CHAPITRE III. Des subsistances d'une armée.
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CHAPITRE III. Des subsistances d'une armée.
CHAPITRE III.
Des subsistances d'une armée.
L'ordre demande que nous parlions des vivres et des fourrages, dont la disette détruit
souvent plus une armée que la guerre même ; car la faim est plus terrible que le fer : d'ailleurs, on peut remédier sur-le-champ aux autres accidents qui peuvent arriver ; mais il n'y a d'autres moyens pour éviter la disette, que de la prévenir.
C'est un grand point à la guerre, que de faire en sorte que les vivres ne nous manquent pas,
et manquent à l'ennemi : on doit donc, avant d'entrer en campagne, dresser un état des
troupes, et de la dépense nécessaire à leur entretien ; ensuite, tirer de bonne heure, des
différentes provinces, toutes les espèces de subsistances qu'elles doivent livrer, et les rassembler en magasin dans des forts, mais toujours en plus grande quantité que le besoin apparent ne l'exige. Si les contributions ordonnées ne suffisent pas, il faut acheter le surplus
des vivres : peut-on plus utilement employer le trésor public, qu'à l'entretien des gens de
guerre ?
Il y a mille occasions qui augmentent la disette : dans un siège, par exemple, l'assiégeant le
fera durer plus longtemps que vous ne pensez, quoiqu’il manque de vivres, dans l'espérance de vous réduire vous-même à un plus grand besoin. Lorsqu'on prévoit un siège, il faut donner ordre aux propriétaires des bestiaux de les rassembler dans des places de guerre,
ou dans des forteresses du voisinage ; et en cas de refus les y contraindre par des commissaires départis à cet effet. On doit aussi obliger les habitants des environs de la
place dont on pourrait prévoir le siège, à s'y retirer eux et leurs effets.
Il ne faut pas attendre le moment du siège pour mettre les murs et les machines de guerre en état de défense ; car si l'ennemi vous surprend dans ce travail, la crainte y jettera le désordre. D'ailleurs, la communication étant interrompue entre la ville assiégée et les circonvoisins, elle n'en pourra rien tirer de ce qui lui serait nécessaire.
Au reste, on pourvoit à la subsistance d'une garnison avec des provisions médiocres, en commettant des gens fidèles à la garde des magasins, et en distribuant les vivres avec économie, dès le commencement du siège. Il est dangereux d'attendre, pour diminuer lesdistributions, que les besoins nous y contraignent. C'est sur ce principe, que, dans les expéditions où nos anciens prévoyaient ces besoins, ils faisaient distribuer une ration égale à chaque soldat, sauf à dédommager ensuite ceux qui, par leur grade, auraient dû en avoir une plus considérable. On doit faire en sorte qu'il y ait suffisamment, en hiver, du bois et du fourrage ; en été, de l'eau ; en tout temps, du blé, du vin, du vinaigre, du sel ; que les places de guerre et les forts soient bien munis de flèches, de pierres, de balistes et de catapultes,
de diverses sortes de frondes ; afin que les soldats qu'on juge moins préparés à la guerre de
campagne, et qu'on emploie par cette raison à la garde des places, trouvent de quoi les
défendre. Ceux qui habitent une ville ou les environs, ne se laissent point amuser par les
ruses et les serments de l'ennemi, plus dangereux sous les apparences de négociations et
de la paix, qu'à force ouverte ; qu'ils se rassemblent de bonne heure, eux et leurs effets, dans la ville menacée : alors, ou les assiégeants manqueront de vivres, s'ils se tiennent serrés dans leur camp, ou s'ils s'écartent souvent pour en chercher, ils courront risque d'être
souvent battus.
Legrandalsacien1- Dans l'autre monde
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