les communautés
et le pouvoir des liens d’étroite dépendance. A la fin du siècle la paix
semble cependant de retour : depuis 781 c’est Louis, dit le Pieux, qui
comme roi d’Aquitaine, exerce l’autorité : conscient de la nécessité de
rétablir dans leur ordre et leur vocation les abbayes de ses états, il
fait appel pour cette tâche à Benoît d’Aniane, qui s’attelle à la
réforme. Pour Saint-Florent, la tâche est ardue. Et sans doute
n’est-elle pas durablement accomplie puisqu’en 824 Louis le Pieux doit à
nouveau, pour son monastère angevin, faire appel à une communauté venue
d’Italie. Enfin, l’action des réformateurs semble porter ses fruits :
l’abbaye vit plus paisible sous Charles le Chauve, avant que
n’apparaissent de nouveaux malheurs.
Repères chronologiques :
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - IXe siècle
L’agression normande (866)
La mort de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, en juin 840, ouvre
l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’Anjou : en 843,
le partage de Verdun attribue une portion d’Empire à chacun des trois
héritiers : à Louis, les terres situées à l’Est du Rhin et la Bavière ; à
Lothaire, une longue bande intermédiaire, allant de la mer du Nord à
l’Italie ; à Charles, la Francia occidentalis, c’est à dire toutes les
terres de France situées entre Saône et Rhône et la frontière maritime
de l’Ouest.
Celui
que l’histoire connaîtra sous le nom de Charles- le- Chauve se heurte
d’emblée, au sein de ses territoires, à deux voisins rebels : les
Bretons, d’une part, conduits par leurs rois Nominoé et Erispoé,
viennent livrer bataille jusque sur le sol de l’Anjou. Victorieux à
Juvardeil, en 851, ils occupent pour près de trois quarts de siècle les
pays d’ouest- Mayenne repris à un certain Lambert, comte d’Angers. Les
Aquitains, d’autre part, à la tête desquels s’est placé Pépin II,
neveu de Charles- le- Chauve, oublié du partage, tentent de faire
sécession. C’est au prix de grandes difficultés et de campagnes répétées
que Charles parvient à imposer à leur tête successivement ses fils,
Charles l’Enfant et Louis le Bègue. En réalité l’Aquitaine s’est, à la
fin du IX° siècle, affranchie de l’autorité royale.
Mais un bien plus grand péril s’est manifesté dès
843 : les Normands, du nom dont les chroniques contemporaines
elles-mêmes désignent ces aventuriers venus de Scandinavie vers les
terres plus riantes et riches du littoral français, font alors leur
apparition à Nantes. En 853, ils pillent Saint-Florent du Montglonne et
installent leurs bases dans une île de Loire voisine, d’où ils
organisent le sac d’Angers et l’incendie des monastères tourangeaux de
Saint- Martin et Marmoutier. Depuis leur repaire, des raids terrestres
les mènent vers le sud jusqu’à Poitiers, et vers le nord, jusqu’au Mans.
Le
pouvoir carolingien tente de s’interposer. Depuis 852 l’un de ses hauts
dignitaires, Robert-le-Fort, est comte de Tours et d’Angers. Il ne peut
éviter les premiers assauts et, devant l’absence de Charles le Chauve,
alors affronté aux Normands de la Seine, choisit un temps de s’allier
avec ses adversaires bretons et aquitains. Mais bientôt il se rallie.
C’est en défenseur de l’autorité légitime qu’il harcèle, de 862 à 866,
les Normands plus agressifs que jamais qui dévastent l’Anjou tandis que
les moines des monastères ligériens, revenus après l’assaut de 853,
prennent à nouveau la fuite avec les reliques de leurs saints
fondateurs. C’est au cours de l’une de ces opérations contre une troupe
de normands grossie de bretons, de retour d’une razzia au Mans, que
l’ancêtre des capétiens périt à Brissarthe, en 866 : les adversaires
pourtant, surpris par les Francs et moins nombreux, s’étaient réfugiés
dans l’église. Mais une sortie en masse surprend, le soir venu, Robert
et ses compagnons. La lutte est acharnée. Robert, qui s’est dépouillé de
ses armes, reçoit plusieurs coups mortels. Son compagnon Ramnulf, comte
de Poitiers, périt également. Plus invincibles que jamais, malgré les
efforts de Charles le Chauve qui barre la Loire aux Ponts-de-Cé, les
Normands occupent Angers en 872 et s’y maintiennent plus d’un an. Mais
leur force décroît désormais. L’empereur lui-même les assiège et les
déloge. En 875, Le Mans résiste à leur attaque. Après Hugues l’Abbé,
c’est Eudes, fils de Robert- le- Fort, qui est investi du Comté
d’Angers. Les raids s’espacent, même s’ils ne cèdent véritablement qu’à
l’aube du siècle nouveau. Quant au fils de Robert, sa renommée, déjà
établie en défendant Paris, s’est affirmée en Anjou, et lui vaut d’être
en 888 le premier des Robertiens à monter sur le trône de France.
Repères chronologiques :
L’agression normande (866)
La mort de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, en juin 840, ouvre
l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’Anjou : en 843,
le partage de Verdun attribue une portion d’Empire à chacun des trois
héritiers : à Louis, les terres situées à l’Est du Rhin et la Bavière ; à
Lothaire, une longue bande intermédiaire, allant de la mer du Nord à
l’Italie ; à Charles, la Francia occidentalis, c’est à dire toutes les
terres de France situées entre Saône et Rhône et la frontière maritime
de l’Ouest.
Celui
que l’histoire connaîtra sous le nom de Charles- le- Chauve se heurte
d’emblée, au sein de ses territoires, à deux voisins rebels : les
Bretons, d’une part, conduits par leurs rois Nominoé et Erispoé,
viennent livrer bataille jusque sur le sol de l’Anjou. Victorieux à
Juvardeil, en 851, ils occupent pour près de trois quarts de siècle les
pays d’ouest- Mayenne repris à un certain Lambert, comte d’Angers. Les
Aquitains, d’autre part, à la tête desquels s’est placé Pépin II,
neveu de Charles- le- Chauve, oublié du partage, tentent de faire
sécession. C’est au prix de grandes difficultés et de campagnes répétées
que Charles parvient à imposer à leur tête successivement ses fils,
Charles l’Enfant et Louis le Bègue. En réalité l’Aquitaine s’est, à la
fin du IX° siècle, affranchie de l’autorité royale.
Mais un bien plus grand péril s’est manifesté dès
843 : les Normands, du nom dont les chroniques contemporaines
elles-mêmes désignent ces aventuriers venus de Scandinavie vers les
terres plus riantes et riches du littoral français, font alors leur
apparition à Nantes. En 853, ils pillent Saint-Florent du Montglonne et
installent leurs bases dans une île de Loire voisine, d’où ils
organisent le sac d’Angers et l’incendie des monastères tourangeaux de
Saint- Martin et Marmoutier. Depuis leur repaire, des raids terrestres
les mènent vers le sud jusqu’à Poitiers, et vers le nord, jusqu’au Mans.
Le
pouvoir carolingien tente de s’interposer. Depuis 852 l’un de ses hauts
dignitaires, Robert-le-Fort, est comte de Tours et d’Angers. Il ne peut
éviter les premiers assauts et, devant l’absence de Charles le Chauve,
alors affronté aux Normands de la Seine, choisit un temps de s’allier
avec ses adversaires bretons et aquitains. Mais bientôt il se rallie.
C’est en défenseur de l’autorité légitime qu’il harcèle, de 862 à 866,
les Normands plus agressifs que jamais qui dévastent l’Anjou tandis que
les moines des monastères ligériens, revenus après l’assaut de 853,
prennent à nouveau la fuite avec les reliques de leurs saints
fondateurs. C’est au cours de l’une de ces opérations contre une troupe
de normands grossie de bretons, de retour d’une razzia au Mans, que
l’ancêtre des capétiens périt à Brissarthe, en 866 : les adversaires
pourtant, surpris par les Francs et moins nombreux, s’étaient réfugiés
dans l’église. Mais une sortie en masse surprend, le soir venu, Robert
et ses compagnons. La lutte est acharnée. Robert, qui s’est dépouillé de
ses armes, reçoit plusieurs coups mortels. Son compagnon Ramnulf, comte
de Poitiers, périt également. Plus invincibles que jamais, malgré les
efforts de Charles le Chauve qui barre la Loire aux Ponts-de-Cé, les
Normands occupent Angers en 872 et s’y maintiennent plus d’un an. Mais
leur force décroît désormais. L’empereur lui-même les assiège et les
déloge. En 875, Le Mans résiste à leur attaque. Après Hugues l’Abbé,
c’est Eudes, fils de Robert- le- Fort, qui est investi du Comté
d’Angers. Les raids s’espacent, même s’ils ne cèdent véritablement qu’à
l’aube du siècle nouveau. Quant au fils de Robert, sa renommée, déjà
établie en défendant Paris, s’est affirmée en Anjou, et lui vaut d’être
en 888 le premier des Robertiens à monter sur le trône de France.
Repères chronologiques :
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - Xe siècle
Foulque Nerra, comte d’Anjou (987)
En 987, Hugues Capet est élu roi de France, inaugurant, après les
Mérovingiens et les Carolingiens, la troisième dynastie royale. Cette
même année, Foulque III devient comte d’Anjou
à la mort de son père Geoffroy Grisegonelle. Commence un règne long
(987-1040) et énergique, celui d’un conquérant et d’un bâtisseur, qui
assoit véritablement la première maison d’Anjou, celle des Ingelgériens.
Son ancêtre éponyme, Ingelger ou Enjeuger, dont on
ne sait presque rien, se distingue contre les Normands et les Bretons,
ce qui lui vaut, sur recommandation de l’évêque d’Angers, le
commandement de la moitié orientale du comté vers 880. Son fils Foulque 1er
le Roux reçoit le titre de vicomte d’Angers de Charles le Simple et en
929 est cité, dans le seul texte qui nous soit parvenu, comme comte
d’Anjou.
Le Xe siècle voit alterner sur
le trône de France les derniers Carolingiens et les Robertiens,
descendants de Robert- le- Fort, marquis d’Anjou. L’affaiblissement de
l’autorité royale suscite l’avènement de princes territoriaux qui
s’octroient les prérogatives régaliennes et acquièrent une autonomie de
fait. C’est dans ce contexte que la principauté d’Anjou, dont le contour
rappelle le pagus franc (Loudun et une partie des Mauges y sont inclus
mais non le Saumurois), cherche à s’affirmer face à de puissants voisins
(comtes de Rennes, de Nantes, de Blois, du Maine, duc d’Aquitaine).
Les Normands sont définitivement chassés de basse-Loire en 937. Le comté connaît alors une période de paix sous Foulque II le Bon. Sous son fils Geoffroy Ier
Grisegonelle, les affrontements reprennent. Il prête main forte à
Guérech, le comte de Nantes, contre le comte de Rennes Conan lors de la
première bataille de Conquereuil (982) puis repousse les Bretons qui
tentent de surprendre Angers.
Par le jeu de la féodalité, les comtes d’Anjou sont à
la fois suzerains (Geoffroy étend son réseau vassalique à Nantes et à
Thouars) et vassaux (du duc d’Aquitaine et de Hugues Capet, dux
francorum), tout en restant fidèles au roi : Foulque le Bon marie sa
fille au dernier carolingien, Louis V, tandis
que Geoffroy vient au secours de Lothaire, d’abord contre le duc de
Normandie et les Danois, puis contre l’empereur Otton II
lors du siège de Paris en 978. De ses faits d’armes sont nées légende
et épopée magnifiant le héros angevin. Il meurt le 21 juillet 987,
quelques jours après le sacre d’Hugues Capet, alors qu’il combattait à
son service près de Château-du-Loir, à Marçon.
Son
fils Foulque, troisième du nom, lui succède ; appelé après sa mort «
l’Ancien » ou « le Jérosolimitain » en raison des deux ou trois
pèlerinages à Jérusalem qu’il effectua, il ne reçoit le surnom de «
Nerra », « le noir », que dans une chronique très postérieure, au XIIe siècle.
Il
épouse Élisabeth de Vendôme puis Hildegarde « de haut lignage lorrain
». Il poursuit avec succès la politique de son père en luttant contre le
comte Conan lors de la deuxième bataille de Conquereuil (992), et le
comte Eudes de Blois (construction du donjon de Langeais en 994, prise
de Tours en 996).
Foulque
est un homme de guerre. Sa tactique : la rapidité. Il mène une guerre
de mouvement, portant ses armées en très peu de temps en des points
éloignés, opérant des replis de grande ampleur. Sa force :
l’établissement de forteresses, souvent en bois, qu’il inféode ensuite à
des vassaux chargés d’en parfaire les défenses. 27 lui sont attribuées :
Mirebeau, Montreuil-Bellay, Passavant [sur-Layon], Maulévrier, Baugé,
Durtal, Château-Gontier... Foulque est un excessif : brutal et cruel, il
est capable des pires atrocités ; il brûle, il pille, les villes
(Angers, Tours) comme les lieux sacrés (basilique Saint-Martin à Tours,
Saint-Florent de Saumur), passant les hommes au fil de l’épée.
Mais
Foulque est aussi un fin politique et un administrateur : il organise
son comté, s’entoure de fidèles et sait se ménager l’appui du clergé par
des fondations pieuses (Le Ronceray), par le soutien aux abbayes
(Saint-Aubin, Saint-Serge), sans omettre sa bonne volonté à expier ses
péchés par des pèlerinages en Terre-Sainte.
À l’aube du deuxième millénaire l’Anjou se relève et son territoire s’étend sous la férule du redoutable « faucon noir ».
Repères chronologiques :
Foulque Nerra, comte d’Anjou (987)
En 987, Hugues Capet est élu roi de France, inaugurant, après les
Mérovingiens et les Carolingiens, la troisième dynastie royale. Cette
même année, Foulque III devient comte d’Anjou
à la mort de son père Geoffroy Grisegonelle. Commence un règne long
(987-1040) et énergique, celui d’un conquérant et d’un bâtisseur, qui
assoit véritablement la première maison d’Anjou, celle des Ingelgériens.
Son ancêtre éponyme, Ingelger ou Enjeuger, dont on
ne sait presque rien, se distingue contre les Normands et les Bretons,
ce qui lui vaut, sur recommandation de l’évêque d’Angers, le
commandement de la moitié orientale du comté vers 880. Son fils Foulque 1er
le Roux reçoit le titre de vicomte d’Angers de Charles le Simple et en
929 est cité, dans le seul texte qui nous soit parvenu, comme comte
d’Anjou.
Le Xe siècle voit alterner sur
le trône de France les derniers Carolingiens et les Robertiens,
descendants de Robert- le- Fort, marquis d’Anjou. L’affaiblissement de
l’autorité royale suscite l’avènement de princes territoriaux qui
s’octroient les prérogatives régaliennes et acquièrent une autonomie de
fait. C’est dans ce contexte que la principauté d’Anjou, dont le contour
rappelle le pagus franc (Loudun et une partie des Mauges y sont inclus
mais non le Saumurois), cherche à s’affirmer face à de puissants voisins
(comtes de Rennes, de Nantes, de Blois, du Maine, duc d’Aquitaine).
Les Normands sont définitivement chassés de basse-Loire en 937. Le comté connaît alors une période de paix sous Foulque II le Bon. Sous son fils Geoffroy Ier
Grisegonelle, les affrontements reprennent. Il prête main forte à
Guérech, le comte de Nantes, contre le comte de Rennes Conan lors de la
première bataille de Conquereuil (982) puis repousse les Bretons qui
tentent de surprendre Angers.
Par le jeu de la féodalité, les comtes d’Anjou sont à
la fois suzerains (Geoffroy étend son réseau vassalique à Nantes et à
Thouars) et vassaux (du duc d’Aquitaine et de Hugues Capet, dux
francorum), tout en restant fidèles au roi : Foulque le Bon marie sa
fille au dernier carolingien, Louis V, tandis
que Geoffroy vient au secours de Lothaire, d’abord contre le duc de
Normandie et les Danois, puis contre l’empereur Otton II
lors du siège de Paris en 978. De ses faits d’armes sont nées légende
et épopée magnifiant le héros angevin. Il meurt le 21 juillet 987,
quelques jours après le sacre d’Hugues Capet, alors qu’il combattait à
son service près de Château-du-Loir, à Marçon.
Son
fils Foulque, troisième du nom, lui succède ; appelé après sa mort «
l’Ancien » ou « le Jérosolimitain » en raison des deux ou trois
pèlerinages à Jérusalem qu’il effectua, il ne reçoit le surnom de «
Nerra », « le noir », que dans une chronique très postérieure, au XIIe siècle.
Il
épouse Élisabeth de Vendôme puis Hildegarde « de haut lignage lorrain
». Il poursuit avec succès la politique de son père en luttant contre le
comte Conan lors de la deuxième bataille de Conquereuil (992), et le
comte Eudes de Blois (construction du donjon de Langeais en 994, prise
de Tours en 996).
Foulque
est un homme de guerre. Sa tactique : la rapidité. Il mène une guerre
de mouvement, portant ses armées en très peu de temps en des points
éloignés, opérant des replis de grande ampleur. Sa force :
l’établissement de forteresses, souvent en bois, qu’il inféode ensuite à
des vassaux chargés d’en parfaire les défenses. 27 lui sont attribuées :
Mirebeau, Montreuil-Bellay, Passavant [sur-Layon], Maulévrier, Baugé,
Durtal, Château-Gontier... Foulque est un excessif : brutal et cruel, il
est capable des pires atrocités ; il brûle, il pille, les villes
(Angers, Tours) comme les lieux sacrés (basilique Saint-Martin à Tours,
Saint-Florent de Saumur), passant les hommes au fil de l’épée.
Mais
Foulque est aussi un fin politique et un administrateur : il organise
son comté, s’entoure de fidèles et sait se ménager l’appui du clergé par
des fondations pieuses (Le Ronceray), par le soutien aux abbayes
(Saint-Aubin, Saint-Serge), sans omettre sa bonne volonté à expier ses
péchés par des pèlerinages en Terre-Sainte.
À l’aube du deuxième millénaire l’Anjou se relève et son territoire s’étend sous la férule du redoutable « faucon noir ».
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XIe siècle
Urbain II et Robert d’Arbrissel : la réforme grégorienne et l’Anjou (1096)
Le redoutable Foulque III Nerra et son
fils Geoffroi Martel ont fondé la puissance angevine. Élargi aux Mauges,
au Vendômois, à la Touraine, à la Saintonge et un temps au Maine, le
comté, par les liens étroits qu'il noue avec le duché d'Aquitaine, puis
avec les rois capétiens, s'affirme comme une puissante principauté
territoriale, égale et rivale des grandes maisons de Blois et de
Normandie dont elle contribue à freiner les ambitions.
Toutefois,
la mort sans descendant direct de Geoffroi Martel en 1060 inaugure une
période de crise pour le comté. Geoffroi le Barbu et Foulque le Réchin
s'en disputent âprement la possession aux cours de longues luttes
fratricides. Foulque, après avoir vaincu son frère et l'avoir fait
prisonnier en 1067, (une captivité qui durera vingt-huit ans), mène une
politique hasardeuse à l'encontre de ses voisins. Il perd ainsi
successivement la Saintonge, reprise par le duc d'Aquitaine, et le
Maine, que lui disputaient les Normands. Il doit en outre se reconnaître
vassal du comte de Blois pour la Touraine et concéder le Gâtinais au
roi de France, Philippe Ier, pour prix de
sa neutralité. Dans le même temps, les barons, grâce aux châteaux qui
leur ont été inféodés et forts de leurs alliances matrimoniales, sont en
révolte endémique et se partagent la réalité du pouvoir local.
L'Eglise n'est pas à l'abri de cette crise. Les
bénéfices ecclésiastiques sont entre les mains des seigneurs laïcs, qui
nomment ou désignent les clercs et les prêtres, et la simonie est
devenue pratique courante. Deux mouvements réformateurs émergent
cependant au XIe siècle : celui initié par
l'ordre clunisien qui ne touche que de façon indirecte les grandes
abbayes bénédictines de l'Anjou, qui connaissent alors un apogée
économique ; et la réforme initiée par la papauté, dite réforme
grégorienne, en lutte contre l'investiture laïque. Pour la mettre en
œuvre, Grégoire VII et plus encore Urbain II s'appuient sur le monachisme.
Venant de Clermont où il a prêché la croisade mais aussi et surtout où il a tenu un grand concile réformateur, Urbain II
parvient à Angers en février 1096. Là, il rencontre un ermite étonnant,
Robert d'Arbrissel. Le mouvement de réformation du clergé régulier
avait vu croître une soif d'absolu qui avait trouvé sa réalisation dans
l'érémitisme, dans un idéal de pauvreté évangélique. Robert d'Arbrissel,
ancien vicaire général de l'évêque de Rennes, s'était retiré dans la
forêt de Craon vers 1091 et avait regroupé autour de sa personne une
petite communauté. Ayant entendu parler de lui, raconte Baudry, abbé de
Bourgueil, dans sa Vita Roberti, le pontife demande à s'entretenir avec
lui. Malgré la réputation fantasque du personnage et ses propres
craintes - il lui conseille de ne point tenir de propos insolites -, il
lui confie le soin de prononcer le sermon lors de la consécration de la
nouvelle abbatiale de Saint-Nicolas d'Angers, devant une noble
assemblée, comptant, outre le comte Foulque et les religieux de
l'abbaye, nombre de prélats et barons. Fort satisfait de son discours,
car selon Baudry, le Saint Esprit parlait par la bouche de Robert,
Urbain lui confie alors un mandat officiel de prédication. Il ne
s'agissait pas de prêcher la croisade, mais cette réforme des pratiques
de l'Église, qui lui tenait tout autant à cœur et participait du même
mouvement d'un idéal religieux retrouvé. Dans le même temps, la
communauté de la Roë recevait du pontife la règle des chanoines de saint
Augustin. Mais en dépit de ses nouvelles fonctions de prédicant
itinérant et de son rattachement à la règle canoniale et à une
communauté constituée, Robert reprend rapidement la route et la voie de
l'érémitisme, jusqu'à son installation à Fontevraud, vers 1101, où il
fonde une abbaye féminine de stricte obédience bénédictine mais ayant
l'originalité de posséder une communauté d'homme soumise à l'autorité de
l'abbesse.
Repères chronologiques :
Urbain II et Robert d’Arbrissel : la réforme grégorienne et l’Anjou (1096)
Le redoutable Foulque III Nerra et son
fils Geoffroi Martel ont fondé la puissance angevine. Élargi aux Mauges,
au Vendômois, à la Touraine, à la Saintonge et un temps au Maine, le
comté, par les liens étroits qu'il noue avec le duché d'Aquitaine, puis
avec les rois capétiens, s'affirme comme une puissante principauté
territoriale, égale et rivale des grandes maisons de Blois et de
Normandie dont elle contribue à freiner les ambitions.
Toutefois,
la mort sans descendant direct de Geoffroi Martel en 1060 inaugure une
période de crise pour le comté. Geoffroi le Barbu et Foulque le Réchin
s'en disputent âprement la possession aux cours de longues luttes
fratricides. Foulque, après avoir vaincu son frère et l'avoir fait
prisonnier en 1067, (une captivité qui durera vingt-huit ans), mène une
politique hasardeuse à l'encontre de ses voisins. Il perd ainsi
successivement la Saintonge, reprise par le duc d'Aquitaine, et le
Maine, que lui disputaient les Normands. Il doit en outre se reconnaître
vassal du comte de Blois pour la Touraine et concéder le Gâtinais au
roi de France, Philippe Ier, pour prix de
sa neutralité. Dans le même temps, les barons, grâce aux châteaux qui
leur ont été inféodés et forts de leurs alliances matrimoniales, sont en
révolte endémique et se partagent la réalité du pouvoir local.
L'Eglise n'est pas à l'abri de cette crise. Les
bénéfices ecclésiastiques sont entre les mains des seigneurs laïcs, qui
nomment ou désignent les clercs et les prêtres, et la simonie est
devenue pratique courante. Deux mouvements réformateurs émergent
cependant au XIe siècle : celui initié par
l'ordre clunisien qui ne touche que de façon indirecte les grandes
abbayes bénédictines de l'Anjou, qui connaissent alors un apogée
économique ; et la réforme initiée par la papauté, dite réforme
grégorienne, en lutte contre l'investiture laïque. Pour la mettre en
œuvre, Grégoire VII et plus encore Urbain II s'appuient sur le monachisme.
Venant de Clermont où il a prêché la croisade mais aussi et surtout où il a tenu un grand concile réformateur, Urbain II
parvient à Angers en février 1096. Là, il rencontre un ermite étonnant,
Robert d'Arbrissel. Le mouvement de réformation du clergé régulier
avait vu croître une soif d'absolu qui avait trouvé sa réalisation dans
l'érémitisme, dans un idéal de pauvreté évangélique. Robert d'Arbrissel,
ancien vicaire général de l'évêque de Rennes, s'était retiré dans la
forêt de Craon vers 1091 et avait regroupé autour de sa personne une
petite communauté. Ayant entendu parler de lui, raconte Baudry, abbé de
Bourgueil, dans sa Vita Roberti, le pontife demande à s'entretenir avec
lui. Malgré la réputation fantasque du personnage et ses propres
craintes - il lui conseille de ne point tenir de propos insolites -, il
lui confie le soin de prononcer le sermon lors de la consécration de la
nouvelle abbatiale de Saint-Nicolas d'Angers, devant une noble
assemblée, comptant, outre le comte Foulque et les religieux de
l'abbaye, nombre de prélats et barons. Fort satisfait de son discours,
car selon Baudry, le Saint Esprit parlait par la bouche de Robert,
Urbain lui confie alors un mandat officiel de prédication. Il ne
s'agissait pas de prêcher la croisade, mais cette réforme des pratiques
de l'Église, qui lui tenait tout autant à cœur et participait du même
mouvement d'un idéal religieux retrouvé. Dans le même temps, la
communauté de la Roë recevait du pontife la règle des chanoines de saint
Augustin. Mais en dépit de ses nouvelles fonctions de prédicant
itinérant et de son rattachement à la règle canoniale et à une
communauté constituée, Robert reprend rapidement la route et la voie de
l'érémitisme, jusqu'à son installation à Fontevraud, vers 1101, où il
fonde une abbaye féminine de stricte obédience bénédictine mais ayant
l'originalité de posséder une communauté d'homme soumise à l'autorité de
l'abbesse.
Repères chronologiques :
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
- Nombre de messages : 2639
Localisation : Nevers / Bourgogne
Date d'inscription : 31/07/2009
Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XIIe siècle
Henri II Plantagenêt devient roi d’Angleterre (1154)
Tandis que les fils de Robert le Fort s’imposaient en moins d’un
siècle sur le trône de France, une fortune non moins rapide allait
porter les comtes d’Anjou à la tête d’un véritable empire : Foulque V
initie, en 1109, une persévérante politique matrimoniale par son
mariage avec Eremburge héritière du comté du Maine, qui permet
d’asseoir, mieux que toute conquête, la domination angevine sur ce
territoire.
Instruit
par l’expérience, Foulque marie en 1119 sa fille aînée à l’héritier
d’Angleterre, qui tient aussi la Normandie depuis la traversée
conquérante de 1066. Las, le jeune Guillaume Adelin périt un an plus
tard dans le naufrage de la « Blanche Nef », tandis que l’union de
Sybille, la cadette, avec le prétendant rival au trône d’Angleterre,
Guillaume Cliton, est cassée par Rome à l’instigation du roi-duc Henri Ier
Beauclerc. Celui-ci accepte cependant en 1128 le mariage de sa fille
Mathilde avec le fils du Comte d’Anjou Geoffroy. Ayant ainsi assuré les
ambitions angevines, Foulque s’éloigne vers l’Orient et Jérusalem pour y
ceindre une autre couronne. En 1135, la mort d’Henri Ier
pourrait ouvrir la voie à l’Angevin. Malheureusement, un autre
prétendant, Etienne de Blois, évince Mathilde du trône d’Angleterre et
de Normandie. Geoffroy se lance dans la reconquête et parvient, en 1144,
à se rendre maître de la Normandie. Mais Mathilde, débarquée en 1139,
ne peut s’imposer Outre-Manche et se résigne sans pour autant cesser de
revendiquer ses droits.
Geoffroy
est encore jeune, et peut tout espérer. Sa mort, survenue brutalement
en 1151, est un coup de théâtre. Elle permet à son fils Henri, qui n’a
pas vingt ans, d’être investi des titres et prétentions attachés au
Grand Anjou. Puis tout va très vite : Henri a rencontré à Paris, peu de
mois avant la mort de son père, l’épouse du roi de France Louis XII,
Alienor. La rupture, déjà consommée, entre les époux royaux est
avalisée par le concile de Beaugency qui, en mars 1152, prononce le
divorce. Deux mois plus tard, Alienor épouse Henri, lui apportant dans
sa corbeille la riche et vaste Aquitaine. Mais Henri n’oublie pas
l’héritage de sa mère : en 1153, il passe en Angleterre, contraint
Etienne de Blois à le reconnaître pour héritier. Quelques mois plus
tard, en octobre 1154, Henri et Alienor apprennent à Rouen la mort du
roi Etienne. Aussitôt, bravant les intempéries et l’hiver, ils font
voile vers l’Angleterre. Le 19 décembre 1154 a lieu le couronnement en
l’abbaye de Westminster. Un empire est né, étendu de l’Ecosse aux
Pyrénées, de part et d’autre de la mer. Henri ne conçoit aucune borne à
sa puissance : il revient aussitôt sur la parole donnée à son père de
concéder, une fois roi, le Grand Anjou à son frère cadet ; il annexe peu
à peu le comté de Nantes et la Bretagne voisine. Seul se dresse devant
lui le roi de France, son suzerain pour les domaines continentaux. De
trêves en combats, l’affrontement entre les deux couronnes ne s’éteint
qu’au siècle suivant, avec la mort de Jean, le dernier des Plantagenêt.
Si l’Anjou a connu quelques troubles, il a gagné d’être prospère,
administré, ouvert. Le temps d’Henri Plantagenêt est donc celui de la
stabilité, et crée les conditions d’un exceptionnel renouveau religieux,
intellectuel et artistique. L’échec politique ne compromet pas ce
bilan, que reprendront à leur compte après 1214 les rois de France à
nouveau maîtres de la province.
Repères chronologiques :
Henri II Plantagenêt devient roi d’Angleterre (1154)
Tandis que les fils de Robert le Fort s’imposaient en moins d’un
siècle sur le trône de France, une fortune non moins rapide allait
porter les comtes d’Anjou à la tête d’un véritable empire : Foulque V
initie, en 1109, une persévérante politique matrimoniale par son
mariage avec Eremburge héritière du comté du Maine, qui permet
d’asseoir, mieux que toute conquête, la domination angevine sur ce
territoire.
Instruit
par l’expérience, Foulque marie en 1119 sa fille aînée à l’héritier
d’Angleterre, qui tient aussi la Normandie depuis la traversée
conquérante de 1066. Las, le jeune Guillaume Adelin périt un an plus
tard dans le naufrage de la « Blanche Nef », tandis que l’union de
Sybille, la cadette, avec le prétendant rival au trône d’Angleterre,
Guillaume Cliton, est cassée par Rome à l’instigation du roi-duc Henri Ier
Beauclerc. Celui-ci accepte cependant en 1128 le mariage de sa fille
Mathilde avec le fils du Comte d’Anjou Geoffroy. Ayant ainsi assuré les
ambitions angevines, Foulque s’éloigne vers l’Orient et Jérusalem pour y
ceindre une autre couronne. En 1135, la mort d’Henri Ier
pourrait ouvrir la voie à l’Angevin. Malheureusement, un autre
prétendant, Etienne de Blois, évince Mathilde du trône d’Angleterre et
de Normandie. Geoffroy se lance dans la reconquête et parvient, en 1144,
à se rendre maître de la Normandie. Mais Mathilde, débarquée en 1139,
ne peut s’imposer Outre-Manche et se résigne sans pour autant cesser de
revendiquer ses droits.
Geoffroy
est encore jeune, et peut tout espérer. Sa mort, survenue brutalement
en 1151, est un coup de théâtre. Elle permet à son fils Henri, qui n’a
pas vingt ans, d’être investi des titres et prétentions attachés au
Grand Anjou. Puis tout va très vite : Henri a rencontré à Paris, peu de
mois avant la mort de son père, l’épouse du roi de France Louis XII,
Alienor. La rupture, déjà consommée, entre les époux royaux est
avalisée par le concile de Beaugency qui, en mars 1152, prononce le
divorce. Deux mois plus tard, Alienor épouse Henri, lui apportant dans
sa corbeille la riche et vaste Aquitaine. Mais Henri n’oublie pas
l’héritage de sa mère : en 1153, il passe en Angleterre, contraint
Etienne de Blois à le reconnaître pour héritier. Quelques mois plus
tard, en octobre 1154, Henri et Alienor apprennent à Rouen la mort du
roi Etienne. Aussitôt, bravant les intempéries et l’hiver, ils font
voile vers l’Angleterre. Le 19 décembre 1154 a lieu le couronnement en
l’abbaye de Westminster. Un empire est né, étendu de l’Ecosse aux
Pyrénées, de part et d’autre de la mer. Henri ne conçoit aucune borne à
sa puissance : il revient aussitôt sur la parole donnée à son père de
concéder, une fois roi, le Grand Anjou à son frère cadet ; il annexe peu
à peu le comté de Nantes et la Bretagne voisine. Seul se dresse devant
lui le roi de France, son suzerain pour les domaines continentaux. De
trêves en combats, l’affrontement entre les deux couronnes ne s’éteint
qu’au siècle suivant, avec la mort de Jean, le dernier des Plantagenêt.
Si l’Anjou a connu quelques troubles, il a gagné d’être prospère,
administré, ouvert. Le temps d’Henri Plantagenêt est donc celui de la
stabilité, et crée les conditions d’un exceptionnel renouveau religieux,
intellectuel et artistique. L’échec politique ne compromet pas ce
bilan, que reprendront à leur compte après 1214 les rois de France à
nouveau maîtres de la province.
Repères chronologiques :
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XIIIe siècle
L’Université de Paris se replie à Angers (1229)
Angers, qui allait s'enorgueillir de son université jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, possède, au début du XIIIe
siècle, une école épiscopale réputée, à la fois pour son ancienneté et
pour le dynamisme que lui a conféré la renaissance intellectuelle de la
seconde moitié du XIIe siècle.
Il est maintenant admis de fixer les origines de
l'enseignement péri-épiscopal angevin à l'époque carolingienne et
post-carolingienne. Charlemagne avait en effet posé le principe que tout
établissement ecclésiastique (abbaye, cathédrale, éventuellement
paroisse) devait entretenir, pour la formation de ses clercs, une école
placée sous la direction d'un maître (scholasticus, qui donnera
écolâtre).
L'enseignement
essentiel était primitivement celui des arts libéraux, essentiellement
la grammaire (c'est à dire l'apprentissage du latin classique), et, dans
une moindre mesure, la rhétorique et la dialectique. Les disciplines
religieuses (comput, chant, liturgie et écriture sainte) parachevaient
l’ensemble, selon une méthode basée sur la lecture commentée des textes,
transcrits et accompagnés de longues gloses.
Dans cette tradition, les noms de maîtres angevins sont connus : Avant le XIe
siècle ce sont Bernard, Sigon, Hilduin, Jean, Rainaud ; L'hérésiaque
Bérenger, archidiacre d'Angers et ancien élève de Fulbert de Chartres y
enseigne dans la seconde moitié du XIe
siècle, de même que Robert d'Arbrissel, futur fondateur de Fontevraud ;
Marbode, poète réputé, fut maître- école de 1075 à 1095 avant d'accéder à
l'évêché de Rennes ; Ulger, son successeur, fut bientôt élevé à
l'épiscopat d'Angers (1125). Installée au sein du palais épiscopal,
l'École jouit alors d'une sorte de monopole et se forge peu à peu une
identité savante, distincte de celle du chapitre.
Cet
état d'esprit angevin - curiosité intellectuelle, aspiration à
l'indépendance par rapport à un cadre religieux devenu vieilli-
rapprochait sans nul doute l'institution de ses semblables, notamment de
celles situées au nord de la Loire. La communauté d'intérêts éclate
notamment quand, en 1229, les maîtres et écoliers de l'Université de
Paris, ayant obtenu leurs premiers statuts, choisissent, au cours du
conflit qui les oppose à l'évêque et à la régente Blanche de Castille,
de quitter Paris. Ils partagent leur repli entre Angers et Orléans, mais
semblent avoir été particulièrement bien accueillis à Angers, où ils
séjournent près de deux ans. Le retour à Paris se solde par l'octroi,
par le pape Grégoire IX, de la bulle parens
scientiarum, grande charte de l'Université de Paris, texte fondateur,
pour le Moyen - Âge, des privilèges, libertés et structures des
communautés universitaires. Angers devra attendre encore plus d'un
siècle pour se voir reconnaître le statut d'Université. Dans
l’intervalle, l'étude du droit s'est installée. Un long conflit avec
l'évêque s'achève avec les lettres obtenues de Charles V
en juillet 1364 : les angevins y obtiennent la concession effective de
privilèges d'Université, même si le mot n'est prononcé que dans un
second acte de 1369 ; dès lors l'évolution s'accélère : les premiers
statuts sont établis en 1373, puis repris et complétés en 1398. La
faculté des Droits est enfin rejointe, en 1433, par celles de Théologie,
Médecine et Arts, constituant ainsi un ensemble qui devait illustrer
Angers jusqu'à sa suppression le 5 avril 1792.
Repères chronologiques :
L’Université de Paris se replie à Angers (1229)
Angers, qui allait s'enorgueillir de son université jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, possède, au début du XIIIe
siècle, une école épiscopale réputée, à la fois pour son ancienneté et
pour le dynamisme que lui a conféré la renaissance intellectuelle de la
seconde moitié du XIIe siècle.
Il est maintenant admis de fixer les origines de
l'enseignement péri-épiscopal angevin à l'époque carolingienne et
post-carolingienne. Charlemagne avait en effet posé le principe que tout
établissement ecclésiastique (abbaye, cathédrale, éventuellement
paroisse) devait entretenir, pour la formation de ses clercs, une école
placée sous la direction d'un maître (scholasticus, qui donnera
écolâtre).
L'enseignement
essentiel était primitivement celui des arts libéraux, essentiellement
la grammaire (c'est à dire l'apprentissage du latin classique), et, dans
une moindre mesure, la rhétorique et la dialectique. Les disciplines
religieuses (comput, chant, liturgie et écriture sainte) parachevaient
l’ensemble, selon une méthode basée sur la lecture commentée des textes,
transcrits et accompagnés de longues gloses.
Dans cette tradition, les noms de maîtres angevins sont connus : Avant le XIe
siècle ce sont Bernard, Sigon, Hilduin, Jean, Rainaud ; L'hérésiaque
Bérenger, archidiacre d'Angers et ancien élève de Fulbert de Chartres y
enseigne dans la seconde moitié du XIe
siècle, de même que Robert d'Arbrissel, futur fondateur de Fontevraud ;
Marbode, poète réputé, fut maître- école de 1075 à 1095 avant d'accéder à
l'évêché de Rennes ; Ulger, son successeur, fut bientôt élevé à
l'épiscopat d'Angers (1125). Installée au sein du palais épiscopal,
l'École jouit alors d'une sorte de monopole et se forge peu à peu une
identité savante, distincte de celle du chapitre.
Cet
état d'esprit angevin - curiosité intellectuelle, aspiration à
l'indépendance par rapport à un cadre religieux devenu vieilli-
rapprochait sans nul doute l'institution de ses semblables, notamment de
celles situées au nord de la Loire. La communauté d'intérêts éclate
notamment quand, en 1229, les maîtres et écoliers de l'Université de
Paris, ayant obtenu leurs premiers statuts, choisissent, au cours du
conflit qui les oppose à l'évêque et à la régente Blanche de Castille,
de quitter Paris. Ils partagent leur repli entre Angers et Orléans, mais
semblent avoir été particulièrement bien accueillis à Angers, où ils
séjournent près de deux ans. Le retour à Paris se solde par l'octroi,
par le pape Grégoire IX, de la bulle parens
scientiarum, grande charte de l'Université de Paris, texte fondateur,
pour le Moyen - Âge, des privilèges, libertés et structures des
communautés universitaires. Angers devra attendre encore plus d'un
siècle pour se voir reconnaître le statut d'Université. Dans
l’intervalle, l'étude du droit s'est installée. Un long conflit avec
l'évêque s'achève avec les lettres obtenues de Charles V
en juillet 1364 : les angevins y obtiennent la concession effective de
privilèges d'Université, même si le mot n'est prononcé que dans un
second acte de 1369 ; dès lors l'évolution s'accélère : les premiers
statuts sont établis en 1373, puis repris et complétés en 1398. La
faculté des Droits est enfin rejointe, en 1433, par celles de Théologie,
Médecine et Arts, constituant ainsi un ensemble qui devait illustrer
Angers jusqu'à sa suppression le 5 avril 1792.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XIVe siècle
Louis Ier d’Anjou passe commande de la tapisserie de l’Apocalypse (1373)
Les crises de toute nature qui affectent la première moitié du XIVe
siècle trouvent l'Anjou revenu dans le giron royal, par l'accession au
trône en 1328 du dernier héritier angevin de la lignée de Charles
d'Anjou, Philippe de Valois. Jean le Bon est investi de la province,
mais c'est pour devenir roi à son tour en 1350.
Dans
le grand péril que fait courir à l'Anjou la reprise de la guerre
franco-anglaise, cette fameuse "guerre de cent ans", c'est Louis,
deuxième fils du roi, qui se voit à son tour apanagé de l'Anjou. Les
temps sont alors tragiques, et le jeune prince en fait l'expérience :
d'abord otage de Charles de Navarre, dit le Mauvais, qui a pris le parti
anglais, il doit, après le désastre de Poitiers et la capture du Roi
son père, se livrer à l'ennemi en garantie de l'exécution du désastreux
traité de Brétigny en 1360. C'est à cette date que l'Anjou est érigé
pour lui en duché-pairie. Mais il supporte mal la captivité : en 1364,
rompant le traité, il est de retour en terre française et y retrouve sa
femme, Marie de Bretagne, fille du comte Charles de Blois. Dès lors,
maître de ses états, il s'y conduit en administrateur exigeant, tout en
portant le fer contre l'anglais à qui il voue une haine inextinguible.
Comme lieutenant général de son frère Charles V
en Languedoc, il leur livre bataille durant plus de quinze ans
(1364-1380), véritable rempart de l'autorité royale au sud de la Loire.
Il n'empêche pas l'Anjou d'être ravagé par les campagnes de 1370 où,
pendant qu'il guerroie en Périgord, seule l'énergie de Du Guesclin sauve
la province d'une occupation durable.
Est-ce
cette omniprésence de la guerre qui le conduit, quelques années plus
tard, à choisir pour la grande tenture qu'il commande au marchand
parisien Nicolas Bataille, le thème sombre et puissant de l'Apocalypse,
d'après le récit des visions de Saint Jean ? Les multiples
rapprochements thématiques et artistiques qui ont pu être faits entre la
composition de l'œuvre et le mortel conflit qui traverse le siècle sont
autant de raisons pour retenir cette hypothèse. L'ampleur de la
commande dépasse tout ce qui a été jusque là réalisé : la tenture
terminée en sept ans ne comptera pas moins de quatre-vingt tableaux,
répartis en six grandes pièces, chacune d'entre elles étant introduite
par un personnage hiératique de lecteur méditant les enseignements de
Saint Jean. Lorsqu'il fait mettre en chantier sa tapisserie, le duc
d'Anjou n'en est pas à son coup d'essai. Dès 1364, un premier inventaire
de son trésor mentionne qu'il possède soixante-seize tapisseries, dont
beaucoup historiées et de grandes dimensions. Jusqu'en 1370, il continue
à acheter et à passer commande, manifestant ainsi un goût particulier
pour cette forme d'art dont l'essor est alors récent. Il est tentant à
cet égard de se souvenir que les terres d'élection de la confection des
tapisseries sont alors celles du Nord, Pays-Bas et Aras notamment, et de
souligner que le duc d'Anjou y fut contraint à vingt ans à de longs et
pénibles séjours, dans les longs pourparlers qui, pendant six ans,
suivirent la capture de son père Jean le Bon. Quelles que soient les
raisons de son ambitieuse commande, Louis n'en eut cependant que peu
l'usage : à peine lui est-elle entièrement livrée qu'il s'éloigne pour
poursuivre en Italie l'hypothétique héritage de Jeanne de Naples, et
bientôt, pour y mourir (1384). La tapisserie fait cependant en 1400 le
voyage de Provence, où l'on voit qu'elle orne, au mariage de Louis II
et de Yolande d'Aragon, les murs de l'archevêché d'Arles. Puis elle
regagne l'Anjou, et ne le quitte plus. René, s’éloignant définitivement
en 1374, laisse à l'église d’Angers la belle tapisserie sur laquelle
sont contenues toutes les figures et visions de l'Apocalypse. Ainsi
continue-t-elle à témoigner aujourd'hui de la conjonction parfaite de la
pensée, de l'art et de l'histoire, et à susciter une universelle
admiration.
Repères chronologiques :
Louis Ier d’Anjou passe commande de la tapisserie de l’Apocalypse (1373)
Les crises de toute nature qui affectent la première moitié du XIVe
siècle trouvent l'Anjou revenu dans le giron royal, par l'accession au
trône en 1328 du dernier héritier angevin de la lignée de Charles
d'Anjou, Philippe de Valois. Jean le Bon est investi de la province,
mais c'est pour devenir roi à son tour en 1350.
Dans
le grand péril que fait courir à l'Anjou la reprise de la guerre
franco-anglaise, cette fameuse "guerre de cent ans", c'est Louis,
deuxième fils du roi, qui se voit à son tour apanagé de l'Anjou. Les
temps sont alors tragiques, et le jeune prince en fait l'expérience :
d'abord otage de Charles de Navarre, dit le Mauvais, qui a pris le parti
anglais, il doit, après le désastre de Poitiers et la capture du Roi
son père, se livrer à l'ennemi en garantie de l'exécution du désastreux
traité de Brétigny en 1360. C'est à cette date que l'Anjou est érigé
pour lui en duché-pairie. Mais il supporte mal la captivité : en 1364,
rompant le traité, il est de retour en terre française et y retrouve sa
femme, Marie de Bretagne, fille du comte Charles de Blois. Dès lors,
maître de ses états, il s'y conduit en administrateur exigeant, tout en
portant le fer contre l'anglais à qui il voue une haine inextinguible.
Comme lieutenant général de son frère Charles V
en Languedoc, il leur livre bataille durant plus de quinze ans
(1364-1380), véritable rempart de l'autorité royale au sud de la Loire.
Il n'empêche pas l'Anjou d'être ravagé par les campagnes de 1370 où,
pendant qu'il guerroie en Périgord, seule l'énergie de Du Guesclin sauve
la province d'une occupation durable.
Est-ce
cette omniprésence de la guerre qui le conduit, quelques années plus
tard, à choisir pour la grande tenture qu'il commande au marchand
parisien Nicolas Bataille, le thème sombre et puissant de l'Apocalypse,
d'après le récit des visions de Saint Jean ? Les multiples
rapprochements thématiques et artistiques qui ont pu être faits entre la
composition de l'œuvre et le mortel conflit qui traverse le siècle sont
autant de raisons pour retenir cette hypothèse. L'ampleur de la
commande dépasse tout ce qui a été jusque là réalisé : la tenture
terminée en sept ans ne comptera pas moins de quatre-vingt tableaux,
répartis en six grandes pièces, chacune d'entre elles étant introduite
par un personnage hiératique de lecteur méditant les enseignements de
Saint Jean. Lorsqu'il fait mettre en chantier sa tapisserie, le duc
d'Anjou n'en est pas à son coup d'essai. Dès 1364, un premier inventaire
de son trésor mentionne qu'il possède soixante-seize tapisseries, dont
beaucoup historiées et de grandes dimensions. Jusqu'en 1370, il continue
à acheter et à passer commande, manifestant ainsi un goût particulier
pour cette forme d'art dont l'essor est alors récent. Il est tentant à
cet égard de se souvenir que les terres d'élection de la confection des
tapisseries sont alors celles du Nord, Pays-Bas et Aras notamment, et de
souligner que le duc d'Anjou y fut contraint à vingt ans à de longs et
pénibles séjours, dans les longs pourparlers qui, pendant six ans,
suivirent la capture de son père Jean le Bon. Quelles que soient les
raisons de son ambitieuse commande, Louis n'en eut cependant que peu
l'usage : à peine lui est-elle entièrement livrée qu'il s'éloigne pour
poursuivre en Italie l'hypothétique héritage de Jeanne de Naples, et
bientôt, pour y mourir (1384). La tapisserie fait cependant en 1400 le
voyage de Provence, où l'on voit qu'elle orne, au mariage de Louis II
et de Yolande d'Aragon, les murs de l'archevêché d'Arles. Puis elle
regagne l'Anjou, et ne le quitte plus. René, s’éloignant définitivement
en 1374, laisse à l'église d’Angers la belle tapisserie sur laquelle
sont contenues toutes les figures et visions de l'Apocalypse. Ainsi
continue-t-elle à témoigner aujourd'hui de la conjonction parfaite de la
pensée, de l'art et de l'histoire, et à susciter une universelle
admiration.
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XVe siècle
Le roi René donne à Saumur un tournoi (1446)
En cette fin d'année 1434, une conjonction d'événements va conduire René d'Anjou, deuxième fils de Louis II et de Yolande d'Aragon, à devenir un des féodaux les plus titrés d'Occident.
Voici d'abord que survient, en Italie, la mort sans postérité de son frère Louis III, transférant ainsi sur sa tête le titre ducal d'Anjou ; voici ensuite, deux mois plus tard, que Jeanne II
de Naples, en disparaissant à son tour, déclare reporter sur son
lointain parent toutes les prétentions de la maison royale de Naples et
de Sicile. Or l'héritier se trouve en fâcheuse posture. Des imprudences
et des batailles perdues l'ont livré, depuis le 30 juin 1431, aux mains
du duc de Bourgogne, dont il est le prisonnier retenu à Dijon. Six ans
seront nécessaires pour parvenir à une libération que René paie au prix
fort : une rançon de 400 000 ducats, une promesse d'alliance
matrimoniale et l'abandon de ses droits en Flandre. Mais peu importe
pour René, qui trouve à peine le temps de parcourir l'Anjou et la
Lorraine, ses états, et se précipite en Provence, pour s'embarquer le 12
avril 1438 à destination de l'Italie.
On
sait l'échec piteux de l'entreprise. Chassé de Naples par les
Aragonais, René retrouve, moins de quatre ans plus tard, le sol
provençal, puis regagne l'Anjou au printemps 1444. La province est à
peine remise des dernières offensives de la guerre de Cent ans. Les
Anglais tiennent encore le Maine, et viennent seulement d'accepter de
signer la trêve de Tours : Henri d'Angleterre épouse Marguerite d'Anjou,
fille de René, et promet d'évacuer le Maine sous deux ans, ce qu'il ne
fera en réalité que quatre ans plus tard, contraint par la chute du Mans
(15 mars 1448). Mais chacun sent que la paix est proche. Las de
combattre, Charles VII s’est retiré en
Touraine. Comme lui, René veut oublier la guerre, et s'étourdir dans des
festivités dans lesquelles les princes font assaut de magnificence.
Tel
est le sens du tournoi que donne, en juin 1446, René d'Anjou à Saumur,
et qui reste connu sous le nom de Pas du perron, ou de la joyeuse garde.
René a l'habitude de ces fêtes brillantes, qu'il a déjà données en
Lorraine ou à Naples, ou auxquelles il a été convié dans d'autres cours.
Ici il s'agit de défendre un écu semé de fleurs de pensées, attaché à
un perron de marbre gardé par un nain et deux lions. Tout chevalier
venant toucher cet écu de sa lance devait combattre contre l'un des
tenants du Pas. Les préparatifs sont particulièrement impressionnants :
l'on construit même, pour cette fête, "un chastel fait par artifice"
dans la plaine de Saumur pour y loger les défenseurs. Les prix aussi
sont somptueux : diamants et rubis récompensent les plus valeureux,
tandis que danses et festins ponctuent les joutes chevaleresques.
Sans
doute René fut-il satisfait de ces fêtes. Dès les mois suivants, il en
commandait la relation illustrée, et faisait faire de même, pour la
grande salle du château de Saumur, des peintures dont on ne sait si
elles virent effectivement le jour. Le manuscrit du Pas de Saumur,
conservé aujourd'hui à la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg, nous donne
le récit imagé et vivant d'un événement certainement cher au coeur du
duc d'Anjou. Le sujet devait d'ailleurs donner lieu à d'autres
déclinaisons : qui ne connaît son fameux Traité de la forme et devis
comme on fait les tournois, dans lequel il théorise les usages
chevaleresques ? qui ne sait l'importance qu'il accorde à l'ordre du
Croissant, créé en 1448 pour rassembler autour de lui les nobles de ses
états ?
Mais
les guerres s'achèvent et la préoccupation chevaleresque passe au
second plan dans la fin du règne. L'Anjou retient de son dernier duc
qu'il fut le prince d'un temps de paix, dont on lui attribue sans doute
trop facilement les vertus.
Repères chronologiques :
Le roi René donne à Saumur un tournoi (1446)
En cette fin d'année 1434, une conjonction d'événements va conduire René d'Anjou, deuxième fils de Louis II et de Yolande d'Aragon, à devenir un des féodaux les plus titrés d'Occident.
Voici d'abord que survient, en Italie, la mort sans postérité de son frère Louis III, transférant ainsi sur sa tête le titre ducal d'Anjou ; voici ensuite, deux mois plus tard, que Jeanne II
de Naples, en disparaissant à son tour, déclare reporter sur son
lointain parent toutes les prétentions de la maison royale de Naples et
de Sicile. Or l'héritier se trouve en fâcheuse posture. Des imprudences
et des batailles perdues l'ont livré, depuis le 30 juin 1431, aux mains
du duc de Bourgogne, dont il est le prisonnier retenu à Dijon. Six ans
seront nécessaires pour parvenir à une libération que René paie au prix
fort : une rançon de 400 000 ducats, une promesse d'alliance
matrimoniale et l'abandon de ses droits en Flandre. Mais peu importe
pour René, qui trouve à peine le temps de parcourir l'Anjou et la
Lorraine, ses états, et se précipite en Provence, pour s'embarquer le 12
avril 1438 à destination de l'Italie.
On
sait l'échec piteux de l'entreprise. Chassé de Naples par les
Aragonais, René retrouve, moins de quatre ans plus tard, le sol
provençal, puis regagne l'Anjou au printemps 1444. La province est à
peine remise des dernières offensives de la guerre de Cent ans. Les
Anglais tiennent encore le Maine, et viennent seulement d'accepter de
signer la trêve de Tours : Henri d'Angleterre épouse Marguerite d'Anjou,
fille de René, et promet d'évacuer le Maine sous deux ans, ce qu'il ne
fera en réalité que quatre ans plus tard, contraint par la chute du Mans
(15 mars 1448). Mais chacun sent que la paix est proche. Las de
combattre, Charles VII s’est retiré en
Touraine. Comme lui, René veut oublier la guerre, et s'étourdir dans des
festivités dans lesquelles les princes font assaut de magnificence.
Tel
est le sens du tournoi que donne, en juin 1446, René d'Anjou à Saumur,
et qui reste connu sous le nom de Pas du perron, ou de la joyeuse garde.
René a l'habitude de ces fêtes brillantes, qu'il a déjà données en
Lorraine ou à Naples, ou auxquelles il a été convié dans d'autres cours.
Ici il s'agit de défendre un écu semé de fleurs de pensées, attaché à
un perron de marbre gardé par un nain et deux lions. Tout chevalier
venant toucher cet écu de sa lance devait combattre contre l'un des
tenants du Pas. Les préparatifs sont particulièrement impressionnants :
l'on construit même, pour cette fête, "un chastel fait par artifice"
dans la plaine de Saumur pour y loger les défenseurs. Les prix aussi
sont somptueux : diamants et rubis récompensent les plus valeureux,
tandis que danses et festins ponctuent les joutes chevaleresques.
Sans
doute René fut-il satisfait de ces fêtes. Dès les mois suivants, il en
commandait la relation illustrée, et faisait faire de même, pour la
grande salle du château de Saumur, des peintures dont on ne sait si
elles virent effectivement le jour. Le manuscrit du Pas de Saumur,
conservé aujourd'hui à la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg, nous donne
le récit imagé et vivant d'un événement certainement cher au coeur du
duc d'Anjou. Le sujet devait d'ailleurs donner lieu à d'autres
déclinaisons : qui ne connaît son fameux Traité de la forme et devis
comme on fait les tournois, dans lequel il théorise les usages
chevaleresques ? qui ne sait l'importance qu'il accorde à l'ordre du
Croissant, créé en 1448 pour rassembler autour de lui les nobles de ses
états ?
Mais
les guerres s'achèvent et la préoccupation chevaleresque passe au
second plan dans la fin du règne. L'Anjou retient de son dernier duc
qu'il fut le prince d'un temps de paix, dont on lui attribue sans doute
trop facilement les vertus.
Repères chronologiques :
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XVIe siècle
Les prémices des guerres de religion en Anjou : la journée des mouchoirs (1560)
Le 31 octobre 1517, un moine augustin, Martin Luther, affiche à la
porte de la chapelle du château de Wittemberg 95 thèses contre les
indulgences : la Réforme protestante est née. Dès 1520, ses idées
pénètrent en France où elles sont condamnées par la Sorbonne, tandis que
la publication et la vente de ses livres sont interdites. Cependant,
les thèses de Luther arrivent très tôt en Anjou si bien qu'en 1523, les
vicaires généraux du diocèse d'Angers publient un monitoire contre les
personnes lisant ses écrits, interdiction que renouvelle et renforce
l'année suivante l'évêque François de Rohan, menaçant les contrevenants
d'excommunication et ordonnant la destruction des ouvrages incriminés.
L'efficacité
de telles mesures semble très relatif. Ainsi, Théodore de Bèze peut
affirmer que « l'Evangile fut aussi receu avec grande avidité en la
ville d'Angers » et signaler l'existence vers 1535 « d'une église
secrète avec des prescheurs » 1. En Anjou comme dans le reste
du royaume, la Réforme gagne les esprits. Cependant, l'affaire des
Placards marque au niveau national la fin de la tolérance. Les partisans
de la Réforme sont bientôt condamnés pour hérésie et pour rébellion
envers le pouvoir royal. L'Anjou bénéficie d’abord de l’esprit de
bienveillance de l'évêque Jean Olivier, mais aux Grands Jours d'Angers,
session extraordinaire du Parlement de Paris, à l'automne 1539, les
premières condamnations sont prises à l'encontre des protestants
angevins. La répression se durcit et les bûchers ne tardent pas à
suivre, en 1552 à Saumur, en 1556 à Angers. Parallèlement, les réformés,
de plus en plus nombreux, s'organisent : en 1555, l'église calviniste
d'Angers est dressée. Encore minoritaire, la jeune Eglise réformée n'en
possède pas moins un poids réel par la présence dans ses rangs d'un
nombre croissant de nobles et de notables de la ville.
L'échec de la conjuration d'Amboise, qui visait à enlever le jeune roi François II
pour le soustraire à l'influence des Guise, provoque un regain de
tension entre les deux communautés religieuses à Angers. Provocations et
répressions se multiplient tout au long de l'année 1560. C'est dans
cette atmosphère tendue que les trois ordres sont invités à choisir
leurs délégués aux États généraux convoqués pour décembre à Orléans. La
réunion se tient au Palais royal, place des Halles, le 14 octobre. Elle
est ouverte par François Grimaudet, éminent jurisconsulte, qui dans son
discours introductif dénonce particulièrement les égarements de
l'Église. Si les élections des représentants du Tiers se déroulent dans
le calme, les protestants l'emportant, il n'en est rien en revanche de
ceux de la noblesse. Deux députés élus sur trois sont des réformés
notoires. Les catholiques s'en émeuvent et demandent l'annulation de
l'élection, prétextant que les protestants, il est vrai venus tous en
armes, l'avaient emportée par intimidation. Le tumulte devient général
et dégénère en émeute. Pour se reconnaître dans la foule, les huguenots
de la noblesse nouent à leur chapeau leur mouchoir. Ce geste laissera
son nom à la « journée des mouchoirs ».
Le calme revient rapidement, mais le duc de
Montpensier, gouverneur du Maine, de la Touraine et de l'Anjou, mis au
courant, arrive bientôt à Angers, accompagné de trois compagnies de
soldats. Le 24 octobre il ordonne à tous les habitants de déposer les
armes. L'évêque publie dans le même temps un monitoire contre les
iconoclastes et les blasphémateurs hérétiques et demande de dénoncer les
réformés de la ville et ceux qui avaient pris part à la journée des
mouchoirs. Plusieurs sont arrêtés, les élections sont cassées et des
députés catholiques élus.
Cet épisode a mis en lumière la puissance
politique nouvelle des protestants en Anjou et provoqué la vive réaction
des catholiques. Les fidèles des deux religions désormais se préparent à
l'affrontement.
1 Théodore DE BÈZE, Histoire ecclésiastique des églises réformées au royaume de France, éd. par P. VESSON, Toulouse, 1882, vol. 1.
Repères chronologiques :
Les prémices des guerres de religion en Anjou : la journée des mouchoirs (1560)
Le 31 octobre 1517, un moine augustin, Martin Luther, affiche à la
porte de la chapelle du château de Wittemberg 95 thèses contre les
indulgences : la Réforme protestante est née. Dès 1520, ses idées
pénètrent en France où elles sont condamnées par la Sorbonne, tandis que
la publication et la vente de ses livres sont interdites. Cependant,
les thèses de Luther arrivent très tôt en Anjou si bien qu'en 1523, les
vicaires généraux du diocèse d'Angers publient un monitoire contre les
personnes lisant ses écrits, interdiction que renouvelle et renforce
l'année suivante l'évêque François de Rohan, menaçant les contrevenants
d'excommunication et ordonnant la destruction des ouvrages incriminés.
L'efficacité
de telles mesures semble très relatif. Ainsi, Théodore de Bèze peut
affirmer que « l'Evangile fut aussi receu avec grande avidité en la
ville d'Angers » et signaler l'existence vers 1535 « d'une église
secrète avec des prescheurs » 1. En Anjou comme dans le reste
du royaume, la Réforme gagne les esprits. Cependant, l'affaire des
Placards marque au niveau national la fin de la tolérance. Les partisans
de la Réforme sont bientôt condamnés pour hérésie et pour rébellion
envers le pouvoir royal. L'Anjou bénéficie d’abord de l’esprit de
bienveillance de l'évêque Jean Olivier, mais aux Grands Jours d'Angers,
session extraordinaire du Parlement de Paris, à l'automne 1539, les
premières condamnations sont prises à l'encontre des protestants
angevins. La répression se durcit et les bûchers ne tardent pas à
suivre, en 1552 à Saumur, en 1556 à Angers. Parallèlement, les réformés,
de plus en plus nombreux, s'organisent : en 1555, l'église calviniste
d'Angers est dressée. Encore minoritaire, la jeune Eglise réformée n'en
possède pas moins un poids réel par la présence dans ses rangs d'un
nombre croissant de nobles et de notables de la ville.
L'échec de la conjuration d'Amboise, qui visait à enlever le jeune roi François II
pour le soustraire à l'influence des Guise, provoque un regain de
tension entre les deux communautés religieuses à Angers. Provocations et
répressions se multiplient tout au long de l'année 1560. C'est dans
cette atmosphère tendue que les trois ordres sont invités à choisir
leurs délégués aux États généraux convoqués pour décembre à Orléans. La
réunion se tient au Palais royal, place des Halles, le 14 octobre. Elle
est ouverte par François Grimaudet, éminent jurisconsulte, qui dans son
discours introductif dénonce particulièrement les égarements de
l'Église. Si les élections des représentants du Tiers se déroulent dans
le calme, les protestants l'emportant, il n'en est rien en revanche de
ceux de la noblesse. Deux députés élus sur trois sont des réformés
notoires. Les catholiques s'en émeuvent et demandent l'annulation de
l'élection, prétextant que les protestants, il est vrai venus tous en
armes, l'avaient emportée par intimidation. Le tumulte devient général
et dégénère en émeute. Pour se reconnaître dans la foule, les huguenots
de la noblesse nouent à leur chapeau leur mouchoir. Ce geste laissera
son nom à la « journée des mouchoirs ».
Le calme revient rapidement, mais le duc de
Montpensier, gouverneur du Maine, de la Touraine et de l'Anjou, mis au
courant, arrive bientôt à Angers, accompagné de trois compagnies de
soldats. Le 24 octobre il ordonne à tous les habitants de déposer les
armes. L'évêque publie dans le même temps un monitoire contre les
iconoclastes et les blasphémateurs hérétiques et demande de dénoncer les
réformés de la ville et ceux qui avaient pris part à la journée des
mouchoirs. Plusieurs sont arrêtés, les élections sont cassées et des
députés catholiques élus.
Cet épisode a mis en lumière la puissance
politique nouvelle des protestants en Anjou et provoqué la vive réaction
des catholiques. Les fidèles des deux religions désormais se préparent à
l'affrontement.
1 Théodore DE BÈZE, Histoire ecclésiastique des églises réformées au royaume de France, éd. par P. VESSON, Toulouse, 1882, vol. 1.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XVIIe siècle
Les Filles de la Charité s’installent à l’hôpital d’Angers (1640)
Le premier XVIIe siècle, que clôt en 1661 l'avènement du jeune Louis XIV,
n'est pas pour l'Anjou un temps paisible. Au contraire, la révolte y
est quasi- permanente et générale, qu'elle soit le fait des princes du
sang, des nobles, des oligarchies municipales, des officiers, des
protestants, ou des classes populaires urbaines et rurales, et ce malgré
une reprise économique indéniable qui suit, dans les pays de la Loire,
la fin des guerres de religion.
Bien
plus que les survivances des conflits religieux, ce sont les guerres
étrangères et le poids de la fiscalité qui pèsent sur les provinces qui
sont la cause de ce profond malaise social. Épidémies et famines s'y
additionnent : la peste, mal endémique, réapparaît vers 1625 pour
étendre ses ravages pendant près de quinze ans et être enfin jugulée
vers 1640. La famine est souvent liée aux crues brutales des rivières
qui sont si fortes par exemple en 1615 et 1651 qu'elles entraînent la
rupture des levées de la Loire, compromettant les récoltes et faisant
affluer dans les villes les paysans affamés. La plus terrible épreuve
survient en 1661-1663, quand trois années de mauvaises récoltes
consécutives entraînent une misère décrite par les contemporains comme
insupportable. La fin du siècle est marquée par un retour de crise, même
si la disette des années 1693-1694 ne peut être comparée, dans son
ampleur, à la précédente.
Dans ce contexte, la charité est
l'unique recours des populations démunies. A Angers, une distinction
s'était établie, au début du siècle, entre le traitement des malades,
incombant à l'hôpital Saint-Jean, et l'assistance aux pauvres, pour
laquelle sous l'impulsion de Pierre Ayrault, est créé en 1615 un hospice
dit des renfermés, destiné à juguler la mendicité trop voyante. Mais la
fondation se maintient difficilement, faute de ressources suffisantes.
Supprimée, puis rétablie en 1672, elle prend alors le titre d'Hôpital
général de la Charité, qu'elle conservera au delà même de la Révolution.
Mais si l'Hôpital de la Charité accueille, tant bien
que mal, une population d'un millier d'indigents, l'Hôtel Dieu doit
faire face aux vagues récurrentes des épidémies. Depuis 1548, les
religieux qui accaparaient à leur profit la plus grande partie des
revenus, ont été dessaisis du gouvernement de l'hôpital, et remplacés
par des notables nommés qui s'efforcent de pallier la détresse
financière. Mais l'hôpital manque de bras : les médecins et chirurgiens
le desservent irrégulièrement et l'on déplore, malgré les dons,
l'insuffisance du personnel comme du matériel.
Or,
depuis 1633 s'est créé, à l'initiative de saint Vincent de Paul et de
sa fervente disciple Louise de Marillac, une communauté des Filles de la
Charité qui se donne pour unique mission le soin des malades et pour
règle la « simplicité et la gaieté ». Pour pouvoir assurer le service
des pauvres librement, les filles de la Charité n'ont pas adopté le
statut de religieuses et sont donc dispensées du cloître. Plus tard, des
ordonnances les placeront officiellement sous l'autorité de Saint
Vincent de Paul et de ses successeurs, supérieurs de la Congrégation de
la Mission.
Louise de Marillac arrive à Angers au début de
décembre 1639, accompagnée de trois sœurs. Le1er février 1640, elle y
installe définitivement huit sœurs, et leur nombre ne cesse d'augmenter
jusqu'à atteindre trente neuf à la veille de la Révolution. Elles
avaient à charge près de trois cent lits, le nombre des malades admis
variant, selon les périodes, de trois cent cinquante à cinq cent
personnes. Pour conforter la nouvelle fondation, Saint Vincent de Paul
lui-même vint visiter la communauté du 19 au 24 mars 1646.
Repères chronologiques :
Les Filles de la Charité s’installent à l’hôpital d’Angers (1640)
Le premier XVIIe siècle, que clôt en 1661 l'avènement du jeune Louis XIV,
n'est pas pour l'Anjou un temps paisible. Au contraire, la révolte y
est quasi- permanente et générale, qu'elle soit le fait des princes du
sang, des nobles, des oligarchies municipales, des officiers, des
protestants, ou des classes populaires urbaines et rurales, et ce malgré
une reprise économique indéniable qui suit, dans les pays de la Loire,
la fin des guerres de religion.
Bien
plus que les survivances des conflits religieux, ce sont les guerres
étrangères et le poids de la fiscalité qui pèsent sur les provinces qui
sont la cause de ce profond malaise social. Épidémies et famines s'y
additionnent : la peste, mal endémique, réapparaît vers 1625 pour
étendre ses ravages pendant près de quinze ans et être enfin jugulée
vers 1640. La famine est souvent liée aux crues brutales des rivières
qui sont si fortes par exemple en 1615 et 1651 qu'elles entraînent la
rupture des levées de la Loire, compromettant les récoltes et faisant
affluer dans les villes les paysans affamés. La plus terrible épreuve
survient en 1661-1663, quand trois années de mauvaises récoltes
consécutives entraînent une misère décrite par les contemporains comme
insupportable. La fin du siècle est marquée par un retour de crise, même
si la disette des années 1693-1694 ne peut être comparée, dans son
ampleur, à la précédente.
Dans ce contexte, la charité est
l'unique recours des populations démunies. A Angers, une distinction
s'était établie, au début du siècle, entre le traitement des malades,
incombant à l'hôpital Saint-Jean, et l'assistance aux pauvres, pour
laquelle sous l'impulsion de Pierre Ayrault, est créé en 1615 un hospice
dit des renfermés, destiné à juguler la mendicité trop voyante. Mais la
fondation se maintient difficilement, faute de ressources suffisantes.
Supprimée, puis rétablie en 1672, elle prend alors le titre d'Hôpital
général de la Charité, qu'elle conservera au delà même de la Révolution.
Mais si l'Hôpital de la Charité accueille, tant bien
que mal, une population d'un millier d'indigents, l'Hôtel Dieu doit
faire face aux vagues récurrentes des épidémies. Depuis 1548, les
religieux qui accaparaient à leur profit la plus grande partie des
revenus, ont été dessaisis du gouvernement de l'hôpital, et remplacés
par des notables nommés qui s'efforcent de pallier la détresse
financière. Mais l'hôpital manque de bras : les médecins et chirurgiens
le desservent irrégulièrement et l'on déplore, malgré les dons,
l'insuffisance du personnel comme du matériel.
Or,
depuis 1633 s'est créé, à l'initiative de saint Vincent de Paul et de
sa fervente disciple Louise de Marillac, une communauté des Filles de la
Charité qui se donne pour unique mission le soin des malades et pour
règle la « simplicité et la gaieté ». Pour pouvoir assurer le service
des pauvres librement, les filles de la Charité n'ont pas adopté le
statut de religieuses et sont donc dispensées du cloître. Plus tard, des
ordonnances les placeront officiellement sous l'autorité de Saint
Vincent de Paul et de ses successeurs, supérieurs de la Congrégation de
la Mission.
Louise de Marillac arrive à Angers au début de
décembre 1639, accompagnée de trois sœurs. Le1er février 1640, elle y
installe définitivement huit sœurs, et leur nombre ne cesse d'augmenter
jusqu'à atteindre trente neuf à la veille de la Révolution. Elles
avaient à charge près de trois cent lits, le nombre des malades admis
variant, selon les périodes, de trois cent cinquante à cinq cent
personnes. Pour conforter la nouvelle fondation, Saint Vincent de Paul
lui-même vint visiter la communauté du 19 au 24 mars 1646.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XVIIIe siècle
Les jeunes gens de Saint-Florent-le-Vieil refusent la conscription (1793)
Janvier 1793 : la Révolution entre dans sa quatrième année. Après le
temps des réformateurs, est venu celui des « sans-culottes »,
contraints d'agir dans l'urgence : aux frontières se pressent les armées
des princes coalisés. La victoire de Valmy, le 20 septembre 1792, évite
de peu l'invasion.
Le
lendemain même, se réunit la Convention, assemblée nouvelle dont les
membres sont pour la plupart issus des Comités révolutionnaires. Dans un
premier vote symbolique, l'assemblée approuve l'abolition de la
royauté, puis organise dans l'automne le procès du roi. Son exécution,
le 21 janvier 1793, ravive le conflit armé : l'Angleterre, le pape,
l'Espagne, les princes allemands et italiens sont désormais unis contre
la République régicide. Aussitôt réapparaît le spectre de la défaite et
la menace de l'invasion. Devant le danger, la Convention mobilise, et
décide la levée de 300 000 hommes.
Cette
mesure brutale, particulièrement dirigée vers le monde paysan, déjà
appauvri par la désorganisation des approvisionnements, est ressentie
comme tout à fait inacceptable. La révolte immédiate n'est pas seulement
angevine: du nord à Toulouse, de la Bourgogne à l'Orléanais, ou à
l'Alsace, éclatent de véritables insurrections, réprimées sans états
d'âme par les représentants en mission, émissaires fraîchement désignés
du tout nouveau Comité de Salut Public. Dans l'Ouest, l'insurrection se
propage comme une traînée de poudre. Dès le 4 mars, les administrateurs
du district de Cholet adressent à Angers une pressante mise en garde,
réclamant des renforts et l'envoi d'un commissaire : "la loi du 24
février sur le recrutement a excité parmi les hommes qu'elle oblige à
concourir au complètement de l'armée la plus grande fermentation. Hier
dimanche, les garçons de Cholet s'assemblèrent, au nombre de cinq à six
cent, et formèrent différents projets. Les uns voulaient que les
patriotes seuls partissent ; d'autres, que ce fussent seulement ceux qui
composent la compagnie de grenadiers ou de canonniers. Presque tous ont
décidé qu'ils ne tireraient pas... Hier soir, dans l'attroupement, ils
quittèrent tous la cocarde nationale, et quelques-uns eurent l'infamie
de la fouler aux pieds". Les premiers attroupements se transforment en
émeutes. Des chefs sont trouvés, le garde-chasse Stofflet, le voiturier
Cathelineau, les anciens militaires Bonchamps et d'Elbée. Une à une, les
places sont acquises. Le 12 mars, c'est au tour de Saint Florent- le-
Vieil, dont les administrateurs annoncent le lendemain au Directoire de
Département le passage aux mains des insurgés. Le lendemain, c'est à
Cholet que les gardes nationaux en hâte réunis sont taillés en pièces.
Désormais, l'armée qui s'est formée n'est plus seulement une troupe de
hasard : déterminée à combattre, elle s'organise face à la Convention
qui prend, le 19 mars, un décret prescrivant la mort de toute personne
arrêtée les armes à la main ou porteuse d'une cocarde blanche. La guerre
civile est déclarée.
Repères chronologiques :
Les jeunes gens de Saint-Florent-le-Vieil refusent la conscription (1793)
Janvier 1793 : la Révolution entre dans sa quatrième année. Après le
temps des réformateurs, est venu celui des « sans-culottes »,
contraints d'agir dans l'urgence : aux frontières se pressent les armées
des princes coalisés. La victoire de Valmy, le 20 septembre 1792, évite
de peu l'invasion.
Le
lendemain même, se réunit la Convention, assemblée nouvelle dont les
membres sont pour la plupart issus des Comités révolutionnaires. Dans un
premier vote symbolique, l'assemblée approuve l'abolition de la
royauté, puis organise dans l'automne le procès du roi. Son exécution,
le 21 janvier 1793, ravive le conflit armé : l'Angleterre, le pape,
l'Espagne, les princes allemands et italiens sont désormais unis contre
la République régicide. Aussitôt réapparaît le spectre de la défaite et
la menace de l'invasion. Devant le danger, la Convention mobilise, et
décide la levée de 300 000 hommes.
Cette
mesure brutale, particulièrement dirigée vers le monde paysan, déjà
appauvri par la désorganisation des approvisionnements, est ressentie
comme tout à fait inacceptable. La révolte immédiate n'est pas seulement
angevine: du nord à Toulouse, de la Bourgogne à l'Orléanais, ou à
l'Alsace, éclatent de véritables insurrections, réprimées sans états
d'âme par les représentants en mission, émissaires fraîchement désignés
du tout nouveau Comité de Salut Public. Dans l'Ouest, l'insurrection se
propage comme une traînée de poudre. Dès le 4 mars, les administrateurs
du district de Cholet adressent à Angers une pressante mise en garde,
réclamant des renforts et l'envoi d'un commissaire : "la loi du 24
février sur le recrutement a excité parmi les hommes qu'elle oblige à
concourir au complètement de l'armée la plus grande fermentation. Hier
dimanche, les garçons de Cholet s'assemblèrent, au nombre de cinq à six
cent, et formèrent différents projets. Les uns voulaient que les
patriotes seuls partissent ; d'autres, que ce fussent seulement ceux qui
composent la compagnie de grenadiers ou de canonniers. Presque tous ont
décidé qu'ils ne tireraient pas... Hier soir, dans l'attroupement, ils
quittèrent tous la cocarde nationale, et quelques-uns eurent l'infamie
de la fouler aux pieds". Les premiers attroupements se transforment en
émeutes. Des chefs sont trouvés, le garde-chasse Stofflet, le voiturier
Cathelineau, les anciens militaires Bonchamps et d'Elbée. Une à une, les
places sont acquises. Le 12 mars, c'est au tour de Saint Florent- le-
Vieil, dont les administrateurs annoncent le lendemain au Directoire de
Département le passage aux mains des insurgés. Le lendemain, c'est à
Cholet que les gardes nationaux en hâte réunis sont taillés en pièces.
Désormais, l'armée qui s'est formée n'est plus seulement une troupe de
hasard : déterminée à combattre, elle s'organise face à la Convention
qui prend, le 19 mars, un décret prescrivant la mort de toute personne
arrêtée les armes à la main ou porteuse d'une cocarde blanche. La guerre
civile est déclarée.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XIXe siècle
Napoléon visite les Angevins victimes de la crue de la Loire (1856)
4 juin 1856, 4 heures du matin, à La
Chapelle-sur-Loire en Touraine : les flots en furie rompent la digue sur
200 mètres, la Loire quitte son lit, s’engouffre dans la vallée de
l’Authion. Saint- Clément- des- Levées, Mazé, Andard sont submergés.
6
juin, 3 heures 30 du matin, à Trélazé : l’eau pénètre dans les galeries
des ardoisières « avec un bruit épouvantable : un sourd mugissement
suivi de sifflements montant dans les entrailles de la terre » ; une
cascade de 80 mètres de haut forme un « spectacle grandiose mais
terrible ». L’eau monte de 1 mètre par heure. 8 juin : la Loire entame
sa décrue.
Violence, soudaineté : la Loire a encore détruit et
plus que jamais. De mémoire et d’archives, on n’a connu tel cataclysme.
Exceptionnelle, la crue l’est par sa période, hors saison des pluies,
par les débits relevés et la hauteur des eaux (7,14 m à Saumur ; 6,46 m à Saint-Mathurin). Mais aussi par l’étendue des terres inondées, le poids économique des destructions (25 millions de francs).
Impuissance
des hommes face aux éléments mais solidarité dans l’épreuve : l’école
de cavalerie à Saumur, celle des Arts et Métiers à Angers, les
prisonniers de Fontevraud prêtent main forte. Le tambour rameute en
pleine nuit la population à Longué, les gendarmes réquisitionnent hommes
et matériels. La souscription nationale qui est lancée recueille la
somme colossale de 12 millions de francs.
Comment la Loire, si
calme et si sereine, presque léthargique l’été avec les longs bancs de
sable qui émergent de son lit, peut-elle grossir si brutalement pour
devenir sauvage, impétueuse, destructrice ? L’homme a pourtant tenté,
depuis l’Antiquité, de la domestiquer. En 821, une turcie, petite digue
truffée de pieux, est élevée. Sous Henri II Plantagenêt au XIIe
siècle apparaissent les premières constructions solides. Mails il faut
attendre Colbert pour que des travaux de grande ampleur soient entrepris
(1682-1702) sur plusieurs centaines de kilomètres, d’Orléans à Nantes ;
les digues sont rehaussées jusqu’à 5,20 m.
Peine perdue : la crue de 1733 emportent les protections. Faut-il les
monter plus haut encore, jusqu’à 7 mètres ? certains préconisent
d’autres solutions, comme celle de construire des canaux auxiliaires de
déversement. On temporise, on répare, lorsque survient la crue de 1846,
brève mais violente, dramatique annonce de celle de 1856.
Cette année-là, le Midi est également touché de plein fouet. L’empereur Napoléon III, le 2 juin, descend la vallée du Rhône à la rencontre des populations sinistrées.
En
Maine-et-Loire, le préfet Vallon réclame à son tour la venue du
souverain. Le 9 juin, après avoir temporisé, il arrive enfin dans le
département. À Trélazé il se rend en barque au milieu des mines
englouties des Grands Carreaux et vient à la rencontre des ouvriers et
de leurs familles qui l’accueillent aux cris de : « Vive l’empereur !
Qu’il soit béni pour le bien qu’il nous apporte ! ».
Il accorde
des secours en argent et promet une nouvelle digue qui, dix ans plus
tard, sera baptisée « Levée Napoléon ». À ces gestes de générosité, qui
correspondent à l’image de souverain proche du peuple, que l’empereur
veut se donner, s’ajoute un geste politique : l’insurrection des
perreyeurs de Trélazé l’année précédente, fomentée par « La Marianne »,
est dans tous les esprits. Il faut rallier les opposants
révolutionnaires. Même si Napoléon ne distribue que des médailles et des
récompenses sans accorder d’amnistie - François Attibert, le chef de
l’insurrection, ne reviendra du bagne qu’en 1866 - le préfet affiche
l’optimisme en annonçant que « la visite de l’empereur [a] rétabli
l’ordre ». Et une fois de plus la question est posée : comment dompter
l’indomptable Loire ? Comment prévenir et comment détourner ses colères ?
1856 reste aujourd’hui la crue de référence pour les travaux
d’endiguement ; on insiste davantage sur la prévention par une
observation régulière des débits. Mais les caprices du fleuve royal sont
encore souverains...
Repères chronologiques :
Napoléon visite les Angevins victimes de la crue de la Loire (1856)
4 juin 1856, 4 heures du matin, à La
Chapelle-sur-Loire en Touraine : les flots en furie rompent la digue sur
200 mètres, la Loire quitte son lit, s’engouffre dans la vallée de
l’Authion. Saint- Clément- des- Levées, Mazé, Andard sont submergés.
6
juin, 3 heures 30 du matin, à Trélazé : l’eau pénètre dans les galeries
des ardoisières « avec un bruit épouvantable : un sourd mugissement
suivi de sifflements montant dans les entrailles de la terre » ; une
cascade de 80 mètres de haut forme un « spectacle grandiose mais
terrible ». L’eau monte de 1 mètre par heure. 8 juin : la Loire entame
sa décrue.
Violence, soudaineté : la Loire a encore détruit et
plus que jamais. De mémoire et d’archives, on n’a connu tel cataclysme.
Exceptionnelle, la crue l’est par sa période, hors saison des pluies,
par les débits relevés et la hauteur des eaux (7,14 m à Saumur ; 6,46 m à Saint-Mathurin). Mais aussi par l’étendue des terres inondées, le poids économique des destructions (25 millions de francs).
Impuissance
des hommes face aux éléments mais solidarité dans l’épreuve : l’école
de cavalerie à Saumur, celle des Arts et Métiers à Angers, les
prisonniers de Fontevraud prêtent main forte. Le tambour rameute en
pleine nuit la population à Longué, les gendarmes réquisitionnent hommes
et matériels. La souscription nationale qui est lancée recueille la
somme colossale de 12 millions de francs.
Comment la Loire, si
calme et si sereine, presque léthargique l’été avec les longs bancs de
sable qui émergent de son lit, peut-elle grossir si brutalement pour
devenir sauvage, impétueuse, destructrice ? L’homme a pourtant tenté,
depuis l’Antiquité, de la domestiquer. En 821, une turcie, petite digue
truffée de pieux, est élevée. Sous Henri II Plantagenêt au XIIe
siècle apparaissent les premières constructions solides. Mails il faut
attendre Colbert pour que des travaux de grande ampleur soient entrepris
(1682-1702) sur plusieurs centaines de kilomètres, d’Orléans à Nantes ;
les digues sont rehaussées jusqu’à 5,20 m.
Peine perdue : la crue de 1733 emportent les protections. Faut-il les
monter plus haut encore, jusqu’à 7 mètres ? certains préconisent
d’autres solutions, comme celle de construire des canaux auxiliaires de
déversement. On temporise, on répare, lorsque survient la crue de 1846,
brève mais violente, dramatique annonce de celle de 1856.
Cette année-là, le Midi est également touché de plein fouet. L’empereur Napoléon III, le 2 juin, descend la vallée du Rhône à la rencontre des populations sinistrées.
En
Maine-et-Loire, le préfet Vallon réclame à son tour la venue du
souverain. Le 9 juin, après avoir temporisé, il arrive enfin dans le
département. À Trélazé il se rend en barque au milieu des mines
englouties des Grands Carreaux et vient à la rencontre des ouvriers et
de leurs familles qui l’accueillent aux cris de : « Vive l’empereur !
Qu’il soit béni pour le bien qu’il nous apporte ! ».
Il accorde
des secours en argent et promet une nouvelle digue qui, dix ans plus
tard, sera baptisée « Levée Napoléon ». À ces gestes de générosité, qui
correspondent à l’image de souverain proche du peuple, que l’empereur
veut se donner, s’ajoute un geste politique : l’insurrection des
perreyeurs de Trélazé l’année précédente, fomentée par « La Marianne »,
est dans tous les esprits. Il faut rallier les opposants
révolutionnaires. Même si Napoléon ne distribue que des médailles et des
récompenses sans accorder d’amnistie - François Attibert, le chef de
l’insurrection, ne reviendra du bagne qu’en 1866 - le préfet affiche
l’optimisme en annonçant que « la visite de l’empereur [a] rétabli
l’ordre ». Et une fois de plus la question est posée : comment dompter
l’indomptable Loire ? Comment prévenir et comment détourner ses colères ?
1856 reste aujourd’hui la crue de référence pour les travaux
d’endiguement ; on insiste davantage sur la prévention par une
observation régulière des débits. Mais les caprices du fleuve royal sont
encore souverains...
Repères chronologiques :
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Localisation : Nevers / Bourgogne
Date d'inscription : 31/07/2009
Re: Histoire de l'Anjou
Il était une fois l'Anjou - XXe siècle
Michel Debré s’installe à la préfecture en libérateur (1944)
D’une guerre à l’autre, la première moitié du XXe siècle est prise dans l’étau des deux conflits mondiaux. La guerre de 1914-1918 coûte la vie à près de 20 000 Angevins.
Après
une relative embellie due aux commandes de la reconstruction,
l’économie angevine est touchée par la crise industrielle et agricole
qui se poursuit jusqu’en 1939. Épargné par la « drôle de guerre »,
accueillant le Gouvernement polonais en exil en 1939-1940, le
département connaît brutalement des heures tragiques en juin 1940. Les
premiers soldats de l’armée française en retraite arrivent en Anjou le
15 juin. Le 19, le conseil municipal d’Angers convainc l’autorité
militaire de déclarer la ville « ouverte ». La Loire offre une dernière
ligne de défense : la résistance est particulièrement vive à Saumur, où
les « cadets » résistent jusqu’au 21 juin au prix de leur vie.
L’occupant fait d’Angers sa capitale militaire de l’ouest et, entre
pénurie et présence de nombreuses troupes et garnisons, l’Anjou plie
l’échine. Après 1942, huit cent Juifs de l’ouest montent ainsi à Angers
dans un convoi formé directement pour Auschwitz. Au printemps 1944, la
Libération s’annonce.
Angers
jusque là épargnée, subit de violents et destructeurs bombardements,
sous lesquels périssent près de 300 victimes. Puis Saumur est touché à
son tour. Dans la clandestinité, un homme se prépare : c’est Michel
Debré, désigné par le gouvernement provisoire du général de Gaulle pour
incarner le nouveau pouvoir dans la France libérée. Le moment est venu
le 10 août 1944. Lorsqu’après deux jours d’approche, les troupes
américaines du général Patton investissent la ville, Michel Debré,
arrivé la veille, se présente à la préfecture, et signifie son congé au
préfet Charles Donati qui n’oppose aucune résistance. Il assurera
jusqu’au 8 avril suivant la mission de commissaire de la République pour
la Région d’Angers, veillant autant au rétablissement de la liberté
qu’à l’amélioration des difficiles conditions matérielles. Désormais la
voie est ouverte pour le renouveau des « Trente Glorieuses », et pour un
autre demi-siècle dont l’histoire reste à écrire.
Repères chronologiques :
Michel Debré s’installe à la préfecture en libérateur (1944)
D’une guerre à l’autre, la première moitié du XXe siècle est prise dans l’étau des deux conflits mondiaux. La guerre de 1914-1918 coûte la vie à près de 20 000 Angevins.
Après
une relative embellie due aux commandes de la reconstruction,
l’économie angevine est touchée par la crise industrielle et agricole
qui se poursuit jusqu’en 1939. Épargné par la « drôle de guerre »,
accueillant le Gouvernement polonais en exil en 1939-1940, le
département connaît brutalement des heures tragiques en juin 1940. Les
premiers soldats de l’armée française en retraite arrivent en Anjou le
15 juin. Le 19, le conseil municipal d’Angers convainc l’autorité
militaire de déclarer la ville « ouverte ». La Loire offre une dernière
ligne de défense : la résistance est particulièrement vive à Saumur, où
les « cadets » résistent jusqu’au 21 juin au prix de leur vie.
L’occupant fait d’Angers sa capitale militaire de l’ouest et, entre
pénurie et présence de nombreuses troupes et garnisons, l’Anjou plie
l’échine. Après 1942, huit cent Juifs de l’ouest montent ainsi à Angers
dans un convoi formé directement pour Auschwitz. Au printemps 1944, la
Libération s’annonce.
Angers
jusque là épargnée, subit de violents et destructeurs bombardements,
sous lesquels périssent près de 300 victimes. Puis Saumur est touché à
son tour. Dans la clandestinité, un homme se prépare : c’est Michel
Debré, désigné par le gouvernement provisoire du général de Gaulle pour
incarner le nouveau pouvoir dans la France libérée. Le moment est venu
le 10 août 1944. Lorsqu’après deux jours d’approche, les troupes
américaines du général Patton investissent la ville, Michel Debré,
arrivé la veille, se présente à la préfecture, et signifie son congé au
préfet Charles Donati qui n’oppose aucune résistance. Il assurera
jusqu’au 8 avril suivant la mission de commissaire de la République pour
la Région d’Angers, veillant autant au rétablissement de la liberté
qu’à l’amélioration des difficiles conditions matérielles. Désormais la
voie est ouverte pour le renouveau des « Trente Glorieuses », et pour un
autre demi-siècle dont l’histoire reste à écrire.
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RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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Date d'inscription : 31/07/2009
Re: Histoire de l'Anjou
Comtes et ducs d'Anjou
COMTES ET DUCS D'ANJOU - Vème - IXème siècles
De nos jours le titre de duc d'Anjou a été porté successivement par dom Jaime de Bourbon, fils aîné d'Alphonse XIII
d'Espagne et chef de la maison de Bourbon, puis par son fils Alphonse,
décédé accidentellement en 1989, tous deux prétendants au trône de
France comme aînés, selon la loi salique, des descendants de Louis XIV.
COMTES ET DUCS D'ANJOU - Vème - IXème siècles
- Paul, comte d'Angers (v. 471).
- Florus (543).
- Théodulf (585).
- Saint Lézin (v. 587-592), évêque d'Angers (v. 592).
- Rainfroi (719-725), ancien maire du palais de Neustrie.
- Gaidulfe de Ravenne (v. 755).
- Milon, père de Roland, duc de la marche de Bretagne.
- Roland, duc de la marche de Bretagne.
- Auturlf (786), sénéchal de Charlemagne.
- Rorgon.
- Gairard (847), abbé de Saint-Serge.
- Lambert (846-850).
- Eudes (851).
- Robert le Fort (?-853, puis 862-865), puis 866).
- Hugues l'Abbé (866-886).
- Eudes (886-888), fils de Robert le Fort.
- Ingelger, vicomte.
- Foulque 1er le Roux (av. 929-941 / 942), comte.
- Foulque II le Bon (941 / 942-v. 960).
- Geoffroi 1er Grisegonelle (v. 960-987).
- Foulque III Nerra (987-1040).
- Geoffroi II Martel (1040-1060).
- Geoffroi III le Barbu (1060-1067).
- Foulque IV Réchin (1067-1109).
- Geoffroi IV Martel le Jeune (1104-1106), comte associé.
- Foulque V le Jeune (1109-?), roi de Jérusalem en 1131.
- Geoffroy V le Bel ou Plantagenêt (1128-1151).
- Henri Plantagenêt (1151-1189); Henri II d'Angleterre en 1154.
- Henri le Jeune dit Court Mantel (1170-1183), comte associé.
- Richard Cœur de Lion (1189-1199).
- Jean sans Terre (1199-1204).
- Arthur de Bretagne (1199-1203).
- Charles 1er d'Anjou (1246-1285), roi de Sicile en 1266.
- Charles II le Boiteux (1285-1290), roi de Sicile.
- Charles de Valois (1290-1325).
- Philippe de Valois (1325-1328), roi de France en 1328.
- Jean le Bon (1331-1350).
- Louis 1er d'Anjou (1351-1360), ensuite duc.
- Louis 1er d'Anjou (1360-1384), roi de Naples en 1382.
- Louis II d'Anjou (1384-1417), roi de Naples en 1389.
- Louis III d'Anjou (1417-1434).
- René d'Anjou (1434-1480), roi de Naples en 1435.
- Louise de Savoie (1516-1531), mère de François 1er
- Hercules (1554-1556), fils d'Henri II. Henri d'Orléans (1566-1574), frère du précédent et futur Henri III.
- Hercules (1576-1584) (prénommé François depuis 1566).
- Philippe (1640-?), frère de Louis XIV.
- Philippe (1668-1671), fils de Louis XIV.
- Louis-François (1672…), autre fils de Louis XIV, mort à trois mois.
- Philippe (1683-1700), fils du dauphin Louis, Philippe V d'Espagne en 1700.
- Louis (1710-1715), dauphin (Louis XV).
- Louis-Stanislas-Xavier (1771-1773), second fils de Louis XV.
- Louis second fils du dauphin (mort à un an).
- Louis-Stanislas-Xavier (1775-1824), (Louis XVIII).
De nos jours le titre de duc d'Anjou a été porté successivement par dom Jaime de Bourbon, fils aîné d'Alphonse XIII
d'Espagne et chef de la maison de Bourbon, puis par son fils Alphonse,
décédé accidentellement en 1989, tous deux prétendants au trône de
France comme aînés, selon la loi salique, des descendants de Louis XIV.
RAPHAEL83- Dans l'autre monde
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